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Tag: Chômage
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Le gouvernement flamand défend le travail forcé pour les chômeurs
Où en sommes-nous aujourd’hui en ce qui concerne le service communautaire obligatoire pour les chômeurs en Flandre ? Partout et nulle part. L’accord de coalition flamand le mentionne explicitement, mais reste vague. Il n’y a pas de date concrète pour son introduction. Il n’y a pas non plus d’indication claire de la durée de travail hebdomadaire. A l’époque du gouvernement Michel I, on parlait de ‘‘deux demi-journées par semaine’’. Mais à peu près à la même époque, De Wever lâchait : ‘‘À toutes fins utiles, cinq jours complets par semaine.’’ Nous avons donc été prévenus !Par Wilfried
Nous ne devons pas nous laisser berner par cette description floue. Ce gouvernement flamand a déjà suffisamment prouvé qu’il dissimule la mise en œuvre concrète, le temps et (surtout) les chiffres concrets le plus longtemps possible et qu’il frappe soudainement pour faire taire toute opposition. Les économies réalisées dans le secteur culturel en constituent l’exemple typique. La résistance est invariablement ‘‘trop tard’’, alors que juste avant l’événement, ‘‘les actions n’ont aucun soutien parce qu’il n’y a rien de concret’’.
La mise en œuvre du service communautaire obligatoire pour les chômeurs pose de nombreux problèmes juridiques. Un spécialiste du droit du travail de l’Université d’Anvers, Daniël Cuypers, a déclaré en septembre 2019 qu’il ne peut être mis en œuvre que par un accord fédéral. Il a ajouté qu’il s’agit d’un ‘‘champ de mines’’ juridique. Il n’y a toujours pas de gouvernement fédéral et la possibilité d’un gouvernement fédéral sans la N-VA entre progressivement en ligne de compte.En fait, lors de la dernière législature fédérale, tout aurait déjà dû être en place. Mais le ministre qui devait s’en occuper, Kris Peeters, n’était pas très enthousiaste. Cela a causé beaucoup de troubles parmi les partenaires de la coalition. Le 12 août 2015, on pouvait lire dans De Tijd : ‘‘Le retard de Peeters pour réformer le marché du travail est source de désagrément’’. Les syndicats ont alors déclaré à juste titre que le travail d’intérêt général obligatoire pour les chômeurs était inacceptable. Il s’agit de travailler pour obtenir une allocation plutôt qu’un salaire. Cela exerce une pression à la baisse sur l’ensemble des salaires et des conditions de travail. Pourquoi, par exemple, les communes embaucheraient-elles encore des jardiniers si des chômeurs peuvent être forcés à faire ce travail ? S’il y a tant de travail à effectuer, que cela soit avec de vrais emplois et de vrais salaires !
Comment la question du service communautaire obligatoire va-t-elle se poser maintenant ? Peeters est parti, Charles Michel est parti. Ils ne se saliront plus les mains. Si la mesure est adoptée, la ministre flamande Hilde Crevits devra la mettre en œuvre. Elle ne s’en réjouit pas ça. Mais la mesure figure dans l’accord de coalition flamand, avec l’approbation du CD&V. C’est bien joué de la part de la N-VA et de Jan Jambon, qui essaient également par ailleurs de monter les acteurs du secteur culturel les uns contre les autres.
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Les métiers en pénurie: un fake mal fagoté

Pour le gouvernement, chasser les chômeurs est plus facile que chasser le chômage
Continuant sa sinistre besogne de casse sociale, c’est notamment et à nouveau aux sans-emplois que le gouvernement fédéral s’est attaqué cet été. Sous prétexte de pourvoir les emplois dits “en pénurie”, le ministre Kris Peeters (CD&V) va de nouveau frapper parmi les plus fragiles en voulant imposer une dégressivité accrue des allocations de chômage dans le cadre de son “deal pour l’emploi”. Celui-ci comprend 26 mesures pour ‘‘activer les demandeurs d’emplois’’, allant de l’exonération pour les chômeurs qui s’orientent vers les métiers dits en pénurie, c’est-à-dire les emplois vacants, à une réforme de l’allocation de chômage.
Par Simon (Liège)
Celle-ci implique qu’une personne récemment licenciée obtiendrait dans les 6 premiers mois des allocations plus élevées, puis celles-ci diminuerait ensuite plus rapidement. Comme si une allocation plus basse allait permettre de plus facilement trouver un emploi… Sans politique réelle de création d’emplois, cela n’aura pour conséquence que davantage de pauvreté. 90% des allocations sociales se trouvent déjà sous le seuil de pauvreté. Le nombre de personnes aidées par les CPAS a augmenté de 27% ces cinq dernières années. Ceux-ci, et d’autres organismes d’aide aux plus pauvres, manquent déjà actuellement de moyens pour faire face à la situation.
La supercherie des ‘‘métiers en pénurie’’
Dans une récente chronique(1) intitulée ‘‘Métiers en pénurie… de logique’’, l’économiste Etienne De Callataÿ critique l’argumentation qu’utilise le gouvernement pour justifier ses nouvelles mesures. Il y fait remarquer que, même si cela semble paradoxal, on ne peut faire un parallèle simpliste entre le nombre de chômeurs complets indemnisés (430.000 selon lui, en réalité plus de 490.000 en mai dernier) et le nombre d’emplois vacants (140.000). Il explique le fait ‘‘que le marché du travail n’est pas similaire au marché d’un bien ou service ordinaire, et donc que le traitement des pénuries n’est pas qu’une question de prix et donc de salaire. (…) Des emplois peuvent être difficiles à pourvoir pour de multiples raisons : des conditions de travail pénibles, une image publique négative, un employeur réticent à offrir la formation nécessaire, la discrimination, la mobilité difficile, la conciliation problématique avec la vie privée.’’
Les prétendus emplois en pénurie ne le sont en effet souvent que parce que les conditions de travail y sont particulièrement difficiles (horaires décalés, contrat précaires et temps partiels). C’est par exemple le cas des emplois d’aide-ménager qui est une de ces fonctions ‘‘critiques’’ selon le FOREM. La politique du gouvernement revient donc à tenter de pousser les chômeurs vers des mauvaises conditions d’emploi. Selon une étude de la FGTB, on constate également que les employeurs accumulent les exigences en terme d’expérience, de possession d’un véhicule,…
De Callataÿ poursuit en pointant ‘‘un problème de logique lorsque sous le motto de s’atteler aux métiers en pénurie sont prises des mesures qui ne s’y rapportent pas. Ainsi, on peut souhaiter réduire le poids de l’ancienneté dans la formation des salaires, mais en quoi cela va-t-il contribuer à résorber le nombre d’emplois vacants ?’’
