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Tag: Chili
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Crise et révolte en Amérique latine
FIN JUILLET, près de 350 camarades provenant de 14 pays se sont retrouvés lors de l’école d’été du CIO, parmi lesquels des camarades du Brésil et du Venezuela. La discussion sur l’Amérique latine, qui a pris toute une journée, était une des discussions les plus importantes.
Tina De Greef
Regimes en crise
Tout le continent est en mouvement et en crise. La profondeur de celle-ci diffère selon les pays. L’industrie textile est presque intégralement délocalisée vers l’Inde et la Chine. Les Etats doivent rembourser des dettes colossales. Actuellement au Pérou, 35% du budget sert au remboursement de la dette. Les richesses naturelles de l’Amérique latine sont en grandes parties tombées entre les mains des capitalistes.
Presque partout nous voyons les symptômes d’un régime en crise, parfois même avec des composantes pré révolutionnaires. Le Chili et le Pérou sont en ce moment les régimes les plus stables d’Amérique latine. Il y a cependant eu récemment deux grèves générales au Chili. Le gouvernement Fox au Mexique est sur une pente glissante. En Bolivie le président Sanchez de Losada a été chassé car il voulait vendre le gaz aux Etats-Unis. Carlos Mesa, son successeur, essaie quand même d’organiser cette vente, malgré la résistance des masses.
A Haïti, le revenu moyen par personne de l’ensemble de la population est inférieur à un dollar par jour. Aristide – qui a une approche anti-impérialiste seulement en paroles – a dû s’exiler. Au Pérou, Toledo est pour le moment le dirigeant le moins populaire de toute l’Amérique latine. Il a dû faire face il y a quelques semaines à une manifestation de masse, malheureusement dirigée par Garcia le leader de l’opposition bourgeoise.
La révolte au Venezuela reflète le refus de la politique néo-libérale menée au cours de la dernière décennie dans toute l’Amérique latine. Le chômage officiel est passé de 12% à 17%. La population pauvre se radicalise et place le populiste de gauche Hugo Chavez au pouvoir en 1998. Celui-ci va décider – sous la pression des masses – d’envoyer 3.500 médecins vers les gens qui n’en avaient encore jamais vus. La Constitution changea de sorte que les propriétaires terriens perdirent leurs terres et que le pétrole soit placé sous le contrôle des autorités publiques.
Les supermarchés itinérants avec de la nourriture bon marché et une nouvelle entreprise nationale de télé-communications sont les récentes initiatives de Chavez. Pour faire ces concessions, Chavez dépend des prix élevés du pétrole. Pour le moment le Venezuela est le cinquième producteur de pétrole du monde avec 3,1 millions de barils par jour. Cette réforme politique n’est cependant pas tenable à long terme dans un cadre capitaliste. La bourgeoisie, qui a perdu partiellement le contrôle de l’appareil d’état, déteste Chavez car il est a prêt à céder sur de nombreux terrains sous la pression des masses. C’est une situation dangereuse pour l’impérialisme.
Pour rencontrer fondamentalement les revendications des masses et pour élever leur niveau de vie il faut rompre avec le capitalisme. Contrairement au Chili et à d’autre pays du continent, le Venezuela n’a jamais connu de tradition socialiste ou communiste. Même Chavez ne saisit pas la chance pour mobiliser une véritable révolution socialiste: il veut installer un «capitalisme plus humain».
Pas de réconciliation avec l’opposition de droite
Chavez voudrait réconcilier la révolution et la contre-révolution. Il louvoie entre les deux: d’une part entre la pression des masses vénézuéliennes et d’autre part la bourgeoisie et l’impérialisme. Les tentatives pour une réconciliation avec l’opposition de droite vont démoraliser les masses. Seul un parti révolutionnaire – condition décisive pour une victoire révolutionnaire: le facteur subjectif – sera capable de mener les masses vers la révolution. Seul un changement total de la société, rompant avec le capitalisme, pourra mettre un terme à la crise et en finir avec le chômage et la pauvreté.
Les masses expérimentent aujourd’hui un processus important d’auto-organisation: les comités populaires, et les Cercles bolivariens initiés par Chavez. Ces organes doivent s’élargir vers toutes les couches des opprimés, et se transformer en organes réels de la lutte des travailleurs.
