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  • INBEV: Tournées de licenciements après tournées de licenciements pour étancher la soif de profit du géant de la bière…

    Plus de 500 licenciements ont été annoncés en Belgique, ainsi que la fermeture des brasseries de Hoegaarden et de Molenbeek. Inbev est déjà la plus grande brasserie au niveau mondial – un de ses slogans est d’ailleurs « going from bigger to best » – mais les concurrentes Anheuser-Busch et SABMiller font plus de bénéfices avec un volume plus petit. En d’autres termes, il faut faire plus de profit, de préférence sur le dos du personnel. Mais quand il s’agit des primes des managers, il y a deux poids deux mesures.

    Luc Janssens

    En chiffres

    • 1,024 milliard de profits en 2005…
    • 31 millions d’euros en prime de départ pour trois managers…
    • Les familles Spoelberch, de Mevius en Vandamme, les plus importants actionnaires d’Inbev, ont une fortune de 7.357.577.790 euro, ce qui fait d’eux de loin les plus riches familles de Belgique…
    • Et 500 licenciements…

    La première restructuration a eu lieu en octobre dernier: 45 employés au bureau principal ont été licenciés. Alors que les négociations étaient encore en cours, les 45 travailleurs ont reçu, en décembre, leur lettre de licenciement. Fin novembre, une deuxième restructuration eut cours en Belgique. Il s’agissait de la fermeture des brasseries d’Hoegaarden et de Molenbeek et de licenciements dans presque tous les sièges. Cette restructuration était encore en cours lorsque Inbev en a annoncé une nouvelle le 24 février, lors d’une réunion extraordinaire du conseil d’entreprise : 360 licenciements à travers l’Europe, dont 201 en Belgique. Cette fois, c’est le siège de Jupille qui est visé, dont l’administration sera délocalisée vers la Tchequie et la Hongrie. Mais ça ne s’arrête pas là. Une semaine plus tard, plus de 200 licenciements étaient annoncés en Allemagne, en France, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne. Il apparaît clairement que d’autres restructurations auront lieu. Les sièges de Belgique ne seront pas touchés dans l’année à venir, à l’exception de cinq licenciements. Mais qu’arrivera-t-il ensuite? Une nouvelle tournée pour les sièges de Belgique? En appliquant la restructuration en différentes phases et en délocalisant, Inbev suit la stratégie de diviser pour mieux régner. Il s’agit de monter les travailleurs des différentes entreprises les uns contre les autres: méthode qu’Inbev continuera d’utiliser pour s’attaquer aux conditions de travail et de salaire du personnel (sauf évidemment pour les managers).

    Les réactions ont fusé immédiatement. Après l’annonce de la fermeture de la brasserie de Hoegaarden, 3000 personnes ont manifesté dans le village. Après l’annonce des licenciements à Jupille, l’évêque de Liège et l’évêque auxiliaire de Namur ont déclaré dans une interview : « Si les lois économiques ne tiennent pas compte de l’être humain, ces lois doivent changer. Les pertes d’emploi s’empilent. Hier c’était à Arcelor, aujourd’hui à Inbev. Et demain? Est-ce cela le côté européen de la mondialisation de l’économie? Cela nous touche. Avec les victimes, leurs familles, leurs collègues et beaucoup de citoyens nous disons: si la logique financière provoque tant de souffrance, elle est inhumaine et elle doit changer. »

    La logique du système actuel est en effet au service du profit. Pour augmenter ces profits, des travailleurs sont jetés à la rue. Ici et là, on entend proclammer l’impuissance quant à la volonté arbitraire des multinationales. Les politiciens crient au scandale, mais au moment décisif ils disparaissent. Ou peut-être ont-ils peur de perdre leur (futur) siège dans le conseil d’administration? Pourquoi n’entendons- nous rien de Jean-Luc Dehaene présent au conseil d’administration d’Inbev? Pas de commentaire? Quelques larmes de crocodile pour ensuite repasser à… de nouvelles attaques sur nos salaires et nos pensions. Bien que des multinationales comme Inbev sont influentes, cela ne signifie pas qu’elles peuvent faire n’importe quoi. Mais pour les arrêter, il faut établir un rapport de force. Il est donc nécessaire de répondre à la stratégie de division d’Inbev. Pour cela il faut un plan d’action commun, européen et combattif, discuté sur les lieux de travail, avec comme point central la lutte pour chaque emploi. Mais même si cela mène à une victoire, elle ne serait que temporaire. Tant que nous vivrons dans un système capitaliste, les profits seront toujours primordiaux, et l’attaque suivante n’est qu’une question d’échéance. Des victoires ponctuelles sur des multinationales comme Inbev sont possibles à condition de construire un rapport de force. Une longue phase de concessions systématiques occtroyées par les multinationales, comme, dans une certaine mesure, lors des « golden sixties », est par contre exclue dans cette phase du capitalisme. Pour de véritables résultats, il faut fondamentalement briser le système et construire une société socialiste.

  • Le néolibéralisme bloque l’émancipation des femmes

    Indépendamment du continent où elles se trouvent, ce sont les femmes qui sont le plus violemment touchées par les attaques néolibérales que subit la classe ouvrière. Licenciements massifs, précarité dans le monde du travail, bas salaires, attaques sur l’Etat-Providence, sur les droits à la pension, sur les facilités pour les crêches,… ne vont pas seulement mener à une augmentation de la misère et de la souffrance des femmes, mais vont très probablement aussi mener à une radicalisation politique plus développée des femmes et parmi elles de celles issues de la classe ouvrière.

    Dagmar Walgraeve

    11 mars: Débats et discussions à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes

    Le MAS/LSP organisera ce samedi 11 mars une journée de débats et discussions en rapport avec la Journée Internationale des Femmes (du 8 mars).

    Il y aura entre autres au programme:

    Discussion plénière: L’émancipation des femmes après 20 années d’attaques néo-libérales. Comment le système actuel sappe-t’il l’émancipation des femmes?

    Ateliers:

    > L’histoire du mouvement féministe et des femmes dans le mouvement ouvrier

    > La violence au sein de la famille: quelle réponse pouvons-nous apporter? Avec un rapport de la Campaign Against Domestic Violence (CADV)

    > Prostitution: la légalisation est-elle une solution? Qu’elle est le point de vue des socialistes?

    Meeting: La place des femmes dans la lutte!

    Avec, notamment, Sinead Daly, membre de la direction du Scottich Socialist Party, formation large à l’intérieur de laquelle notre organisation-soeur (International Socialists) est investie en Ecosse. Sinead est active déjà depuis de longues année dans les campagnes contre les violences familiales (CADV) et d’autres campagnes pour le droit des femmes.

    La journée de débats et discussions aura lieu à Bruxelles (ULB). Elle commencera à 13h00 et se terminera à 20h00. Informez-nous à l’avance si vous avez de jeunes enfants; une garderie est prévue.

    Informations pratiques :

    Cette journée débutera à 13h00 (jusque 20h00) et se déroulera dans le bâtiment H de l’Université Libre de Bruxelles (ULB), Campus du Solbosch, Avenue Franklin D. Roosevelt 50, 1050 Bruxelles.

    PAF :5 € pour les travailleurs, 3 € pour les étudiants et les chômeurs

    Des boissons et des swandich’s seront disponibles sur place.

    Une garderie est prévue. Si vous venez avec de jeunes enfants, merci de nous prévenir.

    Plus d’infos ? -> contactez le MAS-LSP par téléphone au 02/345.61.81 ou par e-mail à info@socialisme.be

    N’hésitez pas à visiter notre page femme: www.lsp-mas.be/mas/femmes

    Féminisation du travail?

    Ces derniers décennies, partout dans le monde, le nombre de femmes sur le marché du travail a augmenté. En soi, cela semble positif, mais le terme de “féminisation du travail” est néanmoins trompeur. Ce phénomène n’a pas mené à l’amélioration générale du statut économique, politique et social des femmes à travers le monde.

    Par l’élargissement des zones de libre échange, les gouvernements, surtout d’Asie et d’Amérique Latine, mènent une politique agressive pour attirer les investissements occidentaux. Il est assez remarquable que 90% des 27 millions de travailleurs de ces zones sont de jeunes femmes gagnant 50% à 80% de moins que les hommes.

    Les employeurs de ces pays partent de l’idée que ces travailleuses vont accepter plus facilement de mauvaises conditions de travail et vont démontrer des sentiments “responsables” (la moitié de ces femmes sont mères célibataires).

