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Tag: Chili
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Au Chili comme partout en Amérique Latine, Etudiants et travailleurs se radicalisent!
Un étudiant d’EGA a visité la section soeur du MAS/LSP au chili “Socialismo Revolucionario”. Il vous partage son opinion de la situation là-bas. Il faut savoir que le Chili n’est pas un pays coupé de son continent et les développements qui y ont lieu sont le fruit de ce qu’il se passe plus généralement en Amérique Latine.
Pablo N.
Tout d’abord, il y a un réel processus révolutionnaire enclenché dans la majorité des pays d’Amériques Latines : des gouvernements de gauche et de centregauche fleurissent partout, les gens se radicalisent et il y a de plus en plus de mobilisations et de luttes des travailleurs et des paysans extrêmement fortes.
Les pays les plus avancés dans ce processus et où celui-ci est le plus dynamique sont, évidemment, le Vénézuela, la Bolivie et l’Equateur. Le Vénézuela est d’ailleurs vu, au Chili, comme un exemple de lutte contre l’impérialisme et le capitalisme, et Chavez est considéré comme « un Président pour les pauvres ». En effet, chaque année, il offre des voyages pour les Chiliens des quartiers pauvres afin se faire soigner au Vénézuela.
Cependant, le Président vénézuelien est non seulement attaqué politiquement par la droite mais aussi par le gouvernement chilien qui voit d’un mauvais oeil que sa population, qui en a assez des inégalités sociales, se radicalise en suivant l’exemple vénézuelien.
En effet, le Chili est un pays qui se porte très bien (dans les chiffres) au niveau de la croissance, de la production et de l’exportation, mais les richesses ne sont pas redistribuées : plus de 23% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et plus généralement 80% de la population a un très mauvais niveau de vie que cela soit pour les salaires, l’enseignement ou encore la santé. Le salaire moyen au Chili (160.000 pesos) est inférieur au salaire nécessaire pour vivre (180.000 pesos) selon les économistes capitalistes !
Depuis le retour de la démocratie au Chili (1990), le pays a connu 17 ans de gouvernement de la « Concertacíon » regroupant le Parti Socialiste, la Démocratie Chrétienne, le Parti Radical et le Parti Pour la Démocratie (centre-gauche), mais aucun changement profond n’a eu lieu. Les inégalités sont les mêmes que sous la Dictature de Pinochet (même parfois pires) et la Constitution et beaucoup de lois en application datent de la Dictature. Un Chilien m’a dit une phrase assez cynique représentant bien la situation : « La différence entre la période de dictature et maintenant, c’est que maintenant on peut élire qui va appliquer la politique néolibérale de Pinochet. »
Il existe donc un réel mécontentement contre la politique de la Concertation. Les écoliers chiliens ont été les premiers à se révolter avec la « Revolucíon Pingüina» (Révolution des pingouins, car ils portent des uniformes) qui revendiquait toute une série de mesures sociales. Cette révolte a été l’élément déclencheur d’une prise de conscience que la jeunesse et plus largement la population chilienne fait partie d’une classe sociale opprimée et qu’elle doit se battre contre le capitalisme. Cet évènement a de plus montré le vrai visage de la Concertation qui est vu actuellement par beaucoup comme un gouvernement incompétent et au service des plus riches. J’ai trouvé très peu de Chiliens près à soutenir le gouvernement actuel.
Il y a d’ailleurs eu une journée nationale de mobilisation syndicale à l’appel de la CUT, Centrale Unitaire des Travailleurs (qui est la centrale syndicale du Chili), contre les politiques néo-libérales du gouvernement le 29 août.
Une grande manifestation a été organisée à Santiago (la capitale) à laquelle j’ai participé. Malgré qu’elle ait été interdite par le gouvernement elle a quand même eu lieu. La répression a été très dure de la part de la police (Gaz lacrymogènes, autopompes, charges de la police montée,…), il y a eu plus de 800 arrestations. J’ai été fort impressionné par le nombre d’écoliers et d’étudiants présents et par la combativité et la détermination des manifestants.
Il ne fait aucun doute que, comme partout en Amérique Latine, des luttes de plus grande ampleur vont avoir lieu, car la population est consciente que ce système n’apporte que la misère et l’exploitation et que « el pueblo unido jamás sera vencido » (le peuple uni ne sera jamais vaincu).
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Retour sur les idées du Che 40 ans après sa mort
Le 9 octobre marquera les 40 ans de l’assassinat de (du) Che Guevara par la CIA alors qu’il menait une lutte révolutionnaire en Bolivie, après avoir combattu à Cuba et au Congo dans le but de renverser l’exploitation impérialiste. La Bolivie est justement un de ces nombreux pays d’Amérique Latine où se déroule actuellement une forte radicalisation des masses face au capitalisme. Cette radicalisation pousse certains dirigeants populistes de gauche comme Chavez au Venezuela à adopter des mesures anti-néolibérales et à faire référence notamment aux idées socialistes du Che.
La Révolution Cubaine
Une lutte à laquelle prit part le Che fut celle que menait le Mouvement du 26 juillet (M26-7) de Fidel Castro à Cuba pour renverser la dictature de Batista, soutenue par les USA. Alors que le Che était déjà un marxiste convaincu, le M26-7, lui, ne présentait pas de perspectives socialistes. Le programme présenté par Fidel Castro était celui d’une révolution démocratique bourgeoise, ne dépassant pas les frontières nationales.
Le M26-7 remporta cette lutte en 1959, à l’issue d’une guérilla de trois ans. La révolution inquiétait l’impérialisme américain car, bien que n’étant pas socialiste, elle entravait les intérêts américains dans l’île. La réforme agraire, par exemple, n’arrangeait en aucun cas United Fruit qui possédait plus de 100 000 ha à Cuba.
La contre-révolution
Dès lors, la contre révolution eut lieu, avec notamment la tentative d’invasion manquée de la baie des cochons. Une telle tentative est courante dans l’histoire de l’Amérique latine, que les USA considèrent comme leur chasse gardée. Ainsi les USA renversèrent entre autres Arbenz au Guatemala et Allende au Chili car ceux-ci menaçaient les énormes profits américains dans ces pays.
Néanmoins, à Cuba, la contre- révolution échoua et cela eut de l’importance. Castro en arriva à la conclusion que la révolution ne vaincrait qu’en expropriant les capitalistes, ceux-ci étant à la base de la contre-révolution. Au final, ceci prit forme avec la mise en place de l’économie planifiée. La présence de l’URSS fût, elle aussi, un facteur déterminant dans ce monde bipolaire.
Le fait est que le M26-7 n’avait pas de perspective socialiste, et lorsqu’il dût mettre en place une économie plani- fiée, il se tourna vers l’URSS et en copia des éléments bureaucratiques.
Si l’économie planifiée permit des avancées sociales inouïes dans l’éducation, le logement et les soins de santé, il faut noter que la bureaucratie est apparue comme un frein à ce développement.
L’attitude du Che
Contre l’avis du Che, cette bureaucratie, poussée par l’URSS, a par exemple préféré persévérer dans une monoculture sucrière plutôt que de procéder à une industrialisation plus poussée. Le Che décrit très vite ces problèmes liés à la gestion bureaucratique.
En outre, étant marxiste, Che Guevara défendait une optique internationaliste de la révolution. Ainsi, il partît pour le Congo et ensuite la Bolivie où il tenta de répliquer le modèle de la guérilla cubaine victorieuse. Ce fut un échec et il finit par le payer de sa vie, assassiné dans un maquis bolivien. Une première conclusion s’impose : le Che connut la limite de la guérilla, confronté au banditisme au Congo et à l’isolement en Bolivie.
Le rôle des masses
A Cuba, la révolution fut menée par un groupe restreint de personnes décidées,. Les masses ouvrières et paysannes ne participèrent pas réellement au processus révolutionnaire. Or, la prééminence de la classe ouvrière est indispensable pour mener une révolution : les travailleurs sont capables de plonger l’économie dans l’immobilité via une grève insurrectionnelle révolutionnaire. Avec la mise sur pied de comités de grève, un pouvoir parallèle peut voir le jour. Pouvoir qui prendra alors le dessus par rapport au pouvoir en place, et ce, grâce à la gestion et au contrôle des moyens de production par la population. Ces comités sont les premiers pas vers une démocratie ouvrière indispensable à la construction d’une société socialiste.
Ainsi, un parti révolutionnaire dans lequel s’organiserait la partie la plus consciente des masses laborieuses est nécessaire. A Cuba, un tel parti ayant une perspective socialiste internationale était absent.
Les masses ne furent donc pas impliquées dans le processus révolutionnaire, ce qui ne permit pas l’instauration d’une réelle démocratie mais bien l’émergence d’une bureaucratie, avec ses privilèges, ses dérives économiques et le danger d’une restauration capitaliste, comme ce fut le cas en URSS.
Actuellement, de nombreux mouvements de masses émergent en Amérique Latine et présentent des éléments révolutionnaires. Quand certains se réfèrent aux idées socialistes du Che, il est crucial de pouvoir tirer les leçons du passé en soulignant l’importance d’un parti révolutionnaire international. Celui-ci permettra d’organiser les travailleurs internationalement vers le socialisme, car l’exploitation ne connaît pas de frontières.
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8 mars : journée des femmes. Les inégalités persistent…
Si le statut juridique des femmes a connu des améliorations, l’égalité entre hommes et femmes, mentionnée dans la Constitution belge, est loin d’être réalisée. Ce que l’on trouve sur papier est loin de correspondre à la réalité. Chômage, travail précaire, pauvreté, … ces maux sont de plus en plus répandus mais ne touchent pas hommes et femmes de la même manière.
En Belgique, l’écart salarial moyen entre hommes et femmes est de 24%. Même lorsqu’elles remplissent une fonction complètement équivalente, il subsiste encore un décalage salarial de 6%. Cet écart se creuse d’autant plus qu’augmente le niveau de formation. Autre constatation : plus la profession se féminise, plus le salaire diminue.
Le risque de pauvreté est également plus grand pour les femmes que pour les hommes (27% contre 13% en Wallonie) de même que l’occupation de postes à temps partiel (40% des femmes en Belgique contre 7,1% des hommes). Et, en 2004, le taux de chômage féminin était de 14,5% pour 10,5% chez les hommes. Face à la pension, l’inégalité persiste, les femmes touchant moins souvent leur pension complète, notamment à cause des arrêts de carrière (principalement pour s’occuper des enfants).
Si les femmes ont néanmoins gagné une certaine indépendance économique et sociale ces dernières décennies, les inégalités subsistent toujours en matière de tâches ménagères. De plus, la violence contre les femmes sévit toujours fortement et reste banalisée. En Belgique, une femme sur sept est victime de violences conjugales graves et, selon une étude de 1998, 68% des femmes interrogées ont déclaré avoir connu la violence physique et sexuelle. Même sur leur lieu de travail, les femmes sont encore trop souvent confrontées à différentes formes de harcèlement sexuel.
Que faire face à cette situation ? Beaucoup pensent que le problème vient des hommes et qu’il faut favoriser l’accession au pouvoir de femmes dans les entreprises et les gouvernements. L’arrivée au pouvoir de Michelle Bachelet au Chili, la candidature de Ségolène Royal à la présidence française ou celle d’Hillary Clinton aux USA ont repopularisé ce genre d’idées.
Aux USA, dans les années 60, un ensemble de mesures préférentielles dans les domaines de l’emploi, de l’admission dans les universités,… appelé « affirmative action » a été mis en place. Les résultats ont toutefois été décevants, l’affirmative action ayant avant tout profité aux moins défavorisé(e)s.
