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La crise exige une modification de la politique Ă©conomique – La lutte des classes en dĂ©terminera le caractĂšre (TroisiĂšme partie)
Dans cette partie, nous regardons dans quelles mesure les caractéristiques de la crise économique internationale se manifestent aussi en Belgique. Nous parcourons le marché immobilier, lâinflation, les cadeaux fiscaux aux entreprises et les salaires des managers. Nous expliquons comment cela conduit aux grèves spontanées que la bourgeoisie et les politiciens aimeraient brider. La combativité à la base sâest reflétée dans des discours plus radicaux le premier mai, dans un bon résultat pour les délégations syndicales combatives dans les élections sociales, et enfin dans la semaine dâactions de juin 2008.
Texte de perspectives du Congrès National DU PSL/LSP. Ce texte a été écrit durant l’été.
La folie des bourses laisse des traces aussi en Belgique
75. En termes de distribution inégale de richesse, la Belgique nâest pas mieux placée que les autres pays de lâOCDE. En juillet 2008, les fortunes nets des familles belges étaient de 1.610 milliards dâeuros, à peu près 352.000 euros par foyer ou 151.000 euros par Belge. (1) Cela fait entretemps 14 ans quâil nây a plus eu de recherche sur la répartition de cette fortune. En 1994, Jef Vuchelen et Koen Rademaeckers sont arrivés à la conclusion que les 50% des fortunes appartenaient à 10% des familles les plus riches, contre seulement 1,1% des fortunes pour les 10% des familles les plus pauvres. Nous supposons que cette différence sâest plutôt creusée que diminuée. (2) Selon Merill Lynch, à la fin 2006, il y avait 68.000 millionnaires en dollars en Belgique, fin 2007 ils étaient déjà 72.000. (3) En 2007, les entreprises belges cotées en bourse ont vu pour la première fois en 5 ans diminuer leurs profits suite à la crise du crédit. En 2005 et en 2006, ces profits avaient encore monté à chaque fois de 30% contre une baisse de 11% en 2007 jusque 19,14 milliards dâeuros. Pourtant, ces mêmes entreprises ont distribué 10,2 milliards dâeuros aux actionnaires, une augmentation de 42% comparée à lâannée précédente. Cela fait quâen 2007, malgré la crise du crédit ou peut-être justement à cause dâelle, la moitié du profit net a été versée aux actionnaires contre un tiers en 2006.(4)
76. Ainsi, la fine fleur du capital belge sâest protégée contre les conséquences de la crise du crédit. Celle-ci nâa pas épargné la Belgique. Il est difficile de prévoir où le BEL-20 se trouvera fin 2008, mais avec une perte dâen moyenne 23%, le premier semestre de 2008 était la pire chute en 21 ans, depuis le crash boursier de 87.(5) Surtout les banques, qui représentaient en 2006 encore 42% du BEL-20, ont fortement chuté. Cela sâexplique par le fait que toutes les grandes banques belges, y compris la KBC qui a perdu 32,4% de sa valeur boursière lors du premier semestre de 2008, se sont laissées séduire par des instruments financiers souvent couverts par des hypothèques à grand risque américaines. Pour Dexia (-44,4% de la valeur boursière), sây ajoutent les difficultés de sa filiale américaine, le rehausseur de crédit FSA. Pour Fortis, -46,48% de sa valeur boursière, sây ajoute sa reprise annoncée en grandes pompes mais mal planifiée, dâABN Amro. Cela fait que lâaction Fortis vaut aujourdâhui (juillet 2008) à peu près la moitié dâune action de la Société Générale en 1998. Au printemps précédent, lâaction Fortis valait encore 35âŹ, à la fin du premier semestre 2008 moins de 10âŹ. (6)
77. La Banque nationale a calculé la perte totale des Belges en conséquence de la crise boursière en juillet 2008 à 50 milliards dâeuros, dont la moitié en conséquence de la baisse des valeurs des actions, et lâautre moitié en perte sur des fonds de pension et des fonds dâinvestissement (les sicav). Les dettes des familles ont aussi augmenté. Mais câest surtout le personnel qui paiera la facture. « Des changements des banques belges qui prendraient normalement 15 ans, tels que la rationalisation du réseau couteux des agences, seront grâce à la crise du crédit réalisés en quelques années », dit Dick-Jan Abbringh, auteur de « Trendbreuk.be ? Nieuwe spelregels in een digitale wereld » (« Inversion de la tendance.be ? Nouvelles règles du jeu dans un monde digital »), son livre pour lequel il a interviewé 15 managers du monde financier en Belgique. « Il est certain quâil y aura des licenciements massifs. Il y a un bel avenir pour des gens qui donnent des conseils financiers de haute qualité, mais non pas pour les employés de banques qui aident les clients à remplir les formulaires de virement. » (7) En bref, celui qui amène beaucoup dâargent obtiendra un siège confortable, mais celui qui a des difficultés à sâen sortir selon laissé à son propre sort.
Les fondements minés
78. Jusquâici, lâéconomie belge nâa pourtant pas presté de façon faible. Avec un chiffre de croissance de 2,8% en 2006 et en 2007, elle a même fait un peu mieux que la zone euro. Après une augmentation du chômage en 2005, il y a eu une légère baisse en 2006, suivie dâune baisse plus forte en 2007. Le déficit budgétaire était légèrement négatif en 2007 (-0,2%), mais quand même moins que la moyenne de la zone euro (-0,6%).(8) Après quelques années de diminution (2000-2005) ou de croissance faible (2006) (9), les investissements en 2007 ont connu une vraie accélération de 8%. Notre pays sâavère dâailleurs être une des localités les plus attirantes de lâEurope pour les investissements étrangers. En Europe (27), seulement 4 grands pays, le Royaume-Uni, lâAllemagne, la France et lâEspagne, ont accueilli plus dâinvestissements. Entre 2003 et 2007, les investissements étrangers directs représentaient 12,3% du PIB ! Ceci nâest que de 1,2% pour lâAllemagne, 3,4% pour la France, 5,3% pour les Pays-Bas et 3% pour la chine.(10) Nous devons évidemment considérer les proportions et aussi le caractère de ces investissements, mais prétendre que la Belgique ne serait pas attractive pour des investisseurs étrangers nâest pas possible. Grâce à la prestation durant le premier semestre, la croissance des investissements en 2008 sera de 6,6%, mais retombera ensuite jusquâà seulement 1,7% en 2009.(11)
79. Ici sâarrêtent les bonnes nouvelles. Depuis, les 6 marchés dâexportations les plus importants de lâéconomie belge sont au bord de la récession. Il sâagit de lâAllemagne, de la France, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, lâEspagne et lâItalie. Ensemble, ils représentent deux tiers de notre exportation. Pour un pays dont lâexportation des marchandises représente 71% du PIB, câest dâune importance vitale. De plus, lâindustrie belge livre beaucoup de produits semi-finis. Elle est une sorte de sous-traitant pour lâindustrie des partenaires commerciaux.(12) Sur cette base, la KBC estime réaliste que lâéconomie belge parte en récession technique à partir du deuxième semestre 2008.(13) Quâimporte, pour la première fois en 16 ans, la balance commerciale risque en 2008 dâêtre déficitaire. Pendant les 5 premiers mois, la Belgique a connu un déficit de 7 milliards dâeuros contre un surplus de 2,5 milliards dâeuros lâannée dernière. Le refroidissement de lâexportation est une des raisons principales pour lesquelles le Bureau du Plan a dû réajuster ses perspectives de croissance vers 1,6% en 2008 et seulement 1,2% en 2009.(14)
Marché immobilier : illusions statistiques ?
80. Lâautre raison est le ralentissement de la demande intérieure, principalement la consommation particulière. Sa croissance en 2007 encore de 2,6% retombe en 2008 à 1,4% et en 2009 même à 0,8%.Les augmentations de prix de ces derniers mois et années y sont pour quelque chose. Entre 97 et 2007, les prix des maisons dans notre pays ont augmenté en moyenne de 142% ou 9,2% par an. Même le FMI trouve, compte tenu de la croissance des revenus nets, de la population à lââge du travail, de la croissance du crédit et des cours des actions, que câest 17% de trop. Moins quâen Irlande, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, mais autant quâen Espagne et même 5% de plus quâaux Etats-Unis. Ne devons-nous pas alors craindre une chute du marché immobilier ? Oui, selon certains économistes et le secteur immobilier. Lâéconomiste Van de Cloot, de ING, estime que les augmentations de prix sont derrière nous et que nous allons vivre pour la première fois depuis le crash de 79-82 une stabilisation, il nâexclu même pas la première baisse des prix depuis cette époque. (15)
81. Les prix des maisons et des terrains à construire ont bien augmenté lors de la première partie de 2008 comparé au premier semestre de 2007 â de 8,1% pour des maisons dâhabitation, de 5,5% pour des appartements et même de 9,7% pour des terrains à construire â mais des promoteurs parlent dâune « illusion statistique ». Ils prétendent avoir constaté un point tournant en octobre et sont dâavis quâune correction est en train de se faire. « Ce ne sera pas de la même force quâau RU, en Irlande ou en Espagne, disent-ils, mais elle peut durer pendant quelques années. » (16) Pourquoi pas de la même force ? Selon Dick-Jan Abbringh, parce quâen Belgique, le marché des prêts hypothécaires ne correspond quâà 34% du PIB contre plus de 100% aux Pays-Bas. (17) Pourquoi pendant quelques années ? Selon Van de Cloot, parce que « on croit de plus en plus au caractère élevé structurel de lâinflation. Si cela se traduit en un taux dâintérêt à long terme fondamentalement plus élevé, nous pouvons oublier un retour à lâépoque des prix hypothécaires bons marché. Justement ces prêts là étaient la force conductrice derrière la croissance immobilière de ces dernières années. » (18) Nâavons-nous donc rien à craindre ? La KBC ne sâattend pas seulement à une stabilisation des prix des maisons, mais aussi à une chute de la construction. (19) Ce que cela va signifier pour lâemploi dans le secteur de la construction nâa pas encore été chiffré.