    Ces idées patriarcales selon lesquelles les femmes sont plus serviles, ont moins tendance à s’organiser et sont plus facilement licenciée sur base de mariages et de grosesses sont utilisées par le capitalisme.

    La tendance à la “féminisation du travail” n’est donc pas du tout une donnée positive, mais est plutôt la conséquence d’une recherche effrénée de profits pour les entreprises et des forces de travail à bon marchés et flexibles. Les conditions de travail pour beaucoup de femmes dans le monde néocolonial sont pénibles, leurs emplois sont très mal payés, précaires et sans sécurité.

    Seulement 38% des femmes indépendantes économiquement

    Dans les pays occidentaux beaucoup d’emplois occupés par les femmes sont toujours un reflet du travail que celles-ci effectuent à la maison. 85% de toutes les travailleuses belges travaillent comme infirmières, femmes de ménage, cuisinières, coiffeuses, …

    Et dans des pays où le principe du salaire égal est devenu loi, les femmes gagnent souvent moins que les hommes pour le même travail. En Grande-Bretagne c’est en moyenne 19% de moins, et la situation en Belgique est plus déplorable encore. Au sein de l’UE, près de 80% des emplois à temps partiel sont occupés par les femmes. Souvent, ces boulots sont sous-payés et il y a une grande insécurité de travail. Le système du temps partiel (et donc des salaires “partiels”) fait qu’aux Pays Bas, par exemple, seulement 38% des femmes qui travaillent sont économiquement indépendantes.

    Les femmes optent souvent pour le temps partiel par nécessité: 29% pour s’occuper des enfants et 25% pour d’autres raisons familiales. Cela démontre qu’il y a toujours un manque de crêches abordables. 20% des femmes travaillent à temps partiel faute de n’avoir pu trouver d’emploi à temps plein.

    Dans les supermarchés notamment, le temps plein n’existe quasiment pas. Lors de l’introduction du temps partiel, il était encore possible de percevoir une allocation supplémentaire si on continuait à chercher un emploi à temps plein.

    Mais très rapidement, cette allocation a été abolie, elle n’a existé que pour promouvoir le temps partiel dans un premier temps. Avec l’article 143/80, les chômeuse de longue durée mais cohabitantes ont perdu leurs allocations. En 1991, 91,6% de ces suspensions concernaient des femmes!

    Double journée de travail

    Encore maintenant, le revenu des femmes est régulièrement vu comme “complémentaire” à celui de leur partenaire. Et ce sont toujours les femmes qui font la plus grande partie du ménage, même si les deux partenaires travaillent à temps plein. Cette double journée de travail fait que les femmes ont, toujours aujourd’hui, bien moins de temps libre que les hommes. Cette différence est relativement limitée chez les couples sans enfants, mais à cause du travail à l’extérieur et des opinions répandues le ménage, le temps libre des femmes tombe fortement (les femmes ont en moyenne 4 heures de temps libre en moins que les hommes).

    Le temps libre des pères tombe en moyenne de 50,1 heure à 31,6 heures par semaine, alors que les mères passent de 46,6 heures à 22,5 heures par semaine. Ces statistiques viennent de Grande-Bretagne, mais les études effectuées en Belgique vont dans la même direction.

    Les mères célibataires, 73% des parents isolés, sont souvent dans l’incapacité de tenir le coup financièrement et de combiner le travail avec la prise en charge de leur famille. 60% des minimexés en Belgique sont des mères célibataires.

    Le Pacte des Générations

    Le nombre minimum d’années de carrière pour être prépensionné a pour conséquence que les femmes sont les plus touchées et les premières victimes du Pacte des Générations.

    2/3 des temps partiel sont occupés par les femmes et ce sont 38% des femmes actives qui travaillent à temps partiel contre 5% des hommes. Proportionellement, celles-ci devront travailler plus d’années avant d’avoir accès à une pension complète. Le temps partiel est souvent le seul recours pour les femmes qui ont à choisir entre une vie de famille et une carrière. Cela devient limpide si on regarde l’âge auquel les femmes travaillent le plus à temps partiel. Entre 20 et 29 ans, il s’agit de 24%. A l’âge où la plupart des femmes commencent à avoir leurs enfants, entre 30 et 40 ans, ce chiffre grimpe jusqu’à 41%, et les années suivantes jusqu’à 45%. Les hommes, durant toutes ces périodes, restent à 4% de travailleurs à temps partiel, pour monter à 12% entre 60 et 64 ans. Pour ces derniers, s’il y a abandon du travail à temps plein, c’est pour vivre plus calmement et pour avoir plus de temps libre. Les mêmes éléments reviennent dans les chiffres sur le crédittemps et l’âge auquel hommes et femmes le prennent.

    Les travailleurs qui vont en pension à ce moment (entre 60 et 65 ans) peuvent en moyenne prouver une carrière de 37 ans à l’âge de 58 ans, 35 ans de travail et deux années assimilables. Les travailleuses qui vont en pension à ce moment (entre 60 et 64 ans), elles, peuvent en moyenne prouver une carrière de 34 ans à l’âge de 58 ans, 26 ans de travail et 8 ans sont des périodes assimilées. Comme 38% des femmes auront eu une carrière à temps partiel, 30% des femmes avec une carrière de plus de 30 ans n’arriveront pas à avoir une pension minimum (pour avoir droit à une pension minimum, il faut avoir travaillé durant 30 années à temps plein), alors qu’il ne s’agit “que” de 8,5% chez les hommes.

    Selons certains calculs, le Pacte des Générations fera que 71% des femmes n’auront plus accès à la prépension parce qu’elles n’auront pas eu de carrière complète de 38 ans.

    1 femme sur 5 confrontée à la violence conjuguale

    Les attaques néolibérales sur nos acquis sociaux mènent à plus de problèmes et de stress au sein des familles, ce qui peut s’exprimer de façon violente.

    Les journeaux ont fait état l’an dernier d’une trentaine de drames familiaux, mais ce n’est là que le sommet de l’iceberg. La violence à l’encontre des femmes est en progression. La violence entre partnenaires est en Europe la cause principale de mort et d’invalidité pour les femmes entre 16 et 44 ans, plus que le cancer ou les accidents de la route. Dans les 15 états-membres de l’UE (avant l’élargissement), chaque année, plus de 600 femmes sont tuées à cause de cette violence, et c’est une femme sur cinq en Belgique qui est confrontées aux coups d’un conjoint.

    Tous les jours, en Flandre, 14 femmes prennent la décision difficile de chercher de l’aide en allant auprès d’un refuge, et la moitié est refusée faute de places. Et s’il subsiste encore de la place, souvent il n’en reste plus pour les enfants. Ces femmes sont donc devant la décision déchirante de laisser leurs enfants chez un partenaire violent ou de retourner à la maison avec eux. Mais pour beaucoup, revenir en arrière est impossible, 11% des femmes qui finalement trouvent une place dans un refuge ont erré pendant un certain temps. Une place dans ces refuges coûte 17 euros par jour (12 pour les enfants). Auparavant, on a déjà mentionné que seule une partie des travailleurs est indépendante financièrement (38% aux Pays-Bas). Cette dépendance financière rend plus difficile encore de quiter un partenaire violent.

    Il a fallu attendre 1998 pour que la violence entre partenaires soit reconnue comme crime, mais cette loi reste lettre morte. Alors qu’il y a 21 plaintes par jour pour coups et blessures entre (ex-)partenaires, 9 plaintes sur 10 sont classées sans suite. Il faut avoir assez d’accueil gratuit pour les victimes, mais les coupables doivent aussi être aidés. Les mettre dans le prison n’est pas une solution.

    Pour lutter contre la violence au sein de la famille, il faut s’en prendre avant tout aux causes sociales. L’ultra-flexibilité engendre beaucoup plus de stress, et cela ne s’exprime pas seulement dans la croissance des dépressions ou l’utilisation grandissante de somnifères… Dans le logement également, des mesures structurelles sont nécessaires car les loyer hors de prix sont aussi une difficulté pour quitter son partenaire. Un accès rapide à une habitation sociale pour les femmes qui veulent échapper a une situation violente ne peut être garanti que si le nombre de logements sociaux augmente fondamentalement des 6% actuellement jusqu’à 40 ou 50% du marché du logement. C’est uniquement en améliorant les conditions de vie et de travail de tous que l’on peut améliorer les relations sociales.