Une analyse rapide suffit donc à démasquer le problème des métiers en pénurie comme une supercherie et la politique du gouvernement comme une opération de dumping social qui poussera les sans-emploi à accepter des conditions de travail de plus en plus mauvaises.
“Ce gouvernement de droite dure n’arrêtera son action néfaste que s’il trouve devant lui une opposition conséquente” écrivions-nous il y a deux ans déjà. Voilà qui est malheureusement de nouveau confirmé. A sa détermination, le gouvernement ajoute cependant un cynisme qui atteint des sommets. Et pourtant il y avait matière à compétition.
Le gouvernement utilise un argumentaire erroné ? C’est que le gouvernement a parfois besoin d’arguments, même faux, pour attaquer sans cesse plus sauvagement les plus faibles et continuer à favoriser les plus riches. Un gouvernement qui n’a pas pris une minute cet été pour prendre des mesures s’attaquant à l’évasion fiscale et faisant davantage participer les grosses fortunes…
La nécessaire lutte d’ensemble des travailleurs avec et sans emplois
Les travailleurs sans-emplois constituent une des couches les plus faiblement outillée pour répondre aux attaques dont notre classe sociale fait l’objet. D’une part, la stratégie de diviser pour régner des gouvernements successifs a désigné les chômeurs à la vindicte populaire et cela joue évidemment sur le soutien dont ils peuvent faire l’objet de la part d’autres couches de travailleurs. D’autre-part, l’instabilité naturelle du statut de chômeur, leur isolement et la précarité de leur niveau de vie rend la mobilisation difficile. C’est un constat de longue date des syndicats et des associations de défense des TSE.
Le mouvement syndical a de nombreuses fois montré sa puissance, et certainement fin 2014 lorsqu’il était à deux doigts de faire tomber le gouvernement Michel fraichement élu. Adossée au mouvement syndical, la force potentielle que constituent les travailleurs sans-emplois pourrait obtenir des victoires et donner du fil à retordre aux semeurs de misère.
Stop à la chasse aux chômeurs! Une atteinte à l’un de nous est une attaque contre nous tous!
Chassons le chômage pas les chômeurs: pour une réduction collective de travail à 30h/semaine sans perte de salaire et avec embauche compensatoire.(1) La Libre, 10 août 2018.
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Vers une limitation de l’assurance chômage. Pas d’alternative : vraiment?
Le manque d’emploi est un problème majeur et structurel de notre société. Toutefois, ce sont systématiquement ses victimes que l’on accuse et sanctionne, comme c’est le cas en ce moment avec les exclusions des allocations dites d’insertion. Quelle alternative crédible le mouvement organisé des travailleurs peut-il mettre en avant ?Par Emily (Namur)
Chômage de masse : à la faveur de qui ?
Depuis 30 ans, nous subissons un chômage structurel. Le taux d’emploi – qui exprime un rapport entre les personnes qui ont effectivement un emploi sur celles en âge de travailler – n’est que de 57% (2013, Belgique). Un constat ressort : il n’y a pas suffisamment d’emplois pour tous. En 2013, nous comptions 584.302 demandeurs d’emploi en Belgique (source FOREM) pour à peine 61.630 emplois vacants la même année (source SPF Économie) !
Pourtant, l’idéologie dominante veut faire passer les travailleurs sans emploi pour des fainéants et des profiteurs à sanctionner. Le grand patronat a toutefois intérêt à maintenir un certain taux de chômage : cette armée de réserve du capital lui permet de tirer vers le bas les conditions de travail et salaires. ‘‘Tu n’es pas content de ton boulot? Il y en a 10 qui attendent de prendre ta place!’’ Le monde patronal est, en cela, soutenu par les autorités gouvernementales du pays, dont les efforts visent aussi à favoriser le développement d’un large secteur à bas salaires. Derrière la rhétorique reposant sur la prétendue ‘‘priorité à l’emploi’’ se cache une campagne pernicieuse rendant les travailleurs sans emploi responsables de leur situation.
Attaquer les chômeurs ou le chômage ?
C’est ainsi que de nombreuses mesures ont été instaurées, dont le mécanisme ‘‘d’activation’’ des chômeurs, mieux connu sous le sobriquet de ‘‘chasse aux chômeurs’’. Cette mesure instaurée en 2004 (à l’instigation de la coalition libérale/social-démocrate de l’époque) se base sur des contrôles permanents et renforcés pouvant conduire à des exclusions temporaires ou définitives du droit aux allocations de chômage. Sa logique est que les chômeurs se complaisent dans leur situation d’isolement social, de détresse psychologique et de précarité financière…Le gouvernement Di Rupo en a rajouté une louche en 2011 avec la limitation dans le temps des allocations de chômage dites d’insertion jusqu’à 3 ans à partir du 30e anniversaire, sauf pour les cohabitants non-privilégiés. Cette mesure est entrée en vigueur ce 1er janvier. 37.000 personnes auraient ainsi été exclues depuis le premier janvier (source CEPAG). Ce nombre est malheureusement appelé à augmenter: certaines catégories spécifiques se sont vues accorder un sursis provisoire, tandis que de nouvelles vagues de demandeurs d’emploi se verront exclues d’année en année. Les anciens bassins industriels sont bien évidemment les régions les plus touchées. Les femmes sont aussi surreprésentées dans ces exclusions (65%, source Réseau Stop Art.63§2). Ceci est directement lié à leur surreprésentation dans les emplois à temps partiel qui compromettent la possibilité d’ouvrir des droits à un chômage complet.
Le gouvernement Michel a poursuivi sur la même voie : l’allocation d’insertion ne serait maintenant accessible avant 21 ans qu’à ceux qui ont obtenu leur diplôme d’enseignement secondaire supérieur et serait limitée à l’âge de 25 ans. Ceux qui étudient trop ou trop peu seront de facto sanctionnés. Ainsi, chaque année, pour 13.000 étudiants belges francophones, la suppression de l’ouverture du droit aux allocations d’insertion se traduirait par une perte annuelle variant de 5.104 euros à 13.269 euros (source CNE).