Des comités populaires dans les entreprises et les quartiers doivent se baser sur les principes de la démocratie ouvrière: éligibilité, révocabilité des élus, un salaire pour les élus qui ne dépasse pas le salaire moyen d’un ouvrier qualifié,…
La population doit s’armer au travers de cette forme d’auto-organisation, pour se protéger contre de nouvelles tentatives de coup d’état ou de contre-révolution violente. L’armement en soi n’est cependant pas une garantie pour une victoire: il faut aussi un véritable programme socialiste. L’appel de Chavez pour «armer la population» sont des paroles en l’air. De ce fait et si aucun véritable parti révolutionnaire ne se développe, une contre-révolution ne peut être battue.
L’armée au Venezuela est essentiellement composée de travailleurs qui reflètent clairement la pression de la société. Cette situation est quelque peu comparable avec celle de l’armée durant la révolution des oeillets au Portugal. Au Portugal, le Mouvement des Forces Armées trouvait dans son programme des éléments socialistes qui allaient beaucoup plus loin que le mouvement d’aujourd’hui au Venezuela.
Un tel parti révolutionnaire pour amener les masses à la victoire, fait défaut aujourd’hui au Venezuela.Toutes les mesures positives entreprises par Chavez jusque maintenant ont été essentiellement mises en avant par le sommet du régime. Les Cercles bolivariens forment le point d’appui dans la société pour Chavez et son gouvernement, mais il y a souvent des tentatives pour les contrôler par le haut.
Récemment il fallait élire un responsable dans un Cercle bolivarien. Le gouvernement a essayé de mettre en avant son candidat, ce qui a provoqué la protestations des travailleurs qui avaient leur propre candidat. Il y a une grande pression du bas pour une démocratisation de ces organes, où maintenant déjà une couche de la population est représentée.
L’opposition perd le référendum
La réaction de Chavez après le référendum de la mi-août – qui portait sur sa révocation – montre qu’il ne cesse de vouloir concilier le processus de révolution et la contre-révolution. Le résultat, après une participation massive, est maintenant connu: Chavez l’a emporté avec 58.25 % des voix (contre 41.74% des voix en faveur de sa révocation). L’opposition ne reconnaît pas sa défaite. Elle a lancé une enquête sur d’éventuelles fraudes électorales.
Dès l’annonce du résultat, le prix du baril de pétrole à la bourse de New-York a baissé. En fait Bush ne peut intervenir dans l’immédiat. Le prix élevé du cours du pétrole et l’importance du Venezuela comme pays producteur de pétrole, couplé à la guerre en Irak oblige l’administration américaine à remettre à plus tard une intervention dans les affaires intérieures au Venezuela.
Nouveau parti au Brésil
Au Brésil le PT social-démocrate, dirigé par Lula, est au pouvoir. Lula, un ancien métallo devenu dirigeant syndical, est arrivé au pouvoir en promettant de donner de la terre aux paysans sans-terres. Juste après avoir été élu, il a fait vote-face. Il a notamment annoncé que les fonctionnaires devaient travailler 12 ans de plus pour toucher leur maigre pension. Le chômage a pris des proportions énormes et plus de gens ont faim qu’autrefois. Quatre parlementaires restés fidèles au programme originel de Lula ont été exclu du PT. Le gouvernement Lula marche sur les traces du précédent gouvernement, qui suivait la politique du FMI.
Les 200.000 emplois pour les jeunes que Lula avait promis n’ont pas vu le jour. En outre Lula joue localement un rôle impérialiste. Il aide à mener la guerre en Irak pour se procurer une petite place au conseil des Nations-Unies.
Récemment, en réaction à la politique droitière du PT, un nouveau parti a vu le jour: le PSoL (Parti pour le Socialisme et la Liberté). Notre section au Brésil participe à la construction du PSoL dont les perspectives de croissance sont indubitables. Seul le programme est sur pied. Il comprend de fort accents révolutionnaires mais aussi des éléments de politique de réformisme keynésien. Mais ce n’est pas suffisant: l’action est nécessaire. Le débat interne porte aussi sur les statuts: il y a des propositions pour qu’ils soient très démocratiques. L’impact potentiel d’un parti de masse des travailleurs comme le Psol est important pour toute l’Amérique Latine. A ce jour, 20.000 militants ont pris part aux assemblées locales pour la fondation de ce nouveau parti.
Le combat entre révolution et contre-révolution aujourd’hui à l’oeuvre en Amérique latine est d’une importance capitale à l’échelle du monde.
