Tag: Canada

  • En Bref…

    Cette rubrique est destinée à mettre en avant différents faits, citations, vidéos ou petites nouvelles particulièrement frappantes. Aujourd’hui, il est notamment question des actions du mouvement Occupy aux ports de la côte ouest des USA, une étape importante dans le développement du mouvement.

    Plus d’âge de la retraite au Canada

    Les pensions sont en pleine ligne de mire des mesures d’austérité dans de très nombreux pays. Mais là, le gouvernement canadien a fait très fort en voulant "offrir aux travailleurs plus âgés la possibilité de demeurer sur le marché du travail.". Il n’existait pas d’âge légal pour le départ à la pension, même si dans la pratique la retraite était versée à 65 ans (60 ans au Québec). Les contrats de travail précisaient généralement l’âge du départ en retraite dans l’entreprise. Dorénavant, le Canada a totalement interdit de fixer un âge de départ obligatoire à la retraite. Bosser jusqu’au cercueil, c’est ça l’avenir que nous réserve ce système ?


    La récession va coûter plus de 40.000 emplois

    Les spécialistes du marché de l’emploi estiment que le nombre de chômeurs va augmenter de façon très significative en Belgique, en raison de la récession. Le vendredi 9 décembre, un représentant de la fédération patronale catholique flamande VKW a expliqué que beaucoup de choses avaient été faites pour éviter les pertes d’emploi en 2008-2009, mais que ce n’est plus possible: ‘‘Les entreprises ont aujourd’hui beaucoup moins de marge. Par conséquent, les pertes d’emploi seront plus grandes.’’ Au sommet de la dernière récession, 41.600 emplois avaient été perdus. Ce nombre pourrait être plus élevé maintenant.


    Un prix Nobel critique l’industrie pharmaceutique

    Le secteur de la santé représente pas mal d’argent. L’industrie pharmaceutique engrange des milliards d’euros de profits chaque année. Le prix Nobel Michael Roberts rejette l’omniprésence de l’industrie pharmaceutique dans le secteur. Il a ainsi expliqué dans une interview accordée à un journal espagnol: ‘‘La recherche scientifique concernant la santé ne devrait pas dépendre de la rentabilité. Ce qui est bon pour les dividendes des sociétés n’est pas toujours bon pour les gens. L’industrie pharmaceutique veut servir les marchés, mais ce n’est pas qu’une industrie, il s’agit aussi de la santé et la vie de nos enfants et de millions de personnes’’ Il a notamment parlé d’un exemple où des chercheurs dépendant de fonds privés avaient dû abandonner leurs recherches pour un médicament très efficace, parce que ce n’était pas assez rentable. ‘‘Les compagnies pharmaceutiques ne s’intéressent pas à votre santé, mais à votre argent."


    Pas de soins pour les personnes handicapées

    Les pénuries qui frappent le secteur des soins de santé sont nombreuses. Le Comité européen des droits sociaux, soutenu par la Ligue des Droits de l’Homme française, déclarent ainsi : "La Belgique viole les droits des personnes handicapées. Beaucoup d’adultes handicapés n’ont pas la chance de mener une vie indépendante." En Flandre, 4.700 personnes sont sur liste d’attente. A Bruxelles, on estime qu’ils sont 1800, et 8000 en Wallonie. La pénurie de moyens ne connaît pas de frontière linguistique.


    Le mouvement Occupy bloque les aéroports

    Ce lundi, le mouvement Occupy a occupé les ports de la côte ouest des Etats-Unis. Des actions ont eu lieu aux ports de San Diego, Long Beach, Los Angeles, Oakland, San Diego, Portland, Tacoma, Longview, Seattle, Bellingham, Vancouver et Anchorage. Certains ports ont été temporairement fermés. A Portland et Seattle, les ports ont complètement été bloqués. L’action a pu compter sur le soutien des dockers, même s’il n’y avait pas de soutien officiel du syndicat ILWU. Ce syndicat avait déclaré qu’aucune action n’était à leur initiative, tout en déclarant par la suite qu’ils soutenaient les actions du mouvement Occupy Wall Street. Nous pensons qu’il s’agit d’une étape importante pour le mouvement : passer de l’occupation de places aux lieux de travail, comme les ports.

  • Ecole d’été 2010 – Crise économique: aucune solution sur base capitaliste

    Aujourd’hui, nous ne parlons pas seulement d’une crise économique, notre environnement est également en jeu. Et si nous analysons les développements actuels, c’est pour nous préparer pour le futur, pour nous préparer à intervenir. Il est vrai qu’il est difficile de déterminer exactement la façon dont les choses peuvent se dérouler, mais il est très clair qu’un certain nombre de pays font face à l’imminence d’une explosion sociale. La crise a déjà entraîné une diminution du niveau de vie de millions de personnes et des dizaines de millions connaissent l’insécurité, la peur du lendemain.

    Vers une plus grande instabilité

    La crise économique mondiale est parfaitement illustrée par la crise que traverse l’Europe. Newsweek et Times (deux magasines américains) ont consacré tous les deux et au même moment leur première page à l’Europe. Il y était notamment dit que le grand secret de l’Europe était que son secteur bancaire était plus touché que Wall Street et que les banques européennes sont tout aussi voraces que les américaines quand il s’agit de jouer avec des actifs toxiques.

    Les commentateurs bourgeois ne peuvent plus maintenant se permettre de parler d’un éventuel progrès, ils ne parlent que d’assainissements. La perte de confiance des classes dirigeantes et de leurs partisans, un peu partout dans le monde, est un élément important qui dans un certain sens exprime le cul-de-sac dans lequel se trouve le capitalisme. Toutefois, nous savons que le système capitaliste ne disparaitra pas de lui même, cela ne pourra arriver que par l’intervention consciente de la classe des travailleurs. Mais la division au sein même des élites dirigeantes est un élément important. Les tensions augmentent (comme les tensions commerciales entre différents pays ou encore les tensions entre différents niveaux de pouvoir). Au niveau international, de façon générale, nous allons vers une période caractérisée par de plus en plus d’instabilité.

    En 1938, Trotsky a publié le ‘‘Programme de transition, L’agonie du capitalisme et les tâches de la IVe Internationale’’ dans lequel il disait notamment que la bourgeoisie ferait tout pour éviter la déroute. C’est encore tout à fait vrai aujourd’hui, et on peut d’ailleurs le voir à la façon dont la bourgeoisie se défend.

    Le pouvoir le plus puissant que le monde ait jamais connu – l’impérialisme américain – est embourbé depuis 10 ans en Afghanistan. Ce que l’impérialisme américain espère, c’est de gagner assez de traitres à ses côtés pour pouvoir aboutir à une situation de ‘calme’ comme en Irak mais, même là, il n’est pas question de victoire. Tout comme Tacite le disait de l’empire romain, c’est une paix de désolations (‘‘ils firent un désert et le nommèrent paix’’). En Irak, la guerre civile a été temporairement gagnée par les chiites. Le pays est divisé sur base communautaire, mais ces délimitations peuvent voler en éclat à tout moment. Au lieu d’un Saddam Hussein, on peut en voir émerger une dizaine.

    Quant à la catastrophe de BP, où l’actionnariat est majoritairement américain, elle constitue une parfaite illustration de l’incapacité du capitalisme à gérer l’environnement. La détérioration de la planète est inévitable dans le système capitaliste. Les problèmes ne vont faire qu’empirer, y compris en termes de guerre. Si ce système continue ses méfaits, nous connaîtrons d’autres guerres pour les ressources, comme la guerre pour le pétrole au Moyen-Orient. Déjà aujourd’hui, il y a de plus en plus de conflits autour de l’approvisionnement en eau potable. On estime actuellement à 50 millions le nombre de réfugiés sur la question de l’eau, et ils seraient issus de 27 pays. Dans ce cadre, le sommet de l’ONU au sujet des changements climatiques de Copenhague a été un échec total.

    D’une politique de stimulants à une politique d’austérité

    L’incapacité du capitalisme à faire la moindre mesure progressive peut se voir concernant la crise économique. Dans un premier temps, on a tenté de se limiter à des plans de relance mais, puisque ces programmes de sauvetage n’ont plus d’effet, dans un deuxième temps, on passe maintenant à des plans d’austérité, à des attaques contre les travailleurs. Lors du dernier G20 à Toronto, les partisans des plans de relance étaient minoritaires, l’optique générale est maintenant de passer à des plans d’austérité très durs. Après ce sommet, seul Obama était en faveur de plans de relance. S’il n’avait pas adopté cette position, il aurait eu des problèmes et se serait retrouvé en minorité, y compris au sein de son parti. Mais le fait même qu’il ait été mis en minorité à Toronto illustre que l’impérialisme américain a perdu sa capacité d’imposer sa volonté.

    A certains moments les assainissements sont très brutaux, comme en Roumanie, à d’autre c’est plus léger. Le gouvernement britannique veut par exemple réduire le déficit budgétaire de 40 à 50% dans les 5 prochaines années. Les conséquences de ce genre de politique ont été illustrées, en Irlande notamment. Il y a quelques semaines, des milliers de personnes y ont manifesté: des parents d’handicapés mentaux qui s’occupent de leur enfant déficient à la maison. Ils avaient une institution où ils pouvaient déposer leur enfant une ou deux nuits pour souffler un peu, et une des premières conséquences des coupes budgétaires était, entre autres, la suppression de cette institution. Angela Merkel a déclaré que l’Allemagne devait donner l’exemple pour le reste de l’Union Européenne avec son plan d’austérité. Ces assainissements vont très certainement empirer la situation dans les autres pays, et pas seulement en Allemagne.

    Essai après essai, les entreprises veulent augmenter leur profitabilité, avec l’aide des gouvernements. Dans les environs de Venise, une commune a été jusqu’à interdire de faire des châteaux de sable. La raison est toute simple: les amendes rapportent de l’argent. Cela indique à quel point de désespoir se retrouvent parfois confrontées les autorités. Ce n’est certes pas un élément de ce type qui va déclencher une révolution, mais il suffit parfois d’une étincelle, aussi absurde soit-elle. Le doute qui subsiste dans l’esprit de la bourgeoisie est de savoir jusqu’où elle sera capable d’attaquer les travailleurs sous l’argument "Vous êtes obligés d’accepter les coupes, sinon c’est la Grèce qui vous attend". Cette menace est même utilisée aux Etats-Unis.

    La Grèce est le maillon faible du capitalisme européen. La situation qui s’y développe est un test pour la bourgeoisie et pour la classe ouvrière, mais aussi pour le CIO: comment une de ses sections peut-elle réagir et adapter son intervention dans une telle situation. La grève du 5 mai était la plus grande depuis 25 ans, de même que la taille des manifestations. L’attaque du Parlement avait été le fait de travailleurs du service public. Il y a aussi eu des mouvements de masse dans les secteurs de l’enseignement, des hôpitaux,… En fait, tous les secteurs les plus importants, du privé ou du public, ce sont mis en action durant cette période. A Athènes, il y a eu des mobilisations contre le gouvernement chaque semaine. Nous sommes dans une phase où les commentateurs ont peur que l’expérience grecque rate son coup à cause d’une trop grande mobilisation. Les jeunes, les travailleurs et les commentateurs font le parallèle avec l’Argentine du début de ce siècle. Mais le gouvernement tient bon, parce que les directions syndicales n’ont aucune idée de la manière de réagir, aucune réelle stratégie ni alternative.

    Nos slogans sont "abolition de la dette – nationalisation du secteur financier", tout en appelant à des actions communes pour rassembler les grévistes. La lutte est actuellement en pause, mais le sentiment général est que les luttes recommenceront en septembre. Nous devons aussi renforcer la revendication de nationalisation sous le contrôle démocratique de la population du secteur financier. C’est une revendication qui avait suscité un grand enthousiasme quand Joe Higgins en avait parlé lors d’un grand meeting de la formation large de gauche grecque Syriza. Nous sommes les seuls à accorder autant d’attention à cela. Une banque publique ou des mesures visant à rester dans le cadre de la compétition entre banques sont des mesures insuffisantes.

    De sombres perspectives économiques

    Tous ces budgets d’austérité seront incapables de solutionner quoi que ce soit. Les capitalistes se réfèrent à la Suède ou au Canada au début des années ‘90, et ils caricaturent ce qui y a été réalisé. A l’époque, le capitalisme était en croissance, différence fondamentale avec aujourd’hui. Les éléments actuels de rémission du capitalisme sont avant tout circonstanciels et non structurels, on ne parle pas de croissance des moyens de productions.

    De toute façon, avant même de discuter de cette soi-disant reprise économique, de sa nature et de sa durée, il faut bien se rendre compte que, pour l’écrasante majorité des travailleurs et des jeunes, la reprise économique n’a pas ouvert de meilleures perspectives d’avenir. Cela est tout au plus considéré comme un évènement temporaire. Même dans les pays où la reprise a été plus importante, quand on regarde les chiffres, on se rend compte qu’il s’agit pour beaucoup d’un écran de fumée. Ainsi, dans les médias, on s’est moqué de la reprise économique allemande comme d’un conte de fée. Cette année sera certes un record en termes d’exportations des automobiles allemandes, mais les ventes au sein même du pays vont reculer de 30% pour cette année. La fragilité de la reprise est notamment illustrée par l’utilisation de la capacité de production de l’économie allemande, qui se situe sous les 80% alors que la moyenne était précédemment de 84%. De plus, aucune certitude n’existe quant à la durée de cette reprise économique. Nous devons regarder tous ces chiffres avec beaucoup de prudence. Par exemple, selon les chiffres, le pays qui a connu la plus forte progression de sa production industrielle est Singapour (+64% en une année), mais ce n’est que le reflet de l’ampleur de la chute connue l’année d’avant! Aucun commentateur bourgeois n’a en fait de réelle confiance dans le système. Le dernier rapport du FMI a d’ailleurs revu à la baisse ses prévisions économiques.

    Le mieux auquel s’attendre, c’est une stagnation avec un chômage de masse. Mais nous nous dirigeons vers une nouvelle récession, et très probablement vers une nouvelle crise bancaire. Les Etats réinterviendront encore avec l’argent de la collectivité (comme ils l’ont déjà fait), mais une nouvelle crise bancaire combinée à une récession aurait un grand effet. Le résultat serait une nouvelle dégradation importante du niveau de vie des masses, mais l’impact politique serait également énorme. Ce serait une défaite gigantesque pour la classe capitaliste et cela provoquerait une remise en question encore plus grande du système capitaliste, avec la recherche d’une alternative.

    La dette publique a remplacé la crise des dettes financières. Mais quelle classe sociale est responsable de cette dette publique? D’un pays à l’autre, les conditions sont différentes, mais c’est généralement une conséquence du renflouement des banques. C’est encore une conséquence du fait que l’Etat a dû garantir la faillite financière et immobilière. Nous devons expliquer que la crise n’est pas provoquée par les pensionnés grecs ou par les travailleurs des services publics. Il y a 3 ans, en 2007, tous les Etats avaient un déficit d’à peine plus de 1%. Depuis lors, la moyenne est montée de 1.7% à plus de 8%, malgré l’absence d’augmentation des pensions par exemple.

    Les plans d’austérité vont encore aggraver les conséquences de la crise. Les keynésiens classiques ont raison de dire que le problème fondamental, c’est la demande insuffisante. Le prix Nobel d’économie Paul Krugman a raison d’affirmer que les capitalistes sont repartis vers la politique de Hoover en 1929: liquider les acquis des travailleurs. Il a aussi raison quand il indique que les politiques actuelles vont poser les bases d’une seconde crise, beaucoup plus profonde.

    En cas d’augmentation des dépenses publiques: qui va payer ? Si on fait payer les bourgeois, ils vont se retirer et arrêter d’investir. L’idée générale est de s’en prendre aux travailleurs et à leurs familles, mais il faut s’attendre à ce qu’un tsunami de résistance accompagne le tsunami d’austérité. De plus, malgré toutes les coupes, les déficits des budgets des Etats seront encore plus profonds à la fin de l’année qu’au début et les milliards retirés de l’économie par les plans d’austérité vont peser sur elle. La Chine est le seul pays à avoir connu une bonne reprise sur base des investissements d’Etat, mais cette reprise se place dans le contexte d’une grosse surchauffe de l’économie.

    Remontée de la lutte des classes

    Quant aux travailleurs, l’impact de la crise les frappe de plein fouet. Ceux qui retrouvent un emploi après l’avoir perdu connaissent des conditions de travail bien pires. En Grèce, la possibilité d’un effondrement complet des conditions de travail n’est pas à exclure. En Espagne, 90% des emplois disparus concernaient les couches de travailleurs précaires, mais une bonne partie de la population connait ces conditions. Tous les regards se portent vers le sud de l’Europe, et l’atmosphère combative qui y existe est inspirante. En Angleterre, certains Tories (les conservateurs) ont même été jusqu’à dire qu’ils allaient faire des manifestations contre leur propre gouvernement suite à l’annonce d’attaques contre les budgets des écoles! Tout a été utilisé pour décrédibiliser le mouvement qui se développe en Grèce. Mais toute cette propagande capitaliste a ses limites. Jusqu’ici, les capitalistes se basaient beaucoup sur l’idée que les richesses se répartiraient, que ‘‘demain sera meilleur’’. Cette idée est en train d’être réduite en morceaux.

    Aujourd’hui, les protestations se généralisent. Grèce, Portugal, Espagne, France,… les luttes se développent, mais les directions syndicales jouent un rôle de frein. Lors d’une grande manifestation à Bologne, en Italie, le dirigeant syndical local a notamment dit "personne ne remet en cause qu’il doit y avoir des coupes budgétaires, mais il faut les faire autrement". Avec des dirigeants pareils, on n’est pas encore sortis de l’auberge. Quand Rosa Luxembourg décrivait le rôle des dirigeants sociaux-démocrates durant la première guerre mondiale, elle était particulièrement virulente. Mais que dirait-elle aujourd’hui? L’attitude des dirigeants syndicaux actuels est de compliquer la situation. En Belgique, cela a laissé une certaine ouverture pour approfondir la crise communautaire et aux USA cela s’exprime avec le Tea Party. En Hongrie et en Grèce, l’extrême-droite se renforce. Des questions comme l’immigration commencent à devenir des questions clés, auxquelles nous devons apporter une attention toute particulière.

    Le mouvement de résistance ne se développe pas partout de la même manière. En Grande-Bretagne par exemple, les mesures mises en avant par le gouvernement actuel sont les plus dures depuis 1922, ce qui avait jeté les bases pour la grande grève générale de 1926. Nous en sommes encore loin aujourd’hui. Le niveau de conscience des masses a fortement chuté depuis la chute du mur. Avant, une grève générale posait très rapidement la question du pouvoir et de la confrontation avec l’Etat capitaliste. D’une certaine manière, toutes les grèves générales font cela. Mais l’absence actuelle d’un facteur subjectif de masse, même sous la forme d’un parti réformiste très confus, complique les choses.