Et force est de constater que le rôle important de Colin Powell dans l’équipe Bush n’a pas fait grand chose pour le sort des Noirs aux USA, si ce n’est les aider à aller se faire tuer en Irak. Dans le domaine des femmes, Margaret Thatcher a été pire que ses prédécesseurs masculins à la tête de la Grande-Bretagne en terme d’attaques anti-sociales qui ont plus durement touché les femmes. Et que dire alors de Condoleezza Rice, femme et noire, et donc représentante de deux groupes discriminés qui parcourt le monde pour défendre la politique de Bush… Plus proche de nous, combien de femmes se sont-elles retrouvées sans emploi à cause des « assainissements » de Laurette Onkelinx dans l’enseignement ?
Quant aux entreprises, s’il est difficile de trouver des femmes aux hauts postes à reponsabilité, l’exemple de Laurence Parisot, à la tête du MEDEF, l’association des patrons français, est édifiant. Selon elle « La vie, la santé, l’amour sont précaires. Pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? ».
Alors, hommes et femmes, tous pourris ? La question ne se situe pas à ce niveau. La contradiction principale dans notre société n’est pas une lutte entre le féminin et le masculin, mais bien une lutte entre riches et pauvres, entre ceux qui possèdent les entreprises, les richesses et les rênes du pouvoir et ceux qui subissent leur exploitation. L’oppression des femmes – encore souvent entretenue par les discours religieux et politiques – est, dans ce cadre, un moyen efficace pour obtenir un travail gratuit (le travail ménager), peser à la baisse sur l’ensemble des salaires et susciter des divisions qui freinent les possibilités de lutter en commun.
Il y a presque un siècle, en 1910, la création d’une Journée internationale des Femmes a été proposée par la socialiste allemande Clara Zetkin à une conférence internationale des femmes socialistes afin de « militer pour le droit de vote, l’égalité entre les sexes et le socialisme ». Ce lien entre la lutte pour l’émancipation des femmes et celles des travailleurs ne doit pas être oublié.
La lutte pour en finir avec les discriminations et les violences envers les femmes est une lutte qui doit être menée quotidiennement. Mais une véritable égalité entre les hommes et les femmes ne sera possible que sous un système où ce ne seront plus les profits d’une minorité qui décideront de tout mais les intérêts de la majorité de la population.
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Pinochet sera mort sans jugement
Augusto Pinochet est mort ce 10 décembre à Santiago du Chili, celui qui dirigea d’une main de fer le Chili de 1973 à 1990 est mort sans jugement, en tout impunité.
Stéphane Ramquet
Le 4 septembre 1970, Salvador Allende avait été élu président du Chili, avec un programme clairement orienté vers les travailleurs et les paysans pauvres du pays face aux candidats de droite.
Dès son élection il réalisa une série de réformes allant dans le sens du socialisme, notamment la nationalisation de la gigantesque industrie du cuivre, l’augmentation des salaires de 40 à 60%, le blocage des prix et l’amélioration du système de santé.
Il ne s’engagea pas sur la voie révolutionnaire, mais ces réformes défiaient tout de même de plein front le capitalisme et firent trembler la bourgeoisie chilienne. Celle-ci s’allia à l’impérialisme américain pour éviter que les masses chiliennes ne finissent par sortir réellement du cadre du capitalisme.
De la même manière que la « démocratie » est défendue par la bourgeoisie lorsque celle-ci ne menace pas son pouvoir absolu, la bourgeoisie n’hésite pas à utiliser la force lorsque la « démocratie » ne penche pas en sa faveur; c’est ainsi qu’un coup d’Etat fût organisé pour éliminer ce début de socialisme.
Salvador Allende refusa d’armer les ouvriers et les paysans qui le soutenaient, organisés en milices, et appela au calme. Ce geste menna à son suicide pour échapper à la réaction, le 11 septembre 1973.
Le général Pinochet fut choisi par la bourgeoisie afin de diriger le pays et la répression contre les opposants: utilisant le stade national comme prison à ciel ouvert contenant 40.000 personnes, sa répression fera 27 500 torturés, ainsi qu’au moins 2279 assassinées ou disparus.
Pinochet menera une politique économique libérale apauvrissant le petit peuple auquel Allende avait donné l’espoir d’une vie meilleure en utilisant les Chigaco Boys (économistes américains) comme conseillers.
Des années plus tard, une fois le pays remis au pas du capitalisme, une transition « démocratique » fut opérée pour rendre le pouvoir aux partis bourgeois civils qui n’organisèrent aucune forme de condamnation à l’encontre de leur sauveur le général Pinochet protégé par son immunité de sénateur.
Le dictateur sera mort sans jugement, mais le juge le plus sévère reste l’histoire et les travailleurs chiliens sauront à terme rendre justice en achevant ce qu’il avait brisé dans l’oeuf: le Socialisme au Chili!
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Camp Jeunes
7-8-9 juillet
Résistance Internationale – Etudiants de Gauche Actifs – Blokbuster
Vendredi 7 juillet A partir de 10h
Ouverture: LA RESISTANCE AU NEOLIBERALISME CROIT PARTOUT DANS LE MONDE
Ateliers:
> Job Mc Do, intérim, CPE,… Qu’ est-ce que l’ exploitation capitaliste ?
Plus de flexibilité, cela signifie-t-il plus d’emplois ou plus de profits? Quels salaires sont trop élevés: ceux des travailleurs ou ceux des managers? Mondialisation et patriotisme économique: le capitalisme est-il un système viable ? Toujours plus de contrats précaires; comment obtenir des vrais emplois avec des vrais salaires?> Libéralisme, réformisme, religions et marxisme: Quelle vision du Monde ?
Bush, Ben Laden : La religion détermine-t-elle la politique ? Clash des civilisations ou crise du capitalisme? Matérialisme ou idéalisme ? L’homme est-il un loup pour l’homme? Y a t-il des bons et des mauvais patrons ? Charité ou solidarité ?> L’oppresion de la femme, quelque chose d’ inévitable?
Quelle est l’origine de la famille? L’éducation doit-elle reposer sur les épaules des parents? Des femmes chefs d’Etat, est-ce cela l’émancipation? Faut-il changer les hommes ou la société?> Qu’ est-ce que l’Etat ?
Occupation militaire, Guantanamo et prisons secrètes en Europe: pour notre sécurité ou pour celle des multinationales? Pourquoi à nouveau des états d’urgences et des couvre-feu prennent-ils place ? Picanol, grand banditisme et délinquance, la justice est-elle la même pour tous ? Tolérance zéro, nettoyer les quartiers au karscher ou développer les services à la population, construire des logements décents pour tous,…?En soirée: projection grand écran. Film et Débat: THE TAKE
Dans les années ‘90, la politique néolibérale a rempli les coffres des multinationales et de la classe politique corrompue en Argentine. L’économie argentine s’est écroulée comme un château de carte. Le gouvernement De La Rua (1999-2001) a tenté d’appliquer le programme du FMI. Une révolte de masse en Argentine contre le diktat du FMI a balayé 4 présidents en deux semaines fin 2001. Des milliers d’usines ont été abandonnées par les patrons qui ont foutu le camp les poches remplies de pognon. "The take", réalisé en 2004, relate le mouvement d’occupation d’entreprises par les travailleurs.
Samedi 8 juillet
Ateliers:
> A la lumière de la révolution espagnole: Anarchisme ou Socialisme ?
Guerre civile ou révolution ? Comment les captalistes en sont-ils arrivés à soutenir Franco? Front populaire ou front unique des travailleurs ? Quel rôle a joué l’URSS de staline ? Pourquoi la révolution espagnole a-t-elle échouée ?> Mai ‘68 et le parallèle avec la lutte contre le CPE
Des universités à la grève de millions de travailleurs en France…l’autorganisation des jeunes et des travailleurs ? Réformisme ou révolution ? Quel rôle a joué le PCF ? Pourquoi le mouvement contre le CPE n’a-t-il pas abouti à la Grève Générale ? Qu’est-ce qui a manqué pour obtenir une victoire complète contre Chirac, de Villepin et Sarkozy?> L’ expérience de la Guerre du Vietnam pour le mouvement antiguerre
Quelle similitude avec la guerre en Irak ? Pourquoi l’impérialisme américain a été forcé de retirer ses troupes ? Pourquoi le mouvement ouvrier irakien n’a pas la capacité d’organiser la résistance contre l’occupation, comme ce fut le cas au Vietnam? Quelle est la nature et le rôle des Al Sader, Zarqaoui & co. Va t-on vers une intervention militaire en Iran ?> La lutte pour le socialisme en Amérique Latine, de Che Guevara à aujourdhui !
Che Guevara: plus important que son portrait, quelles sont ses idées ? Guérilla ou action de masse ? Chili et Nicaragua, pourquoi le capitalisme n’a pas été renversé ? Chavez et Morales vont-ils résoudre les problèmes sociaux? Populisme de gauche ou socialisme ? Quelle solution pour les masses en Amérique latine ?Après Midi: Détente et Sport: natation et détente au bord de l’eau, Match de foot, Volleyball, pétanque,..
En soirée: BBQ
Nuit: Fiesta
Meeting: UNE NOUVELLE VOIE POUR LES JEUNES ET LES TRAVAILLEURS
Y en a marre de la politique néolibérale. Le PS et le SP.a participent à tous les mauvais coups contre les acquis sociaux. Ils ont particpé à la casse des pré-pensions. Quel parti a représenté les centaines de milliers de travailleurs en grève? Avec le Plan Vandenbroucke et le Plan Arena, le PS et le SP.a veulent que l’enseignement deviennent une marchandise au service des entreprises. Pour arrêter les plans d’austérité et faire reculer les partis fascistes, nous avons besoin d’un nouveau parti des travailleurs. Des initiatives ont été prises pour construire une nouvelle force à gauche du PS-Sp.a et d’Ecolo-Groen.
Dimanche 9 juillet. Nos Campagnes
DES EMPLOIS, PAS DE RACISME ! «Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme» Malcom X
Suite à la mort de Joe, un nombre important de remarques racistes ont été scandées par les politiciens. Le FN et le VB se régalent. Ce climat met en confiance les brutes fascistes pour exécuter leurs actes de violence comme à Anvers. Nous allons lutter contre la violence raciste, mais aussi contre ce système qui engendre le racisme. Les 4 grandes banques en Belgique ont fait un profit combiné de près de 10 milliards d’euros en 2005. Un petit groupe de capitalistes s’accaparent des profits exorbitants. Et cela tandis que la population est de plus en plus confrontée au manque de logements sociaux, à la désintégration du système d’éducation, à l’extension des emplois précaires et à l’affaiblisement du pouvoir d’achat. Le fossé entre riches et pauvres ne cesse de croître. Les patrons et leurs potes au gouvernement stimulent les idées racistes pour détourner l’attention sur cette contradiction. Le FN et le VB leurs emboitent le pas, et cachent les vrais profiteurs en pointant les immigrés comme responsables de la crise. Le racisme divise la jeunesse et les travaileurs. Cela affaiblit la capacité de riposte du mouvement ouvrier. Les politiciens traditionnels sont incapables d’arrêter l’extrême-droite. Au contraire, leur politique antisociale pousse toujours plus de gens à orienter leurs votes pour le VB ou le FN. Les partis fascistes sont les pires ennemis de la jeunesse et des travailleurs; ils veulent une politique néolibérale encore plus dure. Il nous faut une opposition de gauche crédible contre la politique antisociale. Nous voulons lancer une nouvelle campagne antifasciste du côté francophone ! BlokBuster apportera son expérience immense à sa construction et continuera ses actions en Flandre.