82. Nous saisissons lâoccasion de démontrer une autre illusion statistique beaucoup plus grande. Selon le Bureau du Plan, le revenu réel disponible des foyers, donc de salaires, y compris des managers, et dâallocations, mais aussi de fortunes financières et immobilières, connaitrait en 2008 encore une croissance de 0,1% et en 2009 même de 1,8%.(20) Avec « réel », on veut dire en tenant compte de lâinflation. Il faut se poser la question : quelle inflation ? Pour le Financial Times, lâinflation aux USA, qui serait de 2,5%, serait de 8,9% si lâon appliquait la manière de calcul dâavant 1992, qui a changé radicalement depuis !(21) Le chiffre national de lâindexation des prix de consommation, qui serait de 4,7% cette année-ci, contre 4,2% de lâindex-santé, et qui serait de 2,7% lâan prochain, contre 2,6% pour lâindex-santé, nâest pas du tout une réflexion correcte des véritables augmentations de prix. Ceux-ci sont beaucoup plus importants parce que des postes de dépense importants tels que le loyer y ont un poids inférieur au poids quâils représentent dans la réalité. Le loyer compte pour 6,2% (22) Plus de 23% de la population sont des locataires. La consommation dâhabitation totale dans notre pays représente dâailleurs 20% de toutes les dépenses des foyers. (23)
83. Ceci nous aide immédiatement à comprendre pourquoi le loyer commence à être impayable pour les familles. Une étude commandée par le gouvernement flamand démontre quâaprès retrait des dépenses dâhabitation, les locataires disposaient en 2005 encore de 881 euros contre, corrigé après inflation, 1041 euros en 1992 ! Le pouvoir dâachat des locataires est fortement réduit depuis 1992, de 86 euros dans la période 1992-1997 et de 161 euros dans la période 1997-2005. En 2005, les locataires détiennent depuis 1992 en moyenne 16% de moins après avoir payé leur loyer quâen 1992.(24) Ceci a évidemment à faire avec la faiblesse du secteur des logements sociaux qui en Belgique (10%) a un grand retard sur des pays tels que les Pays-Bas (largement 40%), le RU et la Suède
Hystérie de lâinflation
84. Les CPAS de Wallonie ont construit un « index de précarité » sur base des dépenses des foyers pauvres. Il apparait quâun foyer qui vit du revenu dâinsertion social de 997âŹ, dépense en moyenne 27% à lâalimentation, et pas moins de 42,5% à lâhabitation contre une moyenne de 26% pour toute la Wallonie. Lâindex de précarité a connu entre janvier 2006 et janvier 2008, donc avant la forte augmentation de lâinflation, une croissance deux fois plus élevée que le chiffre officiel dâindexation. La fédération wallonne des CPAS demande une adaptation urgente du revenu dâinsertion sociale, pour une personne isolé de 698 à 860⏠et pour une famille avec enfant, de 930 à 1548âŹ. Ceci signifierait selon la Cour des Comptes, une dépense additionnelle de 1,25 milliards dâeuros par an si câest appliqué sur le plan national.(25)
85. Le Bureau du Plan admet lui-même que le revenu réel des foyers a été « négativement influencé » parce que lâaugmentation des prix de lâénergie nâest pas tenu en compte dans lâindex-santé qui règle lâadaptation des salaires et des allocations aux augmentations des prix.(26) Cette augmentation nâest pas des moindres. Beaucoup de familles de travailleurs ont toujours été méfiants à propos de la fable selon laquelle la libéralisation du marché de lâénergie réduirait les frais du consommateur. Cette méfiance a été confirmée en octobre 2007. Après Electrabel, câétait aux distributeurs dâaugmenter leurs tarifs. (27) En février, la Banque Nationale a demandé des compétences supplémentaires pour le Creg, le régulateur fédéral du marché de lâénergie, afin dâannuler au moins une partie des augmentations de prix.(28) Le Creg lui-même demande de réduire le tarif de la TVA sur lâénergie de 21 à 6%, et une approche plus dure tant vers les producteurs que vers les distributeurs (29). En avril, il est apparu que les dépenses pour se chauffer et se nourrir pour une famille moyenne avec deux enfants vont monter de 676⏠en 2008, et pour une personne isolée de 330 âŹ. (30) Vers septembre, le prix du gaz avait déjà augmenté de 48,7% sur base annuelle, celui de lâélectricité de 20,7% et on y ajoute que les prix vont encore monter. (31)
86. À partir de février, les arguments du patronat sur lâhystérie de lâinflation ont définitivement été balayés. (32) Il apparait que les prix des produits alimentaires transformés montent en force depuis la deuxième partie de 2007. Ces augmentations sont dâailleurs en moyenne de 6% plus élevées quâailleurs dans la zone euro. Lâabolition du prix du pain réglementé en 2004 a fait monter les prix hors proportion. Sur base annuelle, les prix des produits alimentaires transformés ont monté de près de 9%. (33) Mais lorsquâil sâagit de son propre commerce, Unizo nâest plus unilatéralement en faveur du marché libre. Au contraire, Unizo nâest pas dâaccord avec la Banque Nationale que plus de concurrence et moins de règlementations contribueraient à un niveau de prix plus bas. Dans sa réaction, lâéconomiste en chef Van de Cloot avertit de surtout ne pas répéter les fautes des années â70, lorsque les augmentations de prix ont été compensées par des augmentations générales de salaires. (34)
Cadeaux fiscaux aux entreprises
87. « Le mazout : +61%. Le gaz naturel : +52%. Le spaghetti : +42%. Le diesel : +32%. Lâessence : +32%. Lâélectricité : +20%. » Câest ainsi que De Tijd a commencé son éditorial du 31 juillet, comme sâil fallait compenser ses précédents écrits sur lâhystérie du pouvoir dâachat. Même le chiffre officiel de lâindexation, cette illusion statistique, a dû, même si ce nâest que partiellement, refléter de telles augmentations de prix. En juillet, il a atteint 5,91%, le deuxième niveau les plus élevé en Europe, le plus élevé en 24 ans. (35) « Il est plus facile de rejoindre des manifestations pour plus de pouvoir dâachat », écrivait lâéditorialiste du Tijd, comme sâil ne faisait rien dâautre de ses journées, « que de remettre en question des systèmes que nous utilisons depuis des années. Mais nous devons aussi reconnaitre quâil nâest pas raisonnable de faire payer lâinflation par les entreprises ou les autorités, les employeurs les plus importants, qui nâont pas cette inflation en main. » Quoi ?
88. Entre-temps, un sondage de City Bank Belgique a montré que 9 belges sur 10 réduisent leurs dépenses en réaction à la baisse du pouvoir dâachat. Câest surtout sur les loisirs, le chauffage, les vêtements et les appareils ménagers que nous faisons des économies.(36) Les 10% restants nâen ont pas besoin, ils se sont construit une bonne réserve depuis longtemps. Malgré la crise du crédit, les entreprises ont réalisé en 2007 en Belgique un profit record de 79 milliards dâeuros, 4 milliards de plus que lâannée record précédente, en 2006.(37) Ils ont eu beaucoup dâaide de la part des autorités. Selon le rapport annuel de la Banque Nationale, les entreprises ont reçu, en 5 ans, de 2003 à 2007 compris, 21,85 milliards dâeuros en diminutions des contributions patronales à la sécurité sociale. En 2007 uniquement, câétait déjà largement 5 milliards dâeuros. De plus, pendant cette même période, ils ont reçu pour 1,28 milliards dâeuros de diminution du précompte professionnel, surtout sur le travail en équipe et de nuit (38), dont 730 millions rien que pour 2007.
89. Mais le vol du siècle a sans aucun doute été la déduction des intérêts notionnels, introduite à partir du 1er janvier 2006 sous le gouvernement violet, un argument que Reynders lance régulièrement à ceux qui le critiquent au sein du PS et du SP.a. Le fait est que la violette avait initialement estimé le coût des intérêts notionnels à 500 millions dâeuros, alors que cela coutera 2,4 milliards dâeuros annuellement. Selon ce système, des entreprises peuvent déduire fiscalement non seulement lâintérêt quâelles paient sur des prêts, mais dorénavant aussi un intérêt fictif sur leur propre actif. Cette mesure doit stimuler les entreprises à renforcer leur propre actif et même à encrer lâindustrie en Belgique. On veut de cette manière compenser lâabolition des centres de coordination.(39) LâEurope considère ceux-ci comme une aide publique illégale et doivent être dissous au plus tard fin 2010.(40)
90. Pour les entreprises, qui doivent officiellement payer 33,99% dâimpôts, il sâagissait dâun jackpot. Cela réduit le taux dâimposition moyen des entreprises à seulement 25%.(41) Ce nâest donc pas étonnant que, déjà en 2006, 41% des 381.288 entreprises en ont fait usage. Le tout mis ensemble, cette année là a connu 6 milliards dâeuros de déduction dâintérêt, dont 37% qui ont été accordé à seulement 25 entreprises. (42) Selon De Tijd, lâintérêt notionnel explique le fait que lâinflux de capitaux en Belgique a doublé jusquâà 72 milliards dâeuros en 2006, soit plus que vers la Chine. De Tijd reconnait bien quâune partie importante de ces capitaux sont des capitaux endormis qui créent à peine des emplois.(43)
91. Mais la déduction des intérêts notionnels est controversée. En février 2008 déjà, Di Rupo brandissait une liste sur laquelle apparaissait le fait que les entreprises du BEL-20 payaient à peine encore des impôts. (44) Les entreprises publiques sont également passées à la caisse. La Banque nationale a ainsi épargné 17 millions dâeuros en taxes ; la SNCB 1,4 millions dâeuros et La Poste 8,6 millions dâeuros. (45) De plus, le calcul des intérêts notionnels incite à la fraude, pleins dâentreprises cumulant toutes sortes de déductions, dâune telle ampleur que lâadministration fiscale a du mettre sur pied un groupe spécial dâintervention pour les combattre. (46) Mais les patrons ne vont pas facilement abandonner leur fleuron. Ils ont même fait appel à la Banque nationale pour relativiser le coût de la mesure. Lâavantage fiscal de 2,4 milliards dâeuros pour les entreprises est un coût brut, argumente la Banque Nationale. Sur base de « données provisoires » pour 2006, elle conclut, une année et demi plus tard, que le coût net en 2006 se situerait « quelque part entre 140 et 430 millions dâeuros ». (47) La Banque admet dâailleurs quâune fois que la mesure arrivera à sa vitesse de croisière, le revenu des impôts des entreprises sera fortement réduit. Lâadministration fiscale donne des chiffres plus précis, elle a calculé le coût net de la mesure à 1,2 milliards dâeuros ! (48)
92. En terme dâeffets sur lâemploi, la Banque Nationale estime « possible » que la mesure aie créé 3.000 emplois. Cela fait entre 46.500 et 144.000 euros par emploi. Si nous prenons les chiffres de lâadministration fiscale, cela fait même 400.000 euros par emploi. Si on avait dépensé tout cela pour élever le pouvoir dâachat, lâeffet sur lâemploi aurait probablement rapporté des dizaines de fois plus, et qui sait si cela nâaurait pas amené plus dâinvestissement. Le PS et le SP.a devaient bien essayer de corriger le tir quelque part. Le SP.a avec sa proposition dâune mesure anti-abus, par laquelle lâadministration fiscale peut refuser la déduction des intérêts notionnels si la seule intention nâest que fiscale sans création dâemploi. Le PS avec sa proposition de taxe sur la valeur ajoutée sur la vente des actions, tel que cela existe en Italie et en France. (49) Les deux propositions sont restées au frigo.
93. Depuis 1988, le SP.a et le PS se trouvent au gouvernement, pour le SP.a jusquâen 2007, pour le PS jusquâà aujourdâhui. Suffisamment de temps donc, si ce nâest que pendant cette même période, de nombreux dossiers de fraude ont dépassé la prescription. Paul Dhaeyer, chef de la section financière du parquet de Bruxelles, ne le cache pas. « Beaucoup dâétrangers considèrent la Belgique comme un paradis fiscal, depuis des années nous sommes en sous-effectif. Il y avait un manque chronique de moyens. Câétait un choix politique. » (50) Aussi, dans le scandale récent à « Liechtenstein Global Trust », au moins une cinquantaine de personnes résidant en Belgique seraient impliqué.
94. Malgré cela, les patrons et leurs représentants politiques trouvent quâils paient encore trop. Et donc, Unizo et Voka plaident pour laisser les entités fédérées déterminer le taux dâimposition des entreprises. Ils pensent pouvoir ainsi réduire les impôts des sociétés jusquâà 20%. Mais ce nâest pas seulement lâimpôt des sociétés qui doit être réduit, les impôts sur les personnes physiques, qui doivent entre autres financer les services publics collectifs, sont selon eux trop élevé. Pour le CD&V Hendrik Boogaert, la pression fiscale aux Pays-Bas serait de 40% du PIB contre 44% en Belgique. « Les impôts doivent donc être réduits de 14 milliard dâeuros. », conclut-il, ce qui correspond à 4% du PIB (51).