    Le capitalisme est incapable de résoudre les problèmes qu’il engendre. Il connaît sa plus grande crise, mais la conscience des masses n’est pas à la hauteur de la situation. Cela ne signifie toutefois pas dire qu’on ne peut pas vaincre la bourgeoisie, comme en France, en 1995, quand le premier ministre Alain Juppé avait connu une défaite avec son ‘‘plan Juppé’’.

    Nouveaux partis des travailleurs, ouverture pour les idées socialistes

    Un des points cruciaux pour reconstruire la conscience des masses est la création et le développement de nouvelles formations politiques larges capables d’orienter des couches larges de la population dans les luttes afin qu’elles puissent apprendre de leur expérience pratique de lutte. Mais il existe le danger de l’électoralisme. Le point le plus important est de maintenir une orientation claire vers les entreprises et le monde du travail. Ces nouvelles forces peuvent se développer très vite, mais également s’effondrer très vite, comme l’illustre l’exemple de Rifondazione Comunista en Italie. Cette formation avait un grand potentiel, qui a beaucoup souffert de sa participation au gouvernement capitaliste de Prodi ainsi qu’à des coalitions locales. Aujourd’hui, l’état général de l’opposition est tel qu’il n’est pas impossible que Berlusconi remporte d’autres victoires malgré les scandales, les conséquences de la crise économique, les attaques contre les travailleurs,…

    L’espace laissé vacant par le mouvement ouvrier se rempli d’autre chose, et nous avons eu différents exemples dans plusieurs pays. Nous pouvons comprendre ces développements au vu de la pourriture des anciens dirigeants politiques. En Italie, il y a le Mouvement Violet. Vu la chute du PRC, il est quasiment inévitable de voir même des couches syndicales développer un état d’esprit antiparti et antipolitique. On peut également voir se développer des tendances au terrorisme, comme en Grèce où l’on assiste à des attentats contre des commissariats ou des banques. L’absence de formulation d’une riposte face à la crise par les directions syndicales est à dénoncer dans ces actes. Les camarades grecs ont ainsi parlé de dirigeants syndicaux qui appelaient à faire grève, mais qui étaient incapable de participer aux actions car les travailleurs les attaquaient dès qu’ils les voyaient pour leur mollesse.

    Pour l’instant, ce sont surtout les organisations d’extrême droite ou populistes de droite qui connaissent une petite poussée. Même si des organisations de gauches de masses existaient, avec le racisme latent dans la société, ces organisations auraient de toute façon connu une poussée dans un premier temps. La question nationale refait également son apparition (Ecosse, Belgique, Pays Basque,…)

    Les choses ne se développent pas qu’en Europe. Au Moyen-Orient, face à la corruption des régimes en place, de plus en plus de travailleurs sont ouverts à nos idées. En Russie, une opposition se développe contre Poutine. Au Kazakhstan également, avec une petite organisation, nous avons pu lancer une organisation ouvrière de masse, Kazakhstan 2012. En Chine, de gigantesques usines existent, avec des conditions de travail véritablement horribles. Des filets ont par exemple été fixés sous les fenêtres d’une usine Foxconn où 12 travailleurs se sont suicidés cette année. L’Etat est bien conscient du problème et essaye de créer de nouveaux syndicats "patronaux", pour tenter d’étouffer la contestation. Mais les grèves continuent de se développer.

    Dans toute une série de pays, de grands mouvements ont déjà pris place. Plusieurs syndicats ont déjà appelé à une grève générale en septembre. Dans d’autres pays, on parle surtout de manifestation ou de journée d’action (de la part des directions syndicales), d’où l’importance de la manifestation du 29 septembre à l’appel de la Confédération Européenne des Syndicats. Il est important de voir comment nous allons intervenir dans ces évènements et comment cadrer cela dans les évènements qui forment la conscience et la combativité de la classe ouvrière. Nous ne devons pas seulement intervenir pour construire le mouvement mais aussi pour voir quel élément mettre en avant et pourquoi. Il est important de comprendre que les attaques antisociales peuvent provoquer différents types de réactions à différents moments.

    Cette crise économique et sociale a aussi son impact politique avec la chute du soutien des partis au pouvoir en Allemagne, en France, en Italie ou même au Japon. La semaine dernière, des élections se sont déroulées pour le parlement japonais. Le premier ministre, élu depuis juillet seulement, a reçu une raclée électorale de grande ampleur, parce qu’il a commencé à parler d’assainissements et du doublement d’une taxe. Quant aux conservateurs britanniques, ils avaient banni le terme "austérité" de leur vocabulaire pendant la campagne, mais ce n’était qu’une opération de communication. Dans différents pays, il y a de grands changements d’état d’esprit très rapide, et une des conséquences de ce processus est que cela mine le soutien des gouvernements en place. Du point de vue des mouvements futurs, l’intervention des camarades de Chypre était intéressante, avec un gouvernement de centre-gauche qui essaye de prendre des mesures également contre les riches, mais qui est de suite bloqué au Parlement. Ce qui est encore possible, ce sont des gouvernements élus sur base de populisme,… mais qui peuvent provoquer des mouvements sociaux importants. C’est entre autres le cas de la Grèce, où le gouvernement est en place depuis 9 mois seulement, élu sur base du moindre mal et de la promesse de ne pas appliquer l’austérité, et a suscité des mouvements sociaux de grande ampleur.

    Ce que le capitalisme nous propose, c’est un monde où chacun est en lutte contre chacun. Notre tâche est de préparer la classe ouvrière pour prendre le pouvoir et s’émanciper. En ce sens, la moindre erreur théorique se paye très cher dans la pratique. Mais nous avons réussi à démontrer ce que nous sommes capables de faire. Dans une telle période, un petit groupe avec des idées claires et qui est enraciné dans les masses peut avoir un impact énorme. A la fin des années ’80, dans des circonstances spécifiques, nous avons pu diriger un mouvement de masse contre la Poll Tax en Angleterre, un mouvement qui a rassemblé 18 millions de personnes, et nous étions à l’époque quelques milliers dans le pays. Cette école d’été a pour vocation de nous préparer à cela. A travers son expérience de lutte, la classe ouvrière va arriver à la conclusion que la seule façon de sortir de ce système, c’est la voie vers le socialisme.

  • Gay Pride : 800.000 personnes à Paris contre l’homophobie

    Ce samedi 26 juin, les rues de la capitale accueillaient l’édition 2010 de la Gay Pride, dans une ambiance électrique et combative. Plus de 800.000 personnes ont ainsi défilé sous le drapeau arc-en-ciel ! Le mot d’ordre était clair : «Violences, discriminations, ASSEZ! Liberté et Egalité, partout et toujours.» Les principales revendications mises en avant cette année : le droit au mariage et à l’adoption, ainsi que la lutte contre la violence homophobe et les discriminations, revendications à la justesse cruellement illustrée le soir même : un homme s’est en effet fait poignardé.

    Par Pablo V. (Bruxelles)

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    Après 40 ans de Gay Pride, la lutte continue

    La fin des années ‘60 a été riche en luttes : mai 68, mobilisations anti-guerre, Printemps de Prague, mouvement noir,… C’est dans ce contexte de luttes que naissent les émeutes de Stonewall à New York, luttes qui symbolisent le début du mouvement LGBT.

    Par Julien (Bruxelles)

    A l’époque, les LGBT n’avaient légalement aucun droit et les descentes homophobes de flics étaient fréquentes. Le 28 juin 1969, un raid un peu plus violent que d’habitude au Stonewall va amener les LGBT à se mobiliser contre les attaques policières et les lois homophobes. En solidarité avec les mouvements afro-américains, des slogans comme ‘‘Gay Power’’ et ‘‘Gay is good’’ seront criés à chaque manifestation. Le Gay Liberation Front fut fondé par les militants LGBT de l’époque à New-York et s’étendra très vite au Canada, en Australie et dans beaucoup de pays européens. Très vite est née une collaboration pratique entre le GLF, les Blacks Panthers et les mouvements anti-guerre.

    Cette année, cela fera 40 ans que la première Gay Pride a été organisée à New-York. Le but était clairement de revendiquer des droits. Aujourd’hui, le milieu gay est beaucoup trop cher et beaucoup de LGBT en sont exclus. La Gay Pride est hélas essentiellement devenue l’opportunité de faire de l’argent et l’aspect revendicatif est de plus en plus mis de côté.

    (Petit) tour du monde de l’homophobie

    • 8 pays dans le monde exécutent des homosexuels.
    • L’homosexualité est punie par la loi dans une soixantaine de pays.
    • Aux Etats-Unis, les homosexuels sont exclus de l’armée. “Nous n’avons pas été en mesure d’empêcher le massacre de Srebrenica en Bosnie parce que l’armée était composée de soldats gays” se justifie un ancien commandant des forces de l’Otan.
    • Il est légal de licencier pour homosexualité dans 30 Etats américains.
    • Pour le numéro deux du Vatican, les multiples scandales de pédophilie qui secouent l’Eglise catholique sont liés à l’homosexualité et non au célibat des prêtres.
    • Dans les pays de l’Europe de l’Est, les Gay Pride sont violemment réprimées.

    A lire également:

    • DOSSIER: l’égalité reste à gagner!
    • DOSSIER: Histoire du mouvement LGBT – Les émeutes de Stonewall – 1969
    • Deux réfugiés LGBT agressés à Bruxelles
    • Répression des LGBT en Europe de l’EST
    • Les propos de Léonard font réagir le mouvement LGBT
    • Les droits des LGBT avant et maintenant
    • Luttons contre l’homophobie! – Interview d’une camarade brésilienne
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      A côté de chars publicitaires, se trouvaient de nombreuses associations LGBT telles que ACT UP, SOS homophobie,… mais aussi les syndicats (CGT, CFDT…), l’ensemble de l’opposition (NPA, PCF, Parti de Gauche, Europe Ecologie, PS,…), d’anciens militants du FHAR (le front homosexuel d’action révolutionnaire), ainsi qu’une soixantaine d’associations diverses (sans-papiers, sportifs, policiers,…). La commission LGBT du PSL-LSP participait également à l’évènement, aux côtés de nos camarades français de la Gauche Révolutionnaire, courant du NPA.

      Pour beaucoup, c’était l’heure de faire le bilan du gouvernement Sarkozy. En effet, aucune promesse de campagne n’a été respectée au point que GayLib (mouvement pourtant associé à l’UMP) s’est attaqué frontalement au gouvernement («Assez de promesses, l’égalité maintenant!») Au niveau européen aussi, avec l’aide du PPE et du Saint Siège, la majorité présidentielle s’est singularisée dans son opposition virulente au projet de loi visant simplement à combattre les discriminations homophobes au sein de l’Union. Pourtant, il s’agit bien d’une urgence. Selon une étude menée par la Halde en 2006, 85% des homosexuels se disent victimes de discriminations voilées (dénigrement ou rejet), et 40% d’entre eux affirment subir des discriminations ouvertes (blagues, insultes, harcèlement, voire violences physiques), émanant, la plupart du temps, de collègues. Les coupes budgétaires et l’austérité que nous annonce Sarkozy ne devrait pas améliorer cette situation, bien au contraire.

      Un homme poignardé en pleine Gay Pride cette année !

      La Gay Pride battait son plein dans le quartier du Marais à Paris, lorsque, vers minuit, un homme d’une quarantaine d’année s’effondre. Il s’est fait poignarder. Au même moment, une fusillade éclate à San Francisco blessant 3 personnes (dont une grièvement) dans une attaque terroriste contre la Gay Pride californienne. Ces attaques homophobes montrent que si aujourd’hui, pour certains, affirmer son orientation sexuelle est devenu moins complexe que par le passé, pour les autres, cette même affirmation peut devenir synonyme de violence et d’oppression. Par ailleurs, on se rappelle tous des dernières Gay Pride en Europe de l’Est et en Russie, où les militants LGBT devaient à la fois esquiver les coups de matraque de la police et les cocktails molotov lancés par des fascistes et des extrémistes religieux. Pire encore, les homosexuels sont actuellement persécutés dans plus de 60 pays dans le monde (prison à vie, coups de fouet…) et sont encore condamnés à la peine de mort dans huit pays. Dans un tel contexte, on ne peut pas rester les bras croisés.

      Néanmoins, la violence homophobe n’est pas inéluctable !

      Il y a fort à parier, par ailleurs, que la crise qui fragilise les plus opprimés à travers la destruction d’emploi, des services publics et d’éducation aura des conséquences sur les LGBT. A l’inverse, la défense des droits sociaux, le partage du temps de travail pour travailler tous, la garantie d’un logement décent,… permettrait sans doute de briser cet engrenage de tensions au sein de la société, et d’en finir avec la logique du « diviser pour mieux régner » chère à Nicolas Sarkozy et autres PPE.

      C’est pourquoi nous devons nous organiser pour résister à la violence homophobe, tout en construisant un rapport de force avec les travailleurs pour changer la société. Si pour vous aussi, ne rien faire, c’est laisser faire, alors rejoignez le PSL et sa commission LGBT. Samedi, nous avons par exemple tenu un stand avec de nombreuses brochures sur l’histoire du mouvement LGBT, Stonewall, avec notre organisation sœur en France (la Gauche Révolutionnaire) lors de la Gay Pride parisienne. Une initiative encourageante des deux côtés de la frontière !

  • Pour l’indépendance réelle et pour le socialisme !

    50 ans d’indépendance formelle de la RD Congo, suka wapi (*) ?

    Ce 30 juin 2010, au regard du bilan de ces 50 ans ‘‘d’indépendance’’, on verra qu’il ne reste plus grand-chose de cette indépendance et que la grande fête du 30 juin 1960 n’aura que peu duré. Depuis lors, le Congo n’a connu que la dictature pro-impérialiste de Mobutu, les guerres, la souffrance et la misère. Pour une réelle indépendance et pour que les énormes richesses du pays reviennent à la population, une société socialiste est nécessaire.

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    République Démocratique du Congo

    Population en 2009 : 68.692.542 (6 fois la Belgique, autant qu’en France)

    Quelques dates :

    • 1885: Léopold II achète le Congo en tant que propriété personnelle, et s’enrichit par la vente de caoutchouc. Entre 1885 et 1908, au moins 5 millions de Congolais meurent des suites de l’exploitation et de la maladie
    • 30 juin 1960: le Congo obtient son indépendance, sous la Présidence de Kasavubu et avec Lumumba comme Premier Ministre. Lumumba est assassiné en 1961
    • 1965-1997: le Général Mobutu prend le pouvoir. En 1971, le Congo est rebaptisé Zaïre. En 1984, la fortune de Mobutu était estimée à 4 milliards de dollars
    • 18 mai 1997: Kabila entre dans Kinshasa avec ses troupes de l’AFDL
    • 1998: début de la guerre civile, lorsque le Rwanda et l’Ouganda se liguent contre Kabila
    • 2001: Kabila est assassiné lors d’une tentative de coup d’Etat, son fils prend le pouvoir à sa suite
    • 2006: Kabila Jr. remporte les élections

    Une indépendance arrachée de haute lutte

    ‘‘L’indépendance du Congo constitue l’aboutissement de l’œuvre conçue par le génie du Roi Léopold II’’ voilà ce que déclare le roi Baudouin à Léopoldville (Kinshasa) le 30 juin 1960, en affirmant que l’indépendance est le sommet de l’œuvre civilisatrice de la Belgique en Afrique. Un beau mensonge, destiné à justifier la colonisation afin de garder une mainmise ‘amicale’ (sic) sur le Congo et à préserver le prestige de la Belgique sur la scène internationale. La vérité, la voilà : l’indépendance du Congo a été acquise au prix de la lutte implacable du peuple congolais et au prix du sang de nombreux combattants de cette indépendance.

    Ainsi, le 4 janvier 1959, la foule de Léopoldville s’était attaquée aux symboles du colonialisme, police et armée en tête, après l’interdiction et la répression d’un meeting de l’ABAKO de Joseph Kasa-vubu(1), au prix d’une centaine de morts. Ce n’est qu’après cet événement que la Belgique s’est résolue à l’indépendance, en comprenant qu’elle était incapable d’assumer une lutte prolongée. Avant cette date, l’indépendance était inconcevable à court terme. Ainsi, le professeur Van Bilsen, de l’UCL, parlait alors d’une éventuelle indépendance du Congo par l’intermédiaire d’un plan étalé sur 30 années.

    Cette cérémonie du 30 juin à Kinshasa révèle trois choses. Premièrement, la Belgique ne compte nullement abandonner sa mainmise sur le Congo. Deuxièmement, le discours du président Kasa-Vubu montre que la plupart des élites congolaises est prête à vendre cette indépendance que le peuple a obtenue pour quelques privilèges personnels. Le président Kasa-Vubu remercie ainsi Baudouin pour avoir ‘‘aimé et protégé’’ la population du Congo. La troisième chose rétablit la vérité sur l’indépendance du Congo et est révélée dans le discours de Patrice Lumumba(2), qui affirme que ‘‘cette Indépendance (…) nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang.’’

    C’est de ce discours, où Lumumba salue les combattants de l’indépendance, ses ‘‘frères de lutte’’, dont nous nous souviendrons ce 30 juin 2010.

    Du colonialisme au néocolonialisme

    Comme l’a annoncé Baudouin, la Belgique ne compte pas abandonner ses ‘‘droits’’ sur le Congo et, plus spécifiquement, sur les richesses minières du pays. Quand il se rend compte que Lumumba, le premier ministre, veut vraiment faire profiter les richesses du pays aux Congolais, l’Etat belge décrète sa mise à mort ainsi que celle de son gouvernement nationaliste. Cela se concrétise tout d’abord par un soutien à la sécession du Katanga (où se trouvent la plupart des richesses minières et la puissante Union Minière) et à celle du Sud-Kasai (où se trouvent les ressources diamantifères) et ensuite par l’assassinat de Lumumba et le soutien au Coup d’Etat du général Mobutu.

    Le régime mobutiste est un régime de dictature et de terreur instauré avec le soutien de la Belgique et des Etats-Unis, à travers la CIA qui travaillait déjà avec Mobutu depuis plusieurs années. La formule qui dit que ‘‘contre des privilèges personnels, les élites congolaises sont prêtes à vendre leur pays aux intérêts occidentaux’’, se vérifie.

    Le régime de Mobutu est soutenu par les puissances occidentales afin de protéger les intérêts économiques occidentaux au Congo (devenu Zaïre en 1971) et pour être la plaque tournante de la CIA contre le ‘‘communisme’’ en Afrique. Ainsi, le Zaïre a par la suite été la base arrière de l’UNITA, qui luttait pour les intérêts occidentaux en Angola contre le Mouvement Populaire de Libération de l’Angola (MPLA) au pouvoir.