7% du PIB pour l’ enseignement !
Le plan Vandenbroucke, c’est une coupe sombre dans le budget de l’enseignement supérieur flamand. Actuellement, celui-ci est de 1,15 milliard d’euros alors que Dexia a réalisé un profit de 1,2 milliard d’euros en 2005. L’enseignement est un secteur sous-financé depuis des années. En 1980, 7% du PIB était consacré à l’enseignement. Aujourdhui moins de 5.6% du PIB y est encore consacré. Vandenbroucke veut appliquer la déclaration de Bologne et l’AGCS, un accord de l’OMC qui vise la privatisation de tous les services. Son plan vise à mettre les institutions en concurence sur le financement, ce qui les forcera à chercher des moyens dans le secteur privé et à reporter les coûts sur les étudiants. Pour accéder à l’université et aux écoles supérieures, on devra débourser des milliers d’euros pour les minervals comme aux Etats-Unis ou en Angleterre. Pour Vandenbroucke, la KUL doit devenir l’université réservée à l’élite. Une bonne partie des étudiants de Louvain n’auront ainsi plus accès à leur université. Certaines institutions seront plus accessibles que d’autres, mais cela se fera au détriment de la qualité de l’enseignement vu le manque de moyens. Les entreprises dicteront leurs lois aux institutions car celles-ci seront complètement dépendantes de leurs fonds. Du côté francophone, Arena propose un partenariat entre le public et le privé en ce qui concerne le financement des écoles. Pour le PS-SP.a, l’enseignement doit être centré sur le besoin des patrons et du marché du travail et non sur l’épanouissement de chacun. Le succès des manifestations à Bruxelles, Anvers et Gand a illustré que les étudiants et les membres du personnel ne sont pas dupes. Les délégués étudiants d’EGA et la délégation syndicale de la VUB ont joué un role moteur pour développer le mouvement.
Ateliers (Matin) :
> Qu’ est-ce que le Plan de Vandenbroucke? Un enseignement gratuit et de qualité pour tous: comment y arriver?
> Comment stopper la violence fasciste ? Comment combattre le racisme et le fascisme ?Ateliers (Après Midi) :
> Enseignement: Comment préparer au mieux la rentrée ? Après Bruxelles, Gand et Anvers, comment continuer?
> Comment construire une Nouvelle Campagne antifasciste en Wallonie ? Quels types d’ actions entreprendre ?Clôture: NOTRE CAMPAGNE D’ETE
LIEU? PRIX?
Le Camp jeunes se déroulera à ZANDVLIET
Le Camping se situe près d’Anvers, Train Anvers central: prendre le bus à la place Roosevelt
L’ accueil, l’inscription et l’installation des tentes débutera vendredi à 10h, il faut amener sa tente, son matelas, son sac de couchage.
Prix: 25 euros pour les trois jours, Cela comprend le logement, l’infrastructure et les repas
+ infos: 02.345.61.81 / 0472. 41.62.78
Paiement possible par versement: 001-2260393-78 avec la mention "Camp 2006"
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Venezuela, un an après le référendum. Quels dangers menacent la révolution maintenant?
Il y a un peu plus d’un an, le 15 août, le référendum visant l’éjection du président vénézuélien Chavez fut un échec retentissent grâce à la mobilisation des masses vénézuéliennes, particulièrement dans les villes-ghetto, à travers les « unités de combat » électorales et d’autres organisations de la révolution « Bolivarienne ». Cette défaite a ouvert une nouvelle phase dans le processus révolutionnaire. Mais comme Christine Thomas l’explique : même si les forces de l’opposition ont été sévèrement affaiblies, la menace de la contre-révolution subsiste.
Christine Thomas
L’élection de Chavez en temps que président en 1998 a représenté un rejet massif de la part des pauvres, des travailleurs et de certaines parties de la classe moyenne de la politique néo-libérale vicieuse orchestrée par l’establishment corrompu de la « quatrième république ». Son populisme anti-impérialiste/anti-néolibéral a radicalisé les couches les plus pauvres de la société vénézuélienne. Ils ont vu en Chavez un leader politique qui les représentait et qui parlait pour eux, plutôt que ces riches oligarques qui dilapidaient les richesses pétrolières : les laissant sombrer plus profondément dans la pauvreté. Sa victoire a créé l’espoir que leurs besoins désespérés d’emplois décents, de soins de santé, d’enseignement et de logements trouveraient enfin une solution. La classe dirigeante vénézuélienne et l’impérialisme américain, de l’autre côté, craignent que les masses déchaînées et radicalisées puissent exiger des mesures plus radicales, se mettent en mouvement dans une direction qui menacerait leurs intérêts. L’impérialisme américain, en particulier, craint l’instabilité dans un pays qui lui fournit 15% de ses besoins en pétrole. Le référendum de l’an dernier était la troisième tentative majeure par la classe dirigeante vénézuélienne, soutenue par l’impérialisme américain, pour éjecter Chavez et écraser toute menace potentielle que le mouvement pourrait poser au Venezuela et partout ailleurs en Amérique latine. Mais toutes les tentatives contre-révolutionnaires (le putsch du 11 avril 2002, le lock-out patronal de deux mois, la tentative de sabotage économique à la fin de la même année et enfin le référendum) ont été bloquées par l’action de masse des pauvres et des travailleurs qui se sont d’avantage radicalisés et dont les espoirs se sont largement développés.
Dans la période post-référendum, le rapport de force a temporairement glissé en faveur des masses. Les forces de l’opposition (l’élite financière, les partis politiques et leader syndicaux corrompus, l’église catholique, etc.) sont sorties de ces défaites divisées et démoralisées. Chavez, lui-même, a cherché initialement un arrangement avec l’opposition en leur demandant de travailler avec lui à la reconstruction du pays. Mais sous la pression des travailleurs et des pauvres, il s’est d’avantage radicalisé décrivant la révolution bolivarienne pour la première fois comme « socialiste », amorçant une réforme agraire et parachevant les premières nationalisations du régime. Au même moment, il a durci sa rhétorique anti-impérialiste, anti-US et ses actions dans la région.
Ce tournant à gauche a alarmé la classe capitaliste vénézuélienne et l’impérialisme américain. Ils craignent que les masses, voyant leurs espoirs croître, puissent pousser Chavez dans une direction encore plus radicale, minant leur contrôle économique. Puisque jusqu’à présent, les timides tentatives du régime Chavez avaient laissé ce contrôle largement intact. L’administration américaine a récemment attaqué Chavez au vitriol en l’accusant de soutenir le terrorisme en Colombie et de fomenter des révoltes en Bolivie, en Equateur et partout en Amérique Latine. La secrétaire d’Etat américaine, Condoleeza Rice a décrit Chavez comme « une menace majeure pour la région entière ». Les relations économiques croissantes avec Cuba de Chavez, dans lesquelles le Venezuela fournit de l’essence à bas prix en retour de médecins cubains etc, ont effectivement brisé l’embargo américain de l’île, lançant une bouée de sauvetage économique tellement nécessaire depuis la chute de l’Union Soviétique qui était son principal appui économique. Chavez est également vu comme un obstacle dans la stratégie américaine qui vise à faire de la Colombie une base de défense des intérêts US en Amérique Latine. Plus important : Chavez a cherché des marchés internationaux alternatifs pour l’essence vénézuélienne, signant des contrats avec la Russie, la Chine, l’Iran autant que d’autres pays latino-américain. Il a menacé d’exercer des représailles contre n’importe quelle agression US en coupant l’approvisionnement en pétrole et au cours de la conférence internationale de la jeunesse à Caracas au mois d’août, il a déclaré que le marché nord américain n’était pas vital pour le Venezuela. Bien qu’une bonne partie de cette rhétorique soit anti-impérialiste, confrontée à une situation déjà instable en Irak et au Moyen-Orient, l’impérialisme américain veut s’assurer que son approvisionnement en pétrole du Venezuela n’est pas menacé. Mais la marge de manœuvre de l’impérialisme US est actuellement limitée. Une combinaison de la faiblesse de l’opposition et des revenus énormes du pétrole à la disposition de Chavez pour financer les réformes sociales profitables aux pauvres (sa principale base sociale) signifie que la situation entre les forces en présence est dans une impasse et que cette situation pourrait être maintenue pour un moment.
Une invasion directe du Venezuela, comme en Irak, est hors de propos pour le moment. L’Irak a montré les limites de l’hégémonie américaine. Même si la capacité militaire américaine n’était pas déjà dépassée, une invasion du Venezuela serait extrêmement risquée, déclenchant une vague de résistance qui pourrait embraser l’ensemble des Amériques. L’impérialisme américain a donc été forcé à poursuivre dans une approche moins directe, reposant sur un travail dans l’opposition vénézuélienne et dans les forces réactionnaires en Colombie. En décembre de l’an dernier, les forces colombiennes en conjonction avec des sections des forces de sécurité vénézuéliennes sont intervenues directement au Venezuela pour kidnapper un leader de la guérilla FARC, donnant une indication claire de la manière dont ils pouvaient être utilisés pour créer la peur et l’instabilité à l’intérieur du pays. Il n’y a aucun doute sur le fait que certaines parties de l’administration américaine soutiennent l’appel du chrétien fondamentaliste de droite Pat Robertson à l’assassinat ou au kidnapping de Chavez pour amener un « changement de régime » au Venezuela (de telles actions ne peuvent être totalement écartées). Mais chaque mouvement réactionnaire a jusqu’ici donné une impulsion de gauche au processus révolutionnaire et chaque action prématurée pourrait pousser les masses dans une direction encore plus radicale.
Les parties les plus sérieuses et réfléchies de l’opposition ont donc tiré la conclusion que, après avoir été vaincus à chaque étape par le soutien à Chavez dans la masse de pauvres radicalisés, pour le moment ils n’ont d’autre choix que d’apprendre à « coexister » avec lui. Avec l’équilibre actuel des forces, chaque étape ouvertement contre-révolutionnaire dans le court terme, après celles qui ont été déjà tentées, risque d’accroître la radicalisation du mouvement et de provoquer des mesures qui pourraient menacer d’avantage leur contrôle de l’économie et l’appareil d’état. « Nous devons mordre la poussière de la défaite », a dit le gouverneur de l’état de Zulia quelques jours après le référendum. « Les deux Venezuela doivent se réconcilier, le Venezuela ne peut continuer dans le conflit », a déclaré le patron de Fedecamaras (principale organisation patronale).
En dépit de l’adoption d’un ton anti-Chavez moins strident, l’administration US semble poursuivre une stratégie à long terme d’épuisement du processus révolutionnaire et préparer un rapport de force qui leur serait plus favorable, avant de lancer des actions de plus grande ampleur contre Chavez.
Mais malgré cela, sans un mouvement décisif de la classe ouvrière et des pauvres vers une cassure avec le capitalisme et d’établissement d’un état ouvrier démocratique, la contre-révolution réussira par un moyen ou un autre à se ré-affermir. Cela pourrait venir sous une forme extra-parlementaire, un futur putsch victorieux, comme c’est arrivé au Chili en 1973, ou une contre-révolution électorale « démocratique » comme au Nicaragua en 1990. Cette victoire sous n’importe quelle forme signifierait un désastre pour les masses vénézuéliennes. La classe ouvrière vénézuélienne et les pauvres sont confrontés à une tâche urgente, utiliser ce « temps de respiration » pour construire un parti révolutionnaire qui peut fournir un programme qui pousserait le gouvernement en avant et complèterait la révolution socialiste.