    Les problèmes structurels avec lesquels les femmes sont confrontées aujourd’hui sont inhérents à la structure économique du système capitaliste où le profit se trouve toujours en premier lieu. La lutte des femmes n’est pas une lutte distincte mais doit rejoindre la lutte des travailleurs, des jeunes, des refugiés, des pauvres,… partout dans le monde pour un système dans lequel seront prioritaires les besoins de toute la population mondiale et non plus les profits de quelques uns.

    NOTRE AVIS

    > Halte à la superflexibilité et à la pression croissante au travail. Pour la semaine de 32 heures sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires

    > Un véritable emploi pour tous. Pas de statuts précaires, chèques services,…

    > Des services publics de qualité qui assurent le plus possible de tâches ménagèrent

    > Halte au démantèlement des (pré-)pensions

    > Des logements sociaux de qualité

    > Des crêches gratuites et de qualité

  • Les lois anti-terroristes nous touchent tous!

    La classe dirigeante en Belgique comme ailleurs se dote de nouveaux moyens pour renforcer la lutte contre le terrorisme. Les dirigeants capitalistes instrumentalisent à outrance la remontée des attentats terroristes pour instaurer un climat de peur et renforcer leur appareil répressif. Au-delà de l’inefficacité de telles mesures et de leur coût exorbitant, c’est bien d’une vague d’attaques contre nos droits démocratiques dont il s’agit.

    Stéphane Delcros et Cédric Gérôme

    Suite au récent attentat kamikaze perpétré par une Belge en Irak, la Ministre de la Justice Onkelinx tente de faire passer un avant-projet de loi renforçant les moyens policiers et judiciaires face à une menace terroriste. Le gel de certains comptes bancaires sera facilité, des perquisitions à toute heure et des écoutes par téléphone ou micro caché seront autorisées. Toutes les données récoltées par la police seront en outre confinées dans un dossier secret auquel ni l’accusé, ni l’avocat n’auront accès.

    La Belgique est loin d’être le seul pays à adopter des lois antiterroristes; le Parlement européen a adopté récemment une directive permettant la conservation des données téléphoniques et électroniques pour une durée de 6 à 24 mois et donnant plein droit à la police de les consulter.

    Après le 11 septembre 2001, les Etats-Unis avaient adopté le Patriot Act, loi antiterroriste d’exception qui décuple les pouvoirs de la justice et de la police. Adopté initialement pour une durée de quatre ans, le Patriot Act était en passe d’être reconduit indéfiniment, mais cette dernière proposition a été -temporairement, du moins- rejetée par le Sénat, suite aux nombreux scandales qui ont éclaboussé la Maison-Blanche et la mettes dorénavant sur une position défensive. On ne compte plus les abus policiers et judiciaires basés sur cette loi, notamment en matière de surveillance de la population. La mise sur écoutes de la population américaine et les pratiques d’espionnage du Pentagone ne sont cependant pas nouvelles: ce genre de mesures furent largement utilisées contre des groupes hostiles à la guerre du Vietnam et des organisations de défense des droits civiques dans les années ’70.

    En Grande-Bretagne, les lois antiterroristes prennent une ampleur démesurée. Plusieurs millions de caméras filment désormais les faits et gestes de la population. Après les attentats de Londres en juillet dernier, le gouvernement de Blair a encore durci son programme avec une nouvelle loi qui prévoit notamment la prolongation de la garde à vue à 3 mois pour les personnes suspectées de terrorisme.

    A la suite de l’explosion des banlieues, la classe dirigeante française a adopté puis prolongé pour 3 mois l’état d’urgence, se référant à une loi qui n’avait pas été invoquée depuis un demi siècle dans l’Hexagone. Le gouvernement peut ordonner à la police de procéder à des arrestations massives, interdire les manifestations et censurer les médias. La police est autorisée à perquisitionner et restreindre les mouvements des personnes sans devoir fournir de preuves ou de raisons justifiant de telles actions. Ainsi, 11 des 24 propositions du Front National en matière de justice et de police ont déjà été mises en application par le gouvernement français.

    Brandissant le prétexte de la menace terroriste, partout les gouvernements capitalistes consolident leur appareil de répression et restreignent les libertés publiques. L’interprétation des lois anti-terroristes étant extrêmement large, ces mesures s’avèrent très utiles afin de museler les mouvements sociaux.

    Dans les années 80 déjà, Margaret Thatcher s’était servi d’une loi antiterroriste pour réprimer une grève de mineurs. On se souvient également des déclarations de plusieurs dirigeants européens n’hésitant pas à assimiler les militants anti-mondialisation à des terroristes. Cette année, en France, les unités antiterroristes du GIGN sont intervenues deux fois contre des actions syndicales. En Belgique, l’actuel procureur fédéral en charge de la lutte contre le terrorisme est Daniel Bernard, qui avait mené l’accusation dans le procès contre les syndicalistes de Clabecq.

    Tout comme les actes de terrorisme servent de justification à la politique répressive de la bourgeoisie, cette dernière alimente le terrorisme et ne résoud rien. Les énormes moyens développés par la Grande-Bretagne dans son arsenal anti-terroriste n’ont pas empêché les attentats de Londres. Quant aux centaines de milliards de dollars investis par Bush dans sa " lutte contre le terrorisme ", ils n’ont pas permis d’endiguer le terrorisme mais ont au contraire stimulé son développement à travers le monde. Il est temps de sortir de ce cercle vicieux en construisant une véritable opposition qui combat le terrorisme en s’en prenant à sa racine : le système capitaliste qui le génère.

  • Changement climatique. Un point de vue socialiste

    Les terribles conséquences du cyclone Katrina ont ouverts les yeux des américains sur la politique menée par Bush et Cie. Mais ces effets désastreux soulèvent également des questions sur l’impact du changement climatique. Les scientifiques se disputent aujourd’hui sur cette question: dans quelles mesures l’activité humaine peut-elle être une cause du changement climatique, lui-même à l’origine du nombre croissant de catastrophes naturelles?

    Bart Vandersteene

    En tant que socialistes révolutionnaires nous savons que cette planète est en perpétuel développement, donc que le climat, très lentement, se modifie constamment. Nous savons également que le capitalisme a d’énormes conséquences, pas seulement sur les personnes et leurs relations sociales, mais également sur l’environnement. Dans la discussion scientifique, il n’est pas toujours simple de distinguer les faits de la propagande. Sous le capitalisme monopolistique, la science est aussi un produit commercial. Ceux qui ont de l’argent peuvent diriger des recherches dans le sens des intérêts qu’ils veulent défendre. Mais malgré tout, il y a un consensus sur le fait que la terre se réchauffe, principalement à cause des gaz à effet de serre.

    Les accords de Kyoto de ’97 avaient pour but de réduire les gaz à effet de serre d’environ 5% pour 2012 par rapport à 1990. Des experts pensent qu’une diminution de 60% est nécessaire. La date de référence 1990 n’est pas choisie innocemment. Elle correspond à l’effondrement des Etats staliniens d’Europe de l’Est. Les économies de ces pays étaient presque totalement ruinées et la forte diminution des émissions de gaz à effet de serre qui en découle permettait de rendre les objectifs de Kyoto réalisables.

    Ce qui est étrange, c’est que les accords de Kyoto donnent la possibilité aux Etats de négocier et vendre leurs quotas d’émissions de CO2. Peut-il y avoir encore plus ironique que le ministre Ecolo Deleuze qui propose que la Belgique vende son air propre à la Russie ? Un autre problème avec Kyoto, c’est évidemment qu’il ne propose aucun projet pour après 2012. La problématique nécessite une planification de coordination sur le plan international pour des décennies. Or, le chaos anarchique du capitalisme nous empêche de tenir une planification sur le long terme.

    “Les émissions de gaz à effet de serre (…) sont à l’origine d’un réchauffement de la planète qui revêt aujourd’hui un caractère alarmant et connaît un rythme insoutenable à terme. Quand je dis à terme, je ne veux pas dire à l’horizon de quelques siècles. Je veux dire dans les années que connaîtront mes enfants, et peut-être même durant ma propre existence. Et quand je dis insoutenable, je ne vise pas un phénomène qui nous obligera à certains ajustements. J’entends par là un bouleversement d’une telle ampleur et d’une telle irréversibilité dans ses effets destructeurs que la survie même de l’espèce humaine s’en trouve menacée.”

