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Tag: Chypre
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Tensions en Méditerranée : non au nationalisme et à la guerre, non à l’extraction de gaz naturel !

La découverte de gisements d’hydrocarbures dans les fonds marins de la Méditerranée orientale ajoute un autre facteur à la concurrence entre les classes dirigeantes de Grèce, de Turquie et de Chypre. La crise actuelle, qui dure depuis des mois, est la pire depuis la guerre de 1974, tant par sa durée que par les menaces qu’elle représente.
Déclaration commune de Xekinima (section d’ASI en Grèce), d’Alternative socialiste (section d’ASI en Turquie) et de NEDA (section d’ASI à Chypre)
Les gouvernements grec et chypriote ont désigné des parcelles offshore et conclu des contrats avec de grandes multinationales pétrolières pour la recherche et l’exploitation d’hydrocarbures.
Cela a pour effet d’acculer objectivement, économiquement et géopolitiquement, la classe dirigeante turque, qui est le seul grand acteur intéressé dans la région à être exclu de l’exploitation des gisements. Le régime d’Erdogan était tenu de réagir vigoureusement – mais c’était un facteur que les gouvernements grec et chypriote ont complètement sous-estimé.
La réponse du gouvernement turc, en revanche, s’inscrit dans le cadre de ses aspirations néo-ottomanes, qui provoquent déjà d’énormes tensions dans l’ensemble de la région, comme le montre son intervention militaire en Libye, avant celle en Syrie, etc.
Les navires de guerre turcs ont escorté les navires de forage turcs en Méditerranée orientale depuis la proclamation de la ZEE (zone économique exclusive ou EEZ en anglais) autour de la République de Chypre. La déclaration d’une ZEE entre la Grèce et l’Égypte, en réponse à la déclaration d’une ZEE entre la Turquie et la Libye, a été suivie par le déploiement de navires de guerre turcs dans la mer autour de l’île de Kastelorizo, qui a été suivi par le déploiement de navires de guerre grecs en réponse.
Pendant des jours, les deux flottes se sont fait face, “les doigts sur la gâchette”. Selon les médias allemands (Die Welt), Erdogan a discuté de la possibilité de couler un navire grec ou d’abattre un avion grec, mais il en a été empêché par ses généraux.
La Méditerranée orientale est actuellement le siège de l’une des plus grandes concentrations de forces navales de la planète : Des porte-avions et des navires de guerre américains, français et russes y sont stationnés, en plus des forces grecques et turques.
Les exercices navals et militaires qui s’y déroulent, parmi les forces qui composent le bloc anti-turc et qui comprennent Israël, l’Egypte et les Emirats arabes unis, ainsi que la Grèce, Chypre et la France, illustrent l’extrême tension qui règne.
Les gouvernements de Grèce, de Turquie et de Chypre, bien qu’ils aient été durement touchés par la pandémie de Covid-19 et la crise économique qu’elle a déclenchée, au lieu de dépenser leur argent pour la santé, la protection et la prospérité de leur population, se lancent dans une nouvelle course aux armements.
Selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung (journal général de Francfort), le gouvernement turc a fait passer les dépenses militaires à 20 milliards de dollars en 2019, ce qui représente 7,8 % du PIB de la Turquie. Parallèlement, la Grèce négocie de nouveaux grands paquets d’armes d’une valeur de 10 milliards d’euros (environ 12 milliards de dollars) pour les prochaines années. La petite économie chypriote, après la levée de l’embargo par les États-Unis, se prépare à acheter de nouveaux équipements militaires plus avancés.
La population des trois pays est très inquiète. Malgré la “propagande patriotique” massive qui se développe tant en Turquie qu’en Grèce, selon un récent sondage, seuls 35 % des Turcs et 46 % des Grecs pensent que leur pays est capable de supporter le coût d’une guerre. Même en Turquie, où l’opinion publique est “habituée” à la guerre constante dans laquelle leur gouvernement est engagé, 60% sont contre une guerre avec la Grèce et seulement 31% y sont favorables.
Les illusions cultivées pendant des années en Grèce et à Chypre, selon lesquelles l’UE et l’OTAN pourraient contribuer à désamorcer la crise et les tensions nationales qui durent depuis des décennies, se dissipent de jour en jour. Il devient de plus en plus clair pour de larges pans de la population que les pays de l’OTAN et de l’UE servent leurs propres intérêts et, en fait, peuvent souvent être en conflit les uns avec les autres, comme le montrent les différentes attitudes de la France et de l’Allemagne au sein de l’UE.
Il est impossible de concilier les intérêts matériels réellement concurrents dans la région dans le cadre du capitalisme. Tout mouvement qui renforce la classe dirigeante grecque et chypriote grecque affaiblit la classe dirigeante turque et chypriote turque et vice versa.
Mais ce qui devrait être clair pour la classe ouvrière et les jeunes en Turquie, en Grèce et à Chypre, c’est que peu importe à quel point les classes dominantes sont prêtes à sacrifier d’innombrables vies dans cette compétition, nous n’avons rien à gagner. Ni des forages, ni des profits qu’ils génèrent pour les multinationales et les capitalistes locaux, ni de la revendication d’îlots rocheux inhabités en mer Égée qui ne servent que des intérêts géostratégiques en cas de guerre, ni bien sûr de la division de Chypre qui se poursuit sans aucune perspective sérieuse de résolution.
Pour toutes ces raisons :
- Nous sommes contre la guerre et le nationalisme qui se développe dans ces trois pays !
- Nous luttons contre l’extraction des hydrocarbures qui sacrifie l’environnement et la paix au profit des multinationales du pétrole.
- Nous appelons à une lutte commune des travailleurs et des jeunes en Grèce, en Turquie et à Chypre (nord et sud) contre les politiques anti-ouvrières et nationalistes des gouvernements et des classes dominantes qu’ils servent.