Electoralement, les forces de l’opposition au Venezuela ont été complètement divisées entre une partie qui défendait l’abstention et l’autre qui contestait les élections. Où ils sont restés, ils ont subit défaites sur défaites. Après les élections d’octobre de l’an dernier, ils ne contrôlent plus que deux des 23 états que compte le pays et ont de plus perdu le contrôle de Caracas, la capitale. Aux élections locales et municipales, qui se sont tenues le 7 août de cette année, ils ont obtenu moins de 20% des sièges.
Le principal quotidien vénézuélien, détenu par des opposants de droite qui ont soutenu unanimement les forces de la réaction à chaque étape, a publié des articles commémorant l’anniversaire du référendum. Ils se sont concentrés sur ce qu’ils considèrent comme le besoin désespéré pour l’opposition « démoralisée, désorientée, manquant de direction » (El Nacional) de s’unir pour fournir une alternative électorale crédible aux « chavistas ». Avec les élections parlementaires attendues pour la fin de l’année et les élections présidentielles en décembre 2006, l’opposition se prépare à de futures défaites électorales.
Chavez lui-même caracole à 70% d’approbation dans les sondages (l’un des taux les plus hauts de sa présidence). Durant le festival international de la jeunesse, il a parlé confidentiellement de rester en politique jusqu’en 2030 ! Sa confiance a été boostée par les victoires électorales et par le prix élevé du pétrole sur le marché mondial. Le pétrole représente 85% des exportations vénézuéliennes, un quart du PIB et plus de la moitié des revenus du gouvernement. En 2004, les exportations de pétrole ont généré un revenu de 29$ milliards, pour 22$ milliards en 2001 et la somme semble fortement augmenter cette année. Cette énorme aubaine réalisée par le pétrole a permis à Chavez de maintenir et d’accroître les dépenses des « misiones », les programmes de réformes sociales de bien-être qui ont été démarrées en 2003 et largement orientées vers les plus pauvres. Les avantages de ces réformes sont clairement visibles dans les rues des zones les plus pauvres de Caracas. Une superbe nouvelle clinique ou un supermarché d’état Mercal (Mercado de Alimentacion) qui vend de la nourriture de base subsidiée qui se distinguent facilement des immeubles et des infrastructures en ruine des « barrios », les bidonvilles vérolés de pauvreté situés à deux pas de zones d’opulence comme Altamira où vit l’élite.
Selon les chiffres du gouvernement, 300.000 Vénézuéliens ont surmonté l’analphabétisme (9% des plus de dix ans), deux millions vont à l’école primaire, secondaire et supérieure, et 17 millions ont maintenant accès aux soins de santé de première nécessité grâce aux « misiones ».
Malgré ces améliorations sociales visibles, une pauvreté noire pourrit encore la vie de millions de Vénézuéliens. 60% des ménages étaient pauvres en 2004, pour 54% en 1999. Même si l’état contrôle les prix de la nourriture de base, l’inflation grimpe à 15-20% et qu’un Vénézuélien sur deux ne dispose pas d’un logement adéquat. Selon un sondage d’opinion récent, le chômage est le problème principal dans la société. Il y a eu des améliorations dans les boulots, à travers des initiatives comme « Vuelvan Caras » , le plan d’état de création d’emplois, principalement dans les coopératives et dans les petites entreprises. Mais 14% de la population reste toujours sans emploi et des millions de personnes sont toujours confrontées à l’insécurité et à l’exploitation dans le secteur informel (comme les vendeurs de rue, les chauffeurs de taxi, etc.).
Si cela est la situation de la majorité des travailleurs et des pauvres au Venezuela alors que le prix du pétrole est à un niveau si élevé, il est clair que les espoirs des masses ne pourront se concrétiser dans le cadre du capitalisme. Le magazine britannique de droite The Economist résume clairement la situation lorsqu’il écrit : « quand les revenus du pétrole chuteront, tombera dans un enfer de récession et d’inflation »(25 août 2005).
C’est ce qui est arrivé au Nicaragua. Après la révolution de 1979 qui avait éjecté le dictateur détesté Somoza, les Sandinistes avaient le contrôle de l’appareil d’état. Ils ont nationalisé jusqu’à 40% de l’économie, mais le reste est resté dans les mains de la classe capitaliste qui a utilisé son contrôle économique pour saboter l’économie. Combiné avec la guerre des contras, subventionnée par l’impérialisme US, l’économie plongea dans une crise avec une inflation qui explosa jusqu’à 3600% et un niveau de vie qui périclita de 90% !
A cause de la démoralisation des masses due à la crise économique, la droite vainquit les Sandinistes aux élections présidentielles de 1990 et poursuivit depuis lors une politique néo-libérale vicieuse à l’encontre des travailleurs et des pauvres nicaraguayens. Si la classe ouvrière au Venezuela n’exproprie pas les monopoles restés dans les mains des capitaliste vénézuéliens et étrangers, si elle n’applique pas une planification de la production sous contrôle démocratique, la crise économique et l’incapacité à satisfaire les besoins des masses mèneront à la démoralisation et à la démobilisation du mouvement, balisant la route pour une victoire de la réaction. Cela serait alors utilisé pour ouvrir une nouvelle ère de répression brutale, en vue de recouvrir un contrôle total de l’économie et de l’état, avec bien sûr une atomisation des organisations et des droits de la classe ouvrière.
Le haut taux d’abstention (70%) dans les élections locales et régionales du mois d’août représente un avertissement pour le futur. Il est vrai qu’historiquement le taux de participation aux élections locales vues comme en dehors des préoccupations de la plupart des Vénézuéliens a toujours été bas. Une partie de l’opposition appelait également les gens à ne pas voter. Malgré cela, le niveau d’abstention dans les zones pro-Chavez était très élevé alors qu’il avait lui-même souligné l’importance, pour ses partisans, de se mobiliser en masse. Bien que le taux de participation soit susceptible d’être beaucoup plus haut dans des élections parlementaires et présidentielles, des signes de mécontentement commencent à arriver à l’encontre des troupes du mouvement bolivarien. Des activistes étaient mécontents du remplacement bureaucratique de candidats de base par des candidats inconnus des gens des communautés locales. Lors des élections d’octobre de l’an dernier pour le mayorat et le gouvernement d’état, des candidats dissidents se sont présentés contre les candidats officiellement chavistes. Dans les élections locales, des partis pro-Chavez perçus comme plus « radicaux » comme le Parti Communiste Vénézuélien et le mouvement Tupamaros ont augmenté leur nombre de votes dans certaines régions. Le mécontentement, où il existe, ne vise pas principalement Chavez, qui bénéficie encore d’une autorité et d’un soutient immense dans les masses, mais plutôt la bureaucratie qui l’entoure, perçue comme une cassure avec les réformes radicales que ce soit à travers l’inefficacité, la corruption ou le sabotage conscient. Une femme qui protestait contre les actions d’un leader dans l’état de Anzoategui a résumé le sentiment d’une couche d’activistes lorsqu’elle a dit : « Président, ouvrez les yeux… beaucoup de ceux à vos côtés sont en train de vous décevoir. Ecoutez la voix du peuple »(El Nacional).
La direction du mouvement bolivarien est extrêmement hétérogène. Pour parler franchement, une aile est plus en contact avec les masses et reflète l’atmosphère qui y règne, il y a donc une pression pour qu’elle continue les réformes radicales. L’autre aile, réformiste et pro-capitaliste, dont certains membres ont des contacts avec les forces de l’opposition, essaye à chaque étape de retenir le mouvement et de l’empêcher d’aller dans une direction plus radicale. Ces divisions se sont aiguisées depuis la défaite du référendum. Chavez lui-même a balancé entre ces différentes forces de la société. Sa prise de position la plus récente à « gauche » a été une réponse à la demande d’actions plus radicales de la part des masses. Il a signé un décret nationalisant VENEPAL (l’entreprise de papier en faillite), par exemple, après que les travailleurs aient lancé une lutte déterminée en conjonction avec la communauté locale en occupant l’usine et en demandant sa nationalisation. Depuis janvier, Chavez a qualifié la révolution bolivarienne de socialiste, ceci représentant un développement significatif. La question du socialisme commence à s’ancrer dans la conscience d’une partie des étudiants, des travailleurs et des pauvres. Dans un récent sondage organisé par l’ « Instituto Venezolano de Analisis de Datos », 47,8 % des personnes interrogées déclaraient qu’elles préfèreraient un gouvernement socialiste alors que seulement 22,7% opteraient pour un gouvernement capitaliste.
Mais Chavez n’a pas une idée claire sur ce qu’ il veut dire par socialisme ni sur la manière d’y arriver. Il parle vaguement de « socialisme au 21ème siècle » qui serait un ‘nouveau type’ de socialisme et il a aussi appelé à son peuple à se débarrasser des vieux préjugés concernant la signification du socialisme. On pourrait interpréter cela comme un rejet du stalinisme. Mais en même temps, Chavez est en train de renforcer ses liens économiques et diplomatiques avec Fidel Castro à Cuba. Il complimente le merveilleux service de santé cubain, dont beaucoup de vénézuéliens sont en train de profiter grâce aux docteurs cubains travaillant au Venezuela, grâce à la formation de docteurs vénézuéliens et aux patients qui sont envoyés à Cuba pour des opérations. Mais en fait Chavez n’est pas critique du tout sur la nature bureaucratique du régime cubain et sur l’absence de véritable démocratie ouvrière.
Chavez pourrait-il devenir un « second Castro » comme le craingnent une partie de la classe dirigeante vénézuélienne et l’impérialisme américain ? Théoriquement une telle perspective ne pourrait pas être complètement exclue. Arrivé au pouvoir en 1959, Castro n’a pas décidé consciemment de nationaliser l’économie cubaine mais il a pris cette direction en réaction au blocus US et à la pression des masses cubaines. Mais vu que la classe ouvrière n’était pas consciemment à la tête de la révolution, le résultat fut la création d’un état ouvrier déformé, où le capitalisme et le féodalisme ont été éliminés mais où la société était toujours contrôlée du sommet vers le bas par une caste bureaucratique. Le contexte international actuel, après la chute de l’ Union Soviétique, est très différent du temps de la révolution cubaine quand Cuba était soutenu matériellement par la bureaucratie soviétique et ce pour des raisons stratégiques. Quoiqu’il en soit, il n’est pas inconcevable que les masses du Venezuela puissent spontanément prendre possession des usines et de la terre, forçant ainsi Chavez à nationaliser de larges pans de l’économie. Mais un tel régime serait extrêmement instable.
La révolution serait très certainement vaincue à un certain moment par les forces de la réaction sauf si la classe ouvrière est consciente du rôle qu’elle a à jouer, non seulement en expropriant la classe capitaliste, mais aussi en formant des comités élus démocratiquement qui pourraient faire tourner l’industrie, mettre en place un plan démocratique de production et créer les bases pour un Etat ouvrier dont le programme serait capable d’élargir la révolution à l’Amérique latine et internationalement. C’est pourquoi la lutte pour une véritable ‘politique étrangère’ internationale de la classe ouvrière est si importante aujourd’hui ; soutenant, par exemple, des liens économiques avec Cuba mais utilisant cela pour encourager une réelle démocratie ouvrière au sein du pays et pour étendre la révolution internationalement comme le seul réel moyen de défendre ces acquis qui ont déjà été obtenus.