95. Ceux qui prônent les réductions de charge argumentent toujours les âeffets de retourâ. Ce que cela vaut, nous le savions déjà, mais cela a été récemment confirmé scientifiquement par deux recherches. Ive Marx, sociologue du CSB à Anvers et Kristian Orsini, doctorant à la KUL, ont constaté tous deux que lâeffet des baisses des charges est surestimé. Orsini est dâailleurs tout sauf quelquâun de gauche. Il plaide pour une limitation des allocations de chômage dans le temps pour remplacer la baisse des charges. (52)
Des rémunérations généreuses pour les patrons
96. Ce qui nâéchappe pas non plus à lâattention de beaucoup de familles de travailleurs, ce sont les salaires exagérés des managers des entreprises. Ce nâest pas pour rien que les économistes bourgeois parlent dâavidité, surtout lorsque lâon considère la modération salariale qui a été imposée aux travailleurs depuis des années. Lâappel pour plus de contrôles devient de plus en plus pressant. Certainement aux Etats-Unis, où un mouvement, soutenu par les démocrates, sâest créé sous le nom « Say on pay », mais également un peu partout dans le monde, y compris en Belgique. Le patron dâInbev, Brito, a reçu en 2007 une augmentation salariale de 9%, jusquâà 4,25 millions dâeuros, plus ou moins 375.000 euros par mois ou 12.500 euros par jour. Le patron de Fortis, Votron, a reçu une augmentation de 15% à 3,9 millions dâeuros. (53) De nouveau, les patrons des entreprises publiques suivent leurs collègues du secteur privé. Didier Bellens de Belgacom a reçu en 2007 une augmentation de 42%, à 2,7 millions dâeuros, à peu près 225.000 euros par mois, même si, depuis, il a dû assainir. Cette même année, Johnny Thijs a allégé la Poste de 900.000 euros, soit 75.000 euros par mois, autant que le salaire combiné dâun bon bureau de Poste de distribution. (54)
97. Pour Vincent Van Quickenborne (VLD), ce sont les affaires des actionnaires, dans lesquelles les autorités ne doivent pas intervenir. Câest ce même Van Quick qui trouve quâil y a trop de fonctionnaires. Son camarade De Gucht est plus réaliste. « Pendant que les salaires les plus élevés connaissent un pic, il y a une classe moyenne croissante qui est de plus en plus en difficulté. Ceci fait obstacle au âplaidoyer de modérationâ dans la sécurité sociale. (âŠ) Le sommet des entreprises doit bien se réaliser quâil ferait mieux lui aussi de modérer afin de ne pas stimuler des tendances populistes ; les gouvernements de lâoccident doivent mieux répartir les fruits de la mondialisation, sans détruire ces fruits. » (55) De Gucht est plus ou moins le prototype du libéral, lâhomme de la raison, sans dogme, et évidemment franc-maçon. Ce nâest pas un libéral vulgaire comme Van Quick, qui nâa retenu du libéralisme que le droit de se remplir les poches de façon illimitée. Pour De Gucht, le libéralisme nâest pas une carte blanche pour lâavidité. Il estime évidemment la liberté de lâindividu et la propriété privée comme étant supérieure à Dieu, à la Nation, ou à la communauté collective, même si cette liberté mine celle des autres. Ce qui est inacceptable selon lui, câest que le système même qui permet à lâindividu de jouir de cette liberté soit miné.
98. Le problème de De Gucht, câest que son système libéral est en contradiction avec les lois de fonctionnement du capitalisme. Il a dû lui-même subir cela lorsquâil a voulu donner des leçons à Kabila et aux autorités congolaises sur la corruption et lâincompétence. Non seulement Leterme a dû intervenir pour sauver les meubles, en fait surtout les contrats lucratifs, mais en plus, son camarade Pierre Chevalier, nommé représentant belge des Nations Unies au Congo, à condition quâil délaisse son mandat à Forrest International, avait été en cachette renommé administrateur délégué de Forrest Int. Rik Daems, le tueur de la Sabena, un autre camarade de De Gucht et ancien ministre des télécoms (de 1999 à 2003), aurait agit comme consultant en 2007 pour Belgacom au Qatar. Coïncidence ? Nous ne le pensons pas. Un système basé sur la chasse aux profits a comme conséquence inévitable que certains dépassent les lignes quand ils colorient.
Actions pour plus de salaire
99. Il nâest donc pas étonnant que beaucoup de travailleurs soient insensibles aux arguments de De Tijd et soient bien dâavis quâil est temps que les patrons et les autorités y mettent de leur poche. Après une année record en 2005, lâannée du Pacte de solidarité entre les générations, avec 669.982 journées de grèves enregistrées, il y a eu une pause de deux ans. (56) Il nây a pas encore de statistique pour 2008, mais il est pratiquement sûr que la courbe de grève cette année fera un saut. On aurait pu le savoir. En avril 2007, quelques grèves spontanées avaient déjà éclaté à Zaventem et chez les fournisseurs de Ford Genk. Le système de sous-traitance, de fournisseur, de travail intérimaire, de travail à temps partiel ou temporaire, avait été mis sur pied afin de diminuer la force des travailleurs. Mais, comme tout système, celui-ci connait aussi ses limites. Dans une carte blanche dans De Tijd, on souligne le fait que « les travailleurs de la âpériphérieâ (de la production) savent à peine qui est leur vrai employeur, les syndicats les considèrent comme des forces étrangères, et notre modèle de concertation nâa pas prévu de donner à ces travailleurs le sentiment quâils font partie du système. » (57)
100. Chez les fournisseurs de Ford Genk, on savait très bien qui étaient les vrais employeurs. Le fait que Ford Genk pouvait à peine suivre la demande nâavait pas échappé à sa âpériphérieâ. Câétait le bon moment de se mettre en action. A commencer par le 14 janvier 2008, à Syncreon, fournisseur de panneaux de portière et de pots dâéchappement. Ils ont obtenu 0,47 centimes dâeuros et deux boni de 500 euros. Après cela, la vague de grèves spontanées ne pouvait plus être arrêtée. Fin janvier, la vague avait déjà touché 32 entreprises, dont 14 au Limbourg, mais aussi 6 à Liège et 5 à Anvers. Câétait surtout le secteur automobile, avec 12 entreprises, et dâautres entreprises métallurgiques (9) qui ont été touchées. (58) Nous nâavions plus vécu une telle vague de grèves spontanées depuis la fin des années â60 et surtout le début des années â70. Là aussi, les travailleurs avaient le sentiment quâils avaient insuffisamment reçu les fruits de la bonne conjoncture.
101. Agoria, lâorganisation patronale du métal, qualifiait ces grèves « dâillégales ». La FEB et le sommet de la CSC ont tempéré et insistaient surtout sur le fait quâil fallait sauvegarder le modèle de concertation. (59) Finalement, selon Agoria, 42 entreprises du secteur auraient été confrontées à des revendications salariales supplémentaires. Ce nâest pas une coïncidence. Dans le secteur du métal sâapplique ce quâon appelle les « accords all-in » ou leur version adoucie, les « accords saldo ». (60) Le sommet syndical a réussi à faire dévier les revendications pour plus de salaires vers une vague de bonus. Ce système nâétait entré en application quâun mois auparavant. Il détermine que des entreprises peuvent, à un tarif fiscalement intéressant, payer un bonus jusquâà 2.200⏠nets par an au travailleur. (61) Câest attractif, mais nous devons tenir compte du fait quâon ne paie pas des cotisations sociales et que câest une mesure unique. Les syndicalistes les plus combatifs ont donc insistés sur des augmentations salariales réelles, ce qui explique la popularité de la revendication « 1⏠en plus par heure ».
102. En mars, les actions pour lâaugmentation du pouvoir dâachat ont commencé à toucher le secteur public. Les 24.000 fonctionnaires de lâadministration flamande ont exigé une augmentation du pouvoir dâachat de 5% dans la période 2008-2009 avec des augmentations des primes de fin dâannée et une cotisation plus élevées de lâemployeur en chèques repas. Par voie du futur ex-ministre Bourgeois, le gouvernement a répondu ne pas avoir les moyens et Kris Peeters a menacé de réquisitions si les blocages des écluses nâétaient pas arrêtés. Parallèlement, ils ont avancé des propositions provocatrices pour rendre possible le travail intérimaire et niveler le statut des travailleurs statutaires au niveau de celui des travailleurs contractuels. Finalement, une augmentation salariale minimale de 2% a été imposée. Plus tard, des actions du personnel des CPAS et des communes ont suivi dans tout le pays.
Premier mai – élections sociales et semaine dâactions
103. Il fallait que les dirigeants syndicaux expriment tout cela le premier mai. Dans ses discours, la FGTB a revendiqué une augmentation salariale de 10%… pour les prochaines années. En utilisant pour cela lâargent qui va aujourdâhui à lâintérêt notionnel. Jan Renders du MOC : « certains veulent un gros poisson communautaire, dâautres veulent un gros poisson fiscal. Mais nous voulons un gros poisson social. » Luc Cortebeek : « Avec les employeurs, cet automne, il faut arriver à un accord interprofessionnel qui rende possibles des augmentations salariales. Les profits et les salaires des managers ont aussi augmenté. Celui qui ne veut pas y collaborer peut sâattendre à un hiver chaud. »
104. A nouveau dans la première partie de ce même mois de mai 2008, 1,4 millions de salariés dans à peu près 6.300 entreprises pouvaient voter pour 142.000 candidats pour les comités de prévention et les conseils dâentreprise. Câest le double des candidats que les partis politiques ont présenté lors des élections communales en 2006, 13% de plus quâen 2004. (62) Pour la CSC, il y avait 68.000, pour la FGTB, 55.000. Contrairement à la majorité des pays de lâOCDE, le degré de syndicalisation net en Belgique a continué à croitre pendant les années 90. Avec degré de syndicalisation net, nous voulons dire seulement ceux qui sont effectivement au boulot, donc pas les pensionnés ni les chômeurs ni dâautres catégories considéré comme membres mais qui ne paient pas de contribution. (63) Pour 2003, les syndicats donnent les chiffres de 1,6 millions de membres pour la CSC, 1,2 million pour la FGTB, et 223.000 pour la CGSLB.(64)
105. Bien que 1,4 million dâélecteurs soit un record, le degré de couverture des élections sociales diminuerait petit à petit. Selon une étude de Hiva, il y a divers raisons : dans les services publics, des élections sociales ne sont organisées presque nulle part, il y a la PME-tisation de lâéconomie, qui fait quâil y a plus dâentreprises qui nâatteignent pas le seuil électoral, et il y a la croissance du travail intérimaire et de la construction où des élections sociales ne sont pas organisées. (65) Le degré de participation serait bien retombé un peu, mais il reste, sans obligation de vote, très élevé : 72,4% pour les comités de prévention et 70,6% pour les Conseils dâentreprises. Des jeunes qui peuvent voter, 42,5% ont participé, contre 52,4% en 2004. Probablement, le degré de participation était plus bas dans ces entreprises où des élections sociales nâétaient pas tenues par le passé. (66)
106. Comme nous lâavions pensé, les élections sociales nâont pas amené de très grands glissements. Contrairement à ce quâelle avait annoncé, la CGSLB nâa de nouveau finalement pas obtenu les 10%. La FGTB a avancé légèrement, tant en Flandre quâen Wallonie. La CSC a reculé légèrement, mais gagne à Bruxelles. Les listes séparées de cadre, de la Confédération Nationale des Cadres, et les listes individuelles dâentreprises ont fortement perdu. Un phénomène classique lors de lâaugmentation de la lutte des classes, câest que le mouvement entraine différentes couches à différents moments. Pendant quâune avant-garde tire déjà ses premières conclusions politiques, il y a des couches qui viennent seulement de rejoindre le mouvement et qui reflètent encore la phase précédente du développement. (67) Nous ne pouvons donc pas concentrer notre attention sur la stabilité apparente des résultats généraux. Au contraire, lorsque lâon regarde de plus prêt, la FGTB a gagné dans les entreprises, surtout dans le secteur automobile, où des actions sur le pouvoir dâachat ont été menées plus tôt dans lâannée. En général, les délégations syndicales qui sont connues comme étant combatives ont gagné, indépendamment du syndicat auquel elles adhèrent.