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La révolution: un mouvement de masse conscient
La lutte des classes est le moteur de l’histoire
L’HOMME, DEPUIS la nuit des temps, par la combinaison de qualités qui lui sont propre, a cherché à diminuer l’emprise des conditions naturelles qui l’entouraient afin d’améliorer ses conditions de vie. Sa socialisation a permit la communication par la parole, son cerveau s’est développé, ses mains lui ont servi progressivement à fabriquer des outils.
Vincent Devaux
Dans un premier temps, ceux-ci lui permirent d’améliorer son quotidien (lances et arcs pour ramener plus de nourriture), puis de produire par lui-même ce que la nature ne lui fournissait plus en suffisance (naissance de l’élevage et de l’agriculture). Petit à petit, une division du travail a diversifié et augmenté les richesses produites et a donné naissance aux rapports marchands.
L’appropriation de moyens de productions et l’accaparement des richesses par une minorité a trouvé sa justification au travers de la magie, la religion,… Dès lors, la société s’est divisée en classes luttant chacune pour ses intérêts. La classe exploitée cherche toujours à s’affranchir de l’oppression de la classe dominante (révolte de Spartacus en 73 avant J.C., les jacqueries et autres révoltes paysannes au moyen-âge, la Révolution française, …). Cette dernière, pour maintenir sa domination, a besoin d’un corps armé: l’Etat.
La structure de la société est le reflet des relations sociales dans la production et du niveau technologique (outils, machines). Par les découvertes successives et leurs implications dans la production, ces rapports changent, et les anciennes structures deviennent un frein au développement de la société (par l’invention de la machine à vapeur par exemple). L’ancienne classe dominante en déclin cherche à garder ses privilèges et son pouvoir (elle joue dès lors un rôle réactionnaire) tandis que la nouvelle classe montante, en cherchant à s’émanciper, joue un rôle progressiste; la révolution est à ce moment une nécessité historique
Vous avez dit “Démocratie” ?
La démocratie parlementaire constitue chez nous la forme de l’Etat sous lequel le capitalisme s’épanouit tout en permettant à la bourgeoisie de justifier de manière déguisée sa domination sur les masses travailleuses. Fondamentalement, tout Etat n’est qu’un appareil d’oppression d’une classe sur une autre, et ce quel que soit la forme que prend cet Etat; monarchie, dictature militaire, démocratie parlementaire,… Contrairement à ce que la bourgeoisie voudrait nous faire croire, la démocratie n’est pas l’affaire de tous. Nous vivons dans une société de classes, et donc dans une démocratie de classes. Sous le capitalisme, c’est la bourgeoisie qui est la classe dominante et possède le pouvoir. Si l’Etat est une démocratie pour cette classe, elle est une dictature pour une autre : le prolétariat.
Révolution ou coup d’État?
Un coup d’Etat est la prise de pouvoir par une minorité qui ne possède pas l’appui actif de la majorité de la population, mais qui a le contrôle des armes. Souvent, l’impérialisme américain a aidé et aide encore, notamment en Amérique Latine, à la mise en place de dictatures réactionnaires sanglantes servant ses intérêts (ex: Pinochet en 1973 au Chili). Par la suppression des acquis tels que la liberté d’expression, des droits syndicaux, la bourgeoisie peut brutalement exploiter la classe ouvrière. Une révolution implique de grandes couches de la population aspirant à un changement, sa force tient dans le support actif de la majorité contre le régime oppresseur. La classe dirigeante, qui veut garder ses privilèges, discrédite le mouvement révolutionnaire en le présentant comme le fait de gens violents, comme une menace pour l’ordre publique, et fait son possible pour le réprimer. La classe exploitée doit donc s’organiser en armant le peuple afin de faire face à cette répression. La révolution russe de 1917 n’aurait pas été possible sans un parti révolutionnaire de masse (le parti bolchévique) parvenant à s’appuyer sur le prolétariat et la paysannerie et répondant aux aspirations de la majorité.
Il faut tirer les leçons du passé Le peuple en armes
Chili,Venezuela. Même combat?
La période révolutionnaire au Chili (1970-1973) et la répression qui s’en suivit montre la responsabilité écrasante qu’eut Allende dans l’avènement de la dictature militaire sanglante de Pinochet. Après avoir été élu en 1970 à la tête de l’Unité Populaire (comprenant le PS, le PC et les radicaux), Allende commença par doubler les salaires les plus bas et repris la réforme agraire timidement ébauchée par son prédécesseur.