La réaction de Chavez à de futurs évènements aura bien sûr un gros impact sur la façon dont les développements se déroulent, particulièrement dans une situation de ralentissement économique. Pour le moment il est en train de répondre d’une façon limitée à la radicalisation des masses et il pourrait aller plus loin dans cette direction. Malheureusement, il y a de nombreux exemples de dirigeants honnêtes qui malgré leur bonnes intentions, une fois confrontés avec la ‘logique’ du marché capitaliste qui se sont mis à réprimer les ‘demandes excessives’ des travailleurs.
Dans une situation où d’autres options sont trop risquées, une partie de la classe capitaliste du Venezuela s’appuie sur le mouvement de l’aile pro-capitaliste pour freiner les réformes radicales et pour être potentiellement capable de reprendre les acquis de la classe ouvrière et des masses pauvres. Ils préparent ainsi la voie pour une défaite du processus révolutionnaire et pour la victoire de la contre-révolution.
Il est vrai qu’ils n’ont pas la même autorité au sein de la classe ouvrière et des masses pauvres qu’avaient les sandinistes au Nicaragua après la révolution de 1979 ou qu’avaient les partis socialistes et communistes au Portugal en ’75. Quoiqu’il en soit, si la classe ouvrière n’achève pas complètement la révolution au Venezuela et que la démoralisation s’installe, cette aile pourrait jouer un rôle important en freinant le mouvement et posant les bases pour le triomphe de la réaction capitaliste. Leur façon de définir le socialisme est relativement claire – une économie « mixte » où quelques compagnies d’états et coopératives existent mais dans laquelle les leviers économiques principaux restent dans les mains de la classe capitaliste du Venezuela et étrangère. Chavez parlait récemment d’enquêter sur l’éventuelle expropriation de 136 à1149 entreprises. Mais en réalité toutes ses compagnies étaient en faillite, fermées ou en passe de le devenir. Le ministre de l’industrie a éclairci cette position en déclarant que la nationalisation ne prendrait place que dans des « cas extrêmes », qu’il n’y aurait pas de « vagues d’expropriations » et que les firmes capitalistes ainsi que la « production sociale » pouvaient coexister. De même, la redistribution de 13 000 hectares de terres appartenant au Lord Vesty marquait un pas en avant dans la réforme agraire alors qu’auparavant, seule la terre appartenant à l’Etat avait été redistribuée aux pauvres des campagnes. Mais à ce stade, le gouvernement n’envisage de distribuer que de la « terre non fertile ».
Quoiqu’il en soit, 158 paysans ont été tués depuis 2000 quand la loi sur la terre a été votée, démontrant que même face à des réformes limitées, les grands propriétaires terriens résisteront brutalement, aidés dans certains cas par les paramilitaires de droite Colombiens.
Utilisant un langage révolutionnaire, les coopératives sont présentées comme l’embryon de la société socialiste. 79000 coopératives ont été créées les 6 dernières années, majoritairement dans le secteur des services et de l’agriculture. Elles ont eu un certain effet dans la réduction du chômage, qui ne pourra être que temporaire. Ces coopératives sont toujours complètement dans le marché capitaliste avec des compagnies privées et seront dévastées par la crise économique. Beaucoup de ces coopératives en réalité fonctionnent comme des compagnies privées, exploitant la force de travail et dénigrant les droits des travailleurs. Il y a de nombreux exemples d’employeurs privés qui « déguisent » leur entreprise en coopérative afin de recevoir des subsides de l’Etat. En même temps, Chavez encourage « le co-management » des industries d’Etat ainsi que des industries privées. « Ceci est la révolution. Ceci est le socialisme », voilà ce qu’il déclara récemment quand il fit crédit à des taux d’intérêt bas à des patrons de petites entreprises privées qui acceptaient d’introduire des représentant des travailleurs dans les conseils d’administration de leur compagnie.
Une fois de plus, le ministre de l’industrie utilise clairement cette cogestion, ou participation ouvrière, comme une collaboration de classes pour tromper les travailleurs, augmenter l’exploitation et booster les profits de la classe capitaliste, comme cela a été fait dans des pays comme l’Allemagne. Il déclara : « Il y a une interprétation faussée de ce que signifie la cogestion ». « L’idée est de faire participer les travailleurs à la gestion de l’entreprise, non pas de leur en laisser le contrôle, mais plutôt d’aider à éviter des tensions et des contradictions inutiles. » (El Nacional).
Chavez, ne voulant pas se confronter à l’économie capitaliste et au pouvoir d’Etat, met en application des contrôles partiels et essaie d’éviter les structures économiques existantes et l’appareil d’Etat. Donc par exemple, en plus des coopératives, il a créé une compagnie aérienne d’Etat, une compagnie de téléphone d’Etat, une station télé d’Etat, et des supermarchés d’Etat vendant des produits basiques jusqu’à 30 % moins chers que dans le secteur privé. Tout ça avec l’intention de rivaliser avec les monopoles privés.
Ces mesures partielles comme les contrôles des prix sur les aliments de base et les contrôles sur les échanges, servent à rendre la bourgeoisie furieuse, et à augmenter leur détermination à éviter les futurs empiètements sur leur pouvoir économique et sur l’état.
En même temps, en laissant les grandes entreprises monopolistiques, les banques et les institutions financières, les journaux, etc… dans les mains du privé, il est impossible de planifier démocratiquement l’économie afin d’assouvir les besoins des masses. De plus, la classe dirigeante reste capable de saboter l’économie et de miner le mouvement. Il y a eu une certaine réorganisation du personnel au sommet de l’armée, de la justice, du collège électoral et d’autres institutions d’Etat, mais , sans des élections et le droit de révocation de tous ceux qui ont une position dans l’appareil d’Etat, ainsi que l’existence d’un parti socialiste de masse contrôlant constamment l’Etat, de nouveaux points de soutien à la réaction capitaliste peuvent être générés, même au sein de ceux qui soutiennent Chavez aujourd’hui.
La classe capitaliste fera clairement tout ce qu’elle peut pour abattre toutes les mesures qui ont été introduites à la demande des masses. Ils utilisent les médias et font pression sur l’aile pro-capitaliste du gouvernement de Chavez pour poursuivre des politiques sociales et économiques plus « réalistes », afin de conquérir les 4 millions de personnes qui ont voté contre Chavez lors du référendum pour sa révocation et afin de ne pas effrayer les investisseurs étrangers. Chavez a lui même encouragé des joint ventures entre du capital étranger et la compagnie pétrolière d’Etat PDVSA. En fait, les multinationales comptent déjà pour plus ou moins 50 % de la production pétrolière au Venezuela, pendant que la production de la PDVSA a, elle, diminué de moitié depuis l’ élection de Chavez, en ’98. Il est vrai que même un Etat ouvrier sain pourrait être forcé de signer des accords économiques et de commerce avec des pays capitalistes ou des compagnies étrangères si la propagation de la révolution internationale était temporairement retardée. Mais cela serait fait sur base d’un plan démocratique de production, d’un monopole d’Etat des exportations et d’une politique consciente d’élargissement de la révolution en appelant la classe ouvrière internationalement.
Maintenant, en partant d’une politique de préservation du capitalisme, des accords sur des investissements étrangers et sur les commerces seront utilisés pour miner et faire dérailler la révolution. Il y eut un nouvel avertissement quand Chavez a récemment accepté un accord commercial de vente d’armes avec le gouvernement espagnol, le ministre des affaires étrangères de celui-ci, défendant l’accord en réponse aux critiques US en expliquant « le rôle que l’Espagne pourrait jouer au Venezuela pour la satisfaction de Washington, en mettant un frein aux rêves de Chavez d’étendre sa révolution bolivarienne à d’autres pays dans la région » (El Pais, 9 Mai).
La classe ouvrière, du fait de son rôle dans le processus de production et de son pouvoir collectif potentiel, est la clef capable de mener à bien la révolution socialiste au Venezuela et de vaincre les forces de la réaction. Mais, bien que la classe ouvrière ait été impliquée dans le mouvement de masse dans les moments les plus cruciaux, elle n’a été qu’un élément parmi d’autres. La classe ouvrière n’a pas été consciente de son propre pouvoir ou de la responsabilité qu’elle a de diriger les masses pour transformer la société. A différents moments, Chavez a encouragé la participation des masses mais cela avec des limites strictes. Et sans un programme clair pour faire avancer le processus révolutionnaire, le mouvement risque de stagner et de se démobiliser. Chavez n’a pas encouragé, en particulier, l’indépendance d’action des travailleurs. Pendant, par exemple, une récente grève des travailleurs du métro de Caracas, un conseiller de Chavez a demandé que les grèves soient interdites dans le secteur public et Chavez lui même a menacé d’envoyer la garde nationale contre les grévistes. La tâche principale d’un parti révolutionnaire au Venezuela n’est pas de conseiller Chavez sur la façon de diriger la révolution mais de renforcer et d’étendre les organisations de la classe ouvrière ainsi que de mettre en avant des revendications qui augmenteront la confiance des travailleurs dans leur capacité à changer la société ainsi qu’en augmentant leur compréhension de ce qui est nécessaire à chaque étape d’un processus révolutionnaire. Cela devrait inclure une explication sur la façon dont la classe dirigeante utilisera la cogestion pour défendre ses propres intérêts et sur la nécessité de construire et de renforcer les comités de travailleurs qui seuls pourraient être capables de mettre en application un contrôle réel et une gestion ouvrière des lieux de travail comme un pas en avant vers une planification démocratique de toute l’économie. Des éléments de contrôle ouvrier existent déjà sur certains lieux de travail. Dans la compagnie d’Etat de production d’aluminium ALCASA, par exemple, les travailleurs élisent ceux qui gèrent l’entreprise, ceux-ci ne reçoivent que l’équivalent de leur salaire précédent (comme ouvrier) et peuvent être révoqués. Un récent meeting national des travailleurs, convoqué pour discuter de la cogestion et du contrôle ouvrier a accepté : « d’inclure dans les propositions pour une cogestion révolutionnaire que la compagnie doit être la propriété de l’Etat, sans distribution des actions aux travailleurs, et que chaque profit doit être réparti selon les besoins de la société à travers des conseils de planification socialiste. Ces conseils de planification socialiste doivent être compris comme les organes qui mettent en application les décisions des citoyens réunis en assemblée ». Un véritable programme socialiste révolutionnaire devrait appeler à une démocratisation des organisations de la révolution bolivarienne, à la formation et à l’extension de comités d’entreprises démocratiques et de lier ceux-ci aux comités élus dans les quartiers, dans les forces armées, et ce au niveau local et national.
En plus de tout ça, des forces de défense ouvrière doivent être formées pour défendre le mouvement contre la réaction. Chavez a reconnu la nécessité de défendre la révolution contre l’agression impérialiste et il a doublé les réserves de l’armée, mis sur pied « des unités de défense populaire » sur les lieux de travail et dans les campagnes. Mais tout cela sera sous son propre commandement et non sous le contrôle démocratique des organisations de la classe ouvrière et des masses pauvres. La solidarité des travailleurs dans le reste de l’Amérique latine et internationalement est aussi un moyen vital de défense. De son point de vue, Chavez est un internationaliste. En imitant son héros, Simon Bolivar, il se voit lui même comme le dirigeant de l’alliance anti-impérialiste en Amérique latine et il utilise le pétrole et les revenus du pétrole pour promouvoir ses objectifs. On voit de récentes initiatives comme par exemple le lancement de Télésur, une compagnie de télé continentale, ainsi que Pétrosur et Pétrocaribe, qui sont des accords avec différents pays d’Amérique Latine et des Caraïbes autour de l’exportation, de l’exploitation et du raffinage du pétrole. Il a aussi utilisé l’argent du pétrole pour racheter la dette de l’Argentine et de l’Equateur en « solidarité » contre les marchés financiers internationaux. Mais Chavez s’est orienté principalement en direction de dirigeants qui appliquent une politique néo-libérale, plutôt que d’en appeler à la classe ouvrières et aux masses pauvres. Le président brésilien Lula, par exemple, a appliqué des politiques d’attaques contre la classe ouvrière et son parti est mêlé à un sérieux scandale de corruption.