    Grâce à une aide occidentale considérable, le régime de Mobutu peut offrir quelques miettes à la population ; le niveau de vie s’améliore durant quelques années, avec des résultats corrects dans l’éducation par exemple. Mais cette relative et très brève période de réussite n’est due qu’au financement occidental et, quand les régimes occidentaux décident que Mobutu va trop loin et qu’ils le lâchent définitivement après la chute du mur de Berlin et la fin de la ‘‘nécessaire lutte contre le communisme’’, le régime s’effondre.

    Dépourvu du soutien occidental, le Zaïre de Mobutu sombre dans le chaos et la violence : Kengo wa Dondo, le chef du gouvernement du parti unique MPR (et actuel président du Sénat), ‘‘remet de l’ordre’’ dans les finances de l’Etat en pratiquant une politique néolibérale brutale, saccageant tous les acquis des travailleurs et de la population et allant même jusqu’à ne plus payer les fonctionnaires. Cette politique engendre une violence généralisée dans le pays et on assiste aux grands pillages opérés par les FAZ (l’armée officielle), qui n’avait plus touché leur salaire depuis longtemps.

    Cette période où l’impérialisme lâche Mobutu voit aussi l’organisation de la Conférence nationale souveraine (CNS) sensée opérer une transition démocratique pour le pays. On voit alors ‘‘l’opposant’’ de Mobutu, Etienne Tshisekedi (3) et son UDPS, monter en puissance pour finalement accepter de devenir premier ministre de Mobutu à plusieurs reprises. Cela illustre une fois de plus à quel point les élites congolaises sont prêtes à vendre leur pays pour quelques privilèges.

    La fin de Mobutu

    Extrait de l’édito de ce journal en juin 1997

    «Kabila a accompli ce que tous les pouvoirs impérialistes voulaient éviter à tout prix: prendre d’assaut Kinshasa. La position de Kabila est donc forte aujourd’hui. Ce qu’il va ensuite faire reste provisoirement une énigme. Les besoins sont immenses: emplois, salaires, soins de santé, enseignement, logement, transport et communications… L’objectif n’est pas seulement la reprise de l’économie et sa gestion dans l’intérêt des masses, mais aussi la reconstruction d’une économie totalement ruinée.’’

    «Cela ne peut se faire en ouvrant le pays à la dictature du marché et au capitalisme mondial. L’Alliance semble pourtant suivre cette voie: avant la prise du pouvoir, des accords d’exploitation ont déjà été signés avec des entreprises américaines et sud-africaines. Cela ne peut aboutir qu’à des zones franches dans les provinces disposant de richesses minérales où des journées de 16 heures de labeur avec des salaires de famine seront la norme.’’

    «Seul un gouvernement qui nationalise et planifie l’économie en faveur des masses peut offrir une solution. Les ouvriers et les paysans pauvres doivent être impliqués dans la mise sur pied et l’application d’un plan de reconstruction.’’

    «Le Congo devra évidemment faire du commerce avec le capitalisme mondial. Il sera donc soumis à une pression gigantesque. En restant indépendant de l’impérialisme et en mettant l’intérêt du peuple au centre de ses préoccupations, le Congo peut être un exemple pour tous les Africains et un pôle de solidarité internationale.’’
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    Les erreurs de Laurent-Désiré Kabila

    C’est dans ce contexte d’un Etat chancelant que démarre, en 1996, la guerre de l’AFDL, dont le porte-parole est Laurent-Désiré Kabila, qui tenait son maquis d’inspiration maoïste à Hewa Bora au Sud-Kivu depuis les années ’60. En réalité, derrière cet homme se trouvent les armées rwandaise et ougandaise, désireuses de profiter de la faiblesse du Zaïre pour piller les richesses de l’Est du pays (or, coltan, cassitérite, etc.) et pour traquer les génocidaires hutus de 1994 réfugiés au Zaïre. Vouloir ‘‘libérer’’ le pays avec des armées liées à l’impérialisme dans son dos, voilà la première erreur de Kabila.

    La population, qui veut en terminer avec le pouvoir chaotique de Mobutu, accueille favorablement les miliciens de l’AFDL jusqu’à Kinshasa, où le régime passe définitivement aux mains de Kabila le 17 mai 1997. Enfermé dans la théorie maoïste des deux étapes, et redevable envers ses ‘‘amis’’ rwandais, ougandais, angolais, zimbabwéens,… et occidentaux ; Kabila veut accueillir les ‘‘bons’’ capitalistes contre les ‘‘mauvais’’ qui avaient soutenu le régime mobutiste. Il octroie donc des concessions aux sociétés multinationales qui avaient financé la guerre de l’AFDL. Seconde erreur: impossible de libérer un pays du joug de l’impérialisme en l’accueillant à bras ouvert sur son sol ; impossible de développer un pays en permettant à des sociétés assoiffées de profits d’exploiter ses richesses. Un réel développement indépendant passe par la mise sous contrôle des travailleurs des entreprises pour que les richesses produites profitent à la population toute entière, que le développement s’effectue sur base nationale et pour éviter l’exportation des bénéfices vers l’étranger.

    Alors que les Congolais avaient accueilli l’AFDL à bras ouverts pour mettre fin au chaos mobutiste et à la dictature de parti unique du MPR ainsi qu’au ‘‘multi-mobutisme’’ instauré avec la CNS (celles-ci avaient permis la création de parti ‘d’opposition’, tous d’anciens mobutistes convertis à la démocratie comme Kengo, Tshisekedi, Karl-i-Bond, etc.), Kabila échoue à intégrer les masses dans un projet révolutionnaire. Les CPP (comités de pouvoir populaire) devaient, à la base, être le centre du pouvoir de Kabila, son instrument démocratique. Mais, au lieu de cela, les CPP jouent rapidement le rôle de courroie de transmission des ordres du haut vers le bas et non de réel pouvoir populaire. Rien d’étonnant : la lutte de Kabila était avant tout une lutte armée plus qu’un mouvement révolutionnaire populaire.

    Les caractéristiques principales d’une lutte armée sont de ne pas impliquer toutes les masses pauvres mais seulement les combattants ainsi que d’obéir à un système hiérarchique strict où la démocratie n’a pas place. C’est ce modèle qui s’applique désormais à l’ensemble de la société congolaise. C’est la troisième erreur fondamentale de Kabila et, lorsque les alliés rwandais et ougandais se sont retournés contre l’enfant turbulent Kabila, celui-ci n’a pu compter sur aucune base et s’est retrouvé seul, sans réel appui autre que celui de l’Angola jusqu’à son assassinat en 2001.

    Les parrains contre le filleul, le fils contre le gendre

    En 1998, Kabila s’émancipe trop de ses parrains, et ceux-ci décident de lancer une nouvelle guerre de ‘‘correction révolutionnaire’’ (sic). Ainsi nait le RCD, où se retrouvent pêle-mêle les anciens cadres de l’AFDL, des anciens FAZ, des membres de l’UDPS,… Bref, toute la clique pro-impérialiste du pays et tous les aventuriers prêts à gagner quelques privilèges contre services rendus à l’impérialisme. En réalité, les armées rwandaises et ougandaises ne tardent pas à se disputer la part du lion. Les troupes s’entretuent à Kisangani et l’Ouganda crée le MLC dirigé par Jean-Pierre Bemba, gendre de Mobutu. Le vieux Kabila assassiné, le fils prend la relève et, quelques millions de morts plus tard (on parle de 4 millions), on arrive aux accords signés à Sun City en 2002, qui prévoient un gouvernement commun Kabila-MLC-RCD et des élections en 2006. Cet accord a été rendu possible car les différentes parties étaient finalement d’accord sur l’essentiel depuis la mort de Kabila : satisfaire les occidentaux en accueillant les institutions financières internationales et répartir les postes de pouvoir. Quel cynisme ! Le fils de l’ancien président Kabila et le gendre de Mobutu (Jean-Pierre Bemba est également le fils de Jeannot Bemba Saolona, ancien président de l’ANEZA – association nationale des entreprises du Zaïre sous Mobutu, le patron des patrons), ensemble pour l’occident et les privilèges.

    Les élections donnent Kabila vainqueur et celui-ci réalise la politique voulue par l’impérialisme et les institutions financières internationales. Mais il n’y a aucun doute sur le fait que Jean-Pierre Bemba aurait réalisé le même programme, voire encore pire, lui qui est le fruit de l’union entre Mobutu et le patronat zaïrois.

    Un pays sous tutelle

    Aujourd’hui, à qui profitent les richesses du Congo ? Certainement pas à son peuple qui se voit accablé d’une pauvreté extrême. Dans des provinces comme l’Equateur ou le Bandundu, le taux de pauvreté atteint les 90%. Dans l’ensemble du pays, l’espérance de vie atteint péniblement les 54 ans et 1 million de personnes décèdent chaque année du SIDA. Et, en effet, le Congo n’a pas son avenir en main. En acceptant les plans des institutions financières internationales, Joseph Kabila leur a donné les clés de la maison. Aujourd’hui, par exemple, c’est un Canadien qui dirige la Gécamines, ancien fleuron de l’économie zaïroise et société nationale active au Katanga. Celui-ci a pour mission d’octroyer des concessions minières au plus offrant et c’est tout le capitalisme sauvage qui se retrouve au Katanga : du capitaliste belge Georges Forrest aux sociétés chinoises en passant par les multinationales venues d’Inde, du Canada, etc.

    Les programmes sociaux d’éducation, de santé,… sont inexistants. Les fonctionnaires ne reçoivent que rarement leur salaire, s’adonnant à la corruption pour survivre. Les infrastructures promises par Kabila dans ses ‘‘5 chantiers’’ sont invisibles. Rester dans le cadre du FMI ne pourra que faire perdurer cette situation : avec la dette immense laissée par Mobutu (pour construire des villas en Suisse, ce que les bailleurs savaient parfaitement), le Club de Paris – les grands créanciers des pays endettés – possède un moyen de pression extraordinaire pour pousser le régime congolais à libéraliser au maximum son économie, faisant ainsi place aux capitalistes qui pillent le pays. Cette question de la dette empêche également le Congo de toute capacité d’action puisque le budget de l’Etat s’en retrouve amoindri.

    Pour un Congo véritablement indépendant – Pour un Congo socialiste

    50ans après l’indépendance, nous voyons un pays sous tutelle des institutions financières internationales, un pays où la population ne voit pas un franc de ses richesses. En 2011 auront lieu les élections présidentielles et législatives et, quel que soit le vainqueur (Joseph Kabila, un opposant issu du PPRD, du MLC ou de l’UDPS), cet Etat des lieux de changera pas car tous ont la volonté d’être celui qui plaira le plus à l’impérialisme, tous sont prêts à vendre leur pays pour quelques privilèges. Au parlement, tous seront prêts à aller chercher leur enveloppe de dollars pour voter ‘‘comme il faut’’.

    La réappropriation du pays passe par la prise en mains de ses richesses par les travailleurs et le peuple tout entier et par la prise en mains par les paysans des grandes concessions octroyées aux amis de Mobutu.

    La résolution de la question agraire et la nationalisation des concessions minières, voilà ce qui permettra, grâce au profit immense qu’elles produisent, de dégager de l’argent pour construire les infrastructures nécessaires au développement du pays, pour investir dans l’éducation et dans la santé. Cette nationalisation doit être véritable et démocratique, c’est-à-dire entre les mains de ceux qui y travaillent et aux mains du peuple tout entier et non entre les mains de quelques dirigeants corrompus.

    Ce programme doit être réalisé en tenant compte des leçons enseignées par l’Histoire : ne faisons pas confiance aux élites prêtes à vendre le pays pour quelques privilèges ; ne nous allions pas avec des impérialistes, nos intérêts sont opposés ; ne nous allions pas avec des capitalistes, l’appropriation collectives des richesses est le seul gage d’une indépendance réelle ; impliquons les masses au maximum dans ce processus révolutionnaire, elles seules ont la force de résister aux agressions, elles seules peuvent éviter le pouvoir d’une élite corrompue ; la lutte commence au sein des travailleurs des villes par les grèves et les manifestations, la lutte armée n’est qu’un outil périphérique qui, utilisé seul, mène à la dictature.


    (*) Ça se termine où (quand) ?

    (1) L’ABAKO est l’Association des Bakongos, un parti régionaliste de la province du Bas-Congo dirigé par le président Kasa-vubu (1913-1969) qui représentait les positions pro-occidentales et soutenait la dictature de Mobutu.

    (2) Lumumba (1925-1961) était un chef de file du Mouvement national congolais (MNC) qui a remporté les élections en décembre 1959. Opposé à la déclaration d’Indépendance – parrainée par la Belgique – de la riche province du Katanga, il avait fait appel au soutien de l’Union soviétique. La radicalisation de Lumumba a donné lieu à son assassinat soutenu (ou organisé) par l’Occident.

    (3) Etienne Tshisekedi a toujours été un « opposant » au service de l’impérialisme. En 1965, il devient ministre de l’Intérieur sous Mobutu et participe, en 1967, à la rédaction de la nouvelle constitution de parti unique et au manifeste de Nsele qui fonde le MPR, Parti-Etat. Ce n’est qu’en 1982 qu’il fonde l’UDPS pour obtenir le pouvoir qu’il voulait partager avec Mobutu mais que celui-ci monopolisait. Lors de la transition ‘‘démocratique’’ et de la CNS, Tshisekedi sera plusieurs fois Premier Ministre de Mobutu comme demandé par les impérialistes qui voulaient le compromis entre ces deux hommes. Après la chute de Mobutu, l’UDPS a en permanence cherché des alliés contre Kabila. En 2006, l’UDPS soutient Jean-Pierre Bemba au second tour de la présidentielle après avoir boycotté l’élection.

  • DOSSIER: Capitalisme = barbarie. Pour une société socialiste !

    Le capitalisme est plongé dans une profonde crise systémique. De temps à autre, certains essaient de sauver la face en annonçant que la fin du tunnel est proche, mais c’est toujours pour ajouter très vite qu’il faudra quand même faire de sérieux efforts et des assainissements drastiques. En clair, cela signifie démanteler l’Etat-providence au cours des 5 à 10 années à venir. A la population de régler la facture de la crise qui nous a déjà coûté une longue liste de concessions salariales et horaires, de flexibilisation, d’attaques contre la sécurité sociale, les fins de carrière, les services publics, les soins de santé,…

    Dossier par Bart Vandersteene

    Remettre en cause le marché ‘libre’ ou en éviter simplement les excès?

    La chute du Mur en 1989 a inauguré le règne du dogme selon lequel le marché ‘libre’ était le meilleur système de création de richesses. On considérait comme une critique marginale de dire que cette génération de richesse était basée sur des bulles de savon spéculatives. Quant à l’écart grandissant entre pauvres et riches, tant au niveau mondial qu’en Occident, il ne devait s’agir que d’un grain de beauté destiné à disparaître avec le temps et la bonne gouvernance. La force soi-disant créatrice du marché ‘libre’ a engendré beaucoup d’illusions. Dans la pratique, elle s’est surtout révélée être une force destructrice.

    Pourtant, aujourd’hui, le marché ‘libre’ n’est pas fondamentalement remis en question. Bien au contraire, on essaie même de le sauver en disant qu’il faut seulement en éliminer les pires excès. Selon certains, il suffirait d’écrémer quelque peu les bonus des top-managers et de saupoudrer le marché d’un peu plus de régulation pour parvenir à dompter le capitalisme. L’absence d’une alternative socialiste suffisamment forte et clairement définie est aujourd’hui le plus grand obstacle au développement d’une lutte massive contre l’impact de la crise. Avec la chute du Mur, a été prédite la fin du socialisme en tant que modèle de société. Mais ce qui a disparu n’était toutefois qu’une caricature dictatoriale et non pas des modèles d’Etats socialistes.

    Le capitalisme conduit inévitablement à la crise. Avec leur salaire, les travailleurs sont incapables d’acheter la valeur qu’ils produisent collectivement, ce qui cause une tendance constante à la surproduction ou à la sous-consommation. Un tel problème peut être postposé un temps, en poussant grâce au crédit les travailleurs à déjà dépenser aujourd’hui leur salaire de demain. Mais un jour ou l’autre, la facture doit être payée.

    La faillite du système de marché ‘libre’ ne peut que stimuler la quête d’une alternative. Le marxisme va à nouveau trouver un soutien parmi les travailleurs et les jeunes à la recherche d’une solution à l’avenir sans issue qu’offre le capitalisme. Cela explique sans doute pourquoi l’ouvrage de Marx Le Capital est republié en néerlandais (ce qui n’était plus le cas depuis une trentaine d’années) ou le fait qu’un film (une comédie) se référant au révolutionnaire russe Léon Trotsky sorte au Canada. Dans de nombreux livres, textes et articles, on trouve à nouveau des références au socialisme et au marxisme.

    PS et SP.a: le capitalisme pour seul horizon

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    Cherchez l’erreur : le socialisme selon…

    • Dictionnaire Van Dale: ordre socio-économique dans lequel il n’y a plus de contradictions de classes.
    • Woorden.org: système économique dans lequel les moyens de production n’appartiennent pas à des particuliers et où les revenus de ces moyens de production bénéficient autant que possible à toute la population.
    • Larousse: Théorie visant à transformer l’organisation sociale dans un but de justice entre les hommes sur le plan du travail, de la rétribution, de l’éducation, du logement, etc.
    • Caroline Gennez (présidente du SP.a): le socialisme est une forme évoluée du libéralisme (mai 2009).

    Les quatre premiers articles de la Charte de Quaregnon:

    1. Les richesses, en général, et spécialement les moyens de production, sont ou des agents naturels ou le fruit du travail – manuel et cérébral – des générations antérieures, aussi bien que de la génération actuelle ; elles doivent, par conséquent, être considérées comme le patrimoine commun de l’humanité.

    2. Le droit à la jouissance de ce patrimoine, par des individus ou par des groupes, ne peut avoir d’autre fondement que l’utilité sociale, et d’autre but que d’assurer à tout être humain la plus grande somme possible de liberté et de bien-être.

    3. La réalisation de cet idéal est incompatible avec le maintien du régime capitaliste qui divise la société en deux classes nécessairement antagonistes : l’une, qui peut jouir de la propriété, sans travail, l’autre, obligée d’abandonner une part de son produit à la classe possédante.

    4.Les travailleurs ne peuvent attendre leur complet affranchissement que de la suppression des classes et d’une transformation radicale de la société actuelle. Cette transformation ne sera pas seulement favorable au prolétariat, mais à l’humanité toute entière; néanmoins, comme elle est contraire aux intérêts immédiats de la classe possédante, l’émancipation des travailleurs sera essentiellement l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.