En 71, il nationalisa les mines de cuivre. Les Etats-Unis voulurent en finir avec cette radicalisation qui existait au Chili. Pour la bourgeoisie, le masque de la démocratie peut tomber quand il s’agit de défendre ses profits. Aussi, une semaine après une manifestation à Santiago rassemblant 600.000 personnes en soutien à Allende et demandant les armes, le général Pinochet organisa un putsch et une répression féroce envers les syndicalistes, les militants politiques et les travailleurs. Si Allende avait armé les masses, le coup d’Etat aurait avorté.
De même, le sort des travailleurs au Venezuela dépendra certainement des mesures que prendra ou pas l’actuel gouvernement. Hugo Chavez, élu démocratiquement en 1998, a déjà fait l’objet de deux tentatives de renversement. Il n’a dû son salut qu’aux mobilisations de masses des couches pauvres de la population qui se sont spontanément mises en action. Chavez, qui a introduit d’importantes réformes en faveur des plus pauvres, a appelé en avril 2004 à l’armement du peuple. Le danger est que Chavez fasse la même erreur qu’Allende en reportant l’armement effectif du peuple car la réaction va de nouveau tenter d’en finir avec le processus révolutionnaire en cours.
Le terrorisme comme levier révolutionnaire?
La fin du XIXe et le début du XXe ont vu l’émergence du terrorisme individuel comme moyen de changer la société. En Russie, un populiste russe du groupe Narodnaia Volia (La Volonté du Peuple) assassine en 1879 le gouverneur de Saint- Pétersbourg. Les «Narodnikiodniki», regroupant des intellectuels partisans d’un «communisme agraire», réussira, en 1881, à tuer le tsar Alexandre II. D’autres anarchistes en Europe posèrent des bombes dans des cafés, des théâtres, des trains. La pratique du terrorisme individuel qui ne s’en prend pas au système mais à des individus est vouée à l’échec. Elle fournit des prétextes pour renforcer la répression et isole le peuple de la lutte au lieu de l’organiser. Seul un mouvement de masse organisé peut renverser le capitalisme.
La société socialiste
La Commune de Paris (1871) et surtout la Révolution Russe (1917) sont deux exemples historiques où le prolétariat organisé a balayé l’ancienne classe dirigeante décadente et a abolit la propriété privée des moyens de productions dans le but conscient de marcher vers une société sans classe, c’est à dire une société communiste. Peut-on arriver du jour au lendemain à cette société? Non. Lénine, dans son livre l’Etat et la Révolution, met en avant la nécessité après l’abolition de l’Etat bourgeois de passer par le stade de «demi-état» s’éteignant progressivement jusqu’à l’obtention d’une société sans classe réalisant le principe «De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins».
L’expérience de la Commune de Paris en 1871
Après que Napoléon III ait déclaré la guerre à la Prusse de Bismarck et que celle-ci ait envahit la France, le gouvernement de Thiers négocia traîtreusement le sort de Paris alors que la ville assiégée et affamée s’opposait à sa reddition et se révolta. La Garde Nationale, au centre de la révolte, élit un comité central préfigurant les soviets (conseils ouvriers) des révolutions russes de 1905 et 1917 avant d’organiser des élections et la défense de la ville. Après dix semaines de siège, Thiers repris le pouvoir et organisa une répression sanglante (50.000 morts).
Marx, auteur du Manifeste du Parti Communiste, ne se contenta pas d’admirer l’héroïsme des communards «montant à l’assaut du ciel»; il en tira également les leçons. Dans ‘Guerre civile en France’, il cite et commente quelques décrets pris lors de cette première tentative de révolution prolétarienne – qui ont depuis été repris dans le programme des partis révolutionnaires:
- La suppression de l’armée permanente et son remplacement par le peuple en arme
- L’électivité et révocabilité de tous les responsables sans exceptions (police, justice, …)
- Les responsables élus doivent percevoir le salaire moyen d’un travailleur.
Ces mesures étaient prises pour briser l’ancien appareil d’état, nécessité permettant le passage d’une démocratie bourgeoise à une démocratie prolétarienne et qui, liées à la collectivisation des moyens de pro-ductions, devaient amener la transformation de la société du capitalisme au socialisme.
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La capture de Saddam Hussein ne signifie pas la fin de la résistance
La capture de Saddam Hussein était sans doute un coup de chance psychologique pour l’impérialisme américain et britannique. Ceux-ci vont essayer de l’exploiter et de le présenter comme un changement fondamental en Irak.