107. En juin, les délégations nouvellement élues étaient déjà confrontées à un test important, lorsque les directions syndicales ont annoncé une semaine nationale dâaction pour le pouvoir dâachat. A peu près partout, la mobilisation était très forte, 80.000 travailleurs au total ont répondu à lâappel. Celui qui prétendait que le débat sur le pouvoir dâachat ne vivait pas en Wallonie a eu sa réponse. Les manifestations à Liège, Mons, Namur et même Arlon, étaient systématiquement plus grandes quâen Flandre. A Anvers et à Hasselt, tout comme en Wallonie, différentes entreprises ont spontanément fait grève. La présence de beaucoup de femmes, mais surtout de jeunes, souvent élus pour la première fois, démontre quâune nouvelle couche combative a pris sa place. Rarement nous avons reçu une telle ouverture, tant pour notre programme que pour notre appel aux syndicats de casser les liens avec leurs partenaires politiques traditionnels. Là où les syndicats ont optés pour des actions « nouvelles », telles que « Foodstock » à Gand ou des ballades en vélo ou dâautres inventions de ce type à Bruges et à Courtrai, la mobilisation était faible. La méthode dâaction ne correspondait pas à la demande de la base.
Le droit de grève restreint ?
108. « Les actions dâune minorité pour plus de salaire sont absurdes » déclare Caroline Ven, anciennement active dans le service dâétude de lâorganisation patronale flamande VKW, et désormais économiste en chef du Cabinet du Premier Ministre Leterme, qui est pourtant officiellement de tendance ACW (MOC en Flandre). (68) « Ils nâont jamais été aussi forts et pourtant ils nâont jamais eu aussi peu à dire », déclare un élu de la chambre du CD&V- qui nâa pas de cachet ACW. (69) Caroline Ven et les patrons essayent, en fait, de toujours présenter les actions comme de lâaventurisme dâune minorité bruyante, contre laquelle la majorité silencieuse nâose pas se rebeller. De cette manière, on prépare lâopinion publique aux restrictions sur le droit de grève.
109. En avril 2007, le personnel de sécurité et les pompiers de lâaéroport de Zaventem ont commencé une grève spontanée. 26.000 passagers ont été bloqués. Lâavocat de droite Peter Cafmeyer qui, pendant le Pacte des Générations, était déjà le conseiller juridique des patrons ayant subis des pertes à cause de la grève, sâest attaqué à cette grève. Cafmeyer a réussi à laisser payer 500 passagers pour plaider une affaire contre 46 employés et CSC-Transcom. Pour retrouver lâidentité de ces 46 employés, il a fait appel à des détectives privés. Cafmeyer a agi de sa propre initiative et il est peu probable quâil gagnera cette affaire qui a été reportée à la fin de lâannée 2009. Cela nâempêche pas Rudi Thomaes de la FEB dâespérer un procès, selon ses propres dires. « Une condamnation ferait réfléchir les autres avant quâils ne passent à des actions inacceptables ».
110. Selon Thomaes, ce nâest pas une atteinte au droit de grève. (70) Pour lui, le droit de grève doit exister, mais doit être réglementé à un tel point que dans la pratique il ne reste presque plus rien. Mais cela aussi à ses limites. Ainsi Guy Cox, directeur général du service de médiation collective du travail, estime que les procédures de concertation moyennes prennent tellement de temps que la pression de la base devient trop forte. (71) Dâune manière ou dâune autre, les grèves spontanées sont attaquées. En août 2007, Ryanair a menacé de partir de Charleroi si les syndicats nâacceptaient pas un service minimum, et ils ont également exigé une indemnisation immédiate dâun million dâeuros pour la grève spontanée du 15 juin. En mai 2008, le Ministre wallon du transport, André Antoine, a jugé une grève de la TEC comme étant une habitude « inadmissible ». Presque au même moment, lâOpen VLD a plaidé pour la prestation dâun service minimum à la SNCB. Pour Vervotte, Ministre responsable des Services Publics, câest une mesure âinapplicableâ, mais elle a affirmé en même temps vouloir discuter sur des procédures plus strictes, plus claires et plus responsables des mouvements spontanés. (72)
111. En août 2008, la discussion est revenue sur table à la suite dâune grève spontanée des bagagistes. Dans un premier temps, toutes les responsabilités étaient mises sur le dos des grévistes mais, pour une fois, lâattention de la presse a commencé à se déplacer également sur les conditions de travail intenables. (73) Même De Tijd qui, dans son édito du 12 août avait plaidé pour dresser une liste des services stratégiques, a dû remettre une balance dans le journal du samedi. « Ce qui est arrivé cette semaine à Zaventem est la conséquence du rachat de lâactivité de lâaéroport⊠La sous-traitance a aussi des inconvénients. Que devons-nous proposer par un service minimum dans ce cas ? Que seuls les bagages des passagers de la classe Business soient emmenés ? Dâailleurs, le traitement des bagages est-il un service essentiel ? Non. Le trafic aérien nâest plus une affaire du gouvernement, il a été privatisé il y a déjà longtemps. » (74) Compare cette attitude à lâaccord que les syndicats ont signé avec la direction de la SNCB, accord qui dit notamment quâune grève spontanée peut être une raison acceptable pour un licenciement.
(1) De Tijd, 25 juillet 2008, Financieële crisis kost Belgiëen 50 miljard euro
(2) De Tijd, 28 juillet 2007, Belgiëen samen 71 miljard rijker dan verwacht.
(3) Le Soir, 25 juin 2008, La Belgique abrite 72.000 millionaires.
(4) De Tijd, 5 avril 2008, Belgische bedrijven geven aandeelhouders 10 miljard
(5) Le Soir, 2 juillet 2008, La pire chute depuis 21 ans.
(6) Le Soir, 29 juillet 2008, Lâaction Fortis vaut une demi G-Banque.
(7) De Tijd, 20 septembre 2008, âGrote ontslagronde bij Belgische banken onvermijdbaarâ.
(8) BNB, indicateur économique pour la Belgique, 19 septembre 2008.
(9) De Tijd, 8 janvier 2008, Ondernemingen trekken investeringen dit jaar op
(10) The Economist, country briefings, fact sheet par pays
(11) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008.
(12) De Tijd, 10 septembre 2008, Belgische afzetmarkten op rand van recessie
(13) KBC épargner et investir, 5 septembre 2008, Wanneer de zon schijnt in New York âŠ
(14) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008.
(15) De Tijd, 4 avril 2008, Economen verwachten afvlakking huizenprijzen
(16) De Tijd, 26 août 2008, Hogere vastgoedprijzen zijn statistische illusie et Le Soir, 26 augustus 2008, Prix en hausse, baisse en cours
(17) De Tijd, 20 septembre 2008, âGrote ontslagronde bij Belgische banken onvermijdbaarâ
(18) De Tijd, 26 août 2008, De onvermijdelijke correctie op de vastgoedmarkt is begonnen.
(19) De Tijd, 4 avril 2008, Economen verwachten afvlakking huizenprijzen
(20) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008
(21) Financial Times, 7 septembre 2008, Government lies and squishy ethics
(22) La liste complète des produits et de leur poids dans le panier de lâindex peut être trouvé sur le site du Service Public fédéral sous index des prix à la consommation ou ici : http://www.statbel.fgov.be/indicators/cpi/cpi1_fr.pdf
(23) BBSH Bouwen aan Vertrouwen in de Woningmarkt, Ruimte geven, bescherming bieden Een visie op de woningmarkt
(24) De Morgen, 30 juillet 2008, Woning huren wordt voor gezinnen onbetaalbaar
(25) Le Soir, 30 août 2008, La crise cogne dâabord les précaires.
(26) Bureau fédéral du Plan, communiqué 12 septembre 2008
(27) Le Soir, 13 octobre 2007, Le gaz en hausse (épisode II)
(28) De Morgen, 23 février 2008, Gas en electriciteit toch fors duurder
(29) De tijd, 19 janvier 2008, Creg vraagt lager btw-tarief voor energie
(30) La Libre, 12 avril 2008, Selon Olivier Derruine van de studiedienst van het CSC
(31) Le Soir, 19 septembre 2008, Le prix du gaz enflera encore
(32) Lâédito de De Tijd du 30 janvier 2008 a pour titre: âinflatiehysterie » et lâéditorialiste conclu : « il est important de ne pas prendre des mesures hâtives. Puisque jusquâici, il nây a vraiment pas de raison de créer de lâhystérie sur lâinflation. »
(33) BNB, Indicateurs économiques pour la Belgique, 19 septembre 2008
(34) De Tijd, 23 fevrier 2008, Belg betaalt levensmiddelen te duur
(35) Le Soir, 31 juillet 2008, Pas d vacances pour lâinflation
(36) De Tijd, 22 mai 2008, Negen op de tien Belgen schroeven uitgaven terug
(37) De Tijd, 14 fevrier 2008, Bedrijfswinsten stijgen tot record van 79 miljard euro, sur base du rapport de la Banque Nationale
(38) Rapport annuel de la Banque Nationale, 2007, p. 98 tableau 25
(39) Les centres de coordination ont été introduits à la fin de lâannée 1982 comme un régime fiscal favorable aux entreprises belges ou aux multinationales avec des filiales belges. Pour en illustrer lâimportance : le 31 décembre 1997, 236 centres de coordination ont assuré 11,4% des profits avant impôt et 13,5% après impôt pour lâensemble des entreprises belges. Ces mêmes centres de coordination nâont pourtant payé que 0,82% des impôts de sociétés. Voir : taxincentives : analyse van de impact van notionele interestaftrek – Riet Janssens – http://statbel.fgov.be/studies/ac735_nl.pdf
(40) Rapport annuel de la Banque Nationale, 2007, p. 159
(41) De Tijd, 27 octobre 2007, Didier Reynders, vader van de notionele intrestaftrek
(42) De Tijd, 20 août 2008, Bijna helft firmaâs pas notionele rente toe
(43) De Tijd, 27 octobre 2007, Heldere belastingen
(44) De Tijd, 12 février 2008, Bel 20âers betalen amper belastingen
(45) Le Soir, 5 mars 2008, Les entreprises publiques profitent des notionnels
(46) De Tijd, 27 octobre 2007, Van âdouble dipâ tot misbruik
(47) Le Soir, 24 juillet 2008, La BNB clémente avec les intérêts notionnels
(48) De Tijd, 20 août 2008, Bijna helft firmaâs pas notionele rente toe
(49) De Tijd, 25 janvier 2008, âU vernietigt de notionele intrestaftrekâ
(50) De Tijd, 31 mai 2008, âAchterstand was politiek keuzeâ
(51) De Tijd, 5 avril 2008, âBelastingen moeten met 14 miljard euro omlaagâ
(52) DeTijd, 7 mai 2008, Effect lastenverlaging wordt overschat
(53) Le Soir, 3 avril 2008, Salaire des patrons: âune affaire des actionnaires.â
(54) LâEcho, 15 mars 2008, Les salaires fous du secteur public
(55) De Morgen, 24 mars 2007, Karel De Gucht bindt de strijd aan met de toplonen.