- Nous luttons pour la construction d’organisations politiques de masse de travailleurs et de jeunes qui lutteront pour le renversement du capitalisme dans nos pays, contre l’intervention impérialiste, et pour le socialisme, dans des conditions de démocratie et de liberté véritables, au sein d’une fédération socialiste volontaire, sur une base égale, non seulement des trois pays mais de toute l’Europe.
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L’inaction environnementale menace la Méditerranée orientale

Le changement climatique a de graves conséquences pour les pays de la Méditerranée orientale. Selon les scientifiques, la température de la région augmente à un rythme beaucoup plus rapide que la moyenne mondiale et les précipitations devraient diminuer dans toute la région. Ces facteurs, combinés à l’appât du gain des élites dirigeantes, auront des effets disproportionnés sur la destruction de l’environnement dans cette région par rapport à d’autres. [1]
Par Athina Kariati – Nouvelle Gauche Internationaliste, CIO-Chypre
Anastasiades, le Président de la République de Chypre a proposé au dernier sommet de l’ONU de créer une initiative dans laquelle 13 pays de la région collaboreraient pour trouver un moyen de lutter contre le changement climatique [2] La grande majorité de ces pays produisent des combustibles fossiles ! Les gouvernements capitalistes et les élites dirigeantes pleurent des larmes de crocodile et continuent leurs politiques.
L’extraction de gaz naturel et de pétrole
La découverte de gaz naturel dans la zone économique exclusive (ZEE) de Chypre en 2011 a freiné l’appétit pour de nouveaux forages et extractions dans le sud de Chypre, mais aussi autour de la Crète, dans la mer Ionienne de Grèce et dans la région de l’Epire. Les forages se déroulent dans des zones hautement sismiques, avec un risque élevé d’accidents similaires à celui survenu au Golfe du Mexique en 2010. Les forages exploratoires ont déjà un effet dévastateur sur la vie marine et, dans le cas de l’Epire, une forêt entière est en danger. Tout accident pourrait nuire à l’agriculture, à la pêche et au tourisme, les trois secteurs économiques essentiels au maintien des moyens d’existence de ceux qui vivent autour des zones de forage prospectives.
Cependant, les gouvernements de la région sont prêts à tout risquer pour assurer les profits des magnats de l’énergie. Ils sont même prêts à protéger ces intérêts au risque de nouveaux conflits militaires. Tout au long de la dernière décennie, l’extraction du gaz naturel a exacerbé les tensions entre les gouvernements capitalistes de la région, aggravées par l’ingérence impérialiste mondiale. Un conflit vient particulièrement de dangereusement dégénérer, celui entre d’une part l’alliance dite du “triangle énergétique” entre la Grèce, Chypre et Israël en collaboration avec les géants impérialistes occidentaux de l’énergie et, d’autre part, les aspirations capitalistes turques.
Début octobre, Erdogan y a envoyé deux navires de forage turcs, Yavuz et Fatih, sous escorte permanente de frégates, de sous-marins, de bateaux d’assaut, de navires de guerre, de drones sans pilote et de patrouilles navales, alors que les sociétés française et italienne Total et Eni avaient déjà obtenu des licences d’exploration dans la ZEE chypriote [3]. Il ne s’agit là que d’une violation de plus dans une série de cas survenus dans la zone couverte par la ZEE chypriote alors que la présence militaire des États-Unis, de la France et de la Russie autour de Chypre est croissante. Les navires turcs ont ainsi notamment été survolés par des drones israéliens.
Le conflit national se poursuit dans la région
Le siège continu de Gaza par le régime israélien a détruit toutes ses infrastructures. Les scientifiques estiment que d’ici 2020, 0% des eaux souterraines de Gaza seront propres à l’usage humain, tandis que 70 % des eaux usées non traitées de Gaza iront directement à la mer. Dans le même temps, l’irrigation excessive des eaux de Cisjordanie par le régime israélien dans les territoires occupés a conduit à l’épuisement des nappes phréatiques, ce qui augmente le risque de désertification de zones entières. [4]
Au Liban, après la crise des déchets de 2015 qui a déclenché un mouvement de protestation, le gouvernement libanais, qui a consacré la division sectaire, a simplement proposé comme “solution” le transfert de la gestion des déchets aux entreprises privées. Des montagnes de déchets s’élèvent le long de la côte de Beyrouth, là où se trouvait la plage. Des tonnes de ces déchets finissent dans la mer. On estime que la mer Méditerranée a la sixième plus forte concentration de déchets plastiques parmi les mers du monde. Elle contient environ 5 à 10 % du volume mondial de déchets plastiques que l’on trouve actuellement dans les océans[5]. [6]
L’exploitation minière
On sait que l’exploitation minière contribue à l’élévation de la température de l’atmosphère, mais elle est aussi une cause majeure de la désertification de zones entières. Cependant, les gouvernements capitalistes de la région vendent les ressources naturelles dans des conditions du “tiers monde” et sans aucun contrôle. Ainsi, El Dorado Gold à Skouries, en Grèce, détruira une forêt ancienne, et le gouvernement turc a donné son feu vert à l’exploitation minière de la société Alamos Gold dans les montagnes Kaz. Le gouvernement chypriote a délivré des permis pour l’extraction de l’or des déchets de l’ancienne mine de Skouriotissa au pied des montagnes Troodos, ce qui laissera un énorme monticule de déchets contaminés au cyanure. Des permis d’exploration ont également été octroyés pour le cuivre et l’or à l’Ouest de Chypre, ce qui détruira la forêt de Paphos. Ces nouveaux projets miniers dangereux ont suscité d’importantes protestations ces dernières années.
N’entretenons aucune illusion ! Agissons maintenant pour stopper le changement climatique et la catastrophe environnementale en Méditerranée orientale !
