Tag: Berlin

  • Allemagne. Interview de Lucy Redler

    Allemagne. Interview de Lucy Redler

    En septembre 2006, une nouvelle liste intitulée ‘Parti de Gauche.PDS’ créait la surprise aux élections législatives en remportant 8,7% des voix et 54 députés. Cette liste réunissait le PDS (héritier de l’ancien parti dirigeant de l’Allemagne de l’Est) et l’Alternative électorale pour l’Emploi et la Justice Sociale (WASG), une nouvelle formation de gauche lancée par des syndicalistes et des militants de gauche en opposition à la politique néolibérale du gouvernement Schroder.

    Jean Peltier

    Lucy Redler: “Nous ne voulons pas nous présenter avec un parti qui parle du socialisme le dimanche mais mène une politique antisociale le reste de la semaine”

    Un an plus tard, le WASG de Berlin a pourtant décidé de se présenter seul aux élections régionales qui vont avoir lieu le 17 septembre dans cette ville. Nous avons rencontré Lucy Redler, militante du SAV (notre organisation-soeur en Allemagne) qui sera tête de liste du WASG pour ces élections.

    Pourquoi le WASG se présente-t-il seul aux élections à Berlin ?

    La décision du WASG de Berlin de se présenter de manière indépendante aux élections régionales du 17 septembre a été prise au terme d’une longue et intense période de débat tant chez nous qu’avec le PDS.

    Depuis 2001, le PDS participe à Berlin à un gouvernement régional de coalition avec le Parti Social-Démocrate (SPD – l’équivalent de notre PS). Le SPD a imposé au niveau national l’’’Agenda 2010’’, le programme d’austérité le plus sévère qu’ait connu l’Allemagne depuis la fin de la guerre.

    Dans le cadre de son alliance régionale avec le SPD, le PDS a été impliqué dans la mise en oeuvre de privatisations, de baisses de salaires et de coupes dans les budgets sociaux. En conséquence de cette politique, les travailleurs du secteur public régional ont vu leur salaire amputer de 8 à 10%. Plus de 100.000 appartements appartenant à la ville ont été privatisés et 32.000 ’’emplois à 1 Euro’’ ont été créés (il s’agit d’emplois que les chômeurs de longue durée sont obligés d’accepter pour conserver leurs allocations et qui sont payés 1 Euro de l’heure).

    Ce sont juste quelques-uns des faits qui nous ont conduit à la conclusion que la politique du PDS / Parti de Gauche à Berlin ne peut être considérée comme de gauche ou favorable aux travailleurs.

    Un des principes fondateurs du WASG est de ne pas participer à un gouvernement qui mettrait en oeuvre des privatisations et des coupes dans les budgets sociaux. A Berlin, nous tenons à ces principes et nous ne voulons pas nous présenter avec un parti qui parle du socialisme le dimanche mais mène une politique antisociale le reste de la semaine. Le PDS/Parti de Gauche a expliqué de manière répétée qu’il considérait que sa particpation au gouvernement avait été un succès. Nous pensons donc que Berlin mérite une opposition forte et de gauche. Voilà pourquoi nous nous présentons seuls.

    Qu’espérez-vous de cette campagne ?

    J’espère évidemment que nous arriverons à franchir la barre des 5% pour entrer au parlement régional. Nous pourrons alors utiliser cette position pour appuyer les travailleurs en lutte, soutenir les mouvements sociaux, les organisations de quartier,… Nous voulons être au coeur de la résistance à la politique du futur gouvernement. Un autre objectif de la campagne est de s’enraciner dans les quartiers ouvriers de Berlin. La réponse que nous avons reçue jusqu’ici de la part des travailleurs, des chômeurs et des jeunes très amicale. La presse a révélé que le gouvernement régional veut privatiser 15.000 autres appartements après les élections. Nous avons commencé à organiser les premières réunions et les premières actions de protestation contre cette attaque. Nous mènerons une campagne électorale active et nous espérons encourager d’autres personnes à s’engager et à devenir eux aussi actifs.

    Comment vois-tu l’avenir de la gauche après le 17 septembre ?

    Il est difficile de faire des pronostics car il y a beaucoup de possibilités. Il est clair que les directions nationales du PDS/Parti de Gauche et du WASG – celle-ci soutenant le PDS dans la campgne électorale de Berlin ! – poussent pour arriver à une fusion des deux partis en 2007. Il est possible que le WASG-Berlin demeure une force régionale indépendante. Le débat sera intense sur ces questions après les élections à Berlin. Cependant une chose est sûre : un WASG fort avec une présence au parlement de Berlin sera dans une position qui lui permettra d’influencer et de peser sur le processus de construction d’une nouvelle gauche en Allemagne.

    Quel est le rôle du SAV dans tout ce processus ?

    Le SAV, dont je suis membre, a été très important dans tous ces événements. Il travaille au sein du WASG depuis la création de ce parti. A Berlin, nous avons joué un rôle essentiel au cours du débat sur la participation indépendante. Le SAV est respecté parmi les membres du WASG à Berlin. Nous continuerons à argumenter pour que le WASG adopte un programme socialiste. En même temps, les membres du SAV sont parmi les plus actifs dans la campagne électorale parce que nous pensons qu’à cette étape, avoir un WASG fort à Berlin serait un grand pas en avant pour les travailleurs et les jeunes de la ville.

  • Allemagne: la liste de gauche se présentera à Berlin

    Notre organisation-soeur allemande, le SAV (Sozialistische Alternative Voran), joue un rôle de premier plan dans la construction du WASG, une nouvelle formation de gauche. La direction nationale du WASG veut une fusion rapide avec l’ancien PDS, les ex-communistes de l’ex-RDA.

    C’est pour cela que la direction veut des listes communes lors des prochaines élections régionales à Berlin et au Mecklenburg-Vorpommern. Dans ces deux länders, le PDS participe au gouvernement et y mène une politique de coupes d’austérité néolibérale.

    Nous militons pour une candidature indépendante du WASG dans les deux länders car le PDS n’y est pas crédible pour les salariés et les jeunes qui sont les victimes de la politique néolibérale. Finalement, il y aura donc une liste indépendante du WASG à Berlin.

    Cette discussion a été relayée dans les médias allemands. La porte-parole la plus en vue de la section berlinoise du WASG est Lucy Redler, membre du SAV. Elle a parlé lors d’un débat télévisé qui a été suivi par 5 millions de téléspectateurs. Elle est entrée en débat avec Wolfgang Clement, l’ancien ministre des finances du SPD (social-démocrate), Markus Söder, sécrétaire général de la CSU (la CSU est le parti chrétien-démocrate en Bavière) et Klaus Wiesehügel, président d’un syndicat.

    Lucy a critiqué la politique du gouvernement national SPD/CDU. Le conflit au sein du WASG sur la collaboration avec le PDS a aussi été abordé. Notre camarade a expliqué que nous ne sommes pas opposés à l’unité mais qu’elle est impossible avec le PDS tant qu’il se rend coresponsable des attaques contre lesquelles le WASG a été mis sur pied. Sinon, dit-elle, l’alternative se limitera à devoir choisir un moindre mal pour en écarter un plus grand.

    Notre attitude à Berlin a été confortée par un sondage où 5% des sondés veulent soutenir une candidature indépendante du WASG aux élections.

  • Remarques du Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) sur le PV de l’Assemblée générale du 6 mai

    Les membres du MAS présents à la dernière AG de “Une Autre Gauche” le 6 mai veulent faire noter quelques remarques à propos du PV qui a été fait de cette réunion. Le but de ces remarques n’est pas de commencer à polémiquer sur chaque sujet abordé à l’AG. Mais nous pensons que, lorsqu’il s’agit de réaliser le PV d’une AG :

    – les conclusions clairement acceptées par tous (par vote ou par consensus clair) doivent être mises en évidence dans le PV.

    – si le PV présente, même de manière rapide, les diverses prises de positions défendues à l’AG, cela doit se faire de manière suffisamment fidèle pour qu’on y retrouve l’essentiel de ce qui a vraiment été défendu par les intervenants. Sinon l’opinion du rapporteur devient de fait une « conclusion » par le biais du PV envoyé par e-mail.