(56) Site des autorités Fédérales, grèves
(57) De Tijd, 19 avril 2007, De opstand van de periferie
(58) De Tijd, 31 janvier 2008, Stakingsgolf januari trof 32 privebedrijven
(59) De Tijd, 31 janvier 2008, ACV en VBO willen vermijden dat stakingsgolf escaleert
(60) Dans les accords all-in, la norme salariale est un plafond absolu qui ne peut pas être dépassé, même pas si lâindex-santé dépasse la norme salariale. Dans des accords saldo, le même principe sâapplique, mais sans pouvoir toucher à lâindexation. Dans De Standaard du 13 avril 2008, un exemple concret est calculé. (61) De Standaard, 28 septembre 2007, Akkoord over loonbonus
(62) De Tijd, 30 avril 2008, 13 procent meer kandidaten voor sociale verkiezingen
(63) Monthly Labour Review, janvier 2006, Union membership statistics in 24 countries
(64) Le Soir, 5 mei 2008, Les Belges et le syndicat: lâamour-haine
(65) De Tijd, 4 april 2008, Amper een op drie kan stemmen
(66) De Tijd, 11 september 2008, Liberale vakbond haalt 10 procent toch niet
(67) Trotsky explique ce phénomène dans son livre sur la révolution russe lorsquâil décrit la situation en juin 1917. Câétait au moment où les partis du gouvernement provisoire, qui avaient été portés au pouvoir lors de la révolution de février, perdaient le soutien des travailleurs et des soldats les plus actifs et conscients à lâavantage des bolcheviks, du moins dans les grandes villes. La surprise était donc grande, surtout chez elle-même, lorsque le plus grand parti gouvernementale, les SRs, gagnaient les élections avec plus de 60%. Trotsky dit là-dessus que la révolution de février avait provoqué beaucoup de poussière et avait fait un impact sur, avec quelques mois de retards, beaucoup de valets de maisons et dâécuries. Ceux-ci adhéraient logiquement chez ceux que la révolution de février aveint mis au pouvoir, c’est-à-dire les sociaux-révolutionnaires. Ils nâétaient pas encore conscients du frein que ce parti représentait, ceci ne serait compris généralement quâaprès le coup échoué du général Kornilov en août 1917. Trotsky remarquait que les révolutionnaires doivent baser leur politique sur les couches les plus actives et conscientes parce que celles-ci reflètent le mieux les conditions réelles et ne doivent donc pas se baser sur les couches qui ne commencent à sâintéresser au changement quâavec un certain retard.
(68) De Tijd, 10 mai 2008, âActies van een minderheid voor meer loon zijn absurdâ
(69) De Standaard, 27 avril 2008, Wij zijn allen ACWâer
(70) Le Soir, 28 avril 2008, Raid surprise sur grève sauvage
(71) De Tijd, 21 avril 2007, Hoe wild is wilde stakingsactie
(72) Le Soir, 21 mai 2008, Grève: les priorités de la ministre.
(73) Le Soir, 12 août 2008, Pourquoi les bagagistes débrayent en plein coup de feu.
(74) De Tijd, 16 août 2008, De cruciale rol van bagagesjouwers
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Pas de norme salariale pour les topmanagers
Les négociations entre les syndicats et les organisations patronales sur un nouvel accord interprofessionnel vont bientôt commencer. De tous côtés, on sâéchauffe déjà, et chacun y va de ses chiffres et de ses analyses pour renforcer ses positions. Les organisations patronales disent que, vu la crise économique et la forte inflation, il nây a pas dâespace pour des augmentations salariales et elles plaidaient pour lâabolition du système dâindexation automatique.
Mais il faut bien constater que les salaires de ceux qui plaident pour une politique de modération salariale sont ceux⊠qui montent le plus. Lâhebdomadaire Trends vient de révéler que les salaires des topmanagers des entreprises reprises dans le Bel-20 ont augmenté en moyenne de 15% en un an. Dans les entreprises plus petites, lâaugmentation des salaires des managers est plus limitée mais elle reste toujours nettement supérieure à celle quâont pu enregistrer ouvriers, employé et fonctionnaires !
Plusieurs politiciens ont réagi ces derniers mois en sâindignant des hauts salaires des topmanagers. Mais, dans la réalité, rien nâa été fait pour arrêter lâenrichissement de cette petite élite privilégiée. Karel De Gucht (VLD) a déclaré que les hauts salaires des managers donnaient du « blé à moudre au moulin des populistes » qui essaient de miner la confiance dans notre système économique. Mais il nâa évidemment pas été plus loin quâun appel « moral » aux managers à se restreindre un peu⊠Les politiciens ne savent même pas limiter les salaires des managers dans les entreprises où lâEtat est actionnaire majoritaire comme à La Poste et à Belgacom.
Il nây a pas que chez nous que les salaires des topmanagers font problème : câest un débat à lâéchelle européenne. Le Commissaire européen Joaquim Almunia a déclaré après une réunion avec les ministres des Finances que « câest une situation intenable de demander une norme salariale à la population alors que les topmanagers sâoffrent des salaires excessifs ». Câest en Allemagne que la discussion est la plus animée. Ce nâest pas un hasard puisque câest ici que les attaques les plus dures ont été lancées des dernières années contre les revenus de la population. Allez justifier après cela que le salaire du patron de Mercedes ait augmenté de 45% lâan dernier pendant que le revenu net de la population ordinaire diminuait…
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Pouvoir dâachat. Construire un rapport de forces favorable pour un automne chaud !
La semaine dâactions et de manifestations provinciales pour le pouvoir dâachat organisée par les syndicats du 9 au 13 juin est une bonne initiative. Ce nâest quâun premier pas, qui devrait être suivi par une manifestation nationale à lâautomne. Mais pour assurer quâune telle mobilisation soit un succès, il faut un programme clair et lâimplication active de larges couches de travailleurs.
Le néolibéralisme en crise de légitimité
Personne ne nie plus la hausse des prix de ces derniers mois. Pour lâannée 2008, les banques estiment que lâinflation – la montée des prix – sera de 3,6% (ING) à 3,8% (KBC).
Pour que les salaires suivent, une norme salariale supérieure à 5% pour deux ans sera nécessaire, sans quoi les travailleurs, les chômeurs et les pensionnés connaîtront un appauvrissement collectif encore plus grave. Une part grandissante du budget des ménages file vers lâénergie et la nourriture. Des économistes bourgeois affirment quâon va devoir âaccepter que notre niveau de bien-être diminueâ (selon un économiste dâABN-Amro).
Au cours des dernières années, les politiciens traditionnels ont affirmé que la lutte contre la pauvreté était importante et quâelle ne pourrait se mener que par le biais du marché âlibreâ. Verhofstadt a par exemple écrit dans une lettre aux antimondialistes que âle marché et le libre échange constituent la meilleure méthode, la seule méthode avérée, pour triompher de la pauvreté.â
Pourtant, câest au marché soi-disant âlibreâ que lâon doit aujourdâhui la hausse des prix de lâalimentation, parce que les grandes entreprises et les spéculateurs voient dans ce secteur une opportunité de réaliser de juteux profits. De même, la libéralisation du marché de lâénergie a conduit à des prix plus élevés, ce qui nâempêche pas la multinationale Suez de balayer toute critique en affirmant que sa filiale Electrabel a recours à des prix conformes au marché !
Libéralisations et privatisations mènent à moins de services quâon paie plus cher, avec la conséquence quâune bonne partie de la population ne peut plus sâen sortir.
Mais le néolibéralisme nâest pas néfaste pour tout le monde. Les managers de haut vol qui réalisent chaque année de nouveaux records salariaux nâont évidemment pas à se plaindre. Aux Pays-Bas, les 5 plus grands top managers reçoivent un salaire cumulé de 131,8 millions dâeuros, à peu près le salaire annuel de 4.000 travailleurs normaux.
Dans notre pays, le salaire moyen dâun topmanager dâune société reprise au Bel 20 est de 2,22 millions dâeuros. Nul doute que les chiffres néerlandais seront utilisés chez nous comme argument pour augmenter encore les salaires de nos topmanagers⊠pendant que les salaires chinois seront utilisés comme argument pour bloquer nos salaires !
En mars 2007, le libéral Karel De Gucht reconnaissait déjà que les actionnaires et les top managers étaient les âgrands gagnantsâ de la mondialisation. Il disait aussi : âIl y a 20 ans, le paquet total de rémunération dâun top manager américain était à peu près 40 fois le salaire dâun employé normal. Aujourdâhui il est monté jusquâà 110 fois. Chez nous, en Europe, le fossé est beaucoup plus petit, mais il a fortement augmenté ici aussi ces 15 dernières années.â Il appelle même les top managers à la modération âpour ne pas faire le jeu des tendances populistes (âŠ) On ne peut jamais perdre de vue que lâéconomie de marché puise sa légitimité morale et politique dans la supposition que les revenus correspondent grosso modo à la contribution faite à lâéconomie. Cette légitimité doit être préservée.â Aujourdâhui, cette légitimité du néolibéralisme est de plus en plus contestée.
Plus de pouvoir dâachat par plus de salaire
Contre la vie chère, il faut plus de salaire. On a trouvé de lâargent pour faire de – très gros – cadeaux au patronat, comme la déduction des intérêts notionnels. Pour les travailleurs par contre, le moindre centime est un problème et lâindexation des salaires ne suffit pas à compenser la hausse des prix. Lâindex est en fait déjà tellement miné que le pouvoir dâachat réel baisse. Mais en plus du rétablissement de lâindex, il nous faudra lutter pour une véritable augmentation salariale. 1 euro de plus par heure serait un bon point de départ.
Cela peut être financé par des mesures comme un impôt sur les grandes fortunes (par exemple au-dessus de 1 million dâeuros) et la suppression de mesures comme la déduction des intérêts notionnels.
Nous devons bien prendre garde à ne pas perdre dâun côté ce quâon nous a donné de lâautre en payant nous-mêmes nos augmentations salariales. Les réductions de taxes sur le travail peuvent sembler sympathiques mais, en diminuant les rentrées pour lâEtat, elles aboutissent à une diminution de moyens pour la collectivité, ce qui conduit au final à devoir payer pour des services offerts auparavant par lâEtat. La libéralisation du marché de lâénergie constitue un avertissement suffisant : quand la collectivité nâa plus aucun contrôle sur un secteur, on paie plus cher alors que ce secteur génère des profits record.
La seule réponse correcte est la nationalisation du secteur de lâénergie sous le contrôle des travailleurs et des consommateurs pour que les besoins de la majorité de la population deviennent centraux à la place des profits.
Construire un mouvement
La crise économique touche déjà les travailleurs et leurs familles de plein fouet. En Espagne, 250.000 emplois dans le secteur de lâimmobilier risquent de disparaître. Aux Etats-Unis, il devrait y avoir cette année 17% dâopérations oculaires en moins, la faible sécurité sociale américaine renforçant lâimpact de la récession économique. Le pourcentage de leur revenu que les Américains doivent consacrer à la nourriture et à lâénergie est au plus haut niveau depuis que ces données sont collectées.
Les prix qui montent, le pouvoir dâachat qui baisse, cela touche tout le monde. Pour que les actions prévues soient une réussite, il est crucial de ne pas se limiter à de simples concentrations de permanents et de délégués mais dâimpliquer activement des couches les plus larges possibles dans des manifestations et des arrêts de travail afin de construire un meilleur rapport de forces.
Un bon pas dans cette direction serait aussi de ne pas faire les évaluations des journées dâactions provinciales des syndicats lors dâune conférence de presse le 13 juin, mais dans des réunions intersectorielles de militants (et pourquoi pas dans des assemblées communes FGTB-CSC) où on pourrait en même temps discuter de la continuation de la campagne vers une journée dâaction nationale après les vacances.
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Pour couvrir les frais réels des études : Un salaire étudiant !
Le lancement de la campagne « Respacte » pour une baisse des coûts directs et indirects des études dans lâenseignement supérieur, à lâinitiative de la Fédération des étudiants francophones (FEF) et de son équivalent néerlandophone (VVS) a reçu un large écho dans la presse. A cette occasion, la revendication dâun salaire étudiant a été abordée dans un article du journal « Le Soir ».
Boris Mallarme
Etudiants de Gauche Actif – lâorganisation étudiante du MAS/LSP – veut contribuer à la discussion au sein de Respacte et à lâélaboration du cahier de revendication que la campagne mettra en avant à lâoccasion des élections de 2009. Nous pensons que cette campagne est une bonne occasion pour remettre à lâordre du jour la revendication dâun salaire étudiant qui était auparavant portée par les organisations jeunes des syndicats.