La Méditerranée orientale est baignée par le soleil pendant environ 350 jours par an, a des vents forts et beaucoup d’eau à utiliser pour la production d’énergie. C’est une région idéale pour la production d’énergie renouvelable pour remplacer l’extraction et la combustion de combustibles fossiles. Cela pourrait créer des milliers d’emplois durables et correctement rémunérés. La protection des quelques forêts qui restent est plus importante que l’or, le cuivre ou l’argent que les compagnies minières peuvent empocher. Mais les élites capitalistes de la région et leur système aveugle basé sur le profit s’opposent à une telle solution.
Nous devons nous battre, non pas pour que les politiciens nous écoutent, mais pour construire un mouvement suffisamment large et fort dans la région et dans le monde, qui puisse arracher à ces magnats le contrôle même des ressources naturelles, de l’énergie et de l’économie, dans le cadre de la lutte pour une économie socialiste reposant sur la logique de la planification démocratique et environnementale. Il n’y a pas d’autre moyen de mettre en œuvre toutes les réformes nécessaires, non seulement dans les secteurs de l’énergie et de l’industrie, mais aussi pour mettre un terme aux inégalités et aux conflits extrêmes dans notre région.
1. http://emme-care.cyi.ac.cy/wp-content/uploads/CIMME-REPORT.pdf
2. https://in-cyprus.com/cyprus-initiative-on-climate-change-aims-to-develop-a-forum-of-dialogue-minister-kadis-says/
3. https://knews.kathimerini.com.cy/en/news/turkish-ships-disturb-cypriot-waters
4. https://www.haaretz.com/israel-news/.premium-environmental-state-of-gaza-poses-threat-to-israel-s-national-security-report-warns-1.7328966
https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-1-4615-1327-8_35
5. https://www.reuters.com/article/us-lebanon-garbage/no-end-to-crisis-in-sight-as-lebanons-garbage-mountains-grow-idUSKBN1FO0F1
6. https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/10/12/124006/meta -
Emprunt populaire ou triche populaire ?
Pas de réponse crédible face à la grève de l’investissement des capitalistes
Le ministre des finances Koen Geens a encore pas mal de choses à apprendre : être ministre, c’est clairement autre chose qu’être académicien. Lorsqu’il a lancé le débat sur l’emprunt populaire, toute la discussion s’est perdue dans l’hystérie concernant la deuxième partie de sa déclaration : l’annulation de l’exemption d’impôt sur les revenus des livrets d’épargne. Directement, ce fut le chaos, et la discussion sur l’emprunt populaire est devenue inaudible. Il s’agit néanmoins d’une discussion fondamentale : où se trouvent les richesses dans cette société, et comment les mobiliser ?
Par Tim (Bruxelles)
Après à peine 4 jours de grève des travailleurs de Swissport, il a fallu que le ministre Wathelet menace de condamnations et de réquisitions. Aucun mot sur l’énorme pression au travail, sur la très lourde flexibilité et sur les horaires inhumains : que les travailleurs stoppent leur grève ou la justice s’en mêlera ! De son côté, le grand capital – qui est en grève d’investissements depuis des années déjà – reste impuni. Au moins 25.000 milliards de dollars sont cachés dans les paradis fiscaux, soit quasiment un tiers du PIB global ! Les banques centrales essayent désespérément de tirer cet argent vers l’économie réelle : les taux d’intérêt historiquement bas doivent forcer les banques et les capitalistes à investir dans la production. Sans succès jusqu’ici.
Bien au contraire : l’entreprise Apple repose sur une montagne de cash de 145 milliards de dollars, en grande partie cachée ‘‘en franchise d’impôt’’ dans les paradis fiscaux. Et ce n’est pas tout ! Non seulement ces moyens ne sont pas utilisés pour investir dans l’économie réelle, mais l’entreprise compte maintenant utiliser ces taux d’intérêt historiquement bas pour emprunter l’argent à verser en dividendes à ses actionnaires, et ainsi économiser les 9,2 milliards de dollars d’impôts que coûterait le rapatriement de son argent des paradis fiscaux ! C’est ça la Grande Grève du Capital : comme les investissements dans l’économie réelle ne rapportent plus assez, tout l’argent reste dans les paradis fiscaux où il est mobilisé pour la spéculation.
Voilà la raison sous-jacente à cette idée de ‘‘l’emprunt populaire’’. Comme le grand capital ne bouge pas, c’est à la classe des travailleurs de sauver les meubles, en utilisant ses modestes épargnes.
En soi, nous ne sommes pas opposés à l’idée d’un ‘‘emprunt populaire’’, mais cela doit être considéré dans le cadre d’un secteur bancaire nationalisé, sous contrôle et gestion démocratiques de la population. Un tel secteur financier public permettrait d’assurer les petits épargnants d’un taux d’intérêt garanti. D’autre part, ces moyens pourraient être consacrés à des prêts bon marché pour les PME et pour investir dans les services publics. Mais, nous irions surtout chercher l’argent là où il se trouve véritablement : aux mains du 1% de super-riches au sommet de la société. La crise à Chypre nous a montré qu’il est techniquement possible de placer sous contrôle un secteur bancaire entier, d’avoir une vue sur les transferts d’argent internationaux et sur l’évasion fiscale, afin de la stopper. Ces possibilités devraient être utilisées pour mobiliser les 25.000 milliards de dollars cachés dans les paradis fiscaux pour les investir dans l’enseignement, la recherche scientifique, les soins de santé, l’énergie verte, et tout autre besoin de la population entière.
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A Chypre, la Troïka veut étrangler la population pour éponger les pertes du capitalisme-casino
En cette période de l’année, à Chypre, il fait chaud, avec une brise rafraichissante soufflant sur l’île. Ce plaisant décor n’est pas d’application au niveau économique, car là, c’est la crise. En mars dernier, le gouvernement chypriote dirigé par le président Nicos Anastasiades a accepté un plan de sauvetage de 10 milliards d’euros de la part de la Troika (le Fonds Monétaire International, la Banque Centrale Européenne et l’Union Européenne). En échange, Chypre est obligé de trouver 5,8 milliards d’euros.