    Selon nous, il y a eu à l’AG du 6 mai une seule conclusion clairement affirmée : la déclaration acceptée unanimement par vote concernant le positionnement de UAG qui dit « Une Autre Gauche » est une force politique de gauche anticapitaliste constituée sur base de l’appel paru dans LLB du 22 février « Une autre gauche est nécessaire ». Elle se donne pour objectif d’unifier les combats, d’intervenir dans le débat politique et d’offrir à terme une alternative électorale, à gauche des partis socialistes et écologistes. Tout ceci dans l’unité sur le plan fédéral entre les trois régions du pays.

    Nous avons deux points de désaccords avec la manière dont le PV rend compte du reste des discussions.

    1. Gauche et anticapitalisme

    A propos de la discussion sur le contenu du tract du 1er mai, le PV dit : La réalisation du tract avait, en effet, fait naître une discussion politique sur l’appel : faut-il ou non se proclamer de gauche et anticapitaliste ; ne risque-t-on pas ainsi de se couper de certaines franges de la population ? Cette discussion n’a pas seulement lieu dans la partie néerlandophone du pays, vu la pression de l’extrême droite, mais est une discussion politique de fond qu’il convient de mener en toute sérénité.

    Nous sommes absolument d’accord sur la dernière phrase mais un débat « mené en toute sérénité » suppose aussi la présentation correcte des prises de positions, ce qui à notre avis n’est pas le cas dans le reste du paragraphe. Selon nous, la discussion n’a pas porté avant tout sur l’emploi des mots « gauche » et/ou « anti-capitaliste », ni sur la présence du VB en Flandre.

    La proposition de tract présenté par le MAS à la réunion du groupe de travail du 17 avril disait clairement (en gras d’ailleurs) dans la troisième phrase : « C’est pourquoi nous commençons une initiative à gauche du PS et d’Ecolo afin de donner expression aux exigences de la population laborieuse ». Ce n’est que dans la version finale du tract issu de cette réunion que le mot « gauche » à sauté. Aucun de nos membres n’a défendu cela. C’est vrai que nous n’avions dans notre proposition pas choisi « Une Autre Gauche » comme titre car il s’agissait d’un tract en commun avec « Une autre politique ». Nous avions voulu contourner le problème en ne pas mettant un titre mais en ouvrant le tract avec « Nous voulons une autre politique… », suivi plus tard par « quel politique ? » suivi d’une série de revendications générales mais claires, du moins de notre avis. Enfin, le MAS a fait connaître très vite son accord avec l’amendement proposé par Didier d’insérer le mot « gauche » dans le tract du 17.04. Par contre, le mot « anti-capitalisme » n’apparaît dans aucun des trois tracts, ni celui proposé par le MAS, ni celui issu de la réunion du 17 avril,… ni d’ailleurs dans celui qui a finalement été distribué dans la partie francophone du pays.

    Le fait de se proclamer « anti-capitaliste » n’est en rien une garantie car l’ « anticapitalisme » se démontre dans la pratique et par les revendications concrètes. Il y a en Europe plusieurs partis qui se disent anti-capitalistes, mais qui pratiquent parallèlement une politique néo-libérale. En Allemagne, le PDS participe aux gouvernements à Mecklenburg Vorpommern et à Berlin où il applique une politique néo-libérale désastreuse. C’est pourquoi le WASG de Berlin à décidé de se présenter indépendamment du PDS. Comme l’a dit Lucy Ridler, porte-parole élue au congrès du WASG Berlin : « Quelle est la crédibilité d’un parti qui parle du socialisme le dimanche et applique des assainissements le lundi ? ». Autre exemple : le PRC en Italie qui rejoint le gouvernement de Prodi et sera donc identifié à sa politique néo-libérale.

    On n’est pas plus à gauche ou plus clairement anti-capitaliste en s’appropriant le titre mais à travers la politique qu’on applique. Nous pensons que l’initiative peut encore attirer des forces qui aujourd’hui ne croient pas qu’il est possible de sortir du cadre du capitalisme et qui ne viendront à cette conclusion que par une expérience commune de lutte. Nous ne voulons donc pas imposer l’anti-capitalisme comme exigence de départ mais gagner ces forces à travers une pratique commune. C’est une autre façon, à notre avis plus abordable, d’arriver au but : un parti clairement anti-capitaliste.

    Par contre, beaucoup de ces travailleurs ou autres peuvent déjà être gagnés au principe de ne pas se présenter sur des listes ou de ne conclure des accords avec des forces politiques telle que le PS et Ecolo qui risquent d’appliquer des « assainissements » dans des coalitions nationales, régionales où communales. Nous serons d’ailleurs très vite confrontés à la contradiction entre, d’une part, des travailleurs et des gens qui ne se disent pas anti-capitalistes mais qui refusent clairement de s’identifier et de soutenir des forces politiques qui pratiquent le néo-libéralisme et, d’autre part, des forces qui insistent sur leur « anti-capitalisme » mais qui se présentent parallèlement sur des listes du PS où d’Ecolo. Nous pensons que nous devons avoir une attitude ouverte envers tous et essayer de les convaincre les uns de l’anti-capitalisme, les autres de ne pas s’allier avec des forces qui appliquent la politique néo-libérale, même si c’est avec une sauce de « progressisme ».

    La véritable clarification que nous avons essayé d’apporter dans nos interventions porte sur l’orientation d’Une Autre Gauche. Selon nous, la question cruciale est comment atteindre les centaines, voire même les quelques milliers, de travailleurs (et d’autres gens) qui se sentent délaissés par ces partis qui prétendent les défendre. Quel est le langage à utiliser ? Est-ce que nous utilisons un langage et un style abordables qui partent de leurs expériences et leurs exigences ? Ou partons-nous plutôt de l’idée que la gauche est en crise et qu’elle doit donc se réunir pour construire une vraie gauche ? Ce sont deux points de départs différents qui aboutissent à des pratiques différents, ce qu’on peut déjà remarquer dans la différence d’approche entre les initiatives « Une Autre Politique » en Flandre et « Une Autre Gauche ». Nous pensons donc qu’il y a donc une nette différence entre ce qui a été dit à l’AG – notamment par nous et d’autres participants – et le résumé qui en est donné dans le PV.

    2. Le rôle du sécretariat

    Il est clair qu’aujourd’hui le secrétariat, constitué de douze personnes dont la liste est reprise dans le PV, est composé de volontaires qui veulent construire ce mouvement. Nous pensons que la manière de fonctionner et de prendre des décisions est une discussion fondamentale qui n’a pas encore été suffisamment débattue. Nous pensons donc qu’à ce stade-ci il vaut mieux utiliser le principe de consensus pour la prise de décision. Beaucoup de gens considèrent aujourd’hui que la politique, ce sont des appareils lourds et non-démocratiques, des machines à élections, la chasse aux postes… Il est donc absolument nécessaire d’éliminer tout doute possible sur la manière démocratique de fonctionner. Le consensus exige du temps de discussion et la volonté d’écouter les argumentations des autres, car c’est la seule possibilité de créer la confiance.

    Nous ne sommes donc pas d’accord avec la phrase dans le PV qui dit : La réalisation du tract a par ailleurs posé la question de savoir qui peut prendre des décisions en cas de divergences. Le secrétariat fédéral est désigné pour le faire. Nous pensons que ceci est erroné dans le stade actuel de l’initiative et surtout que cela n’a jamais été posé devant l’AG et accepté par celle-ci sous cette forme. Heureusement, la phrase suivante corrige partiellement cette erreur en disant clairement : Il sera reconduit d’assemblée générale en assemblée générale. Mais un danger nous semble subsister quant aux pouvoirs réels attribués au secrétariat.