De plus, durant une récente visite, Chavez a félicité Lula et a interprété ce scandale de corruption comme une « conspiration de droite ».
Chavez est accusé par l’impérialisme d’exporter la révolution à d’autres pays d’Amérique Latine. Mais quand des travailleurs du secteur pétrolier sont partis en grève dans deux Etats d’Amazonie en Equateur en août dernier, demandant que plus de ressources soient investies dans les communautés locales et qu’une compagnie pétrolière US soit virée du pays, Chavez a effectivement joué le rôle de casser la grève, prêtant du pétrole au gouvernement équatorien pour compenser la « perturbation » que les grévistes ont entraînés sur les réserves. En opposition à tout cela, après le passage de l’ouragan Katrina, on a perçu comment une véritable politique internationale de solidarité parmi la classe ouvrière pourrait être menée. Comme Chavez, un gouvernement ouvrier démocratique aurait immédiatement offert de l’aide tout en exposant comment le capitalisme place les profits avant les vies des plus pauvres dans la société, et comment l’impérialisme US est totalement incapable de répondre aux besoins des travailleurs américains en temps de crise ainsi que dans des temps « d’accalmie ». En même temps, il aurait créé des liens avec la classe ouvrière et les organisations des communautés aux Etats Unis pour promouvoir le contrôle démocratique de la distribution de l’aide dans les régions affectées, renforçant ainsi la confiance et la conscience de la classe ouvrière américaine.
L’Amérique Latine est un continent en révolte. La victoire d’une révolution socialiste démocratique au Venezuela aurait un impact électrique sur la classe ouvrière et sur les masses pauvres de la région et cela aux Etats-Unis même. La classe ouvrière vénézuélienne est maintenant face au défi de construire et de renforcer leurs organisations, ceci incluant la création d’un parti révolutionnaire de masse avec un programme qui sera capable d’assurer la victoire de la révolution dans sa lutte contre la contre-révolution.
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Venezuela: Rapport du Festival Mondial de la Jeunesse
Un groupe de membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (notre organisation internationale) venus du Chili, d’Autriche, d’Angleterre et du Pays de Galles a fait une intervention très réussie au Festival mondial de la Jeunesse qui s’est tenu à Caracas au Venezuela. Beaucoup de jeunes se présentent comme socialistes et ont envie de discuter si et comment la « révolution bolivarienne » peut conduire au socialisme et faire progresser substantiellement le niveau de vie des masses vénézuéliennes. L’article qui suit reprend des extraits du « Journal de bord vénézuélien » écrit par Sonja Grusch, qui est la porte-parole du Parti Socialiste de Gauche (SLP), notre organisation sœur en Autriche, et membre du Comité Exécutif International du CIO.
Sonja Grusch
De grands espoirs (4 août)
Des milliers de jeunes du monde entier vont se rassembler sur le thème de cette année “Pour la paix et la solidarité – Nous combattrons contre l’impérialisme et la guerre ».
Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle le Venezuela est pour le moment une destination intéressante. Depuis l’élection d’Hugo Chavez comme président en 1998, le pays se trouve de plus en plus sous les feux de la rampe. La ‘Révolution Bolivarienne’ ne laisse personne indifférent. A côté de fermes partisans, il a aussi des opposants déterminés. Le pays a connu ses premières nationalisations d’entreprises et de terres. Les opposants se trouvent pour l’essentiel dans la classe dominante et dans certains secteurs de la classe moyenne au Venezuela mais également aux Etats-Unis.
Le Venezuela est un des plus importants producteurs de pétrole pour les USA et un modèle populiste radical comme celui fourni par le gouvernement de Chavez, qui bénéficie d’une sympathie très étendue parmi les masses populaires de tout l’Amérique Latine, est un coin enfoncé dans l’impérialisme US.
Sur le chemin menant à l’aéroport, j’ai vu une suite sans fin de graffitis et de peintures murales. Les opposants prétendent qu’une invasion cubaine est à l’ordre du jour. Il y a aussi beaucoup de graffitis contre Fidel et contre le communisme. Mais la seule « invasion » cubaine qu’on peut voir, ce sont les 10.000 médecins qui permettent à des milliers de gens d’avoir accès aux soins de santé.
Mais la majorité des graffitis soutient Chavez et sa politique. Au cours des dernières années, des écoles et des universités ont ouvert, des programmes d’alphabétisation ont été mis en œuvre et d’énormes pas en avant ont été faits dans le secteur de la santé. Mais, malgré toutes ces améliorations, j’ai vu beaucoup de sans-abri dans le centre-ville de Caracas. Les bidonvilles et la misère sont encore largement répandus. Un élément qui illustre le niveau de la misère, ce sont les mesures de sécurité prises par les commerçants et les autres indépendants. Les fenêtres sont grillagées ou barricadées et, dans de nombreux magasins et hôtels, on ne peut entrer qu’une fois les portes déverrouillées et ouvertes de l’intérieur.
Les attentes sont très grandes dans le pays où 80 % de la population est encore officiellement considérée comme pauvre. Les prochains jours, je veux essayer de comprendre qu’elles sont les attentes et les espoirs des gens et ce qu’ils pensent des changements en cours.
Au cours des derniers mois, un débat sur le « socialisme » a démarré dans le pays. De plus en plus de gens se demandent s’il est possible de trouver dans le cadre du capitalisme une solution aux nombreux problèmes qui se posent aujourd’hui. Chavez a parlé d’un « socialisme du 21e siècle ». Mais ce que cela signifie pour lui n’est pas clair. Cette question – quel type de socialisme et, plus encore, comment y parvenir et comment le développer – sera la question centrale de ma visite.
Sous le signe des élections (5 août)
Dimanche il y aura des élections locales au Venezuela. C’est perceptible à chaque coin de rue, mais la manière de le voir dépend du quartier on se trouve. La différence est frappante entre les quartiers les plus pauvres et les plus riches de Caracas. Les quartiers pauvres de Valle et Coche sont presque entièrement pro-Chavez. A première vue, ces quartiers semblent assez pittoresques. Il y a beaucoup de petites maisons, parfois peintes, s’agrippant à flanc de montagnes. Mais quand on y regarde de plus près, cette impression change rapidement. La plupart de ces maisons ont été construites illégalement, sont très petites et presque construites les unes sur les autres. La plupart ne sont pas cimentées et sont partiellement construites en tôle ondulée.
La pauvreté est omniprésente. Un jeune homme attend à l’extérieur d’un immeuble grillagé à appartements que quelqu’un lui demande de ramener ses courses à la maison. C’est un moyen pour lui de se faire quelque bolivars (la monnaie du pays). Un vieil homme aveugle erre de café en café en faisant tinter une cannette . En regardant les bus et les autos, on se demande comment ils peuvent encore rouler. Les affiches de l’opposition ne durent pas très longtemps ici.
Dans les quartiers riches de la ville, il en va tout autrement. On se retrouve là comme dans une grande ville européenne : de grosses autos avec des gens bien vêtus. Et ici on trouve des affiches de l’opposition. Ce qui frappe, c’est que les candidats de l’opposition ont pour la plupart un teint beaucoup plus clair que la majorité de la population. Les différences sociales et de classes sont très visibles.
Même si le soutien à Chavez et sa politique est grand, on se demande si la participation aux élections sera élevée. Il y a des critiques sur la manière dont les candidats sont sélectionnés : ils sont souvent choisis par en haut, beaucoup sont des inconnus dans les circonscriptions où ils se présentent. En fin de compte, il ne sera pas possible de résoudre les problèmes sociaux par la voie des élections.
Les slogans qui appellent au socialisme se retrouvent partout. Mais le socialisme exige la démocratie et une participation active de la population. Les travailleurs, les paysans, les jeunes et les pauvres ne doivent pas être de simples observateurs, mais doivent prendre la direction du processus.
Au Venezuela, une grande partie de l’économie, et en particulier l’industrie pétrolière, est nationalisée. En plus, il y a eu d’autres nationalisations au cours des derniers mois. Une discussion sur la « cogestion » est en cours. En fonction des gens avec qui on discute, cela peut signifier une participation des travailleurs, une co-direction de l’entreprise ou une autogestion par les travailleurs. Ce débat et les résultats qui en sortiront seront décisifs pour la période à venir.
Les élections et le début du festival (7 août)
14,4 millions de Vénézuéliens peuvent aujourd’hui apporter leur voix pour élire le gouverneur d’Amazonas, deux bourgmestres mais surtout 5.596 représentants locaux.
Il est impossible de dire combien de partis participent aux élections. Le vote est électronique, ce qui sera probablement utilisé par l’opposition pour accuser Chavez de fraude électorale. Etrangement, cette même opposition ne considère pas que les votes électroniques aux USA soient anti-démocratiques alors qu’il y a eu néanmoins de nombreux « incidents » douteux. Devant les bureaux de votes il y a de longues files, mais il est difficile de préjuger quelle sera la participation.
Le réceptionniste de mon hôtel me raconte qu’initialement dans ce quartier il y avait presque 100% de voix pour Chavez. Mais un certain nombre d’électeurs sont déçus parce qu’il n’a pas tenu toutes ses promesses et que, de toute évidence, il y a des gens qui se remplissent les poches au passage. Il dit qu’en général la corruption est un problème.
Il est difficile de contrôler ce genre d’affirmations. Dans les médias qui sont dominés par l’opposition, on trouve beaucoup d’articles négatifs sur Chavez. Il est possible qu’un certain nombre de critiques soient réelles, mais beaucoup sont fausses ou racontées d’une manière complètement déformée.
Un membre du CIO qui a visité le pays lors du référendum en août 2004 et qui est maintenant du nouveau sur place, raconte comment la situation a évolué depuis lors. A l’époque il y avait des discussions partout, dans la rue, les cafés, les transports publics,… Maintenant, tout cela a presque complètement disparu. Mais, en même temps, le « socialisme » est devenu un thème largement utilisé et un point de référence.
Un processus révolutionnaire, comme celui qui se développe au Venezuela, porte en lui des éléments contradictoires et ne se développe pas en ligne droite. Mais il y a bien une donnée cruciale : le temps compte. Des possibilités et des opportunités s’ouvrent, mais elles peuvent de nouveau disparaître si elles ne sont pas utilisées à temps. La motivation pour les discussions était plus forte lors du référendum en 2004 quand la menace immédiate de l’opposition était plus palpable. Mais, à ce moment, l’essentiel du soutien à Chavez et à un nouveau Venezuela était orienté vers le terrain électoral.
Aujourd’hui marque aussi l’ouverture du Festival de la Jeunesse. Mais, aujourd’hui comme hier, il sera cependant difficile de faire la fête parce que la Ley Seca (la « Loi sèche ») interdit la distribution d’alcool la veille et le jour des élections.
Malgré cela, l’ambiance est bonne parce que le public, très majoritairement jeune, se réjouit de cet événement international et de passer du temps avec des gens qui pensent comme. Ils sont unis dans leur volonté de faire quelque chose contre la faim et l’exploitation, contre l’oppression et la violence et contre la guerre et le capitalisme.