Par Niall Mulholland, de retour de Chypre
L’accord prévoit que les dépôts bancaires de plus de 100.000 euros pourraient être soumis à des prélèvements importants, ce qui touche beaucoup de petites entreprises. La deuxième plus grande banque du pays, Laiki Bank, a été fermée et ses dettes (d’une valeur de 9 milliards d’euros) reprises par la Banque de Chypre. Après une fermeture de deux semaines, les banques ont réouvert le 28 mars, mais avec des contrôles stricts sur la somme quotidienne que peuvent retirer les gens.
Comme si cela ne suffisait pas, il fut annoncé aux Chypriotes grecs déjà stupéfaits que le plan de sauvetage était passé de 17 milliards à 23 milliards d’euros. Chypre doit maintenant trouver 6 milliards d’euros de plus que les 7 milliards prévus lors de l’accord préliminaire conclu le 25 mars!
Le gouvernement de droite du président Anastasiades avait déjà décidé d’imposer des mesures drastiques d’austérité, la fermeture de banques, des impôts fonciers, la privatisation des trois plus grosses entreprises semi-étatiques les plus rentables (l’électricité, les télécommunications et les ports) et des pertes d’emplois dans beaucoup de secteurs. Il envisage même de vendre une partie de l’approvisionnement en or de la Banque centrale, d’une valeur de 400 millions d’euros.
Le scandale politique pèse sur le gouvernement. Anastasiades a été obligé de nier avec vigueur le fait de savoir qu’un projet de loi était en préparation en vue de la très impopulaire mesure sur les dépôts bancaires avant la réunion du Groupe Européen en mars. La colère populaire est attisée par le fait que des fuites en interne ont permis aux riches de retirer des millions de leurs dépôts bancaires avant le 15 mars.
Officiellement, l’économie chypriote devrait chuter de 8,7% cette année et de 3,9% en 2014. Mais beaucoup d’économistes pensent que cette chute tournera plutôt autour de 10% en 2013, et prévoient une chute libre d’entre 15 et 25% pour la fin de l’année prochaine.
Le gouvernement tente de contrer l’opposition populaire à l’austérité en déclarant que les mesures ne seront pas aussi rudes que prévues parce que certaines privatisations seront repoussées à 2018, qu’il y aura moins de coupes budgétaires dans l’éducation et que le remboursement des prêts de renflouement ne commenceront qu’après 10 ans et s’étendront sur 12 ans (au total, Chypre sera sous le contrôle effectif de la Troïka pour les 22 prochaines années).
Pour la classe ouvrière et la classe moyenne, cela équivaut à des années d’austérité, de pertes d’emploi et d’émigration. Le chômage est déjà chiffré à 14%. Des “marchés sociaux” (version moderne des soupes populaires) fleurissent un peu partout. Les travailleurs s’attendent aussi à ce que, comme en Grèce, la Troïka s’installe tous les mois à Nicosie, la capitale, en demandant de nouvelles coupes en échange de nouvelles conditions de renflouement. Les journaux sont remplis de désespoir. Il est communément ressenti que la crise est la pire depuis l’invasion armée turque de 1974.
Les syndicats et la gauche doivent s’assurer de mener des luttes de masse contre l’austérité, sinon le danger est que les forces nationalistes et même l’extrême droite ne puissent saisir cette opportunité. Ce combat ne doit pas faire l’économie d’un approfondissement des relations avec les travailleurs du nord de l’île (la partie turque) qui ont souffert de leurs propres coupes d’austérité depuis des années. De manière plus large, il est crucial d’unir les travailleurs des autres pays de l’Europe du sud dans une lutte commune, car tous sont frappés par la politique d’austérité de la Troïka.
Jusqu’ici, à part l’organisation de manifestations durant la crise de mars, les syndicats n’ont pas donné de réelle direction. Les syndicats de droite sont en discussion avec le gouvernement à propos de la gestion de la crise. Les syndicats de gauche, lié à l’AKEL (Le Parti Communiste Grec Chypriote) s’opposent aux coupes budgétaires dans leurs discours, mais ils ne mobilisent concrètement pour aucune action.
Les membres de la Nouvelle Gauche Internationale (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Chypre et organisation soeur du PSL) participent à une large campagne contre l’austérité principalement initiée par les forces affiliées à l’AKEL, le “Mouvement contre la privatisation et l’austérité”, mais critiquent le manque de combativité du programme.
La crise économique est profonde et ne fera qu’empirer. Une alternative radicale doit, par conséquent, être posée. Si les syndicats et la gauche échouent à résister de manière effective, d’autres campagnes, populistes, nationalistes, “anti-austérité” pourront progresser.
Contrairement à la Grèce qui a, dans les faits, souffert de 28 années d’austérité, beaucoup de chypriotes n’étaient pas préparés à l’atterrissage brutal après des années de croissance économique. Mais la lutte de classe qui se profile radicalisera de plus en plus les Chypriotes dans les mois et les années à venir.
Dans l’anticipation des luttes à venir, la Nouvelle Gauche Internationale défend une alternative socialiste contre la société capitaliste, au travers de revendications telles que le refus de payer la dette, la nationalisation des banques sous contrôle public et gestion démocratique, le refus des privatisations, la rupture avec les patrons européens et la propriété publique des principales industries et services, afin de permettre à l’économie d’être démocratiquement planifiée. De cette manière, il serait possible de répondre aux besoins de la majorité et non pas seulement aux profits des banquiers et de la minorité de spéculateurs.
Une nouvelle gauche puissante doit être construite à Chypre, avec pour but de constituer un gouvernement basé sur les besoins des travailleurs. La situation à laquelle fait face la société chypriote est désespérante. Seul un audacieux programme socialiste et internationaliste peut résoudre la crise dans l’intérêt de la majorité.