    Ce discours date de septembre 2004 et a été prononcé par le Premier ministre britannique Tony Blair. Celui-ci donne un aperçu du problème et met en avant la nécessité de diminuer le dioxyde de carbone de 60% d’ici 2050. Mais toute initiative concernant du changement climatique est basée sur les intérêts des grosses entreprises. En fait, l’émission de CO2 en Grande-Bretagne n’a pas baissé, mais a augmenté même de de 2,2% en 2003 et de 1,5% en 2004.

    La seule méthode réaliste pour diminuer l’émission de CO2 de manière drastique est de stopper la consommation de combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz) et de produire de l’énergie qui ne provoque pas de réchauffement climatique. Tentant de respecter les normes de Kyoto, les différents gouvernements ont étudié à nouveau la question d’investir dans l’énergie nucléaire, celle-ci ne provoquant pas d’effet de serre. Ce n’est pas de cette manière que les socialistes cherchent une solution.

    Une solution durable reposant sur la situation actuelle des sciences et technologies peut seulement être envisagée par l’utilisation plus répandue d’énergies renouvelables comme les énergies éolienne, solaire ou marémotrice. Ces sources d’énergie ont certes des limites: elles sont beaucoup plus présentes certains jours, dans certains lieux, à certains moments de la journée,… et la quantité d’énergie produite reste encore relativement limitée. Il sera donc nécessaire de planifier le développement de ces sources d’énergie au niveau international et de mettre l’entièreté de l’industrie énergétique dans les mains de la communauté. Tout ceci ne peut se faire quer dans une société socialiste basée sur la coopération et non sur la rivalité impérialiste entre les nations comme nous le connaissons sous le capitalisme.

  • Attentats de Londres. La répression n’empêchera pas le terrorisme

    Bush et Blair ont envahi l’Irak en affirmant qu’ils voulaient détruire les armes de destruction massive de Saddam Hussein et préparer un « monde plus sûr ». Non seulement ces armes n’existaient pas mais les terribles attentats de ces dernières semaines en Turquie, en Egypte, à Londres et bien sûr quotidiennement en Irak, montrent, tout en nous horrifiant, que le monde est devenu bien moins sûr.

    Jean Peltier

    Nouvelles mesures répressives

    Pourtant, pour Blair, les attentats de Londres n’ont aucun rapport avec sa politique en Irak, mais bien avec l’« idéologie maléfique » de certains musulmans! Il essaie ainsi de désamorcer l’opposition à la guerre en Grande-Bretagne, mais l’émotion populaire et la peur face aux attentats sont autant d’opportunités pour faire passer une série de mesures restreignant les libertés civiles. « Soutenir ou glorifier le terrorisme » deviendrait un délit Mais qu’est-ce que le terrorisme?

    Cette années, les ouvriers d’AGC Splintex furent qualifiés comme tels lorsqu’ils empêchèrent leur direction, sourde à toute dis-cussion, de sortir de leurs locaux. Le statut de réfugié serait refusé à toute personne « ayant participé au terrorisme ou ayant quoi que ce soit à voir avec lui » (idem). Les durées de détention de suspects par la police seraient étendues. Des tribunaux spéciaux composés uniquement de juges spécialement sélectionnés seraient constitués pour juger les actes de terrorisme. Le gouvernement britannique prépare aussi une définition du « comportement inacceptable » qui inclurait quiconque exprime des « vues extrêmes qui sont en conflit avec la culture de tolérance du Royaume-Uni ».

    Aux Etats-Unis existe depuis le 11 septembre un ensemble de mesures de ce genre, le Patriot Act (loi patriotique), utilisé contre des supposés terroristes mais aussi contre des manifestants anti-guerre et des militants du Parti Vert (le parti-frère d’Ecolo !). Aux USA comme en Grande-Bretagne et peut-être demain ailleurs, ces mesures représentent une menace très sérieuse pour tous ceux qui s’opposent au soutien apporté par beaucoup de gouvernements à la politique de Bush d’occupation de l’Irak et d’agression contre les peuples du Moyen-Orient, même si, comme nous, ils sont totalement opposés au terrorisme et qu’ils condamnent sans hésitation les attentats, surtout visant des populations civiles.

    Alternative à l’intégrisme

    Le climat de peur et de paranoïa que le gouvernement et une grande partie de la presse entretiennent, explique que les injures et actes anti-arabes et anti-musulmans se multiplient en Angleterre. La multiplication des opérations policières dans les quartiers immigrés, ne peuvent qu’aiguiser la peur et la colère parmi les jeunes musulmans qui se sentent de plus en plus rejetés et risquent de devenir plus sensib-les aux arguments des intégristes.

    L’intégrisme musulman – et sa branche politique et terroriste en particulier – est une mauvaise réponse aux frustrations ressenties par une grande partie des populations musulmanes, dans le Tiers-Monde comme en Europe, une réponse ultra-conservatrice et rétrograde qui divise les opprimés en fonction de leur religion. Les mesures répressives que prennent des gouvernements occidentaux participant à l’oppression de ces populations sont hypocrites et dangereuses: elles ne permettront pas de lutter efficacement contre l’intégrisme et le terrorisme mais elles risquent fort d’être utilisées de manière beaucoup plus large contre les travailleurs en lutte et tous ceux qui contestent le système actuel.

    Seule une politique réellement socialiste s’adressant à tous les opprimés, quelle que soit leur nationalité ou leur religion, pour lutter ensemble contre la misère, l’injustice, les discriminations et la domination impérialiste sur le monde, peut détacher les jeunes musulmans de l’intégrisme et du terrorisme. Et seul un mouvement uni des travailleurs autour d’une telle politique pourra mettre fin concrètement à toutes ces horreurs.

  • Le néo-libéralisme mis en cause. Union européenne: une claque magistrale!

    La victoire du NON au référendum sur la constitution européenne, le 29 mai dernier en France, est une claque magistrale infligée par les travailleurs et les jeunes aux institutions capitalistes de l’Union européenne. Le taux de participation élevé (70%), les 56% de NON à la constitution sont sans appel. L’Europe capitaliste est K.O. debout ! Chirac et la classe politique et médiatique peuvent aller se rhabiller : ils ont mal mesuré le ressentiment des classes défavorisées envers les institutions européennes. Depuis des années, celles-ci incarnent, pour une masse croissante de travailleurs et de jeunes, les privatisations, la casse des services publics, les coupes dans les budgets sociaux, la compétition forcée avec les pays à bas salaire,…

    Peter Delsing

    Le NON aux Pays-Bas (63%), le 1er juin, a été le clou du cercueil. En quelques semaines, une atmosphère de crise a gagné les bourgeoisies européennes. L’eu(ro)phorie est bien loin !

    Le NON comme expression des contradictions de classes

    En France et aux Pays-Bas, l’extrême droite et les nationalistes ont fait campagne pour le NON : le néo-fasciste Le Pen et le conservateur de droite De Villiers en France, le populiste de droite Geert Wilders aux Pays-Bas. Mais le NON était principalement l’expression d’un rejet de l’Europe capitaliste par les victimes de la crise. En France, les mobilisations de masse contre l’abolition de la semaine de 35 heures, contre la baisse du pouvoir d’achat et contre les privatisations ont pesé lourd dans le camp du NON. L’opposition à la Constitution est devenue une question sociale : la politique antisociale de Chirac et des autres gouvernements fait partie intégrante de la politique néo-libérale imposée par l’Union européenne. Dans les grandes villes ouvrières comme Marseille, Nice ou Lille, le NON l’a emporté haut la main. Dans les villes plus nanties, avec une forte concentration petite-bourgeoise, comme Paris, Lyon, Strasbourg, le OUI l’a emporté. Dans les quartiers populaires d’Amsterdam (Amsterdam-Nord : 73%, Volewijck et Buiksloterham ; tous deux 79%) le NON l’a emporté sans bavures.

    Il est révélateur que même les commentateurs bourgeois ont été contraints de reconnaître qu’on avait voté contre la politique ‘libérale’. Les résultats de ces référendums ont confirmé l’analyse du MAS: depuis des années nous avons répété qu’une révolte de masse allait se lever contre la politique antisociale actuelle. Les mobilisations de la jeunesse annonçaient une radicalisation plus large chez les travailleurs. Quand nous avons organisé en 2001, à Gand, avec Résistance internationale, une grève et une manifestation de 2.500 lycéens et d’étudiants contre le sommet européen, certains commentateurs ont jugé qu’il s’agissait de protestations "marginales". Ils ont eu tort.