    Nous pensons que le secrétariat doit jouer un rôle fondamental : la coordination des activités d’UAG et de ses groupes locaux (celui de Liège et bientôt ceux de Bruxelles et du Hainaut Occidental en attendant d’autres) et thématiques, la préparation des AG et l’approfondissement de la discussion avec l’initiative « Une Autre Politique ». Nous ne pensons pas que le secrétariat est aujourd’hui en position de trancher des discussions contradictoires sur des points essentiels. Le secrétariat peut élaborer des propositions, organiser une première consultation et puis présenter ses propositions à l’AG qui est la seule à pouvoir trancher sur des questions de fond. La composition du secrétariat devra changer entre les AG afin de refléter clairement la construction d’UAG et en particulier le développement de groupes locaux. Sans vouloir s’avancer trop en ce stade-ci sur la discussion à mener dans le groupe sur les structures, nous pensons qu’à un certain moment il faudra un secrétariat formé de délégués élus. Ceci n’est pas encore possible aujourd’hui et, par conséquent, nous pensons que le secrétariat actuel n’est pas apte à jouer le rôle d’un organe dirigeant élu démocratiquement.

    Nous ne voulons pas lancer la discussion sur tous ces points sur la liste e-mail, nous voulons seulement clarifier que, selon nous, le PV, tel qu’il a été envoyé, n’est pas le reflet exact des positions défendues à l’AG et pourrait donner l’impression que tout ce qui figure dans le PV a la valeur de conclusions acceptées lors de l’AG, ce qui n’est pas le cas. Nous ne pensons pas que cela pose aujourd’hui des problèmes fondamentaux pour le fonctionnement d’UAG mais nous estimons nécessaire de faire prendre acte de nos remarques. Nos membres s’abstiendront lors du vote de ce PV, s’il est présenté tel quel à la prochaine AG.

    Eric Byl – Nicolas Croes – Xavier Dupret – Cédric Gérome – Boris Malarme – Martin Ndahigwa – Jean Peltier – Bart Vandersteene

  • L’appel à une alternative de gauche a de plus en plus d’écho en Europe… Mais quelle alternative?

    Bas de Ruiter, Offensief (notre organisation soeur aux Pays-Bas)

    Pays-Bas: défaite du gouvernement et progression de la gauche

    Les élections communales du 7 mars ont provoqué un séisme politique aux Pays-Bas. Les partis qui en sont sortis vainqueurs sont le PvdA (l’équivalent de notre PS) qui est passé de 15,6% des suffrages à 23,3%, et le Socialistische Partij (un parti de gauche plus radical) qui a progressé de 2,9% pour atteindre 5,7% des voix.

    La victoire électorale de ces deux partis a eu des répercussions au plan national. Selon un sondage du 17 mars, le PvdA et le SP disposeraient ensemble d’une majorité de 79 des 150 sièges au parlement. Ce résultat montre qu’une grande partie de la population est à la recherche d’une alternative à la politique d’austérité néolibérale menée par le gouvernement de droite. Mais toute la question est de savoir en quoi consiste cette alternative et comment elle pourra se mettre sur pied.

    Les négociations pour la formation de coalitions locales vont bon train et des majorités réunissant le PvdA, le SP et Groen Links (les Verts) sont possibles dans plusieurs communes. Selon nous, une coalition communale qui prétend défendre les intérêts des travailleurs et des jeunes devrait au minimum satisfaire les revendications suivantes pour faire la différence avec la politique actuelle:

    * Investir massivement dans des logements à un prix abordable;

    * Etendre la gratuité des transports en commun au lieu de les privatiser;

    * Créer des emplois en nombre dans les services communaux (maisons de quartier, écoles, services de nettoyage, transports en commun, pompiers,…), avec des contrats à durée indéterminée et un salaire décent;

    * Augmenter les budgets du secteur non-marchand (soins à domicile, transport des handicapés,…) et refuser toute ingérence du privé dans ce secteur;

    * Augmenter les allocations et les aides sociales;

    C’est le minimum pour commencer à résoudre les problèmes sociaux. Un tel programme coûte évidemment de l’argent et il va souvent à l’encontre de la législation nationale. Un collège de gauche devra donc engager la lutte contre le gouvernement de Balkenende en mobilisant la population et en organisant des actions de protestation. Mais toute la question est évidemment de savoir si les partenaires pressentis du SP pour une coalition de gauche, à savoir le PvdA et GroenLinks, sont prêts à s’engager dans une telle lutte…

    Si, en dépit de cela, le SP décidait tout de même de gouverner avec ces deux partis, il prendrait le risque considérable d’être considéré comme coresponsable de la politique d‘austérité. Là où le SP fait déjà partie d’une coalition locale, comme à Nijmegen, la fraction SP du conseil communal a été placée devant la ‘nécessité’ d’économiser dix millions d’euros et a même approuvé la privatisation des bus et du service du logement!

    Que faire alors?

    Des améliorations peuvent aussi être imposées depuis l’opposition si le SP honore son ancien slogan “pas de fraction sans action” et mobilise la population, si possible avec les syndicats. L’Histoire nous apprend que rien n’est acquis sans lutte, que ce soit sur les plans local, national ou international. Si le SP prend la tête de ces luttes locales et s’il les lie à la lutte plus générale pour une société socialiste, il pourra se transformer en un véritable parti des travailleurs, un parti capable de transformer réellement la société. Offensief, l’organisation soeur du MAS/LSP aux Pays-Bas, milite pour cette stratégie, au sein et en dehors du SP.

    Un grand potentiel pour la gauche en Allemagne

    Dans le feu de la lutte contre l’offensive générale que le gouvernement de coalition entre socialistes et écolos de Schröder a menée ces dernières années contre les travailleurs et les chômeurs, une nouvelle formation politique de gauche, le WASG, a vu le jour. Aux élections nationales du 18 décembre dernier, les listes communes du WASG et du PDS (l’exparti communiste d’Allemagne de l’Est) ont obtenu 8,7% des voix et 54 sièges. Aujourd’hui le WASG compte 12.000 membres. Depuis les élections, les directions de ces deux partis souhaitent accélérer la fusion des deux formations.

    En préparation aux élections régionales qui auront lieu en septembre, il y a eu une discussion sur la politique que le PDS a menée à Berlin avec le SPD, le parti social-démocrate, dans le gouvernement régional. A Berlin, le PDS s’est rendu coupable d’une politique qui a notamment introduit les emplois “à un euro” et la vente/ privatisation des services publics, entre autres celle de 60.000 logements sociaux. Ce sont les caractéristiques d’une politique néolibérale dont le WASG se distancie au niveau national et qui ne constituent évidemment pas une base saine pour la formation d’un nouveau parti de gauche. Comme l’a déclaré Lucy Redler, présidente du WASG à Berlin et membre du SAV (notre organisation-soeur en Allemagne), “on ne peut pas causer du socialisme le dimanche et imposer des coupes d’austérité pendant la semaine”.

    Pour une candidature indépendante

    Lors du congrès berlinois du WASG le 25 février, deux tiers des délégués ont voté une résolution qui prône une candidature indépendante du WASG lors des élections régionales de septembre. Cette décision a été prise après une période d’intense discussion démocratique dans les organes élus et dans les sections locales du parti. Les membres ont ensuite validé cette décision par un référendum interne. Un sondage préélectoral a aussi confirmé cette option : la coalition « rouge-rouge » (SPD/PDS) serait sanctionnée pour sa politique néolibérale et le WASG recueillerait 4,5% alors qu’il n’a encore mené aucune campagne. 5% des voix suffiraient pour que le WASG obtienne des élus au parlement régional, qui pourraient alors faire entendre une voix réellement à gauche. Si le WASG ne se présente pas seul, bon nombre de votes de protestation iraient sans doute à l’extrême droite.

    L’unité oui, mais laquelle?

    Cette décision va donc à l’encontre de la volonté de la majorité du comité national du WASG et de la direction nationale et locale du PDS (maintenant Linkspartei.PDS) qui veulent imposer à tout prix une liste commune lors des élections régionales et, dans la foulée, une fusion entre les deux formations.