Les discussions seront intenses et également polémiques. Mais elles seront cruciales pour le Venezuela à cette étape de la lutte. Elles seront l’occasion d’apprendre du passé pour éviter les mêmes erreurs à l’avenir. Les évènements sanglants du 11 septembre 1973 au Chili ont prouvé que les tentatives de trouver un terrai commun et une unité avec la classe capitaliste se termine en défaite pour les travailleurs. Il y a également des leçons importantes à tirer de la révolution cubaine.
Une opposition enragée et un long début du festival (9 août)
Des discussions sérieuses se développent à propos du résultat des élections. D’une part, l’opposition se plaint que les bureaux de votes soient restés ouverts plus longtemps que prévu. D’autre part, on discute aussi de l’ampleur de la participation. L’opposition présente des chiffres montrant une abstention entre 77 et 78% des électeurs. Selon la commission électorale, ce chiffre n’atteint que 69,1%. Il faut savoir que ce sont des chiffres normaux pour des élections locales : en 2000, l’abstention était de 76,2%. Une partie de l’opposition avait même appelé au boycott des élections, ce qui rend leurs divagations à propos de la faible participation assez ridicule.
Le parti de Chavez, le MVR (Mouvement pour une Cinquième République), a récolté 58% des sièges sur le plan national et l’ensemble des partis pro-Chavez en récoltent 80%. Cela semble être la véritable raison de la colère de l’opposition. Certains partis d’opposition ont un lourd passé de fraude électorale. Vu le manque de soutien de la population à leur égard, ils ne semblent pas avoir d’autre solution que de brandir des accusations de fraude.
Le Festival de la Jeunesse a commencé hier. Les délégations des différents pays se sont rassemblées sur une grande place. Il y avait des jeunes et des moins jeunes. La délégation du CIO, même si elle était petite, a défilé en tant que groupe international. Elle comptait des camarades qui venaient d’au moins cinq pays différents. Notre matériel politique mettait l’accent sur les questions « Qu’est-ce que le socialisme ? », « Comment peut-on construire un mouvement pour le socialisme au Venezuela ? »,… Ces questions ont une énorme importance pour les Vénézuéliens. Nous ne pouvons pas distribuer gratuitement notre matériel. Il coûte assez cher en fonction du niveau de vie au Venezuela – 500 bolivars, l’équivalent d’une grande baguette au festival. Malgré cela, les gens font régulièrement la queue pour en acheter.
Il y a un énorme intérêt pour les idées politiques. Les gens sont très ouverts et désireux de discuter, mais il y a également beaucoup de confusion sur ce que signifie le socialisme. Il y a un million de réponses à la question de ce qu’est le socialisme qui sont souvent contradictoires. Il n’y a certainement pas de réponse facile mais néanmoins la réponse sera d’une importance cruciale pour l’avenir du Venezuela.
Le pétrole, source de richesse et de misère (10 août)
Le Venezuela est un pays riche. Il est le cinquième plus grand producteur de pétrole à travers le monde. Mais l’énorme richesse de ce pays n’est pas redistribuée équitablement, c’est le moins que l’on puisse dire. Depuis l’augmentation du prix du pétrole au milieu des années ‘70, les revenus de l’Etat ont quadruplé. Une partie de cette somme a servi à améliorer le niveau de vie des travailleurs et des pauvres. Mais cela n’a pas duré longtemps. Avec la baisse du prix du pétrole dans les années suivantes sont venues des mesures néo-libérales drastiques d’austérité qui ont eu des conséquences sociales dramatiques.
Les revenus réels ont chuté. Le pouvoir d’achat de ceux qui touchaient le salaire minimum a été amputé des deux-tiers entre 1978 et 1994. Des coupes sévères ont eu lieu dans les services sociaux à tel point que les dépenses pour la sécurité sociale ont été réduites de moitié. Les pertes d’emplois ont été énormes et les conditions de travail sont devenues de plus en plus précaires. Le taux de chômage a explosé et beaucoup de gens ont dû se tourner vers le secteur informel pour survivre. En 1999, on estimait que 53 % de la population travaillait dans le secteur informel. Le taux de pauvreté a lui aussi explosé : entre 1984 et 1995, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 36 à 66 %.
Les partis dominants sont entrés en crise, à cause de leur arrogance et de leur implication croissante dans des scandales de corruption, mais surtout de la polarisation de la situation sociale. Chavez a réussi à offrir une alternative en mettant en avant une politique économique et sociale plus juste. Il s’est adressé « aux gens» et s’est engagé dans une direction de plus en plus anti-capitaliste. Un grand nombre d’améliorations ont eu lieu à l’initiative des ministres ou des « Missions » et de nouveaux emplois ont été créés, particulièrement dans le secteur public.
Pendant le festival, il était parfois difficile de faire une distinction entre les ceux qui participaient aux activités et les salariés des services publics, comme les balayeurs et les nettoyeurs de rue. Tous portaient des T-shirts rouges avec des slogans pro-Chavez.
Le programme d’alphabétisation mis en place a permis à plus d’un million de gens d’apprendre à lire et à écrire. Pour la première fois, les universités ont été ouvertes aux enfants de travailleurs et 3.200 nouvelles écoles sont aussi été construites. Des millions de gens ont, pour la première fois de leur vie, eu accès à des soins de santé. A tout moment, les gens parlent avec enthousiasme de ces améliorations et de la différence qu’elles font dans leur vie. Casanova, un dirigeant du MVR, a déclaré que « le pétrole était maintenant géré pour le peuple ».
Il ne fait aucun doute qu’il y a eu d’énormes changements, même si la misère reste également énorme. La base de ces améliorations réside non seulement dans la volonté politique de changement, mais aussi dans le haut niveau des prix du pétrole. 50 % des dépenses publiques sont financées par les revenus pétroliers. Cela pose la question de savoir ce qui se passera si les prix du pétrole baissent.
Une partie de la population espère que le processus actuel continuera indéfiniment et qu’elle connaîtra une augmentation continuelle et constante de son niveau de vie. Un enseignant m’explique que ce sera un long processus qui pourrait durer peut-être de 20 à 30 ans. Mais les gens sont-ils prêts à attendre si longtemps ? Peuvent-ils se permettre d’attendre si longtemps ? Et l’opposition bourgeoise et l’impérialisme se contenteront-ils d’observer ce processus en restant silencieux pendant encore 20 ans ? A toutes ces questions, on doit répondre par la négative.
Le salaire minimum qui n’existe que dans le petit secteur formel est de 405.000 bolivars par mois. La compagnie d’électricité, Cadafe paie un salaire moyen de 600.000 bolivars par mois à ses travailleurs. Un repas bon marché coûte 6.000 bolivars, un petit yogourt 1.000. Un ticket de métro coûte entre 300 et 350 bolivars, une bière entre 1.000 et 1.500. Il n’y a pas d’allocations de chômage et les pensions sont une exception. C’est ce qui fait que la discussion sur le socialisme est si importante.
Mais, comme je l’ai dit, le terme de socialisme a ici beaucoup de significations. Cela vaut également pour ce qu’on appelle la « co-gestion ». Certains y voient ou veulent y voir le contrôle des travailleurs et même la gestion par les travailleurs. Mais ce n’est pas nécessairement ce que le gouvernement entend par là. Ses représentants disent que cela signifie la propriété par l’Etat et l’implication des travailleurs dans la gestion. On en parle aussi comme d’une distribution d’actions et d’un paiement de dividendes aux travailleurs et aux populations locales.
Une société socialiste signifie plus que de permettre aux travailleurs de se faire entendre et d’avoir mot à dire. Le socialisme signifie un véritable contrôle ouvrier et une gestion par les travailleurs de la production et des moyens de productions.
Pour préparer un Venezuela socialiste, un programme clair est indispensable. A notre stand au Teatro Teresa Carreno, toutes nos discussions sont centrées sur le socialisme. Nous ne discutons pas qu’avec les participants du festival, mais aussi avec les nettoyeurs, les balayeurs et les gardiens qui travaillent sur place. Tous veulent discuter et sont intéressés à chercher des réponses à leurs questions sur la manière de procéder. Ils souhaitent entendre notre point de vue. Ces discussions sont vraiment excitantes et il y a beaucoup de gens qui sont d’accord avec notre opinion que la question du socialisme est vitale.
Une fête pour Chavez (12 août)
Le festival dure depuis quelques jours et de plus en plus il se transforme en une fête massive pour fans de Chavez et de Che Guevara. Il y a des posters de tous les formats montrant Chavez posant face à Bolivar. Il y a des t-shirts avec Chavez, des porte-clés et des petites photos à glisser dans le portefeuille. On peut aussi acheter des discours de Chavez sur CD, des fichus et des bikinis… aux couleurs du drapeau vénézuélien.
Notre stand est unique en son genre parce qu’il est le seul à l’entrée du Teatro Teresa Carenno à proposer du matériel politique.
L’enthousiasme pour les changements dans le pays est compréhensible. Mais l’admiration et le soutien sans critique pour Chavez en tant que personne sont autre chose. Chavez est une figure-clé qui peut jouer un rôle décisif, mais il n’est pas seul et il n’est pas infaillible.
Chavez ne peut pas remplacer l’organisation de la classe ouvrière. En contraste avec l’attitude de beaucoup de Vénézueliens (et je ne parle pas de l’opposition), critiquer Chavez est vu presque comme un acte de blasphème par beaucoup de visiteurs internationaux.
Beaucoup veulent penser que Chavez est infaillible. S’il commet une erreur, ce sera mis sur le compte de mauvais conseillers. Malheureusement, cette attitude acritique n’aide pas à faire avancer le processus révolutionnaire. Celui-ci a besoin de discussions ouvertes qui permettent de prendre en compte différentes idées et propositions, de les confronter les unes aux autres, de développer des perspectives et, plus encore, de tirer les leçons du passé. La participation active des travailleurs, des jeunes et des pauvres dans la prise de décision est une condition élémentaire. Sans leur participation, il ne pourra y avoir de socialisme véritable et démocratique.
Au meeting du CIO sur le thème « Qu’est-ce que le socialisme et comment le réaliser ? », un jeune Vénézuélien a expliqué que le Festival ressemblait à un événement destiné à promouvoir le gouvernement. Beaucoup sont contents d’avoir la possibilité de discuter avec nous à notre stand.
Tous les discours sur l’apolitisme des jeunes ont été démentis une fois de plus. Des jeunes venus de partout dans le monde sont ici pour discuter de politique. Le Festival est aussi l’expression de la solidarité et du soutien à la révolution bolivarienne. Une fois de plus, cela montre clairement que le peuple n’est pas trop mauvais ou trop égoïste pour le socialisme, mais que c’est le capitalisme qui est mauvais pour le peuple.
Pour le socialisme, mais quel socialisme ? (15 août)
Aujourd’hui, c’est le dernier jour du festival. Les deux jours précédents s’est tenu le tribunal anti-impérialiste qui a mis en évidence les crimes de l’impérialisme – les guerres contre le Vietnam et l’Irak, la misère et la faim, la répression et les attaques contre les droits démocratiques.
Des milliers de gens dans la salle et des milliers d’autres dehors sont venus écouter le discours de clôture de Chavez. A côté de nombreuses références historiques à Bolivar, Sandino, Miranda et d’autres encore et de suggestions de livres à lire, Chavez a cité les fameuses paroles de Rosa Luxembourg : Socialisme ou Barbarie. L’enthousiasme avec lequel le socialisme est vu comme une alternative est un développement relativement récent. Après l’effondrement des Etats staliniens à fin des années ‘80, le socialisme était devenu très impopulaire.