    La crise capitaliste met à mal l’Union européenne

    Toute tentative d’organiser un second referendum en France et aux Pays-Bas a fait long feu ; Cela ôterait toute crédibilité aux institutions capitalistes européennes, avec le risque de provoquer des mobilisations de rue. Ce serait une stupidité pour la bourgeoisie. La Grande-Bretagne, la Pologne et la Tchéquie ont décidé de reporter leur référendum. La victoire du NON en France et aux Pays-Bas a radicalisé les travailleurs. Ceux qui expliquent que le NON est l’expression d’un nationalisme étroit, n’ont rien compris: c’est au contraire l’expression d’une prise de conscience sociale internationale.

    L’Europe ne peut être unifiée sur base de différents états-nations. Plus la crise économique s’approfondira, plus la pression au sein de chaque bourgeoisie pour trouver une issue individuelle pèsera. En Italie, pays officiellement en récession, la Ligue du Nord – pourtant au gouvernement – a préconisé l’abandon de l’euro et le retour à la lire! L’idée derrière cela est d’améliorer la position concurrentielle des exportations italiennes en dévaluant la lire. Ceci (évidemment) au détriment des autres états concurrents européens. Une crise économique profonde, et surtout le spectre de la lutte de classes qui pourra faire chuter des gouvernements, ne manquera pas de pousser à terme l’Union européenne hors jeu.

    Les failles dans la construction européenne capitaliste se multiplient : la constitution est mise au frigo pour longtemps ; l’élargissement de l’Union (à la Turquie, à de nouveaux pays de l’Est) est remise aux calendes grecques ; le sommet de Bruxelles (en juin) a capoté sur le budget européen. Il s’agit de la crise la plus grave de la tentative d’unification capitaliste européenne. Il n’existe plus de noyau "convaincu" de pays forts qui rallient derrière eux les pays indécis, comme dans la deuxième partie des années 90, à l’époque d’une conjoncture économique meilleure. Les intérêts capitalistes nationaux regagnent du terrain. C’est la conséquence de l’aggravation de la crise du capitalisme.

    Les dirigeants capitalistes n’ont rien appris: il est temps de les mettre dehors

    En France, le nouveau premier ministre De Villepin veut inverser le cours en annonçant… de nouvelles mesures d’austérité. Il veut, par exemple, faciliter les licenciements dans les PME ("pour qu’elles embauchent plus vite") et organiser la chasse aux chômeurs.

    Les syndicats doivent riposter à ces nouvelles attaques et défendre réellement les travailleurs. On ne pourra construire un rapport de forces qu’à travers la lutte. Le MAS veut participer à cette riposte. La création d’un nouveau parti des travailleurs à caractère de masse est un élément clé de cette riposte. Nous pensons que ces partis devront adopter un programme de transformation socialiste de l’Europe. Car seule une fédération des états socialistes d’Europe pourra mener une véritable politique sociale.

  • 60 ans après la Seconde Guerre mondiale

    On commémore ces temps-ci le 60ème anniversaire de la fin la Seconde Guerre mondiale. Les médias nous ont abreuvés d’articles et de témoignages historiques sur ce qui fut la plus grande boucherie à ce jour de l’histoire humaine (60 millions de morts). Un dossier de plus? Non, car les commémorations occultent trop souvent les tenants et aboutissants de cette guerre qui a changé pour près d’un demi-siècle les rapports de force au niveau mondial.

    Thierry Pierret

    La Première Guerre mondiale avait été une guerre de repartage du monde entre puissances impérialistes. Pendant des décennies, il y avait une course de vitesse entre les différentes puissances européennes pour s’emparer des différents pays d’Afrique et d’Asie. La Grande-Bretagne et la France étaient sorties gagnantes de cette course de vitesse, l’Allemagne devant se contenter des “miettes” du monde colonial.

    C’est la volonté de l’Allemagne d’imposer un repartage du monde à son avantage qui a plongé le monde dans la “Grande Guerre” en 1914. Les principaux partis sociaux-démocrates s’étaient rangés derrière le drapeau de leur propre impérialisme. C’est la Révolution russe qui a mis fin à la Grande Guerre sur le front de l’est avec l’armistice de Brest-Litovsk. Quelques mois plus tard, la révolution en Allemagne mettait fin aux hostilités sur le front occidental. Malheureusement, la révolution en Allemagne n’a pas abouti à la prise du pouvoir par les travailleurs comme en Russie. Le Parti social-démocrate (SPD) y était autrement plus puissant que les mencheviques en Russie et le jeune Parti communiste allemand (KPD) a commis des erreurs tactiques. La défaite de la révolution en Allemagne, mais aussi en Italie, en Hongrie, en Slovaquie,… ouvre désormais la voie à une période de contre-révolution en Europe qui sera le prélude à une nouvelle conflagration mondiale.

    La montée du fascisme

    La petite-bourgeoisie était prise en tenaille entre le mouvement ouvrier d’une part, la grande industrie et les banques d’autre part. La faillite les guette et, avec elle, la nécessité de vendre leur force de travail pour vivre. Ils aspirent au retour à l’ordre, c’est-à-dire à la situation qui prévalait avant l’industrialisation, à savoir une société de petits producteurs. Les fascistes les séduisent avec leurs diatribes contre “le capital financier” et contre le communisme. La crise économique des années trente verra les secteurs décisifs de la bourgeoisie soutenir le fascisme pour rétablir ses profits en écrasant le mouvement ouvrier et en forçant l’ouverture des marchés extérieurs aux produits allemands.

    Il est donc faux de prétendre que la mégalomanie de Hitler et de Mussolini serait la cause de la Seconde Guerre mondiale. En fait, le programme des partis fascistes correspondait aux nécessités du capitalisme en période de crise aigüe. La seule façon pour la bourgeoisie des pays vaincus (Allemagne) ou mal desservis par la victoire (Italie) de restaurer sa position, c’était d’imposer un nouveau partage du monde par la guerre. Or seuls les partis fascistes étaient déterminés à le faire là où les partis bourgeois classiques étaient soucieux de préserver les équilibres internationaux. Il y a donc un lien entre le fascisme et la guerre dans la mesure où ce sont deux conséquences parallèles de la crise du capitalisme en décomposition.

    Capitulation du mouvement ouvrier

    La victoire du fascisme n’était pas inéluctable. En Allemagne, les partis ouvriers et leurs milices – SPD et KPD – étaient plus puissants que le Parti nazi. Mais le SPD refusait l’affrontement sous prétexte de respecter la légalité là où les nazis n’en avaient cure. Plutôt que d’organiser les travailleurs, il préférait s’en remettre au Président Hindenburg comme “garant de la démocratie”.

    Quant au KPD, il suivait la ligne de Moscou qui professait la théorie absurde selon laquelle la social-démocratie et le nazisme étaient des frères jumeaux (théorie du social-fascisme). Le KPD a même organisé des activités en commun avec les nazis! Cette attitude des dirigeants des deux grands partis ouvriers allemands a complètement désorienté les travailleurs allemands face aux nazis. En 1933, Hitler prenait le pouvoir sans coup férir avec la bénédiction de Hindenburg…

    Le Pacte germano-soviétique

    L’arrivée au pouvoir de Hitler – dont Staline était pourtant largement responsable – a semé la panique à Moscou. Pour assurer sa défense, l’URSS va désormais privilégier une stratégie d’entente avec la France et la Grande-Bretagne. Pour ce faire, il ne fallait rien faire qui puisse effrayer les bourgeoisies française et britannique. Par conséquent, les partis communistes occidentaux devaient adopter un profil bas et privilégier des alliances non seulement avec la social-démocratie, mais aussi avec la “bourgeoisie progressiste”.

    Cette stratégie débouchera sur la formation de gouvernements de front populaire en France et en Espagne en 1936. Pour maintenir coûte que coûte ce front de collaboration de classe, le PC n’hésitera pas à casser la grève générale en France et à liquider la révolution en Espagne. Mais en 1938, Paris et Londres repoussent l’offre de Staline d’agir de concert pour contrer les visées de Hitler sur la Tchécoslovaquie.