    Le fait n’est pas neuf, les sociaux-démocrates ne remettent plus en question le capitalisme, ils considèrent le marché ‘libre’ et la propriété privée des moyens de production comme des lois naturelles, à l’instar de la gravité. Bruno Tobback, le chef du groupe parlementaire du SP.a à la Chambre ne laisse planer aucun doute à ce sujet. Il a ainsi répondu dans une interview que remettre en question le marché ‘libre’, c’était comme remettre en question le fait d’avoir des relations sexuelles…

    Commentant cette situation, le journaliste Franck Albers a écrit dans le Knack (du 17 février 2010): ‘‘Evidement, le SP.a a d’autres accents que les capitalistes de Voka (une référence vers les extrémistes patronaux de la fédération patronale flamande, ndlr). L’un veut un peu plus de redistribution par l’Etat, l’autre veut un peu plus de ‘libre marché’. Le système en Europe fait yoyo entre ces deux pôles depuis déjà plus d’un demi-siècle. Mais peut-être faut-il des remèdes plus radicaux pour une solution fondamentale et orientée sur l’avenir.’’

    Même si le PS essaie de travailler son image à gauche, bien plus que le SP.a, et si Elio Di Rupo est fier de prétendre que le PS est le plus à gauche de tous les sociaux-démocrates en Europe, il se garde bien lui aussi de remettre en question le ‘libre’ marché: ‘‘les socialistes d’aujourd’hui acceptent le libre marché. Ils le voient comme un facteur dans les relations, les échanges, le progrès et le bien-être de l’individu et du collectif. Ils le voient comme un moyen de satisfaire un grand nombre de besoins.’’ (Être Socialiste Aujourd’hui, 2009). Le PS peut bien se raccrocher de temps en temps à des slogans comme ‘‘Le capitalisme nuit gravement à la santé’’ (de la FGTB wallonne), ce n’est qu’une question d’image.

    Nous pensons qu’il n’est pas possible d’éliminer les pires conséquences du capitalisme en restant dans ce système. La maximalisation des profits est un élément central, véritablement au cœur de la bête, auquel le reste n’est que subordonné. Nous assistons aujourd’hui à une spéculation contre la montagne de dettes grecques, les spéculateurs poussent la Grèce au bord de la faillite. De façon identique, la crise alimentaire de 2008 était une conséquence de la rétention de stocks de blé ou de riz par les spéculateurs, qui comptaient sur l’augmentation conséquente des prix. Des multinationales exploitent aujourd’hui des maisons de repos et même des prisons et elles n’ont aucune honte à expliquer, chiffres à l’appui, comment l’Etat peut servir de vache à lait, au mépris des conséquences sociales.

    Tout se réduit à la notion de marchandise, tant les relations humaines que le corps humain ou encore la nature. La crise environnementale crée même de nouvelles ‘‘opportunités’’ avec le commerce des droits d’émission et la commercialisation des labels ‘‘écologiques’’. Le sommet de Copenhague s’est ainsi déroulé sous les slogans hypocrites et opportunistes de Coca-Cola, Mc Donald, Carlsberg, Siemens,… De leur côté, la recherche scientifique et la justice sont ‘‘influencées’’ pour aboutir à des conclusions ‘‘correctes’’. Cette société dégouline de la pourriture du capitalisme par tous les pores.

    Le marché ‘libre’ n’est rien de plus et rien de moins que la dictature de la maximalisation des profits. On n’impose pas de règles à ce système, on l’élimine.

    Que signifie le socialisme?

    ‘‘La tâche historique de notre époque consiste à remplacer le jeu déchaîné du marché par un plan raisonnable, à discipliner les forces productives, à les contraindre d’agir avec harmonie, en servant docilement les besoins de l’homme. C’est seulement sur cette nouvelle base sociale que l’homme pourra redresser son dos fatigué et – non seulement des élus – mais chacun et chacune, devenir un citoyen ayant plein pouvoir dans le domaine de la pensée.’’ (Leon Trotsky, En défense d’Octobre, 1932)

    Nationalisation du secteur financier

    L’an dernier, plusieurs Etats ont été obligés de prendre le secteur bancaire dans leurs mains, partiellement ou entièrement. De là est née l’expression de “socialisme pour les riches”: les profits éventuels sont réservés aux grands actionnaires tandis que les pertes sont prises en charge par le gouvernement (et donc la collectivité).

    D’anciens apôtres du marché ‘libre’ en sont arrivés, avec une gêne sincère, à la conclusion que ce système n’est quand même peut-être pas l’idéal, comme Paul De Grauwe: ‘‘La théorie était que les banquiers savaient mieux que le gouvernement ce qui était bon pour eux et pour nous, et que le système avait assez de qualités autorégulatrices. Les faits nous ont démontré à quel point cette théorie était incorrecte.’’ (De Standaard, 26 janvier 2010)

    On cherche actuellement de nouvelles règles pour le secteur bancaire, mais de nombreux commentateurs crient déjà depuis des mois que rien n’a changé depuis le début de la crise, que les produits et mécanismes responsables de la chute du secteur financier il y a deux ans sont à nouveau utilisés à plein régime. Ce n’est aucunement une surprise. Obama a par exemple nommé les top-managers de la banque Goldman Sachs à son cabinet des Finances. Goldman Sachs était d’ailleurs un des plus grands bailleurs de fonds de la campagne électorale d’Obama. Les politiciens traditionnels ne sont pas grand-chose d’autre que des marionnettes aux mains des décideurs économiques. Ils sont d’ailleurs richement récompensés par la suite avec des postes lucratifs dans les conseils d’administration: Dehaene chez Inbev et Dexia, Willy Claes chez Carrefour,…

    Le secteur financier doit être retiré des mains de ces charognards. Seul un secteur financier aux mains de la collectivité sous le contrôle des travailleurs et des usagers peut garantir que ce secteur remplisse ses tâches essentielles.

    Pour une économie nationalisée et planifiée

    Affiche du PSL pour les élections de 2009

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    Ce qui vaut pour le secteur bancaire vaut également ailleurs. Tant que les différents secteurs de l’économie restent aux mains d’une petite minorité de grands capitalistes, ils resteront bloqués dans la logique du système selon laquelle les profits sont prioritaires sur toute autre considération.

    ‘‘Le marché libre est un grand mensonge. Il n’existe d’ailleurs pas. La confusion entre libre marché et liberté humaine est dangereuse. (…) Cette crise confirme que le monde repose sur sa tête, les pieds en l’air et la tête en bas. Ce qui doit être puni est récompensé et vice versa. La spéculation est récompensée et le travail est puni. Aujourd’hui, le système est démasqué, c’est un système basé sur la privatisation des profits et la socialisation des pertes.’’ (Eduardo Galeano, Mo-magazine, 27 mai 2009)

    Dans une société socialiste, les usines, les machines et les terrains des secteurs clés seraient propriété publique afin qu’ils soient au service de la satisfaction des besoins de la population.

    Pour une société démocratique et socialiste

    Une économie socialiste doit être une économie planifiée. C’est la seule option permettant que la technologie, les forces de travail, la science et les matières premières soient utilisées de manière efficace et durable pour la satisfaction des besoins humains.

    Toute la société doit être activement impliquée dans l’élaboration d’un tel plan et dans les décisions sur la façon de produire. Des réunions locales pourraient élire des représentants mandatés à participer aux discussions et décisions au niveau régional, national et même international. Ces élus devraient systématiquement rendre des comptes à leur base et être révocables à tout moment. La motivation d’un élu ne pouvant jamais être basée sur des privilèges, les représentants ne pourraient pas gagner plus que le salaire moyen d’un travailleur.

    Pour permettre à chacun de participer à la gestion de la société, le temps de travail doit être drastiquement réduit, mais cela est parfaitement possible si on stoppe toute production inutile et si la production est orientée vers des produits durables et non des produits jetables propres à la société capitaliste. La répartition du temps de travail en impliquant les centaines de millions de chômeurs actuels aurait aussi un impact important pour diminuer le temps de travail de chacun.

    Enfin, seule une économie socialiste où la richesse et les investissements sont gérés collectivement est apte à garantir le développement de méthodes de production qui préservent notre environnement. Pour notre avenir, le socialisme est la seule option.


    Les 125 ans du Parti Ouvrier Belge – Les 120 ans du premier mai

    Le 5 et le 6 avril, nous avons fêté le 125e anniversaire de la fondation du Parti Ouvrier Belge (le prédécesseur du PS et du SP.a). La mise sur pied d’un parti ouvrier en 1885 a constitué un important pas en avant pour le mouvement ouvrier de notre pays. Avant cela, les travailleurs comptaient sur les libéraux de gauche présents au Parlement. Mais une telle approche ne faisait notamment pas progresser la lutte pour le suffrage universel. Avec la mobilisation des masses et la constitution d’un parti ouvrier indépendant de la bourgeoisie, une arme plus forte a été forgée.

    Le POB a été fondé par une centaine de personnes représentant pas moins de 59 associations, dont des mutuelles, des syndicats, des groupes politiques, des groupes de lecteurs et des coopératives. Dès le début, il y a eu beaucoup de confusion. Les coopératives ont toujours plus déterminé les positions politiques du parti et cela a plusieurs fois signifié d’éviter tout élargissement conséquent de la lutte.

    La lutte pour le suffrage universel (pour les hommes…) a été menée grâce à la grande pression de la base du parti et contre la grande peur qu’éprouvait la bourgeoisie face à la croissance du POB. Dans ce contexte s’est tenu en 1894 un congrès idéologique qui a adopté la Charte de Quaregnon (voir ci-contre). En comparaison, et même si un certain nombre de faiblesses étaient présentes, les programmes actuels du PS et du SP.a font pâle figure.

    Le POB ne remettait pas suffisamment conséquemment en cause le capitalisme, mais c’était là un outil de taille à disposition des travailleurs afin qu’ils puissent lutter pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. C’est cette lutte qui a donné d’importantes victoires, comme la journée des huit heures.

    Ce combat pour la journée des huit heures est inséparablement lié au Premier mai. Il y a 120 ans, le premier mai était la première journée d’action internationale pour les huit heures. Dès 1890, après des actions antérieures qui se sont déroulées aux Etats-Unis, des grèves ont eu lieu partout le premier mai, souvent réprimées. En Belgique aussi, des travailleurs ont été tués parce qu’ils militaient le Premier mai.

    Aujourd’hui, il n’y a plus de grand parti ouvrier – le PS et le SP.a sont devenus des partis vides où seule compte la politique gouvernementale néolibérale – et cela a dans beaucoup de cas vidé les commémorations du Premier mai de son essence combattive. Au même moment, le principe de la journée des huit heures subit des attaques de toutes parts.

    En vue des attaques à venir contre nos salaires, nos pensions, les soins de santé, l’enseignement,… nous allons devoir renouer avec ces traditions établies il y a de cela 125 et 120 années. Nous avons besoin de notre propre parti des travailleurs de masse et nous allons devoir lutter, internationalement, pour défendre nos intérêts! Cela constitue une part de la lutte pour une alternative socialiste contre la barbarie capitaliste.

  • Lesbiennes, gays, bis, trans, hétéros – Défendons la liberté de choix de l’orientation sexuelle!

    En mars dernier, deux jeunes réfugiés, Yahia et Ramzi, ont été victimes d’une agression homophobe violente dans le métro bruxellois. Les deux jeunes hommes avaient déjà fui leurs pays d’origine – la Palestine et l’Algérie – pour échapper aux persécutions homophobes. Cette agression n’est que la partie émergée de l’iceberg. En effet, chaque jour, ce sont des milliers de LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transsexuels) qui su-bissent l’homophobie.

    Par Stéphane (Bruxelles)

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    Après 40 ans de Gay Pride, la lutte continue

    La fin des années ‘60 a été riche en luttes : mai 68, mobilisations anti-guerre, Printemps de Prague, mouvement noir,… C’est dans ce contexte de luttes que naissent les émeutes de Stonewall à New York, luttes qui symbolisent le début du mouvement LGBT.

    Par Julien (Bruxelles)

    A l’époque, les LGBT n’avaient légalement aucun droit et les descentes homophobes de flics étaient fréquentes. Le 28 juin 1969, un raid un peu plus violent que d’habitude au Stonewall va amener les LGBT à se mobiliser contre les attaques policières et les lois homophobes. En solidarité avec les mouvements afro-américains, des slogans comme ‘‘Gay Power’’ et ‘‘Gay is good’’ seront criés à chaque manifestation. Le Gay Liberation Front fut fondé par les militants LGBT de l’époque à New-York et s’étendra très vite au Canada, en Australie et dans beaucoup de pays européens. Très vite est née une collaboration pratique entre le GLF, les Blacks Panthers et les mouvements anti-guerre.

    Cette année, cela fera 40 ans que la première Gay Pride a été organisée à New-York. Le but était clairement de revendiquer des droits. En Belgique, la Gay Pride n’arrivera que bien plus tard puisque cette année, nous en sommes à la quinzième édition. Malheureusement, depuis qu’elle existe, la Gay Pride reçoit de moins en moins de subsides et doit de plus en plus faire appel au privé pour assurer son existence.

    Aujourd’hui, le milieu gay est beaucoup trop cher et beaucoup de LGBT en sont exclus. La Gay Pride est hélas essentiellement devenue l’opportunité de faire de l’argent et l’aspect revendicatif est de plus en plus mis de côté.

    (Petit) tour du monde de l’homophobie

    8 pays dans le monde exécutent des homosexuels.

    • L’homosexualité est punie par la loi dans une soixantaine de pays.
    • Aux Etats-Unis, les homosexuels sont exclus de l’armée. “Nous n’avons pas été en mesure d’empêcher le massacre de Srebrenica en Bosnie parce que l’armée était composée de soldats gays” se justifie un ancien commandant des forces de l’Otan.
    • Il est légal de licencier pour homosexualité dans 30 Etats américains.
    • Pour le numéro deux du Vatican, les multiples scandales de pédophilie qui secouent l’Eglise catholique sont liés à l’homosexualité et non au célibat des prêtres.
    • Dans les pays de l’Europe de l’Est, les Gay Pride sont violemment réprimées.

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    • Deux réfugiés agressés à Bruxelles : l’homophobie frappe dans le métro !
    • Répression des LGBT en Europe de l’EST
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      Pourtant, en Belgique, les homos ont les même droits que les hétéros (le mariage ainsi que le droit d’avoir des enfants) et l’homophobie est reconnue comme une discrimination punissable par la loi. Mais ce ne sont que des mots sur du papier! Dans la pratique, l’égalité entre hétéros et LGBT reste à gagner.

      Selon une enquête européenne, 80% des gays et lesbiennes de moins de 25 ans déclarent avoir été victimes de violences verbales et souvent physiques durant leur scolarité du fait de leur orientation sexuelle différente. De nombreux spécialistes s’accordent pour dire qu’un cours d’éducation sexuelle doit figurer au programme scolaire, incluant les différentes sexualités existantes (hétérosexuelles comme homosexuelles, bisexuelles et transsexuelles). Cet enseignement ne doit pas se résumer à une simple après-midi sur toute la scolarité d’un enfant mais doit être un cours à part entière donné par un professeur formé (et surtout pas homophobe!)

      Pareil apprentissage serait un fameux coup de main pour combattre l’homophobie en habituant tous les individus dès leur plus jeune âge à considérer toutes les sexualités et toutes les différences. Mais hélas, depuis plus de 20 ans maintenant, les gouvernements successifs se sont acharnés à étouffer l’enseignement, comme tous les services publics, d’ailleurs. Les enseignants ont de moins en moins de moyens pour assurer leurs tâches: bâtiments tombant en ruine, classes surpeuplées, quasi absence d’outils pédagogiques,…

      Un cours efficace et constructif d’éducation sexuelle ne peut être envisagé que dans le cadre d’un enseignement public de qualité, accessible à tous et totalement gratuit. C’est pourquoi nous revendiquons un refinancement de l’enseignement à hauteur de 7 % du PIB.

      Aux Etats-Unis, plus d’un jeune LGBT sur quatre qui fait son coming-out (qui rend son homosexualité publique) est victime de l’homophobie de ses parents et se voit obligé de quitter son foyer. On estime ainsi qu’entre 20 à 40 % des jeunes sans-abris américains sont des LGBT. En Europe, d’autres chiffres illustrent les difficultés d’être LGBT: 12,4 % des jeunes gays tentent de se suicider (contre 5,9 % des garçons hétéros) et 25 % des jeunes lesbiennes (contre 5,4 % des jeunes filles hétéros). La situation en Belgique est similaire à celle des Etats-Unis ou du reste de l’Europe.

      Jeunes et moins jeunes LGBT ont plus que jamais besoin de structures d’accueil qui les protègent des agressions homophobes qu’ils vivent au quotidien à la maison, à l’école, au travail ou encore en rue. Mais en matière de protection des personnes en danger (LGBT, femmes battues, petite enfance…), l’Etat ne fait quasiment rien. À l’heure actuelle, de tels centres d’accueil sont presque inexistants, très souvent payants et les listes d’attentes sont très longues. En d’autres mots, de nombreux LGBT ou femmes victimes de violences homophobes ou sexistes n’ont d’autre choix que de continuer à recevoir des coups ou alors de fuir du domicile, bien souvent pour la rue ou la prostitution. Un programme de services d’aide aux personnes victimes d’agressions en tout genre n’est pas à l’agenda du gouvernement, au contraire occupé à faire des coupes budgétaires abyssales dans tous les secteurs des services publics.

      C’est pourquoi nous revendiquons des services publics d’aides aux personnes en danger gratuits, de qualité et qui prennent en compte les problèmes réels rencontrés par toute la population, jeunes et moins jeunes, LGBT comme hétéros, hommes ou femmes.

      Cela fait maintenant plus de 30 ans que le SIDA fait des ravages aux quatre coins du monde et toujours pas de vaccin malgré les connaissances scientifiques actuelles et le travail acharné fourni par des milliers de chercheurs. Pourquoi? La recherche scientifique est de plus en plus entre les mains de grosses entreprises privées comme les grands groupes pharmaceutiques, par exemple, lesquels orientent principalement la recherche vers leur propre profit. Ainsi, GSK, le 2e groupe pharmaceutique mondial a réalisé un profit de presque 2 milliards d’euros rien que sur la vente du vaccin contre la grippe H1/N1. GSK finance de nombreux programmes de recherches dans le domaine de la santé.

      La recherche doit rester entre les mains des services publics et être entièrement orientée vers les besoins réels de la population afin de trouver au plus vite des vaccins contre le SIDA et toutes les autres MST.