La situation a commencé à changer à nouveau la naissance du mouvement anti-mondialisation et a trouvé son expression dans le slogan « Un autre monde est possible ». Cependant, la signification exacte du mot « autre » n’était pas très claire.
Depuis lors, beaucoup de choses ont changé. La classe des travailleurs est de retour dans l’arène de la lutte et nous avons assisté à de nombreuses grèves et grèves générales dans de nombreux pays et à de soulèvements et des mouvements insurrectionnels qui ont provoqué la chute de présidents et de gouvernements en Asie, en Afrique, en Amérique Latine et ailleurs.
La discussion sur ce que peut être « l’autre monde possible » a continué d’avancer. C’est le message que je veux ramener chez moi de ce Festival.
En 1997, lors du Festival de la Jeunesse à Cuba, la discussion sur le socialisme comme alternative au capitalisme était moins présente. En 2005, à Caracas, il y a presque un consensus sur le fait que le socialisme était l’alternative au capitalisme.
Chavez a reçu le plus d’applaudissements quand il a fait référence au socialisme. Friedrich Engels a dit en son temps que le socialisme ne marquerait que le commencement de l’histoire de l’humanité. Aujourd’hui, nous nous n’en sommes qu’au début du commencement.
Mais qu’est ce que c’est exactement le socialisme ? Que veut dire Chavez quand il parle du socialisme du 21e siècle ? Qu’est-ce que les Vénézuéliens et les participants au festival entendent par là ? Il est clair que cela signifie une répartition plus juste des richesses et l’élimination de la misère. Mais, à ce stade, beaucoup n’ont pas une idée plus claire ou plus élaborée de ce que signifie le socialisme.
Chavez n’est pas plus clair quand il décrit le socialisme du 21e siècle. Il voit comme partenaires tant Fidel Castro (alors qu’à Cuba manque cruellement une démocratie pour les travailleurs) que Lula (dont le parti et le gouvernement sont impliqués actuellement dans un scandale majeur de corruption et qui est confronté à des actions de protestation contre l’application de mesures néo-libérales). Chavez a fait des références positives à Poutine (qui restreint les droits démocratiques et mène une guerre sanglante contre la Tchétchénie) et à l’établissement d’une Zone de Libre Commerce en Amérique Latine.
Chavez a glissé vers la gauche, mais n’a pas un programme clairement socialiste. Le socialisme ne va pas se réaliser de lui-même. Il faut une progression révolutionnaire consciente vers le socialisme et un renversement actif du capitalisme, sinon le danger existe d’un retour à une politique néo-libérale au Venezuela. Développer un tel programme et travailler au renversement du capitalisme et à la construction d’une véritable société socialiste démocratique est la tâche des socialistes révolutionnaires aujourd’hui.
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Forum social mondial 2005: Manifestation de plus de 100.000 personnes le premier jour.
Forum social mondial 2005:
Plus de 100.000 personnes sont descendues dans la rue pour un après-midi brûlant à Porto Allegre, au Brésil, pour participer à une manifestation qui a marqué l’ ouverture du cinquième Forum Social Mondial.
Michael O’Brien, Socialist Party, CWI Ireland
Les organisateurs, conscients de la colère qui se développe contre le gouvernement Lula ont essayé de tourner les revendications de la manifestation vers des sujets innocents qui ne sont pas controversiels comme “la paix dans le monde” et ont même fait appel aux contingents participants à la manif de s’ abstenir de critiquer sévèrement le gouvernement.
Malgrès cela, n’importe qui participant à la manif pouvait entendre les vigoureux slogans anti Lula. Il y avait une minorité de partisans de Lula, portant des T-shirts « 100% Lula », qui étaient dépassés par l’ humeur dominante de la marche.
Le cortège vibrant et jeune du PSOL (Parti pour le Socialisme et la Liberte), comprenant peut être 1000 personnes, menait les chants anti Lula. Le PSOL est la force politique qui grandit de la manière la plus importante au Brésil. Né d’ une scission de gauche du PT, voulant s’ éloigner du virage à droite de Lula, ce parti a rapidement gagné des milliers des meilleurs jeunes et activistes sous sa bannière. Et malgrès son jeune âge, le PSOL obtient déjà entre 3 et 5% dans les sondages.
La vie interne du parti est marquée par une liberté d’ expression politique et Socialismo Revolucionario, la section brésilienne du CIO est engagée pleinement dans les débats et les activités.
Le contigent du CIO dans la manifestation comptait environ 60 membres et sympathisants, majoritairement du Brésil mais aussi des camarades d’ Angleterre, Suède, Irelande, Belgique, Chili, Allemagne, Etats-Unis et France.
Dans une athmosphère où la majorité des journaux politiques sont distribués gratuitement, nous en avons vendu presque 800.
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AMÉRIQUE LATINE. Rompre définitivement avec le néolibéralisme
AMÉRIQUE LATINE
L’EXÉCUTIF DU Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, internationale dont fait partie le nale MAS/LSP) a porté une attention toute particulière aux perspectives et aux tâches du mouvement ouvrier au Brésil et au Vénézuela. En janvier 2005, des milliers de jeunes et de travailleurs participeront au vailleurs Forum Social Mondial (FSM) qui se tiendra de nouveau à Porto-Alegre. Certains seront en quête d’idées et d’organisations qui proposent des alternatives. Le MAS/LSP y sera présent, dans la délégation internationale du CIO.
Els Deschoemacker
Malgré les possibilités limitées pour les organisations politiques à se profiler ouvertement lors du FSM, les développements de turbulences politiques et sociales s’y reflèteront.
Vénézuela: le programme de Chavez est insuffisant pour résoudre les problèmes de la classe ouvrière
Celso du Chili: «Pour la troisième fois, les masses ont sauvé la peau de Chavez et de sa politique. Le taux de participation extrêmement élevé lors du référendum cet été, le plus élevé dans l’histoire vénézuélienne, montre le soutien public immense pour les réformes sociales. Mais le chômage gigantesque, les bas salaires et les mauvaises conditions de travail nous montrent que le réformisme de Chavez se fait dans les limites du capitalisme et n’offre pas de solutions fondamentales.
«Avant le référendum, on pouvait avoir l’impression que Chavez virait à gauche. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Le Chavisme a une nette tendance bonapartiste. Le régime balance systématiquement entre les deux classes dans la société. Quand Chavez se sent en sécurité, il emploie un langage conciliant envers l’opposition réactionnaire et il renvoie les masses à la maison. Quand il est moins sûr, il mobilise ces mêmes masses. Vis-à-vis de l’impérialisme, il tient un discours menaçant, mais il garantit pourtant aux Etats-Unis l’ininterruption de l’approvisionnement en pétrole.
«Le CIO au Vénézuéla – nos premiers membres ont été gagnés au cours de l’année passée. Nous publions un nouveau bulletin sous le nom Socialisme révolutionnaire – et menons une discussion sur la nécessité d’un programme et d’une organisation de la classe ouvrière, indépendante de Chavez et de la bourgeoisie. La question est de savoir combien de temps durera le processus révolutionnaire au Venezuela. La bourgeoisie n’a pas mis de côté son espoir de liquider Chavez. Plus longtemps cette situation perdure, plus la réaction aura de temps pour se réorganiser.
«La polarisation et le soutien immense pour la révolution bolivarienne sont toujours dominants. Les partisans de Chavez avaient obtenu, aux élections d’octobre, 270 des 334 conseils communaux et 20 des 22 régions. Mais il y avait aussi des critiques. Le syndicat UNT, par exemple, disait que les candidats bolivariens devraient être élus au lieu d’être nommés par Chavez. Cette critique montre que Chavez est testé politiquement. Ces développements vont constituer un terrain favorable pour la construction du CIO au Vénézuela.
Brésil: processus de réorganisation dans le mouvement ouvrier
André (Brésil): «Le Brésil avait peut-être bien un des partis anticapitalistes les plus importants du monde, le Parti des Travailleurs (PT) de Lula. Ce parti refuse néanmoins de rompre avec le capitalisme et se dirige ostensiblement vers un instrument de la bourgeoisie et de l’impérialisme. «Après la crise économique en 2003 et une série de scandales, Lula pouvait partiellement réasseoir sa position grâce à une croissance économique de presque 6% dans les deux premiers trimestres de 2004 à cause d’une croissance dans l’exportation. Le chômage a baissé de 13 à 11%, mais les nouveaux emplois souffrent tous de faibles rémunérations et de mauvaises conditions de travail.
«La politique de réforme néolibérale de Lula ne laisse pas de place au doute. La coopération public-privé est à l’agenda dans les universités. En préparation des réformes structurelles du marché du travail, le gouvernement travaille sur une réforme syndicale qui donne plus de pouvoir aux bureaucrates des directions syndicales. Les OGM ont été légalisés pour le marché de l’alimentation malgré des promesses contraires. Des réformes agraires promises, seulement 44% de l’objectif a été réalisé. Tous les programmes sociaux sont sous pression à cause des réelles priorités du PT, notamment le payement de la dette et des normes fiscales strictes que le gouvernement utilise. Ce n’est pas tout. Un scandale a éclaté quand le ministre de la Défense a soutenu publiquement les tortures sous la dictature. La demande de militants des droits de l’Homme pour ouvrir les archives militaires se heurtait à un «Niet!» de Lula. Sur le plan international aussi, le rôle du PT est réactionnaire. A Haïti, les troupes brésiliennes aident à soutenir un gouvernement qui a pris le pouvoir par un coup d’état et qui est soutenu par les Etats-Unis. De cette manière, Lula veut clairement construire une crédibilité envers les Etats-Unis et obtenir un siège dans le Conseil de Sécurité de l’ONU.
«Pendant que le PT progressait aux élections communales dans un grand nombre de petites villes, il perdait aussi des positions importantes dans un nombre de plus grandes villes comme Porto- Alegre et Rio de Janeiro. A Rio, dans les élections présidentielles, le PT avait encore 80%. Cette foisci, il y a obtenu son plus mauvais score. Une partie de ces positions ont été reprises par des candidats à gauche du PT, ce qui montre le potentiel pour la gauche. Mais la bourgeoisie a aussi gagné quelques coups. A Sao Paulo, par exemple, le PSDB, parti de l’exprésident Cardoso, a gagné au détriment du PT. «La politique de Lula se heurte à toujours plus de résistance. Cette année, les travailleurs des banques ont fait grève pendant un mois contre les attaques continuelles. Les dix dernières années, 400.000 des 800.000 emplois ont été perdus dans ce secteur. Le PT y mine sa propre position car il avait, dans le passé, beaucoup de soutien dans ce secteur : trois des ministres du PT sont des ex-dirigeants des travailleurs bancaires.
«La classe ouvrière tire des conclusions de sa situation. Le lancement du Psol, nouveau parti de gauche, est une expression politique d’une partie de ce processus. Une des priorités du Psol est maintenant de se faire légaliser et de construire de solides structures. Mais la pression de l’électoralisme se développe déjà. Bien que ce parti ait peut-être le programme le plus à gauche des nouveaux partis, le danger subsiste que ce parti se cantonne au simple discours engagé. Socialisme Révolutionnaire, notre organisation au Brésil était un des premiers défenseurs de la nécessité de mettre sur pied un parti de gauche comme le Psol. On doit aider à construire ce parti, mais la défense d’un programme révolutionnaire au sein de ce parti reste crucial.»