Déclaration du Secrétariat International du CIO
L’arrestation de Saddam Hussein ne va pas mettre fin à la résistance. L’hypocrisie qui monte de Washington et Londres est remarquable. Aujourd’hui encore, l’impérialisme des Etats-Unis protège des ex-dictateurs comme Pinochet au Chili ou le dictateur indonésien Suharto. Ils étaient tous deux des amis importants des Etats-Unis. Et si Saddam Hussein n’avait pas envahi le Koweit en 1990, il le serait certainement encore aujourd’hui.
Les problèmes graves en Irak ne vont pas disparaître. L’arrestation de Saddam Hussein aurait pu justifier l’occupant à quitter le pays. De plus, on risque d’associer chaque acte de résistance contre l’occupant à la volonté de faire revenir Saddam Hussein au pouvoir: la résistance va s’en trouver déforcée.
Le sursaut de soutien pour Bush est plutôt instable et dépendra en réalité de la situation économique aux Etats-Unis et des développements ultérieurs en Irak. Blair, de son coté, ne tire pas vraiment profit de la capture de Saddam Hussein. Le fait que l’on n’ait toujours pas trouvé d’armes de destruction massives a nuit à l’image de Blair beaucoup plus qu’à Bush.
Les conditions de vie de Saddam Hussein, planqué dans un cachee primitive, ont démontré qu’il ne pouvait pas avoir dirigé lui-même les attaques journalières contre les troupes d’occupation.
Contrairement aux Etats-Unis, à la Grande-Bretagne,à la France et aux autres pays, le CIO – dont le MAS/LSP est la section en Belgique – n’a jamais soutenu le régime dictatorial de Saddam Hussein. En 1979, alors que Saddam Hussein prenait le pouvoir à l’occasion d’un coup d’État soutenu par les Etats-Unis, il était déjà responsable de la mort de beaucoup de membres du parti communiste irakien et de syndicalistes.
Les marxistes ont toujours dénoncé et condamné l’oppression de la gauche, des chiites, kurdes et autres par Saddam Hussein. Nous avons milité pour un renversement de son régime et pour l’établissement d’un pouvoir entre les mains des travailleurs et des paysans pauvres d’Irak.
Les acclamations de Bush et de Blair à l’occasion de l’arrestation de Saddam Hussein ne portent pas sur la victoire des droits démocratiques et de la justice, mais bien sur la réussite de leurs propres objectifs impérialistes. Fin novembre Bush a d’ailleurs félicité le nouveau président d’Azerbaïdjan, un allié dans la "guerre contre le terrorisme" alors même que "ses services d’ordre arrêtaient l’opposition et après que des observateurs indépendants aient critiqué les élections." (Financial Times, 27 nov. 2003)
Tout comme Ben Laden, Saddam Hussein est sur beaucoup de plans un produit de l’Occident. Il défendait dans les années 1970 un point de vue de plus en plus pro-occidentale. Dans les années 1980, il était considéré par Reagan comme allié contre l’Iran des ayatollahs. En 1983 Saddam Hussein a reçu une visite de Donald Rumsfeld, l’actuel Secrétaire d’État à la Défense américain. A cette époque, Rumsfeld était passé à côté des chambres de torture sans les voir.
Les Kurdes et les Chiites ne vont pas pleurer la perte de Saddam Hussein. D’autres, qui le voient comme un symbole du combat contre l’Occident, vont être aigris par ce succès obtenu par le pouvoir d’occupation. Un sentiment mêlé de colère puisque Saddam Hussein s’est rendu sans se battre, et ce à l’opposé de ses deux fils et d’un de ses petit-fils âgé de 15 ans.
Il y aura une pression grandissante sur les forces d’occupation pour qu’elles quittent le pays. A coté de la capture de Saddam Hussein, Bush a aussi atteint d’autres de ses objectifs comme, par exemple, l’installation d’un régime pro américain. L’impérialisme n’a pas pour objectif de laisser la population irakienne décider démocratiquement de son propre avenir. Les élections ne sont promises que pour la fin de l’année 2005, alors qu’un rassemblement non-élu aura déjà élaboré une constitution.
La résistance va s’approfondir
Il va devenir évident que les Etats-Unis ne veulent en Irak qu’un gouvernement qui leur soit soumis, ce qui va entraîner une extension de la résistance irakienne de masse.