      Combien de couples gays et lesbiennes ne sont pas victimes d’homophobie quand ils sont à la recherche d’un logement? Une grande part du logement est entre les mains du privé, qui décide de choisir le locataire ‘‘désiré’’. Combien aussi d’immigrés, de mères seules avec enfant(s) ou encore de chômeurs se voient refuser l’accès à un logement tout cela parce que des propriétaires peu scrupuleux ne se gênent pas pour éloigner les ‘‘mauvais payeurs’’?

      Nous revendiquons un plan massif de construction de logements sociaux de qualité, à des prix raisonnables et surtout avec un contrôle démocratique de la collectivité afin de contrer toute forme d’arbitraire.

      Toutes les mesures proposées ci-dessus visent à combattre sur le terrain l’homophobie et font partie intégrante du programme du PSL/LSP. LGBT, hétéros, femmes, immigrés, jeunes… on a tous à y gagner! Mais ce programme ne s’appliquera pas tout seul! C’est à nous de nous battre pour l’instaurer et participer à la construction d’une société basée sur les besoins réels de toute la population et non sur les profits d’une minorité qui, pour mieux asseoir son pouvoir économique et politique, joue pleinement sur la division des travailleurs selon leur sexe, leur couleur de peau ou encore selon leurs orientations sexuelles. Si toi aussi, tu veux renverser le système capitaliste et toutes ses conséquences telles que le sexisme, le racisme et l’homophobie, rejoins le PSL/LSP.

  • Histoire du mouvement LGBT – Les émeutes de Stonewall – 1969

    Pour fêter les 40 ans des évènements de Stonewall, autrement dit la naissance d’un mouvement gay international, le PSL publie un article de Lionel Wright paru originellement dans le magazine de notre organisation-sœur en Angleterre, Socialism Today. Partant des émeutes de Stonewall, cet article nous livre un portrait d’une brulante actualité sur la lutte des LGBT’s, de 1969 à nos jours.

    Dossier par Lionel Wright

    Un événement somme toute assez banal s’est déroulé il y a 40 ans, plus exactement le 27 juin 1969 à Greenwich Village, dans l’Etat de New York, un événement qui était arrivé des milliers de fois auparavant à travers les Etats-Unis au cours des décennies précédentes. Ce jour là, la police a fait un raid contre un bar gay.

    Dans un premier temps, tout s’est déroulé de manière bien réglée, selon un rituel consacré par l’usage. Sept inspecteurs en civil et un officier en uniforme sont entrés dans le bar. Directement, le personnel du bar a cessé de servir les boissons, diluées dans l’eau et excessivement chères, tandis que leurs patrons mafieux, en toute hâte, enlevaient les boîtes de cigare qui servaient de caisses enregistreuses. Les officiers ont exigé les papiers d’identité des clients et les ont ensuite escortés à l’extérieur, jetant certains dans les "paniers à salade" qui stationnaient dehors et poussant violemment d’autres hors du trottoir.

    Cependant, à un certain moment, les soi-disant contrevenants ont décidé de ne plus se laisser faire et ont commencé à résister. Le débat fait toujours rage : quel est l’incident réel qui a suscité l’émeute? Etait-ce une lesbienne habillée en homme qui a résisté à son arrestation, ou une "drag queen" qui s’est arrêtée dans l’embrasure de porte, face aux officiers, et a posé d’un air provoquant, en rameutant la foule ?

    Un vétéran des émeutes et activiste des droits des homosexuels, Craig Rodwell, raconte: "un certain nombre d’incidents se sont produits simultanément. Il n’y a pas eu UNE chose ou UNE personne en particulier, il y avait juste … un embrasement de groupe, une explosion de colère massive."

    La foule de clients éjectés a commencé à jeter des pièces de monnaie aux officiers, en moquerie par rapport au (tristement célèbre) système de récompenses au travers duquel des chefs de police extorquaient d’immenses sommes d’argent aux établissements gays et utilisaient le prétexte de la "morale publique" pour donner une vitrine régulière à leur racket. Bientôt, aux pièces de monnaie ont succédé des bouteilles, des pierres et d’autres objets. Les acclamations ont jailli à mesure que les prisonniers étaient relâchés. L’inspecteur principal de police Pine se rappelle plus tard " je me suis retrouvé à plusieurs reprises dans des situations de combat, mais je ne me souviens pas d’un moment où j’ai eu plus peur que cette fois-là. "

    Pine ordonna à ses subalternes de retourner dans le bar vide pour le saccager. Ils ont aussi brutalement tabassé un chanteur folk hétérosexuel qui avait eu le malheur d’entrer dans le bar à ce moment. À la fin de la soirée, un adolescent avait perdu deux doigts après avoir eu sa main coincée dans une porte de voiture. D’autres ont été hospitalisés après les assauts de la police et les coups de matraques. L’historien des émeutes, Martin Duberman, affirme que la police réservait aux jeunes hommes "féminisés" un "traitement spécial".

    L’inspecteur Pine et ses subordonnés ont presque été brûlés vifs lorsque quelqu’un a jeté un liquide inflammable par la porte du bar pour essayer d’y mettre le feu. Dans le même temps, un parcmètre couché sur le pavé a été utilisé comme bélier de fortune. La foule commença alors à crier "Pouvoir Gay!" Et comme la nouvelle se répandait à travers Greenwich Village, des centaines de gays et de lesbiennes, des noirs, des blancs, des Hispaniques, principalement travailleurs, ont convergé dans le quartier de Christopher Street, aux alentours du bar. La police était à présent plus nombreuse, ayant entretemps reçu le renfort de la Force de Patrouille Tactique (TPF), une équipe de répression des émeutes spécialement formée pour disperser les manifestants protestant contre la Guerre du Viêt-Nam.

    Duberman dépeint cette scène de deux douzaines de policiers anti-émeutes avançant vers Christopher Street, les bras liés à la manière des formations pratiquées par la légion romaine : "Les émeutiers reculèrent lentement dans leur évolution, mais – contrairement aux attentes de la police – ne se dispersèrent pas en courant à toutes jambes…des centaines de personnes… se rassemblèrent pour éviter les coups de matraque, firent le tour du bloc, se retrouvèrent derrière les policiers et les bombardèrent de débris de toutes sortes. Lorsque les flics réalisèrent qu’une foule considérable s’était simplement reformée dans leur dos, ils devinrent particulièrement susceptibles vis-à-vis de quiconque s’approcherait d’eux d’un peu trop près. "

    Mais les protestataires n’étaient pas effrayés. Le scénario se répéta plusieurs fois : la TPF dispersait la foule, seulement pour que celle-ci se reforme à nouveau derrière eux, hurlant des railleries, jetant des bouteilles et des briques, mettant le feu aux poubelles.

    Quand les flics manoeuvrèrent afin de changer complètement de direction, ils se retrouvèrent face à face avec leur pire cauchemar : une rangée de drag queens, les bras étreints, donnant des coups de talons à la manière de fusées aériennes prêtes à décoller, et chantant de leurs voix sardoniques :

    ‘We are the Stonewall girls, We wear our hair in curls, We wear no underwear, We show our pubic hair… We wear our dungarees, Above our nelly knees!’

    La traduction donne ceci: ‘Nous sommes les filles de Stonewall, Nous portons nos cheveux en boucles, Nous ne portons aucun sous-vêtement, Nous montrons nos poils pubiens… Nous portons notre bleu de travail, Au-dessus de nos genoux!’

    "C’était un contrepoids délicieux et plein d’humour et de dédain par rapport à la force brutale de la TPF." (Stonewall, Duberman, 1993). Le soir suivant, les manifestants sont revenus sur les lieux, leurs effectifs gonflés par des milliers d’autres. Des tracts étaient distribués, intitulés "La mafia et les flics hors des bars gay!" Les protestations et les perturbations ont continué avec une intensité variable pendant cinq jours.

    À la suite des émeutes, des discussions intenses ont eu lieu dans la communauté gay de la ville. Pendant la première semaine de juillet, un petit groupe de lesbiennes et de gays ont commencé à évoquer la fondation d’une nouvelle organisation appelée "Gay Liberation Front" (GLF), le Front de Libération Gay. Ce nom a consciemment été choisi en lien avec les luttes anti-impérialistes au Viêt-Nam et en Algérie. Les sections du GLF se sont attelées à organiser la solidarité avec les membres des Black Panthers arrêtés, ont récolté des fonds pour les travailleurs en grève et ont lié la lutte pour les droits des gays à la lutte pour le socialisme.

    Un magazine gay de New York a publié une édition spéciale sur les émeutes, tout en publiant un hommage au livre de John Reed sur la Révolution d’Octobre, "Dix jours qui ébranlèrent le monde". Durant les années suivantes, des lesbiennes et des gays ont mis sur pied un Front de Libération Gay ou un organisme semblable au Canada, en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

    Le mot Stonewall est partout entré dans le vocabulaire des lesbiennes, des gays, des bisexuels et des transgenres comme un symbole emblématique de la résistance de la communauté gay face à l’oppression, exigeant une égalité complète dans tous les domaines de la vie. Depuis les émeutes, ce nom a été adopté de nombreuses fois dans différents contextes liés à la question gay, des associations de défense de locataires jusqu’à des clubs de vacances pour gays. De même, un groupe de défense des droits des gays en Angleterre porte le nom de Stonewall, bien que sa stratégie – consistant uniquement à faire du lobbying et du marchandage auprès du gouvernement du New Labour – est loin de l’esprit militant et héroïque déployé par la résistance sur Christopher Street en juin 1969.

    Le GLF n’existe plus aujourd’hui, mais l’idée du "pouvoir Gay" est plus forte que jamais. En attendant, dans beaucoup de pays et de villes, le concept de la "Gay Pride" (littéralement : la fierté Gay) se développe sous la forme d’une marche annuelle.

    La génération actuelle de jeunes lesbiennes, de gays, de bisexuels et beaucoup d’activistes des droits des homosexuels d’aujourd’hui sont nés ou ont grandi après 1969. Et au cours des décennies qui nous séparent des ces événements, la politique aux Etats-Unis est passée à travers une période très différente. Entretemps, la signification réelle des émeutes a été éclipsée par une sorte de légende construite autour de Stonewall.

    Le développement de la contre-culture

    Pourquoi les événements de Stonewall se sont-ils produits à ce moment-là? Comment se fait-il que des actions initialement entreprises par moins de 200 personnes aient pu mener à une protestation aussi large, et donner un coup de fouet au mouvement gay?

    Dans son livre "Politique Sexuelle, Communautés Sexuelles", écrit en 1983, l’historien John D’Emilio a révélé la préhistoire de Stonewall. L’auteur décrit comment le processus d’industrialisation et d’urbanisation ainsi que le mouvement des ouvriers des plantations et des fermes familiales émigrant vers des emplois salariés dans les villes, a rendu plus facile, pour des Américains ayant des attirances pour le même sexe, d’explorer leur sexualité. Avant les années 1920, une contre-culture homosexuelle s’était cristallisée dans la Barbary Coast de San Francisco, le quartier français de la Nouvelle Orléans, ainsi que dans le quartier de Harlem à New York et à Greenwich Village.

    Il existe des preuves évidentes que des personnes ayant des orientations homosexuelles ont existé partout à travers l’histoire. Ce qui a varié considérablement est la vision que la société en avait, et comment les personnes que nous décrivons aujourd’hui comme des homosexuels et des lesbiennes se considéraient elles-mêmes aux différentes étapes de l’histoire.

    La signification du changement social décrit ci-dessus, et de l’apparition d’une contre-culture, consiste, pour le développement d’un mouvement en faveur des droits des homosexuels, en ce qu’un nombre croissant d’individus homosexuels étaient capables de sortir de l’isolement. Ils apprirent progressivement l’existence d’un grand nombre d’autres gays, et commencèrent à se sentir membres d’une communauté gay plus large.

    Dans la société en général, les pénalités pour l’homosexualité étaient sévères. Des lois d’Etat à travers le pays criminalisaient les actes sexuels avec des personnes du même sexe, tandis que de simples gestes de tendresse en public, comme par exemple deux hommes ou deux femmes se tenant les mains, pouvaient mener à l’arrestation. Même se déclarer gay ou lesbienne pouvait aboutir à l’envoi dans une clinique psychiatrique, sans la moindre audition.

    Au sein de cette contre-culture embryonnaire, il y avait moins d’espace pour les lesbiennes que pour les hommes gays, du fait que les femmes avaient généralement moins d’indépendance financière, et il était donc plus dur pour une femme de rompre avec les normes sociales et de s’épanouir dans une relation à caractère homosexuel. Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, tout ça changea. Les routines et les normes de temps de paix ayant été rompues, les gays des deux genres trouvèrent davantage d’occasions pour exprimer plus librement leur sexualité.

    Les femmes entrèrent massivement tant sur le marché du travail que dans les forces armées, et disposaient également d’un nouveau pouvoir d’achat, leur permettant entre autres d’explorer leur sexualité. Dans le film-documentaire "Before Stonewall", une ex-militaire lesbienne du nom de Johnnie Phelps relate comment elle fut un jour appelée avec une autre femme pour aller voir le Général-en-chef de son bataillon – qu’elle estimait "être gay à 97 %."

    Le Général Eisenhower – car c’était lui – lui expliqua qu’il voulait "fureter" les lesbiennes du bataillon, et lui ordonna de rédiger une liste à cette fin. Tant Phelps que l’autre femme informèrent poliment le Général qu’elles dresseraient volontiers une telle liste, à condition qu’il soit préparé à remplacer tous les employés de bureau chargés des classements des dossiers, les conducteurs, les commandants, etc, et que leurs noms seraient en haut de la liste! Eisenhower abandonna l’idée. Quelques années plus tard pourtant, pendant la chasse aux sorcières de McCarthy, Eisenhower, en tant que président américain, obtiendra sur son ordre des listes abondantes destinées à prendre des mesures contre des milliers de personnes soupçonnées d’être des communistes ou des "pervers sexuels."

    Répression accrue

    Avec le retour aux conditions de paix, les millions d’Américains qui avaient rencontré des gays et avaient eu des relations de ce type dans le cadre de leur service ou dans l’économie de guerre, virent cette ouverture temporaire au sein de la société américaine toucher à sa fin. La plupart des nouveaux lieux gays issus de la guerre fermèrent leurs portes, en même temps que les gens qui avaient fait leur service étaient démobilisés, et que la plupart des nouvelles venues sur le marché du travail retournèrent des usines vers le foyer.

    L’orthodoxie sexuelle avait subi des entorses majeures, et un âge sombre s’annonçait maintenant pour les homosexuels. Mais le génie de l’expérimentation gay et lesbienne était sorti de sa bouteille. Les choses ne pouvaient plus jamais être tout à fait comme avant. Un des effets de la guerre fut qu’un grand nombre de lesbiennes et de gays qui sortaient de leur service décidèrent de rester dans les villes portuaires afin de conserver un peu de liberté sexuelle, loin des pressions familiales et toute idée de mariage.

    A San Francisco en particulier, la population gay avait solidement augmenté, du fait que beaucoup de lesbiennes et de gays sortis de l’armée s’installaient dans cette ville. En l’espace d’une décennie, ce phénomène – combiné avec une politique moins répressive dans l’Etat de Californie envers les bars gay ainsi que d’autres facteurs, tels que la légitimité donnée à l’homosexualité au travers du mouvement littéraire des "Beats", avec des auteurs comme Jack Kerouac – contribua à faire de San Francisco la "capitale de l’homosexualité" aux Etats-Unis.

    Récemment, en Grande-Bretagne, nous avons vu, aussi bien avec des gouvernements travaillistes que conservateurs, tous deux soutenant le libre-marché, comment l’idéologie de la famille est utilisée comme pilier de soutien au système économique et social. Les attaques des deux partis sur les parents isolés en fournissent un exemple assez clair.

    Dans les Etats-Unis des années 1940 et 1950, la reconstruction de l’après-guerre et le tournant vers la consommation de masse, placés sous le sceau de la Guerre Froide, ont abouti à ce que les autorités promeuvent fortement la structure familiale traditionnelle. L’autre côté de la médaille était une répression accrue contre ceux qui sortaient du "cercle magique" du mariage, de la parenté et du ménage en s’engageant dans des relations homosexuelles.

    Les enquêtes du "House Un-American Activities Committee" ont abouti à ce que des milliers d’homosexuels perdent leurs emplois dans les départements gouvernementaux. L’interdiction d’engager des homosexuels au niveau fédéral est restée en vigueur jusqu’en 1975. D’Emilio a démontré la nature des attaques à l’encontre des homosexuels. Dans le district fédéral de Columbia seulement, il y eut 1.000 arrestations chaque année au début des années 1950. Dans tous les Etats, les journaux locaux publièrent les noms des personnes accusées d’homosexualité, avec pour conséquence le licenciement de nombreux travailleurs. Le service postal ouvrait le courrier des gays et des lesbiennes et transmettait les noms. Les universités tenaient des listes d’étudiants soupçonnés d’être gays.

    L’apparition des Droits pour les Homosexuels

    C’est contre cet environnement hostile que le mouvement en faveur des droits des homosexuels aux Etats-Unis est entré en action. En 1948, Harry Hay, un gay membre de longue date du Parti communiste américain, décida de fonder un groupe défendant les droits homosexuels. C’était le premier chapitre de ce que les gays de l’époque appelaient le mouvement "homophile".

    Comme tous les Partis Communistes dans le monde entier, le parti américain se revendiquait de l’héritage de la révolution russe. Une des premières mesures des Bolcheviks avait été d’en finir avec la criminalisation des gays. Mais dans les années 1930, la montée de la bureaucratie stalinienne s’est concrétisée par une reprise de la politique anti-gay, tant en Union soviétique que parmi les Partis Communistes mondiaux.

    Dans cette situation, déterminé à poursuivre son projet, Hay demanda d’être expulsé du PC. Etant donné son ancienneté, le parti déclina sa demande. Ensemble avec un petit groupe de collaborateurs incluant d’autres anciens membres du PC, Hay lança la "Société Mattachine" (SM) en 1950. Ce nom provient d’un groupe mystérieux de musiciens contestataires du Moyen-Âge, qui n’apparaissaient en public qu’avec des masques, et étaient probablement homosexuels.

    D’Emilio décrit le programme de la SM comme visant à l’unification des homosexuels isolés, à l’éducation des homosexuels pour qu’ils se conçoivent comme une minorité opprimée, et la construction d’une direction à leur lutte, en vue de leur propre émancipation. Hay appelait à une "culture homosexuelle éthique" et comparait cela aux cultures émergentes des peuples noirs, juifs et mexicains aux Etats-Unis. La Société Mattachine organisait des groupes de discussion locaux pour promouvoir ce programme "éthique". Ils soutenaient que "le stress émotionnel et la confusion mentale" parmi les gays et les lesbiennes étaient "socialement conditionnés."