Face aux exclusions, le CPAS est le dernier recours. Cela signifie un transfert de charge du fédéral vers les CPAS et donc les communes, avec une situation qui deviendra rapidement ingérable. En effet, les exclusions du 1/1/2015 représenteront une hausse de plus de 20% de leur budget consacré au revenu d’intégration sociale (RIS) avec quelque 10.000 chefs de ménages et isolés qui y émergeront en Wallonie (source CEPAG). En ce qui concerne les cohabitants aucun RIS n’est possible ! Et lorsque le CPAS envisage intervenir, il réalise préalablement une enquête auprès de la famille (parents ou enfants majeurs) pour évaluer sa capacité à verser une pension alimentaire et l’y contraindre. Ce système nous sort du mécanisme de solidarité organisé pour nous mettre dans une situation de dépendance familiale avec tout ce que cela sous-entend.
Il peut sembler absurde de s’attaquer au chômeur lorsque le problème est l’emploi. Mais si l’on prend en considération que ces mesures sont favorables à la classe capitaliste dominante, cela prend alors tout son sens. Le but des attaques contre les chômeurs n’est pas tant de réduire ce poste de dépense budgétaire, mais bien de dégrader nos conditions de travail et nos salaires tout en stigmatisant une couche spécifique de la population, ce qui permet de dévier l’attention des vrais problèmes. A titre d’exemple, en 2012, le paiement des allocations de chômage a représenté 3% du budget fédéral, contre 20% consacré au remboursement de la dette publique aux spéculateurs ! (Source: CADTM)
32h/semaine pour assurer un droit au travail pour tous
Il nous faut construire une alternative crédible par rapport à cette problématique de l’emploi reposant sur la force du mouvement organisé des travailleurs. Face au chômage de masse, un partage équitable du temps de travail disponible entre tous est indispensable, sans perte de salaire et avec diminution des cadences. En moyenne, nous ne travaillons déjà en Belgique que 31h/semaine, et ce, sans compter ni le fait que les capacités de production ne sont pas utilisées à 100%, ni les gaspillages inhérents au système. Mais sous le régime capitaliste, cette statistique prend la forme d’une exclusion de masse par le chômage d’un côté et d’une pression abrutissante au travail de l’autre. Le développement technologique, pour autant qu’il soit orienté vers les intérêts des travailleurs, permettrait de diminuer le temps de travail et de libérer ces derniers des tâches répétitives et abrutissantes.Avancer une telle revendication confronte directement la classe des travailleurs, qui doit vendre sa force de travail contre un salaire, à la classe capitaliste, qui détient les moyens de production. Pour permettre de véritablement libérer les travailleurs de l’aliénation du travail, pour permettre de dégager du temps au profit des loisirs, de la vie sociale et de l’implication dans la gestion de la société, la revendication de la réduction du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire doit absolument être liée à la perspective d’une rupture anticapitaliste et d’un changement socialiste de société. Ce que nous entendons par là, c’est la collectivisation des secteurs-clés de l’économie et des grandes entreprises sous le contrôle et la gestion des travailleurs et de la population au sens large. De cette manière, l’emploi ne serait plus le synonyme d’un maillon d’une monstrueuse chaîne de production socialement et écologiquement destructrice, mais serait au contraire une contribution importante au développement de soi-même et de son apport à la société. À terme, cela ouvrirait la voie vers une société sans salariat.
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[PHOTOS] Protestation au Ministère de l’Emploi contre l’Article 63§2
Ce 14 novembre était le JOUR J – 48 avant l’exclusion de milliers de travailleurs “hors emploi” de tout droit aux allocations de chômage. Cette massive exclusion avait été programmée et décidée par le gouvernement Di Rupo et est aujourd’hui en passe d’être aggravée par le gouvernement Michel.
Les exclus en questions risquent d’être majoritairement des femmes, souvent avec enfants. Comme l’a inlassablement dénoncé le réseau Stop Article 63§2 : “Il s’agira majoritairement de femmes (65 %) et de familles monoparentales (surtout des mères avec enfants à charge, 81 % des chefs de ménages potentiellement excluables étant des femmes), mais aussi de travailleurs à temps partiel, intérimaires, artistes ou autres, qui n’auront pas eu la possibilité d’accumuler suffisamment de « jours de travail » dans une période donnée pour ouvrir leur droit aux allocations de chômage sur base de leur emploi.” Une très grande partie n’aurait alors même pas droit au CPAS.
A l’appel de ce réseau, environ 150 personnes se sont réunies hier devant le ministère de l’Emploi à Bruxelles pour exiger l’abrogation pure et simple de cette mesure profondément antisociale. “Dans le 17e pays le plus riche au monde, dans un pays où plus d’un million de personnes sont totalement ou partiellement sans emploi, la limitation dans le temps des allocations d’insertion est proprement inacceptable ! Nous ne l’acceptons donc pas.”
Thierry Muller, représentant du réseau, a notamment défendu que les économies liées à cette mesure seront dérisoires : “C’est une mesure politique. Elle aura un fort impact social qui aura pour effet de mettre sous pression l’ensemble du monde salarial. On tire les conditions de travail vers le bas”.
“Les organisations syndicales n’ont pas l’air de faire de cette question un point incontournable. Ils ont posé 4 balises dans les négociations avec le gouvernement. Notre exigence est qu’ils en posent une cinquième qui est celle de la limitation des allocations chômage dans le temps. Il faut une mobilisation à la hauteur de ce que les gens ressentent. Ils ont peur.”
L’appel pour l’abrogation pure et simple de l’Art.63§2 a été signé par des centaines d’individus et par plus de 60 organisations syndicales, politiques et culturelles, dont le PSL et les Étudiants de Gauche Actifs.
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Contre le chômage, répartir le travail disponible
Par Geert Cool
32 heures, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires
La ‘‘solution’’ des partis établis face au taux de chômage croissant consiste, d’une part, en une multitude de plans pour l’emploi destinés à fournir au patronat une main-d’œuvre subsidiée et, d’autre part, en une accentuation de la chasse aux chômeurs. Cela ne fait que contribuer au développement du fossé entre riches et pauvres. Avoir un emploi ne garantit plus aujourd’hui de sortir de la pauvreté.
Le 10 mars prochain verra les premières actions syndicales d’ampleur contre les attaques portées aux allocations de chômage. À compter du 1er janvier 2015, 50.000 personnes vont perdre leur allocation d’insertion, une mesure qui est un premier pas vers une limitation du droit aux allocations de chômage dans le temps. Les groupes les plus vulnérables sont d’abord frappés afin de donner le ton, pour ensuite généraliser l’offensive.
Il faut à l’avenir généraliser la protestation dès le début et élargir la résistance contre l’austérité et la dégradation de nos conquêtes sociales vers l’ensemble les travailleurs, les allocataires sociaux, les jeunes,… Une chose est claire dès à présent : les politiciens capitalistes veulent utiliser la période qui suivra le 25 mai (4 ans sans élection) pour lancer des ‘‘réformes’’ antisociales très dures. Disposer d’un large front de la résistance sociale sera, dès lors, une nécessité cruciale.
