Tag: Belgique

  • Stage d’été de la Gauche révolutionnaire : un moment de discussion et de formation encourageant

    Les 3, 4 et 5 juillet a eu lieu le 8ème stage d’été de la Gauche révolutionnaire, la section française du CIO: trois jours de discussions et de débats entre une vingtaine de militants et les sympathisants de notre organisation, trois journées très instructives pour tous les participants. Nous avons pu aborder différents sujets politiques, tant théoriques qu’historiques ; mais aussi concernant l’actualité française et internationale.

    Par Alex, Denis et Cécile

    Le vendredi, nous avons parlé de l’Amérique Latine. Nous avons pu discuter de la situation politique de différents pays, par exemple au Honduras, ou au Brésil, où nos camarades du CIO rencontrent de francs succès. L’après midi, nous avons abordé la question du Sri Lanka, où le peuple Tamoul continue de vivre dans des conditions inhumaines ; et nous avons considéré les perspectives pour la campagne anti raciste que nous avons lancée en mai.

    Deux autres discussions ont eu lieu ; une sur les bases de l’économie marxiste, qui a permis notamment à nos jeunes camarades d’avoir une meilleure compréhension du fonctionnement de l’économie capitaliste et l’autre sur l’histoire de la IIIème internationale, qui est cruciale à étudier dans la période actuelle.

    Le soir, nous avons regardé le film Persépolis de Marjane Satrapi, qui a pu nous éclairer sur l’histoire de la révolution iranienne et ses conséquences sociales et politiques. Le samedi, nous avons parlé de la Révolution française de 1789. Pour les marxistes, il est essentiel d’étudier et d’analyser cette période tant elle a été riche en évènements et en idées, les mêmes qui ont en partie inspiré à Marx la théorie du socialisme scientifique.

    En fin de journée, les discussions ont porté sur le droit des femmes et la lutte contre le sexisme, question qui doit être régulièrement discutée et analysée en profondeur par les militants socialistes, et sur le darwinisme, ce qui a permis de mettre en lumière la théorie de la sélection naturelle comme moteur de l’évolution du vivant.

    La discussion finale le dimanche matin a porté sur les évènements du « 6.4 », 4 juin 1989, qui a vu sur la place Tien An Men de Pékin une répression sanglante contre le plus gros mouvement d’étudiants et de travailleurs que la Chine d’après 49 a connu.

    Ce stage a été l’occasion pour nous, militants de la Gauche Révolutionnaire, d’approfondir notre programme, nos idées et de mieux se l’approprier afin de pouvoir plus facilement le retranscrire, et convaincre de manière plus large de sa justesse. La richesse des débats que nous avons eus a été très encourageante et nous permet d’aborder la prochaine période avec beaucoup d’enthousiasme militant pour mettre encore plus en avant les idées du socialisme et construire notre organisation. Ce week-end a été finalement couronné par l’adhésion d’un sympathisant, pour qui ce le stage fut l’occasion de confirmer son souhait de construire avec nous la Gauche révolutionnaire et de lutter pour le socialisme.



    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    La Gauche révolutionnaire est la section du CIO en France, où elle travaille au sein du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste)

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Honduras: NON au coup d’Etat! – Déclaration du Comité pour une Internationale Ouvrière – Costa Rica

    Au moment d’écrire cette déclaration, des milliers de Honduriens sont en train de prendre les rues de Tegucigalpa ainsi que d’autres villes du pays. De plus, une grève générale a éclatée pour protester contre le coup d’Etat contre le Président du Honduras, Manuel Zelaya. Le groupe du CIO au Costa Rica exprime sa solidarité inconditionnelle vis-à-vis des manifestants qui défient le couvre-feu et la répression ordonnés par le nouveau gouvernement putschiste. Nous demandons à tous les travailleurs ainsi qu’à leurs organisations d’exprimer leur opposition à l’attaque contre les droits démocratiques des travailleurs et du peuple du Honduras.

    CIO-Costa Rica

    Les forces de l’armée hondurienne, dans une action coordonnée avec les dirigeants politiques les plus réactionnaires du Congrès et du pouvoir judiciaire ont rompu les règles du régime démocratique bourgeois du pays, dimanche soir (28/06), en séquestrant le Président Manuel Zelaya, élu en 2005 jusque 2010, et par la suite en le déportant à San José au Costa Rica.

    Les mêmes dirigeants réactionnaires n’ont pas perdu de temps et le dimanche, en prétextant que Zelaya avait démissionné, ils se sont accordés pour nommer l’actuel Président du Congrès, Roberto Micheletti nouveau président du pays. Le président Zelaya, qui a quitté le Costa Rica pour Managua au Nicaragua, nie avoir démissionné et accuse l’armée de l’avoir séquestré par la force pour l’expulser du pays après avoir mitraillé sa résidence.

    Le coup d’Etat au Honduras reflète les intérêts de la classe dominante et de l’élite politique qui craint la perte de contrôle sur les actions de Zelaya et sa prise de distance avec l’agenda politique et économique des élites les plus conservatrices de cette dernière période.

    Manuel Zelaya a été élu comme candidat du Parti Libéral, mais à partir de 2007, il a adopté une position de rapprochement avec le gouvernement vénézuélien d’Hugo Chavez, et a demandé l’adhésion officielle de son pays à ALBA, l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques. Cette attitude, tout comme certaines mesures adoptées par le gouvernement, n’ont pas été appréciées par les patrons, l’église et les intérêts de l’impérialisme au Honduras.

    Le putsch s’est produit lorsque le gouvernement de Zelaya, en grave conflit avec les dirigeants de son propre parti et avec l’opposition de droite, promouvait une conusltation populaire informelle sur la possibilité de réaliser un référendum sur la convocation d’une Assemblée Constituante dans le pays à l’occasion des élections de novembre.

    Dans le cadre d’une profonde crise économique et d’une instabilité politique, le gouvernement de Zelaya a été mis sous pression pour trouver une base sociale de soutien dans les secteurs populaires en dehors de la ligne traditionnelle de son propre parti et en aiguisant encore plus la dispute féroce avec le Parti National du Honduras, traditionnel adversaire du Parti Libéral dans les controverses politiques intra-bourgeoises. Face à la crise, Zelaya a opté de faire des réformes par en haut avant que le peuple ne puisse les arracher avec beaucoup plus d’intensité par en bas.

    La rupture institutionnelle au Honduras est une claire démonstration de comment, dans le cadre de la crise structurelle du capitalisme et de la fragilité des systèmes politiques latino-américains, même des petites réformes ou des actions modérées qui contrarient les intérêts des élites politiques et économiques, deviennent intolérables pour la classe dominante associée avec l’impérialisme sur le continent.

    Indépendamment du caractère du gouvernement de Zelaya, qui est toujours un gouvernement bourgeois, le coup d’Etat est une attaque sévère contre les travailleurs et la majorité du peuple, avec plus du 50% de la population en dessous du seuil de pauvreté et avec une élite historiquement réactionnaire associées avec l’impérialisme nord-américain. Les soldats qui ont séquestré Zelaya ont été entrainés avec les méthodes typiques de l’école des coups d’Etats, subventionnée par l’impérialisme nord-américains pendant des décennies.

    Ce qui arrive aujourd’hui au Honduras affecte profondément le mouvement de la classe ouvrière et les peuples du monde, particulièrement en Amérique latine. Un putsch, au moment où les travailleurs, les paysans, les indigènes et les jeunes de divers pays de la région osent lever la tête contre les politiques et la crise du capitalisme qu’ils supportent, est un précédent très dangereux.

    Vaincre le putsch au Honduras et empêcher que les mêmes méthodes ne puissent être utilisées dans le futur est un point important pour l’avancement de la lutte des travailleurs dans d’autres pays. C’est donc là une tâche unitaire et prioritaire des mouvements sociaux et de la gauche conséquente dans le continent.

    Pour les travailleurs et le peuple hondurien, il est essentiel de promouvoir pour l’adoption des méthodes de lutte de la classe ouvrière : la grève générale, la mobilisation massive et l’organisation démocratique par la base (l’autodéfense incluse) incluant tous les autres secteurs de la population pauvre et opprimée, coupant à la racine la tentative d’utilisation de politique autoritaire et réactionnaire dans le pays.

    Devant l’impossibilité que même l’impérialisme US puisse supporter le nouveau gouvernement putschiste – avec Obama qui maintient une attitude vacillante et douteuse, mais sans reconnaitre à Micheletti comme président – il est possible que les putschistes essayent de promouvoir une normalisation de la situation en maintenant les élections de novembre sous des conditions spéciales, sans le référendum sur l’Assemblée Constituante et sous un contrôle strict.

    En même temps, nous exigeons une position claire de la part de toutes les autorités, les gouvernements et les organismes internationaux contre le coup d’Etat, même si nous n’avons aucune illusion envers des organisations comme l’OEA (Organisations des Etats d’Amériques) ou les Nations-Unies. Nous demandons aux travailleurs de rester attentifs face aux manoeuvres de l’impérialisme et ses alliés en Amérique Latine.

    Nous ne pouvons accepter aucune solution pour le Honduras qui n’incorpore comme une base minimale la destitution immédiate du gouvernement putschiste de Micheletti, la restauration du gouvernement de Zelaya et l’incarcération de ceux qui directement ou indirectement ont collaboré au coup d’Etat.

    Ceci ne peut s’obtenir de manière effective qu’avec la mobilisation des travailleurs et du peuple hondurien avec la ferme solidarité des travailleurs de toute l’Amérique Latine et du monde.

    Nous devons travailler à ce que l’action putschiste tourne au profit d’une radicalisation de la lutte des travailleurs qui aille plus loin que les reformes modérées du gouvernement de Zelaya, surpasse les limites du système politique bourgeois et avance dans une direction véritablement démocratique, anticapitaliste et socialiste.

    • Soutien inconditionnel à la résistance des travailleurs et au peuple du Honduras contre le coup d’Etat !
    • A bas le gouvernement putschiste de Micheletti ! Pour le retour immédiat de Manuel Zelaya ! Aucun accord avec les putshistes !
    • Pour le rétablissement immédiat des libertés démocratiques et la fin de la répression !
    • Pour l’organisation indépendante des travailleurs et du peuple du Honduras dans sa lutte pour les droits démocratiques et sociaux.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Victoire éclatante pour les grévistes de la raffinerie Lindsey (GB)

    Les travailleurs du chantier de construction à la raffinerie de Lindsey (LOR) appartenant à TOTAL, en grève pendant une quinzaine de jours, ont remporté une victoire retentissante. Toutes les revendications des travailleurs ont été satisfaites. Les patrons sont revenus sur les 51 licenciements qui avaient conduit à des actions de solidarité sur d’autres sites, ainsi que sur les 647 licenciements annoncés par le patronat en représailles aux premières actions. De plus, tous les travailleurs ont obtenus des garanties sur leur temps de travail à venir.

    Par Alistair Tice, du Socialist Party (notre parti-frère en Angleterre et Pays de Galles

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    Cette victoire est le résultat de la détermination militante des travailleurs qui n’ont pas hésité à partir spontanément en grève (chose particulièrement difficile en Grande Bretagne à cause des lois antigrève instaurées sous Thatcher et maintenues sous Blair et Brown) avec des actions de solidarité sur au moins 30 autres sites. Cela a exercé une pression énorme sur les permanents syndicaux des centrales GMB et Unite qui, tout en dénonçant l’action spontanée, ont été ensuite forcés de donner à la grève le statut de conflit officiel.

    Le rôle des délégués syndicaux de LOR et du comité de grève a été crucial en donnant une direction claire et intransigeante au mouvement. C’est sous la suggestion de Keith Gibson, membre de notre parti-frère le Socialist Party, que le comité de délégués syndicaux s’est tranformé en comité de grève, pour impliquer le plus de monde possible. A la fin, trois membres du Socialist Party y participaient.

    Le Socialist Party a produit un bulletin quasiment chaque jour présentant des propositions sur la voie à suivre pour continuer la grève, dont plusieurs ont été adoptées. Ces bulletins étaient aussi distribués par centaines sur les piquets d’autres sites, parfois fort éloignés. Les travailleurs étaient à la recherche d’idées et l’ont d’ailleurs démontré en étant très nombreux à acheter The Socialist, l’hebdomadaire du Socialist Party.

    Les lois anti-syndicales balayées

    L’action déterminée des travailleurs et la solidarité ont réduit à néant les lois anti-syndicales. C’était déjà la troisième fois cette année que les travailleurs de la construction ont entrepris des actions ‘illégales’. Les délégués syndicaux, le comité de grève et les réunions de masse quotidiennes où tous les travailleurs pouvaient participer à la discussion et poser des questions ont joué un rôle crucial dans cette victoire.

    L’action spontanée était forte, claire, et a réussi à mettre suffisamment de pression pour obtenir un soutien officiel des syndicats. Parvenir à ce résultat a constitué une source de confiance pour les travailleurs. Si la grève de janvier avait obtenu le soutien officiel des syndicats dès le premier jour, les bannières syndicales auraient mis de côté les slogans «Des emplois britanniques pour des travailleurs britanniques» qui étaient présents au début de la grève. Cela montre bien la nécessité de syndicats de combat, avec des permanents élus par la base et payés à des salaires de travailleur qualifié.

    A cause de ces panneaux défendant les «emplois britanniques», certaine organisations de gauche n’ont pas soutenu la grève de janvier et février, ne comprenant pas qu’il s’agissait d’une grève en défense des syndicats et contre les tentatives patronales de diviser les travailleurs en important de la main d’œuvre immigrée bon marché. A l’issue de la grève, tous les travailleurs – tant britanniques qu’italiens et polonais – avaient obtenu des droits identiques et les mêmes salaires. Cette victoire et les actions de solidarité ont donné aux travailleurs de LOR la confiance de mener cette action assez fortement pour qu’elle soit réglée en un peu plus de deux semaines.

    En janvier, les véritables socialistes présents dans le comité de grève avaient contré les slogans nationalistes avec des slogans réclamant une unité de classe, cet appel ayant d’ailleurs reçu le soutien de la délégation de Total à Anvers.

    Mais cette victoire n’est pas le point final du conflit. Si une bataille a été gagnée, la guerre ne l’est pas encore. Les employeurs ont toujours en vue de briser les syndicats. Mais cette victoire a renforcé la résistance des travailleurs. Les employeurs – TOTAL et ses sous-traitants – les ont complètement sous-estimé, les patrons sortent affaiblis de la lutte. Le licenciement de masse prévu en représaille des actions illustre clairement qu’il s’agissait de la place du syndicalisme dans l’entreprise.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le Socialist Party est la section du CIO en Angleterre et Pays de Galles

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Crise révolutionnaire en Iran : Les divisions au sein de la classe dirigeante s’approfondissent

    Les élections présidentielles du 12 juin en Iran ont déclenché une crise révolutionnaire. La classe capitaliste islamiste est profondément divisée sur la question de savoir comment arrêter le mouvement historique de masse qui a émergé: répression brutale ou concessions? Les dirigeants et, de plus en plus, leur système ont perdu leur légitimité. La propagande nationaliste et religieuse n’a eu que peu d’effet. Les fusillades, les bastonnades et les arrestations sont le dernier recours dont dispose l’appareil de Khamenei et d’Ahmadinejad. Toutefois, l’absence d’organisations ouvrières de masse et d’un parti révolutionnaire de masse sont également un facteur majeur au cours de ces événements.

    Per-Ake Westerlund, Rättvisepartiet Socialisterna (Parti de la Résistance Socialiste – CIO Suède), article publié le 22 juin

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    • Révolution iranienne: vers où aller?
    • Appel à la solidarité du PSL/LSP en français et néerlandais (PDF)
    • Appel à la solidarité du PSL/LSP en anglais (PDF)
    • Appel à la solidarité du PSL/LSP en persan (PDF)
    • Protestations de masse en Iran
    • Iran 1978-79: Une révolution volée à la classe ouvrière
    • Rubrique "Asie" de socialisme.be
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      Les mobilisations qui ont rassemblé plus d’un million de personnes dans les rues de Téhéran à partir du 16 juin, à côté des divisions ouvertes au sein de la classe dirigeante capitaliste islamiste, marquent une crise révolutionnaire en Iran. Les gens ont perdu leur crainte. L’immense haine contre le système politique actuel et la colère face aux difficultés économiques qui touchent la population ont explosé.

      Le Guide Suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, a dans son discours du vendredi 19 juin, ouvertement menacé de répression et de violence, de «faire couler le sang». Il a ouvert la porte à ses rivaux au sein du régime – l’ancien Président l’Ayatollah Akbar Rafsanjani, qui est aussi l’homme le plus riche d’Iran, accompagné de son protégé, le candidat présidentiel Mir Hossein Moussavi – qui ont appelé à annuler les manifestations à cause du risque de massacre. Les politiciens occidentaux ont eux aussi «exprimé leur crainte» et leur «inquiétude» face à la violence, se proclamant en faveur d’un compromis au sommet.

      Cette semaine, les manifestations ont été attaquées sur leurs lieux de rassemblement pour le départ, limitant la possibilité d’organiser des manifestations de masse. Des miliciens Basiji à moto ont attaqué les manifestants à coups de feu et de matraques. La police et l’armée utilisent des gaz lacrymogènes et tirent à balles réelles. Les rapports estiment le nombre de morts à entre 50 et 184 personnes. L’Etat a officiellement affirmé avoir arrêté 475 personnes, mais ce nombre s’élèverait à entre 800 et 1.000 personnes selon les observateurs. Selon Reporters Sans Frontières, 26 journalistes sont détenus, tandis que d’autres agences d’information parlent de l’arrestation de 100 dirigeants étudiants. Un tribunal spécial a été mis en place afin d’interroger et de condamner les détenus.

      La division au sommet du régime s’approfondit de plus en plus. Le candidat présidentiel Mir Hossein Moussavi – qui se tient à l’épicentre de la fracture au sein du régime, ayant défié Khamenei et Ahmadinejad – a été placé sous arrêt à domicile, et son propre journal a été saccagé, avec 25 personnes arrêtées. Son « parrain », L’Ayatollah Akbar Hashemi Rafsanjani, qui est aussi l’ancien Président et l’homme le plus riche d’Iran, a été mis sous pression par l’arrestation de sa famille, y compris sa fille, Faezeh Hashemi. Rafsanajani s’est apparemment rendu dans la ville sainte de Qom afin d’y rassembler ses partisans.

      Khamenei a été forcé de descendre de son piédéstal qu’il occupait en tant qu’arbitre religieux et, dans une certaine mesure, de mettre Ahmadinejad de côté afin de pouvoir proférer ses menaces, apparemment inquiet à l’idée que toute concession aux manifestants ne ferait qu’accroître l’appétit des masses. Le Conseil des Gardiens a admis le fait que certaines failles existent dans le système électoral, mais nient toute possibilité d’un recomptage complet, sans même parler de nouvelles élections. C’est pourquoi la réponse de Khamenei consiste en une répression de masse. Jusqu’ici, toutefois, Musavi n’a pas riposté, préférant appeler à l’annulation des manifestations, mentionnant le risque d’un bain de sang. Les politiciens occidentaux expriment leur «crainte» et leur «inquiétude» au sujet de la violence, espérant un compromis au sommet.

      L’humeur des masses, toutefois, n’est pas facilement contrôlée. Les manifestations de masse de mardi – deux millions selon certains observateurs – se sont déroulées malgré à la fois le mot d’ordre d’ouvrir le feu donné aux forces étatiques et l’appel à rester chez soi lancé par Moussavi. A ce stade, l’Etat et les dirigeants ont à nouveau été pris par surprise. On a même vu la police protéger les manifestants des attaques des milices basiji honnies. Cette semaine, les manifestations des toits – des jeunes sur les toits, criant des slogans toute la nuit – se sont renforcées chaque jour.

      Avec son discours de vendredi, Khamenei a tenté de renforcer le moral des forces de l’Etat, de la même manière qu’il l’a fait contre le mouvement étudiant il y a dix ans. Il y a de nombreux moments décisifs au cours de mouvements de masse et de révolutions. La répression de samedi contre la plus petite des manifestations en route vers la Place de la Révolution n’a pas mis un terme au mouvement de protestation – les manifestations ne vont très certainement pas se terminer maintenant, même si personne n’est sûr de savoir jusqu’où le nouveau mouvement et les forces contre-révolutionnaires sont prêts à aller. Samedi 20 juin, Mir Hossein Moussavi a même appelé à une grève générale au cas où il serait arrêté, ce qu’il a prédit. Certains des syndicats clandestins ont eux aussi appelé à la grève générale.

      Une accumulation de colère

      Cette explosion n’est pas surgie de nulle part. L’authentique révolution ouvrière de 1979, soutenue par les pauvres urbains et ruraux, a été plongée dans le sang par la réaction islamiste. Une contre-révolution brutale, se poursuivant sur de nombreuses années, a annihilé toutes les organisations démocratiques et ouvrières. Ceci a été rendu possible par le rôle joué par le parti communiste pro-Moscou, le Toudeh, qui a soutenu le dirigeant islamiste Khomeyni, considéré comme «anti-impérialiste», poussant la logique jusqu’à ce que le Toudeh lui-même soit écrasé.

      Le mouvement étudiant de 1999 était le premier à réellement secouer le régime et à susciter l’espoir des masses. Mais il a aussi exposé les illusions vis-à-vis de Khatami, le Président «réformateur» d’alors, qui n’a même pas levé le petit doigt pour défendre les étudiants contre la répression. Khatami représentait une aile du régime qui visait à améliorer les relations – à la fois sur le plan national et international – afin de pouvoir éviter tout changement réel. Cette année, Khatami fait partie de l’équipe qui soutient Moussavi. Au cours des dernières années, les étudiants ont organisé toute une série de manifestations sur leurs universités. Les dirigeants étudiants et les éditeurs des magazines étudiants ont été emprisonnés.

      Depuis 2004, il y a eu une importante reprise des grèves et des luttes des travailleurs. Les chauffeurs de bus de Téhéran, les ouvriers de la sucrerie de Haf Tapeh, les enseignants, les ouvriers du textile et les ouvriers de l’usine automobile d’Iran Khodro ont organisé des grèves et des luttes pour les emplois et les salaires – et pour le droit à former des syndicats indépendants. Ils ont aussi formé leurs propres organisations et élu leurs représentants. En juillet 2005, une journée de grèves et de manifestations nationale a vu des grèves se produire même dans la ville sainte de Qom. Cette année, plus de 80 militants ont été arrêtés à la manifestation du Premier Mai dans le parc de Laleh à Téhéran. La détermination des masses, et de la classe ouvrière en particulier, a été démontrée encore et encore. La répression contre le syndicat des chauffeurs de bus et l’emprisonnement de leur dirigeant, Mansur Osanloo, n’a pas pu venir à bout de leur organisation. Après les arrestations du Premier Mai, les travailleurs et leurs familles ont organisé des manifestations quotidiennes pour réclamer la libération de tous les militants.

      Point de focalisation de tous les espoirs

      Les élections présidentielles de cette année sont devenues le point de focalisation pour les espoirs des masses, malgré les pseudo-analyses des «experts» occidentaux qui affiramaient que les conservateurs avaient renforcé leur emprise et que les «réformateurs» avaient été mis de côté. Certains avaient prédit que le Président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, pourrait être mis à l’épreuve par un conservateur un plus modéré. En 2005, Ahmadinejad était parvenu, de manière inattendue, à vaincre Rafsanjani grâce à ses promesses de répartition équitable des revenus du pétrole et d’amélioration du niveau de vie pour les pauvres. Malgré la rupture de ces promesses, Ahmadinejad s’est habilement promu lui-même, et est parvenu à échapper au contrôle des mollahs capitalistes. A la place, Ahmadinejad a soutenu les capitalistes parmi le Basij et les Gardiens de la Révolution Islamaique, surtout dans l’industrie pétrolière et le secteur de la construction.

      Malgré le style non-orthodoxe d’Ahmadinejad, l’Ayatollah Kamenei a décidé qu’il était tout de même la meilleure carte à jouer pour les élections présidentielles. Les trois autres candidats approuvés par le Conseil des Gardiens, composé de douze chefs religieux, parmi les 475 personnes ayant demandé à participer à la campagne présidentielle, étaient plus proches du clergé et plus académiques. Ahmadinejad avait aussi montré qu’il n’hésitait pas un instant à recourir à la répression et à se confronter aux Etats-Unis sur la question nucléaire.

      Rafsanjani, qui est lui-même un grand capitaliste et le chef de l’Assemblée des Experts (composée de 86 membres) qui choisit le Guide Suprême, a adopté une position différente. Il considère Ahmadinejad comme un handicap, qui provoque à la fois l’opposition interne et les puissances mondiales. A la place, il voulait élire Mir Hossein Moussavi. Cependant, personne ne s’attendait à ce que l’ancien Premier Ministre, au pouvoir durant une période notoirement répressive (celle de la Guerre contre l’Irak de 1980-88), reçoive un soutien de masse.

      «C’est le duel télévisé entre Moussavi et Ahmadinejad – suivi par 40 millions de téléspectateurs – qui a tout déclenché, et qui a créé des réactions populaires que très probablement ni Moussavi, ni personne au sein de l’appareil du pouvoir iranien n’avait prévues», selon l’analyste suédois Bitte Hammargren. Bien que de nombreux électeurs ne se sentaient pas réellement attirés par Moussavi, il a été perçu par les masses comme étant le candidat qui pourrait vaincre Ahmadinejad.

      Des milliers de jeunes gens et en particulier de femmes sont devenus militants pour Moussavi. L’oppression des femmes est une des clés de voute de la dictature iranienne. Aux côtés des étudiants et des syndicats indépendants, les femmes se sont organisées pour se battre pour leurs droits, et de nombreuses militantes ont été emprisonnées ou tuées. Lorsque la femme de Moussavi, la célèbre artiste Zahra Rahnavard, a participé et a pris la parole aux meetings électoraux de son mari, cela a donné un énorme élan à sa campagne. Au cours de la dernière semaine avant les élections, les étudiants pouvaient plus ou moins librement distribuer des tracts et organiser de smeetings dans les parcs et à l’université. A Téhéran, Moussavi a organisé des meetings de masse, tandis qu’Ahmadinejad, qui dominait totalement et contrôlait les médias étatiques, rassemblait moins de gens.

      L’humeur des masses était au plus haut et, avec un taux de participation de 75%, la jeunesse s’attendait à ce que Moussavi l’emporte. Mais moins de deux heures après la fermeture des bureaux de vote, Ahmadinejad a été déclaré gagnant. Et le lendemain, Khamenei le félicitait, disant que sa victoire était un «événement lumineux». Les politiciens et analystes occidentaux ont semblaient accepter le résultat, le justifiant par le soutien rural pour Ahmadinejad. Toutefois, Moussavi n’était pas d’accord de se laisser mettre de côté, et encore moins ses partisans – ou plutôt, encore moins quiconque qui se déclare contre Ahmadinejad et est mécontent du système. Des rapports faisant état d’arrondissements avec plus de votes que d’électeurs, de bureaux de vote fermés trop tôt, etc. continuaient à arriver. Au lieu de 24 millions de votes, Ahmadinejad n’en aurait reçu que 7 millions, à comparer aux 13 millions de Moussavi. Lors d’un second round, les électeurs des deux candidats vaincus auraient certainement eux aussi voté pour Moussavi.

      Une colère de masse canalisée

      Les manifestations ont démarré immédiatement, avec Ahmadinezhad qui se moquait, les comparant aux petites émeutes qu’on voit après un match de foot. Mais ces manifestations ne protestaient pas seulement contre les résultats électoraux – elles canalisaient toute la colère qui vit contre le chômage, les bas salaires, la crise du logement et le manque de droits démocratiques, avec en plus, pour les militants, l’espoir d’une vengeance contre le régime. Les manifestations sont devenues de plus en plus grandes. Les attaques violentes pendant la nuit menées contre les étudiants sur le campus universitaire par des Basiji à moto, avec des conséquences mortelles, n’ont fait qu’accroître la colère, culminant avec les manifestations de masse de mardi.

      La violence et la propagande comme quoi les USA étaient derrière les manifestations ne sont pas parvenues à mettre un terme au mouvement. Moussavi a dû calmer les manifestations, appelant à des marches funèbres pour jeudi et vendredi. L’Ayatollah Khamenei a dû opérer une retraite partielle et appeler à un recomptage des votes – seulement dans quelques arrondissements, et sous le contrôle du Conseil des Gardiens – ce qui représente un gest dérisoire, mais néanmoins sans précédent. Mais il ne devrait y avoir aucune illusion – à côté de celan Khamenei et le régime ont comment à arrêter les critiques, et à se préparer à une mise au pas dès que possible.

      C’est un mouvement massif et puissant. S’il connaissait sa propre force, le régime pourrait être terminé. Mais il y a aussi des facteurs majeurs qui le retiennent en arrière – la conscience confuse, le manque d’organisations ouvrières indépendantes. Les masses apprendront à travers les événements historiques, mais le mouvement ira-t-il assez loin? Jusqu’où les masses pourront-elles aller avant que Moussavi et Rafsanjani décident qu’elles devraient rentrer chez elles?

      Robert Fisk a écrit dans The Independant de Londres du 19 juin : «Des dizaines de milliers de partisans de Moussavi ont défilé en noir à travers les rues du centre de Téhéran hier soir». Il cite un participant : «On ne peut pas s’arrêter maintenant. Si on s’arrête maintenant, ils vont nous bouffer». Cette humeur combative est probablement typique et peut en soi pousser de côté la répression. Mais le même manifestant poursuit en disant «Le mieux ce serait que les Nations Unies ou n’importe quelle organisation internationale organise de nouvelles élections». Et Fisk de conclure à juste titre : «C’est sur de telles illusions que se construit un désastre».

      Personne en Iran ne devrait faire la moindre confiance aux Nations Unies ou à la classe dirigeante américaine. Lorsque le Président Obama dit qu’il est inquiet, c’est qu’il est surtout inquiet du caractère révolutionnaire des masses. Obama a bien expliqué qu’il n’a aucune préférence pour l’un ou l’autre Président, tant que ce Président est prêt à écouter les Etats-Unis. Les «réformateurs» n’ont jusqu’ici pas été plus ouverts vis-à-vis de la Maison Blanche que ne l’a été Ahmadinejad. L’humeur mixte est aussi observée parmi les manifestations «vertes» anti-Ahmadinejad, où l’on scande ausis des slogans religieux.

      Le mouvement de masse a déjà affecté d’autres couches de la société. Certains policiers ont défendu les manifestants et ont été acclamés comme des héros. Les journaux ont été forcés de donner des compte-rendus des manifestations. Des professeurs d’université ont démissionné en guise de protestation contre les fusillades fatales sur le campus.

      Khamenei a maintenant menacé d’accroître la répression. Mais si le mouvement de masse se poursuit encore quelques jours, Khamenei pourrait être forcé de lâcher Ahmadinejad et de tenter de trouver un compromis avec le camp Rafsanjani. La division au sein de la classe dirigeante est un signe de crise révolutionnaire, et les dirigeants vont lutter pour la surmonter. Moussavi n’est pas une réelle alternative, mais a été poussé dans le rôle de détonateur. Il a accompli sa part en promettant la loyauté à Khamenei et à la république islamique, tout en se donnant l’air d’un dirigeant de l’opposition agressif.

      La classe ouvrière

      La tâche la plus urgente est de former et construire des organisations indépendantes de travailleurs à une échelle de masse. Indépendantes de l’Etat, de la religion, des capitalistes, des libéraux, etc., elles devraient montrer la voie vers les entreprises et les comités de quartier. Tout comme les shuras de la révolution de 1979, des comités de travailleurs devraient prendre à charge à la fois l’auto-défense et le contrôle ouvrier sur la production et l’économie. Contrairement à 1979, ces comités doivent être coordonés à l’échelle d’une ville et à l’échelle nationale.

      Certaines organisations ouvrières indépendantes existent déjà, comme le syndicat des chauffeurs de bus, qui a adopté la ligne correcte de ne soutenir aucun des candidats à la Présidence. Tous étaient des candidats capitalistes religieux d’un genre ou d’un autre. Aucun d’entre eux n’allait se charger du chômage qui touche 20% de la population (12,5% officiellement) ni de l’inflation de 30% par an (25% officiellement).

      Les organisations de travailleurs doivent maintenant se positionner à l’avant de la résistance de masse – construisant des syndicats, formant des comités de défense larges et cherchant le soutient des étudiants et des autre smilitants parmi les pauvres urbains. Mais par-dessus tout, l’Iran a besoin d’un parti clairement socialiste. Les soi-disantes «révolutions de couleur» des autres pays ont montré la possibilité de renverser un gouvernement, mais lorsque cela s’est produit, il s’est avéré que les nouveaux régimes pro-capitalistes qui en ont émergé n’ont pas fondamentalement changé la vie des travailleurs et des gens ordinaires. C’était aussi la leçon des révolutions de masse qui se sont produites partout en Europe en1848, et qui ont été étudiées par Marx et Engels, ce qui a établi la base pour leur conlusion selon laquelle il faut s’efforcer d’organiser la classe ouvrière de manière indépendante.

      Les mouvements de masse ne sont pas inépuisables – ils se battent tant qu’ils croient que la lutte peut et va obtenir des résultats. La lutte pour les droits démocratiques doit être liée à la lutte pour la libération politique et économique. Les mollahs capitalistes doivent être renversés et leur richesse confisquée. Seule une économie démocratiquement contrôlée par un plan socialiste démocratique peut offrir l’éducation, des emplois et des salaires décents. L’Iran a une forte tradition ouvrière, remontant à la révolution de 1906-11, mais avant tout à celle de 1979. C’était le mouvement de grève des travailleurs, plutôt que les simples manifestations dans les villes, qui a renversé l’énome appareil d’Etat du Shah. La leçon principale de cette révolution, apprise dans le sang, est le besoin d’un parti ouvrier socialiste révolutionnaire de masse, afin de désarmer les islamistes, politiquement et militairement.


      Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

      Rättvisepartiet Socialisterna est la section du CIO en Suède.

      Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • La violence domestique dans notre société

    En mai, les gros titres aux Etats-Unis n’étaient quasi plus consacrés qu’à la nouvelle de la pop star Rihanna (21 ans), battue par son copain le chanteur Chris Brown (20 ans) au cours d’une violente dispute. Le plus grand choc cependant, pour les éducateurs et les professionnels de la santé publique américains, a été la publication des résultats d’un sondage par la Commission pour la Santé Publique de Boston réalisé auprès de 200 adolescents, et qui révélait que près de la moitié considéraient que c’était la faute de Rihanna si elle s’était fait battre, et que 71% d’entre eux pensaient que l’emploi de la violence était une des composantes «normales» d’une relation amoureuse.

    Par Margaret Collins (Socialist Alternative, CIO-USA)

    La violence conjugale est largement répandue. Selon un rapport du Journal Américain de Médecine Préventive, il est estimé qu’entre 25,5 et 53,6% des femmes vont subir un acte de violence conjugale dans leur vie. Bien que les hommes, hétéros ou homos, soient aussi victimes de ce genre de pratiques, ce sont les femmes qui sont les plus affectées.

    Le Bureau de Justice montre que la violence conjugale est la première cause de mort prématurée pour les femmes afro-américaines entre 15 et 45 ans, et la septième cause de décès prématuré pour l’ensemble des femmes américaines. Puisque 42% des victimes de violence conjugale sont des femmes afro-américaines, alors que les femmes afro-américaines ne comptent que pour 8% de la population américaine totale, on voit que cette violence ne touche pas toutes les femmes de la même manière, et a donc des causes sociales et économiques que nous devons étudier en profondeur.

    Une étude de 2004 a montré que les femmes vivant dans des quartiers défavorisés ont plus de deux fois plus de chances d’être victimes de violence conjugale que les femmes des quartiers plus aisés. Les communautés plus pauvres, comme en font souvent partie les communautés de couleur et les ménages dirigés par des femmes, sont celles qui souffrent le plus du chômage, de la pauvreté, et du manque de promotion sociale. La recherche montre que c’est la pauvreté, et non la ‘race’, qui est le principal facteur de risque de violence conjugale. Le stress économique ne mène pas systématiquement à la violence, mais tous les types de violence, y compris la violence conjugale, sont plus fréquents dans les quartiers pauvres.

    Il ne fait aucun doute que la crise économique et la récession qui s’est ensuivie ont mené à une hausse de la violence au sein des familles américaines. Au cours des trois premiers mois de 2009, il y a eu une hausse de 40% des homicides liés à des violences conjugales. La Ligne Téléphonique Nationale contre la Violence Domestique faisait état au premier trimestre 2008 d’une hausse de 21% des appels par rapport à l’année précédente ; la majorité des personnes qui appelaient ont mentionné la baisse de leur statut financier.

    A San Joaquin, en Californie, qui est le Comté qui compte le plus de fermetures d’entreprises dans tout le pays, on a aussi assisté à une hausse de 50% des demandes de protection déposées auprès de la police, et un accroissement soudain des investigations pour négligence ordonnées par les tribunaux, du au fait que des familles vivent sans chauffage ni électricité, ce qui a même mené les conseillers de crise à blâmer l’économie.

    Notre pays, qui semble engagé dans une guerre sans fin, crée de plus en plus de vétérans de guerre qui sont exposés et entraînés à la violence sur une base quotidienne. Les vétérans sur le retour, la hausse du chômage et des expulsions de domicile dues aux fermetures d’entreprises, tout cela s’ajoute à la pauvreté générale et au manque d’égalité des chances pour les femmes de familles ouvrières et pour les personnes de couleur, choses qui faisaient déjà partie intégrante de ce système capitaliste basé sur la recherche de profit. Et toutes ces tensions s’accumulent…

    Contrairement à la presse populaire, qui sensationnalise la violence, les socialistes indiquent la cause qui se trouve à la racine du problème – un système économique qui pousse de nombreuses femmes dans des jobs à bas salaires et dans un état de dépendance économique. Au lieu de tout cela, il nous faut garantir un revenu pour les femmes sans autres moyens.

    La violence conjugale est un acte dégradant, souvent mortel, et qui doit être éradiqué. Un mouvement des travailleurs qui viserait à mettre fin à la misère doit organiser et demander le changement, faisant de la violence conjugale une exception, et non plus comme aujourd’hui une des premières causes de mort prématurée chez les femmes américaines.

    Puisque le seul centre d’intérêt actuel des Républicains comme des Démocrates est le renflouement des banques, et non pas l’amélioration de notre niveau de vie, nous avons besoin d’un parti politique de la population laborieuse qui nous appartienne et qui représente nos intérêts, et non pas ceux des corporations. L’alternative politique que nous soutenons exigerait :

    • Des emplois à salaire décent pour tous
    • Un revenu de vie d’au moins 500$ par semaine pour tous ceux qui en ont besoin, afin de garantir aux femmes la sécurité économique
    • Pas de coupes dans les services sociaux
    • Un logement public de qualité pour tous ceux qui en ont besoin, avec une provision spéciale pour ceux qui sont menacés de violence
    • Des soins aux enfants gratuits et de qualité, financés par le fédéral
    • Des soins de santé gratuits et de qualité, incluant des consultations directement disponibles
    • Des congés de maternité et de paternité payés et largement étendus
    • La création d’organisations publiques spéciales pour les victimes de violence conjugale, séparées de la police

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Socialist Alternative est la section du CIO aux Etats-Unis.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Révolution iranienne : vers où aller ?

    La classe des travailleurs doit rejoindre la lutte pour y jouer un rôle décisif

    Trente ans après la révolution de 1979, l’Iran a de nouveau explosé en convulsions révolutionnaires, avec des millions de personnes défilant dans les rues pour protester contre la manipulation certaine des élections présidentielles. Quelques heures seulement après la fermeture des bureaux de vote, le Président Mahmoud Ahmadinejad et ses cohortes au sein de la dictature théocratique ont annoncé leur victoire écrasante, avec 64% des voix pour un taux de participation de 85%.

    Tony Saunois, CIO

    Les manifestations de masse se poursuivent

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    • Appel à la solidarité du PSL/LSP en français et néerlandais (PDF)
    • Appel à la solidarité du PSL/LSP en anglais (PDF)
    • Appel à la solidarité du PSL/LSP en persan (PDF)
    • Protestations de masse en Iran
    • Iran 1978-79: Une révolution volée à la classe ouvrière
    • Rubrique "Asie" de socialisme.be
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      Cette seule annonce a suffi à faire surgir des centaines de milliers de personnes dans les rues – selon certaines sources, jusqu’à trois millions de personnes ont pris part à ce qui est la plus grande manifestation jamais vue à Téhéran. Les étudiants, la classe moyenne et des couches entières de la population de chômeurs, de pauvres et d’employés ont submergé les rues, exigeant qu’on leur «rende leurs votes» et qu’Ahmadinejad quitte le pouvoir. Quelle que soit la manière dont cette crise révolutionnaire se développe au cours des semaines à venir, il est clair que l’Iran ne sera jamais plus le même. Ce mouvement de masse pour le changement marque le début de la fin de la dictature en place.

      Évidemment, aucune analyse précise du résultat des élections n’est possible, mais l’étude des données avancées par le régime – effectuée par l’Université de Saint Andrews en Écosse – donne des résultats incroyables. Dans certaines zones, le taux de participation aurait été de 100%. Ahmadinejad aurait apparemment mobilisé assez de soutien pour accroître son vote de +113% par rapport à 2005. Pour que les chiffres mis en avant par le régime s’avèrent correctes, Ahmadinejad aurait dû remporter les votes de tous ceux qui n’ont pas voté en 2005, de tous ceux qui avaient alors voté pour le candidat «centriste», Rafsanjani, et 44% des voix de ceux qui avaient voté pour Karubi, un candidat plus réformiste.

      Une caractéristique frappante de ce mouvement et de la période précédant les élections a été l’apparition sur le terrain de la lutte de jeunes femmes – un événement sans précédent dans l’histoire iranienne récente. Ce facteur s’est reflété au cours de la campagne électorale: pour la première fois en Iran, la femme de Mir Hoseyn Moussavi, Zahra Rahnavard, a joué un rôle dirigeant et a attiré des foules massives, surtout composées de jeunes femmes, demandant «l’égalité».

      La censure de la presse et la restriction du droit de se rassembler n’ont pas empêché la diffusion des nouvelles de ce mouvement. La jeunesse en particulier a utilisé Facebook et Twitter pour organiser les manifestations, promouvoir la cause et rendre publique la répression utilisée contre elles. L’Iran dispose du plus grand nombre au monde de «bloggeurs» par personne.

      Les manifestations de masse qui ont inondé l’Iran à la suite de l’annonce des résultats électoraux marquent un tournant crucial. Défiant la «loi» et la répression brutale des forces de sécurité étatiques, elles illustrent le fait que les masses ont commencé à perdre leur crainte du régime et sont prêtes à le défier et à le provoquer. Ceci représente un changement décisif dans la psychologie des masses de tout mouvement dirigé contre une dictature. Confrontés au déploiement des forces paramilitaires brutales que sont les Basiji, les manifestants de Téhéran ont lancé le slogan «Tanks, fusils, Basiji: vous êtes maintenant impuissants!»

      Jusqu’à présent, il ne fait aucun doute que ce sont les étudiants et la jeunesse qui se sont trouvés à l’avant plan de ce mouvement. Les couches éduquées et cultivées de la jeunesse bouillonnent de mécontentement face à la nature étouffante et répressive du régime théocratique qui leur a ôté la liberté de choisir leur habillement, leur musique, leurs relations personnelles et leur communication. Pour les jeunes gens dans les rues, une tenue trop moulante, des cheveux trop hérissés, ou un «mauvais goût» en matière de musique suscitait la colère des matraques des Basiji. Avec une population composée selon les estimations de 60 à 70% de moins de trente ans, de telles restrictions étaient impossibles à maintenir indéfiniment. Quelle que soit l’importance de ces facteurs, ce mouvement les surpasse, réclamant tous les droits démocratiques et illustrant une soif de changement à travers l’ensemble de la société iranienne. Ceci est reflété dans la participation et dans le soutien larges en faveur de ce mouvement et qui vivent parmi les couches plus âgées de la population.

      Outre tout cela, se trouve toute la frustration et la déception accumulées par de larges couches de la population au cours des premières années de la Présidence d’Ahmadinejad. Ahmadinejad a été élu en 2005 et a conservé une base de soutien importante, en particulier parmi certaines couches dans les régions rurales et pauvres. Même au cours de ces élections, il semble y avoir une fracture entre les zones urbaines, plus larges, et les zones rurales. L’ampleur de cette division n’est pas encore complètement apparente. Par exemple, l’International Herald Tribune a publié un rapport provenant d’un petit village du nom de Bagh-e-Iman, près de la ville de Shiraz, au sud-ouest du pays. Selon ce rapport, la majorité des 850 villageois soutenaient Moussavi; pourtant c’est l’inverse qui a été déclaré lors du décompte des voix. Ceci, malgré le fait que les partisans d’Ahmadinejad y ont été hués au cours des assemblées électorales. Des convois entiers de voitures de villageois pleines à craquer se sont alors rendus à Shiraz pour y rejoindre les manifestations. Qui plus est, l’Iran dispose maintenant d’immenses centres urbains où vit aujourd’hui la majorité de la population, qui conserve des liens importants avec leur famille demeurée à la campagne. Selon des estimations récentes, près de 70% de la population habite en ville.

      Un populiste réactionnaire

      Le soutien d’Ahmadinejad parmi la population pauvre a été bâti sur base d’un populisme réactionnaire, dénonçant la corruption, la riche élite libérale et utilisant une politique nationaliste bruyante dirigée contre l’impérialisme occidental et en particulier américain.

      Lors des élections de 2005, il a repris un des slogans de la révolution de 1979, «Une République des pauvres». Après la révolution, d’importantes sections de l’économie iranienne ont été remises entre les mains de l’État, mais plutôt qu’une République des pauvres, c’est une République des riches, de l’oligarchie corrompue des Mollahs qui est apparue. En 2005, Ahmadinejad a aussi fait la promesse de redistribuer la manne pétrolière de manière plus équitable, en faveur des pauvres, et a introduit des subsides pour certains biens de consommation. Après son élection, toute une série de projets d’infrastructure ont également été entrepris. Cette rhétorique contrastait avec celle de Rafsanjani, son opposant «réformiste», lequel a été battu en 2005 sur base de son caractère corrompu et de ses liens avec les riches oligarques.

      Pourtant, la campagne populiste d’Ahmadinejad en faveur des pauvres n’a pas empêché son régime de brutalement attaquer les chauffeurs de bus de Téhéran et d’autres lorsqu’ils ont entrepris des actions de grève afin de défendre leurs intérêts.

      Toutefois, avec une inflation galopante qui s’élève à 30%, la hausse du chômage, qui aujourd’hui touche environ 25% des moins de trente ans, et le récent abandon des subsides pour l’essence et certains produits alimentaires, la frustration et la colère se sont accrues au cours de la dernière période.

      Ahmadinejad a aussi militarisé le gouvernement tant au niveau local que national, ce qui a mené à une répression accrue ainsi qu’à une hostilité croissante, surtout de la part de la jeunesse. Sur vingt-et-un postes ministériels, il en a octroyé quatorze à d’anciens officiers des Gardiens de la Révolution, comme lui. Le Basij a aussi reçu des droits d’extraction pétrolière, ce qui a mené à des allégations de corruption, alors qu’il était justement censé l’éradiquer.

      Jusqu’ici, la force du mouvement, inédit en Iran depuis la révolution de 1979, a contraint le régime à effectuer toute une série de zigzags en guise de réponse, et a ouvert des fractures et des divisions en son sein. Au départ, le Conseil des Gardiens s’est contenté d’officialiser le pseudo-résultat des urnes, et a rejeté les demandes de recomptage. Il a ensuite fait marche arrière et a concédé un recomptage partiel de certaines urnes «contestées». Très récemment, il a accepté le fait qu’un peu plus de six cents urnes contestées soient recomptées. Toutefois, même si l’on obtenait par miracle la concession d’un recomptage complet, cela ne voudrait en réalité rien dire. Après tout, qui serait chargé de contrôler les contrôleurs? Selon Robert Fisk, un journaliste anglais, une bagarre a éclaté parmi les parlementaires réactionnaires sur la réponse à donner face à la phrase d’Ahmadinejad selon qui les manifestants ne sont rien de plus que «poussière et cendres».

      Comme Trotsky l’a fait remarquer dans son œuvre monumentale qu’est «L’Histoire de la Révolution russe», l’arrivée des masses sur le terrain de la lutte avec l’ampleur que nous voyons en ce moment constitue une des caractéristiques d’une révolution. Dans ce sens, l’on peut dire que c’est une révolution qui se déroule en ce moment en Iran.

      Khamenei

      Quel type de révolution?

      Toutefois, il y a différents types de révolution. Historiquement, il y a eu les révolutions bourgeoises des 17e et 18e siècles en Europe, qui ont balayé la société féodale. Il y a également eu la révolution socialiste comme celle qui s’est par exemple déroulée en Russie en 1917, et qui a eu pour conséquence le renversement du capitalisme et du féodalisme, et la mise en place d’une démocratie ouvrière. Celle-ci a été suivie par une contre-révolution politique, lorsque le régime bureaucratique de Staline a émergé et a ôté son pouvoir politique à la classe salariée.

      Il peut également y avoir des troubles révolutionnaires qui ont pour conséquence un changement de pouvoir politique, mais qui conservent intactes les anciennes relations sociales et de propriété. En Iran pour l’instant, c’est une révolution politique qui est entrain de se produire, dans le cadre du capitalisme. Toutefois, une révolution est un processus, et au cours de ce développement peuvent émerger des questions et des revendications sociales qui l’amènent en conflit avec le système social du capitalisme. Les débats et les disputes qui se sont déroulés à la télé entre Moussavi et Ahmadinejad lors de la campagne électorale ont joué un rôle central dans l’essor de la population et surtout de la jeunesse, qui a été ensuite entraînée dans le mouvement de manière active, et est devenue une force motrice, qui conduit la lutte depuis que les soi-disant résultats des élections ont été annoncés.

      La question cruciale maintenant en Iran est de savoir comment ce mouvement va se développer, et le type du nouveau régime qui va en ressortir. A ce stade des événements, on ne peut pas dire avec certitude comment la crise actuelle va se dérouler et se développer. La classe salariée va-t-elle surgir à l’avant-garde de la lutte pour la tirer en avant? Il est toutefois clair que c’est une nouvelle ère qui s’ouvre en Iran, et que les troubles et la révolution vont se développer tout au long d’une période prolongée, avec de nombreuses crises et de nombreux revirements de situation.

      Lénine a défini quatre principales conditions pour le développement d’une révolution socialiste.

      Premièrement, des fractures et des divisions doivent s’ouvrir au sein de la classe dirigeante et de ses représentants politiques. Deuxièmement, la classe moyenne doit se trouver dans un état d’hésitation, avec une couche importante parmi elle qui soutienne la révolution. Troisièmement, la classe salariée doit être organisée et doit afficher une évidente volonté de lutte – se plaçant à la tête du processus révolutionnaire. Quatrièmement, il faut un parti socialiste révolutionnaire de masse, avec une direction décidée, et un large soutien pour ses idées parmi d’importantes couches de la population – et en particulier, le soutien des couches actives des salariés.

      Il ne fait aucun doute que les deux premières conditions sont présentes en Iran à l’heure actuelle. Cependant, il serait idiot et irresponsable de prétendre que, dans l’état actuel du mouvement en Iran, ces deux conditions y ont déjà muri. La troisième condition – la volonté de lutte de la part de la classe salariée – n’est pas clairement évidente à ce stade-ci. La classe ouvrière n’a pas encore clairement marqué ce mouvement, agissant en tant que force indépendante. La quatrième condition de Lénine – celle d’un parti de masse et d’une direction socialistes révolutionnaires – doit encore y être construite. Le degré de volonté de lutte par les travailleurs doit encore être mis à l’épreuve par des comités de lutte démocratiquement élus et des syndicats indépendants, qui sont encore inexistants.

      L’absence d’une conscience de masse chez la classe salariée quant à son rôle indépendant, et l’absence d’une direction révolutionnaire, deviennent des obstacles objectifs à la révolution. Sans une estimation précise de ces facteurs, il est impossible d’estimer correctement les perspectives pour la révolution qui commence à se dérouler en Iran.

      Fractures au sein du régime

      Il ne fait aucun doute qu’une fracture majeure s’est ouverte au sein du régime au pouvoir en Iran. Elle s’est même étendue aux forces qui soutiennent Ahmadinjad, jusqu’à y provoquer des bagarres, concentrées autour de la réaction à adopter face au mouvement de masse qui semble les avoir prises par surprise. L’arrestation de membres de la famille de l’ancien Président Rafsanjani indique la profondeur de cette fracture ouverte au sein de l’élite dirigeante.

      Le conflit entre Ahmadinejad et Moussavi représente également une division parmi les dirigeants. Tandis que les masses dans les rues se sont ralliées à Moussavi et placent de grands espoirs et illusions en lui, lui-même, ainsi que ses principaux partisans, a fait partie du régime théocratique. Moussavi, qui était Premier Ministre à l’époque de la crise des otages de 1979, a été responsable pour la répression contre les militants de gauche, et n’a rien fait pour s’opposer à la «fatwa» prononcée contre l’écrivain Salman Rushdie par le Guide Suprême de l’époque, l’Ayatollah Khomeini.

      Lors de cette campagne électorale, il a promis la réforme du système existant, une plus grande libéralisation économique, la baisse du chômage et une «plus grande égalité» entre hommes et femmes, mais tout cela au sein du régime théocratique clérical actuel. En essence, son programme consiste en un plan de réformes d’en haut pour empêcher une révolution d’en bas, afin de maintenir l’ordre existant.

      Pourtant, cette division importante et cruciale a ouvert la porte à travers laquelle les masses se sont déversées dans l’arène de la lutte. La détermination d’Ahmadinejad et de ses partisans à se maintenir au pouvoir coûte que coûte a encore plus élargi la fracture entre eux. Le fait que l’Ayatollah Khamenei, Guide Suprême de la nation, décide de conserver Ahmadinejad à son poste, et exige la fin des manifestations sous peine de voir la répression s’aggraver, menace de renforcer le conflit et de le porter un cran plus haut. Après avoir commencé par réclamer une réforme du système, le mouvement se trouve maintenant directement confronté à la figure de Khamenei, ce qui l’amène en collision avec l’ensemble de l’État théocratique.

      Au début de la guerre civile espagnole, Trotsky a expliqué qu’en 1931, le général Berenguer avait agit en tant que portier, ouvrant la porte à travers laquelle les masses se sont engouffrées dans la lutte. On peut aujourd’hui dire la même chose de Moussavi, lequel, ayant ouvert la porte, tente maintenant de la refermer à nouveau. Malgré ses tentatives, la pression demeurera, et risquera de la faire voler en éclats.

      Au moment où nous écrivons, il n’est pas encore très clair de savoir si les masses sont prêtes à aller encore plus loin, pour porter le mouvement vers une telle confrontation directe. Toutefois, les indications données par les personnes interviewées, de même que les rapports qui nous parviennent via Twitter et Facebook – et qui sont une caractéristique de ce mouvement – montrent que la déclaration de Khamenei a enragé une couche importante de la population. Les étudiants de l’Université de Téhéran ont déclaré une occupation permanente du campus après la déclaration du vendredi 19 juin. Ils ont appelé à une grève pour le mardi 22 juin. Cependant, confrontées à un déploiement massif des forces de sécurité, les manifestations du week-end des 20 et 21 juin ont semblé bien plus petites. Alors que les étudiants ont fait montre d’un grand héroïsme tout au long du mouvement, le niveau de la répression semble avoir intimidé d’autres couches de la population, qui préfèrent rester en-dehors du mouvement de protestation. Ceci n’aurait pas été le cas si la classe salariée avait marqué ce mouvement en tant que force indépendante et organisée.

      Il est maintenant possible que, confronté à une répression féroce, le mouvement ralentisse et s’interrompe temporairement pour une certaine période. Ceci est d’autant plus probable que la classe salariée tarde à rejoindre la lutte de manière décisive. Si une telle situation devait se produire, nous pouvons être certains que ce mouvement fera à nouveau irruption dans un futur proche.

      Toutefois, le mouvement de protestation qui s’est déroulé jusqu’ici s’est accru malgré les tentatives de démobilisation effectuées par Moussavi – qui a même appelé à l’annulation d’une manifestation de masse. Malgré cela, des centaines de milliers de gens sont descendus dans les rues, illustrant le fait que ce mouvement se développe d’en bas, malgré les tentatives de sa direction de l’empêcher. Moussavi est tout comme Ahmadinejad terrifié par le mouvement de masse – encore plus à l’idée qu’il puisse se transformer en un mouvement indépendant de la classe salariée.

      La classe des travailleurs

      La question cruciale qui se pose maintenant est de savoir si oui ou non la classe salariée est prête à rejoindre la lutte de manière décisive. Si un tel cas se produisait, alors le renversement du pouvoir d’Ahmadinejad serait clairement mis à l’ordre du jour. Bien que, selon certains rapports, les chômeurs et d’importantes couches de la population pauvre aient rejoint les manifestations à Téhéran nord (une zone plutôt habitée par des classes moyennes) et que les ouvriers du bâtiment aient acclamé la manifestation de l’opposition tandis qu’elle passait, nous n’avons encore reçu aucun rapport faisant état de travailleurs partant en grève ou formant leurs propres organes de lutte. Toutefois, certains indices montrent qu’un tel processus serait en train de se mettre en place.

      Les chauffeurs de bus de Téhéran, qui jouissent d’une longue histoire de lutte contre le régime, ont publié une déclaration soutenant le mouvement et ceux qui combattent la répression du régime. Ils ont appelé à une journée de protestation pour le vendredi 26 juin. Il semblerait également que les ouvriers de l’usine automobile de Khowdrow ont imposé une grève de 30 minutes au début de chaque pause en guise de protestation contre la répression contre les manifestants.

      En outre, les chauffeurs de bus, dont le chef Mansur Osanlu purge une peine de cinq ans de prison pour les grèves qu’il a organisées dans le passé, tout en soutenant les manifestations, ne soutiennent aucun des candidats à l’élection présidentielle, puisqu’aucun d’entre eux ne représente la classe des travailleurs. Selon d’autres rapports, des discussions quant à l’organisation d’une grève générale se déroulent en ce moment.

      La révolution est un processus vivant qui se développe d’heure en heure et de jour en jour. De nombreux mouvements révolutionnaires ont commencé par l’entrée en lutte des étudiants universitaires et de couches de la classe moyenne, qui ont ensuite été rejoints par classe salariée, laquelle porte l’ensemble de la lutte à un niveau différent et supérieur. Cela a été le cas en France en 1968, et en Iran en 1979. La question, maintenant que la répression s’intensifie, est de savoir si le mouvement est prêt à se battre jusqu’au bout et à prendre les mesures nécessaires pour défier et renverser le régime.

      Au cas où Ahmadinejad et son régime adoptent une politique encore plus répressive et brutale, causant de nombreux décès, cela pourrait mettre le feu aux poudres et lancer les travailleurs dans la lutte. Certaines sources mentionnent une douzaine de personnes tuées par les forces de sécurité le 20 juin. La déclaration de Khamenei et le déploiement de l’appareil d’État constituaient une stratégie hautement risquée. Si de plus gros combats avaient eu lieu, provoquant le décès de plusieurs centaines voire milliers de personnes, ceci aurait été le détonateur pour la classe salariée qui serait entrée en lutte de manière plus consciente et décisive.

      Beaucoup d’étudiants proviennent de familles pauvres et bénéficient de bourses et d’aides afin d’accéder à l’université. Confrontées à l’explosion de la classe salariée alliée à la jeunesse, il n’est guère assuré que les forces répressives de la machine étatique demeureraient intactes.

      Bien qu’il y ait eu des tirs et des attaques brutales sur les étudiants de l’Université de Téhéran, surtout de la part des Basiji, il y a aussi des témoignages de Basiji refusant d’attaquer les manifestants. La composition sociale des Basiji en fait une force extrêmement peu digne de confiance lorsqu’il s’agit de l’utiliser contre les manifestants. Le gouvernement prétend que ses effectifs s’élèvent à 12 millions de miliciens (sur une population totale de 70 millions d’Iraniens). Pour beaucoup d’analystes, il s’agit là d’une exagération, et les effectifs réels ne s’élèveraient qu’à la moitié de ce nombre. Le Basij est une organisation relativement facile à rejoindre, ne requiert finalement que peu d’entraînement, et n’exige pas un service à plein temps. Selon une source, son noyau dur ne s’élèverait qu’à environ 90.000 personnes. Le reste des miliciens proviennent de leurs familles, parmi lesquelles nombreuses sont les personnes qui ont participé aux manifestations d’opposition.

      Au cas où le mouvement gagnerait encore plus de force, et surtout si la classe salariée devait rejoindre la lutte de manière organisée et déterminée, alors les différentes ailes de l’appareil étatique pourraient scissionner et se fragmenter. D’importantes couches de cet appareil passeraient du côté des manifestants. C’est là sans nul doute ce que craignent les gros bonnets au sein du régime.

      Ce mouvement a mis à jour les divisions de classe et sociales massives qui existent dans la société iranienne. Si la crise devait se poursuivre et si la révolution ne prend pas les mesures décisives pour aller de l’avant et pour finalement obtenir que la classe salariée, soutenue par la classe moyenne, la jeunesse et les paysans pauvres, prenne en main la gestion de la société, alors de nouvelles divisions peuvent également commencer à apparaître.

      Il y a une forte conscience nationale iranienne. Cependant, la population est composée de toute une série de groupes ethniques. On estime qu’elle est constituée de 52% de Perses, de 24% d’Azéris, de 8% de Gilakis et de Mazandaranis, et de 7% de Kurdes. Moussavi lui-même a parlé en Azéri lors de certains rassemblements (1). C’est là un nouveau point de fission qui pourrait s’ouvrir à un certain stade.

      L’éruption du mouvement en Iran représente un point tournant dans la lutte des masses. Il n’est encore qu’à ses stades initiaux, mais va déjà plus loin que les événements de 1999 et se développe rapidement. Il reste à voir si cette crise révolutionnaire, qui comporte d’importants éléments d’une situation pré-révolutionnaire, est à comparer avec celle de Russie en 1905 ou en 1917. La révolution de 1905 a été vaincue car elle ne bénéficiait pas du soutien des paysans des zones rurales. Elle a été une anticipation de la révolution de 1917. La révolution de 1917 a été menée par la classe ouvrière, avec le soutien et l’implication actifs de la paysannerie. Cette différence entre 1905 et 1917 est peut-être également présente dans la crise qui se déroule en Iran aujourd’hui. En 1905, les masses, et en particulier la classe salariée de Saint-Pétersbourg, s’étaient mises en action. Au début, elles désiraient simplement plaider auprès du Tsar, menées par un prêtre du nom de Père Gapon. Aujourd’hui en Iran, les masses ont demandé des droits démocratiques et la réforme du système existant, et reprenaient de même des slogans religieux. Toutefois, dans la Russie de 1905, les travailleurs avaient formé leur propre organe de direction, le Soviet (conseil populaire), qui joua un rôle décisif, et qui refit surface lors des grandes révolutions de 1917. Ce genre de développement ne semble pas encore avoir pris place en Iran.

      Toutefois, la révolution de 1905 fut vaincue, et une période de contre-révolution et de répression a suivi. Pourtant, 1905 fut un précurseur décisif pour la révolution de 1917, qui eut pour conséquence finale la prise du pouvoir par la classe salariée.

      L’Iran de 2009 pourrait n’être qu’une anticipation d’un mouvement encore plus grand à venir. Si tel devait être le cas, quand bien même le régime actuel parviendrait à se maintenir pour une certaine période, la crise et les antagonismes sociaux demeureront et s’intensifieront, et mèneront certainement à de nouveaux troubles révolutionnaires. L’absence d’un véritable parti et d’une véritable direction socialistes révolutionnaires, couplée à la confusion politique qui existe assurément après trente ans de régime théocratique et à la retraite idéologique organisée internationalement quant à l’idée d’une alternative socialiste, signifie que la révolution en Iran va nécessiter un développement plus prolongé.

      Une alternative socialiste

      Le fait que Hugo Chavez, le Président “socialiste” du Venezuela, a, de manière scandaleuse, soutenu et défendu Ahmadinejad, ne peut qu’ajouter à la confusion. Ceux qui, parmi la gauche, ont de manière opportuniste décidé de garder le silence quant à la politique erronée de Chavez vis-à-vis d’Ahmadinejad et d’autres régimes et quant à d’autres enjeux n’ont pas aidé les masses iraniennes à suivre la bonne voie et à adopter l’idée d’une alternative socialiste authentique.

      La tâche cruciale qui se pose maintenant en Iran, afin de vaincre Ahmadinejad et de mener le mouvement en avant, est d’assurer que des organisations réellement démocratiques soient formées afin de diriger la lutte. Des comités de grève, impliquant la classe moyenne, doivent être élus dans chaque entreprise, chaque université et chaque quartier. Plus que tout, ces comités doivent être prêts à appeler à la grève générale et à appeler la base de l’armée, des Gardiens de la Révolution, du Basij, et des autres organisations répressives de l’État, à rejoindre le mouvement, à renverser leurs officiers et à former leurs propres comités.

      L’appel à un recomptage des voix par l’appareil étatique actuel ne résoudra pas la crise et ne peut pas remporter la confiance du peuple. Des comités de lutte élus pourraient poser la base pour l’organisation d’élections à une Assemblée constituante révolutionnaire afin de déterminer l’avenir du pays. Le comptage de toutes les voix pour une telle Assemblée doit être supervisé par des comités démocratiquement élus.

      L’édification d’un gouvernement ouvrier et paysan, sur base d’un programme socialiste révolutionnaire, visant à rompre avec le capitalisme, est la seule voie qui puisse mener à la conquête de véritables droits démocratiques et à l’égalité pour l’ensemble du peuple iranien, exploité par le système actuel et par le capitalisme.

      De telles revendications doivent inclure la liberté d’assemblée, le droit de former des partis politiques, de former des syndicats indépendants, de produire des journaux et des programmes télévisés sans censure étatique, de même que la libération de tous les prisonniers politiques et de tous ceux qui ont été arrêtés pour s’être dressés contre le régime.

      La nouvelle ère qui s’ouvre en Iran ouvre la perspective de travailleurs et de jeunes tirant les conclusions nécessaires quant à quel programme et quelle organisation sont nécessaires pour assurer une victoire durable et mettre un terme à la dictature et à la pauvreté subies sous le régime actuel. Le rôle des socialistes révolutionnaires est d’aider ces jeunes et ces travailleurs à trouver cette voie.


      (1) Musavi lui-même est natif de la province iranienne d’Azerbayjan oriental, principalement peuplée d’Azéris

      (2)En juillet 1999, les étudiants de l’Université de Tehran ont organisé une manifestation contre la fermeture d’un journal, qui fut fortement réprimée par les autorités. Les émeutes qui s’ensuivirent durèrent une semaine et se propagèrent dans les autres grandes villes iraniennes.


      Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

      Cette analyse est issue du CIO.

      Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Australie : Les lois anti-motards sont un pas en arrière pour les droits civiques

    Jusqu’il y a peu, la présomption d’innocence constituait une part intégrante du système judiciaire des Nouvelles-Galles du Sud (l’Etat de Sidney). Cette situation a changé avec l’introduction de la Loi de Contrôle des Organisations Criminelles, également connue sous le nom de loi anti-motards.

    Par Ger Hughes, Socialist Party (CIO-Australie)

    Sans aucunement soutenir des comportements violents ou antisociaux, tels que le trafic de drogue ou les fusillades, cette loi devrait préoccuper tous ceux qui désirent protéger les libertés démocratiques.

    Il n’a fallu que quelques jours pour que cette législation soit proposée, rédigée, votée dans les deux chambres du Parlement et mise en application. Cette loi constitue une réponse «réflexe» à un incident qui s’est produit à l’aéroport de Sidney, où un certain nombre d’hommes, identifiés par des témoins comme étant des «bikies» (motards), ont été impliqués dans une bagarre qui a causé la mort d’une personne et des blessures à plusieurs autres.

    La rapidité avec laquelle cette loi a été instaurée signifie qu’il n’y a eu aucune réflexion sur la nécessité d’une telle loi, aucune consultation de la collectivité, aucune évaluation de lois similaires dans d’autres juridictions. Ce procédé est éminemment antidémocratique.

    Cette loi de Nouvelles-Galles du Sud est basée sur une législation similaire d’Australie Méridionale. En Australie Méridionale, la loi contient une clause qui en exempt les partis politiques, mais qui n’est pas reprise dans la loi de Nouvelles-Galles du Sud. Dans les faits, cette loi peut donc être appliquée à tout type d’organisation. D’autres Etats, y compris le Queensland, désirent maintenant adopter le même type de mesures, et il semblerait qu’une version fédérale de cette loi est à l’ordre du jour.

    La nouvelle loi permet à la police de demander à un juge de la Cour Suprême de déclarer illégale une organisation. Ceci signifie que l’association entre les (ex-)membres de cette organisation est considérée comme une infraction. Si le juge est persuadé qu’un assez grand nombre des membres de cette organisation prévoient ou sont impliqués dans une activité criminelle sérieuse, ce groupe peut alors devenir une «organisation déclarée». Une fois cela fait, des ordres peuvent donnés afin d’empêcher tout contact entre membres, que ce soit par téléphone, email ou de visu.

    Les infractions à ces ordres peuvent être punissables par l’emprisonnement jusqu’à deux ans – cinq pour les récidivistes. Les individus peuvent également se voir interdire de travailler dans certaines industries. Ces restrictions n’ont aucune limite dans le temps, et peuvent donc demeurer jusqu’à révocation.

    Il y aussi eu d’importantes modifications aux règles concernant l’apport de preuves et la procédure requise afin de mettre en vigueur les ordres de restriction. En outre, les preuves utilisées dans le cadre du processus pour faire d’une organisation une «organisation déclarée» ou pour énoncer des ordres de contrôle peuvent être protégées et gardées secrètes vis-à-vis des personnes concernées ou du public.

    Cette loi comporte une ressemblance frappante avec les lois anti-terrorisme qui ont été implémentées après le 11 septembre et les attentats de Bali, dans le sens que c’est à l’accusé de prouver son innocence, et que des preuves secrètes peuvent être utilisées au cours du procès. Le Gouvernement de Nouvelles-Galles du Sud utilise la menace exagérée et plus ressentie que vécue de la violence perpétrée par des groupes de motards comme une excuse pour faire régresser les droits civiques.

    Alors que le Gouvernement est extrêmement impopulaire à cause de ses tentatives de privatiser l’électricité ou les services aux prisons, une partie de son objectif en exagérant la violence des motards est de détourner l’attention des véritables enjeux actuels.

    Il est clair qu’il y a déjà plus qu’assez de lois en vigueur visant à réprimer les comportements criminels. Mais cette loi-ci, bien qu’étant aujourd’hui dirigée contre les motards, va être utilisée contre d’autres organisations au cours des années à venir. Les prochaines cibles seront les syndicats, les partis politiques, et les autres organisations qui s’opposent à la politique du Gouvernement. Nous ne devons pas laisser encore reculer nos libertés démocratiques, et pour cette raison, cette loi doit être combattue.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le Socialist Party est la section du CIO en Australie.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Irlande : retour sur la campagne du Socialist Party pour les élections européennes et communales

    Une victoire sensationnelle pour le Socialist Party (CIO-Irlande)

    Nous avons déjà à plusieurs reprises parlé sur ce site de l’élection de notre camarade Joe Higgins au Parlement européen. Ce moment est historique pour notre internationale, le Comité pour une Intenationale Ouvrière, qui obtient là son premier élu européen. En outre, aux élections communales qui se déroulaient au même moment, nos camarades irlandais ont décroché 6 élus. Cet article revient sur ces résultats.

    Socialist Party (CIO-Irlande)

    “Je viens de me lever. J’ai un peu plus de pêche quand je marche. C’est un beau jour pour être socialiste” (Pat, de Sligo)

    «Je viens d’entendre les infos, j’espérais que tu remporterais le siège, je suis absolument comblé, il y a une justice dans le monde. J’arrive tout simplement pas à le croire, les médias t’avaient totalement nié, quel belle matinée. Ma journée au travail va être bien plus facile après avoir entendu ta victoire éclatante. Terrible!» (Ger, de Cork)«C’est la première fois de ma vie que je vote pour un candidat socialiste, et regardez ce qu’il se passe ! Tu manquais à tout le monde au Dáil, et je suis tellement heureux que tu ailles à l’Europe. Pourris-leur la vie!» (PJ, de Dublin)

    «Bravo, M. Higgins, pas mal pour un «raté», comme t’appelait «Loo Lah Bertie». Je pense que nous savons maintenant qui est le «raté»!» (Conor)

    Ce n’est là qu’un échantillon des commentaires qui sont parvenus au bureau du Socialist Party ce matin. Le dernier commentaire fait référence à l’ancien Taoiseach Bertie Ahern, maintenant totalement discrédité, qui avait traité Joe Higgins, en plein Dáil (parlement), de «raté» à la solde d’une «idéologie ratée». Comme les choses ont changé!

    La victoire éclatante de Joe Higgins pour la circonscription éclectorale de Dublin, lui accordant 12,5% des voix de première préférence, dépassant le Sinn Fein et battant deux (ex-)parlementaires européens, était la dernière étape d’un week-end dramatique, rempli d’excellents résultats électoraux pour le Socialist Party d’Irlande.

    En plus de remporter le siège au Parlement européen, Clare Daly a été réélue au conseil de sa commune de Swords, avec 3192 voix, soit plus de 20% ; de même, Joe lui-même a remporté 3787 voix à Castleknock (28%). Le parti a reçu 2747 voix (près de 18%) à Mulhuddart ward, ce qui a permis de réélire Ruth Coppinger haut la main.

    Le parti a reçu un soutien électoral significatif dans toutes les circonscriptions, mais a obtenu des gains particulièrement importants avec l’élection de Terry Kelleher au Conseil communal de Balbriggan, et de Frank Gallagher au Conseil communal de Drogheda.

    Malheureusement, notre conseiller Mick Murphy a raté de très peu sa réélection à Tallaght Central, au sud de Dublin, à 200 voix près. Nous avons parlé dans un autre article (sur le site international : socialistworld.net) de la difficulté à se faire réélire dans cette circonscription. Les camarades ont mené une campagne extrêmement forte, et dans les quartiers où Mick et le parti sont basés, nous avons obtenu plus de 20% des voix, ce qui nous a permis d’obtenir 2159 voix de première préférence.

    En fait, Tallaght Central a été agrandi, à cause d’un redessinement des frontières communales l’été dernier. Cette expansion, conjointement à la remontée du Labour, ont rendu les élections difficiles, bien que nous soyons presque parvenus à une victoire. Ceci représente une défaite, mais c’est une défaite de laquelle nous pourrons et nous allons récupérer, en redéveloppant complètement notre position au cours des mois et des années qui viennent.

    Notre conseiller Mick Barry à Cork a été facilement réélu, remportant la majorité des suffrages avec 2096 voix (26,5%), dépassant le quota de moitié. Notre second candidat à Cork, Dave Kating, a remporté un résultat très crédible de 5,5%, et le profil du parti a été renforcé de manière importante dans la ville.

    En termes de Conseils de Comtés, nous en gagnons un à Castleknock mais en perdons un autre à Tallaght ; mais le plus important est que nous sommes parvenus à accomplir une percée dans d’importants Conseils communaux comme ceux de Balbriggan, de North Dublinet de Drogheda.

    Une lutte serrée

    Les résultats des élections européennes à Dublin ont été reportés à cause d’un recomptage. Tandis que les heures du petit matin s’égrénaient minute après minute, la tension commençait à monter. Il était clair que la bataille pour le dernier siège de Dublin tournait à l’ultime conflit entre le Socialist Party et le Fianna Fáil, le principal parti capitaliste en Irlande, au gouvernement depuis douze ans – entre Joe Higgins et Eoin Ryan, un ancien Ministre.

    Ryan disposait d’une avance de 11.000 voix. Mary Lou McDonald, parlementaire européenne du Sinn Fein, qui a été repoussée à la cinquième position par le vote populaire du Socialist Party, était éliminée d’office, et donc ses voix devaient être transférées à Ryan ou Higgins, ou pas, en fonction du vote de deuxième préférence exprimé par les électeurs.

    Des 55.429 électeurs de McDonald, Joe avait besoin d’une part bien plus importante que celle qui était attribuée à Ryan s’il devait le rattraper. Les pronostics étaient que beaucoup de ces votes ne seraient transférés ni à Joe, ni à Ryan, réduisant par conséquent le potentiel de voix grâce auxquelles Joe pourrait rattraper Ryan.

    Puis ce fut l’instant. Les voix de McDonald avaient été allouées, et le décompte était finalement terminé, nous n’avions plus qu’à attendre l’annonce. Certains membres et sympathisants du parti, de même que ceux du Fianna Fáil, se sont rassemblés autour des huissiers qui remontaient sur le podium. Ceci étant, l’équipe d’assesseurs, qui avait compté les résultats toute la journée, sortit de derrière les barrières pour rentrer chez eux, abandonnant ainsi à leur destin respectif les deux groupes de partisans avides de résultat.

    Si les transferts s’étaient déroulés comme prévus, tout les éléments auraient dû être en place pour une victoire de Joe, mais la possibilité qu’une grosse quantité de voix n’aient pas été transférés pouvait dynamiter ce scénario. Et puis, il y a toujours une possibilité d’un inattendu lors d’élections proportionnelles. L’huissier revint au podium.

    A travers les grésillements du micro, l’huissier annonça que Joe Higgins avait obtenu un transfert de 22.201 voix supplémentaires. Les gens retenaient leur souffle, étant donné que ces résultats étaient inférieurs à ceux prévus. Le transfert de McDonald à Ryan allaient-ils le propulser en avant et lui permettre de sortir gagnant? Lorsqu’il fut annoncé que Ryan n’avait obtenu que 5.426 voix de deuxième préférence, alors vint la réalisation que nous avions réussi, que Joe était élu, le tout premier membre du CIO à être élu au Parlement européen. Quand bien même 50% des voix n’étaient pas transférables, le taux de 4 contre 1 a fait en sorte que nous avons été élus avec un bon surplus de 5.410 voix.

    Les élections européennes et communales ont été un désastre pour les deux partis au pouvoir, le Fianna Fáil et les Greens, et l’administration est maintenant très bancale. Dans d’autres articles, nous nous préoccuperons de la situation politique et économique en Irlande, et de l’approche que doit avoir le Socialist Party vis-à-vis de cette situation, mais pour l’instant, nous allons fêter cette victoire historique.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le Socialist Party est la section du CIO en République irlandaise.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Protestations de masse en Iran

    Il s’ouvre une nouvelle période de lutte

    Des protestations et des manifestations de masse se sont développées en réaction à une apparente fraude électorale de la part du régime d’Ahmedinejad. Il semblerait que la plus grande manifestation anti-gouvernement ait rassemblé plus d’un million de personnes à Téhéran, la capitale. Les rapports qui arrivent d’Iran affirment qu’il y a au moins eu une douzaine de morts suite à des affrontements avec la police et la détestée milice iranienne, une branche des gardiens de la révolution islamique. Avec la censure de la presse, très lourde, la plus grosse partie du mouvement a été coordonnée par internet – l’Iran a le plus grand nombre de ‘blogs’ par habitant.

    Comité pour une Internationale Ouvrière, texte mis en ligne sur socialistworld.net le mardi 16 juin

    Même si les choses sont loin d’être claires au moment d’écrire ce rapport, des protestations de masse semblent également se passer dans d’autres villes, comme Shiraz. L’université de Téhéran a été encerclée par la police armée et une répression brutale a frappé les étudiants dans leurs dortoirs. D’autres rapports parlent de coups de feu tires dans la capitale Durant la nuit qui a suivi les élections. Ahmedinejad, qui a annoncé sa victoire quelques heures seulement après le vote, a apparemment simplement quitté le pays et est en Russie pour des rencontres diplomatiques.

    Un point tournant

    Ces protestations de masse contre le régime de Téhéran ont pris place malgré la terrible répression et la menace d’utiliser des armes mortelles contre les protestataires. Même si la situation est encore floue, il semble bien qu’une grande partie de la population urbaine a perdu sa peur du régime et se prépare à prendre les rues d’assaut pour protester ouvertement contre lui. Cela représente un point tournant crucial dans la lutte contre la dictature. Les reportages vidéo de la BBC montrent des manifestants refusant de se disperser sous les attaques de la police militaire.

    A l’avant plan de ces protestations se trouvent les étudiants, clairement soutenus par des sections plus âgées de la population – particulièrement les travailleurs intellectuels. Le régime est divisé sur la manière d’intervenir dans ce mouvement de masse. Cela, en combinaison de mobilisations massives de la classe moyenne et des étudiants, indique clairement que des éléments de crise pré-révolutionnaire se développent. Jusqu’à présent, cependant, la classe ouvrière n’a pas encore décidé de rejoindre la lutte et la conscience politique des participants est confuse, comme l’illustrent certains slogans religieux qui sont également criés, comme “Dieu est grand”. Souvenons-nous toutefois que la première manifestation de la Révolution russe de 1905 était dirigée par un prêtre, le père Gapon.

    La manière dont ce mouvement va se développer n’est pas encore claire, mais il a déjà forcé le régime à faire volte face. Le Conseil des gardiens, face à cette opposition de masse, a été forcé de revenir sur sa décision première et d’autoriser un recompte des votes. C’est là une tentative de calmer la situation, le régime craignant que les protestations puissent aller plus loin et se développer en une insurrection contre le régime lui-même.

    Ces actions sont alimentées par le chômage de masse et les revendications sur la question des droits démocratiques, particulièrement parmi les jeunes – 60% de la population iranienne n’a pas encore trente ans. Les jeunes citadins en particulier sont en révolte contre la répression théocratique qui les oppresse. Un élément important de ce mouvement est aussi la mobilisation et la participation importante des jeunes femmes, qui revendiquent l’égalité. Cela s’est notamment reflété durant la campagne électorale dans l’énorme popularité de Zahra Rahnavard, la femme du principal candidat de l’opposition Mir Hossein Moussavi. Il n’est jamais arrivé dans de précédentes élections qu’une femme joue un tel rôle de premier plan. En même temps, alors que l’opposition de masse dans les villes s’est ralliée à Moussavi, il n’est ni socialiste, ni partisan de la défense de la classe ouvrière et des pauvres. C’est un ancien Premier ministre et son programme pro-capitaliste est limité à des réformes de l’actuel État théocratique. Cependant, la tentative de frauder les élections de la part d’Ahmedinejad peut avoir ouvert la porte à un mouvement de masse qui pourrait renverser le régime et ouvrir une nouvelle ère pour l’Iran.

    Mais des pauvres des régions rurales et de certaines des sections les plus opprimées des villes et des centres urbains ont tendance à soutenir Ahmedinejad en raison de sa rhétorique, populiste et réactionnaire de droite, contre la corruption, l’élite riche et l’impérialisme occidental.

    L’Iran a été transformé ces dernières années avec presque 70% de la population vivant dans les centres urbains avec une couche importante de jeunes avec un haut niveau d’éducation.

    La question décisive à court terme est de savoir si la classe ouvrière va rejoindre le mouvement, certains rapports font état de discussion dans les syndicats pour une grève générale, ce qui est la principale crainte du régime. Au moment où ces lignes ont été écrites, l’opposition avait appelé à annuler une protestation de masse à Téhéran pour éviter des confrontations avec les forces pro-gouvernementales. Cela illustre la peur de réformistes pro-capitalistes comme Moussavi face à des mobilisations qui peuvent facilement sortir de leur contrôle pour se diriger dans une direction plus radicale et révolutionnaire. Il est possible que Moussavi cherche à obtenir un compromis avec le régime actuel pour éviter que les rues ne sont constamment occupées par les masses. De la même manière, le régime peut être forcé d’accepter la défaite d’Ahmedinejad pour maintenir un certain contrôle de la situation. Moussavi a déjà appelé à annuler des manifestations, et ce genre de tentatives de faire baisser la pression de la rue continuera.

    Un nouvelle phase de lutte

    Le diable est sorti de sa boîte et une nouvelle phase de lutte s’ouvre en Iran. La lutte pour de véritable droits démocratiques, pour le droit de grève, pour le droit de tenir des élections libres, de constituer des syndicats libres et des partis politiques ainsi que pour l’égalité entre femmes et hommes a besoin d’être menée par tous les travailleurs, les jeunes, et les véritables socialistes. L’arrivée de la classe ouvrière dans ce mouvement peut donner la cohésion et la force nécessaires pour faire chuter le régime.

    La formation de comité de lutte démocratiquement élus dans les entreprises et les universités liés aux classes moyennes et aux citadins pauvres peut constituer la base d’une lutte unifiée.

    Un appel à une grève générale et à la formation de milices de défense au côté d’un appel de classe vers les fonctionnaires et l’armée sont des étapes cruciales pour pousser le mouvement plus loin afin de faire tomber le régime.

    De tels comités de lutte démocratiquement élus pourraient aussi convoquer des élections pour une assemblée constituante révolutionnaire qui déciderait de l’avenir de l’Iran.

    L’obtention et la garantie de droits démocratiques et des solutions pour la pauvreté de masse et le chômage ne peuvent être assurés qu’avec la formation d’un gouvernement des travailleurs et des paysans avec un programme révolutionnaire socialiste pour transformer la société et la faire fonctionner dans les intérêts de tous les travailleurs.

    (De nouvelles analyses suivront)

    Vidéos de la BBC


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Ce texte est issu du CIO.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Grande-Bretagne: No2EU : Un pas en avant vers une voix politique ouvrière

    No2EU-Yes to Democracy a été lancé il y a sept semaines à l’initiative du syndicat des travailleurs du rail – le RMT – cette alliance électorale construite à la-va-vite est parvenue à recueillir 153.236 voix lors des élections européennes de juin : 1% des votes. Le vote de gauche combiné au niveau de tout le Royaume-Uni a été de 340.805 voix, soit 2,25%

    Hannah Sell, vice-secrétaire générale du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    No2EU-Yes to Democracy a rassemblé le Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles), le Parti Communiste de Grande-Bretagne, l’Alliance pour un Socialisme Vert, certaines sections de Respect, et d’autres encore. Parmi ses candidats, on trouvait les dirigeants des luttes les plus militantes du Royaume-Uni de cette année, y compris les délégués des usines d’Enfield et de Basildon Visteon, des membres du comité de grève du chantier de Lindsey, et Rob Williams, délégué martyr de l’usine de pièces détachées automobiles de Linamar.

    Parmi beaucoup de travailleurs qui ont entendu parler de No2EU, c’était l’enthousiasme. Mais à cause de son très jeune âge, et en particulier du boycott médiatique qu’elle a subi, la liste No2EU n’a été capable d’avoir qu’un impact limité sur la conscience de la masse des travailleurs. No2EU a obtenu plus de couverture dans les médias capitalistes depuis le jour de l’élection qu’au cours de toute la campagne !

    Il est bien entendu qu’aucune nouvelle formation de gauche ne pourra instantanément gagner la confiance des travailleurs, même après avoir obtenu de la visibilité ou une certaine «reconnaissance»: les travailleurs préféreront toujours, à juste titre, tester cette formation dans l’action sur une certaine période. Le RMT est un des syndicats les plus militants de toute la Grande-Bretagne. De nombreux candidats No2EU, parmi lesquels les membres du Socialist Party ne sont pas les moindres, bénéficient d’un long curriculum de luttes dans les intérêts de la classe salariée dont ils peuvent être fiers. Toutefois, la campagne en soi était très nouvelle. Dans ce contexte, sa capacité à convaincre plus de 150.000 personne de voter pour elle indique les possibilités qui existent pour la création d’une alternative de gauche combative. Dans les régions où les candidats bénéficiaient d’un passé électoral conséquent, No2EU a reçu de meilleurs résultats, avec par exemple un score de 4,5% à Coventry.

    Étant donné le peu de temps disponible afin d’établir le profil de No2EU, le nom de la campagne était un certain désavantage par rapport à certaines personnes. Ce nom était très attractif vis-à-vis d’une couche de travailleurs mécontents de la manière dont la législation européenne est utilisée par les patrons et le gouvernement pour saper leurs salaires et leurs conditions de travail – comme ceux du chantier de Lindsey qui ont récolté 400£ pour contribuer au financement de No2EU. Cependant, il y avait d’autres travailleurs – consciemment à la recherche d’une alternative de gauche ou socialiste – qui, s’ils avaient entendu parler de No2EU, n’auraient pas réalisé ce que cela représentait. Il ne fait aucun doute que certains parmi eux ont voté pour le Socialist Labour Party d’Arthur Scargill, qui a récolté un petit peu plus de voix que No2EU.

    Bien que modeste, le vote combiné pour la gauche a été le meilleur qui ait jamais été réalisé sur une base nationale pour une élection européenne ; ce fait représente un pas en avant en direction de la construction d’une représentation politique indépendante pour la classe salariée de Grande-Bretagne.

    De nombreux travailleurs à la recherche d’une alternative à la gauche du New Labour sont déçus du fait qu’il y ait plus d’une liste de gauche qui se présente, ce qui est compréhensible. Parfois, de tels conflits seront inévitables ; malheureusement, le SLP n’a pas daigné rejoindre une campagne commune pour les élections européennes. Toutefois, le désir de créer une voix électorale pour la classe salariée qui soit la plus forte possible est entièrement correct. No2EU a été un bloc électoral qui visait justement à cela : rassembler différentes organisations autour d’un programme commun afin de maximiser son impact électoral. En conséquence, le programme de No2EU était bien entendu limité, sans toutefois être nationaliste, comme certains l’ont laissé entendre. Au contraire, il appelait à la «solidarité internationale des travailleurs».

    En même temps, les diverses organisations participantes avaient une liberté totale de produire leur propre matériel. Par exemple, le Socialist Party a produit des tracts qui mettaient en avant notre programme socialiste et qui expliquait que nos candidats, s’ils étaient élus, ne recevraient qu’un salaire de travailleur.

    Une approche similaire est nécessaire lors de l’élection générale. Nous voulons nous assurer que – dans autant de postes que possible – des militants socialistes et ouvriers soient disponibles en tant qu’alternative aux partis de l’establishment. Le Socialist party appelle tous les syndicalistes et les socialistes, y compris le SLP, qui veulent relever un tel défi à œuvrer pour créer un bloc électoral sur une échelle plus grande encore que No2EU a été capable de l’accomplir.

    Contre le BNP

    Une des principales motivations de No2EU était le désir de fournir une alternative de gauche au BNP, parti d’extrême-droite. Il est clair que, dans certaines communautés ouvrières, d’importantes couches de la population sont si dégoûtées de tous les partis traditionnels au service du grand patronat, qu’elles se sont tournées vers le BNP, qui cherche à se faire passer pour un parti de la «classe salariée blanche». A Barnsely, par exemple, qui est traditionnellement une région fortement Labour, le vote Labour s’est effondré de 45 à 25%, et le vote BNP a monté de 8 à 17%. En réalité, comme l’a montré leur opposition aux grèves dans le secteur public ou à la grève historique des mineurs, le BNP est antisyndical et antigrève, il ne remet aucunement en question la domination de la Grande-Bretagne par une minuscule bien classe capitaliste immensément riche.

    Toutefois, le BNP ne sera pas vaincu simplement en suppliant les travailleurs de ne pas voter pour lui. Il est nécessaire de commencer à créer un parti de masse qui soit véritablement en faveur des travailleurs, quelle que soit leur nationalité. No2EU a été un pas en avant vers la création d’une telle alternative. A l’annonce des résultats, Bob Crow, secrétaire général du RMT et tête de liste à Londres, a dénoncé le rôle des partis «pro-capitalistes, pro-UE» dans la responsabilité des gains du BNP, et a montré l’issue en avant :

    «Aux côtés de nos collègues du SLP et d’autres groupes de gauche, nous avons remporté presque un tiers de millions de voix. A partir de No2EU, nous avons remporté 150 000 sympathisants, malgré le blocage des médias. Ceci nous octroie une plate-forme solide sur laquelle bâtir. Nous avons maintenant de toute urgence besoin de discussions avec les partis et les campagnes politiques et avec nos collègues des autres syndicats tels que le CWU (Communication Workers Union), afin de développer une réponse politique face à cette crise.»

    Pour le Socialist Party, la prochaine étape est de construire une réponse de la classe salariée pour les élections générales face à aux partis de l’establishment. Pourtant, selon certains, No2EU n’aurait pas du se présenter aux élections européennes, surtout au Nord-Ouest, parce que si les électeurs de No2EU avaient voté Green, le BNP n’aurait pas été élu.

    La raison pour laquelle le BNP a obtenu deux parlementaires européens a été l’effondrement total du vote Labour. En conséquence, le BNP a remporté deux sièges, malgré le fait qu’ils aient obtenu moins de voix qu’en 2004, aussi bien dans le Nord-Ouest qu’au Yorkshire.

    De plus, il est faux de suggérer que No2EU devrait s’être abstenu au profit des Greens. Sur le plan national, le Green Party, n’a jamais accepté aucun accord politique avec des candidats de gauche ou socialiste, malgré les tentatives faites par le Socialist Party ou d’autres d’en discuter avec eux.

    Si No2EU ne s’était pas présenté, il est erroné de penser que l’ensemble de ses électeurs se seraient tournés vers les Greens. La majorité de ceux qui ont voté Green les ont certainement perçus comme une alternative de gauche. Bien que sur le plan local, les conseillers communaux Green ont soutenu des mesures néolibérales antisalariées, les Greens n’ont pas encore été testés sur le plan national, comme ils ont pu l’être en Allemagne et en Irlande où ils sont entrés dans des gouvernements néolibéraux, et ils sont donc toujours considérés par certains comme étant à «gauche».

    Toutefois, dans le Nord-Ouest, malgré l’effondrement du vote New Labour de plus de 240 00 voix par rapport à 2004, les Greens n’ont été capables d’accroître leurs voix que de 10 000. Dans le Yorkshire, les Greens ont gagné 14 000 voix de plus.

    Sur le plan national, le vote Green s’est accru de plus d’un demi-million, mais ce vote était concentré de manière disproportionnée dans des régions avec une grande classe moyenne urbaine. Au Yorkshire, les Greens ont remporté 104 000 voix contre 120 000 pour le BNP.

    Toutefois, le schéma n’est pas le même pour les villes ouvrières en ruine du South Yorkshire, où le BNP a réalisé sa plus grande percée. A Barnsley, où le BNP a reçu 17% des voix, les Greens ont obtenu 6%.

    Ceci reflète le fait que les Greens ne sont pas perçus par la plupart des salariés comme un parti qui défende leurs intérêts, et le fait qu’ils ne soient par conséquent pas capables d’empêcher la croissance du BNP.

    No2EU n’était qu’un pas en avant vers la création d’un parti de masse des salariés qui puisse saper le BNP, mais c’était néanmoins un pas important en ce sens.

    Pour la première fois depuis la fondation du Labour Party, un syndicat national a pris la décision de se présenter, au côté d’autres, dans des élections nationales et avec un programme de gauche.

    C’était le devoir des socialistes de soutenir une telle initiative. Le RMT a maintenant établi l’idée que le mouvement ouvrier peut présenter ses propres candidats aux élections.

    Le syndicat du service public, le PCS, discute en ce moment d’un départ vers une direction similaire. Tous ces pas en avant doivent être encouragés.

    Lorsque les salariés commencent à trouver leur propre voix politique, il est du devoir des socialistes de ne pas rester sur le côté pour critiquer, mais de s’impliquer et d’oeuvrer pour faire en sorte que ces premiers pas puissent se développer en un mouvement de masse.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le Socialist Party est la section du CIO en Angleterre et Pays de Galles.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

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