    Malgré la dégénérescence stalinienne du PC, dans lequel Hay avait reçu deux décennies de formation politique, les fondateurs de la SM appliquaient clairement des méthodes marxistes afin de comprendre la position des gays et déterminer des perspectives et une voie pour aller de l’avant. Pour la structure de Mattachine, Hay utilisait les méthodes de clandestinité que le PC avait dû employer face aux attaques des autorités, mais qui se sont aussi développées dans le contexte des méthodes anti-démocratiques du stalinisme dans le mouvement ouvrier.

    Pour combattre la persécution à laquelle les gays faisaient face, la SM était basée sur un réseau de sections agencées sur cinq niveaux. Hay et les autres dirigeants faisaient partie du cinquième niveau, mais étaient inconnus des membres des premier et deuxième niveaux. Pendant trois ans, la SM développa efficacement son réseau de groupes de discussion. La croissance s’accéléra en 1952 après que la SM ait gagné une victoire célèbre contre la police, lorsque des accusations qui s’étaient abattues sur un des membres du groupe à Los Angeles furent abandonnées, suite à une campagne de tractage menée par une organisation de front appelée "le Comité de Citoyens pour l’Interdiction de la Persécution".

    Cependant, l’année suivante, suite à un article écrit par un journaliste McCarthiste à Los Angeles, le "cinquième niveau" décida d’organiser une "convention démocratique." Lorsque cet événement prit place, le groupe de Hay fut critiqué par des éléments conservateurs et anti-communistes, qui exigèrent que la SM prête serment de fidélité, ce qui était une tactique McCarthiste classique. La direction réussit à défaire toutes les résolutions de l’opposition, et la demande pour un serment de fidélité ne put obtenir une majorité.

    Néanmoins, Hay et ses camarades décidèrent de ne pas se présenter pour des positions au sein d’une organisation qu’ils avaient pourtant établie et construite. Cela permit aux conservateurs de prendre le contrôle sur le groupe. Beaucoup de ceux qui avaient soutenu les buts originels de l’organisation partirent dégoûtés, et il fallut deux ans pour pouvoir regagner de nouveaux militants. Si le groupe de Hay était resté actif, il aurait pu offrir un pôle d’attraction pour les militants gays et lesbiennes. Malheureusement, il n’en fut pas ainsi, et le mouvement fit un pas en arrière, perdant ainsi une décennie d’avancées.

    Tandis que les fondateurs de la Société Mattachine avaient préconisé une première version de la "Gay Pride" la nouvelle direction reflétait les préjugés sociaux répandus contre les homosexuels. Le nouveau président de la SM, Kenneth Burns, écrivit dans le journal de l’organisation : "Nous devons nous blâmer pour notre propre situation critique… Quand l’homosexuel se rendra-t-il compte que la réforme sociale, pour être efficace, doit être précédée par la réforme personnelle ?"

    La position de la nouvelle direction était que les gays ne pouvaient pas se battre pour des changements dans la société américaine, mais devaient s’appuyer sur des médecins "respectables", des psychiatres, etc, pour s’assigner les bonnes grâces des autorités, dans l’espoir d’un traitement plus favorable. Mais le problème était que la grande majorité de telles personnalités prétendaient que l’homosexualité était une maladie. Aussi incroyable que cela puisse paraître aux activistes gays actuels, des prétendus "experts" anti-gays étaient autorisés à écrire des articles dans les publications de la SM et à s’exprimer dans les meetings de l’organisation !

    Vers la fin de cette période, lorsqu’un professionnel nommé Albert Ellis affirma lors d’une conférence que "l’homosexuel exclusif est un psychopathe", quelqu’un dans l’audience s’écria : "Nimporte quel homosexuel qui viendrait chez vous pour un traitement, docteur Ellis, serait un psychopathe!"

    La montée de l’activisme gay

    Beaucoup de gays et de lesbiennes qui devaient encore "sortir de l’ombre" – c’est-à-dire s’identifier publiquement comme homosexuel – le firent au travers de la campagne pour les droits civils du mouvement noir, qui débuta dans les années 1950. Dans la décennie suivante, l’influence de la campagne pour les droits civils se fit sentir dans le mouvement gay. L’establishment opportuniste – au travers de gens comme Burns – était de plus en plus remis en question par une nouvelle génération de militants.

    Finalement, tant dans la Société Mattachine qu’au sein d’un groupe conservateur de lesbiennes appelé "Les Filles de Bilitis" (FB), la direction préféra dissoudre la structure nationale plutôt que de voir l’organisation tomber dans les mains de radicaux. Des individus et des sections de la SM et des FB continuèrent alors à se voir sur une base non-encadrée. Ca et là, des dirigeants militants parvinrent à gagner des majorités, souvent après des batailles colossales.

    Dans ce processus, une figure influente était l’astronome Frank Kameny, qui avait été viré d’un emploi gouvernemental dans le cadre des purges anti-gay. Après s’être battu sans succès contre sa victimisation dans les tribunaux, il conclut que le gouvernement américain "lui avait déclaré la guerre" et décida de devenir un militant pour les droits des homosexuels à plein temps. Kameny était répulsif quant à la vieille direction du mouvement homo, et à leur allégeance lâche envers l’establishment médical : "L’esprit plein de préjugés est imperméable à l’information, et n’est pas éducable.", "Les experts réels en matière d’homosexualité sont des homosexuels", affirmait-il.

    Faisant référence aux organisations de la campagne pour les droits civils, Frank Kameny notait : "Je ne vois pas le NAACP et le CORE s’inquiéter de savoir quel chromosome ou quelle gène produit une peau noire, ou de la possibilité de blanchir le Noir." De la même manière que les luttes des Noirs américains avaient vu émerger des slogans tels que "le Noir est Beau", Kameny inventa le slogan "l’Homosexuel est Bon" et persuada finalement le mouvement homo de l’adopter dans l’élan de Stonewall.

    Les militants homos entamèrent des campagnes avec des piquets publics et des affiches, ainsi que d’autres actions directes, et montèrent également une offensive contre les méthodes de persécution de la police et du gouvernement, contre l’interdiction de l’emploi pour les gays et sur toute une série d’autres questions. Les dirigeants conservateurs de la SM et des FB avaient conseillé à leurs membres de garder leur distance de l’environnement ouvrier des bars gay.

    Mais à partir des années 1960, à San Francisco, pour la première fois, les bars gay devinrent des forums importants pour les activistes afin de recruter aux groupes gay et organiser des campagnes. D’Emilio décrit ce phénomène comme "la fusion entre le mouvement et la contre-culture."

    Vingt ans après qu’Harry Hay ait conçu l’idée de la Société Mattachine, la société américaine avait subi une transformation radicale. La montée d’un mouvement des femmes (avec des lesbiennes en vue parmi les organisatrices), le changement parmi la population noire d’un mouvement des droits civils vers un mouvement de "pouvoir noir", – mouvements dont certains embrassaient les idées socialistes – la révolte contre la guerre américaine au Viêt-Nam sur les campus américains, l’influence des événements de mai 1968 en France, ainsi que les effets secondaires d’autres mouvements de rébellion contre l’establishment tels que les hippies, tout ça contribua à donner aux campagnes gays et lesbiennes un caractère plus militant.

    Un courant au sein du Front de Libération Gay soutenait qu’une lutte révolutionnaire contre le capitalisme était nécessaire pour construire une société socialiste et en finir définitivement avec l’oppression de gays.

    Craig Rodwell conclut : "Il y avait un sentiment politique actif très volatil, particulièrement parmi la jeunesse … quand la nuit des Emeutes de Stonewall explosa, tout convergea en cet instant. Les gens demandent souvent ce qu’il y avait de spécial cette nuit-là… Il n’y avait pas une seule chose spéciale. C’était juste que tout venait ensemble et en même temps, un de ces moments dans l’histoire où lorsque que vous êtes présent, vous vous dites : ça y est, c’est ça ce que nous avons tant attendu. "

  • Sri Lanka: La défaite des “Tigres” amplifie la rancune du peuple Tamoul

    Le gouvernement Rajakapse ne peut pas satisfaire les besoins des travailleurs et des pauvres

    “Cette bataille a atteint une fin amère… Nous avons décidé de faire taire nos fusils.» L’annonce tragique parue dimanche ce 17 mai sur le site des Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul (Liberation Tigers of Tamil Eelam – LTTE) semblait indiquer que la guerre civile au Sri Lanka, longue de 26 ans, appartient au passé. Les LTTE ont subi une défaite écrasante, alors qu’ils contrôlaient auparavant un tiers du territoire de l’île, dont plus de la moitié de son littoral.

    Elizabeth Clarke, CIO

    Aidé par des désertions importantes, telles que celle de Karuna, le commandant du front de l’Est, et avec un énorme soutien de la Chine ainsi que de l’Inde, le gouvernement Rajapakse a été capable de poursuivre cette guerre de manière brutale, ignorant les protestations massives à Londres, au Canada et ailleurs tout autant que les bêlements hypocrites des gouvernements étrangers.

    Avant le début de cette année, le bilan pour l’ensemble de la guerre civile s’élevait à 70.000 morts. Depuis la dernière offensive sanglante de l’Armée Sri Lankaise, au début de l’année, on estime qu’entre 7.000 et 20.000 autres personnes ont trouvé la mort – pour la plupart des civils piégés dans la zone de conflit, morts des suites de leurs blessures, abandonnés là où ils ont été touchés. Pendant plus d’une semaine, aucune aide médicale ou alimentaire n’a pu les atteindre. Les médecins postés dans la zone «neutre» ont été forcés d’abandonner le seul hôpital improvisé au moment où celui-ci a été bombardé par l’armée sri lankaise (laquelle avait déclaré plusieurs semaines auparavant qu’ils cessaient tout usage de l’artillerie lourde !).

    Confiant de sa victoire, le président Sri Lankais Mahinda Rajapakse a annoncé la fin de la guerre avant même la confirmation de la mort de Velupillai Prabhakaran, le chef des LTTE. Pour lui, ceci signifiait l’accomplissement de son objectif déclaré au moment de son élection en 2005, c’est-à-dire établir une nation unifiée, sans autonomie pour la minorité de la population tamoule au nord et à l’est.

    Pour les Tamouls à travers toute l’île, les feux d’artifice de «célébration» qui ont éclaté dans les rues sur ordre du gouvernement à partir de dimanche paraissaient sceller leur sort en tant que nation assujettie et opprimée, sous un régime cingalais chauviniste triomphant. Pour les centaines de milliers de gens déplacés au cours des mois de combat, et dont la plupart sont maintenant maintenus prisonniers dans une quarantaine de camps gouvernementaux (dont 55.000 enfants), le futur n’apporte que la faim, la maladie, la mort, le vagabondage, la pauvreté et une misère inimaginable.

    La BBC et d’autres commentateurs ont mentionné le fait que la brutalité avec laquelle le gouvernement a accompli sa victoire militaire est en train de radicaliser une nouvelle génération de Tamouls, à la fois sur l’île et parmi la diaspora, qui se sent humiliée et en colère. Selon Mangala Samawira, ancien membre du Parti de la Liberté du Sri Lanka de Rajapakse, et Ministre des Affaires étrangères de son gouvernement, «Le carnage (…) a encouragé les appels à un Etat séparé de la part de Tamouls autrefois modérés. Je crains que des centaines de Prabhakaran n’aient été créés». Robert Templar, du Groupe de Crise International : «On peut facilement imaginer un des membres de la génération nouvellement énergisée s’avancer pour remplir le vide».

    Une question nationale sans fin

    Que le chef des Tigres ait été tué par l’Armée Sri Lankaise ou qu’il ait pris sa propre vie, au côté d’autres combattants dans le dernier morceau de jungle qu’ils contrôlaient, sa mort ne marque que la phase actuelle du conflit national au Sri Lanka. Les travailleurs cingalais qui participent aux réjouissances, tels que W.S.C. Bandula, ce chauffeur cité dans le Times de Londres du 18 mai, seront gravement déçus en croyant que «On peut s’attendre à de meilleures vies, une meilleure sécurité, une meilleure économie».

    Malheureusement, le gouvernement fortement endetté de Rajapakse ne peut pas assurer une paix durable, sans parler de la prospérité pour les travailleurs et les pauvres du Sri Lanka – qu’ils soient Tamouls ou Cingalais. L’immense tâche de sauver des vies et reconstruire les maisons et les moyens de subsistance des gens du Nord requerra bien plus que le prêt de 1,9 milliards de dollars demandé au FMI et en ce moment bloqué par l’administration Obama.

    Le peuple tamoul doit avoir la chance de choisir librement et honnêtement leurs propres représentants, et de décider de comment ils veulent que soient gérées les régions à majorité tamoule. Le United Socialist Party (USP, section du Comité pour une Internationale Ouvrière au Sri Lanka) a toujours défendu ces droits de même que ceux des minorités – musulmane et cingalaise – au sein de ces régions. L’USP défend une politique socialiste de propriété et contrôle publics de la terre et de l’industrie par les travailleurs et les pauvres, en tant que seule manière de résoudre les immenses problèmes nationaux et économiques qui pèsent sur la population laborieuse qui lutte aujourd’hui pour sa survie. Ceci signifie aussi mener campagne pour la chute de la clique dirigeante actuelle, par une lutte politique et syndicale.

    Au nom de la guerre contre le terrorisme, les droits des Cingalais ont été piétinés par le régime de Rajapakse tout comme ceux des Tamouls. Tôt ou tard, cette quasi-dictature sera révélée pour ce qu’elle est.


  • “Contre-attaquer fait une différence” – Occupation d’usine au Canada

    “Contre-attaquer fait une différence ” – on pouvait lire ce slogan sur les pancartes des travailleurs qui occupaient leur ancien lieu de travail, l’usine Aradco – un des fournisseurs de Chrysler – à Windsor, dans la province de l’Ontario au Canada.

    Clare Hudson, (CIO-Canada)

    Après que l’usine ait fermé ses portes la semaine dernière, des syndicalistes d’Aradco et d’Aramco, toutes deux détenues par la compagnie Catalina Precision Products Ltd basée aux USA, ont rejeté la semaine dernière à 64% une offre de 200,000 dollars d’indemnité de licenciement. Il a été calculé qu’il leur est encore dû 1,7 million de dollars de primes de licenciements, de pécules de vacances et de compensations de fin de contrats. Quelle contradiction avec les 165 millions de dollars que les patrons d’A.I.G. se sont offerts en bonus !

    Les travailleurs sont entrés dans le bâtiment et ont soudé l’entrée de l’intérieur pour protester contre l’offre négligeable qui leur avait été proposée. Les travailleurs savaient que s’ils ne prenaient aucune mesure, il était peu probable qu’ils obtiennent quoi que ce soit. L’option d’occuper leur lieu de travail était la dernière chose qu’ils pouvaient faire, comme les machines n’avaient pas encore été retirées. C’était le dernier pouvoir de négociation qu’il leur restait. Le responsable local du CAW (syndicat automobile canadien) a déclaré:

    «Certains travailleurs ont décidé d’occuper l’usine. C’est la seule chose qu’ils ont à faire afin d’obtenir l’argent qui leur revient.»

    Le mercredi 18 mars, l’occupation s’est terminée après que les représentants syndicaux aient passé un accord avec l’ancienne direction. Cet accord a offert aux travailleurs 400,000 dollars à la place des 200,000 prévus d’origine. Tout en ne remplissant pas les exigences et les besoins des travailleurs, ce fut une grande amélioration par rapport à l’offre faite au début de la semaine.

    Contre-attaquer en période de récession

    Ce que cette action illustre, c’est que se battre fait une importante différence. La lutte paie. Elle a aussi donné à de nombreux travailleurs canadiens confiance en leurs capacités de s’organiser pour mener une lutte victorieuse – même dans une période de récession quand beaucoup affirment qu’il n’y a rien à faire.

    Le fait est que même après des paquets de sauvetage et des diminutions de taxes, l’industrie automobile a toujours des problèmes. Ces usines doivent être nationalisées. Si les industries nationalisées sont en surproduction – comme c’est le cas avec la production de voitures ou de camions – ces entreprises doivent être reconverties pour fournir les produits et les services dont a besoin la classe ouvrière.

    Les pénuries d’équipement ne manquent pas dans les hôpitaux ou les écoles. De nouveaux logements abordables et de qualité devraient aussi être construits pour répondre aux problèmes des sans-abris et de la précarité qui touche de nombreux canadiens.

    Les pertes d’emploi ne cessent d’augmenter au canada, jetant des centaines de milliers de travailleurs qualifiés au chômage. En janvier, 129.000 emplois ont été perdus, ce qui a fait monter le taux de chômage national à 7.2%. Presque tous ces emplois étaient à temps-pleins. Autour de 101.000 de ces emplois étaient dans l’industrie, la plus grande perte d’emploi jamais enregistrée dans le secteur.

    Dans l’Ontario, ou beaucoup d’industries sont basées, a été durement frappée avec 36.000 suppressions d’emplois. La province a été suivie de celle de Québec avec 30.000 pertes d’emploi et de la Colombie-Britannique avec 18.000. Il y a également eu une brusque chute dans les chantiers immobiliers, mettant beaucoup d’ouvrier de la construction sans emploi.

    Pourtant, à l’automne dernier, durant les élections fédérales, Stephen Harper, le premier ministre conservateur, a promis au Canadiens au cours de sa campagne électorale qu’ils ne souffriraient pas de la récession, que le Canada était une économie forte et qu’il n’y aurait aucun déficit dans les prochaines années.

    Pour beaucoup de travailleurs et de jeunes, ces mots n’ont pas été oubliés. La colère et la frustration grandissent, alors que les effets de la crise économique mondiale s’étendent.

    Le chômage augmente et un déficit de 64 milliards de dollars est estimé pour les deux prochaines années. Beaucoup de travailleurs qui tentent de réclamer l’allocation de chômage dont ils ont droit se font répondre qu’il faut attendre de nombreuses semaines pour recevoir le premier payement – laissant ainsi des milliers de travailleurs qui ont cotisé durant de nombreuses années inquiets de savoir comment rembourser leur prêt et acheter de la nourriture.

    L’inflation augmente

    Cette semaine, Statistics Canada a annoncé que l’inflation avait encore augmenté et atteint 1,4% alors qu’elle était déjà de 1,1% en janvier. La conséquence principale a été l’augmentation du prix de la nourriture et du logement. Les denrées alimentaires ont augmenté en moyenne de 7,4% l’année drnière. Les légumes frais ont par exemple augmenté de 25%.

    Cette situation rend encore plus difficile pour les travailleurs et les jeunes de s’offrir les nécessités de base.

    Bien qu’il soit vrai que le Canada n’a pas encore ressenti les effets de la crise économique à un point comparable aux USA ou à beaucoup de pays européens, il n’y a aucun doute sur le fait que l’impact, jusqu’ici, a frappé plus durement les travailleurs et les jeunes et a créé beaucoup d’incertitude quant à l’avenir. La réalité que le Canada est entrée dans une profonde récession frappe les esprits.