Nous pouvons unir les travailleurs avec ou sans emploi autour de la revendication offensive de la répartition du temps de travail. Cette question du partage du temps de travail tombe sous le sens : pourquoi se tuer à la tâche quand d’autres doivent littéralement supplier pour avoir un emploi ? Aujourd’hui, en grande partie dû à la généralisation du travail à temps partiel non désiré, on travaille en moyenne de 31 heures par semaine en Belgique. Pourquoi ne pas généraliser la situation et réduire la semaine de travail jusqu’à 32 heures ? Cela permettrait d’offrir un emploi à chacun tout en réduisant la charge de travail. Avec une semaine de quatre jours, de l’espace serait libéré pour s’investir dans ses loisirs, sa famille ou dans la société en général.
Bien entendu, une réduction du temps de travail ne doit pas conduire à une situation où ce que nous faisons actuellement en 38 heures s’effectuerait en 32 ! Cette réduction doit absolument être accompagnée d’embauches compensatoires et d’une réduction des cadences. Et sans qu’il y ait de perte de salaire bien sûr.
En outre, il existe un nombre extraordinaire de besoins sociaux actuellement insatisfait : il est possible de figurer sur des listes d’attente du berceau à la mort ! Répondre à ces nécessités est possible, ce ne sont pas les travailleurs qui manquent. Et l’argent ne manque pas non plus !
Une telle orientation exige de s’en prendre aux privilèges du patronat et des gros actionnaires. Une société du plein emploi où les nécessités sociales ne souffrent pas de la pénurie de main-d’œuvre et de moyens est possible, mais elle demande de rejeter la logique du profit et de la propriété privée des moyens de production. Nous défendons la nationalisation des secteurs clés de l’économie, de sorte que la production puisse être orientée vers la satisfaction des besoins de la population, plutôt que d’être parasitée par les intérêts d’une infime élite capitaliste qui utilise sa richesse pour spéculer ou investir dans d’exotiques paradis fiscaux. Organisons notre lutte et construisons un mouvement capable de renverser le capitalisme pour instaurer une société socialiste démocratique.
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Contre les exclusions… Les actions !
Des actions contre la limitation des allocations d’insertion dans le temps seront organisées partout en Belgique le 10 mars prochain. Vous trouverez un bref aperçu des actions organisées en Wallonie et à Bruxelles ainsi que les personnes que vous pouvez contacter pour toute information pratique sur le site de la FGTB wallonne.
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Bruxelles : Une région marquée par les pénuries et les inégalités (2)
A Bruxelles, le taux de chômage est particulièrement élevé. Un cinquième des habitants de Bruxelles est au chômage, situation qui concerne près d’un tiers des jeunes, des données qui font immédiatement penser à l’Europe du Sud. Les autorités n’ont aucune réponse à offrir. La pauvreté augmente, de même que l’insécurité, et la seule “réponse” de cet establishment se résume à la répression et aux sanctions. Cette seconde partie de notre dossier consacré à Bruxelles est consacré à ce sujet.
Un manque d’emploi structurel
Au mois de juillet, le taux de chômage était de 20,4% pour l’ensemble de la région. Ce taux est stable sur les deux dernières années, tout comme le taux de chômage parmi la jeunesse qui est de 31,2%. Cette stabilisation après plusieurs années d’augmentation due à la crise illustre la catastrophique pénurie d’emplois et que chaque nouvelle perte d’emploi ne fera que consolider un chômage structurel déjà massif. Lorsque Picqué est arrivé au pouvoir à la région bruxelloise en 1989, le taux de chômage n’était encore « que » de 12,4%.
Le chômage de masse à Bruxelles est caractérisé par une prédominance de travailleurs peu ou pas qualifiés, la plupart du temps jeunes. C’est la conséquence inévitable de la désindustrialisation, dont les emplois ne peuvent être comblés par un autre secteur. L’idée selon laquelle le secteur de l’horeca et les commerces pourraient combler l’absence d’emplois dans l’industrie est une illusion qui se confirme chaque jour un peu plus. Le nombre de faillites en Belgique a atteint un record cette année avec 2.011 faillites sur les 9 premiers mois, soit 29% de plus qu’en 2012. Parmi les régions, c’est Bruxelles qui enregistre la plus forte hausse du pays. Les secteurs de l’horeca, la construction, le commerce de détails y sont les secteurs les plus touchés. Ces emplois ne sont donc pas disponibles en quantité suffisante et présentent en outre une précarité accrue des conditions de travail.
Il y a dès lors une inadéquation marquée entre la main d’œuvre peu qualifiée et le marché de l’emploi à Bruxelles, puisque les quelques 714.000 emplois comptabilisés dans la région se retrouvent essentiellement dans les services, dans l’administration publique et dans les secteurs financiers et immobiliers ; bref des emplois qui demandent pour la plupart un diplôme d’études supérieures ou un multilinguisme. Par conséquent, l’argument selon lequel les quelques 350.000 navetteurs quotidiens occupent l’emploi des Bruxellois ne tient pas la route : le nœud du problème est le manque d’emploi colossal.
L’idée de ne pas remplacer un départ sur trois dans la fonction publique s’étend à tous les niveaux de pouvoir. Ainsi après le fédéral, les communautés, et les régions, certaines communes emboitent le pas comme Ixelles. Ces politiques de sacrifice de l’emploi public auront un effet considérable non seulement pour les travailleurs du secteur vu le manque généralisé de personnel déjà existant mais aussi pour l’ensemble des chômeurs bruxellois qui verront leurs perspectives d’avenir encore plus bouchées.
Le secteur des ALR à Bruxelles comptait en 2010 48.966 agents pour 42.227 ETP (équivalent temps plein). Aujourd’hui il n’y a plus que 40% des agents qui sont statutaire pour 58% encore en 1995. La prépondérance des contractuels est fort marquée pour le personnel des communes et CPAS, premier employeur bruxellois avec plus de 27.000 travailleurs, atteignant même près de 80% pour les CPAS. Cela est stimulé par la politique de la région qui se limite à subsidier des ACS engagés par les communes pour 25 millions € par an. Les zones de police sont l’exception, avec un nombre de nommés définitif avoisinant les 95%. Quant aux bas salaires en vigueur dans le secteur des ALR, l’argument des directions syndicales et du gouvernement Picqué face aux actions des travailleurs était qu’il fallait attendre le refinancement de Bruxelles pour une revalorisation salariale. Depuis, il n’y a que des assainissements qui entrainent des pertes d’emplois et une dégradation encore accrue du statut et des conditions de travail.
La croissance annuelle moyenne de dépenses en personnel par habitant pour les communes lors de la dernière législature communale fut de 1,8%, soit sous l’inflation moyenne de 2,4% pour la même période. De 2005 à 2011, le nombre d’ETP est passé de 14.577,33 à 15.056,34 ce qui est loin de répondre à l’augmentation des besoins consécutifs à la croissance démographique. Ainsi Picqué se félicite-t-il que les communes « aient géré efficacement l’emploi » ! Aussi, Saint-Gilles est la seule commune à avoir commencé à couper significativement dans l’emploi communal avant même les élections de 2012 avec une diminution du nombre d’emploi passant de 675 ETP en 2009 à 647 ETP en 2011. En région bruxelloise, 69% des travailleurs des communes sont domiciliés dans la région, et à Saint-Gilles c’est 77%. Parmi ceux-ci, seuls 29% sont statutaires (à Saint-Gilles, c’est à peine 17%).
Que faire de tout ce chômage ?
Selon le ministère bruxellois de l’emploi, environ 50.000 Bruxellois travaillaient en Flandre en mars 2013. Il s’agit d’une hausse de 10% sur les deux dernières années et de 43% en 10 ans. L’augmentation concerne surtout des emplois dans le secteur industriel en périphérie de Bruxelles. Cela est une conséquence du contrôle accru des demandeurs d’emploi bruxellois et de la mise en place d’accords de coopération entre Actiris et le VDAB (office flamand de l’emploi) visant à augmenter la flexibilité d’une région à l’autre pour les chômeurs, notamment moyennant un investissement en cours de langues auprès du VDAB. En 2012, Actiris a ainsi financé 7.143 chèques-langues en 2012, en augmentation de 50% par rapport à 2011 (4.651 chèques, 58,5% pour le néerlandais, 35,1% pour l’anglais, 6,1% pour le français et 0,3% pour l’allemand). Par rapport à 2010, l’augmentation du nombre de chèques-langues est même de 139%. En 2010, seulement 8% des chercheurs d’emplois bruxellois avaient une bonne connaissance de l’autre langue nationale selon le gouvernement bruxellois.
Il serait illusoire de croire que l’ensemble des travailleurs sans emploi Bruxellois trouvent un boulot dans la périphérie en Flandre. La coopération entre les offices de l’emploi de différentes régions ne crée aucun nouvel emploi. En outre, ces emplois nécessitent une facilité de déplacement à la charge des travailleurs et une connaissance minimale du néerlandais. En réalité, cette stratégie a surtout pour objectif de mettre une pression supplémentaire sur les chercheurs d’emploi dans le cadre de la chasse aux chômeurs et de la mise en place de sanctions.
L’actuel patron d’Actiris, Grégor Chapelle (PS), n’hésite pas à clarifier le rôle qu’il veut donner à l’office bruxellois de l’emploi. Dans un entretien au journal « L’Echo », il explique : « le message de propagande est clair, Actiris doit être autant au service des demandeurs d’emploi que des employeurs. Et plus que tout, il faut améliorer les relations avec les employeurs ». Interpellé par la journaliste sur l’importance du taux de chômage à Bruxelles de l’ordre de 20%, le patron d’Actiris estime que c’est un faux problème : « les 20% sont un taux de chômage politique, le taux de chômage réel sur la communauté métropolitaine n’est que de 11%, dans la moyenne des grandes villes européennes ».
Lors de son entrée en fonction à la présidence du gouvernement bruxellois, Rudy Vervoort avait pourtant tenu à se positionner par rapport à son prédécesseur en assurant qu’avec lui, la priorité serait donnée à l’emploi des jeunes. Pour donner du corps à cette campagne de communication, il a lancé la formule « 30 mesures, 10 millions €, 4.000 emplois ». Le détail est tout de suite moins flatteur : 100 contrats ACS dans les crèches, 4.350 stages en entreprise, selon les besoins du patronat. Bref, pour ce qui est de l’emploi des jeunes à Bruxelles, Vervoort n’en fait que des cadeaux fiscaux aux entreprises comme il l’a appris avec les gouvernements Picqué.
Ces maquillages écœurants des chiffres et autres politiques de cadeaux fiscaux illustrent que le chômage de masse est admis par les politiciens traditionnels comme un phénomène structurel sans solution à Bruxelles. Il ne s’agit dès lors pas de s’attaquer au chômage, mais d’utiliser plus efficacement encore les chômeurs comme armée de réserve pour les entreprises sous peine de sanctions, de sorte à conforter la 5e place de Bruxelles dans le classement des régions les plus attractives d’Europe pour les investisseurs.
Une jeunesse sans perspective d’avenir
La situation précaire de l’emploi se répercute violemment sur les conditions de vie de la jeunesse. Dans les quartiers du croissant pauvre, le taux de chômage dans la jeunesse est de minimum 45%. A Cureghem et à Molenbeek, ce taux est même de plus de 50%. Le travail au noir et les jobs précaires (intérims, temps partiels, titres-services, ACS…) sont les seules perspectives de travail pour la jeunesse, ce qui ne permet évidemment pas de se projeter dans l’avenir.
Les deux prochaines années, la dégressivité accrue des allocations de chômage et la limitation dans le temps des allocations d’insertion devraient encore plus aggraver la situation en augmentant l’appauvrissement et l’exclusion sociale. Selon la FGTB, ce sont environ 30.000 bénéficiaires d’allocations d’insertion qui se verront purement et simplement exclus au 1e janvier 2015. A terme, ce sont plus de 50.000 personnes et leurs familles qui risquent de basculer dans la pauvreté et l’exclusion rien qu’à Bruxelles.
En Espagne, le terme « los ninis » désigne à présent cette couche parmi les 15-29 ans qui n’ont pas d’emplois, sont exclus de formations professionnelles ou sont déscolarisés. Ils représentent 24 % des 15-29 ans en Espagne et 13,9 % en Belgique. Nul doute que ce chiffre est beaucoup plus élevé dans le croissant pauvre à Bruxelles. Selon les termes de l’OCDE, ces « ninis » sont un reflet du déclin économique de la société. La seule thématique liée à l’avenir des jeunes des quartiers pauvres encore discutée par les politiciens traditionnels est de savoir quelle est la répression la plus correcte à mettre en œuvre pour garder un semblant de contrôle social.
La répression et les sanctions comme seule réponse face à la dégradation du tissu social
A Bruxelles, où prennent place la plupart des manifestations de tous types, le phénomène de la répression et des violences policières a été fort exprimé ces dernières années. A plusieurs reprises durant l’été 2012, le quartier Matonge a été le théâtre d’un véritable déchainement raciste de l’appareil répressif vis-à-vis de la communauté africaine dès lors que celle-ci manifestait. De manière plus sporadique, des militants de gauche se sont vus lourdement réprimés à diverses occasions, comme ce fut le cas du jeune Ricardo lors du festival de soutien aux sans-papiers à Steenokkerzeel.
Dans ce contexte-là, les Sanctions Administratives Communales (SAC) sont un outil rêvé pour les partis traditionnels et leur appareil répressif. L’arbitraire de ces sanctions permet une utilisation « à la carte », tantôt pour des incivilités, tantôt pour des faits divers absurdes comme cette personne à Schaerbeek coupable d’avoir déposé un pot de fleur devant chez soi, et très certainement pour des manifestations et protestations, comme celle organisée à l’encontre du « banquet des riches » en octobre 2012.
Les communes d’Ixelles et Bruxelles sont les fers de lance de cette politique. Freddy Thielemans (PS) a rendu le système rentable. Pour la nouvelle législature communale, 1 millions € est prévu pour augmenter le nombre d’agents constatateurs, avec l’objectif que cela rapporte 3 millions €. Ainsi dans son nouveau budget, la commune a scindé les « amendes pour incivilités » et les « taxes pour incivilités » (utilisées pour faire payer le collage d’affiches aux éditeurs responsables). Chacun de ces deux postes devrait rapporter 500.000 € annuellement à la commune. Même politique à Ixelles : des centaines de SAC sont distribuées lors d’opérations « coup de poing », la majorité pour jets de mégots, mais aussi pour avoir promené un chien sans laisse ou avoir mis la musique trop fort en voiture.
En mai 2013, la ministre pour l’égalité des chances Joëlle Milquet (CDH) a fait une proposition de loi visant à utiliser les SAC pour réprimander toute attitude sexiste en rue pour combattre ce fléau. Cette proposition faisait encore écho au reportage « Femme de la rue » qui avait marqué les esprits, en mettant sur le devant de la scène la problématique du sexisme en augmentation dans toute une série de quartiers pauvres à Bruxelles. Milquet va-t-elle s’en prendre aux multinationales véhiculant des publicités à tous les coins de rue et présentant la femme comme un objet ? Va-t-elle combler la différence salariale entre hommes et femmes ? Va-t-elle résoudre la situation de précarité sociale à la base des discriminations ? Non ! Cette loi n’est que de la simple hypocrisie qui sert à sauver l’image « pro-femmes » de Milquet pendant que plusieurs mesures de son gouvernement touchent de manière particulièrement forte les femmes. Les allocations de chômage baissent le plus fortement chez les chômeurs « cohabitant » (surtout des femmes et des jeunes vivant encore chez les parents), poussant ces chômeurs dans la dépendance totale. En même temps, elle met la responsabilité du sexisme inhérent au capitalisme chez des hommes en tant qu’individus, en niant tout lien avec le système qu’elle défend.
D’un autre côté, si la gauche n’arrive pas à progresser et à offrir une perspective viable, des groupuscules d’extrême-droite vont pouvoir se profiler (comme Nation, le FN,…). En mettant en avant des « solutions » qui ne s’attaquent pas aux fondements du système capitaliste et aux responsables de la crise, ils vont dévier l’attention vers des thèmes comme la criminalité. Les résultats que Nation a faits pendant les élections communales de 2012 à Evere (4,47%) et à Forest (1,24%) et l’expérience d’autres pays comme la Grèce montrent que le danger de l’extrême-droite doit être pris au sérieux, surtout dans une période de crise comme celle que nous traversons aujourd’hui.
La pauvreté et l’exclusion sociale comme conséquences de la crise du capitalisme provoque une aliénation accrue parmi une couche de la population. C’est la base à partir de laquelle la criminalité, les tensions et les discriminations peuvent se développer. Les forces réactionnaires de la société (racistes, intégristes religieux,…) sont utilisées dans ce contexte par les classes dominantes pour dévier l’attention des véritables problèmes sociaux sous-jacents. Tout est fait pour instrumentaliser les moindres faits et gestes de groupuscules hystériques de droite islamiste comme Sharia4belgium pour stigmatiser toute une communauté.
Un développement continuel de la précarité et de la pauvreté
Au mois de mai 2013, les CPAS ont compté sur l’ensemble de la Belgique près de 150.000 personnes recevant une aide de leur part, ce qui est un record. A Bruxelles, cela concerne 32.000 personnes, soit 5% des 18-64 ans, et 14% de plus qu’en 2008. C’est 3 fois plus que dans le reste du pays, et au sein du croissant pauvre c’est encore 5 fois plus. La composition des personnes ayant recours au CPAS évolue et reflète la situation de précarité de la société : de plus en plus de jeunes sont concernés (un tiers des bénéficiaires du revenu d’intégration ont moins de 25 ans) et les femmes sont à présent majoritaires, le plus souvent à la tête de familles monoparentales.
Alors que les besoins sociaux auprès des CPAS sont en augmentation, le gouvernement fédéral a entériné une réduction des dépenses sur les CPAS de 37,4 millions € lors de l’ajustement budgétaire de février 2013. Les communes, qui doivent combler les manques dans les budgets de leur CPAS, voient ainsi un surcoût qui leur revient directement. En outre, le service public de l’intégration sociale constate également que l’écart entre communes riches et pauvres s’est creusé au cours des 10 dernières années. Dans les communes à revenu médian élevé, le nombre de bénéficiaires du CPAS pour 1000 habitants est passé de 7,8 à 5,5 alors que dans les communes à revenu médian faible ce chiffre est passé de 19,7 à 29,6. A Bruxelles, tout cela signifie une aggravation des déficits budgétaires et des pénuries pour les communes de la première couronne où se retrouvent concentrés les quartiers pauvres.
Selon le forum bruxellois de lutte contre la pauvreté, il y aurait environ 1900 sans-abris « dénombrables » en 2013 (selon différentes associations d’aide, ce serait même 2500, dont 500 de plus sur la dernière année), dont environ 40% de femmes, une proportion en augmentation. Au Samu Social, leur nombre a triplé entre 2002 et 2011, passant de 300 à 1000. En 1999, les femmes ne représentaient encore que 1% des sans-abris au Samu Social. Dans les maisons d’accueil, 96% des familles monoparentales accueillies sont des mères séparées. Cette représentation accrue des femmes parmi les sans-abris est comme pour le CPAS un reflet de la précarisation des conditions de vie des femmes dans la société en conséquence directe des politiques d’assainissement dans les infrastructures et services collectifs.
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85 riches possèdent autant que la moitié de l’Humanité !
Il nous faut un autre système!
En ce début d’année, le premier ministre Di Rupo (PS) n’a cessé de multiplier les réunions de famille. Forum économique de Davos, Cercle de Wallonie,… Son message est clair : selon lui, ‘‘la Belgique est sur la bonne voie’’. Mais qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire dans un pays sans croissance et où les maigres emplois créés ne permettent plus depuis longtemps de compenser les fermetures et destructions massives d’emploi ?!
Par Baptiste (Nivelles)
Il suffit de savoir à qui ce discours est adressé : aux fortunés, au patronat et à leurs plus puissants défenseurs. Se présentant comme étant leur ‘‘humble serviteur’’, le Premier ministre s’efforce de maintenir les privilèges des nantis en faisant payer la crise aux travailleurs et à leur famille, car après tout ‘‘ce sont les entrepreneurs qui sont à l’origine du bien-être de la population’’. Et peu importe le fait que nous créons les richesses par notre travail, quelque part nous ne faisons que profiter du système, et en particulier les bénéficiaires d’allocations bien entendu…
Ce sont pourtant ces politiques néolibérales qui ont créé un fossé toujours plus grand entre riches et pauvres, alors que jamais dans l’histoire de l’humanité il n’y a eu autant de richesses et de possibilités technologiques. Ces richesses permettraient à chacun d’avoir accès à des conditions de vie décentes, mais la réalité est tout autre.
De la précarité à la pauvreté
Pour 99% de la population, le bilan n’est pas folichon : austérité budgétaire tous azimuts, gel des salaires, réforme des prépensions, dégressivité accrue des allocations de chômage,… Pour beaucoup de ménages, notamment quand il y a une perte d’emploi, la route vers la pauvreté est de plus en plus courte. La réforme du chômage de 2012 prévoyait une baisse de 25% du montant des allocations, et à cela s’ajoute une augmentation des sanctions et l’exclusion des allocations d’insertion d’environ 55.000 personnes le 1er janvier 2015. En 2010, les indemnités de chômage ne représentaient déjà plus que 27% du salaire annuel brut moyen, contre encore 42% 20 ans plus tôt. Nul doute que la situation s’est encore dégradée.
La Belgique : un paradis fiscal sans île, mais bien rentable
Par contre, pour les patrons et autres nantis à la recherche de refuge fiscal, la Belgique est ‘‘the place to be’’, grâce à l’absence d’impôt sur la fortune et parfois carrément sur les bénéfices réalisés par les entreprises. Pourtant, le taux d’imposition des sociétés est théoriquement de 33,99%. Mais dans les faits, en intégrant les divers cadeaux offerts au patronat, intérêts notionnels en tête, ce taux n’avoisine plus que les 20% depuis 2008. Pour l’année 2012, on estime que la déduction des intérêts notionnels a permis aux entreprises en Belgique d’exempter d’impôt quelque 20,4 milliards € de bénéfices engrangés.
La baisse du taux effectif est quasi continuelle depuis 2001, et ce n’est plus un secret pour personne, ce sont les plus puissantes multinationales présentes en Belgique qui payent le moins sur des bénéfices souvent gigantesques : ArcelorMittal, Electrabel, Janssen Pharmaceutica, ABInbev,…
À qui ce système profite-t-il ?
En Belgique, ce pays où tout va bien, environ 15% de la population vit sous le seuil de pauvreté tandis qu’en même temps les 20% les plus riches possèdent 61% du patrimoine financier.
Pour nous, les factures ne font qu’augmenter sous la pression de plans d’austérité se chiffrant à chaque fois à plusieurs milliards ; pour eux, tout est mis en place pour préserver les milliards de bénéfices. Après un à trois ans de chômage, un chef de ménage devra s’en sortir avec 1.090,70€/mois, un cohabitant avec 483,86 €/mois ; au même moment, les patrons d’entreprises publiques se voient subir l’affront de recevoir des rémunérations annuelles plafonnées à 250.000 €… Alors, qui profite du système : ceux qui tentent de survivre avec des moyens à en manger des cailloux ou ceux qui vivent grassement à ne plus savoir que faire de leur pognon ?
Lors de son discours de rentrée, la secrétaire générale de la FGTB Anne Demelenne a déclaré vouloir le retrait de la réforme du chômage au vu de la catastrophe sociale imminente. Des actions seraient à prévoir d’ici les élections du 25 mai, pour ‘‘ faire passer la revendication à tous les partis traditionnels’’. Nous avons besoin d’un plan d’action pour lutter contre cette escroquerie néolibérale, mais jouer le rôle de l’aiguillon pour des partis qui ne nous représentent pas n’est plus viable. De plus, nous avons besoin d’un parti politique qui représente nos intérêts !
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C’est à la pauvreté qu’il faut s’en prendre, pas aux pauvres !
Les 10% des Belges les plus riches possèdent quasiment autant que les 90% restants !
‘‘C’était la meilleure des époques. C’était la pire des époques.’’ C’est ainsi que Charles Dickens a commencé son chef-d’œuvre ‘‘Le Conte de deux cités’’, une condamnation cinglante de l’injustice sociale de son temps. Il s’agit aussi d’une citation parfaite pour décrire l’état actuel de notre société. Jamais à travers l’Histoire n’ont existé autant de richesses qu’aujourd’hui. Pourtant, un nombre sans cesse croissant de personnes sombre dans la pauvreté, en Belgique y compris.
Par Tim (Bruxelles)
Selon l’Indicateur de pauvreté européen, 15,3% de la population était sous le seuil de pauvreté en 2011 (soit un Belge sur 7). A Bruxelles, le taux grimpe jusqu’à 28,2%. Les personnes âgées (20,2%), les chômeurs (37,8%) et les parents isolés avec enfants (38,5%) sont plus particulièrement frappés. Ces données gagnent en importance année après année.
Parallèlement, la minorité la plus riche de la population voit sa richesse s’accroître plus encore. Les 10% les plus riches des Belges possèdent quasiment autant (44%) que les 90% restants de la population. En 2012, les 20 familles les plus riches possédaient ensemble 50 milliards d’euros, soit 13% du PIB, autant que le budget confondu de toutes les régions et communautés du pays ! En 2012 toujours, les 50 plus grandes entreprises du pays ont réalisé un profit de près de 30 milliards d’euros ! Et c’est à peine si elles payent des impôts : seulement 2,65% de cette somme (791 millions). Les super- riches ont suffisamment de raisons pour célébrer dignement les fêtes de fin d’année. Au même moment, pour les quelques 275.000 ménages belges (6%) qui ne parviennent pas à payer leurs factures d’énergie, l’hiver sera froid.