Celle-ci est menée par une série de différents groupements armés et pas uniquement par des partisans de Saddam Hussein. En novembre, la CIA estimait qu’il y avait 50.000 rebelles. Ironiquement, avant que la guerre ne commence, l’Irak n’était pas considérée comme une base d’Al-Qaeda.
Aujourd’hui, c’est bien le cas.
En vue des prochaines élections présidentielles prévues dans dix mois aux Etats-Unis,
Bush veut diminuer le plus rapidement possible leur engagement en Irak. Il ne peut néanmoins pas se risquer à laisser derrière lui une trop grande pagaille. Ceci aurait pour conséquence que toute la région, qui est la source de pétrole la plus importante du monde, devienne instable.
C’est la raison fondamentale qui motive le changement de politique des Etats-Unis ainsi que leur tentative de transmettre le pouvoir de façon accélérée entre des "mains sûres". Le problème est à qui transmettre le pouvoir? Les différents groupes politiques, ethniques et religieux ne s’accordent guère. Même l’administration Bush est divisée. Le Pentagone parraine le Congrès National irakien de Chalabi; le Département d’Etat soutient les Démocrates Indépendants d’Irak; la CIA ne jure que par l’Accord National irakien mené par Alawi, un homme d’affaires.
Les méthodes brutales appliquées en Irak, comme le bombardement de territoires habités en réponse aux attaques terroristes, n’ont fait que renforcer la résistance. La crise sociale, aggravée par les privatisations néolibérales, a provoqué le désespoir et la rage. L’occupation est à juste titre vue comme une mainmise sur l’Irak permettant aux multinationales américaines d’exploiter les richesses et la main d’oeuvre irakienne.
57% de la population irakienne ne fait "pas du tout" confiance aux troupes américaines et britanniques. 37 % de la population ne fait pas confiance à l’ONU; qui est responsable de nombreuses années de sanctions économiques. Les dirigeants religieux jouissent d’une confiance plus élevée. C’est pour cela que les Etats-Unis essaient de les impliquer dans un régime fantoche.
Des appels ont été lancés aux politiciens de Bush et les capitalistes ont changé de direction et ont laissé l’ONU déminer la situation en Irak. Ce qui revient à dire que l’occupation ne serait pas contrôlée par un seul pays (les Etats-Unis) mais par tous les impérialistes dirigeants du Conseil de Sécurité de l’ONU, dont le Japon et l’Allemagne.
Les marxistes plaident pour un retrait de toutes les troupes et pour le droit au peuple irakien de décider de son propre avenir.
Charley Richardson, co-fondeur des "Military Families Speak Out" aux Etats-Unis, disait que la capture de Saddam Hussein "mettra fin à la dernière excuse de l’administration Bush de maintenir l’occupation. Cela va pousser à outrance la question de la raison pour laquelle nous sommes en Irak."
Dans le pays, beaucoup de personnes vont demander que la justice se prononce rapidement et de façon transparente à l’égard de Saddam Hussein. Il est fort probable que l’on organisera les choses très rapidement et ce afin d’éviter des révélations pénibles sur les relations passées entre les Etats-Unis et Saddam Hussein.
Un règlement de compte de Saddam Hussein ne peut venir que sur base d’une justice qui est organisée par des représentants des travailleurs et des pauvres irakiens, sur tous les aspects de son régime. Cela doit être vu comme faisant partie de la lutte contre l’occupation et le contrôle impérialiste sur l’Irak. Il est d’une importance fondamentale de construire un mouvement ouvrier indépendant qui est soutenu par les pauvres urbains et ruraux.
Internationalement on doit soutenir les activistes qui essaient de construire ces organisations ouvrières et ceux qui luttent pour les droits démocratiques pour tout le monde, ainsi que pour les femmes et tous les groupes ethniques et religieux.
Selon le CIO on doit immédiatement mettre sur pied des organes démocratiques sur tous les niveaux pour transmettre la gestion de la société irakienne à la population, avec des représentants de travailleurs et de pauvres paysans démocratiquement élus. Des milices multi-ethniques et démocratiquement élues devraient défendre la sécurité de la population des travailleurs.
Un plan de contrôle et de gestion ouvrière de l’économie devrait être mis au point afin d’abolir la corruption, les privatisations et de mettre la production aux services de toute la population. Tout cela dans un cadre de construction d’un Irak socialiste au sein d’une fédération socialiste du Moyen-Orient.