Lâenquête de la FEF effectuée auprès de plus de 3.000 étudiants francophones révèle que lâensemble des frais liés aux études (minerval, matériel, logement, transports, alimentation, soins de santé,âŠ) sâélève à des montants variant entre 10.000 et 12.000 euros pour ceux qui ont un kot et entre 7.000 et 9.000 euros pour ceux qui vivent chez leurs parents. Beaucoup de jeunes restent chez leurs parents le temps de leurs études non pas par choix, mais parce que payer un loyer à côté des autres frais est impossible.
Lâaugmentation incessante des frais des études ces 20 dernières années a été accompagnée par une réduction de lâaccès aux bourses dâétudes. En Flandre, le nombre de boursiers a chuté de 25% à 15% des étudiants de 1989 à 2004 car les seuils de revenus pour avoir droit à une bourse dâétude nâont pas suivi lâindex. De plus, le montant des bourses est trop restreint et ne couvre au maximum quâun cinquième de lâensemble les frais !
Un étudiant boursier doit encore travailler à mi-temps pendant toute lâannée à côté des cours pour sâen sortir. Un travailleur arrive difficilement à épargner suffisamment pour envoyer plusieurs de ses enfants à lâuniversité.
Lâaugmentation croissante du coût des études pousse plus en plus dâétudiants à accepter des boulots précaires et mal payés. Des milliers de filles sont même poussées vers des solutions extrêmes comme la prostitution. Selon Randstad, en 2006, 84% des étudiants ont effectué un travail rémunéré dont un cinquième au noir. Toujours selon cette agence dâintérim, ces deux dernières années, le nombre dâétudiants qui travaillent pendant lâannée en plus dâun job dâété a doublé et la moitié dâentre eux travaillent lâéquivalent de plus dâun mois à temps-plein en dehors des vacances dâété. Comme ce temps doit normalement être consacré aux études, il nâest pas étonnant quâil y ait de plus en plus dâéchecs et dâabandons.
Dans certains secteurs, les travailleurs intérimaires – toujours plus nombreux au détriment dâemplois stables – doivent souvent chômer pendant lâété et de plus en plus durant lâannée car les entreprises utilisent à leur place des étudiants, encore meilleurs marchés. Il sâagit dâune pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail de lâensemble des salariés.
Lâenseignement finlandais est souvent cité en exemple, et il est vrai que ce système est moins antisocial. Le financement public y est supérieur, le minerval nâexiste pas et le système dâaide est plus étendu. Un peu plus de la moitié des étudiants accèdent à une aide dâun montant maximum de 259 euros par mois pendant 55 mois et il existe aussi une aide au logement de 27 euros à 250 euros par mois (chiffres de 2005). Mais le fait que 65% des étudiants finlandais travaillent montre que câest encore insuffisant. Dâailleurs, 40% de ceux qui accèdent à cette aide contractent un emprunt étudiant de 300 euros par mois quâils mettent dix ans en moyenne à rembourser après leurs études. Le système finlandais est intéressant pour illustrer les améliorations que peut apporter un meilleur financement public mais cela nâoffre ni de solution quant à lâaccès à lâenseignement supérieur pour les jeunes issus de la classe des travailleurs ni de bonnes conditions dâétude pour réussir et sâépanouir.
Obtenir une indépendance financière complète des jeunes par lâintroduction dâun salaire étudiant permet de garantir que chacun puisse non seulement accéder aux études mais aussi avoir pleinement la liberté de choisir quel type dâétude entreprendre. Un jeune dont la famille a dû faire des sacrifices importants pour quâil accède aux études est souvent bien plus confronté à la pression de faire des études qui permettent de mieux gagner sa vie au détriment de celles qui lâintéressent peut être plus.
Ce salaire étudiant, il faut le financer en prenant lâargent là où il est, chez les capitalistes. Les entreprises du Bel-20 ont fait 21 milliards dâeuros de bénéfices après impôts en 2007. Et les impôts des entreprises représentent aujourdâhui moins de 12% des recettes fiscales de lâEtat en BelgiqueâŠ
Mais ce sont pourtant ceux qui produisent les richesses, les travailleurs, qui nâont pas les moyens dâoffrir des études supérieures à leurs enfants.
Liens :
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Non-marchand. Il faut de lâaction maintenant !
Accord fédéral 2005-2010 insuffisant :
Lors du vote de lâaccord fédéral actuel en 2005, beaucoup doutaient que celui-ci puisse être suffisant pour remplir les besoins immédiats du secteur. Cela fut illustré, surtout à la FGTB, par le résultat du vote: la plus grande section du SETCa Bruxelles-Hal-Vilvorde avait rejeté lâaccord à 90%. Finalement, tant la SETCa que la Centrale Générale ont accepté lâaccord à respectivement 68% et 73%. Il y avait également du doute au sein de la LBC et de la CNE, mais pour lâune ou lâautre raison cela ne sâest pas traduit dans le résultat du vote. Finalement, le sentiment dâavoir obtenu le maximum possible a été décisif. Beaucoup a certes été arraché, mais cela ne diminue en rien le fait que seulement 14% des revendications ont étés reprises dans cet accord.
Aujourdâhui, en 2008, nous avons atteint la phase dâalarme âROUGEâ sur le lieu de travail. Entretemps, nous sommes liés pour encore 2 ans à un accord insuffisant qui ne sera appliqué complètement qu’en 2015.
Le manque aigu et chronique de personnel est plutôt la règle que lâexception, et ce alors que la charge de travail sâaccroît systématiquement (entre autres à cause du vieillissement et de l’augmentation des tâches administratives). Les heures supplémentaires atteignent des chiffres astronomiques (par milliers par hôpital), et la récupération reste lettre morte (sans parler du paiement); et nous pourrions continuer la liste encore longtemps…
Comme la LBC le dit correctement dans son tract, il faut dâurgence plus de mains dans notre secteur. Déjà plus de 2.000 soignants ont obtenu le diplôme dâinfirmier via un projet spécial de formation. Malgré le fait quâil y ait des centaines de candidats pour lâannée scolaire suivante, le projet nâest plus prolongé, âil nây a pas dâargentâ.
PAS DâARGENT ?
Pas dâargent, alors que les baisses de charges aux patrons atteignent des milliards dâeuros par an. Il suffit de citer lâintérêt notionnel ⊠du profit pur qui disparaît dans les poches des grands actionnaires. Toute une série dâentreprises du Bel 20 ne paient pas un centime dâimpôts. Il y a bien de lâargent, mais le gouvernement préfère jouer les Robin des Bois à l’envers : voler les poches des travailleurs pour donner aux riches.
POUVOIR DâACHAT: DANS NOTRE SECTEUR AUSSI, TRES PROBLEMATIQUE!
DU POUVOIR DâACHAT PAR DES AUGMENTATIONS SALARIALES !
Pendant que notre secteur se trouve en queue de peloton en terme de conditions salariales (malgré les conditions de travail hyper flexibles) nous sommes liés à un plan quinquennal. Dâautres secteurs peuvent corriger la situation tous les deux ans via un Accord Interprofessionnel (AIP). Les âcacahuètesâ que nous avons obtenu dans lâaccord actuel ne suffissent pas à compenser la montée du coût de la vie, sans même compter le retard salarial par rapport à dâautres secteurs.
Ces 6 derniers mois, les prix des produits de base ont augmenté en moyenne de 13%, selon une enquête réalisée dans les grandes surfaces de Delhaize, Colruyt et Carrefour par le journal télévisé de la VRT (19 avril 2008)
Selon une étude récente de la FGTB, 20% des travailleurs actifs font partie de la catégorie des âtravailleurs pauvresâ. Ces gens ne sont plus capables de se payer des concerts ou une soirée au cinéma, ils ne peuvent pas sâacheter une maison ou voyager. 35% de ceux qui ont répondu à lâenquête disent avoir des difficultés pour payer les études de leurs enfants, 37% affirment ne pas pouvoir épargner. Le phénomène de âworking poorâ se développe principalement dans le secteur public et ⊠dans le non-marchand.
Les âcacahuètesâ dans lâaccord actuel se résument à la prime âdâattractionâ et à lâaugmentation de la prime de nuit et de celle du dimanche et des jours fériés de 50 à 56 %. Pas vraiment spectaculaire. Les primes ne sont pas reprises dans le calcul de la pension, et sont plus faciles à retirer. La seule solution pour le pouvoir dâachat, câest une augmentation considérable des barèmes. Un 13ème mois complet et une augmentation des primes pour les prestations irrégulières restent à lâordre du jour.
DES ACCORDS DE CINQ ANS NE FONCTIONNENT PAS DANS LA VIE REELLE
Vu lâévolution dans notre secteur, il est nécessaire de suivre le tout avec une vision à plus long terme. Il ne sâagit pas seulement des conditions de travail, mais aussi de lâétat général des soins de santé dans le pays. De mauvaises conditions de travail laissent la voie à une commercialisation accrue et le développement de soins de santé à plusieurs vitesses. Les travailleurs en sont doublement victimes : en tant que travailleurs et en tant que patients.
Lâaccord interprofessionnel biannuel ne sâapplique pas au non-marchand SAUF si câest pour nous serrer la ceinture, ou pour une détérioration des conditions de travail, comme le crédit-temps lors du pacte de solidarité entre les générations. Le non-marchand ne participe quâaux désavantages de lâAIP, à quand les avantages? Peut-être que des accords bi-annuels c’est un peu trop, mais une âévaluation partielleâ devrait être possible.
LA COLERE BLANCHE A REINVENTER: POUR UN FRONT COMMUN SYNDICAL HONNETE ET CONSTRUCTIF
Il est nécessaire que les directions nationales des syndicats, ensemble avec les militants de base, tirent des leçons de la colère blanche précédente, tant sur le plan des revendications, que sur le plan des méthodes dâaction (organisation et planification) et des résultats obtenus. Les conclusions devraient alors aboutir, via une discussion aussi large que possible en front commun syndical, et un plan dâaction détaillé pour la prochaine colère blanche.
Dès le début de la Colère Blanche un ultimatum clair et concret pourrait être posé au gouvernement. Et ceci accompagné dâun plan dâaction, qui construit petit à petit les actions et mène à un point culminant avec un maximum dâimpact (coordonné tant sur le plan national que sur le plan provincial et local). Si on passe à lâaction, il faut que les gens aient une perspective claire. La fin relativement chaotique du mouvement précédent avec âla grève au finishâ nâavait pas eu un effet favorable (cela ressemblait plus à lâétouffement de la grève)
LES LEÇONS DE LA COLERE BLANCHE EN FINLANDE EN 2007
RESULTAT: UNE AUGMENTATION SALARIALE DE 22 A 28 %, ETALEE SUR 4 ANNEES !
Lâannée passée, les soignants finlandais, avec leur syndicat TEHY, ont obtenu une victoire spectaculaire par leur positionnement ferme. La raison du mouvement était la baisse du pouvoir dâachat et la fuite massive dâinfirmiers vers les autres pays scandinaves, où les salaires et les conditions de travail sont nettement meilleures.
Tout un plan de campagne avait été élaboré et une piste tout à fait inorthodoxe a été suivie: la menace de démission collective en masse ⊠par les travailleurs. Dâans un premier temps, des grèves traditionnelles, des manifestations et des arrêts de travail se sont tenus afin de préparer lâultimatum. Les démissions en masse devaient se faire en plusieurs vagues, et les militants syndicaux auraient eu droit à une indemnité de grève tant quâil nây aurait pas eu une solution avec réembauche de tout le monde.
Mais ça nâa pas été jusque-là. Malgré le vote dâune loi dâurgence au parlement lors du weekend précédant la fin de lâultimatum, le gouvernement et les employeurs nâont pas osé aller à la confrontation avec le syndicat des infirmiers (TEHY). La loi dâurgence aurait rendu possible la réquisition des travailleurs, même après leur démission. Mais il était clair quâune partie importante des infirmiers nâauraient pas accepter les réquisitions : soudainement beaucoup dâentre eux avaient complètement disparu âŠ
Malgré la forme drastique dâaction, qui menaçait de mettre à lâarrêt les soins de santé dans leur totalité, les acteurs avait un soutien large dans lâopinion publique. Le gouvernement avait pourtant déjà organisé des ponts aériens vers d’autres hôpitaux en Europe pour gérer les cas les plus graves âŠ
LEÇONS POUR LA BELGIQUE ?
Lâimpact des actions de grèves dans notre secteur est, comme en Finlande, plutôt limité, à cause des réquisitions massives, qui dans beaucoup de cas ont lâeffet pervers que durant les grèves, il y a plus de personnel présent que d’habitude vu le contrôle supplémentaire.
Des manifestations sont utiles pour annoncer nos revendications à un large public et pour mobiliser afin dâimpliquer un maximum de collègues dans lâaction. Comme moyen de pression sur le gouvernement et les employeurs, câest beaucoup moins utile: à Bruxelles il y a quotidiennement diverses manifestations…
Il y a lieu de réfléchir sur ce quâest un âvrai ultimatumâ. Le bas taux de syndicalisation dans le non-marchand belge est plutôt un obstacle pour initier des actions collectives dures et rapides … il faudra en tenir compte. Un autre élément perdra toujours plus de sa valeur : l’idée de soi-disant âintérêts communsâ entre les travailleurs et les employeurs (lesquels veulent le plus de subsides possibles afin de pouvoir en mettre davantage dans leurs poches). La compétition croissante entre hôpitaux, entre autres par la commercialisation rampante, se fera sentir de plus en plus sur le lieu de travail par une politique de plus en plus répressive envers le personnel. Dans les maisons de retraites commerciales, nous en avons déjà un avant-goût !
MALAISE DANS LES HOPITAUX PRIVES A BRUXELLESâŠ
Selon différents directeurs dâhôpitaux, durant les 5 années à venir, entre 1.000 et 2.000 lits se perdront à Bruxelles.
En-dehors de la question quâil y ait oui ou non une surcapacité de lits à Bruxelles, ce détricotage se fera sur le dos des travailleurs et des patients. A cause d’une mauvaise gestion, beaucoup dâhôpitaux ont accumulé des dettes énormes, mais cela nâinquiètera pas les directions. Ce ne sont pas elles qui devront chômer ou attendre qu’un lit se libère lorsquâelles seront malades! Les hôpitaux privés, qui nâont rien à craindre ces prochaines années et semblent donc en bonne santé financière, se comptent sur les doigts dâune main.
Les premiers dominos sont déjà tombés avec le licenciement collectif à St. Etienne ainsi qu’à lâhôpital Français qui est, depuis le 7 avril, dans la première phase de la loi Renault. A Erasme, on sâattend à une restructuration considérable à partir de juin. A St-Luc on a accumulé une dette sérieuse. Les âtendances pharaonâ (ç.-à-d.: toutes sortes de projets de construction) de la part des directions nây sont pas étrangères. On veut augmenter encore plus la flexibilité du personnel, mais on lâappelle différemment : ârentabiliserâ.
Vu lâimpact social de cette évolution en terme dâemplois et de services à la population, nous ne pouvons pas laisser traîner les choses en longueur.
Au lieu de sâattaquer à la vague de restructurations hôpital par hôpital, il nous faut une initiative syndicale unie au niveau de Bruxelles⊠afin de réveiller les responsables politiques et de leur mettre devant leurs responsabilités. Il y a beaucoup trop peu de contrôle de la part des autorités sur la manière dont les directions hospitalières utilisent les moyens de la communauté.
Comme dans le tract de la LBC pour le 30 avril:
âMAIS QUI LE RESOUDRA ?âEvidemment notre secteur ne se trouve pas sur une île; par conséquent, la politique néolibérale laisse des traces dans les soins de santé.
Il faut constater quâaucun parti représenté dans le parlement ne défend de façon consistante les intérêts des travailleurs.
Des braillards populistes tel un Dedecker se rendent sympas par leur discours anti-establishment, mais parallèlement, leur programme économique est un rêve pour tout patron: engraisser les actionnaires sur le dos des travailleurs.
Lors de la discussion sur le Pacte de solidarité entre les Générations il nây avait aucun parti traditionnel pour défendre les travailleurs et leurs syndicats; au contraire: la plupart étaient dâavis que les assainissements du pacte nâallaient pas assez loin.
La lutte syndicale a besoin dâun prolongement politique, mais celle-ci nâexiste pas dans le parlement actuel. La seule alternative, câest la construction dâun nouveau parti large et démocratique des travailleurs, mais il s’agit d’un processus complexe et de longue haleine: cela ne tombera pas soudainement du ciel! Tant que des parties importantes de la FGTB et de la CSC ne cassent pas leurs liens exclusifs respectifs avec le PS et le CDh-CD&V, une percée pour un parti viable et démocratique des travailleurs ne sera pas possible.
Après les actions contre le Pacte de Solidarité entre les Générations, de nouveaux mouvements politiques, dont le CAP, se sont créés. Le âComité pour une Autre Politiqueâ, né à lâinitiative de vétérans du mouvement ouvrier (dont Jef Sleeckx et Georges Debunne) était le plus clair en terme de mise à lâordre du jour de la nécessité dâune voix politique indépendante pour le mouvement ouvrier et les travailleurs en général. Ce nâest malheureusement resté quâune tentative honorable⊠Beaucoup de gens dans le mouvement des travailleurs organisés ont suivi à distance ce développement, mais nây ont pas participé activement.
Ce nâest que par la lutte sociale massive que cette question sera soulevée de nouveau. Entretemps nous devons construire des réseaux (inter)sectoriels de syndicalistes combatifs et critiques. Câest le défi quâHypertension sâest posé dans le non-marchand.
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Et le marché du travail, vous le voulez en français ou en néerlandais?
Et voilà, encore un édito sur le communautaire. Mais bon, lâagenda politique ne se fait pas selon notre volonté. Pour ce sujet, comme pour tant dâautres, nous dépendons de ce que proclament à grands cris les partis traditionnels.
Stéphane Delcros
Le grand sujet du jour, câest lâemploi; ça, personne ne peut le nier. Les partis traditionnels flamands ne jurent que par la régionalisation du marché du travail. Selon Yves Leterme (CD&V), ceux qui sây opposent sont un danger pour le pays. Leterme «veut aider les chômeurs wallons». Comment? En adaptant le budget des allocations de chômage en fonction du taux dâemploi dans la région. Autrement dit, il suffit de botter le derrière des chômeurs, de les enfoncer dans la misère et vous verrez comme ils trouveront vite du boulot ! Au nom du gouffre existant entre les réalités dâemploi au Nord et au Sud du pays, Johan Vande Lanotte (SP.A) veut lui aussi régionaliser cette matière. Mais en quoi cette régionalisation permettrait une meilleure politique dâemploi, ça, personne ne le dit.
Elio Di Rupo, ainsi que la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB), y sont par contre opposés. Dâailleurs, du côté wallon, on se targue de prendre le taureau par les cornes : en 2006, 7.000 chômeurs wallons ont été suspendus, c’est-à-dire plus quâen Flandre et à Bruxelles confondus! Quâon ne vienne pas dire que les partis francophones ne serrent pas la vis!
Finalement, si les formes diffèrent un peu (voire très peu), tous sont dâaccord sur le fond : câest aux travailleurs de souffrir, quâils aient ou non un emploi.
A titre dâexemple, Joëlle Milquet (CDH), opposée à une nouvelle révision de la constitution, est favorable à une nouvelle diminution de lâimposition des entreprises (fixé actuellement à 33% seulement) ainsi quâà lâamplification du «plan dâaccompagnement» des chômeurs. Avec elle, lâhumanisme se colore visiblement dâattaques sociales.
Les différences entre la Wallonie et la Flandre (et Bruxelles) existent certainement, mais si on regarde à lâintérieur des régions, on rencontre également de grosses inégalités. Pour une offre dâemploi, à Liège, il y a 43 demandes, tandis quâà La Louvière, il y en a 130. A la lumière de ces données, difficile de croire que câest en bottant le cul des chômeurs quâils trouveront un emploi qui nâexiste pas.
Les syndicats sont également opposés à la régionalisation du marché du travail, mais les directions ne mettent en avant aucune véritable solution pour lâemploi.
A la régionalisation du marché du travail, nous opposons la réduction du temps de travail, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires ! Lâargent ? Il faut aller le chercher là où il est. En 2006, les sociétés du BEL 20 ont réalisé dâénormes bénéfices : plus de 27 milliards dâeuros, doublant presque leurs résultats en deux ans.
Les dividendes sont également en hausse : plus de 8 milliards dâeuros. Quasi toutes ces entreprises ont augmenté la rémunération de leurs actionnaires de plus de 10% par rapport à 2005.
Qui a dit quâil nây avait pas dâargent?
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Négociations salariales. Recul ou progrès ?
Le 13 novembre, les partenaires sociaux ont commencé les négociations pour fixer la ânorme salarialeâ des deux prochaines années, câest à dire lâaugmentation maximale de nos salaires. Sera-ce un pas en avant, oui ou non?
Geert Cool
Les managers américains…
Aux Etats-Unis, les salaires du 0,01% des travailleurs les mieux payés (qui sont en fait des managers) a connu une croissance de 617% entre 1996 et 2001, et pour le 0,1% de veinards les mieux rétribués, lâaugmentation est « seulement » de 256%.
Autre donnée intéressante, en 2005, un patron américain gagnait 10,5 millions de dollars par an, soit 369 salaires moyens dâouvrier. En 1993, il sâagissait « seulement » de lâéquivalent de 131 salaires, et en 1976, de 36!
Qui gagne, qui perd?
Les salaires des dirigeants des entreprises reprises dans lâindice boursier bege BEL-20 ont augmenté de 12% en une année seulement, de 2004 et 2005.
Mais le Conseil Central de lâEconomie (CCE) a pourtant dû avouer quâen général le pouvoir dâachat réel des Belges a reculé de 1,3% au cours de chacune des quatre dernières années, notamment parce que certains produits ont été sortis de lâindex, qui reflète donc moins la réalité. Une étude du Centre de Recherche et dâInformation des Organisations de Consommateurs (CRIOC) dit même que le déclin du pouvoir dâachat a été en fait annuellement de 3%.
Vers un accord interprofessionnel (AIP)?
LâAIP est un accord général négocié tous les deux ans entre syndicats et patronat. Il traite entre autres des salaires et des conditions de travail des deux millions dâemployés du secteur privé mais il concerne également les allocations sociales. De tels accord interprofessionnels sont conclus depuis le début des années â60. Il est toutefois frappant de constater que, depuis quâune norme salariale (un plafond dâaugmentation salariale à ne pas dépasser) a été imposée, la hausse autorisée des salaires a diminué (de 6,1% en 1997-1998 jusquâà 4,5% en 2005-2006).
Le CCE présente cette fois une norme salariale de 5,5%, supérieure à la norme salariale précédente. Pourquoi? Une raison importante est la montée de lâinflation (la hausse des prix et du coût de la vie) qui devrait être de lâordre de 3,9% selon les prévisions pour les années 2007-2008. Cette inflation doit être déduite de la norme salariale.
La Fédération des Entreprises de Belgique (lâorganisation du patronat) affirme de son côté quâil faudrait plutôt établir une norme salariale de 4,4%, les salaires belges ayant augmenté de 4,7%, plus rapidement donc (de 1,1%) que dans les pays voisins. Une spirale négative devrait par conséquent être entamée. Futur argument pour organiser des coupes budgétaires dans les pays voisins ?
En fait, les salaires français et néerlandais ont connu une augmentation supérieure aux belges et ce sont surtout les salaires allemands qui augmentent moins vite que lâindice, ce qui traduit un véritable déclin concret pour les travailleurs et leurs familles de ce pays. Cela nâest pas une surprise quand on se rappelle les 250.000 manifestants qui ont défilé fin octobre contre la politique gouvernementale de la chancelière allemande Merkel. Le gouvernement de celle-ci veut même faire grimper lââge de la retraite à 67 ans. Et câest ce genre de politique qui nous attend si aucune résistance ne bloque les désirs du patronat.
Comment les futures attaques seront-elles organisées?
Les déclarations des cercles patronaux nâont pas manqué ces dernières années pour réclamer que quelque chose soit fait à propos de lâindex. Car une adaptation automatique des salaires à lâaugmentation des prix, même partielle et faussée, dérange profondément les patrons.
Cet indice a pourtant déjà été trafiqué. Lâessence, par exemple, nâest plus prise en compte. Lâimpact des loyers est également sous-évalué : il ne compte que pour 6,2% dans le chiffrage de lâindex alors que la majorité des familles bruxelloises consacrent plus de 30% de leur budget au logement et quâen Wallonie et en Flandre, la moitié des locataires dépense plus de 20% de leurs revenus pour ce poste.
Pourtant, pour la FEB, la suppression de lâindex serait la «meilleure solution». Pour faciliter les attaques contre nos salaires, très certainement. Mais le patronat sait quâil doit se montrer prudent. Il a, lui aussi, tiré les leçons du mouvement contre le Pacte des Générations. Avant de toucher à lâindex, le patronat préfère lancer des attaques indirectes qui susciteront moins de remous.
Les accords âall-inâ
La solution selon le patronat? Des accords par secteurs qui seraient autant de digues contre lâaugmentation de lâindex. Actuellement, 516.000 travailleurs (un cinquième du total) sont déjà sous une réglementation « all-in » ou des variantes de ceux-ci, comme les accords-solde.
En voici quelques possibilités:
– Supprimer une partie de lâaugmentation salariale accordée quand lâindex augmente « trop », comme cela existe déjà dans le secteur du métal.
– Fixer un maximum général dâaugmentation comprenant lâindexation, ce qui signifie que lâindexation est neutralisée si une augmentation trop forte se produit. Un tel type dâaccord a été appliqué en octobre 2006 dans le secteur de la construction.
– Arriver à un accord qui dit que les fortes augmentations seront réglées plus tard, dans des accords sectoriels.Quel est le problème avec nos salaires ?
Si nous examinons les bénéfices des entreprises, on ne croirait pas quâil y a tant de problèmes. Durant les seuls 9 premiers mois de 2006, Fortis a réalisé autant de bénéfices quâen 2005, soit 3,6 milliards dâeuros. Un cas isolé ? Certainement pas ! Ces 5 dernières années, les bénéfices des entreprises côtées en Bourse ont augmenté de 41%…
De plus, la productivité des travailleurs belges augmente plus rapidement que leurs salaires. Pour la période 2003-2004, la productivité dâun travailleur en Belgique a augmenté de 3,1% et les coûts salariaux par unité produite de 1,4%. On produit davantage, mais si câest invisible sur nos fiches de paie, cela se voit dans les bénéfices supplémentaires que le patronat accapare.
Une autre façon dâaugmenter les bénéfices est de réduire les contributions «patronales» à la sécurité sociale (en réalité, la part indirecte de nos salaires). Chaque année, la hotte de Saint-Nicolas pour les patrons se remplit un peu plus:
- 2000 : 2.964.200.000 âŹ
- 2001 : 3.487.200.000 âŹ
- 2002 : 3.579.200.000 âŹ
- 2003 : 3.749.800.000 âŹ
- 2004 : 4.604.300.000 âŹ
- 2005 : 5.279.600.000 âŹ
- 2006 : 5.415.100.000 âŹ
Quel réponse syndicale?
La position des sommets syndicaux semble très modérée et fait suite à la convention conclue avec le patronat en septembre, par laquelle les allocations ont été faiblement augmentées en contrepartie de nouvelles baisses de charges (entre autres sur les heures supplémentaires et le travail en équipes). A cette occasion, on sâest aussi pu se rendre compte que les directions syndicales avaient accepté lâidée patronale selon laquelle nos salaires ne peuvent augmenter trop fortement par rapport aux pays voisins. Aucune réaction nâest venue de leur part face aux déclarations des patrons.
La base syndicale suivera-t-elle ses sommets ? Le mouvement contre le Pacte des Générations a démontré que la base ne suit pas nécessairement sa direction et ose parfois même sây opposer : 58.000 membres de la CSC ont ainsi participé à la grève du 7 octobre 2005 alors que leur direction avait dépensé 140.000 euros pour la campagne «10 raisons pour ne pas faire grève ».
Face aux propositions et exigences patronales, il faut construire un mouvement unifié et puissant, ce qui ne saurait être le cas en faisant systématiquement des concessions au patronat. Construisons un rapport de forces ! La base syndicale doit être informée et organisée pour plus tard pouvoir passer aux mobilisations. Un programme répondant aux préoccupations des travailleurs et de leurs familles renforcerait ce processus.
- Non à la spirale négative de nos salaires ! Face à la concurrence pour la plus grande baisse du pouvoir dâachat en Europe, nous mettons en avant la nécessité dâune lutte commune pour augmenter réellement nos salaires
- Non aux attaques contre lâindex ! Pour un rétablissement complet de lâindex, un index qui corresponde à la réalité
- Non aux attaques indirectes contre lâindex (accords all-in et autre)!
- Pour une augmentation des salaires et des allocations sociales !
- Pour un rythme de travail viable : non à lâaugmentation de la flexibilité !
- Pour une redistribution du travail au lieu du chômage ! Diminution du temps de travail, 32 heures de travail par semaine avec embauche compensatoire et sans perte de salaire !
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Négociations salariales: les patrons réalisent des profits records, mais en veulent toujours plus
Réponse à un courrier des lecteurs de la FEB
Le 6 octobre, notre rédaction a eu lâhonneur de recevoir un courrier dâun lecteur inhabituel. Le service dâinformation de la FEB (Fédération des Entreprises Belges) nous a demandé dâattirer lâattention de nos lecteurs sur une rectification. Il y aurait eu, selon lui, une « erreur » dans un article de notre site. Nous y avions parlé de « lâavarice » de la FEB et des topmanagers, en nous référant entre autre à lâaugmentation des salaires des membres de la direction des entreprises reprises dans lâindice boursier belge, le Bel-20. Si nous savions déjà que nos articles et positions avaient un certain écho, notre étonnement a cependant été grand dâapprendre que le patronat belge suivait également notre argumentation.
Peter Delsing
Topmanagers nécessiteux?
La FEB nous écrit ainsi : « Nous avons lu lâarticle ci-dessous avec intérêt. Noussignalons cependant que la supposition selon laquelle les salaires des membres de la direction des entreprises côtées au BEL-20 auraient augmenté de 12 % (cfr Trends/Tendances) est complètement fausse »
Sâagit-il alors de pauvres nécessiteux, à lâaube des négociations salariales avec les syndicats? Il semblerait que oui… « Le rédacteur de Trends/Tendance a reconnu quelques semaines après que ses calculs étaient erronés et que la véritable hausse des salaires des topmanagers nâétait que de 2 %, moins que lâinflation donc. Il nous semble opportun que vous indiquiez à vos lecteurs cette rectification. »
On pourrait donc croire en lisant ces lignes que les topmanagers, à cause de lâinflation, ne peuvent plus mettre de beurre sur leurs tartines.
A partir de novembre se dérouleront les négociations salariales entre les syndicats et le patronat qui devraient déboucher sur un nouvel Accord Interprofessionnel (AIP). Les enjeux â et la FEB le sait- ne sont pas minces. La colère de beaucoup de salariés et de militants syndicaux remontera-t-elle à la surface un an après un mouvement contre le Pacte des générations stoppé de façon anti-démocratique par les directions syndicales? Ou bien les patrons arriveront-ils encore à faire payer les salariés pour augmenter des profits déjà exorbitants, en dépit du pouvoir dâachat à la baisse et de la misère croissante
Des profits records !
Depuis le début de la politique néolibérale, faite dâaustérité et de modération salariale, un gigantesque transfert de richesses sâest produit des travailleurs vers les riches. En 1981, début de cette politique et année de crise économique, les profits des entreprises représentaient 20 milliards de francs belges. Six ans seulement plus tard, ils pesaient déjà 167 milliards, soit 8 fois plus. Dix ans après, en 1997, les profits atteignaient 1.240 milliards de francs. Pendant cette même période (de 1981 à 1997), les prix ont augmenté dâenviron 60 % sous lâeffet de lâinflation. Les 1.240 milliards de francs de 1997 représentent donc 775 milliards en francs de 1981. Les profits (inflation déduite) de 1997 sont donc 4,5 fois plus élevés quâen 1987 et… 39 fois plus élevés quâen 1981.
La FEB devrait aussi savoir que, pendant la dernière décennie (1997-2006), les patrons nâont pas vu fondre leurs profits. Tout au plus, à cause dâune croissance plus faible, le rythme dâaugmentation a-t-il ralenti. En 2003, les profits des entreprises étaient de 37 milliards dâeuros ! Inflation déduite, on arrive ainsi à lâéquivalent de 870 milliards de francs de 1981, soit plus de 43 fois le montant de 1981 !
Ces dernières années nâont pas été non plus faites de vaches maigres pour le patronat. Les 97 plus grandes entreprises qui ont clôturé leur comptabilité fin 2005 ont indiqué un profit net commun de 18 milliards dâeuros, en hausse de 31 % par rapport à 2004. En 2005, les profits des banques Dexia et KBC ont augmenté respectivement de 12 et 39%.
Celui ou celle qui a vu sa fiche de salaire augmenter pareillement peut lever la main. Les études montrent que le pouvoir dâachat des salariés du privé a baissé de 2,08 % depuis 10 ans, celui des fonctionnaires de 2,28 % et ceux des non-salariés de 2,61 à 3,25 %. Les modifications imposées à plusieurs reprises à lâindex ont engendré une baisse de notre pouvoir dâachat. Ces pourcentages sont encore probablement sous-estimés, vu que le loyer nâest pas encore totalement compris dans lâindex actuel.
Lâindex sapé engendre, depuis des années, une baisse de notre pouvoir dâachat. Ces pourcentages sont encore probablement une sous-estimation, vu que le loyer nâest pas encore totalement compris dans lâindex actuel.
Topmanager: 1,5 millions dâeuros par an. Et vous?
Le PDG dâune entreprise du Bel-20 gagne en moyenne 1,5 milions dâeuros par an. Et quand Pieter Timmermans, manager à la FEB, juge que les salaires des travailleurs ont trop augmenté, il veut en fait dire quâils nâont pas encore assez perdu de pouvoir dâachat.
Nous devons exiger une véritable hausse des salaires: les patrons et les grands actionnaires ont augmenté énormément leur part du gâteau depuis 25 ans. Leur soif de profit face à la âconcurrenceâ a entraîné la société dans une logique terrible. Plus de richesse dâune part, plus de pauvreté dâautre part. Nous devons nous opposer à une indexation qui ne porterait plus que sur les salaires nets (comme le réclame le VOKA, une organisation extrémiste du petit patronat flamand), ce qui minerait la sécurité sociale. Les directions syndicales ne doivent pas se laisser séduire par cette proposition qui aboutirait à limiter la hausse du pouvoir dâachat à la minorité des salariés aux revenus les plus bas.