    Staline change alors son fusil d’épaule et signe le Pacte germano-soviétique en 1939. Il croit ainsi assurer ses arrières. Bien plus qu’un pacte de non-agression, le Pacte germano-soviétique comportait un protocole secret qui organisait le dépeçage de l’Europe de l’est entre l’Allemagne et l’URSS. Alors que les bolcheviques avaient rendu publics tous les traités secrets en 1917, Staline renouait avec les pires méthodes des puissances impérialistes.

    Une nouvelle guerre de repartage

    La Seconde Guerre mondiale fut, en Europe de l’Ouest, en Afrique et en Asie, une nouvelle guerre de repartage du monde. L’Allemagne, qui avait été privée de toutes ses colonies en 1918, voulait prendre sa revanche. L’Italie, mal desservie par sa victoire en 1918, avait annexé l’Albanie et envahi l’Ethiopie en 1935. Mais l’Ethiopie était le seul pays africain qui restait à coloniser. L’Italie ne pouvait plus étendre son empire colonial qu’en empiétant sur les colonies françaises et britanniques. Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons de son entrée en guerre aux côtés de l’Allemagne en 1940. En Asie, le Japon, après avoir annexé la Corée et la Mandchourie, s’était lancé à la conquête de la Chine toute entière. Il lorgnait sur les colonies françaises, britanniques et hollandaises en Asie. Mais les Etats-Unis s’opposaient aux prétentions impériales de Tokyo en Asie et lui ont coupé son approvisionnement en pétrole.

    D’où l’attaque sur Pearl-Harbour en décembre 1941 pour avoir les mains libres dans le Pacifique. Pearl-Harbour a fourni le prétexte rêvé au Président Roosevelt pour engager les Etats-Unis dans la guerre, puisque le Japon était un allié de l’Allemagne et de l’Italie. La guerre est désormais mondiale. Elle oppose les puissances impérialistes établies (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne) aux forces de l’Axe (Allemagne, Italie, Japon), c’est-à-dire l’axe des mal servis du partage colonial. Mais entre-temps, il y a eu l’offensive allemande contre l’URSS en juin 1941. Cette nouvelle donne va non seulement changer le cours de la guerre, mais aussi en changer partiellement la nature.

    La victoire soviétique

    Staline avait cru gagner un répit de 10 ans en signant le Pacte germano-soviétique. Il en avait également profité pour ramener la frontière occidentale de l’URSS à celle d’avant 1914 (annexion de l’est de la Pologne, des pays baltes, de la Bessarabie). En revanche, l’invasion de la Finlande se solda par un fiasco. Staline, dans sa lutte acharnée contre l’opposition de gauche, avait liquidé tous les officiers qui avaient été formés par Trotsky. Privée de ses meilleurs officiers, l’Armée rouge s’est révélée incapable de venir à bout de l’armée finlandaise. Hitler en a conclu que l’Armée rouge n’était qu’un tigre de papier et qu’elle s’effondrerait sous les coups de la Werhmacht. Or les nazis, dans leur entreprise de destruction systématique du mouvement ouvrier organisé, ne pouvaient pas tolérer l’existence de l’état ouvrier – tout bureaucratisé qu’il fût – soviétique. Le 22 juin 1941, la Werhmacht envahissait l’URSS à la stupéfaction de Staline qui croyait dur comme fer au Pacte. Les premières semaines de l’offensive ont semblé donner raison à Hitler.

    L’Armée rouge, mal préparée, privée d’officiers compétents, s’effondrait sous les coups de butoir de la Wehrmacht, perdant des centaines de milliers de prisonniers et de tués en quelques jours. Mais Hitler avait sousestimé la capacité de résistance et d’auto-organisation de la population russe.

    Surtout, Hitler avait sousestimé le potentiel d’une économie planifiée même bureaucratiquement. Jamais un pays relativement arriéré comme l’URSS n’aurait pu fournir un tel effort de guerre dans les conditions d’une économie de marché. L’Armée rouge a pu stopper l’offensive hitlérienne avant de partir à la contre-offensive.

    L’URSS payera sa victoire de quelque 27 millions de morts. Les pertes sont d’autant plus lourdes que le régime nazi se déchaîne contre les “sous-hommes” (Juifs, Slaves, Tsiganes). Si l’antisémitisme du régime avait d’abord eu pour but de désigner un bouc-émissaire pratique aux souffrances de la population, il acquiert dès lors une dynamique propre qui conduira à la Solution finale.

    Mais cette pulsion mortifère exprime surtout l’impuissance des nazis à retourner la situation en leur faveur. A partir de ce moment, la guerre change de nature. On assiste à une course de vitesse entre l’Armée rouge et les anglo-américains. Ceux-ci ne se décident à ouvrir un nouveau front (débarquement de juin 1944) que pour endiguer l’avance soviétique. Après la capitulation allemande, cette course se poursuivra en extrême-orient où les Etats-Unis n’hésiteront pas à utiliser l’arme atomique pour contraindre le Japon à capituler sans délai et éviter une partition du Japon comme en Allemagne et en Corée.

    La révolution met fin à la guerre

    Les dirigeants américains et britanniques envisagent même de faire une paix séparée avec l’Allemagne pour repousser l’Armée rouge. Mais les nazis s’obstinent à vouloir mener la guerre sur les deux fronts et le putsch contre Hitler échoue. Surtout, les travailleurs n’auraient pas toléré la prolongation de la guerre et sa transformation en guerre est-ouest. En Italie, en France, en Yougoslavie, en Grèce, les partisans communistes libèrent la majorité du territoire. Ils sont une force avec laquelle les alliés doivent compter. La prise du pouvoir par les communistes était possible dans plusieurs pays, y compris à l’ouest. Mais Staline le leur a interdit et a ordonné aux partisans de rendre leurs armes en échange d’assurances de la part des Alliés. On peut dire que le stalinisme a joué le même rôle contre-révolutionnaire en 1945 que la social-démocratie en 1918. Dans les pays occupés par l’Armée rouge, nombre de communistes actifs dans la résistance sont liquidés car jugés peu fiables. Alors que c’est la révolution (ou la menace de révolution) qui a empêché les Alliés de continuer la guerre contre l’URSS, Staline a cru pouvoir opter pour la coexistence pacifique avec l’impérialisme (accords de Yalta). Mais Staline ne recueillera pas davantage les fruits de sa “modération” que dans les années trente. En 1949, les puissances impérialistes créent l’OTAN pour endiguer l’URSS et le monde bascule dans la guerre froide. Pendant près d’un demi-siècle, la violence de l’impérialisme sera contenue par l’existence du bloc de l’est. Mais les tares du stalinisme ont fini par avoir raison des états ouvriers bureaucratisés. La chute de l’URSS ouvre la porte à une nouvelle ère de tensions interimpérialistes.

  • UE. Instrument des banques et des multinationales

    L’UE est utilisé pour obtenir sur le plan européen une accélération des mesures néo-libérales. Mais au moment d’une crise économique l’UE est mis sous pression.

    La Constitution dans ses propres mots

    L’UE défend un projet libéral, dans lequel l’intérêt central est la libre concurrence et non pas les services à la population. “L’Union offre à ces citoyens (…) un marché interne dans lequel la concurrence est libre et authentique.” (article I-3)

    Malgré toutes les déclarations affirmant que la Constitution et la directive Bolkestein n’ont rien voir l’une avec l’autre, on lit dans la Constitution: “Par une loi-cadre européene, des mesures vont être prises afin de réaliser la libéralisation des services.” (article II-147)

    L’UE veut un élargissement des moyens pour la défence, avec une unification plus large en tête, un premier pas vers une armée européenne. “Les états-membres s’engagent d’améliorer graduellement leurs compétences militaires.” (article II-41).

    Dans la Constitution Européenne, un texte très large, il y a encore un tas d’exemples de ce projet néolibéral défendu par l’UE. Les soi-disant mesures “sociales”, auquelles se réfèrent souvent les socio-démocrates, ne sont, au contraire, pas plus élaborées que quelques généralités vagues et vides.

    A la fin de l’année passée, il était déjà clair que l’économie entrait en difficultés dans beaucoup de pays européens. Cela a été confirmé par les résultats européens du premier trimestre de 2005, où deux pays avaient une croissance négative (l’Italie -1,6% et les Pays-Bas –0,6%) et d’autres pays, comme la Belgique, avaient une croissance zéro. A cause de celà, il devient très difficile de suivre les règles européennes, comme par exemple celles sur le déficit budgétaire qui ne peut pas dépasser 3% du produit intérieur brut (PIB).