    Le WASG berlinois ne s’oppose ni à l’unité à gauche ni à la constitution d’un grand parti démocratique au plan national, mais il refuse d’endosser la responsabilité de la politique néolibérale menée par le PDS berlinois en coopération avec le SPD. En effet, l’unité à gauche ne peut s’enraciner que dans la lutte contre la politique néolibérale.

  • Liberté d’expression ou diviser pour mieux régner?

    Révolte contre les caricatures

    Le 30 septembre 2005 le quotidien danois Jyllands-Posten publie 12 caricatures malveillantes du prophète Mahomet dont l’une le représente avec une bombe dans son turban. Dès le mois d’octobre les représentants de la communauté musulmane du Danemark et des ambassadeurs de pays musulmans protestent auprès de la rédaction de Jyllands-Posten et du gouvernement danois. Ils se heurtent à une fin de non recevoir abrupte: la direction du journal refuse de présenter des excuses au nom de la liberté d’expression et le gouvernement se retranche derrière la liberté de la presse. A partir de là, la vague de protestation va s’amplifier peu à peu pour déboucher sur une crise ouverte fin janvier.

    Dossier par Thierry Pierret

    Les manifestations se multiplient dans le monde entier et les produits danois sont boycottés dans nombre de pays musulmans. Sous prétexte de défendre la liberté d’expression menacée par l’obscurantisme islamique, des journaux de plusieurs pays européens reproduisent les caricatures. Du coup, la colère populaire prend également ces pays pour cible et – parfois – leurs ressortissants dans les pays musulmans.

    Le gouvernement danois pointe du doigt des imams danois qui, lors d’une tournée d’information au Moyen-Orient, auraient fait un amalgame entre les caricatures du Jyllands-Posten et des caricatures plus odieuses encore jamais publiées dans la presse.

    Même si cela devait se confirmer, là n’est pas l’essentiel.

    Une attaque islamophobe

    Le gouvernement danois est un gouvernement de droite qui mène une politique ouvertement raciste. Il a notamment pris des mesures draconiennes pour limiter le regroupement familial des étrangers légalement établis au Danemark. De plus, ce gouvernement minoritaire est soutenu de l’extérieur par le Parti du Peuple danois, un parti d’extrême-droite dont le racisme est le fond de commerce électoral. Ce parti, ainsi que bon nombre de politiciens des autres partis, ne cesse de dénoncer l’islam et les musulmans comme une menace pour la démocratie et les valeurs occidentales et de faire l’amalgame entre islam et terrorisme.

    Après la chute du Mur de Berlin, les néoconservateurs aux Etats-Unis avaient besoin d’imposer une nouvelle image de l’ennemi pour justifier leur rhétorique de guerre. Bien que les Etats-Unis ont jadis soutenu des mouvements réactionnaires d’obédience islamiste, comme en Afghanistan, pour contrer l’influence de l’URSS et des partis communistes.

    L’interview que Carsten Juste, le rédacteur en chef de Jyllands-Posten, a accordée pour tenter de se justifier est révélatrice à ce sujet. Il y dit notamment : C’est le dessin qui représente Mahomet avec une bombe dans son turban qui suscite les critiques les plus vives. Pourtant, pour moi, l’association saute aux yeux. C’est une façon d’illustrer le problème du terrorisme islamique fanatique, dont les partisans font eux-mêmes le lien entre leurs actes et la religion et son contenu. C’est cela que notre caricaturiste a voulu montrer. C’est un sujet de débat fréquent : «Dans quelle mesure la nature de l’islam contribue-t-elle à engendrer des terroristes ? Cette religion crée-t-elle ses propres terroristes ? » C’est une question tout à fait légitime. Je n’aurais jamais imaginé qu’elle pourrait déclencher de pareilles réactions… »

    Suggérer que le terrorisme pourrait découler de la nature de l’islam sous prétexte que des terroristes s’en réclament est aussi stupide que, par exemple, vouloir faire découler le militarisme de la nature du christianisme parce que Bush et les néoconservateurs américains se réclament ostensiblement de cette religion. L’idée de représenter Jésus en tortionnaire de la CIA n’aurait d’ailleurs jamais effleuré l’esprit du plus anticlérical des caricaturistes européens. Et même dans ce cas il y a fort à parier que Jyllands-Posten ne l’aurait jamais publié parce que, là, Carsten Juste aurait très bien imaginé les réactions… Le gouvernement danois a beau jeu de se retrancher derrière la soi-disant liberté de la presse pour se laver les mains de toute responsabilité. Le fait est que les politiciens danois – en particulier ceux des partis qui forment ou soutiennent le gouvernement – ont créé un tel climat d’hostilité envers les musulmans que le premier quotidien du pays n’a éprouvé aucune gêne à s’en prendre ouvertement à la communauté musulmane à travers la figure de son prophète.

    Le gouvernement danois attise le racisme et l’islamophobie pour diviser les travailleurs et les empêcher de s’unir contre sa politique de régression sociale. Les politiciens et les patrons belges vantent le « modèle danois » comme un modèle à suivre parce que le taux de chômage y est très bas et que le taux d’activité y est très élevé. Il feignent d’oublier que la majorité des emplois au Danemark sont des emplois précaires, à temps partiel ou à durée déterminée. Un salarié doit souvent cumuler deux, voire trois emplois pour s’en sortir.

    La population danoise est pourtant loin de faire bloc autour de l’establishment politicomédiatique. Si le Parti du Peuple danois a gagné 5% d’intentions de votes dans les sondages depuis le début de la crise, plus de 50% des Danois disent comprendre la colère des musulmans et 49% des Danois désapprouvent la publication des caricatures contre 43% qui l’approuvent.

    Le Moyen-Orient en ébullition

    La crise autour des caricatures du prophète n’aurait jamais pris une telle ampleur sans les tensions énormes qui traversent actuellement le Proche et le Moyen-Orient. Des régimes dictatoriaux et corrompus ont récupéré l’affaire des caricatures pour essayer de peser sur les rapports de force sur le plan national ou international. Outre l’Irak et le Liban, deux foyers de tension se sont particulièrement développés récemment.

    Iran. De males propos pour dissimuler les problèmes sociaux du pays

    L’ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad a été élu Président de la République islamique d’Iran fin juin 2005. Ce populiste de droite a bâti sa fulgurante carrière politique en jouant sur son image d’homme proche du peuple : l’ex-maire de Téhéran avait gardé son salaire de petit fonctionnaire.

    Dans un pays où la corruption générée par la manne pétrolière arrose toutes les factions de l’establishment – et surtout où la population est confrontée à un chômage de masse et à des loyers inabordables dans les grandes villes – c’est un argument qui fait mouche. Ahmadinejad a aussi bénéficié de la démobilisation d’une partie des jeunes et des femmes déçus par la faillite des réformateurs à réaliser leurs promesses de démocratisation.

    L’Iran est une dictature où les partis sont interdits et où les candidats « non-conformes » sont écartés par les chiens de garde du régime des mollahs. Les travailleurs iraniens et leurs familles, ainsi que les couches paupérisées de la population, se sont donc engouffrés dans le maigre espace d’expression politique que constituait cette élection pseudo-démocratique pour émettre un vote de protestation contre l’establishment et un vote-sanction contre les réformateurs. Il ne s’agissait donc en aucun cas d’un vote d’adhésion au régime ou aux idées réactionnaires d’Ahmadinejad comme c’est souvent présenté en Europe.

    Ahmadinejad est d’ailleurs conscient de la fragilité de sa position. Depuis son élection, les conditions de vie de la majorité de la population se sont encore détériorées tandis que le contrôle social du régime sur les jeunes et les femmes s’est renforcé. Pour détourner l’attention de la population, il a multiplié les déclarations antisémites en appelant à plusieurs reprises à « rayer Israël de la carte » et en niant, à plusieurs reprises également, la réalité du génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Le président iranien a tenu certains de ces propos dans le cadre d’une conférence intitulée “Le monde sans le sionisme”. En tant qu’internationalistes, les marxistes sont opposés à toutes les formes de nationalisme réactionnaire, y compris le sionisme et l’islamisme. Mais lorsque des politiciens réactionnaires au Moyen-Orient ou en Europe se profilent comme anti-sionistes ou anti-islamistes, ils ne font que jeter un voile idéologique sur leur anti-sémitisme ou leur islamophobie.