    Mais comme les actions des travailleurs de Windsor le montrent, contre-attaquer doit être l’option. Il est plus que probable que cette occupation ne sera pas la dernière. Les syndicats à travers le pays doivent intensifier ces luttes avec des actions pour défendre les emplois et les services publics, en relation avec les travailleurs du monde entier. La nécessité d’un nouveau parti des travailleurs est une tâche urgente qui doit être construite par la classe des travailleurs et de la jeunesse au Canada pour leur permettre d’avoir les outils nécessaires pour créer une réelle opposition face à la crise du capitalisme.

    Tant que vivra le système capitaliste, responsable de la crise, il n’y aura pas de fin au cercle vicieux de croissance et de récession où ce sont toujours les travailleurs qui payent le prix fort. La nécessité d’une société socialiste et démocratique n’a jamais été si urgente. La tâche assignée aux travailleurs et à la jeunesse doit être de changer la manière dont la société fonctionne – pas pour les besoins de quelques uns mais pour les besoins de la majorité – et ainsi d’assurer un avenir décent à chacun.

  • La crise exige une modification de la politique économique – La lutte des classes en déterminera le caractère (Quatrième partie)

    Dans cette partie, nous analysons les propositions à l’approche des négociations pour un accord interprofessionnel. Nous soulevons les difficultés pour boucler les budgets de 2008 et de 2009, qui devraient être finalisés le 14 octobre. Dans la dernière partie, nous révélons les drames sociaux déjà présents même avant que la crise se soit étendue à l’économie réelle.

    Texte de perspectives du Congrès National DU PSL/LSP. Ce texte a été écrit durant l’été.

    Handicap salarial ?

    112. Mais d’où vient alors cette ténacité chez les travailleurs à se mettre tout de même en action ? C’est vrai que nous n’avons pas encaissé les profits des entreprises, les dividendes des actionnaires ou encore les augmentations salariales des managers, mais nos salaires augmentent quand même plus vite que dans les pays voisins, n’avons-nous pas un handicap salarial ? Notre salaire horaire nominal a été relevé de 7,5% en 2007 et 2008, largement plus que la norme salariale de 5,1% que les syndicats avaient eu dans l’accord de février 2007. (1) Mais avec les statistiques, tout peut être prouvé. Le chiffre du Bureau du Plan de 2007-2008 est une estimation. En outre, le Bureau du Plan s’attend à une inflation de 6.5% pour la même période. Après déduction de l’inflation, il ne reste donc que 1% d’augmentation salariale. Cela doit représenter aussi bien l’augmentation de la productivité que les glissements des salaires et les augmentations barémiques. La Banque Nationale estime que l’augmentation de la productivité en 2007 a été plus basse que 1%, et ce pour la première fois depuis 2001. Elle estime le glissement des salaires sur 1% cette même année, c’est le phénomène d’augmentation du salaire moyen par le fait que le nombre d’emplois non qualifiés diminue pendant que le nombre d’emplois qualifiés augmente. (2) De plus, il s’agit ici de moyennes qui sont déformées par certaines catégories.

    113. En août, le Bureau du Plan a dégagé des chiffres qui donnent le vertige. Les salaires bruts réels, adaptés à l’inflation, des ouvriers masculins dans l’industrie auraient, dans le meilleur cas, diminués de 2.6% de juillet 2007 à juillet 2008. (3) Cela confirme une étude similaire précédente du Bureau du Plan en février de cette année, lorsque les salaires bruts réels de ces mêmes travailleurs avaient, à ce moment là, diminué de 2% sur base annuelle. (4) Les chiffres de la Banque Nationale ont confirmé que cette tendance valait aussi pour les employés et les ouvriers des autres secteurs. Comme raison principale, le Bureau du Plan met en avant l’index santé. Pourtant, déjà avant, la situation n’était pas positive. Fin 2007, il semblait déjà que « le paiement des salariés belges », le salaire, y compris les cotisations sociales, était pour la première fois depuis ’71 en dessous de 50 % du PIB. (5) Dans sa réaction, Cortebeeck, le président de la CSC, avait dit: “cela ne peut pas durer”, tandis que Rudi Thomaes de la FEB avait qualifié ces chiffres de “purement symboliques”.

    114. Des études ont paru, pour un oui ou pour un non, afin d’affirmer que les coûts salariaux belges déraillent, que le handicap du coût salarial augmente, etc. La plupart du temps, ce sont des études de l’OCDE qui reçoit ses chiffres des gouvernements nationaux qui, eux, les reçoivent des patrons. Selon la FEB, le handicap salarial s’élève à 12%. On se demande alors comment la Belgique reste un pays si attractif pour les investisseurs. Un coup d’oeil sur les frontières nous l’explique rapidement. Il semble que dans les pays voisins, on raconte les mêmes histoires. Le but de l’OCDE, des gouvernements nationaux,… n’est jamais de parler des salaires à voix haute, au contraire. La Banque Nationale est toutefois, elle, obligée de publier les chiffres réels. Il semble dès lors que les coûts salariaux par heure de travail dans le secteur privé, entre 1996 et 2007, ont diminué en Allemagne de près de 10%, en Belgique de 1% et a augmenté en France et au Pays-Bas de, respectivement, 6% et un peu plus de 15%.(6) La fête en Allemagne se prolonge d’ailleurs jusqu’à la fin. IG-Metall, le syndicat faisant autorité dans toute l’Europe avec ses 3.5 millions de membres, a exigé cette année 8% d’augmentation, revendication la plus élevée depuis 16 ans. Aujourd’hui, près de la moitié a été obtenu, mais cela aurait pu se finir autrement.(7)

    115. Il n’est donc pas étonnant que les attaques du président de la BCE Trichet sur l’indexation aient peu impressionné.(8) Les patrons ne sont pas réellement chauds pour une confrontation là-dessus, mais avec une adaptation de l’index à la fin 2007, deux fois en 2008, et probablement encore une fois dans la première partie de l’année 2009, l’avidité patronale peut être stimulée. Lorsque Thomas Leysen est devenu président de la FEB, qui selon lui représente 33.000 entreprises, il a déclaré : « il faudra bien que quelque chose se passe. » (9) Guy Quaden, gouverneur de la Banque Nationale, a suggéré une indexation en chiffres absolus plutôt qu’en pourcentage. De cette manière, les revenus les plus élevés feraient des économies sur l’indexation. Les syndicats ne sont pas tombés dans le piège. Luc Cortebeeck a répondu : « En tirant une partie de l’index à celui qui gagne un peu plus, on mine la portée de tout le système. » (10)

    Un accord interprofessionnel en fin d’année

    116. Contrairement à ce que les patrons suggèrent tout le temps, le travailleur belge n’a rien à se reprocher. A chaque fois, il apparait qu’il se trouve au top de la productivité. En terme de valeurs produites par heure de travail, avec une moyenne de 53,4$ par heure, il ne laisse passer devant lui que les travailleurs luxembourgeois (71,3$) et norvégiens (53,5$).(11) En Norvège, c’est principalement dû au secteur pétrolier. Les travailleurs américains (52,3$), néerlandais (52,2$), allemands (49,3$), français (51,3$) et surtout japonais (37,5$) sont tous moins productifs. En termes de valeur produite par travailleurs, les belges sont « seulement » à la cinquième place. C’est parce que les travailleurs belges travaillent en moyenne 1.610 heures par an, les américains 1.785 et les irlandais 1.870. Les néerlandais, par contre, travaillent en moyenne 1.413 heures, les français 1.559 et les allemands 1.432. (11)

    117. Mais pour certains, ce n’est jamais assez. Le provocateur Van Eetveelt, d’Unizo, ne nous a pas réellement surpris lorsqu’il a prétendu qu’il n’y aurait pas d’espace pour des augmentations salariales. « Ce serait déjà tout un art de pouvoir sauvegarder notre système d’indexation. » Pour la diminution des charges par contre, il voit encore quelques possibilités. (12) Son rêve ? « Travailler 6 jours, pas d’augmentation. Pourquoi ne pas augmenter la semaine de travail de 38 à 48 heures ? Pendant des périodes chargées, on doit pouvoir prester plus. » (13) Ainsi, Van Eetvelt joue son rôle classique : il lance des pistes là où d’autres n’osent pas se prononcer. La FEB va aussi aux négociations pour l’accord interprofessionnel avec des mots d’ordre clairs. Ils en ont 5 : le pouvoir d’achat n’est pas un problème, les salaires sont trop élevés, le marché du travail n’est pas assez flexible, les belges travaillent trop peu et les autorités n’ont pas une vision à terme car malgré l’augmentation de l’espérance de vie, les carrières restent trop courtes. Peter Timmermans, directeur général, rajoute que les négociations d’un accord seront plus difficiles que jamais.

    118. Il y a déjà quelques années que nous disons que les petites et moyennes entreprises de livraison seront très vulnérables dans le cas d’une récession. Les 8 premiers mois de 2008, on comptait déjà 5.191 faillites, 8,3% de plus qu’en 2007 et nous sommes sur la voie de casser le record de 2004 de 7.935 faillites. Ces faillites ont entrainé la perte de 12.000 emplois, il s’agissait surtout de petites entreprises. L’assainissement du groupe pharmaceutique UCB où 555 emplois sont menacés à Bruxelles et à Braine-le-Comte, n’en fait pas partie. Il ne s’agit pas d’une faillite. Mais c’est bien un affront pour le gouvernement wallon, puisqu’il appartient au secteur de pointe du plan Marshall. La plus grande augmentation des faillites s’est produite à Bruxelles (+20%), en Wallonie (+10%) et beaucoup moins en Flandre (+1,4%) où 2.387 faillites ont néanmoins été enregistrées. Mais tout ceci avant que la récession n’ait réellement commencé. (14)

    119. En septembre, une accélération s’est produite aussi en Flandre. Déjà avant l’été, Beekaert avait fermé sa production de cables d’acier à Lanklaar : une perte de 136 emplois. En été, Punch International a fait de même avec son usine d’enjoliveurs à Hoboken : -315 emplois. En septembre, Barco a décidé de railler 113 emplois dont 2/3 en Belgique. Ce même mois, Picanol a annoncé la perte de 190 emplois à Ypres. L’entreprise de textile Beaulieu restructure à Wielsbeke, -209 emplois et ferme sa filiale à Ninove, -178 emplois. Chez Gilbos à Herdersem, construction de machines de textile, 48 emplois disparaissent en conséquence du démantèlement d’activités de livraison. Domo Gand ferme sa filiale Cushion Floor à Zwijnaarde, 91 ouvriers et 47 employés perdent leurs emplois. En termes de faillites, il y a la fermeture d’UCO-Gand, -400 emplois et du fabricant de meubles Sint-Jozef à Aarschot, -33 emplois. Tout cela seulement en septembre 2008.

    120. Pour le patronat, c’est la situation rêvée pour faire monter la pression et se débarrasser de personnel superflu. Probablement espère-t-il effrayer les travailleurs et en même temps procurer une arme pour paralyser la base aux amis secrétaires syndicaux, tels que Herwig Jorissen de la centrale des métallos de la FGTB qui vient d’être divisée sur base communautaire. Bien que la vague de faillites pourrait provoquer des doutes pendants quelques semaines, nous ne croyons pas que cela va paralyser le mouvement des travailleurs. L’appel confus de la FGTB pour une journée d’action le 6 octobre l’exprime. Les différentes centrales interprètent la situation de manière différente.

    121. Certains plaident à juste titre pour démarrer la mobilisation par une manifestation nationale. Le 25 septembre déjà, les travailleurs des autorités locales et régionales de Bruxelles ont bloqué toute la ville par des blocages filtrants. A Belgacom, les trois syndicats ont organisés une assemblée commune pour la première fois en 40 ans. (15) Dans la centrale des métallos de la FGTB Wallonie et Bruxelles, on voulait partir immédiatement en grève durant 48 heures, entrainant le danger d’être trop en avance sur la conscience qui vit dans d’autres secteurs. La Centrale Générale et le Setca ont plaidé pour organiser d’abord une manifestation nationale. A De Lijn et à la STIB, on a pratiquement immédiatement commencé à organiser la journée de grève du 6 octobre. En Flandre orientale, en préparation, des assemblées interprofessionnelles sont organisée. A Anvers, on veut organiser un blocage filtrant du port. Cette situation chaotique va restaurer l’atmosphère d’action qui existait avant l’été et préparer les forces pour une confrontation à l’approche des négociations sur l’accord interprofessionnel (AIP).

    122. Dans les appareils syndicaux, la contradiction sera poussée jusqu’au bout entre ceux qui veulent totalement atomiser le mouvement et rêvent probablement déjà d’une carrière ailleurs, et d’autres plus sensibles aux pressions de la base et veulent le refléter même si ce n’est que de façon très limitée. Les parties plus radicales des organisations patronales (Voka, Unizo, VKW, Agoria) vont vouloir se baser sur cette contradiction pour lancer des revendications de plus en plus osées et aboutiront probablement à un discours très communautaire. Les parties plus intelligentes du patronat, le sommet de la FEB, reflèteront de temps en temps la pression de ces fragments radicaux et l’utiliseront lorsque cela leur conviendra, mais essaieront en général de temporiser pour permettre aux dirigeants syndicaux de ne pas perdre leur contrôle sur la base et pour permettre aux politiciens de rétablir la stabilité.

    123. Il y a probablement une partie des organisations patronales qui estime ne pas avoir besoin d’un accord interprofessionnel. Les grosses entreprises et leurs représentants, par contre, considèrent un accord interprofessionnel comme un instrument pour freiner une vague d’actions et de grèves dans les secteurs et entreprises et seront probablement en faveur d’un accord même si cela exige des concessions limitées. Mais un des problèmes, c’est que le gouvernement ne dispose pas de moyens pour aider à venir à un accord avec des moyens supplémentaires.

    La création d’un budget

    124. Le gouvernement a d’ailleurs un gros problème. Après s’être chamaillé pendant 15 mois sur le communautaire, il doit toujours faire aboutir son premier budget. Le précédent, était a à l’époque été fait par les ministres de la violette. Le fait que Melchior Wathelet, le ministre du budget sous Leterme Ier, soit devenu le « secrétaire d’Etat au Budget », alors qu’il est en plus responsable de la politique des familles, était déjà un signe. Avec Reynders sur les finances, c’est fatal, celui-ci s’est de nouveau trompé dans ses comptes. Selon le service d’étude des finances, les impôts en 2008 rapporteront 1,1 milliards d’euros en moins que prévu lors du contrôle budgétaire de juillet.(16) Ce sont surtout les revenus de la TVA, et les précomptes professionnels, qui ont été décevant, l’un à cause de l’affaiblissement de la consommation, l’autre à cause des diminutions de charge sur les heures supplémentaires, le travail de nuit et en équipe. Mais pour Reynders, un déficit de -0,3% n’est pas problématique. Cela pourrait d’ailleurs devenir -0,5%. La contribution de Suez de 250 millions d’euros n’est toujours pas réalisée et celle du gouvernement flamand, presque 400 millions d’euros, ne rentrera pas puisqu’il n’y a pas encore de réforme d’Etat.

    125. La construction d’un budget pour 2009 sera encore plus difficile. Pour le Bureau du Plan, la croissance diminue jusqu’à 1,2% et si la politique appliquée n’est pas changée, il faudra au moins trouver 5 milliards pour arriver à un équilibre. De plus, le gouvernement a promis de lier les allocations au bien être (200 millions en 2009), de diminuer encore les charges sur les entreprises et de réaliser une marge de 0,3%. (17) Leterme prétend chercher 5 milliards, mais selon Knack et Trends, il devrait en trouver 7. Le 14 octobre, il doit prononcer son discours sur sa politique dans le parlement fédéral. Luc Coene, vice-gouverneur de la Banque nationale, de cachet VLD, a lancé déjà quelques pistes début septembre. « Les années précédentes, les dépenses sociales ont connu une croissance de 2,3% du PIB de plus que prévu. Ce rythme de croissance des dépenses doit diminuer. » Il trouve aussi que « les dépenses publiques doivent être tenues sous contrôle. »

    126. Coene ne veut évidemment pas dire que le gouvernement doit quitter sa politique de baisse des charges. Evidemment non, car il prétend que « Après la suède, la Belgique est toujours à la deuxième place sur le plan mondial en ce qui concerne la pression fiscale. » Que faut-il alors ? Voici une sélection du Standaard. Celui-ci titre le 6 mai 2008 : « 40% des fonctionnaires partent en pension d’ici 5 ans ». Le 22 mai, « remplacer seulement un fonctionnaire sur 3 ». Le 26 juin, « Avec 72.000 fonctionnaires de moins, cela marche également ». Finalement, Van Eetvelt a écrit dans une carte blanche à la presse : « L’Etat doit vivre selon ses moyens, comme toute entreprise ». Qui vient de décider que l’Etat est une entreprise ? Il ne le mentionne pas. Pour Van Eetvelt, les dix prochaines années, 11.000 fonctionnaires peuvent disparaitre, et ceci sans bain de sang social et sans diminuer l’efficacité des autorités. Ainsi Van Eetvelt veut répondre à quelques experts financiers qui venaient de déclarer il y a quelques jours qu’ils ne croient pas en des économies sur les fonctionnaires et les soins de santé. (18)

    127. Selon ces experts, une économie sur les 80.000 fonctionnaires fédéraux ne rapporte que très peu. Le gros des coûts salariaux se trouve d’ailleurs dans les communautés et les administrations locales. Ils disent ne pas conseiller d’économiser sur les enseignants. Et évidemment, Van Eetvelt et compagnie ne sont pas d’accord. Ils savent aussi qu’une entreprise sur trois est en infraction selon l’inspection sociale (19), que l’administration fiscale est en manque systématique de personnel. Ne plus remplacer les fonctionnaires fédéraux qui partent en pension signifie parallèlement l’érosion de services publics gênants tels que l’inspection sociale et la lutte contre la fraude fiscale. En ce qui concerne l’enseignement, Van Eetvelt et compagnie ont leur réponse : l’immigration économique, c’est meilleur marché. Avec la ministre Open-VLD Turtleboom, ils ont installé une dame de fer sur cette matière.