    De plus, il y a un mécontentement croissant contre l’UE. Les grands thèmes des dirigeants européens – le marché unique, l’euro et l’élargissement – n’ont en rien réalisé les aspirations de progrès. Au contraire, ils ont encore amplifiés la crise économique du fait que les différents gouvernements ne pouvaient plus prendre des mesure pour stimuler l’économie nationale. Comme dévaluer la monnaie pour stimuler l’exportation, par exemple.

    On en est déjà au point que le ministre italien Roberto Maroni a déclaré que l’Italie ferait peut-être mieux de revenir à la Lire: “Cela fait déjà trois années que l’euro a démontré qu’il n’est pas le moyen adéquat contre la stagnation de la croissance, la perte de la force de concurrence et la crise de l’emploi.”

    Directive Bolkestein: attaque libérale sur nos droits!

    Le but de cette directive est de liquider des soi-disant obstacles pour le commerce des service en Europe. En réalité, c’est une proposition extrémiste qui permet que les règles les plus basses sur le plan social, de la sécurité et de l’environnents deviennent la norme. La directive proposée rendra possible qu’une entreprise de contruction basée en Pologne fasse travailler des ouvriers de construction en Belgique aux salaires et conditions de travail polonais. Idem pour les bureaux d’intérim, des services de nettoyage, des services par des autorités locales, mème notre enseignement et nos soins de santé sont en danger.

    Des gouvernement ne seront plus capable d’imposer certains tarifs minimaux ou maximaux pour des médicaments ou d’imposer des normes minimales pour le cadre de personnel dans les hopitaux et les maisons de repos. Le marché sera toujours plus envahissant et imposera sa dictature du profit dans des secteurs aussi vitalement importants que les soins de santé.

    Stratégie de Lisbonne

    Quand la nouvelle Commission Européene sous la direction de Barrosso fut mis sur pied, elle annonça immédiatement que les “reformes économique” seraient la tâche la plus importante. Ça n’est donc pas étonnant que la composition de la Commission Européenne est surtout orientée vers la défence du libre marché et des libéralisations. Cela fit applaudir (entre autre) le journal économique britannique Financial Times.

    La politique européenne actuelle est basée sur “la stratégie de Lisbonne”. En 2000, au sommet européen de Lisbonne, un plan de privatisations et de dérégulations massives a été proposé. L’économie des Etats-Unies y était utilisé comme modèle. Pour cela, on comptait aussi sur les nouveaux états-membres en Europe Centrale et de l’Est. La fédération patronale européenne Unice déclarait: “L’élargissement est une opportunité en or pour augmenter la compétititvité.” L’UE à 25 va “rendre prioritaire la compétivité des entreprises” disait Barrosso quand il faisait la sélection pour sa commission. L’élargissement est certainement un argument important pour les entreprises qui revendiquent des salaires plus bas et une semaine de travail plus long.

    Aujourd’hui la seule chose qui tient ensemble l’Union Européenne est la volonté collective des capitalistes en Europe de liquider la sécurité sociale et de faire une offensive sur les travailleurs et leurs familles. Mais de l’autre coté il y a aussi la pression inévitable des interêts nationaux des politiciens et des capitalistes.

    Tous les éléments de la crise actuelle – le pacte de stabilité, la constitution, le budget,… – peuvent mener à un Europe avec deux ou trois différents camps et des niveaux différents d’intégration.

    Blair a déjà annoncé qu’il ne va pas y avoir de referendum en Grande-Bretagne. La Tchèquie veut suivre cet exemple. Il est probable que le processus de ratification va être arrêté, suivi par une période de “réflexion”. Une crise économique va renforcer la crise politique de l’UE et peut même mettre à l’agenda d’un certain nombre d’états-membre la remise en cause de l’adhésion.

  • Grande-Bretagne. Les dernières élections de Blair

    Grande-Bretagne

    Le New Labour a pour la troisième fois consécutive remporté les élections en Grande-Bretagne. Victoire sans beaucoup d’éclat pour Tony Blair qui sort fortement affaibli des élections. La majorité du Labour dans le parlement britannique est tombée de 166 à 66 parlementaires. L’atout le plus important pour Blair est la faiblesse de l’opposition et le manque d’une alternative de gauche.

    Karel Mortier

    Le Labour a été élu avec 36 % des voix. Moins de 21 % des 44 millions d’ électeurs britanniques ont voté pour le Labour. Cela est cependant suffisant pour obtenir une majorité dans le parlement britannique. Les Conservateurs, sous la direction de Michael Howard, ont regagné un nombre de sièges en jouant sur nombre de préjugés racistes et sur les sentiments d’insécurité mais ils ne constituaient toujours pas une menace pour le Labour. Les Libéraux n’ont que partiellement réussi à prendre des électeurs mécontents au Labour malgré qu’ils se soient profilé comme parti anti-guerre.

    Le journal d’affaires The Financial Times, qui soutient le Labour, dit qu’il n’y a plus de différences fondamentales entre les trois grands partis et que pour les entreprises, la question de savoir qui est au pouvoir n’a pas beaucoup d’importance. Les oppositions entre gauche et droite selon le même journal ne devraient pas persister longtemps en Grande-Bretagne, tout au moins pas entre les trois grands partis. Le Financial Times a calculé que la différence entre les plans de dépenses des trois grands partis est de 4 milliards de Livres. Cela semble beaucoup d’argent, mais cela est moins de 1 % des dépenses totales de l’Etat britannique. L’hebdomadaire britannique The Economist et le quotidien populaire The Sun, du magnat australien des médias Ruppert Murdoch, soutiennent le Labour car selon eux il n’y a pas d’alternative.

    Une défaite importante pour Blair est la victoire de George Galloway, expulsé du parti car il protestait trop fort contre la guerre en Irak. Il se présentait contre Oona King, défenseur de la guerre et protégé de Blair. Un point négatif est cependant que Galloway approche les électeurs musulmans d’une façon opportuniste sans mettre en avant un programme socialiste

    Le secrétaire général du syndicat des conducteurs de trains (RMT), Bob Crow, dit à juste titre qu’il est impossible pour le Labour d’être à nouveau un parti des travailleurs, seulement il ne veut pas encore pour le moment en tirer des conclusions. En ce moment il n’y a pas encore d’ avancée significative dans le lancement d’un nouveau parti des travailleurs en Angleterre et au Pays de Galles.

    En Ecosse il y a le Scottish Socialist Party (SSP), dans lequel nos camarades écossais sont également actifs. Le SSP n’a pas fait une si bonne prestation dans les élections pour des raisons de frictions internes. Le système électoral britannique joue très fort au désavantage des plus petits partis, ce qui joue évidemment aussi un rôle.

    En Angleterre et au Pays de Galles, la campagne électorale du Socialist Party, qui avait 17 candidats, était surtout orientée sur le renforcement du parti. Nous avons eu un certain nombre de bons résultats (5% dans le Nord-Est de Coventry – 2,4 % dans le Lewisham – 2,4 dans le Walthamstow – 1,8 % à Newcastle – …) mais le soutien reçu dans la campagne ne s’est pas reflété dans les résultats électoraux.

    Malgré la petite majorité du Labour et la position faible de Blair, on voit que c’est du Labour que proviendront les attaques sur les acquis sociaux de la classe ouvrière. L’attaque sur les pensions, suspendue juste avant les élections, va être relancée les prochains mois. L’économie britannique ne va pas rester non plus immunisée contre les problèmes économiques du reste du monde. La faillite de Rover, le dernier fabricant indépendant britannique de voitures, et la perte de 20.000 emplois en sont une illustration. La bourgeoisie va essayer de faire payer la crise aux travailleurs. On a plus que jamais besoin de syndicats combatifs et d’une alternative politique.

  • ATTAQUES CONTRE LES pensions en europe

    Attaques contre les pensions en Europe

    La lutte contre les pensions est menée avec hargne par les patrons et les gouvernements à l’échelle internationale. Les raisons sont les mêmes dans tous les pays. Les gouvernements de l’Union européenne qui n’ont pas de déficit budgétaire peuvent être comptés sur les doigts de la main. Avec une population qui vieillit et une croissance économique extrêmement faible, les dirigeants craignent que la croissance des dépenses pour les pensions ne gonflent les dettes déjà immenses. De leur côté, les patrons espèrent augmenter leurs profits par des allocations de pensions plus basses. Par un système plus privatisé, ils veulent libérer de l’argent pour placer en bourse. L’argent ne doit pas stagner dans les coffres des gouvernements mais doit servir à faire du profit par la spéculation.