    Mais c’est surtout la décision d’Ahmadinejad de reprendre le programme d’enrichissement d’uranium – aux applications potentiellement militaires – qui a mis le feu aux poudres. Cela a déclenché une crise ouverte avec les USA et l’Union européenne qui menacent de saisir le Conseil de Sécurité de l’ONU avec des sanctions à la clé. Mais l’Iran a développé de forts liens économiques avec la Russie et avec la Chine.

    De plus, le régime iranien n’ignore pas que les Etats-Unis sont embourbés en Irak et qu’une intervention militaire est hautement improbable.

    Palestine. La faillite du FAtah ouvre la voie au Hamas

    La disparition brutale d’Ariel Sharon de la scène politique israélienne et la victoire du Hamas lors des élections législatives palestiniennes de janvier ont sans doute porté un coup fatal au soi-disant processus de paix. Ariel Sharon n’avait rien d’un homme de paix, toute sa carrière politique et militaire en témoigne. Désavoué au sein du Likoud, il l’a quitté pour lancer une nouvelle formation « centriste », Kadima. Jusqu’il y a peu les sondages promettaient à Kadima une quarantaine de sièges, soit la position de premier parti, lors des élections de mars. Kadima avait pour ambition de négocier avec l’Autorité palestinienne une paix aux conditions d’Israël.

    Mais les élections palestiniennes ont tout remis en question. La victoire du Hamas, qui a remporté la majorité des sièges au Conseil législatif (parlement) palestinien, est une gifle à la face de tous les protagonistes du conflit. Ce résultat est d’autant plus amer que ces élections ont été organisées de façon exemplaire d’après les critères de la démocratie bourgeoise. Les Etats-Unis pourraient même en tirer des leçons…

    Pourtant les Palestiniens ont plus voté contre le Fatah que pour les islamistes du Hamas. Ils ont sanctionné des années de corruption, d’autoritarisme et d’échecs dans la lutte pour la libération nationale. Si on veut prendre la mesure exacte de la corruption de l’Autorité palestinienne (AP), il suffit de savoir que l’Union européenne, principal bailleur de fonds de l’AP, enquête sur la « disparition » de 700 millions d’euros. Or l’aide annuelle de l’UE à l’AP est d’1 milliard d’euros… Nous avons toujours dit que le Fatah d’Arafat et d’Abbas était plus populaire auprès d’une certaine frange de la mouvance pro-palestinienne en Europe, y compris hélas une certaine gauche, que parmi les Palestiniens. Le résultat des élections en est la parfaite illustration.

    La victoire du Hamas n’a pourtant rien d’un pas en avant pour la lutte des Palestiniens. Le gouvernement israélien en prendra prétexte pour multiplier les faits accomplis. Il a déjà pris des mesures de rétorsion qui priveront l’AP de quelque 30% de ses ressources fiscales. C’est ce qui s’appelle prendre un peuple en otage pour avoir mal voté… Cette politique de rétorsions minera pourtant davantage la position du Président de l’AP, Mahmoud Abbas, que celle du Hamas. En effet, le Hamas pourrait récupérer une partie du manque-à-gagner en se tournant vers l’Iran, ce qui renforcera l’influence de ce pays dans la région. De plus, les gouvernements israélien et américain mènent une campagne d’isolement de l’AP au niveau international. Mais l’invitation des dirigeants du Hamas par la Russie ouvre déjà une brèche de taille dans ce boycottage. Pour ne rien arranger, des groupes armés liés au Fatah vont probablement reprendre l’initiative militaire contre Israël pour récupérer le terrain perdu dans l’opinion palestinienne.

    Un tel scénario pourrait peser lourdement sur le résultat des élections israéliennes de mars. Le Likoud de droite, qui était en perte de vitesse, pourrait regagner du terrain voire gagner les élections en surfant sur l’inquiétude et l’incompréhension des Israéliens envers le vote des Palestiniens. Le manque d’une alternative socialiste aux partis réactionnaires, nationalistes ou religieux, se fait cruellement sentir des deux côtés.

    Afin de sortir de l’impasse, il faut une unité des travailleurs dans la lutte commune contre le système capitaliste.

  • Socialisme 2006. Week-end de débats et de discussions. 22-23 avril, Louvain

    Comment y arriver?

    A partir de la gare, tu prend la rue Maria-Theresiastraat, et aprés la sixième à gauche (il faut passer la Justius Lipsiusstraat, la Jozef II straat, la Bogaardenstraat, la blijde Inkomststraat et la Tiensestraat). Dans la Dekenstraaet c’est directement sur le côté droit.

    PROGRAMME – SAMEDI 22 AVRIL

    MEETING D’OUVERTURE de 10h00 à 12h00: Le capitalisme signifi e la pauvreté, le chômage, l’instabilité et la guerre. Nous luttons pour le socialisme.

    ATELIERS de 13h30 à 16h00: • Le Pacte de générations: ceux qui peuvent arrêter la société, peuvent également la changer! Comment reconquérir nos syndicats? • Comment une économie planifi ée peut-elle fonctionner aujourd’hui? • Espagne 1936: pourquoi parlent “t’ils” d’une guerre civile et parlons “nous” d’une révolution? • La Chine devient-elle la nouvelle superpuissance mondiale? Quel impact la croissance de la Chine a t’elle sur les relations mondiales? • Ensemble nous sommes plus forts. Pourquoi et comment les socialistes luttent contre le racisme, le sexisme et l’homophobie? • Israël/Palestine: seul le socialisme peut créer les conditions pour une société paisible

    ATELIERS de 16h30 à 19h00: • La lutte pour un enseignement de qualité. Un plan d’action et un programme contre les coupes d’austérité du ministre fl amand de l’enseignement Frank Vandenbroucke • Histoire du socialisme: du socialisme utopique au socialisme scientifi que • Révolution dans “le tiers monde”. Qu’est-ce que la théorie de la révolution permanente? • Anti-néolibéralisme en Amérique latine et la lutte pour le socialisme • Proposition de débat: Comment mener la lutte contre l’extrême-droite en Belgique? • Le nouveau parti de gauche (WASG) en Allemagne est devant un choix. S’intégrer dans le système capitaliste ou défendre un programme socialiste. Un témoignage de Lucy Redler, récemment élue dans la direction du WASG de Berlin.

    DÉBAT PRINCIPAL SAMEDI SOIR À 20H00

    ABVV/FGTB: il faut rompre avec le PS/SP.a – CSC/ACV: il faut rompre avec le CD&V – Les travailleurs ont besoin de leur propre parti! • Eric Byl du MAS (Mouvement p/u Alternative Socialiste): un nouveau parti des travailleurs est possible • Jef Sleeckx, parlemenaire du SP.a pendant de longues année et maintenant en opposition contre le pacte des générations et le cours libéral du SP.a • Des délégués de la pétrochimie d’Anvers • La FGTB • Lucy Redler du WASG Berlin

    BAR ET FÊTE DE CLOTURE

    à partir de 22 heures

    PROGRAMME – DIMANCHE 23 AVRIL

    MEETINGS de 10h00 à 12h00: • Témoignage: participation au Forum Social Mondial à Karachi (Pakistan) • Proposition de débat entre ECOLO et le MAS: Une politique énergétique socialiste: pouvons-nous atteindre un standart de vie pour tous sans détruire la planète? Quelles sont les alternatives au pétrole? L’énergie nucléaire apporte t’elle une solution?