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Contre l'austérité européenne, il nous faut riposter !
L’avalanche d’austérité continue de déferler sur l’Europe. Même notre épargne n’est plus à l’abri. Les mesures qui ont menacé les comptes d’épargne à Chypre pourraient très bien être implantées ailleurs, comme l’a fait remarquer Jeroen Dijsselbloem, du Groupe Euro. Ceux qui ont pu mettre un peu d’argent de côté au cours de leur vie – et ils sont de moins en moins nombreux – peuvent voir leurs économies partir en fumée, contrairement à tous ces riches fraudeurs pour qui les îles Caïmans et autres paradis fiscaux constituent des forteresses pour mettre leurs profits à l’abri.
par Clément (Bruxelles)
C’est toujours aux mêmes de payer. Alors que Caterpillar, Ford, Duferco ou Mittal licencient à tour de bras, ces entreprises n’ont presque rien payé comme impôt, notamment grâce aux intérêts notionnels. Quant aux travailleurs, ils doivent en payer entre 30 et 45% suivant leurs revenus. Et bien que Di Rupo avoue à mi-voix que l’austérité n’est peut être pas ‘‘la meilleure solution finalement’’ cela n’empêche pas son secrétaire d’Etat Bogaert de couper dans les effectifs de la fonction publique, quitte à amoindrir encore plus les services rendus à la population.
En fait l’actualité nous montre bien deux choses : l’absence de solutions des responsables politiques et les contradictions entre les actes et les paroles de ceux-ci. Pendant longtemps, on nous a vanté les mérites du modèle allemand. Mais une récente étude vient encore d’affirmer qu’ils sont parmi les travailleurs les plus pauvres d’Europe. De même, alors que les partis traditionnels ont appelé à ‘‘moraliser’’ le capitalisme, ce sont 27 des 30 premières fortunes du pays qui cacheraient entre 25 et 32 milliards d’euros dans des paradis fiscaux. Pendant ce temps là, les licenciements continuent : il y a eu 40 projets de licenciements collectifs entre janvier et mars 2013 (soit 4.673 travailleurs, sans compter ni les 2.600 de Caterpillar et de Mittal ni les sous-traitants qui vont en payer les frais).
Alors que ces messieurs font dorer leurs pièces au soleil du paradis fiscal de Panama, au Portugal, on annonce la fin de la gratuité des écoles publiques. A Chypre, on avait envisagé de taxer 6,75% les comptes épargnes avant de se rétracter suite aux pressions populaires. Alors que l’austérité frappe les travailleurs de plein fouet dans la totalité des pays, ces responsables politiques qui voulaient ‘‘moraliser’’ le capitalisme, comme Jérôme Cahuzac, vont imiter leurs maitres financiers en allant mettre leur argent en suisse ! 7 autres ministres français ‘‘socialistes’’ sont millionnaires et le déclarent sans honte. Mais aux questions des travailleurs d’ArcelorMittal-Florange, ces responsables politiques disent qu’ils ne peuvent rien faire. Ils ont fait quelque chose cependant, ils ont envoyé la police charger et réprimer.
Alors que les entreprises européennes cotées en Bourse refusent d’investir les 788 milliards d’euros qui dorment sur leurs comptes, les responsables politiques préfèrent aller chercher l’argent chez les travailleurs, ce qui continue d’enrichir cette minorité qui vit de la productivité des autres. Cela montre encore une fois quel camp ont choisi ces responsables politiques : celui du patronat. Pas étonnant alors de voir que la pilule du consensus -qu’ils nous ressortent à chaque fois qu’il y a des licenciements- s’avère être beaucoup plus dure à avaler pour les travailleurs que pour les patrons.
Créer un rapport de force ou se laisser étouffer
Ce que nous montre l’actualité c’est que le rapport de force actuel n’est pas favorable pour ceux à qui l’on fait payer la crise. Pire, il est tellement accaparé par la classe dominante que celle-ci continue à faire passer ses mesures en se justifiant à peine. Il est grand temps d’avoir une réponse efficace et unifiée. Les chypriotes ont réussi à éviter de se faire taxer leurs comptes épargne mais actuellement leur gouvernement négocie un nouveau prêt européen que la population devra rembourser. Cela montre la force que nous avons pour changer la donne mais cela montre aussi que les travailleurs belges, chypriotes, grecs ne peuvent infléchir durablement la volonté de la classe dominante s’ils sont isolés. Il faut donc que nous créions un rapport de force à l’échelle européenne, à plus forte raison quand nos politiciens nous disent qu’ils ont les mains liées par l’UE. Pour créer ce rapport de force, une grève générale de 24h à l’échelle européenne pourrait être un premier pas qui n’augurerait rien de bon pour la classe dominante.
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Résistance internationale contre l'Europe des banques et des multinationales !
Pour une riposte anticapitaliste et socialiste contre l’austérité !
La population chypriote est la plus récente victime de la crise brutale du projet capitaliste européen. La crise de l’Union Européenne est loin d’être terminée, contrairement à ce que certains avaient prétendu. Toute la zone euro est en récession économique. Pas moins de 120 millions d’Européens sont menacés de pauvreté. Un million de personnes sont venues rejoindre les rangs des chômeurs au cours de l’an dernier uniquement, portant le chiffre officiel à plus de 26 millions de travailleurs sans-emploi. Mais il y en a encore des millions d’autres dans les faits. Tout indique qu’un nouveau dramatique épisode de la crise est en cours.
Par Bart Vandersteene
Ce n’est nullement un hasard si les pays d’Europe du Sud sont les plus fortes victimes de cette crise. Le projet néolibéral européen a accru la concurrence entre les divers États-membres. Afin d’attirer les investissements, les pays d’Europe du Sud ont réduit l’impôt sur les sociétés et créé des paradis fiscaux. Les banques chypriotes étaient de véritables casinos, notamment pour les milliardaires russes. Le secteur bancaire chypriote a récemment été estimé représenter une valeur annuelle égale à huit fois le produit intérieur brut du pays, soit huit fois la totalité des richesses produites en un an ! La faillite d’une de ces banques peut infecter l’ensemble du secteur financier de l’Union Européenne.
La logique de la politique dominante est un refrain désormais bien connu : c’est aux travailleurs chypriotes de saigner alors qu’ils ne sont pas responsables de la crise, à eux de supporter les pertes du casino de la spéculation. Mais sous la pression formidable du mécontentement et de l’opposition populaires, la mesure qui prévoyait de s’en prendre aux livrets d’épargne a été balayée. Les solutions de rechange du gouvernement chypriote reviennent toutefois aux mêmes conséquences à grands coups de privatisations, de vente des réserves de gaz, des taxes supplémentaires,…
La situation sociale est très tendue dans tout le sud du continent. L’establishment politique a vu son autorité compromise par l’application de la politique d’austérité. Le 2 mars, 1,5 million de Portugais ont manifesté. En Italie, les partis établis ont reçu une claque monumentale de la part du comédien Beppe Grillo, qui a reçu un quart des voix à partir de rien. Ce n’est qu’une question de temps avant que de nouveaux dominos économiques ou politiques ne tombent dans la région.
Les travailleurs et leurs familles à Chypre, en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Irlande, en Italie,… n’ont qu’une seule option pour protéger leur niveau de vie des attaques vicieuses des autorités européennes et nationales: la lutte pour la nationalisation du secteur financier sous contrôle et gestion publics démocratiques. Tous les fonds spéculatifs et les profits monumentaux du passé doivent revenir à la collectivité. Aujourd’hui, ce sont les dettes de jeu des requins de la finance qui reviennent à la population, mais ce ne sont pas nos dettes. Le non-paiement des dettes publiques et la mise sous statut public du secteur financier et des autres secteurs-clés de l’économie peuvent poser les bases d’un programme d’investissements publics pour répondre aux besoins sociaux actuellement en souffrance tout en créant une masse d’emplois socialement utiles.
Chaque dégradation du niveau de vie au sud de l’Europe sera utilisée comme argument pour s’en prendre à notre épargne, à nos salaires et à nos acquis sociaux. De la même manière, chaque victoire de nos camarades du sud renforcera la lutte chez nous. Nous sommes solidaires des luttes de la classe des travailleurs, de la jeunesse, des chômeurs et des pensionnés qui, dans toute l’Europe, s’opposent à l’offensive antisociale qui assombrit notre avenir !
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La crise européenne est loin d’être terminée
Il nous faut une grève générale à l’échelle européenne !
Le délai supplémentaire accordé à la Grèce pour rembourser sa dette a temporairement retardé un défaut de paiement. En décembre, François Hollande déclarait à Oslo : “la crise de la zone euro est derrière nous”. Mais, à chaque fois, l’euphorie n’est que momentanée, l’establishment est systématiquement rattrapé par la réalité de cette crise profonde pour laquelle il n’a aucune solution.
Par Boris Malarme, article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste
Chypre sous perfusion
Après la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne, c’est au tour de Chypre (avec son secteur financier fortement exposé à la dette grecque) d’être également mis sous perfusion et tutelle de la troïka (le FMI, la Commission européenne et la Banque Centrale Européenne). Le parti Communiste (AKEL, qui était le premier parti politique depuis 2001) a été sanctionné pour sa politique d’austérité aux élections de février (26,9%) au profit de la droite (45,5%). Mais le candidat conservateur Nicos Anastasiades a fait part de sa volonté d’accélérer le rythme de l’austérité. Cependant, même une victoire surprise de l’AKEL au second tour sur base d’un soutien au ‘‘moindre mal’’ ne changerait pas fondamentalement la donne pour les travailleurs chypriotes [depuis lors, le second tour a eu lieu et les conservateur l’ont emporté, NDLR]. Tous les partis acceptent le chantage de la Troïka et les attaques contre les salaires et les pensions, les privatisations et les hausses d’impôts. Le plan de sauvetage d’au moins 17 milliards d’euros ne représente que 0,2% du PIB de l’Europe, mais cela équivaut au PIB de l’île chypriote !
L’Europe craint l’instabilité en Italie
A côté de cela, l’Italie (troisième économie de la zone euro) est un autre morceau sur lequel l’establishment peut se casser les dents. Cette crainte a été illustrée par les propos du président du Parlement européen, Martin Schulz, qui mettait en garde contre un retour de Berlusconi aux affaires. Ce dernier a connu une remontée dans les sondages qui l’a placé directement derrière Bersani, le candidat du Parti Démocrate (au moment d’écrire cet article, les résultats des élections n’étaient pas encore connus). Pour l’establishment européen, Berlusconi est un franc-tireur incontrôlable qui pourrait à nouveau saboter la confiance retrouvée des marchés suite à l’action du gouvernement non-élu de Mario Monti.
De plus, le mouvement “5 étoiles” de l’humoriste Beppe Grillo serait destiné à devenir la troisième force politique du pays, brouillant ainsi les cartes. Sa campagne populiste autour du slogan “renvoyez les tous [les politiciens] à la maison” a largement recueilli le suffrage du mécontentement, faute d’une alternative sérieuse et crédible issue du mouvement des travailleurs. La campagne de la liste “Révolution citoyenne”, une alliance formée autour du PRC (Partito della Rifondazione Comunista) avec des éléments fortement à sa droite, est embourbée dans le discrédit et l’électoralisme. Ce n’est qu’une mauvaise copie de la campagne du Front de Gauche en France. Beppe Grillo, qui déclare que son mouvement n’est “ni de gauche ni de droite”, défend des propositions radicales lors de véritables one-man-show qui remplissent les places italiennes : nationalisation des banques, revenu minimum de 1000€, semaine de travail de 20h,… Mais d’autres mesures proposées sont à l’opposé : augmentation du nombre de privatisations, suppression des syndicats,…
La classe capitaliste, avec le soutien de l’Eglise et des élites européennes, voulait disposer d’un gouvernement stable pour appliquer son programme, autour d’une coalition du PD de Bersani et de la liste de Monti. Cet essai est voué à l’échec car ces forces sont considérées comme les responsables de la politique de casse sociale. La remontée du spread italien (c.-à-d. l’écart de taux d’intérêt entre l’Allemagne et l’Italie pour emprunter sur les marchés financiers) illustre la crainte des marchés d’un possible blocage institutionnel. Mais quels que puissent être les résultats, le gouvernement sera ‘au mieux’ une équipe Bersani-Monti très faible qui devra alors affronter le mouvement des travailleurs.
Vers des explosions sociales
Toutes les contradictions s’accentuent. La spéculation atteint des sommets et produit de nouvelles bulles. Les plans d’austérité gonflent les dettes publiques et plongent le continent dans la récession. Les annonces de fermetures d’usines et de plans de restructuration massifs s’enchaînent. Il y a désormais 19 millions de sans-emploi dans la zone euro, soit 2 millions de plus qu’il y a un an. Le taux de chômage atteint 11,8%. La crise économique, sociale et politique s’amplifie.
C’est dans ce contexte que le Ministre de l’Intérieur français, Manuel Valls, a récemment donné des instructions aux services de renseignement de la police pour suivre “au plus près” les conflits sociaux afin d’anticiper une “radicalisation”. Dans la presse, il s’est inquiété du fait que l’on assiste aujourd’hui “moins à des mouvements sociaux, qu’à des implosions ou explosions sociales”, le lendemain de la brutale répression des travailleurs d’ArcelorMittal à Strasbourg, tout en assurant que la police ‘‘ferait son travail’’. Manuel Valls exprime simplement par là sa bonne compréhension du caractère de la période dans laquelle nous nous trouvons, et clarifie le camp qu’il a choisi. En Grèce, rien que cette année, le gouvernement a déjà recouru par deux fois à la loi martiale pour réprimer des grèves de travailleurs.
Le récent mouvement de masse qui a ébranlé la Bulgarie illustre le climat semi-insurrectionnel qui se développe dans l’opposition à l’austérité appliquée à l’échelle du continent. Après 10 jours de manifestations massives dans 35 villes du pays, le gouvernement de Boiko Borisov est tombé. Les factures d’énergie avaient plus que doublé en 2012 pour atteindre parfois les 100€ dans un pays où le salaire moyen est de 350€, le salaire minimum de 150€ et la pension moyenne de 75€ ! L’étroite collusion existant entre le gouvernement et les trois entreprises qui détiennent le marché de l’énergie a été dénoncé. Dans un contexte de succession de mesures d’austérité, l’augmentation des prix de l’énergie a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Les promesses de diminutions des factures (de 8%) et le retrait de la licence de la compagnie tchèque CEZ d’une part, et la répression brutale d’autre part, ont soufflé sur les braises du mouvement qui a su faire chuter le gouvernement.
Le Sud de l’Europe, maillon faible
Les pays du Sud de l’Europe sont les plus exposés. Le chômage atteint les 26% en Grèce et en Espagne et respectivement 60% et 56,5% pour les jeunes de moins de 25 ans. Ce sont des niveaux dignes de la grande dépression des années ‘30. 2013 sera la sixième année de récession en Grèce, la troisième au Portugal et la cinquième en Espagne. La Grèce vient de connaitre sa 20e grève générale. De nouvelles manifestations sont encore prévues le 2 mars au Portugal.
En Espagne, le gouvernement de droite de Rajoy est affaiblit par les scandales de corruption et est retombé à 23,9% dans les sondages, devançant à peine le PSOE (23,5%). Pendant 20 ans, des enveloppes d’argent provenant d’entreprises privées ont été distribuées au sein du PP. Rajoy lui-même aurait touché 25.200€ par an de cette manière. Cela illustre les liens étroits qui existent entres les politiciens et les patrons sous le capitalisme. Le 23 février, des centaines de milliers d’Espagnols ont manifesté contre “le coup d’Etat financier”, le jour anniversaire de la tentative de coup d’Etat de 1981. Les protestations contre l’austérité s’amplifient. Des manifestations de masse contre les expulsions des maisons (350.000 depuis 4 ans) et de la part des travailleurs du service public national de santé contre sa privatisation avaient encore pris place une semaine plus tôt. Le mécontentement et la volonté de lutter sont présents à la base de la société, mais les directions syndicales sont incapables de riposter à hauteur de ce qu’exige la situation.
Vers une grève générale européenne ?
Après le succès de la plus grande journée d’action coordonnée en Europe contre l’austérité, le 14 novembre dernier, les syndicats devraient élaborer un véritable plan d’action allant crescendo. Une grève générale coordonnée des pays du Sud de l’Europe et d’autres pays (comme la Belgique, la France, l’Angleterre, etc.) avec des manifestations de masse partout en Europe à l’occasion du sommet européen de la mi-mars constituerait une bonne prochaine étape pour transformer la colère en un rapport de force favorable aux masses. Cette journée de grève générale devrait être bien préparée et élaborée sur chaque lieu de travail.
Quelle alternative politique ?
Une autre faiblesse provient de l’absence de forces de gauche ou de leur timidité programmatique. Le drame que vivent les masses face à l’actuelle véritable guerre de classe exige des solutions radicales. Aucune demi-mesure n’est apte à réponde aux enjeux de la situation présente. Le non-paiement des dettes, la nationalisation sous contrôle des travailleurs du secteur financier et des autres secteurs vitaux de l’économie, de même que des entreprises qui ferment ou procèdent à des licenciements collectifs, permettraient de réaliser un plan massif d’investissements publics pour sauver les emplois, en créer d’autres et rompre avec cette Europe du Capital pour la remplacer par une confédération socialiste européenne sur base volontaire.