De tels chiffres laisseraient à penser que les politiciens vont incessamment dévoiler un plan d’action contre la pauvreté. Rien n’est moins vrai. La politicienne bruxelloise Carla Dejonghe (Open-VLD) a annoncé symboliquement qu’elle allait essayer de vivre un mois au salaire minimum, alors que son parti est le refuge de partisans des ‘‘mini- jobs’’. Ce que Dejonghe va endurer un mois pour faire parler d’elle, des dizaines de milliers de personnes sont obligées d’y faire face toute leur vie.
Le gouvernement fédéral – avec le PS et SP.a – a instauré la dégressivité des allocations de chômage. Après trois ans, les chômeurs se retrouveront à un minimum bien en-deçà du seuil de pauvreté. Les réformes du gouvernement signifient aussi qu’à partir du 1er janvier 2015, 55.000 chômeurs verront leurs allocations suspendues et devront aller frapper aux portes des CPAS. Si cela ne dépendait que d’eux, les politiciens néolibéraux imposeraient aux allocataires un travail forcé en échange de leurs revenus de misère. Au lieu d’emplois décents avec des salaires décents, nous serons au travail forcé en échange d’un salaire permettant à peine de subsister.
Pour le PSL, c’est à la pauvreté qu’il faut s’en prendre, pas aux pauvres. Nous voulons créer plus d’emplois grâce à une réduction collective du temps de travail à 32 heures par semaine, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Nous sommes en faveur d’un impôt sur les grandes fortunes et d’obliger les entreprises à intégralement payer leurs impôts. Mais, fondamentalement, pour éviter toute fuite des capitaux des patrons et des super-riches, nous pensons qu’il est impossible de passer à côté de la nationalisation sous contrôle démocratique du secteur financier et des grandes entreprises. Nous voulons que les pauvres, les chômeurs et les travailleurs s’organisent ensemble contre ce système qui engendre pauvreté et misère. Luttons pour un monde où les richesses seraient consacrées à satisfaire les besoins de toute la population et non l’avidité d’une élite de super-riches. C’est pourquoi nous luttons pour une alternative socialiste à la société capitaliste.
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Contre le chômage, et les emplois précaires, 32 heures, sans perte de salaire MAINTENANT!!!
Faire travailler les chômeurs gratuitement ? C’est la proposition qu’a lancé Rik Daems, libéral flamand, prenant en exemple la commune de Rotterdam. Et certains au PS font office de précurseurs ! A Charleroi, Philippe Van Cauwenberghe n’a pas attendu ce récent débat pour lancer l’idée lors de la campagne électorale communale de 2012.
Par Ben (Charleroi)
Poussons leur raisonnement plus loin, pourquoi ne pas licencier l’ensemble des travailleurs de l’Etat pour les remplacer par des chômeurs ‘‘bénévoles’’ ? Et tant qu’on y est, pourquoi pas dans le privé également ? En acceptant de vivre et de travailler pour une somme comprise entre 450 et 1100 euros par mois, l’Etat aurait plus de facilités à boucler son budget grâce aux économies faites sur les salaires et on aiderait ainsi nos braves entreprises à augmenter leurs profits, le fameux écart salarial avec nos pays voisin serait résorbé. (Il resterait bien l’écart salarial avec la Chine, le Bangladesh, etc. mais on s’y attaquera plus tard…)
L’absurdité du raisonnement ferait sourire s’il n’était pas si proche de la réalité. D’un côté, on licencie a tour de bras dans les communes, dans les services publics de manière générale ainsi que dans le privé et, de l’autre côté, on pousse les chômeurs à accepter n’importe quelles conditions de travail, jusqu’à cette proposition de travail gratuit obligatoire.
Pourquoi pas un travail rémunéré ?
Face à cette attaque contre les chômeurs, c’est la première question qu’on se pose. La réponse, c’est que la logique de concurrence, de profit et d’austérité budgétaire pousse a faire pression a la baisse sur les salaires et les conditions de travail et, pour faire ça, quoi de mieux qu’une masse de demandeurs d’emploi mis au travail forcé et prêts à accepter n’importe quel travail ?
S’attaquer au chômage, pas aux chômeurs
Pour régler la question du chômage de masse, ce qu’il faudrait, c’est créer plusieurs centaines de milliers d’emplois. C’est possible ! Mais uniquement si on s’attaque aux privilèges du patronat et de ses actionnaires, en instaurant une diminution collective du temps de travail sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et diminution des cadences (32 heures serait un bon début). Une lutte pour le plein emploi à travers cette mesure pourrait être le premier pas vers une remise en cause de la logique de profit et de propriété privée des moyens de production, le pas suivant étant clairement la nationalisation des secteurs-clés de l’économie sous contrôle démocratique des travailleurs afin que la production soit orientée vers la satisfaction des besoins de la population et plus pour enrichir une minorité de parasites (je parle bien évidement des véritables profiteurs que sont le patronat, les rentiers et les actionnaires).
Alors que faire ?
Ce qui est sûr, c’est que se résigner et se taire n’a jamais servi à faire avancer la lutte. Au contraire. Si on ne fait rien, les perspectives d’avenir vont encore se dégrader. Nous avons besoin d’une stratégie de lutte pour imposer un programme réellement en notre faveur. Va-t-on attendre qu’un chômeur s’immole devant un bureau de l’Onem pour réagir sérieusement contre la chasse aux chômeurs ? Va-t-on attendre qu’on devienne tous chômeurs pour organiser une lutte massive pour un emploi de qualité pour tous ? Organisons-nous, et ne nous limitons pas à résister aux politiques antisociales qu’on nous impose, contre-attaquons !
En 1933, la première marche des chômeurs en France à été le prélude aux rassemblements du Front Populaire et à un passage à l’offensive du mouvement social. Aujourd’hui, le retour du chômage de masse remet la question à l’ordre du jour, le manque de perspectives d’emploi et l’augmentation du nombre de chômeurs dans un contexte d’attaques contre leurs droits (limitation dans le temps, dégressivité,…) va conduire à une augmentation de la rage et de la colère. Organisons-la pour qu’elle serve à construire un vaste mouvement qui viserait à la destruction du capitalisme et à son remplacement par une société socialiste.