    128. Les spécialistes trouvent aussi que faire des économies sur les soins de santé est irréaliste. « A cause du vieillissement, les dépenses pour les soins de santé croissent systématiquement ce qui rend difficile d’économiser. » Marc Devos, du groupe de réflexion ultralibéral Itinera, totalement hors de soupçon d’une quelconque sympathie de gauche, dit que les soins de santé sans réforme vont directement vers des déficits. Ce que les patients paient pour les soins de santé a augmenté systématiquement contre la tendance européenne et ceci pendant que la qualité a systématiquement reculé. L’OCDE place nos soins de santé à la 18e place (sur 26) en termes de performance. Le nombre de soins prestés est bon mais les résultats sur la santé, tels que l’espérance de vie, la mortalité infantile, les décès dus à des cancers guérissables,… tirent notre système vers le bas. Aux USA, au Canada, en Suisse, en Espagne et au Portugal, les patients eux-mêmes paient une plus grande partie de soins de santé. Pourtant, Itinera plaide pour une limitation de la croissance du budget : « Puisque, autrement, la volonté de réforme n’est pas stimulée. »

    129. Van Eetvelt a calculé qu’en diminuant la norme de croissance de 4,5 à 2,8% en 2009, 365 millions d’euros peuvent être économisés sur les soins de santé. « Sans problème pour la santé de la population », ajoute-t-il. Sur le terrain, on n’en est pas convaincu. Là, on montre du doigt le fait qu’il faut tenir compte des développements techniques et scientifiques. Les prothèses des genoux, des hanches, ou les opérations de la cataracte sont heureusement devenus beaucoup plus accessibles qu’à la fin des années ‘80, mais la facture augmente. La norme de croissance actuelle menace d’ailleurs tout le secteur. Des hôpitaux se plaignent de déficits structurels. A Bruxelles, plusieurs hôpitaux sont au bord de la faillite. Au rythme actuel, on évolue de plus en plus vers des soins de santé à 2 vitesses, avec des soins de base pour ceux qui ne peuvent plus se le permettre. On fait d’ailleurs appel de plus en plus à des aides soignants mal payés et la charge du travail est systématiquement augmentée.

    130. Où les experts voient-ils alors les possibilités pour équilibre le budget ? « Du côté des revenus, il y a encore des possibilités. C’est déjà la deuxième année consécutive que les revenus des impôts sont en retard de 1 milliards sur le schéma. Avec plus de contrôle, une partie du problème budgétaire serait résolu. » Et plus encore : « Le gouvernement fédéral doit quitter les recettes classiques et taxer le capital. » La crise de crédit internationale et l’indignation généralisée sur l’avidité d’une infime minorité aux dépend de la grande majorité de la population traversent toute la société. C’est ce qui explique le sens soudain des réalités de quelques experts qui voient dans l’avidité de Van Eetvelt et compagnie une menace pour la légitimité du système de profits. Nous sommes ici témoins d’un phénomène classique, c’est-à-dire que la révolution se manifeste d’abord au sommet de la société et non comme on le pense souvent à la base de celle-ci.

    131. Pour la majorité des stratèges (petits-) bourgeois et leurs marionnettes politiques, le danger n’est aperçu que lorsqu’il se trouve déjà sous leur nez. En général, ils y ajoutent encore une cuillère. En juin encore, le VLD a revendiqué une baisse des charges à hauteur de 4,4 milliards d’euros. Au niveau de la Flandre, le VLD voulait en plus une diminution de taxe, de ce que l’on nomme le job-korting, à la hauteur de 600 euros, une diminution de l’impôt des sociétés à hauteur de 350 millions d’euros et une augmentation de l’exonération des précomptes professionnels sur le travail de nuit et d’équipe de 10,7 à 15,6%. Finalement, le VLD veut aussi de plus grands avantages fiscaux pour des heures supplémentaires.(20) A la fin de février 2009, tous les flamands qui ont un travail recevront une diminution de taxe de maximum 300 euros, avec un maximum de 600 euros par foyer. Cette diminution ne sera cette fois pas éparpillée sur les 12 mois, mais calculée dans le précompte professionnel sur le salaire de février, trois mois avant les élections. « De cette manière, la diminution est visible pour chaque flamand. »

    132. Sur le plan fédéral, le VLD a aussi un liste de revendications : activation plus intensive des 50 ans et plus, réduction des termes d’invitation des chômeurs à un entretien de contrôle, dégressivité des allocations, remplissage plus souple de la semaine de 38 heures et immigration économique. Et, enfin, l’Open-VLD veut s’attaquer aux fraudes sociales. Selon Rik Daems, on peut aller y chercher 3 milliards d’euros, ce qui n’est pourtant qu’un dixième de la fraude fiscale estimée dans une étude de Mc Kinsey et de la VUB à 30 milliards d’euros annuellement. Daems ne vise évidemment pas les cotisations sociales non payées par les patrons, ni les heures supplémentaires payées en noir ou les patrons qui emploient illégalement des travailleurs. Il vise exclusivement ceux qui combinent une allocation avec un peu de travail en noir à gauche et à droite. Selon la criminologue de l’ULB Carla Nagels, Daems a une vision extrêmement libérale de la lutte contre la fraude sociale.

    Drame social en construction

    133. Daems et compagnie sont à peine capables de s’imaginer ce qui pousse des gens à accepter du travail au noir, pour autant que ça les intéresse. Dans une étude pour l’institut du développement durable, Philippe Defeyt, président du CPAS de Namur, est venu à la conclusion que de plus en plus de familles refusent dorénavant de prendre en charge leurs enfants. Un jeune de moins de 25 ans sur vingt est dépendant d’une allocation du CPAS.(21) Le nombre de personnes dépendantes d’un revenu d’insertion sociale a augmenté de 75.400 en 2005 à 82.000 en janvier 2008.(22) Un belge sur 7 (14,7%) a un revenu inférieur à 60% du revenu médian, le seuil de pauvreté officiel. Celui-ci est de 860€ pour une personne isolée et de 1.805€ pour une famille avec deux enfants. (23) En Wallonie, ils sont 17%, en Flandre 11,4%. Le salaire minimal est de 1.355,78€ brut. 260.000 belges combinent deux ou plusieurs emplois. Selon Elsy Verhofstadt, chercheur à la RUG, ils le font principalement « pour pouvoir gérer les prix de mazout, d’immobilier ou de nourriture. » (24)

    134. Les propositions du VLD pour augmenter la politique d’activation et pour la dégressivité des allocations arrivent à un moment où une personne sur 8 en Belgique vit dans une famille sans emploi. En Europe (27), seules le Royaume-Uni et la Hongrie font un plus mauvais score sur ce plan là. 16% des européens vivent avec un revenu en dessous du seuil de pauvreté, dont la moitié fait partie d’un foyer où au moins une personne travaille. Le phénomène du « travailleur pauvre » se produit donc aussi en Europe.(25) Depuis 2004, 12.516 chômeurs se sont vus suspendre leurs allocations, dont 3.605 définitivement, les autres temporairement, en général pour 4 mois. Plus de la moitié des suspensions ont été faites sur la seule année 2007 ! En Flandre, on laisse sousentendre systématiquement que la politique d’activation en Wallonie et à Bruxelles serait appliquée de manière insuffisante. Pourtant, bien que la Flandre compte 32,96% des chômeurs au niveau national, « seulement » 28,63% des suspensions y ont été appliquées. La Wallonie, avec 49,62% des chômeurs, compte 50,02% des suspendus. Pour Bruxelles, 17,42% des chômeurs et 21,35% des suspendus. (26)

    135. On aurait l’impression que le chômage n’est pas vraiment un problème, à l’exception de quelques profiteurs acharnés. En 2007, 116.000 emplois auraient été créés. Le nombre total de travailleurs est de 4,4 millions contre 3,6 millions au début des années 80. Nous avons toujours dit que des bons emplois étaient remplacés par des mauvais, des emplois flexibles, partiels et temporaires, évidemment aussi avec un salaire bas et partiel. De plus, la majorité de ces emplois font partie de ceux qui sont payés avec des moyens publics tels que les chèques-services. Selon l’enquête des forces de travail (EFT) du service public fédéral, 3,9% de la population active en Flandre était sans emplois, 10,3% de celle en Wallonie et 16,3% de celle à Bruxelles. Les chiffres d’EFT utilisent la définition de sans-emploi du Bureau International du Travail et sont plus bas que ceux de l’ONEM. (27)

    136. En 1964, le nombre d’heures de travail prestées annuellement en Belgique a reculé pour la première fois en dessous de 8 millions, en 1973 en dessous de 7 millions. En 1964, cela se faisait avec 3.740.000 travailleurs, en 1973 avec 3.777.000 travailleurs. C’était la conséquence de la réduction du temps de travail arraché par la lutte des travailleurs. En 1999, nous étions pour la première fois plus de 4 millions de travailleurs et ensemble nous avons presté 6,5 millions d’heures de travail. Ce n’était plus le résultat d’une lutte pour une réduction du temps de travail, mais plutôt de l’augmentation de l’emploi à temps partiel jusqu’à 19,5%. En 2007, 4.337.000 travailleurs, dont déjà 23,7% à temps partiel, ont presté 6,9 millions d’heures de travail, fortement moins que pendant les golden sixties. (28) A cette époque, un salaire par foyer suffisait pour s’en sortir, aujourd’hui c’est devenu intenable. Surtout ceux qui gagnaient le moins dans le foyer, sont obligé de combiner l’entretien de la famille avec un emploi à temps partiel ; 42,6% des femmes travaillent à temps partiel, 7,8% des hommes. (29)

    137. Mais tout ceci, c’était avant que la crise ne se traduise dans l’économie réelle. Entre-temps, le nombre de faillites augmente de manière spectaculaire. Les récessions précédentes menaient systématiquement à de fortes explosions du chômage. Celle de 74-75 a rayé 350.000 emplois dans l’industrie. Ceci a été compensé parce que les autorités ont créé à peu près 250.000 emplois dans les services publics, mais les chiffres de chômage de la période précédente, autour de 75.000, appartenaient définitivement au passé. La crise de ‘81-83 a doublé le nombre de chômeurs officiels jusqu’à 500.000, un chiffre en dessous duquel on n’a plus jamais réellement été. Depuis, les gouvernements consécutifs ont commencé à modeler les statistiques. Mais cela n’a pu empêcher une augmentation forte du degré de chômage officiel lors de la crise de ‘90 de moins de 9% à 15% dans la deuxième partie de ‘95. La mini crise de 2008 a fait sauter le nombre de chômeurs de presque 200.000. Ces dernières années, le chômage est descendu, mais malgré les chèques services et d’autres types de statuts, même pas jusqu’au niveau du point le plus bas précédent, de juin 2001, ne parlons même pas de celui du début des années ‘90. (30) En août 2008, De Tijd s’est demandé : « Un orage d’automne menace-t-il le marché de l’emploi ? » Le journal fixe notre attention sur le fait que le marché du travail ne réagit qu’avec un retard d’une demi-année sur des changements conjoncturels et que pour la fin de l’année, il y a bien des raisons de se faire des soucis. (31) A Bruxelles, depuis, le chômage est remonté de 18,8% avant l’été à 19,4% en septembre 2008. (32)

    138. Leterme avait probablement espéré autre chose, mais il peut se préparer à une augmentation forte des dépenses sociales. Celles-ci avaient légèrement reculé dans la période 2003-2007 de 23% du PIB à 22,5%. Pendant cette même période, la sécurité sociale a connu trois fois un surplus, une fois un déficit (2003) et une fois un équilibre (2005). En 2007, les recettes de la sécurité sociale étaient de 64 milliards d’euros. C’est composé principalement de salaires différés – nommées cotisations patronales et les cotisations des travailleurs – pour 43 milliards d’euros et de ce que l’on nomme les contributions des autorités, pour 18 milliards d’euros, principalement des financements alternatifs (presque 10 milliards d’euros). Encore en 2007, la sécurité sociale a dépensé 62,5 milliards d’euros, principalement dû à ce qui était son but, c’est-à-dire les allocations sociales et les coûts du personnel, mais aussi de plus en plus pour des subsides aux entreprises (1,6 milliards déjà). Des allocations sociales en 2007, 21 milliards ont été dépensés aux soins de santé, 19 milliards aux pensions, 7,8 milliards au chômage (comprenant aussi une partie des prépensions), 4,5 milliards aux allocations familiales, et 4 milliards aux incapacités de travail. (33)

    139. Pendant des années, on nous a effrayé avec le vieillissement et le fait que nos pensions seraient impayables. Pour chaque personne de plus de 60 ans, il y a aujourd’hui 2,5 travailleurs actifs, en 2015 ce ne sera plus que 2,1 travailleurs actifs. Presque tout le monde connait l’ordre de grandeur de ces chiffres. Via la télé et d’autres médias, ils ont été imprégnés dans notre conscience de la même manière que l’on marque le bétail au fer rouge. Cela servait à nous faire accepter l’érosion de notre pension. Pendant des décennies, des économies à charges de nos personnes âgées n’auraient provoquées que des indignations. Encore aujourd’hui, il n’y a rien de pire que quelques jeunes qui se moquent, volent ou maltraitent des personnes âgées, ou qui les laisse tout simplement à leur propre sort. C’est pourtant l’exemple que nos gouvernements donnent depuis des années. L’allocation de retraite moyenne d’un salarié masculin n’est plus que de 1.000 euros, d’une salariée féminine, de 700€. Les recherches démontrent que les « pensions supplémentaires » arrivent pratiquement exclusivement chez ceux qui ont déjà une pension légale élevée. (34)

    140. Entretemps, la pension moyenne après taxation n’est plus que de 64,4% du salaire moyen. En Grèce et aux Pays-Bas, c’est plus de 90%. Au Luxembourg, un pensionné reçoit, pendant sa vie, si on totalise toutes ses allocations, en moyenne 664.240€ contre 179.056€ en Belgique, moins qu’en Grèce qui connait pourtant un niveau de vie en moyenne beaucoup plus bas (35). Délaisser les personnes âgées de telle manière est l’expression la plus écoeurante d’une société basée sur l’avidité. Après avoir réalisé ce drame, le Bureau du Plan nous amène des nouvelles : le vieillissement sera dans les prochaines années moins fort qu’on ne l’avait prévu. Mais ceci n’est pas une raison de ne plus rien faire : en 2050 (la date a reculé de 35 ans), il y aura 44 personnes âgées de plus de 65 ans (on n’y a ajouté 5 ans) sur 100 travailleurs actifs. Les voyants du Bureau du Plan prévoient 30,38 personnes âgées de plus de 65 ans sur 100 travailleurs actifs pour la région Bruxelles-Capitale, 42,68 en Wallonie et 47,38 en Flandre. (36)

    141. Nous avons déjà traité des économies sur les salaires et sur les conditions de travail des salariés, des emplois flexibles et sous-payés des jeunes, de l’immigration sélective, des attaques sur les chômeurs, les malades et les pensionnés. Et pourtant nous ne sommes pas encore à la fin. Selon l’Agence flamande des personnes handicapées, les listes vacantes pour les personnes handicapées ont augmenté de 5.689 en 2003 à 8.200 en 2007. (37) Pour une région qui est capable de donner le fameux « job-korting » et d’autres cadeaux à l’approche des élections, cela témoigne de mauvais goût.


    (1) Bureau Fédéral du Plan, communiqué du 12 septembre 2008

    (2) Rapport annuel de la Banque Nationale, 2007, p. 97 et 99

    (3) De Tijd, 27 août 2008, Reële lonen werknemers dalen

    (4) De Tijd, 27 février 2008, Lonen kunnen prijzen niet volgen

    (5) De Tijd, 3 octobre 2007, Lonen stijgen trager dan BBP. Entre 2002 et 2006, les salaires (nominaux) et les allocations sociales ont augmenté de 13% pour atteindre 158,2 milliards €, dans cette même période, le surplus d’exploitation brut et les revenus mixtes, principalement composé des revenus des entreprises, a connu une croissance de 26% pour atteindre 121 milliards €. Le PIB était de 316,6 milliards €.

    (6) Rapport annuel de la Banque Nationale, 2007, p. 103, graphique 41

    (7) De Tijd, 9 septembre 2008, IG Metall eist 7 tot 8 procent meer loon

    (8) Des 15 Etats-membres, 6 possèdent une indexation automatique ou partielle : la Belgique, le Luxembourg, l’Espagne, la Slovénie, Chypre et Malte. Dans certains pays, il existe en plus une indexation du salaire minimum.

    (9) De Morgen, 19 avril 2008, De index is geen ideaal systeem

    (10) La Belgique et le Luxembourg sont les seuls pays avec une indexation automatique. Le système se base sur les prix de 507 produits. Dès que l’index atteint un certain, niveau, appelé l’index pivot, une adaptation à l’index s’applique. Pour les allocations dans le mois qui suit, pour les services publics et quelques secteurs du privé dans le deuxième mois qui suit. Si certains perdaient une partie de leur indexation, cela minerait leur attachement à l’index et détricoterait le front en défense de l’indexation.

    (11) The Conference Board & Groningen Growth and Development Centre – summary statistics et total economy database, janvier 2008 – en 2007 US $

    (12) De Tijd, 25 juillet 2008, Unizo trekt streep onder loonsverhogingen

    (13) Het Nieuwsblad, 17 septembre 2008, Zes dagen werken, geen opslag

    (14) De Tijd, 2 septembre 2008, Faillissementen op record na acht maanden

    (15) De Tijd, 2 septembre 2008, CAO-overleg Belgacom nog onzeker

    (16) De Tijd, 3 septembre 2008, Belastingsinkomsten met 1,1 miljard in het rood

    (17) Knack, 24 septembre 2008, Rolverdeling met een hoge prijs

    (18) De Tijd, 4 septembre 2008, We moeten besparen, maar waar?

    (19) De Tijd, 8 février 2008, Een op drie bedrijven overtreedt wet

    (20) De Tijd, 6 juin 2008, Open VLD eist 4,2 miljard minder lasten

    (21) Le Soir, 12 septembre 2008, Un tiers de jeunes dans les CPAS

    (22) Le Soir, 5 juillet 2008, Le public des CPAS continue de s’élargir

    (23) Le revenu médian est la somme qui compte autant de gens avec un revenu supérieur que de gens avec un revenu inférieur. Le revenu moyen est la somme de tous les revenus divisée par le nombre de personnes ayant un revenu.

    (24) Laatste Nieuws, 26 mars 2008

    (25) De Tijd, 26 février 2008, Een op de acht Belgen leeft in gezin zonder job

    (26) De Tijd, 21 février 2008, RVA-activeringsbeleid leidde sinds 2004 tot 12.500 schorsingen

    (27) De Tijd, 15 mai 2008, 116.000 extra banen in recordjaar 2007

    (28) The Conference Board & Groningen Growth and Development Centre –total economy database, janvier 2008

    (29) Site des autorités fédérales, emploi et chômage

    (30) Taux de chômage en pourcentage de la population active

    (31) De Tijd, 2 augustus 2008, Dreigt herfststorm op arbeidsmarkt

    (32) Le Soir, 4 septembre 2008, Deuxième mois de hausse consécutive pour le chômage

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