    ATELIERS de 13h30 à 16h00: • Syndicalistes contre le racisme. Comment pouvons-nous construire Blokbuster à l’intérieur des syndicats? • Les travailleurs immigrés en résistance contre le néolibéralisme • Préparation à une année de surenchères communautaires: quel programme défend le MAS/LSP? • Réformisme ou révolution (Rosa Luxemburg) – un argumentaire pour un parti socialiste révolutionnaire ici et maintenant • Le spectre du Vietnam plane sur les USA. Quelle est l’ampleur du bourbier en Irak? Où en est le mouvement anti-guerre? • Proposition: Le MAS en débat avec le PTB: La Chine est-elle sur la voie du socialisme ou du Capitalisme? • La France après les émeutes dans les banlieues

    MEETING DE CLÔTURE: La transformation socialiste de la société. Sur la nécessité d’un programme, d’une organisation et d’une stratégie: un parti révolutionnaire.

    Info pratique

    PRIX: 25€ pour les écoliers/étudiants/non-travailleurs, 35€ pour travailleurs la participation pour la nuitée et la nourriture est comprise dans le prix

    ADRESSE: Van Den Heuvelinstituut (VHI), Dekenstraat 2, Louvain

    INSCRIPTIONS ET INFO: tél. 02/345.61.81. socialisme2006@socialisme.be

  • Socialisme 2006, un week-end de débats et de discussions sur la lutte pour le socialisme

    Chaque année, nous organisons un week-end de formation et de discussions sur des thèmes en rapport avec l’actualité et les grandes tendances dans le monde, mais également sur l’histoire du mouvement ouvrier, le marxisme, le syndicalisme,…

    Vincent Devaux

    Cette année, beaucoup de développements au niveau international méritent une attention particulière; la croissance et l’influence de la Chine dans l’économie mondiale, l’augmentation des conséquences de la dégradation de l’environnement, le virage à gauche de l’Amérique latine, le tremblement de terre au Pakistan,…

    Nous aurons un débat sur la lutte des immigrés pour des salaires décents qui sera animé par Kevin McLoughin de notre organisation-soeur en Irlande.

    Mais nous nous pencherons également sur l’actualité nationale: la lutte contre le pacte des générations, les attaques contre l’enseignement, le combat contre l’extrême-droite, la surenchère communautaire,…

    La lutte contre les discriminations, et notamment contre le sexisme et l’homophobie, y trouvera également sa place. Nos camarades de Résistance Internationale et d’Etudiants de Gauche Actifs viendront témoigner des luttes dans lesquelles ils sont impliqués. Pour illustrer et animer les débats, outre des représentants de nos organisations soeurs à l’étranger, nous inviterons des représentants d’autres organisations comme Blokwatch, le Mrax,…

    Nous inviterons un représentant d’ECOLO afin de mener un débat contradictoire sur la solution à apporter à la problématique de l’énergie. Nous voulons débattre de la nature de la Chine: va t’elle vers le Socialisme ou vers le Capitalisme ? A cet effet nous inviterons un représentant du PTB.

    Après les récentes attaques du gouvernement sur notre système de pension primordiale sera la lutte pour un nouveau parti des travailleurs. Des personalités du monde syndical seront invitées ainsi que Jef Sleeckx, ancien parlementaire du SP.a qui a lancé l’appel à une nouvelle formation politique et un membre du WASG de Berlin.

    Ce week-end est une occasion de venir faire la connaissance de notre organisation, de discuter avec nos membres, et pourquoi pas,de nous rejoindre pour défendre nos acquis et changer la société. ‘Socialisme 2006’ se déroulera le samedi 22 et dimanche 23 avril à Louvain. Une garderie d’enfants sera organisée. Le logement pour la nuit du samedi et dimanche sera prévu ainsi que la nourriture (repas chauds).

    Pour réserver, recevoir plus d’infos, le programme complet, ou pour nous aider à mobiliser pour ce week-end; vous pouvez nous envoyer un mail à info@socialisme.be, visitez notre site www.socialisme.be, ou nous téléphoner au 02 / 345 61 81.

  • Des études supérieures: bientôt accessibles qu’à une minorité privilégiée?

    Depuis quelques années, une vague d’attaques s’abat progressivement sur notre enseignement. L’idée c’est que l’enseignement est un produit potentiellement fructueux pour le marché, c’est à dire que pour une éducation de qualité, il faut payer. De plus, beaucoup de facultés, intéressantes pour le marché, seront calquées à la demande des entreprises de sorte que plus rien ne restera de l’apprentissage général de la matière, juste une qualification pour travailler dans l’une ou l’autre multinationale.

    Sven De Deken

    Cette idée n’est pas nouvelle, mais les mouvements étudiants (combatifs), ont toujours réussi à l’éviter. Aujourd’hui, les représentants officiels des étudiants ( comme pas exemple la Fédération des Etudiants Francophones) ne préfèrent pas mettre en danger leur carrière au ministère de l’enseignement, et donc préfèrent des mouvements ludiques et sans suite, aux mouvements combatifs.

    Jusqu’à la fin des années ’60, l’enseignement supérieur a toujours été un environnement élitiste par excellence et il n’était surtout pas question d’accès démocratique. Sous l’influence des mouvements combatifs dans les années ’60, de la croissance économique (qui créait une nécessité d’un plus grand nombre de diplômés), et de l’existence des états staliniens, la bourgeoisie fut obligée de faire des concessions. Durant cette période, la sécurité sociale, les soins de santé, les allocations de chômage, les pensions, les allocations familiales,… étaient introduits tout comme l’accès à l’enseignement supérieur s’offraient aux enfants de la classe ouvrière. Mais vers la fin des années ’70, la bourgeoisie a repris une position offensive, et les premières privatisations étaient imposées.

    Tous ces investissements pour l’éducation représentaient évidemment un coût important sur le budget de l’Etat. Ainsi, les dépenses sont passées de 3,2% du PNB (produit national brut) en 1960 à plus de 7% dans les années ’70!

    Après la chute du mur de Berlin, c’était comme si aucune alternative au capitalisme n’existait plus, ou n’aurait plus pu exister. La bourgeoisie s’est lancée dans une énorme offensive idéologique, dans laquelle le capitalisme est dépeint comme le seul système économique viable. En 1989, la TRE (une mystérieuse organisation qui défend les intérêts des grandes entreprises en Europe), a publié un rapport recommandant une réforme approfondie pour l’enseignement supérieur en faveur de la bourgeoisie européenne.

    La proposition a été reprise dans le décret de Bologne en 1999, et fut alors connue de tous. Bologne a pour objectif de privatiser l’enseignement supérieur en Europe et de le réformer en un système d’éducation qui prémache des travailleurs bons pour le marché du travail. On veut limiter la durée de l’enseignement supérieur en le subdivisant : d’une part 3 ans de cours de bases (bachelor), et d’autre part 1 ou 2 ans de perfectionnement (master). L’idée serait, à long terme, de fournir une masse d’étudiants ne possédant qu’un diplôme bachelor et de réserver le diplôme master à une élite. Bologne crée un enseignement à deux vitesses (tel qu’il est aux Etats-Unis), c’est à dire des universités divisées: il y aura d’un côté les universités dites “pôle d’excellence” les plus chères et les plus demandées, et de l’autre, les universités poubelles dans lesquelles se retrouveront tous les étudiants qui ne peuvent se payer autre chose…Bologne s’est déjà annoncée, avec la privatisation de nombreux services étudiants sur l’université, comme notamment les kots étudiants ou encore les restaurants…et ces privatisations ne vont que s’accélérer dans les périodes à venir. L’étudiant sera stimulé pour partir étudier à l’étranger, mais devra le faire par ses propres moyens, de plus, les bourses vont se transformer en prêts qu’il devra rembourser à la fin de ses études. Ca signifie, que dès que les étudiants entreront dans la vie active, ils seront déjà fortement endettés.

    Les conséquences de l’augmentation du prix des études sont déjà claires : Plus de la moitié des étudiants travaillent déjà durant leur année académique afin de payer leurs études. En Angleterre, où la privatisation de l’enseignement est déjà plus avancée, on voit beaucoup de filles qui se prostituent pour payer leurs études et cette situation gagne d’autres pays dont la Belgique.Le coût des études a augmenté entre 1986 et 1999 de 40% à 60%, sans tenir compte de l’inflation. Les budgets consacrés à l’enseignement, eux, sont constamment en baisse. Aujourd’hui, le gouvernement flamand consacre moins de 5 % du PRB (produit régional brut) à l’enseignement, alors que dans les années ’70, la somme représentait plus de 7% du PRB.