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Appel à l'action contre la marche "pour la vie" du 24 mars 2013
Ne laissez pas passer cette attaque contre les droits des femmes !
Nous sommes inquiets. Depuis quelques années, le mouvement soi-disant ‘‘pro-vie’’ organise une Marche pour la Vie défendant l’abolition du droit à l’avortement. En plus de cette manifestation annuelle, des actions sont menées devant des centres pratiquant des avortements au nom du groupe “Sinterklaas”. Présents aux portes des centres, ses militants intimident et culpabilisent les femmes qui s’y rendent notamment à l’aide de photos de fœtus. Ils jettent même parfois de l’eau bénite sur les patientes ! Que les femmes soient attaquées de cette façon dans un moment où elles sont si vulnérable est inacceptable ! Hors de question de laisser passer ça !
Ces dernières années, une réaction contre cette Marche pour la Vie a systématiquement été organisée. En mars 2012, un appel de la campagne Abortus Right a rassemblé plus de 2000 personnes pour défendre le droit à l’avortement. Il semble que, cette année, cette plateforme ne puisse pas réorganiser d’action. Nous pensons que laisser le champ libre à ces idées réactionnaires est dangereux et qu’il est nécessaire de construire une riposte.
En Irlande, la mort de Savita Halappanavar nous a rappelé que l’interdiction de l’avortement tue. Cette jeune femme est décédée en octobre 2012 suite aux complications de sa grossesse. Sa vie aurait pu être sauvée si un avortement avait été pratiqué. Des actions de protestation ont eu lieu dans plusieurs pays, y compris en Belgique, pour dénoncer la politique du gouvernement irlandais. En Europe, l’Irlande n’est pas le seul pays où le droit à l’avortement n’est toujours pas reconnu (Chypre, Malte et Pologne).
De plus, le droit à l’avortement est également fortement mis sous pression dans plusieurs autres pays. Ainsi, le gouvernement espagnol veut limiter le droit à l’avortement en obligeant les femmes à justifier leur choix. Les plans d’austérité successifs ont instauré une pression sur les financements. Les développements de la crise et les bouleversements sociaux qui en découlent vont laisser un espace aux forces réactionnaires. Nous ne pouvons l’accepter.
Nous sommes inquiets parce que la crise frappe durement les couches les plus pauvres et les femmes y sont surreprésentées. Cette mauvaise situation financière pousse certaines à décider d’avorter alors qu’elles ne le feraient pas avec une meilleure situation financière. Le mouvement ‘‘pro-vie’’ joue hypocritement sur ce malaise social afin de faire passer ses idées réactionnaires.
Nous revendiquons un véritable choix pour les femmes : le maintien du droit à l’avortement avec de préférence un allongement du délai légal d’avortement. Mais nous pensons également qu’il est crucial de lier la défense du droit à l’avortement aux revendications sociales : le droit à un revenu stable et suffisant pour vivre confortablement par l’augmentation des salaires, de toutes les allocations sociales et des allocations familiales (afin qu’elles recouvrent réellement les frais de l’éducation) ; le développement de services publics permettant aux femmes de combiner travail et famille, etc. Ce programme doit garantir qu’aucune femme ne recoure à l’avortement pour des raisons essentiellement financières.
24 mars 2013 à 14h Mont des Arts, côté Place Albertine (Bruxelles)
CONTACT : 0484/36.77.01 (Aïsha)
Premiers signataires
- Anja Deschoemacker, porte-parole Gauches Communes
- Ann Van Cutsem, delegee ACOD Overheidsdiensten
- Maud Willems, employée SETCa
- Tina Degreef, militante LBC
- Paul Murphy, MEP (European United Left/ Nordic Green Left (GUE/NGL) group) – Socialist Party Ireland
- Michael Pidgeon, action Irish Ambassy
- Aïsha Paulis, Parti Socialiste de Lutte, Linkse Socialistische Partij
- Marita de Neubourg, Rood
- Mathias Vander Hoogstraeten, Actief Linkse Studenten – Etudiants de Gauche Actifs
- Reza Farnoud, militant de la gauche Iraniène
- Christian Palmero, militant CNE
- Kristof Bruyland, lid van nationaal bestuur ACOD onderwijs
- Sylvianne Mans, militante SETCa
- Levi Sollie, delegee ABVV
- Catherine Bracke, artiste
- Karim Brikci, CGSP Brugmann
- Jeroen Demuynck, parliamentary assistant to Paul Murphy, MEP (European United Left/ Nordic Green Left (GUE/NGL) group )
- Tanja Niemeier, staff member of the European United Left / Nordic Green Left (GUE/NGL) group in the European Parliament
- Lagae Stefanie, militante Setca-sel
- Liesje Ulburgh, delegee ACOD Onderwijs
- Jo Coulier, hoofdafgevaarde ABVV VUB
- Antoine Thioux, animateur Jeunes FGTB Charleroi
- Luz Alvarez, employée CPAS Molenbeek
- Pascale Maquestiau (Le Monde selon les femmes)
- Katrien Van Hecke (voorzitter HVV Vrijzinnige Vrouwen Oost-Vlaanderen)
- Kris Smet (voormalig VRT journaliste)
- Marijke Van Hemeldonck (ex-europarlementslid sp.a)
- …
Organisations signatrices
PSL-LSP ; EGA-ALS ; Comac ; MALFRAPS ; Etudiants FGTB Bruxelles ; Jeunesse Ouvrière Chrétienne, Commission femme FGTB Bruxelles ; CGSP Brugman ; Le Monde selon les femmes ; JAC ; CHEFF ; SIDA’SOS ; Zij-kant ; LCR-SAP ; 8 maart organisaties (Iran-Afghanistan) ; CFFB – Section de Liège ; Hollaback!-Bruxelles ; Gauches Communes