    Peter Delsing

    L’attaque généralisée contre les pensions est surtout due au changement du rapport de force entre les travailleurs et les patrons après la chute du stalinisme. L’offensive néo-libérale s’est accélérée ces 15 dernières années. Les patrons s’imaginent qu’ils peuvent abolir tous nos droits pour se remplir les poches. Beaucoup d’exemples montrent cependant que le thème des pensions est très sensible. Ce sujet peut provoquer des mouvements de masse dans la classe ouvrière. En Autriche, les attaques sur les pensions ont déclenché, en mai 2003, la plus grande grève générale depuis un demi siècle et ce après des décennies de luttes isolées et sporadiques.

    Italie

    En 1994, le premier gouvernement Berlusconi a échoué dans sa tentative de démanteler les pensions. Une grève et des manifestations de masse avaient suffit pour que la Ligue du Nord, partenaire dans la coalition, fasse tomber le gouvernement. Sa base ne pouvait pas avaler la réforme. Le mouvement contre Berlusconi avait ainsi porté au pouvoir la coalition de l’Olivier, qui se revendique de la gauche. Mais le gouvernement Dini a aussi introduit une réforme des pensions : pour les jeunes travailleurs, les pensions ne seraient plus comptées sur base du salaire – plus élevé – des dernières années de carrière, mais sur base des contributions pendant toute la carrière. Les travailleurs qui cotisaient depuis plus longtemps restaient, eux, dans l’ancien système. Le pire, c’est que cette stratégie de division a été soutenue par les trois grandes fédérations syndicales.

    De leur côté, les patrons ne voulaient pas du plan de Dini. Ils trouvaient que celui-ci n’allait pas assez loin. La politique antisociale de la coalition de l’Olivier a donné l’opportunité à Berlusconi de revenir au pouvoir. Confronté à des dépenses pour les pensions de près de 15% du PIB et à des dettes toujours plus importantes, Berlusconi a présenté un nouveau plan d’austérité en septembre 2003. Celui-ci prévoyait de faire cotiser les travailleurs italiens pendant 40 ans pour une pension complète, au lieu de 35 ans précédemment, et ce dès 2008. L’âge moyen de la pension, 57 ans, devait systématiquement augmenter à 65 pour les hommes et 60 pour les femmes. A terme, Berlusconi comptait économiser 12,5 milliards d’euros par an, soit 1% du PIB (dès 2012). C’est donc une pure mesure d’austérité. Le président du syndicat CGIL, Epifani, menaçait déjà à l’époque d’organiser une grève générale. Le jour suivant l’annonce du projet, de nombreuses grèves spontanées éclataient de toute part dans la péninsule.

    Le 24 octobre 2003, les trois grands syndicats – CGIL, CISL et UIL – organisaient une grève générale de 4 heures, à laquelle 10 millions de travailleurs ont participé. Plus de 100 manifestations ont été organisées. Bizarrement, le dirigeant de la CGIL Epifani déclarait qu’il ne s’agissait pas d’une « grève politique ». Il disait également que la chute du gouvernement Berlusconi en 1994 était la conséquence de la position de la Ligue du Nord et non pas des manifestations contre la réforme des pensions. Cette position souligne le manque d’alternative politique de la part des dirigeants syndicaux. A Rome, le dirigeant du parti d’opposition le plus important, la Gauche Démocratique (ex-communiste), a pris la parole lors de cette manifestation.

    Malheureusement, Bertinotti, dirigeant du grand parti de gauche Refondation Communiste, a essayé de s’appuyer sur les partis discrédités de la coalition de l’Olivier. Alors qu’il fallait garder une attitude totalement indépendante de l’ex-«aile gauche» de la politique bourgeoise. Refondation Communiste ne pouvait et ne peut pas regagner la confiance des travailleurs de cette façon.

    Le samedi 6 décembre 2003, à Rome, les syndicats organisaient une manifestation de 1,5 million de participants contre les plans de réforme des pensions de Berlusconi sous le slogan «Défendez votre avenir!». «Les contre-réformes ne passeront pas!», disait Angeletti, dirigeant de l’UIL. Le 26 mars 2004, une deuxième grève générale autour des pensions était organisée. De nouveau, plus d’un million de travailleurs étaient dans la rue. Mais aucun plan d’action réel n’était mis en avant pour chasser définitivement Berlusconi. Cela a permis au gouvernement de faire voter par le parlement les propositions de réforme pendant l’été 2004. Réaction de la direction syndicale: protestation verbale.

    France

    En France, les attaques contre les pensions ont également suscité des manifestations de masse. Le 13 mai 2003, une grève de la fonction publique, soutenue par quelques secteurs privés, a rassemblé près de 2 millions de manifestants dans 115 villes. Le mouvement contre la réforme des pensions de Raffarin montrait son potentiel à unifier les différentes luttes. Raffarin voulait allonger la durée de cotisation des travailleurs de la fonction publique de 37,5 ans à 40 ans pour une pension complète vers 2008 et à 42 ans vers 2020. Le 19 mai 2003, 700.000 travailleurs sont de nouveau descendus dans la rue.

    Les syndicats CFDT et CGC ont néanmoins signé un accord avec le gouvernement de droite, lui permettant ainsi de poursuivre dans la même voie. Cela a provoqué des remous à la base et dans certaines directions régionales à la CFDT. La question de la démocratie interne a été posée et certains ont demandé la démission du président du syndicat. Deux autres syndicats – CGT et FO – ont organisé une nouvelle manifestation, le 25 mai à Paris, contre la réforme des retraites. A nouveau 1,5 million de personnes étaient dans la rue. Dans un sondage publié dans Le Parisien, 65% des sondés déclaraient soutenir ces manifestations.

    L’appel pour une grève générale était toujours plus fort. Thibault, dirigeant de la CGT, craignait toutefois de perdre le contrôle de la base. Il s’est prononcé contre une grève générale parce que «ça affaiblirait la CGT pour des années». Le dirigeant du syndicat Force Ouvrière de l’époque, Marc Blondel, se prononçait dans un premier temps contre une grève générale – parce que ce serait «insurrectionnel» et cela poserait la question d’une «alternative politique». Ensuite il a été gagné à cette idée, mais « n’a pas voulu casser le front syndical»… C’est pourtant une grève générale de la fonction publique, en 1995, qui a torpillé le projet de réforme des retraites du gouvernement Juppé et qui a même mené plus tard à la chute du gouvernement. Les dirigeants syndicaux ne voulaient pas faire ce pas. Le 24 juillet 2003, la loi sur les pensions était voté par l’assemblée nationale.

    Leçons des mobilisations

    Les mobilisations contre la réforme des pensions peuvent mener à une lutte de masse de différents secteurs. Ces mobilisations ont la sympathie de la masse des travailleurs et peuvent – comme en France et en Italie – faire tomber des gouvernements. Les dirigeants réformistes sont un frein au mouvement. À la base,des comités de grève devraient être élus pour pouvoir décider de façon démocratique des objectifs de la grève. Ils devraient se rassembler régionalement et nationalement dans différents secteurs avec une force la plus efficace possible. Et cela pour démocratiser les syndicats et empêcher la trahison par la direction. Sur le plan politique il faut rompre avec les partis « progressistes » qui mènent une politique néo-libérale. La question d’un nouveau parti des travailleurs comme instrument politique de la lutte et la nécessité d’un gouvernement des travailleurs, appuyé sur les masses, deviennent alors des questions clés pour résoudre la situation.

    La rôle d’une gauche syndicale combative est fondamentale. En Grande-Bretagne nos camarades ont joué un rôle important dans différents syndicats pour mettre en avant l’idée d’une grève générale contre les plans de pensions de Blair. C’était par exemple le cas dans le PCS, le syndicat des fonctionnaires où plusieurs membres du SP ont été élus au bureau exécutif. Confronté à la menace d’une grève des services publics juste avant les élections parlementaires en mai, Blair a fait marche arrière, du moins temporairement. «Une défaite importante», selon les porte-paroles du capital. Nous devons nous organiser nous aussi en Belgique pour pouvoir répondre aux attaques des patrons et du gouvernement.

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