    A l’université de Louvain, les conséquences du décret de Bologne se font sentir: cette année académique, les étudiants non-EEES (EEES= pays d’Europe + 15 autres pays) devront payer 5000 euros de minerval au lieu de 505 euros. Il y existe une exception pour les 72 pays les plus pauvres du monde, on accepte alors l’étudiant pour 505 euros s’il écrit une lettre de motivation acceptée par les autorités.

    L’université s’attaque à un petit groupe de personnes, pour le moment, et peu de gens sont au courant de l’existence de cette attaque, et à terme ce sont tous les étudiants qui la subiront (le minerval de 5000 euros vaudra pour tous). Il est dans l’intérêt de tous de combattre la destruction de l’enseignement et de son accessibilité. Les représentants officiels étudiants ne représentent que leur ambition, nous invitons tous les étudiants combatifs à s’organiser et à rejoindre les Etudiants de Gauche Actifs pour ensemble lutter pour un enseignement démocratique, gratuit, et accessible à tous!

  • Allemagne. Le WASG et le nouveau parti des travailleurs

    Avec son programme de contre-réformes, intitulé Agenda 2010, quand le chancelier Gerhardt Schröder (SPD) débuta sa deuxième législature, il entra dans l’histoire comme le plus grand pillard d’acquis sociaux depuis la 2e Guerre Mondiale. Durant les six années du gouvernement rouge-vert, tout est passé à la trappe: les malades, les travailleurs, les chômeurs,… tout, sauf les entrepreneurs. La mobilisation de masse fut la réponse faite au gouvernement. Aujourd’hui, l’Allemagne a atteint de nouveaux records: il y a maintenant 5 millions de chômeurs. A première vue, le gouvernement semble avoir réalisé ses objectifs, avec le soutien bénévole de l’opposition de droite. Mais les années de résistance ont laissé leurs traces et, avec l’apparition du WASG (Wahlalternative – Arbeit und soziale Gerechtigkeit; Alternative électorale – Emploi et Justice Sociale), le mouvement social a trouvé son expression politique, qui dit vouloir rompre avec la politique antisociale.

    Jan Croe

    C’est dans les luttes et manifestations contre l’Agenda 2010 en novembre 2003 (100 000 manifestants) et en avril 2004 (500 000 manifestants) que le WASG a vu le jour. Des dirigeants syndicaux de ver.di (syndicat des fonctionnaires) et de IG-Metall ont conclu que les possibilités pour que le gouvernement rouge-vert change de cap et adopte une politique sociale étaient devenues tout simplement irréalistes. Tandis que la direction de la DGB (la coupole syndicale allemande) tente toujours à l’heure actuelle de maintenir les liens avec la social-démocratie, le SPD, les syndicalistes à l’origine du WASG revendiquent la fin de ces bavardages.

    L’attraction envers le mouvement fut importante. Trois mois déjà après sa mise-sur-pied, la création d’une septantaine de groupes régionaux était planifiée dans toute l’Allemagne. Quand la nouvelle formation s’est présentée pour la première fois aux élections, en Rhénanie du Nord, elle a obtenu un résultat honorable: 2,2 pc. Dans ces mêmes élections, le SPD de Schröder a subit une défaite historique après 39 ans au gouvernement: la dernière coalition rouge-verte dans un gouvernement local fut renvoyée dans l’opposition. Cette situation devenait intenable pour Schröder et les social-démocrates qui se sont vu contraints de prévoir des élections fédérales anticipées en septembre.

    A ce sujet, au sein du WASG, des discussions et des luttes sont en cours sur l’attitude à adopter. Le résultat de ces discussions sera essentiel pour le futur développement de cette nouvelle formation.

    Le Keynesianisme comme alternative?

    Quand le programme du WASG fut adopté lors d’une journée de rencontre nationale au début du mois de mai de cette année-ci, le coeur de millions de gens s’est mis à battre plus fort. Le programme public visait à la création de centaines de milliers d’emplois, à l’extension des services publics, à des augmentations de salaire, à plus de charges pour les entrepreneurs; à l’introduction d’un salaire minimum, ou encore la réduction du temps de travail, le droit à la grève politique et générale,… Avec ce programme le WASG formulait les revendications correctes et nécessaires face à l’offensive du capital.

    Selon le programme du WASG le problème principal du développement économique est la faiblesse du marché intérieur. En mettant en avant que la démocratisation de l’économie stimulerait le pouvoir d’achat des masses, le WASG, en avançant ces idées, crée l’illusion que la crise structurelle du capitalisme peut être surmontée au sein du capitalisme même. Tant que les secteurs clefs de l’économie ne sont pas dans la propriété collective et sous le contrôle démocratique de la population, les conditions de salaire et de travail ne seront jamais certaines.

    Si la question de la propriété privée des moyens de production reste sans réponse, le WASG ne sera pas capable dans le futur de présenter au mouvement des solutions adéquates aux problèmes tels que les menaces de délocalisation. Cette faiblesse programmatique trouve son représentant au sein du WASG avec le Keynesien (c-à-d partisant d’une intervention de l’état bourgeois dans l’économie pour résoudre tous les problèmes) notoire Oskar Lafontaine.

    Lafontaine

    Depuis l’ère de Schröder, Oskar Lafontaine est connu comme une personne éminente à gauche, et très certainement depuis sa démission du SPD quand ce parti s’est clairement orienté vers l’application de l’Agenda 2010. Il est vu comme un sérieux adversaire au chancelier en place. En plus, le SPD a parcouru divers virages à droite, dus, entre autre au changement de la composition sociale des membres. Mais Lafontaine est aussi l’auteur de la disparition de milliers d’emplois dans l’industrie de l’acier en tant que premier ministre et en tant que ministre des finances à travers le programme „Payer des allocations de chômage uniquement aux nécessiteux“.

    Il a bien mis en scène son retrait de la social-démocratie. Grâce à cela, il a fait en sorte que toute l’attention soit orientée vers lui et la nouvelle formation. Cela a donné au WASG une dynamique énorme, ce qui s’est exprimé tant dans les résultats électoraux que dans la croissance des adhésions. Selon la direction nationale du WASG, le nombre de membres a crû de 4000 à 6000 ces trois derniers mois, et cette tendance continue. Mais l’adhésion de Lafontaine à la nouvelle formation renforce surtout l’ailé modérée autour de Klaus Ernst et le reste de la direction du WASG.

    Quand Lafontaine a proposé sa candidature au WASG, il a mis une condition: le WASG devrait s’allier avec le PDS selon l’exemple de la coalition olivier (coalition des post-communistes, verts et autres forces à gauche, qui dans différents gouvernements locaux ont collaborés aux coupes d’austérité) en Italie.

    Le WASG et le Linkspartei/PDS

    Le PDS est l’ancien parti stalinien, dirigé par Gregor Gysi. Depuis la chute du mur de Berlin, les virages à droite continuels constituent l’histoire de ce parti. Repositionné à droite, et incapable de tirer les leçons de leur passé stalinien, ce parti a participé à deux gouvernements locaux en Allemagne de l’Est avec le SPD, unis dans une politique de régression sociale et de privatisation.

    Le WASG est né en opposition à la politique du PDS. Malgré cela, la direction du WASG s’est déclarée d’accord avec la candidature commune entre le WASG et le PDS. Ainsi, dans les élections fédérales du 18 septembre, les membres du WASG vont se présenter sur les listes du Linkspartei (Parti de Gauche), le nouveau nom du PDS. La justification des deux directions du parti est l’idée de „mettre sur pied un nouveau projet de gauche“ dans les deux années à venir. De plus, cette alliance risque d’écraser le WASG, relativement faible face à l’appareil du PDS (60 000 membres). Cela doit être évité, car il est important que le WASG maintienne son propre profil indépendant, combatif et que le WASG mène sa propre campagne électorale distincte.

    Le programme électoral du nouveau Linkspartei, élaboré par les deux directions du parti, contient différentes concessions du WASG au PDS. La proposition du PDS d’améliorer le programme Arbeitslosengeld II (le programme de réforme sur les allocations pour les chômeurs) et les statuts des Ein-Euro-Jobs (les jobs à un euro) peut encore être combattue par la direction du WASG. Le WASG rétorquait en effet qu’il fallait se battre pour la supression de Hartz IV (un autre programme de contre-réformes) et les Ein-Euro-Jobs. Mais d’autres parties du programme, dans lesquelles le PDS revendique la création des secteurs d’emplois à bas salaires demeurent incontestés par la direction nationale du WASG. En faisant cela, elle va à l’encontre des principes fondamentaux du WASG, qui refuse de manière conséquente les emplois sous-payé. D’autres points du programme aussi divergent du manifeste électoral et signifient un virage à droite prononcé.

    Dangers et occasions

    Selon les sondages, jusque 25 pc des électrices et électeurs envisagent de voter pour le Linkspartei. Si ces pronostics se vérifient, cela signifiera qu’il deviendra d’un coup la troisième force politique au Bundestag. Mais la question qui se présente pour nous, c’est de savoir ce que ce parti fera avec ce potentiel pour être à la hauteur des attentes des travailleurs.

    La revendication portée par le WASG d’une redistribution de haut en bas est une déclaration de guerre aux grands propriétaires des banques et des grandes entreprises qui ne veulent que des profits toujours plus grands. Afin de pouvoir appliquer cela, il est nécessaire de construire un rapport de force. Si le patronat veut s’attaquer à nos conditions de salaire et de travail, nous devons pouvoir toucher à leurs profits. Cela ne peut pas être le résultat d’une résistance parlementaire, mais de la résistance socio-économique à travers l’arme de la grève dans les entreprises. C’est pourquoi le WASG doit s’orienter vers les lieux de travail et intervenir dans les luttes des travailleurs. Les revendications – qui créent des attentes – ne peuvent être remplies que si le WASG base et organise sa lutte pour les réformes sur la résistance extraparlementaire.

    Les marxistes au sein du Linkspartei

    Le SAV (la section soeur du MAS en Allemagne) milite pour la construction d’un nouveau parti des travailleurs. Si nos camarades mettent en avant qu’un tel parti doit adopter un programme clairement socialiste, cette revendication n’encombre pas le chemin vers une collaboration constructive et solidaire. Par conséquent, le SAV a soutenu la création et la construction du WASG dès le début. Pour que le potentiel soit pleinement exploité, la nouvelle formation devrait s’ouvrir à tous les militants et offrir des structures larges et pluralistes. Vu que la présence les différentes forces politiques au sein du WASG enrichissent les expériences et les traditions, des questions sur la théorie et la pratique doivent être ouvertement débattues.

    Cela comprend donc aussi les questions sur le Keynésianisme ou le Socialisme. Evitant la discussion en profondeur, une future décision du comité national du WASG devrait prévoir l’incompatibilité d’être socialiste et membre du WASG. C’est un exemple du fonctionnement de haut en bas, preuve d’un manque de démocratie dans le WASG. L’entrée de Lafontaine et du PDS a renforcé la position de la droite au sein du WASG. Cependant, une pression de la base pour un virage à gauche ne peut être exclue. C’est pourqoui nos camarades au sein du Linkspartei défendent une orientation voulant organiser ces millions d’électeurs interessés par l’initiative. Afin d’avoir une base active pour réaliser cela, nous mettons en avant la création de sections jeunes. Ainsi, nous pensons renforcer le potentiel qui existe pour les marxistes dans de tels groupes larges.

    Le succès du WASG et du Linkspartei, en tant que projet pour la construction d’une alternative aux partis du démantèlement social, de la destruction d’emplois et des privatisations n’est pas garanti. Le manque d’enthousiasme et d’initiative de la direction se voit notamment par les difficultés faites à nos camarades, mais il faut continuer la lutte pour des structures démocratiques.

  • Une chute… qui tombe à plat?

    Voilà ce qui s’appelle un timing particulièrement bien étudié. « La Chute », qui raconte les douze derniers jours de Hitler dans son bunker, débarque en plein milieu d’une année de commémorations en tous genres marquant le soixantième anniversaire de la fin de la guerre.

    Jean Peltier

    Sorti en septembre en Allemagne où il a rencontré un énorme succès (plus de cinq millions de spectateurs), il arrive maintenant sur les écrans un peu partout en Europe, accompagné d’un cortège de polémiques – peut-on montrer le caractère humain d’un monstre et d’un bourreau ? – qui ne doivent pas déplaire au responsable du marketing.

    Le succès de « La Chute » ne tient évidemment pas qu’à une bonne maîtrise du calendrier. Le film ne manque pas de qualités. Il respecte de près la réalité historique, il est remarquablement réalisé et les acteurs sont impressionnants, particulièrement Bruno Ganz qui réussit une composition extraordinaire en se coulant dans le personnage de Hitler tout en n’offrant jamais la moindre occasion au spectateur d’être touché par le côté humain du personnage et de lui trouver l’ombre d’une circonstance atténuante. Par ailleurs, « La Chute » ne s’intéresse pas qu’à la fin de carrière et de vie de Hitler. Il montre à la fois la similitude et le contraste entre deux mondes qui sombrent : les dignitaires d’un régime enfermés dans leur bunker et la population civile de Berlin qui erre affamée et totalement désemparée dans les ruines de la ville bombardée.

    Et c’est là que commencent les problèmes ! Car, pendant 2h30, on ne voit que des Allemands dans le film. Une grosse poignée de salauds, les dignitaires nazis, et des milliers de victimes, ceux que la folie des premiers a conduit au désastre. Par contre, les patrons, allemands eux aussi, qui ont amené les nazis au pouvoir et ont prospéré sous leur dictature, sont curieusement aux abonnés absents, tout comme l’armée allemande d’ailleurs. Sans même parler des 20 millions de morts soviétiques, des 6 millions de juifs exterminés dans les camps et des populations qui ont connu l’occupation de l’Atlantique à l’Oural. Ce qui fait quand même beaucoup de monde !

    « La Chute » est basée sur les travaux de Joachim Fest, un historien allemand renommé qui appartient à l’école conservatrice et anticommuniste toujours dominante dans l’Allemagne d’aujourd’hui. Sans manifester aucune sympathie pour le régime nazi, cette école a cependant comme fond commun de traiter le nazisme comme une « monstruosité historique » qui s’est imposée à une population qui fut donc d’abord la victime de ce régime avant de devenir celle d’une guerre perdue. Cette analyse ne permet guère de comprendre la dynamique sociale et politique qui a permis au mouvement nazi de mobiliser une fraction importante de la population allemande. Mais elle est bien commode pour garder un voile pudique sur les multiples soutiens – dans la droite et le patronat – qui ont permis aux nazis d’accéder au pouvoir. Et, puisque le nazisme n’aurait été ainsi qu’une parenthèse dramatique dans l’histoire allemande, cette vision est de plus parfaitement compatible avec le nationalisme « présentable » d’une grande puissance qui aurait retrouvé après 1945 sa vraie nature démocratique.

    Olivier Hirschbiegel, le réalisateur du film, n’est certainement pas loin de cette vision quand il affirme qu’il est « très fier d’avoir contribué à réaliser un film authentiquement allemand qui aborde l’histoire allemande sans porter de jugement a priori, sans cynisme et sans arrogance et qui suscite des interrogations chez le spectateur. Personne n’a le droit de nous empêcher de parler de notre propre histoire, sauf nous-mêmes. » Comprendre ce que fut réellement le fascisme dans les années ’30 pour mieux combattre celui qui remonte aujourd’hui un peu partout en Europe est de première importance. Malheureusement, « La Chute » ne nous y aidera pas beaucoup.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop