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  • III. NOTRE PROGRAMME

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    "Le PSL – LSP, un parti pour changer de société"

    Préface

    I. Histoire du PSL/LSP

    II. Perspectives, tâches et objectifs

    – IV. Notre fonctionnement interne

    Cette brochure peut être commandée via redaction@socialisme.be et revient à 3 euros (que vous pouvez verser sur le n° de compte 001-2260393-78 du PSL/LSP avec la mention "brochure PSL").
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    Idéologie

    Beaucoup de gens disent qu’ils n’adhèrent à aucune idéologie particulière, il est même devenu assez «tendance» de se dire pragmatique. Depuis la chute du stalinisme, à la fin des années ’80 – début des années ’90, la classe dominante et ses collaborateurs intellectuels ont déclaré avec grand fracas que le débat idéologique avait pris fin. Seul le marché «libre» était dorénavant considéré comme étant efficace. Pour reprendre la célèbre expression du philosophe Francis Fukuyama (qui a très peu fait parlé de lui par la suite) la «fin de l’histoire» a été explicitement proclamée.

    La raison pour laquelle peu de gens parlent encore de cette prétendue «fin de l’histoire» n’est pas compliquée à trouver: les contradictions de classes n’ont fait que s’accroître durant les années 1990 et 2000 et le clivage entre riches et pauvres est aujourd’hui gigantesque. De plus en plus de travailleurs et de jeunes se retrouvent sur le côté. Cette situation conduit inévitablement à de nouveaux questionnements ainsi qu’à la recherche d’une réponse générale contre le capitalisme ; autrement dit : une autre idéologie, capable de mieux expliquer les développements sociaux que l’ancienne.

    A travers l’histoire, les classes dirigeantes ont toujours essayé de présenter leurs idées comme «naturelles», «éternelles», et «normales». La bourgeoisie n’agit pas différemment au travers de ses partis, de son enseignement, de ses médias et de ses intellectuels. Attardons nous sur quelques clichés de la vision capitaliste :

    – «La société n’est pas constituée de différentes classes économiques, mais bien d’individus indépendants.»

    Cela est totalement faux. Il existe une classe dirigeante qui dispose de la propriété privée des machines, des ressources, etc. Cette propriété privée des moyens de production entraîne inévitablement l’exploitation de la majorité de la population et une compétition mortelle, contrairement à ce que permettrait une économie démocratiquement planifiée. Il y a donc bien des groupes aux intérêts divergents et irréconciliables dans la société capitaliste. Un tel système contradictoire conduit immanquablement à des crises de surproduction.

    – «Les restructurations et les licenciements sont déplorables, mais sont un phénomène temporaire, et nécessaire à la viabilité de l’économie.»

    Tout aussi faux. Le chômage a, en Belgique, augmenté de 70.753 personnes au début des années ’70 à plus d’un demi-million de personnes qui dépendent de l’ONEM aujourd’hui. Le licenciement des travailleurs est seulement «nécessaire» afin de garantir les profits des patrons et PAS pour maintenir une économie saine. Les profits d’une petite élite priment sur tout le reste.

    – «Celui qui est sans emploi l’est uniquement par sa propre faute. C’est un problème personnel, pas social.»

    Une fois de plus, c’est un mensonge. Le chômage structurel – alors que tant de besoins ne sont pas satisfaits dans la société (garderies à bon marché, facilités de loisir, enseignement de qualité,…) – est une maladie liée à la crise de surproduction capitaliste.

    Les frais salariaux sont seulement une excuse pour des capitalistes à la mémoire courte. Dans les années ’50 et surtout ’60, un système de sécurité sociale a été construit, et les salaires réels sont montés de manière significative. Mais ce processus a pris place dans une période de forte croissance capitaliste. Depuis la politique néolibérale, au début des années ’80, nos salaires directs et indirects (pensions, allocations, etc.) ont fortement diminué en termes de pouvoir d’achat. Cela n’empêche pas les patrons de systématiquement parler du coût salarial comme d’un facteur «destructif pour l’emploi». La seule chose destructive pour l’emploi est pourtant le système capitaliste qu’ils défendent.

    – «L’idée de redistribuer les richesses est le reflet d’une jalousie vis-à-vis de ceux qui ont réussi dans la vie. La position de quelqu’un dans la société correspond à ses efforts et à ses talents.»

    Faux. La redistribution des richesses signifie de réclamer aux grands actionnaires le travail non-payé, grands actionnaires dont l’activité ne consiste d’ailleurs qu’à s’asseoir sur leurs culs de fainéants, à remplir des coupons et à les commercialiser. Etre riche aujourd’hui signifie avant tout être né dans une «bonne famille». Les efforts et les talents de la majorité des travailleurs sont constamment niés par le capitalisme. Par la routine robotique, le manque de contrôle et de démocratie, ces talents sont à peine utilisés.

    – «Le socialisme ne correspond pas à la nature humaine, car la majorité des gens est égoïste.»

    Encore une autre désinformation. Dans la nature humaine, on peut indubitablement constater des éléments d’altruisme, par exemple dans la relation des parents envers leurs enfants. Mais la lutte pour le socialisme ne se base pas sur l’idée que nous devrons faire «plus avec moins». Bien en contraire. C’est dans la lutte pour les intérêts matériels de la majorité de la population que se trouve le fondement même des mouvements de lutte à venir.

    – «La révolution, c’est un coup d’Etat chaotique réalisé par une petite minorité, comme cela a été le cas en Russie en octobre 1917.»

    C’est quelque chose que l’on entend également très souvent, mais là encore, c’est très loin de correspondre à la réalité. Les révolutions ont lieu seulement quand les masses ne veulent plus vivre de l’ancienne manière : quand les masses laborieuses arrivent sur la scène de l’histoire. Nous parlons d’une intervention consciente et organisée des masses pour prendre la gestion de la société entre leurs mains. La révolution de 1917 était portée par la majorité des travailleurs et des paysans pauvres, organisée dans des conseils (soviets) démocratiquement élus.

    – «Une économie planifiée n’est pas réaliste. Qui voudrait encore travailler?»

    Cette idée rejoint la thèse sur la nature humaine «égoïste». La satisfaction du travail pour les masses trouvera sa source dans le fait qu’elles contrôleront elles-mêmes les produits de leur travail, et ce d’une manière démocratique. Ce sera un stimulant économique et social énorme. Les conditions de vie pourraient de nouveau augmenter sur toute la planète, avec des possibilités gigantesques pour les nouvelles technologies et les sciences, tout en tenant compte de l’environnement. C’est seulement sur base d’une économie démocratiquement planifiée que l’on pourra réellement respecter l’environnement, nécessité vitale pour chacun.

    Ce sera l’intérêt commun et non le profit d’une petite élite qui sera mis en avant par des discussions dans les conseils ou comités de travailleurs. La technologie, qui actuellement conduit à plus de chômage au fur et à mesure des progrès en entraînant des crises de surproduction, pourrait sous une économie planifiée élargir le temps libre, la liberté humaine et la connaissance de ce que la planète a à nous apporter de façon considérable.

    On pourrait encore aborder beaucoup d’autres questions. Est-ce que les travailleurs d’aujourd’hui sont encore exploités, comme au 19e siècle ? La majorité d’entre nous n’est-elle pas devenue heureuse grâce au capitalisme, à l’exception de quelques problèmes provisoires et marginaux ? En fait, la machine de propagande bourgeoise tourne tellement bien que certaines finissent pas la croire, malgré des statistiques qui prouvent le contraire.

    Il en va ainsi du «Quart-Monde», que beaucoup de gens considèrent comme ayant toujours existé, et destiné à disparaître à terme. En réalité, la notion de «Quart-Monde» est née dans les années ’80 suite aux économies opérées dans les services sociaux. Depuis quelques années, même ceux qui ont un emploi ne sont plus certain d’échapper à la pauvreté.

    En fait, les idées capitalistes sont quotidiennement diffusées par des milliers de canaux tandis que la réponse socialiste à ce flot de propagande ne dispose bien évidemment que de peu de moyens. Ainsi, quand la presse bourgeoise parle des grèves, elle parle essentiellement de la nuisance de celles-ci. Pourquoi n’entend-t-on jamais dire de leur part que sans les grèves, les grèves générales et les manifestations de travailleurs, nous n’aurions jamais eu le droit de vote ou la sécurité sociale? Ce n’est pas un fait objectif peut-être? Ou est-ce simplement parce que cela déplaît à l’idéologie dominante, celle de la classe dominante et de ceux qui servent ses intérêts?

    Et d’ailleurs, est-ce qu’il existe encore des idéologies? On prétend aujourd’hui facilement qu’au 19e siècle, à l’époque de Marx, il y avait encore de grandes contradictions de classes, mais que celles-ci ont entre-temps disparu. La raison avancée pour étayer cette thèse est que la classe ouvrière de l’époque de Marx n’existe plus aujourd’hui. C’est un argument auxquelles nos oreilles auraient à force presque tendance à s’habituer, alors qu’il n’y a pas la moindre parcelle de vérité là-dedans.

    Au 19e siècle, la classe ouvrière était une petite minorité largement désorganisée. Politiquement, elle était proche du parti Libéral, et on ne parlait même pas encore d’un parti ouvrier (de tels partis sont nés seulement vers la fin du 19e siècle). Une des tâches les plus importantes de Marx a consisté à donner une idéologie propre et globale à la classe ouvrière ainsi qu’à créer des organisations ouvrières indépendantes de la bourgeoisie. Marx parlait de transformer la classe ouvrière d’une classe «en soi» (qui existe) en une classe «pour soi» (conscience de son existence en tant que classe aux intérêts communs).

    Aujourd’hui, la classe ouvrière constitue la majorité de la population. Elle est bien éduquée, organisée dans des syndicats, possède un certaine degré d’indépendance politique et, depuis le 19e siècle, elle a obtenu le droit de vote, la liberté de la presse, le droit de grève, etc. Il est normal que la bourgeoisie essaie de s’en prendre à ces droits. Les patrons font bien entendu tout pour miner et diviser cette force potentielle en scissionnant des entreprises (la scission de Bayer à Anvers en Bayer et Lanxess, par exemple) ou à l’aide de la sous-traitance.

    C’est dans ce cadre qu’il faut replacer les attaques contre le droit de grève. Les patrons veulent limiter le pouvoir potentiel des travailleurs, avant que ce pouvoir ne se manifeste de manière trop évidente. En France, Sarkozy a fait voter une loi qui oblige les grévistes, dans le secteur des transports publics, à annoncer préalablement une grève à la direction. Ils veulent ainsi pouvoir anticiper les effets de la grève et soumettre les travailleurs à l’intimidation. Les politiciens et les patrons rêvent d’élargir cet exemple à d’autres secteurs.

    En Belgique, comme en France, la discussion sur le «service minimum» est lancée. A quoi sert une grève, si des remplaçants sont sur place? Les directions syndicales nationales de la CSC et de la FGTB n’ont pourtant pas émis de forte résistance contre une telle idée. Dans certains cas, ils ont même aidé la droite dans ses réflexions sur le sujet, tant leur peur des actions spontanées et des mouvements généralisés est profonde. Comme Trotsky l’a déclaré il y a quelques décennies, si les dirigeants syndicaux ne rejettent pas le système, alors ils s’y incorporent de plus en plus.

    Les dirigeants syndicaux ne portent pas juste une «petite» part de responsabilité sur leurs épaules dans l’absence de perspectives de toute une génération et d’une jeunesse immigrée abandonnée par le capitalisme. Aujourd’hui, dans beaucoup de villes européennes, on assiste à l’émergence de ghettos auxquels aucun politicien bourgeois ne s’intéresse. L’aliénation que ceci peut amener, nous avons pu la voir à l’œuvre dans les explosions violentes des banlieues françaises en 2005. Des voitures et des entreprises ont été incendiées. Des attaques ont été commises contre des bus dans lesquels se trouvaient des travailleurs ordinaires victimes de la politique néolibérale au même titre que les jeunes. On a pu voir également les attaques de la part de jeunes immigrés contre leurs compagnons d’âge pendant les manifestations et les grèves contre le CPE (Contrat Première Embauche), tout cela parce qu’ils faisaient selon les jeunes des banlieues partie des «riches». Ces exemples sont tous des signes d’une société malade. De nouveaux partis des travailleurs doivent, avec l’aide des syndicats, défendre toutes les couches de la population, même les plus opprimées. Ne pas le faire ouvre la porte aux islamistes radicaux, et, parmi la jeunesse blanche, à l’extrême-droite.

    Il y a encore de grands débats idéologiques en vue. Ni la classe ouvrière, ni l’exploitation n’ont disparu et, en conséquence, pas non plus la nécessité d’un fondement idéologique. Ce qui a disparu, c’est les idéologies réformistes des sociaux-démocrates, ainsi que des dirigeants staliniens.

    Ces derniers, après la chute des régimes staliniens, ont couru à toute vitesse vers le camp du marché libre, parfois avec quelques «corrections sociales» mais sans le plus souvent. A tel point que l’ancien premier ministre britannique Tony Blair prétend maintenant que le Parti Travailliste n’aurait jamais dû rompre avec les libéraux! En fait, ce que Blair demandait en disant cela, c’était un retour à la période qui a précédé Marx.

    C’est assez logique pour quelqu’un qui a intérêt à ce que l’idéologie capitaliste reste la seule en course, ce qui concrètement signifie que tout doit rester comme avant. «Pas d’idéologie» ou le «pragmatisme» néolibéral, ce ne sont rien d’autre que des formes revêtues par l’idéologie bourgeoise qui a entre autres conduit aux libéralisations, aux privatisations, à la chute du pouvoir d’achat et à une flexibilité croissante.

    Le fait que la discussion sur le «socialisme du 21e siècle» ait été lancée au Vénézuela et en Amérique Latine n’arrive pas au bon moment pour la classe capitaliste. Pour nous, ce n’est que le début du type de discussions qui vont gagner en intensité dans les années à venir, en Europe et dans les pays développés également. Très certainement dans le cadre de cette crise économique qui risque d’être la plus importante jamais connue et si la tendance à la formation de nouveaux partis des travailleurs se confirme.

    Chavez a mené une série de mesures positives pour la population pauvre en partie grâce au prix élevé du pétrole, dont le Vénézuela regorge. Nous soutenons bien entendu ces mesures (supermarchés spéciaux pour les pauvres, campagnes d’alphabétisation, meilleurs soins de santé avec l’aide de médecins cubains,…). Mais, malheureusement, Chavez n’est pas clair sur la nécessité d’opérer une véritable rupture avec le capitalisme. Il n’y a pas encore autant de nationalisations qu’il y en a eu au Nicaragua dans les années ’80, où d’ailleurs le processus révolutionnaire avait été renversé. Suite à la crise économique, au fur et à mesure de la baisse des revenus pétroliers, cela va fortement limiter l’espace dont dispose Chavez pour l’application de mesures sociales et le soutien pour le régime pourrait en sortir considérablement miné. De plus, le développement d’organes de classe indépendants (comités de lutte élus, partis, etc.) est freiné par l’approche «de haut en bas» du régime.

    Les références de Chavez au socialisme reflètent une pression de la base. Elles expriment la volonté des masses d’abandonner la misère du capitalisme pour construire un nouvelle société.

    IDEOLOGIE ET PROGRAMME

    Le mot «programme» est souvent compris comme «cahier de revendications». Mais un programme, c’est bien plus que cela. Le cahier de revendications n’est que la pointe de l’iceberg, autrement dit l’application concrète d’un programme sous certaines conditions.

    Par exemple, il est possible que l’on soit complètement d’accord avec le cahier de revendications du MR aujourd’hui, sans nécessairement souscrire à tout le parcours historique de ce parti, aux différentes réponses que les libéraux ont offert à travers l’histoire. Pour être un vrai libéral, il ne faut pas seulement souscrire à leur cahier de revendications actuel, mais aussi à la manière avec laquelle ils sont arrivés à cela.

    En d’autres termes, un programme signifie: un cadre idéologique consistant et historiquement construit, une analyse de la situation actuelle, une orientation générale, une stratégie et une tactique. Sans cela, on peut être d’accord avec le MR aujourd’hui mais être complètement en désaccord avec eux demain, lorsque les conditions auront changé. A l’inverse, il est possible d’être d’accord avec le populiste de droite Jean-Marie Dedecker sur un cadre historique libéral, mais avec un autre cahier de revendications.

    Dans un parti qui souscrit à l’idéologie dominante, l’idéologie bourgeoise, cela ne joue pas un rôle tellement important. Par contre, lors d’une révolution ou de grands mouvements de lutte, ces différences peuvent comporter des conséquences catastrophiques.

    C’est pour ça qu’un programme, au sens marxiste du terme, ne peut pas se limiter à un simple cahier de revendications. Le Manifeste du Parti Communiste, écrit par Marx et Engels comme proposition de programme pour la «Ligue des Communistes», était en premier lieu une analyse historique du développement du capitalisme, une perspective sur son futur développement, une orientation générale vers le mouvement ouvrier, et enfin une discussion sur la stratégie et la tactique à adopter vis-à-vis d’autres courants socialistes. Une page seulement sur les 80 à 100 pages du Manifeste (en fonction de l’édition), contient un cahier de revendications en 10 points.

    Les thèses d’Avril de Lénine, le document programmatique des Bolcheviks pour la révolution d’Octobre ‘17, ou encore le programme de transition élaboré par Trotsky en 1938 nous donnent la même image. Autrement dit : on n’est pas pour autant marxiste parce qu’on est d’accord avec une ou même toutes les revendications du cahier de revendications. On le devient réellement sur base d’une analyse historique et actuelle de l’évolution de la lutte des classes et des grandes tâches générales qui en découlent.

    Le PSL/LSP et le Comité pour une Internationale Ouvrière basent leur programme sur l’œuvre de Marx, Engels, Lénine et Trotsky; sur les textes des quatre premiers Congrès de la Troisième Internationale, sur le Congrès fondateur de la Quatrième Internationale et sur les textes du CIO (créé en 1974) et de ses pionniers depuis la Deuxième Guerre Mondiale. Cela n’est pas rien et cela ne signifie pas non plus que nous sommes d’accord avec ces textes à la virgule près. Nous utilisons ces documents comme référence, comme méthode d’analyse et comme fil rouge pour nos orientations et tâches pratiques.

    LE PROGRAMME DE TRANSITION

    Naturellement, nous comprenons que tous les travailleurs et les jeunes ne souscrivent pas à 100% de notre programme. C’est pour cela que Trotsky a développé la notion de programme de transition. Par «programme de transition», il entendait un programme qui part de ce qui est nécessaire pour les travailleurs et leurs familles à un moment précis et qui met en avant la transition socialiste de la société.

    Trotsky affirmait qu’il ne sert à rien d’élaborer un programme ou des revendications pour une gestion «plus humaine» du capitalisme, mais qu’il faut cependant offrir des solutions qui partent des besoins des travailleurs et de leurs familles. Trotsky a argumenté que le capitalisme ne sera jamais capable de satisfaire ces besoins, que seule une société socialiste pourrait offrir une solution durable.

    En fait, il n’a rien fait d’autre que d’exprimer sous une forme plus claire un concept que Marx avait déjà élaboré dans le Manifeste du Parti Communiste et Lénine dans ses Thèses d’Avril. Lénine utilisait le slogan «Terre, pain et paix» pour arriver à la conclusion que le gouvernement transitoire qui a succédé au tsarisme après la révolution de février 1917 ne pourrait jamais satisfaire ces revendications pourtant primordiales. A travers cela, il est arrivé au slogan «Tout le pouvoir aux soviets».

    De même, le PSL/LSP parle aujourd’hui de la «nécessité que la production soit basée sur les besoins de la population et pas sur les profits d’un petit groupe de capitalistes» pour arriver à la conclusion que cela n’est possible que par un changement socialiste de la société.

    Le programme du PSL/LSP exprimé ci-dessous n’est rien d’autre qu’une application actuelle de ce programme de transition. Il doit être lu en prenant en considération les remarques ci-dessus à propos de l’idéologie et du programme.

    LE PROGRAMME DE TRANSITION AUJOURD’HUI

    La classe ouvrière est soumise à un recul perpétuel sous le capitalisme. La «cathédrale» de la sécurité sociale et d’autres acquis sont sous attaque depuis des décennies par le patronat et leurs politiciens. Ce n’est pas un processus économique inévitable. Le passé nous apprend que lorsque les travailleurs s’organisent dans des syndicats et des partis, la situation peut se retourner.

    D’une lutte défensive visant à défendre nos intérêts par entreprise ou par secteur, nous devons reprendre tous ensemble l’offensive et réclamer la richesse que nous avons créée : pour créer des emplois décents, bien payés et stables; pour augmenter les allocations ainsi que les retraites et disposer d’un pouvoir d’achat digne de ce nom; pour initier un programme de construction massif de logements sociaux et plafonner les prix des habitations; pour renationaliser, sous le contrôle démocratique de la population, les services privatisés et libéralisés ; pour refinancer l’enseignement; pour organiser collectivement les tâches ménagères qui actuellement pèsent toujours sur les épaules des femmes ;… En bref, pour mettre réellement en avant les besoins de la majorité, au lieu de la soif de profit d’une minorité de grands actionnaires et de patrons.

    Tous ensemble, jeunes et vieux; Flamands, Wallons ou Bruxellois; Belges ou immigrés; hommes et femmes;… nous sommes plus forts !

    1. La technologie : un ami ou un ennemi ?

    Cette situation est navrante lorsque l’on considère que les possibilités n’ont jamais été aussi grandes qu’aujourd’hui.

    Un vol jusqu’en Amérique dure à peine 5 heures. Grâce aux ordinateurs, le boulot de centaines de milliers d’employés et de travailleurs peut être réalisé avec beaucoup moins de personnes. Internet, les e-mails et les GSM rendent la communication plus facile pour ceux qui y ont accès et créent pour beaucoup de jeunes et de travailleurs le sentiment d’appartenir à une communauté internationale. La médecine peut résoudre des problèmes dont nous ne pouvions que rêver auparavant. Mais, malgré toutes ces avancées, la chasse au profit joue un rôle extrêmement désastreux.

    Les fonds gouvernementaux pour la recherche scientifique sont drastiquement réduits. Seule la recherche servant directement les intérêts des entreprises et leur fournissant des bénéfices est encore subventionnée. Et quand les entreprises prétendent vouloir financer la recherche, ils la déduisent en réalité de leurs impôts.

    Les seuls qui en profitent sont les patrons. Les centres de recherches perdent ainsi leur indépendance. De plus, cela entraîne une concurrence entre les différents centres pour tenter d’obtenir des fonds. Les scientifiques sont isolés ; ils ne peuvent pas se concerter ni échanger des expériences, ce qui entraîne un gaspillage énorme d’énergie, de temps et d’argent.

    Et même si l’on fait de la recherche utile, et que l’on arrive à trouver des solutions – pensons aux différents traitements des problèmes cardio-vasculaires – les traitements sont pour beaucoup de gens inaccessibles à cause de leur coût.

    Pendant ce temps-là, les problèmes pour lesquels il faut urgemment trouver une solution continuent de s’empiler. Pensons au SIDA, aux catastrophes naturelles qui coûtent la vie à des millions de gens, aux traitements des cancers, à la production des déchets et à la pollution, à la famine dans de larges parties du monde,… Prenons plus particulièrement la famine. Un raisonnement logique serait: il y a une grave pénurie de nourriture, il faut donc produire plus. Et pourtant, les usines tournent au ralenti en craignant la surproduction, alors qu’une énorme quantité de nourriture est détruite tout simplement pour garder les prix à un certain niveau.

    L’écrasante majorité des scientifiques sont d’accord pour affirmer que le réchauffement de la planète aura des conséquences désastreuses pour de larges parties du globe si on ne commence pas à y remédier maintenant. Selon des centaines d’experts présents lors du sommet sur le climat à Bruxelles (en avril 2007) l’Antarctique, l’Afrique Subsaharienne, les îlots et les grands deltas asiatiques sont les régions qui souffriraient le plus du réchauffement de la planète. On parle d’inondations, de tempêtes et de glissements de terrain qui se produiront plus fréquemment. Les franges les plus pauvres de la population mondiale seront les plus touchées par ces catastrophes naturelles. Mais l’existence d’une quantité inquiétante d’espèces de la faune et de la flore est également menacée, entre autres, par le réchauffement de la planète.

    Une économie planifié à l’échelle mondiale et sous le contrôle démocratique de la population permettrait de prendre des mesures immédiates pour réduire «l’empreinte écologique» de l’Homme, notamment par un usage massif de transports publics gratuits mais également par des investissements massifs dans la recherche de sources d’énergie alternatives. Il est difficile de se rendre actuellement compte du potentiel de ces alternatives, du fait que l’industrie pétrolière et automobile leur mettent souvent des bâtons dans les roues.

    La question-clé est qu’aujourd’hui, la science et la technologie sont aux mains et au service des multinationales. Ainsi, les différents gouvernements bourgeois ne peuvent pas prendre les mesures qui s’imposent, ou alors uniquement de façon ambiguë quand il est déjà trop tard. Leur politique est destinée à satisfaire la soif de profit, et pas à satisfaire les besoins de l’Homme et de son environnement. Nous devons exiger le contrôle démocratique de la science, au nom des scientifiques et de la population mondiale.

    Aussi longtemps que les banques, les multinationales,… disposent du monopole de toutes les solutions possibles, nous sommes totalement impuissants. Ce n’est pas le développement de la science et de la technologie qui est en soi désavantageux, mais bien leur contrôle par les groupes mentionnés ci-dessus. Au service de la population, la technique et la science pourraient sauver et améliorer la vie de millions de personnes.

    2. Pour des emplois décents, stables et bien payés.

    • RETABLISSEMENT DE NOTRE POUVOIR D’ACHAT!
    • STOP A LA FLEXIBILISATION!
    • REDUCTION DE LA CHARGE DE TRAVAIL PAR LA REDISTRIBUTION DU TRAVAIL DISPONIBLE!
    • 32 HEURES PAR SEMAINE SANS PERTE DE SALAIRE ET AVEC EMBAUCHES COMPENSATOIRES!

    Les paroles du gouvernement contrastent de façon criante avec ses actes. Dans de larges parties de Bruxelles et de Wallonie, il y un chômage massif et structurel. En juin 2007, le chômage dans la région Wallonne était de 14,4% (allocataires au chômage complet et élèves ayant quitté le système scolaire). Presque la moitié de cette catégorie était au chômage depuis plus de 2 ans. Dans la région Bruxelloise, à la même période, le nombre de chômeurs était de 19,9%. Des générations entières sont exclues par l’économie de marché !

    En Flandre, certains essaient de donner l’impression que le chômage a baissé considérablement dans le courant de 2006-2007 et qu’il y a même une pénurie dans certains métiers. Beaucoup de ces métiers sont flexibles (nettoyage, construction) et ne sont pas toujours rémunérés convenablement pour les efforts supplémentaires demandés. Que veulent les patrons? Des travailleurs prêts à se faire exploiter pour une bouchée de pain? La soi-disant pénurie est utilisée pour importer, de façon sélective, des travailleurs bon marchés en Belgique. Des travailleurs qui disposent de moins ou, dans le cas des sans-papiers ou des travailleurs au noir, d’aucun droits sociaux du tout. Le PSL/LSP défend les droits égaux pour tous les travailleurs. Ce n’est que de cette façon que l’on pourra combattre la pression sur les salaires et la politique de diviser pour régner appliquée par le patronat. Tout ce qui nous divise nous affaiblit!

    Au niveau national, plus d’un million de personnes sont totalement ou partiellement dépendantes d’une allocation de chômage. Ce niveau est un record historique. Au début des années ’70, le taux de chômage officiel tournait autour des 70.000-80.000. En 1995, on comptait déjà 505.944 chômeurs : une croissance de 1,9% à 12,3% de la population active !

    Depuis la moitié des années ’80, les chômeurs les plus âgés (de + de 50 ans) ne sont plus comptabilisés dans les statistiques. C’était déjà le cas pour les prépensionnés, et depuis 1986, pour ceux qui sont en pause carrière. Aujourd’hui, tous ces groupes constituent ensemble plusieurs centaines de milliers de personnes, qui reçoivent une allocation de l’ONEM mais ne sont pas comptées dans les statistiques.

    Le chômage partiel et temporaire – pour ceux qui ont signé un contrat de travail mais qui, pour des raisons particulières, ne peuvent pas travailler – n’est pas non plus repris dans les statistiques. C’est également le cas pour les gens qui sont «activés», pour qui on utilise l’allocation de chômage comme une subvention salariale! Les patrons sont ravis! Depuis juillet 2004, les chômeurs entre 50 et 58 ans sont réinscrits comme demandeurs d’emploi à cause de la politique «d’activation» des chômeurs, sauf s’ils peuvent prouver au gouvernement que leur carrière a été suffisamment longue. Le gouvernement force les travailleurs à travailler plus longtemps à travers le Pacte des générations. Mais lorsqu’ils sont licenciés sur le tard, la réalité nous montre que peu d’employeurs acceptent de leur offrir une seconde chance!

    En septembre 2007, le chômage officiel en Flandre était de 6,43% (selon le VDAB). Il faut tenir compte qu’il y a plus de gens en pause carrière et de prépensionnés en Flandre qu’en Wallonie ou à Bruxelles. En outre, la politique d’activation et de suspension commence à «payer»: c’est-à-dire que des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur allocation de chômage ces dernières années.

    A Ostende, suivant le modèle de «l’activation», les jeunes sont massivement soumis à des sessions intensives pour la recherche d’un emploi, afin de leur apprendre à solliciter collectivement. Il ne s’agit même pas de formations professionnelles, et il n’y a aucune garantie d’avoir un emploi à la fin du parcours. De cette façon, les statistiques du chômage peuvent être embellies. D’autre part, le système incertain et extrêmement flexible des chèques-services connaît un succès grandissant. En juillet 2007, 4,38 millions de chèques ont été utilisés. Le système s’est rapidement répandu, surtout en Flandre (66,2% pendant la première moitié de 2007). A Bruxelles (5,9%) et Wallonie (27,8%), c’est moins le cas.

    L’introduction d’emplois à 10, 20 ou 30% permet de beaucoup jongler avec les statistiques. Ainsi, si vous allez repasser ou nettoyer 3 à 4 heures par semaine grâce aux chèques-services, le gouvernement vous raie déjà des statistiques officielles de chômage. Ce genre d’emploi est largement subventionné par le gouvernement, et le système risque de devenir impayable. Sans parler du fait que les contrats flexibles, temporaires et intérimaires sapent de plus en plus la position des travailleurs qui bénéficient encore un emploi stable.

    Ceux qui plaident pour une limitation du paiement des allocations de chômage dans le temps afin d’obliger les gens à dépendre du CPAS vivent sur une autre planète ou se foutent tout simplement des conséquences sociales de telles mesures. S’il est vrai que les gens choisissent de vivre d’une allocation plutôt que d’aller travailler parce que la différence entre les deux est trop faible, alors il faut augmenter les bas salaires plutôt que de réduire encore les allocations.

    Les bureaux d’intérims sont devenus aujourd’hui des entreprises florissantes. Cela n’a rien d’étonnant. De cette manière, les entreprises n’ont plus à assumer la responsabilité d’un employé fixe. L’entreprise se dirige directement vers l’agence d’intérim qui lui fournit des travailleurs, parfois même avec des contrat à la journée! Vous n’avez plus besoin de travailleurs? Licenciez-les sans en subir les conséquences. Certains intérimaires travaillent depuis plus de 3 ans pour le même patron, ils fournissent à ce patron toute leur expérience, mais ne reçoivent ni la sécurité d’emploi, ni un salaire décent.

    Les Etats-Unis sont cités comme l’exemple à suivre en matière de lutte contre le chômage. Le taux de chômage y serait très bas (entre 4 et 5 %). Ce que l’on ne raconte pas, c’est que la majorité des gens sont obligés de prendre un deuxième boulot après avoir fini le premier pour pouvoir s’en sortir. Ce modèle est en réalité un champ de bataille social. Pourtant, on voit que notre marché du travail évolue vers une croissance des contrats à temps partiel et des chèques-services, de plus en plus comme le système américain.

    Un argument trop souvent cité est le manque de formation. Quelle hypocrisie! Les entreprises exigent que les élèves qui quittent l’école soient formés pour un job spécifique dans l’entreprise. La subvention des écoles par ces entreprises, pour pouvoir utiliser ces jeunes une fois sortis de leurs études, n’est plus un phénomène exceptionnel depuis longtemps. Une fois que le jeune – spécialement formé – n’est plus utile pour l’entreprise, il est mis à la porte.

    Le patronat exige d’assainir le financement de l’éducation. Le raisonnement est toujours le même : les écoles doivent fournir des travailleurs formés, alors pourquoi organiser une formation large quand il s’agit d’emplois précaires ou de rester au chômage? La revendication du mouvement ouvrier comme quoi l’enseignement doit fournir une formation générale est un luxe qui doit être réservé aux enfants de la bourgeoisie. Voilà les pensées cyniques qui se cachent derrière les chiffres et les plaidoyers des chefs d’entreprises et de leurs organisations.

    La crise du capitalisme mène de plus en plus à la croissance du chômage et des emplois précaires à bas salaires. L’ironie est que cela renforce la position des capitalistes, parce qu’ils peuvent menacer les travailleurs avec l’argument que si ces derniers n’acceptent pas les conditions qu’on leur impose, il y en a d’autres qui accepteront de travailler aux conditions imposées.

    Le PSL/LSP défend un rétablissement complet de l’index et un salaire minimal de 1.500 euros net; dénonce le démantèlement de la sécu et « l’érosion » des contrats de travail. Nous nous opposons à chaque fermeture d’entreprise car, dans le cadre du système capitaliste, chaque fermeture mène au chômage et à la pauvreté. La seule revendication capable de commencer à résoudre le problème du chômage est l’introduction de la semaine des 32 heures, sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires.

    3. Stop aux libéralisations et aux privatisations ! Renationalisation sous contrôle démocratique de la population!

    Dans les années ‘90, après la chute du Bloc de l’Est, l’idée selon laquelle le marché libre était le seul système viable a été largement diffusée. Tant la social-démocratie que les dirigeants syndicaux ont cru à cette fable et ont refusé de continuer à résister à l’offensive idéologique de la bourgeoisie. En utilisant l’unification européenne comme excuse, nos services publics ont été attaqués les uns après les autres, libéralisés et préparés à la concurrence privée. Au vu de la croissance plus lente de beaucoup d’autres secteurs – en conséquence de la crise de surproduction – le capital a cherché de nouveaux créneaux pour faire du profit.

    Aujourd’hui, beaucoup de travailleurs commencent à percevoir les conséquences de cette politique – ou à la sentir dans leur portefeuille ! On pense par exemple à l’augmentation des prix de l’électricité en Belgique : "Test achat" a ainsi calculé que le prix pour un kilowattheure (kWh) chez Electrabel a augmenté de 50% entre janvier 2005 et décembre 2006.

    Peu après les élections de juin 2007, Electrabel a annoncé qu’elle augmenterait à nouveau ses prix de 13% à 20% ! Après d’énormes protestations, l’entreprise a donné l’impression qu’ils n’allaient finalement pas mettre en place cette décision. Mais en réalité, le CREG, la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz, a publié un peu plus tard les résultats de sa recherche sur les augmentations des prix du gaz et de l’électricité. La commission a confirmé que, pour les particuliers, l’augmentation sera de 17% en 2008. Une famille moyenne va donc payer environ 172 euros de plus par an pour sa consommation d’énergie.

    Et ceci alors que, selon le VREG qui est le régulateur flamand des marchés du gaz et de l’électricité, le nombre de familles qui ne sont pas capables de payer leur facture d’énergie a augmenté pour atteindre 91.600 en 2006. Une augmentation de 50% par rapport a l’année passée ! Le nombre de « mauvais payeurs » en Flandre a donc atteint un niveau record en 2006. Déjà 4,5% des ménages flamands sont dépendants du tarif social pour leur électricité. Le VREG affirme, à propos de ce scandaleux bradage d’un besoin essentiel, que « Les clients sont seulement intéressants pour les fournisseurs s’ils rapportent quelque chose. Les mauvais payeurs sont donc mis plus vite à la porte par leurs fournisseurs. »

    Sur le marché du gaz, au début de la libéralisation, Electrabel a temporairement baissé ses prix pour attirer le plus de clients possible. Du moment que le marché a été divisé entre plusieurs concurrents, les prix ont augmenté assez vite pour assurer un maximum de profits pour les patrons et les gros actionnaires du secteur. C’est l’évolution naturelle à attendre de chaque forme de libéralisation et de privatisation d’un service public.

    Le PSL/LSP se demande pourquoi la collectivité n’a pas de contrôle sur le marché de l’énergie. Pourquoi le profit est-il central s’il s’agit de notre consommation d’énergie ? Le PSL/LSP exige l’abolition des 21% de TVA sur l’énergie, qui représente un besoin essentiel pour chaque famille et revendique un gel des prix de l’énergie comme première mesure dans le processus de mise sous contrôle démocratique de tout le secteur de l’énergie. C’est seulement sur cette base que seront pris en compte les besoins des travailleurs et de leurs familles (y compris les besoins écologiques).

    La libéralisation et la privatisation signifient toujours un drame social concernant le nombre d’emplois et les conditions de travail. A La Poste, 9.000 des 35.000 emplois ont été supprimés ce qui équivaut à la fermeture de deux grandes usines d’assemblage de voitures. Les travailleurs de La Poste qui sont restés ont été confrontés au système « géoroute » qui conduit à une augmentation perpétuelle de la charge de travail pour moins de personnel. Cela a mené, ces dernières années, à une vague de grèves spontanées dans de nombreux bureaux de poste à travers tout le pays. A quand un mouvement unifié pour jeter tout le plan « géoroute » à la poubelle et stopper net les pas « en avant » vers la libéralisation ?

    Au début des années ’90, 26.500 personnes travaillaient encore chez Belgacom alors que ce chiffre est descendu à 15.000 début 2007. Aujourd’hui, la direction veut encore éliminer 1.500 places. A la classe ouvrière de supporter drames sociaux et pertes d’emplois tandis que les profits exorbitants sont réservés aux patrons. En 2006, Belgacom a ainsi réalisé 6,1 milliards d’euros de profit. La même année, le top manager Didier Bellens a reçu 1,85 millions d’euros de salaire, en plus des 480.000 euros de dividendes pour ses actions. Il en avait d’ailleurs également vendu pour une valeur de 6 millions d’euros. Les ex-« services publics » sont de véritables « jackpots » pour les capitalistes. Et bien sûr, les libéraux, les sociaux-chrétiens et les sociaux-démocrates trouvent que ce genre de profits ne devraient surtout pas être attaquables. Pour eux, les profiteurs sont les chômeurs, dont il faut au plus vite suspendre les allocations ou limiter celles-ci dans le temps.

    Dans les chemins de fer, le transport de marchandises a déjà été libéralisé, et le transport de voyageurs est en train d’y être préparé. L’avenir en Belgique sera-t-il le même qu’en Grande-Bretagne ? Les divers accidents et autres misères qu’y ont connus les chemins de fer privatisés sont loin d’être des coïncidences pour l’opinion publique qui a, depuis, clairement changé d’opinion vis-à-vis de la privatisation. Aujourd’hui, la revendication de la renationalisation du secteur trouve de plus en plus d’échos en Grande-Bretagne, ce qui représente un sérieux changement par rapport aux années ’90.

    En Amérique Latine également, les ravages de la politique de privatisation ont provoqué un changement dans la conscience. Aujourd’hui, les « gouvernements de gauche » en Bolivie et au Venezuela sont mis sous pression pour nationaliser les richesses naturelles. Les pillages et les expropriations par les multinationales sont de moins en moins tolérés par les masses. Comme l’expliquait Engels, le compagnon de Marx, les nationalisations apparaissent déjà comme des «éléments de socialisme» qui s’imposent à la veille société en crise. Ils démontrent la faillite du capitalisme et du libre marché.

    Pendant que les gouvernements néolibéraux organisent la casse sociale, le nombre de personnes ayant besoin de services publics de qualité augmente de jour en jour. Par exemple, de nombreux parents qui travaillent ont un réel problème concernant la garde de leurs enfants. Ils seraient sans aucun doute enchantés d’avoir à disposition des crèches dignes de ce nom, et organisées par l’Etat.

    Chaque jour, des milliers d’ouvriers et d’employés vont au boulot en transport en commun. Quelqu’un est-il capable de nous expliquer pourquoi les transports en train, en tram et en bus sont de plus en plus chers ? Quelle est la logique derrière cela ? A Bruxelles, n’est-ce pas scandaleux de devoir payer 2 euros pour un ticket de la STIB si celui-ci n’a pas été acheté à l’avance à un guichet ? Est-ce comme cela que l’on pense pouvoir résoudre les problèmes des embouteillages ? Un gouvernement au service de la population rendrait directement tous les transports publics gratuits pour faire face au problème des embouteillages et à la pollution. Dans le secteur de transports, il existerait des règles beaucoup plus strictes pour éviter que la pression du travail – en réalité la pression des profits – n’impose à des chauffeurs fatigués de devoir prendre la route.

    Aujourd’hui, la destruction du système des soins de santé est une réalité flagrante et mène parfois à des situations dramatiques. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les Belges doivent déjà payer eux-mêmes 33% de leurs coûts médicaux. L’OCDE estime ce pourcentage à 28%. Le sous-financement des hôpitaux devient une excuse pour les médecins pour commencer à organiser des consultations « personnalisées », pour lesquelles ceux qui paient le plus sont évidemment les plus vite servis. Les médecins sont rémunérés selon leurs prestations, ce qui favorise les abus.

    Le PSL/LSP veut mettre fin à la course aux profits dans l’industrie pharmaceutique, à la commercialisation rampante et aux abus de la médecine de prestation. Nous sommes pour la création d’un service de soins de santé public et national, avec des statuts fixes – qui sont de plus en plus minés dans les hôpitaux publics – et des salaires décents pour tout le personnel. Selon nous, des éléments tels que le profit ou le prestige de certains individus ou de multinationales ne peuvent intervenir dans le secteur des soins de santé.

    L’argument invoqué en permanence pour la privatisation est le manque de "rentabilité" des services publics. Mais comment un service public peut-il être rentable ? Un service public a pour objectif de rendre un certain nombre de services le plus accessible possible pour chacun, qu’il soit riche ou pauvre.

    Une prestation de services est par définition non rentable parce qu’elle ne peut générer de bénéfice. Ce qu’on oublie, c’est que le droit à des services publics – tout comme à la sécurité sociale – a été arraché par la lutte dans l’objectif de pourvoir à certains besoins sociaux.

    En réalité, la libéralisation et la privatisation signifie la vente de nos services, avec moins d’emplois disponibles et des conditions de travail diminuées, pour nous faire payer doublement le prix. Ainsi le gouvernement économise-t-il sur les dépenses publiques, mais au détriment de qui ? Nous ne payons pas un centime de moins d’impôts, tandis que les managers de nos ex-services publics s’en mettent plein les poches !

    Le PSL/LSP lutte contre la privatisation, pour la gratuité des transports publics, des soins de santé, de la distribution postale et de la collecte des déchets, parce que tous ces services doivent être accessibles a tout le monde, quelque soit l’âge, la situation professionnelle, le sexe,…

    L’argument selon lequel un service public fonctionne mal par définition est largement répandu dans les consciences. Les services publics ont toujours été victimes de ragots. Ils seraient "inefficaces", "bureaucratiques", "tout sauf ponctuels", etc. Et, au contraire, dans le privé, tout marche évidemment à merveille.

    Cette image est complètement fausse. Il y a toujours eu trop peu d’argent disponible pour les services publics, et ce même dans les "golden sixties". Mais même avec suffisamment d’argent, le problème n’est pas totalement résolu. Pour qu’un service fonctionne le plus efficacement possible, la participation de tous ceux qui l’utilisent ou y travaillent est également nécessaire.

    Par exemple, les chemins de fer seraient bien plus efficaces et accessibles en impliquant les travailleurs et les voyageurs dans le fonctionnement du service. Cela permettrait à beaucoup de travailleurs de laisser leur voiture chez eux pour se rendre sur leur lieu de travail en prévoyant suffisamment de correspondances aux heures opportunes. Ces services seraient gratuits et donc accessibles a tous. Les points de départ du PSL/LSP sont l’efficacité et l’accessibilité pour tous, et non pas la logique de privatisation pour le profit de quelques-uns.

    4. Et la concurrence alors ? Qui va payer tout cela ? Il n’y a pas d’argent pour cela ? Les patrons ne vont jamais l’autoriser…

    Une citation des ouvriers des Forges de Clabecq, à l’époque de leur lutte dans les années ’90 pour le maintien de leur usine : « Si tu mets une pile de briques sur le sol, elles ne vont pas se mettre l’une sur l’autre d’elles-mêmes pour former un mur une maison. C’est pour cela que l’intervention humaine est nécessaire. C’est le travail qui génère la richesse. ». Des richesses, il y en a assez. La question est : qui en bénéficie ?

    Si nous regardons à quel point la productivité a augmenté durant les dernières décennies, il apparaît que la durée du travail n’a pas augmenté aussi vite. Si c’était le cas, nous ne travaillerions qu’une paire d’heures par jour. Tous les profits que les patrons ont amassés, ils les ont gardés dans leurs poches.

    Pour résoudre le chômage, le travail disponible doit être partagé entre tous les travailleurs disponibles. Cela déterminera la durée hebdomadaire du travail, qui pourra ainsi être fortement diminuée. Mais attention, nous voulons que le salaire soit totalement conservé, car nous y avons droit.

    Naturellement, le patronat et le gouvernement vont refuser, car cela signifierait qu’une grosse partie de leurs profits leur échapperaient. Cela signifierait aussi que leur position concurrentielle serait menacée. Mais la concurrence est aussi vieille que le capitalisme. Les travailleurs doivent-ils tout avaler pour être « concurrentiels » ? Si on pousse la logique à l’extrême, cela peut être lourd de conséquences. Cela signifierait que nous devrons accepter à terme les mêmes salaires que les ouvriers chinois ou indiens surexploités.

    Si les travailleurs et leurs organisations avaient suivi le même raisonnement au début du 20e siècle, nous serions encore en train de travailler 12, 13 ou 14 heures par jour au lieu de 8. Lorsque la classe ouvrière a fait pression pour la journée des huit heures, après la 1ère guerre mondiale, il n’était pas question de pertes de salaire.

    Au lieu de partir de la question « Qu’est-ce qui est supportable et réaliste pour les entreprises », nous préférons nous demander « Qu’est-ce qui est nécessaire pour les travailleurs ». Nous trouvons simplement logique que la richesse produite par les travailleurs serve à subvenir à leurs besoins.

    5. Pour un syndicat combatif !

    Une des conditions pour atteindre les objectifs ci-dessus, c’est que les travailleurs puissent compter sur des organisations, tant sur le plan politique que syndical, avec lesquelles pouvoir mener le combat pour ces revendications.

    C’est certain, une bataille sera nécessaire à l’intérieur des syndicats, pour remettre en avant le syndicalisme de combat. Le modèle de négociation par lequel la direction des syndicats essaye de convaincre le patronat a échoué. La force des syndicats réside dans leur capacité à mobiliser les travailleurs dans la défense de leurs intérêts immédiats, comme l’histoire l’a démontré à mainte reprises.

    C’est de cela que les patrons ont peur. Au contraire, si le patron sait que la direction syndicale est prête à accepter un petit accord, il n’a aucune raison de faire des concessions. Si par contre, il comprend que le syndicat est prêt à se dresser comme un seul homme pour défendre les intérêts des travailleurs, il réagira de façon plus prudente. Ce qui importe, c’est que les travailleurs se lancent avec un peu plus de confiance dans la lutte, en sachant qu’ils ont la possibilité d’y gagner quelque chose.

    Les syndicats ne servent pas à aider les patrons dans leurs « restructurations », ils servent à défendre les intérêts des travailleurs. A la place du syndicalisme de concertation, nous défendons le syndicalisme de combat. Nous soutiendrons chaque lutte dans ce sens. Il est crucial de se battre pour chaque emploi et pour le maintien de tous les acquis.

    Un nouveau parti des travailleurs devra aussi organiser une aile gauche combative à l’intérieur des syndicats pour offrir une alternative à la « stratégie » d’enterrement des mouvements de lutte des directions syndicales. C’est la principale raison pour laquelle beaucoup de travailleurs sont aujourd’hui cyniques par rapport au rôle des syndicats. C’est aussi pour cette raison que les militants syndicaux ont du mal à convaincre les jeunes de s’engager dans un travail syndical.

    Pensons par exemple à l’arrêt du mouvement contre le Pacte des Générations en 2005. Au cours de cette lutte, la base a été « consultée », dans le meilleur des cas, au cours d’assemblées régionales sans avoir la possibilité de décider réellement. Le mouvement a été stoppé arbitrairement par la direction de la FGTB et de la CSC. Pourquoi les militants ne pourraient-ils pas décider eux-mêmes de la fin ou non d’un mouvement ? Nous avons besoin d’une réelle démocratie syndicale, fondée sur une base active et impliquée qui peut décider elle-même du déroulement de la lutte par des votes démocratiques. La force de la classe ouvrière est potentiellement présente mais nous avons besoin de leaders syndicaux qui osent utiliser leur force pour défendre nos emplois, nos salaires, nos pensions, etc. Et qui puissent concilier ce combat quotidien avec la recherche d’une autre société.

    6. Appel pour la formation d’un nouveau parti des travailleurs

    Mais la classe ouvrière a aussi besoin d’un parti capable de traduire cette stratégie politiquement. Il est clair que le PS et le SP.a sont toujours considérés par une majorité de travailleurs comme « leurs » partis. Mais ces partis ne sont plus prêts à mener la lutte.

    Au contraire, ils sont devenus parmi les meilleurs exécutants des politiques d’austérité. Leur participation aux gouvernements durant de nombreuses années – ainsi que la désorientation et la démoralisation qui ont suivi la chute des régimes dits « socialistes » avec comme conséquence le triomphe des dogmes du libre marché – ont totalement corrompu ces partis.

    Si nous voulons une traduction politique de nos revendications de travailleurs, nous devons en conséquence construire un nouveau parti, mais nous savons qu’un tel parti ne tombera pas du ciel. Comme le dit l’adage populaire, Rome ne s’est pas construite en un jour. Celui qui n’est pas prêt à se retrousser les manches pour franchir les premières étapes vers un nouveau parti oublie que le Parti Ouvrier Belge (POB, l’ancêtre du PS) n’est pas apparu du jour au lendemain.

    Nous sommes conscients qu’un tel nouveau parti des travailleurs ne sera vraiment viable que s’il est soutenu par une partie importante du mouvement ouvrier, et en particulier par des fractions syndicales, sur base d’expériences de mouvements et de luttes massives. Mais si nous devons attendre les directions syndicales, cela peut encore durer longtemps. C’est seulement s’il y a suffisamment de pression de la base que les meilleurs d’entre eux seront prêts à se mettre en avant.

    Ce parti doit être ouvert à tous ceux qui veulent lutter contre la casse sociale. Des discussions libres doivent être ouvertes pour les différents courants, syndicats, groupes d’actions,… qui veulent défendre leurs points de vue propres. Ce parti doit se battre contre chaque division des travailleurs, que ce soit sur base de la nationalité, de la race, du sexe, ou de la religion. Les seuls qui trouvent un intérêt quelconque dans ces divisions sont les patrons et leur système. Tous ensembles, nous sommes forts et, en luttant pour des droits égaux pour tous, nous renforcerons cette unité.

    Ce parti large doit aussi lier la lutte contre l’exploitation de tous les ouvriers, y compris ceux du monde néo-colonial. Les intérêts des travailleurs des autres pays sont souvent présentés comme étant opposés aux intérêts des travailleurs d’ici, mais c’est là une tentative de briser la lutte internationale. Les travailleurs de VW Forest auraient certainement été plus forts dans leur combat contre la restructuration s’ils avaient été capables de convaincre leurs collègues des autres sites VW de mener une lutte efficace à l’échelle internationale contre la fermeture. Mais la lutte internationale ne peut pas être une excuse pour ne pas mener le combat dans son propre pays. Les deux sont indissociablement liés.

    Un nouveau parti des travailleurs doit respecter le droit à l’autodétermination des Flamands, des Wallons et des Bruxellois, sans tomber dans le piège de ceux qui veulent affaiblir les travailleurs par la surenchère communautaire. Le PSL/LSP estime que chaque peuple doit avoir le droit de prendre ses propres décisions. Si un peuple veut vivre avec un autre peuple dans le cadre d’un Etat national, cela doit être possible. Mais sur un pied d’égalité et sur une base complètement libre.

    Être obligés de vivre dans un Etat où une partie de la population a moins de droits que l’autre, cela ne peut mener qu’à des situations désastreuses. Nous sommes par conséquent pour toutes les facilités susceptibles de mettre un terme aux sentiments d’oppression nationale. Donc également pour les facilités linguistiques.

    Beaucoup d’Etats capitalistes sont basés sur l’oppression de peuples ou de groupes de population. La Belgique a sur ce plan une mauvaise réputation. Les Flamands ont ainsi été empêchés durant 100 ans d’aller à l’école dans leur propre langue. Toute l’administration était francophone. Il était donc facile d’affaiblir les travailleurs en les divisant sur une base linguistique. On pouvait par exemple lire dans le journal wallon « Les Nouvelles », du 25 octobre 1904 : « Les Flamands de La Louvière ont reçu hier leur salaire et l’ont directement dépensé pour se saoûler et provoquer des bagarres pendant toute la nuit. Il faut relever qu’à chaque fois que des telles bagarres générales se déroulent à La Louvière, on y trouve des Flamands qui jouent avec des couteaux ».

    Entre temps, l’image s’est transformée. Selon le modèle propagé aujourd’hui, le Flamand est le travailleur courageux, le Wallon le profiteur et l’immigré celui qui sort son couteau. Fondamentalement, c’est toujours la même rengaine : les patrons empochent les profits tandis qu’ils dressent les travailleurs les uns contre les autres. C’est surtout la sécurité sociale qui constitue une épine dans le pied des patrons et du gouvernement. En brandissant la menace d’une scission, ils font du chantage sur les travailleurs wallons et, en même temps, ils nourrissent la Flandre de l’illusion que cela serait bon « pour tous les Flamands ».

    Les seuls qui tireraient avantage de la scission de la sécurité sociale sont les patrons, aussi bien les Wallons que les Flamands. Ils feraient pression sur nos salaires, nos pensions, nos pécules de vacances et nos prestations de santé en menaçant de déménager vers l’autre région. Aucun travailleur n’y a intérêt, ni les Wallons, ni les Flamands, ni les immigrés. Seuls les patrons y gagneraient.

    Un tel parti devrait agir pour la nationalisation des secteurs les plus importants de l’économie, sous contrôle ouvrier, car aux mains du privé, ces secteurs ne servent qu’à générer des profits pour les patrons et leurs actionnaires (banques, investisseurs, etc.).

    La seule manière pour que la population puisse profiter des revenus et/ou des services de ces secteurs (énergie, transport, banques…) est de les nationaliser. Mais il ne faudrait pas s’arrêter là. Dans les mains de l’Etat actuel, qui n’est ni plus ni moins qu’une marionnette aux ordres de la classe capitaliste, ces services devraient toujours être rentables et ne pas trop coûter à l’Etat. La même argumentation est actuellement utilisée pour privatiser les entreprises publiques.

    La participation et le contrôle des travailleurs et de leurs familles dans et sur la politique sont essentiels. En tant qu’utilisateurs et qu’employés, ils savent mieux que quiconque où se situent les déficiences et quelle est la meilleure manière d’y remédier.

    7. Révolution

    Au regard du fait que les multinationales travaillent main dans la main avec les régimes les plus sanguinaires ; que des guerres sont menées pour le pétrole en faisant des milliers et des milliers de victimes innocentes ; que ces multinationales dressent des populations entières les unes contre les autres pour qu’elles finissent, à la longue, par s’entretuer ; qu’elles préfèrent encore laisser les gens mourir de faim plutôt que de toucher à leurs profits et qu’au besoin l’armée choisit la solution militaire, il est clair que ce programme ne peut être atteint autrement que par une lutte résolue.

    Bien plus, pour avoir la possibilité de pouvoir décider nous-mêmes de ce qu’on veut faire de la richesse produite, un mouvement déterminé des travailleurs sera nécessaire pour arracher le pouvoir des mains de la petite minorité des capitalistes.

    Beaucoup feront remarquer que cette minorité est très puissante, car elle dispose de tous les instruments nécessaires pour maintenir les gens sous contrôle. Elle utilise tous les canaux pour diffuser son idéologie, comme l’enseignement, les médias,… afin de faire croire aux gens que le système capitaliste est le seul système qui peut fonctionner.

    Et si ce n’est pas suffisant, elle contrôle encore la police, l’armée et la justice pour faire respecter les lois capitalistes par la force. Les tentatives visant à briser le droit de grève se situent complètement dans cette logique, tout comme la tentative d’exercer un contrôle policier plus sévère au travers d’un appareil policier unifié. Comme nous le voyons à chaque grève, la justice et la police ne sont pas de notre côté.

    Mais cela ne peut pas nous arrêter. C’est le rapport de forces qui sera déterminant. Une classe ouvrière convaincue, dont le noyau le plus dynamique est décidé à ne plus se laisser berner, et déterminée à prendre le pouvoir ne peut pas être arrêtée, même par mille armées.

    Nous devons tenir compte du fait que le capitalisme en crise est continuellement pendu à un fil. Si le système ne parvient plus à convaincre dans ses propres rangs, ce qui est souvent le cas lors d’une révolution, alors il est pour ainsi dire mort.

    Le meilleur exemple est celui de la révolution russe, mais aussi de Mai 68 en France, ou plus récemment les révolutions en Serbie, Géorgie, Ukraine, etc. Ces révolutions ont montré comment une classe dirigeante peut perdre prise sur ses propres troupes face à un mouvement de masse qui se développe. On peut encore parler de la radicalisation énorme en œuvre en Amérique Latine avec les mouvements de masse au Mexique, en Bolivie et dans beaucoup d’autres pays ainsi qu’avec le processus révolutionnaire qui se déroule au Venezuela. Selon nous, c’est un avant-goût des mouvements révolutionnaires qui vont se développer en Europe et dans le monde industrialisé.

    Ce qui a manqué dans beaucoup de ces exemples, c’est une organisation prête à mener le combat contre l’impérialisme jusqu’au bout, en faisant clairement le choix d’un autre type de société. C’est à la construction d’une telle organisation que travaille le PSL/LSP.

    8. Que sera le nouveau système ? Cela ne va-t-il pas dégénérer de la même manière qu’en Russie ?

    Pour éviter une situation où l’élite bureaucratique tire tous les avantages vers elle et rend impossible toute participation démocratique comme cela a été le cas dans l’ancien Bloc de l’Est, nous devons veiller à ce que le système et son économie fonctionnent pour satisfaire les besoins réels de la population.

    La discussion sur le stalinisme n’est pas seulement une discussion historique. Nous ne pouvons pas simplement dire que des « fautes » ont été commises dans l’ancienne Union Soviétique. Trotsky et ses partisans sont les seuls à avoir expliqué l’avènement d’une élite bureaucratique en Russie sur base d’une analyse marxiste. Le stalinisme était la conséquence de l’isolement de la révolution dans un pays arriéré sur le plan industriel et culturel. Trotsky a laissé deux possibilités ouvertes : soit la nouvelle élite régnante était chassée par une révolution politique qui aurait préservé l’économie planifiée, mais qui aurait réinstallé les soviets (ou démocratie des conseils), soit la bureaucratie se réformerait d’elle-même pour devenir une nouvelle classe capitaliste, lorsque l’économie bureaucratiquement planifiée arriverait à bout de souffle. C’est malheureusement cette deuxième possibilité qui s’est produite. Une économie planifiée a besoin de démocratie ouvrière tout comme le corps humain a besoin d’oxygène.

    Le Socialisme suppose un système dans lequel le plus possible de travailleurs, ainsi que leurs familles, puissent participer et exercer un contrôle sur les prises de décision et ce tant sur le plan économique et social que politique. Un plan de production démocratiquement établi et contrôlé par des conseils composés de représentants des travailleurs, des syndicats nationaux et de la population dans son ensemble doit pouvoir faire une estimation correcte de ce qui est nécessaire et prioritaire. Chaque décision doit ensuite pouvoir être évaluée.

    Mais que se passera-t-il avec ceux qui seront au pouvoir ? N’est-il pas exact de dire que le pouvoir corrompt ? Si être au pouvoir signifie pouvoir rester à son poste sans aucun contrôle de la collectivité, cela pose effectivement un problème.

    Ce que nous défendons au contraire, et que nous mettons déjà en pratique dans notre organisation, c’est que chaque fonctionnaire doit être élu mais aussi révocable à tout moment, au cas où il n’a plus la confiance de ses électeurs. De même, il ne doit pas disposer d’un salaire plus élevé que la moyenne des travailleurs qu’il représente.

    La situation que nous connaissons actuellement, dans laquelle les parlementaires touchent des milliers d’euros par mois fait en sorte que ceux qui nous représentent vivent bien loin de notre réalité. Comment peuvent-ils savoir quels sont nos besoins ? Ils ne vivent pas dans les quartiers ouvriers, ils ne fréquentent pas les mêmes endroits, ils ne savent pas ce que c’est que d’arriver péniblement à payer toutes ses factures chaque mois, etc.

    Joe Higgins, jusqu’il y a peu notre parlementaire en Irlande, mais aussi nos parlementaires à l’intérieur du Labour Party dans les années ’80, ne gardaient comme salaire que l’équivalent d’un salaire moyen. Tout le reste était consacré aux campagnes et aux luttes des travailleurs, et non à la construction d’une villa dans le sud de la France…

    9. Pour le socialisme et l’internationalisme !

    Si les travailleurs d’une entreprise se mettent en grève, le patron fera tout pour briser cette grève. Il va proposer un accord aux leaders syndicaux, essayer par tous les moyens d’isoler le noyau dur de la grève et faire appel aux gardes de l’entreprise ou à la police et aux tribunaux pour briser les piquets.

    Il essayera, si la grève dure trop longtemps, de compenser ailleurs les pertes de production, si possible dans une société sœur à l’intérieur ou à l’extérieur du pays mais, s’il le faut, chez la concurrence. En d’autres mots, le capitaliste fera appel à sa classe, à ses représentants politiques, aux médias, et à l’appareil de répression pour briser la grève.

    A l’ère de la production internationale et des flux financiers mondiaux, le capitaliste fera de plus en plus appel à la « solidarité » des patrons à travers les frontières. Les travailleurs doivent en tirer les leçons. Ils doivent aussi faire appel à leur classe pour faire triompher leur lutte. Ils doivent aussi, et plus que jamais, s’appuyer sur leurs collègues à l’étranger.

    Aucune lutte n’éclate partout en même temps, chaque lutte commence quelque part. Les chances de réussite augmentent à mesure que la lutte s’élargit. Cela vaut pour les grèves, pour les mouvements de désobéissance civile, pour les marches de protestation… mais aussi pour la révolte et la révolution.

    Même une révolution socialiste éclate à une échelle nationale, mais sa réussite finale est déterminée par les événements internationaux. La solidarité a une importance majeure, mais avec un soutien moral ou même des collectes, etc. on ne remporte pas une victoire. C’est pour cela que le soutien actif des travailleurs d’autres entreprises, secteurs et pays et un élément d’importance cruciale. La révolution va donc débuter sur un plan local, mais sans élargissement national et international, elle est condamnée à l’échec. La démocratie ouvrière et la planification socialiste ne peuvent pas être limitées à un seul pays, comme cela a été démontré en Russie. L’isolement de la Russie soviétique a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

    La Révolution russe, la seule dans laquelle la classe ouvrière a réussi à prendre le pouvoir pendant une courte période, a été l’événement le plus important de l’histoire. L’expérience n’a été que partiellement réussie, mais nous pouvons en tirer des leçons énormes et entre autres que nous devons nous organiser au niveau international, dans le cadre d’un parti mondial. C’est pourquoi le PSL/LSP fait partie du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO).

    Le CIO est actif sur tous les continents. Nous avons des sections aux États-Unis, mais aussi au Chili, au Brésil et au Venezuela. En Afrique, nous sommes présents au Nigeria et en Afrique du Sud. En Asie, nous avons des sections au Sri Lanka, en Inde, au Pakistan, au Kazakhstan et au Japon.

    En Europe, nous sommes présents en Belgique, en Suède, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Écosse, en Irlande (Nord et Sud), en Autriche, en Tchéquie, en Russie, en Ukraine, en Pologne, en Italie, en Grèce, à Chypre, en Espagne et en France. Au Moyen-Orient, nous avons des sections en Israël et en Palestine et des sympathisants au Liban. Le CIO a aussi une section en Australie. Le PSL/LSP voit donc sa lutte en Belgique dans le cadre de la lutte des travailleurs du monde entier, pour une société socialiste.

  • Chimie : quand tout va bien, les actionnaires en profitent. Quand cela va mal, les travailleurs paient.

    Tous les secteurs sont touchés par la crise économique. Quand cela allait bien, les bénéfices atteignaient des records. Une série d’entreprises continue d’ailleurs à établir de nouveaux records : en 2008 Total a clôturé ses comptes avec 13,9 milliards de bénéfices nets, soit 14% de plus qu’en 2007. Maintenant que la crise économique est là, elle sert de prétexte pour mettre sous pression les salaires et les conditions de travail du secteur.

    Par Geert Cool

    On économise sur le personnel…

    En Allemagne, Bayer a réduit le temps de travail de 37,5 à 35 heures avec une diminution salariale de 6,7%. Chez Agfa, les travailleurs ont refusé d’accepter ces conditions, ce qui a fait conclure au grand patron de la FEB, Rudi Thomas, qu’il s’agissait d’une attitude «irresponsable». Pour épargner les ouvriers et les employés, les bonus des cadres et des cadres de direction ont été rabotés.

    L’Accord Interprofessionnel (AIP) prévoyait que, pendant la période à venir, les salaires allaient pouvoir être adaptés à l’indexation. Au cours des dernières années, la norme salariale générale de l’AIP n’a pas été adaptée dans l’industrie chimique ; il y a eu des accords entreprise par entreprise qui, souvent, dépassaient légèrement la norme de l’AIP. Aujourd’hui, le patronat exige une application stricte avec les bocages de salaires dans toutes les entreprises. Le 11 février, le patronat à même abandonné la négociation pour de possibles accords entreprise par entreprise.

    …Après des années de bénéfices record

    La prise de position rigoureuse du patronat vient après une période de bénéfices record. Autrefois tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pour un certain nombre d’entreprises c’est d’ailleurs encore le cas. Dans le secteur pétrolier, des entreprises comme Total, Exxon Mobil ou Chevron ont totalisé des bénéfices record en 2008 de, respectivement, 14%, 11% et 28% supérieurs à ceux de l’année précédente.

    Chez les géants de la chimie tels Bayer, les bénéfices des dernières années se sont comptés en milliards d’euros. En 2007, par exemple, Bayer a clôturé ses comptes avec un bénéfice de 4,3 milliards d’euros, soit 23,2% de plus qu’en 2006. Tessenderlo Chimie obtenait pour la première moitié de 2008 un bénéfice net de 101 millions d’euros, soit une augmentation de 37%.

    Bénéfices en baisse

    Pendant le dernier trimestre de 2008, il y a eu moins de bénéfices et une série d’entreprises voudront probablement le faire payer aux travailleurs. Chez GSK (GlaxoSmithKline), le groupe pharmaceutique britannique, une diminution des bénéfices du quatrième trimestre (7,1% soit 982 millions de livres sterling) a mené à l’annonce d’une perte de plusieurs milliers d’emplois. Dans l’installation de Genval, 75 des 397 emplois vont passer à la trappe. Chez Pfizer 8.000 emplois dans le monde vont être supprimés après une chute des bénéfices pendant le quatrième trimestre ; l’entreprise a dû payer en une fois 2,3 milliards d’indemnisations, ce qui a fait chuter les bénéfices à 266 millions d’euros. En même temps Pfizer a quand même racheté son concurrent Wyeth pour un montant de 58 milliards de dollars cash, le montant de rachat le plus haut depuis la reprise d’ABN Amro.

    De grandes entreprises pharmaceutiques telles Janssen Pharmaceutica ont exigé des dispositions du gouvernement pour préserver leur position concurrentielle. Janssen se trouve dans les mains de Johnson & Johnson qui, au quatrième trimestre 2008, a aussi vu ses bénéfices fondre de 14% (à 2,97 milliards de dollars). Pourquoi la communauté doit-elle écoper de la mise à l’abri des bénéfices de Johnson & Johnson ?

    La crise de surproduction

    Dans la plupart des entreprises chimiques il y a encore de beaux bénéfices, mais de l’autre côté une série d’entreprises luttent contre la surcapacité de production. Au cours des derniers mois 20% des sociétés chimiques ont utilisé le chômage économique. Fin décembre le chômage temporaire a augmenté dans le secteur de 107% sur la base annuelle.

    Chez Lanxess, un chômage économique « partiel » de six mois a été annoncé pendant lequel la plupart des ouvriers de l’équipe de jour seront sans travail une semaine sur deux. Les syndicats ont entamé des actions et ont rédigé, à juste titre, un tract disant «Les travailleurs ne peuvent écoper pour la crise économique. Les directions ont aussi leur responsabilité et ne peuvent prétendre être le dindon de la farce.» De plus, la direction a refusé de payer un bonus sur salaire de 250 euros qui avait pourtant été promis. L’entreprise a reçu en 2008 un cadeau de près de 5 millions d’euros, notamment sur le précompte professionnel, ce qui représente près de 23 fois le bonus qu’elle a refusé de payer.

    La capacité de production est aujourd’hui supérieure aux besoins. Selon la fédération patronale Essencia, l’industrie chimique n’a tourné qu’au trois quart de sa capacité en janvier. Le patronat se rend compte qu’il est question d’une crise de surproduction, mais continue à chercher ses solutions ailleurs : chez les travailleurs. Il est cependant clair qu’une économie sur les salaires ne mettra pas fin à la surcapacité de production.

    Ces dernières années, des bénéfices phénoménaux ont été enregistrés dans le secteur chimique. Ceci à l’avantage des actionnaires principalement, alors que pour les travailleurs il n’y a eu que quelques miettes pour gonfler une flexibilité et une productivité acceptables. Maintenant que cela va moins bien, le patronat veux faire payer les travailleurs. Cela passe par du chômage partiel, l’arrêt progressif des heures supplémentaires ou par la prise de jours de congé. Le patronat prévient tout de go qu’il est possible qu’il y ait, dans quelques mois, une possibilité de «vague de licenciements»

  • Socialisme 2008

    Une rencontre enthousiaste qui a confirmé la volonté de bâtir une alternative clairement socialiste !

    Le week-end « SOCIALISME 2008 » vient juste de se terminer et les nombreuses prises de parole et discussions qui s’y sont déroulées, tant sur l’actualité que sur des sujets historiques, résonnent encore à nos oreilles. Le succès de cette rencontre restera longtemps une grande source de motivation pour l’ensemble des participants…

    C’est très probablement Virginy Prégny, membre de notre organisation-soeur française, qui a le mieux résumé le fil rouge de ce week-end : « la meilleure manière de commémorer l’anniversaire de mai 68 est de faire vivre à nouveau la nécessité du socialisme au sein des mouvements de lutte actuels. »

    Environ 200 personnes ont participé à cet évènement. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’agenda de ces deux journées était bien rempli, bien serré, et il était parfois difficile pour les participants de suivre le tout. Mais les coulisses et les pauses ont aussi été l’occasion d’aborder les différents thèmes présentés, de demander de plus amples explications à l’un ou l’autre,… Tous ces thèmes seront aussi abordés à l’avenir dans nos sections et nous publierons bientôt sur ce site des rapports de discussions, d’interventions, d’introductions,… Cependant, nous voulons avec ce court rapport faire ressortir le fil rouge du week-end.

    Mettre à nouveau le socialisme à l’ordre du jour !

    Le week-end a commencé par les interventions de quatre orateurs, en commençant par Mirre Vercoutere – une écolière activement impliquée dans la section gantoise de « Résistance Internationale » – qui a appuyé l’importance de l’implication de la jeunesse dans les luttes. Els Deschoemacker, responsable nationale de l’organisation du MAS/LSP, a ensuite parlé de la crise de l’establishment politique dans ce pays, qui trouve ses sources dans la volonté de poursuivre et amplifier la politique néo-libérale. Virginy Prégny, membre de la Gauche Révolutionnaire, a suivi et a rebondi sur cette question de la politique néo-libérale pour parler de la résistance croissante que rencontre la politique arrogante de Sarkozy.

    Le dernier orateur de ce « tour de chauffe » a été Sascha Stanicic, venu à la place de notre camarade allemande Lucy Redler qui devait être présente à la conférence du nouveau groupe de jeunes de « Die Linke » et dans lequel notre organisation-soeur en Allemagne, le SAV, veut jouer un rôle actif. Sascha nous a expliqué jusqu’à quel point l’expression de « développement vers la gauche » est centrale aujourd’hui dans la politique allemande : les revendications de gauche reçoivent beaucoup de soutien et la toute nouvelle formation « Die Linke » fait une percée dans les sondages. Mais, très certainement dans le contexte de crise économique croissante actuel, un programme clairement socialiste est absolument primordial.

    5 commissions,

    5 exemples pour aborder l’actualité des méthodes et de l’analyse socialistes

    Après cette première session plénière a suivi une première fournée de discussions en commissions plus petites, avec une grande participation des personnes présentes. Incontestablement, c’est la discussion sur la Chine qui a eu le plus de succès parmi les différents thèmes proposés. Vincent Kolo, du site internet Chinaworker.info, y a abordé la situation actuelle en Chine (le Tibet, les Jeux Olympiques, les problèmes économiques et écologiques,…) mais plusieurs aspects de l’histoire de la Chine ont aussi été pris en considération.

    La discussion portant sur la lutte contre les restructurations lancées par les multinationales et surtout sur la construction d’une gauche syndicale forte a été également fort bien suivie. Deux délégués qui possèdent une expérience sérieuse (Levi Sollie de l’ABVV/FGTB-Bayer et Rudi Dom de l’ABVV/FGTB-Agfa) y ont pris la parole au milieu d’une salle qui comprenait tant d’anciens militants que de représentants de la jeune génération qui posent leurs premiers pour s’organiser syndicalement. Il y avait là des syndicalistes des transports en commun, de l’enseignement, du secteur privé,… De quoi obtenir un échange d’expérience plus qu’intéressant.

    Au groupe de travail sur mai ’68, un grand groupe de jeunes qui voulait tirer les leçons de ces évènements a pu discuter avec des militants actifs à cette époque ou dans les années ’70. Conclusion de cet échange : un mouvement révolutionnaire est encore possible aujourd’hui, mais pour conduire un tel mouvement vers le succès, il faut une force révolutionnaire conséquente armée d’un programme socialiste.

    Il y avait enfin des commissions particulièrement intéressantes au sujet du Moyen-Orient et de l’extrême-droite. Dans la discussion sur le Moyen-Orient, des militants originaires d’Iran (avec lesquels nous avons pris ensemble l’initiative de mener des actions aux ambassades américaines et iraniennes ainsi que d’organiser une manifestation le 8 mars dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes) étaient présents. La discussion sur l’extrême-droite, quant à elle, a bien entendu abordé notre programme et notre méthode de lutter contre le fascisme. La discussion et les questions ont principalement porté sur la situation du côté francophone avec, entre autres, la question d’un petit groupuscule néo-fasciste qui organise un rassemblement le 1er mai à Charleroi.

    Question nationale en Belgique :

    Une réponse des travailleurs est nécessaire !

    Cette première journée de « SOCIALISME 2008 » a été clôturée par un débat sur la question nationale en Belgique. Le deuxième débat qui devait initialement prendre place au même moment (au sujet du pouvoir d’achat) a hélas dû être annulé en raison de l’impossibilité de plusieurs orateurs de prendre part à la discussion.

    Le débat contradictoire au sujet de la question nationale a été organisé avec Anja Deschoemacker, du MAS/LSP, Sven Naessen (le militant syndical de Total qui est à l’initiative de la pétition pour le maintien de la sécurité sociale fédérale), Tony Van de Calseyde de B-Plus et Johan Denys de « Meervoud » (un courant nationaliste flamand de gauche). Dans ce débat intéressant, les conceptions qui se sont affrontées étaient parfois fortement éloignées les unes des autres. Tant Anja Deschoemacker que Sven Naessen ont à chaque fois remis l’accent sur le social et la nécessité de la solidarité et de l’unité des travailleurs. Par contre, l’orateur de « Meervoud » a plus mis l’accent sur l’élément flamand tandis que l’orateur de B-Plus a plus abordé les questions institutionnelles et ne s’est pas étendu sur l’aspect social de cette question.

    Nouvelles formations de gauche en Europe

    Le dimanche, la deuxième journée a été entamée par trois orateurs qui se sont succédés en abordant l’état de la gauche aujourd’hui en Europe. Alex Rouillard, de la Gauche Révolutionnaire, s’est évidemment concentré sur la situation en France et sur l’attitude de notre organisation-sœur face à l’initiative de la LCR, qui a lancé un appel pour un nouveau parti anticapitaliste. Nous participons à cette discussion, mais nous pensons que cette initiative doit être réellement organisée et qu’elle doit se baser sur le développement réel des mouvements de lutte qui prennent place en France.

    Sascha Stanicic a parlé de l’Allemagne, de « Die Linke » et du potentiel énorme pour la gauche dans ce pays. Le SAV, notre organisation-soeur allemande, est aussi actif au sein de « Die linke », mais a des critiques à faire sur cette formation, certainement dans l’ex Allemagne de l’Est où « Die Linke » est en grande partie constitué de l’ancien PDS. Là, la formation participe à différentes coalitions régionales qui signifient une politique néo-libérale contre les travailleurs, avec des privatisations et des attaques contre les condition s de travail et de vie des travailleurs.

    Pour la situation et le potentiel de la gauche en Belgique, Eric Byl a pris la parole, en abordant entre autres les actions qui se mènent autour de la baisse du pouvoir d’achat ainsi que l’indignation ressentie face aux grands salaires. Le CAP (Comité pour une Autre Politique) a été une étape importante et utile dans l’implantation de l’idée qu’un nouveau parti des travailleurs est nécessaire, mais cette initiative a perdu son dynamisme au cours des derniers mois. Le MAS/LSP reste ouvert pour engager la discussion avec d’autres sur la question de la représentativité politique des travailleurs, mais pour cette prochaine période, nous allons plus mettre l’accent dans notre travail sur le renforcement d’une force clairement socialiste.

    2e fournée de commissions :

    Encore des discussions intenses

    Il n’était pas non plus facile de se décider le dimanche pour choisir une des 5 commissions proposées. Mais, sans réelle surprise, l’assemblée la plus nombreuse a été celle qui a assisté à la discussion sur l’expérience de Liverpool en 1983-87, quand une majorité socialiste était présente au conseil communal. Une des pages parmi les plus importantes de l’histoire récente des révolutionnaires socialistes. Il faut dire aussi que nous avions la chance de compter comme orateur Tony Mulhearn, à cette époque président de la section locale du Parti Travailliste et qui se trouvait donc de se fait au devant de cette lutte. Sa contribution a été d’importance pour comprendre concrètement ce que signifie une véritable politique socialiste.

    La commission sur l’insurrection de l’île de Cronstadt, en 1921, a attiré également pas mal de monde. Ce thème est peut-être moins évident à aborder 87 années après les faits, mais il est toujours intéressant d’examiner l’histoire pour pouvoir répondre aux arguments anti-bolcheviks qui n’ont pas manqué de fleurir à l’occasion du 90e anniversaire de la Révolution russe, l’an dernier. Le principal point de cette discussion a été la nécessité primordiale de toujours replacer un événement dans son contexte. L’oppression de la révolte qui s’est développée à Cronstadt en mars 1921 n’est certainement pas le moment le plus glorieux pour les blocheviks, mais il n’existait aucune autre alternative à moins d’ouvrir la porte à la contre-révolution des monarchistes et des puissances capitalistes. Comme l’a affirmé Trotsky, il s’agissait d’une « tragique nécessité ».

    Les autres commissions abordaient des thèmes plus directement actuels. La commission sur l’Amérique Latine a été particulièrement riche, mais il faut y voir aussi le résultat d’une période assez longue durant laquelle certains membres de notre parti ont accordé, et accordent toujours, une attention particulière à la situation de ce continent en révolte. Parmi eux, certains ont eu l’occasion de prendre part à des interventions en Amérique Latine ou à l’activité qu’y ont nos sections-sœurs. La discussion au sujet de l’environnement et de la politique énergétique s’est développée autour d’une introduction sérieusement étayée de Kristof Bruyland et sur la réponse socialiste à adopter sur cette question.

    Enfin, il y avait encore une discussion sur la religion et son rôle aujourd’hui, de nouveau en présence de militants iraniens sans que cela n’ait pour autant empêcher une discussion plus globale de prendre place.

    EN AVANT !

    Le week-end a été clôturé par un meeting qui a une nouvelle fois accentué la nécessité de remettre le socialisme à l’ordre du jour. Vincent Kolo a parlé du gouffre énorme qui existe entre riches et pauvres et qui n’épargne pas la Chine. La récession économique qui se développe aux USA et ses conséquences dans le monde vont constituer un point tournant. Les actions que nous avons pu voir dans cette dernière période contre, entre autres, la diminution de notre pouvoir d’achat et pour plus de salaire sont encore survenues dans un contexte de croissance économique qui n’a pas pu empêcher que le gouffre entre riches et pauvres atteignent des proportions inconnues jusque là. Dans le contexte d’une crise économique, ce fossé se creusera de façon encore plus brutale.

    Bart Vandersteene a aussi commencé son intervention en prenant base sur le fossé grandissant entre riches et pauvres. Les riches deviennent plus riches et les profits réalisés en Bourse ont été gigantesques. Mais, dès que les choses vont mal, c’est à la collectivité de payer. Nous avons pu le voir avec les sommes faramineuses injectées par les Banques Nationales dans l’économie. Pour répondre à la crise du capitalisme, seul un projet socialiste avec un programme et une stratégie clairs sera efficace.

    Tony Mulhearn est revenu ensuite, mais cette fois en session plénière, sur l’expérience de Liverpool en 83-87 et en a expliqué les leçons les plus importantes : ce mouvement de masse (qui a par exemple connu une grève de 24 heures à Liverpool avec la participation de 100.000 grévistes ou encore une manifestation de 50.000 personnes pour défendre le conseil communal) a été uniquement possible parce qu’une direction politique consciente était présente. Mais nous ne pouvons pas créer d’îlot de socialisme dans un océan capitaliste. A Liverpool, nous avons pu traduire le socialisme en termes de logement sociaux, d’emploi, de services sociaux, de centres de détente, d’écoles de quartier,… Cela a donné un avant-goût de ce qui peut être possible, mais pour pouvoir réaliser cela de manière permanente, il nous faut un puissant parti révolutionnaire.

    Aisha Paulis est ensuite intervenue comme dernière oratrice du week-end en appelant les participants à poursuivre ces discussions et à renforcer les révolutionnaires socialistes dans leur lutte pour une société socialiste.

    Nous remercions ici une nouvelle fois l’équipe de cuisine et tous ceux qui ont aidé à faire de ce week-end « SOCIALISME 2008 » une réunion particulièrement réussie, à l’enthousiasme énorme et véritablement palpable. Le dévouement des volontaires a permis une organisation pratique particulièrement professionnelle.

    Ce week-end a encore été l’occasion de récolter du soutien, et un appel financier a notamment récolté quelques 3.000 euros. Les stands de livres et brochures ont aussi tourné à plein régime, reflétant ainsi l’atmosphère politique de cette rencontre.

    La détermination et l’enthousiasme présents à ce week-end doivent maintenant se traduire les semaines prochaines en un fonctionnement optimal de chacune de nos sections, notamment dans la poursuite de notre campagne pour plus de pouvoir d’achat.

    En avant !

    Lien:

  • Forte présence à la concentration des militants FGTB. Mais qu’est ce qui est fait de leur colère ?

    La FGTB avait appelé à une concentration nationale de militants afin de discuter de la sécurité sociale et de sa défense. Le syndicat socialiste avait estimé qu’un millier de syndicalistes seraient présents, mais ils ont été 2.500 à répondre à cet appel. La réunion a été témoin d’une aversion profonde face aux mesures antisociales prévues à l’avenir ou encore face au coût sans cesse plus élevé de la vie. Mais aucun plan d’action n’a été présenté…

    Une présence massive

    Le mécontentement qui vit à la base tant de la FGTB que de la CSC contre l’augmentation du coût de la vie ne peut être mis en doute. Fin octobre, le président de la FGTB Rudy De Leeuw avait annoncé lors d’une soirée d’information à Anvers qu’il espérait que la FTGB et la CSC convoqueraient une concentration de militant commune, tout en précisant qu’au besoin, la FGTB l’organiserait seule. Finalement, la FGTB s’est retrouvée seule au Heysel, mais environ 500 militants de la CSC menaient une action à Charleroi au même moment tandis qu’un tract de la CSC dénonçant le coût croissant de la vie a été diffusé dans plusieurs gares.

    La participation à la concentration de la FGTB a été plus grande que prévue. Pourtant, beaucoup de militants ont dit que leur entourage n’avait pas été fortement mobilisé. Mais malgré cette mobilisation restreinte et la confusion qui existait au sujet du concept même de la réunion, 2.500 personnes se sont déplacées en démontrant ainsi la volonté d’actions contre la démolition à venir de la sécurité sociale.

    Contre la démolition de la sécurité sociale

    La réunion a été ouverte par le président Rudy De Leeuw et la secrétaire générale Anne Demelenne. De Leeuw a affirmé que face au fait que tout devient plus cher, l’index ne suffit plus. Il a particulièrement accentué que pour la FTGB il était hors de question de toucher à l’index, mais cela est nécessaire pour combattre et tempérer les prix de l’énergie ou des denrées alimentaires, en particulier pour les plus pauvres. Le patronat a obtenu l’année dernière 2,6 milliards d’euros de diminution de charges – et l’on parle de lui en offrir encore d’autres – alors qu’une grande partie de la population ne peut plus payer son mazout. Cette diminution correspond à 1.000 litre de mazout par famille belge. C’est une question de priorités…

    Rudy De Leeuw a en outre affirmé que la sécurité sociale – la « cathédrale du mouvement ouvrier » – a été construite par le mouvement ouvrier et que celui-ci n’admettra pas que les allocations de chômage, les prépensions, les conventions de travail,… soient attaquées. Anne Demelenne a expliqué que les patrons veulent un gouvernement qui applique leurs mesures : une attaque contre les prépensions, contre les retraites, contre les services publics, contre les chômeurs… Sur ce dernier point, la secrétaire générale a déclaré qu’il fallait s’en prendre au chômage, pas aux chômeurs. Quant à une réforme fiscale, si elle doit arriver, elle doit se faire au bénéfice des plus pauvres. Elle aussi a affirmé que l’index ne suffit plus et qu’il fallait de plus faire quelque chose au sujet des allocations.

    Le sommet de la FTGB a expliqué que cette concentration de militants n’était seulement que le début d’actions, mais aucune explication n’a été donnée sur le type d’actions à venir ni sur la manière dont un plan d’actions serait élaboré. Voilà la plus grande faiblesse de cette réunion. Le ton combatif n’a pas été lié aux actions ultérieures et ce qu’il faut maintenant raconter aux collègues qui n’étaient pas présents est bien peu clair.

    Un spectacle avec des témoignages

    En lieu et place de discussions sur un plan d’action nous avons eu un « show » où l’ancienne Miss Belgique et présentatrice de la chaîne de télévision privée flamande VTM Anne De Baetselier a interrogé certains militants FGTB dans des sofas confortables. Heureusement beaucoup de ces militants avaient des choses à dire. Mais le concept de spectacle auquel nous avons dû assister ne nous a toutefois pas semblé être une bonne manière de promouvoir une atmosphère combative. Cependant, bien des choses sensées ont été dites. Un militant du secteur des finances a ainsi dénoncé le manque de moyens dans la lutte contre la fraude fiscale. Avec l’augmentation de la flexibilité, peut-être allons-nous d’ici peu voir des intérimaires sans trop de formation être employés à contrôler les impôts des sociétés ?

    Le secrétaire de la Centrale Générale Bruno Verlaeckt (Anvers) a affirmé que la limite pour la flexibilité des travailleurs est atteinte : un sixième des membres de la Centrale Générale souffre d’une surcharge extrême de travail alors que le gouvernement veut encore amplifier la flexibilité. Verlaeckt a aussi dit que les patrons veulent de plus en plus de bénéfices et cela sur le dos des travailleurs, par exemple en fonctionnant avec des sous-traitants. Il a donné l’exemple de Bayer/Lanxess où la direction veut maintenant épargner en licenciant. La direction pense que les sociétés payent trop d’impôts et qu’ils doivent épargner sur le dos des travailleurs. Peut être faut-il préciser que Bayer/Lanxess a seulement payé l’an dernier 8% d’impôts grâce aux mesures comme la déduction de l’intérêt notionnel…

    Le délégué d’Opel Rudi Kennes a référé au Pacte des générations qui a été selon lui surtout un moyen de garantir aux chômeurs une diminution de leurs allocations. Il a également déclaré que les syndicats doivent examiner comment ils peuvent s’organiser internationalement pour lutter contre les multinationales. Comme le patronat est organisé sur le plan international, les travailleurs des différents pays doivent eux aussi essaye de donner une réponse internationale aux attaques. Au sujet des restructurations chez Opel, Kennes a dit que la direction cherchait à renvoyer des travailleurs pour ensuite engager des intérimaires meilleurs marchés et plus flexibles.

    Et après la réunion ?

    Les participants n’ont pas reçu de réponses à la question: qu’arrivera-t-il après cette réunion dans le domaine des actions ? Un plan d’action sera-t-il débattu ? Cette réunion aurait été une excellente occasion d’en discuter. Avec son « manifeste pour la solidarité et contre l’égoïsme », la FTGB possède un texte intéressant avec des arguments pour conserver la sécurité sociale. Mais que sera-t-il fait de ses arguments ? A la CSC aussi, cette question est pertinente. Il y avait aussi aujourd’hui une action à Charleroi contre la cherté de la vie, et il n’est peut-être pas fortuit qu’elle ait pris place le même jour que la concentration de militants FGTB.

    Pourquoi n’a-t-on pas utilisé cette occasion pour commencer une campagne d’information sur les lieux de travail et pour appeler à une manifestation nationale des deux syndicats autour de certaines exigences concrètes comme l’élargissement de l’index, la nationalisation du secteur de l’énergie, la suppression du Pacte des générations, le retrait de tous plans ultérieurs pour démolir la sécurité sociale, la résistance face à la surenchère communautaire et contre la scission, entre autres, de la sécurité sociale, etc.?

    Tout cela pose la question d’une alternative politique. La réunion a démontré qu’une forte solidarité existait des deux côtés de la frontière linguistique ainsi qu’une volonté d’aller en action. Mais toute action se heurtera immédiatement aux positions défendues par les partis traditionnels. Nous ne pouvons pas faire confiance aux politiciens du PS, du SP.a, d’ECOLO ou de Groen !. Nous avons besoin de notre propre instrument : un nouveau parti des travailleurs. Le Comité pour une Autre Politique (CAP) est un début pour diffuser plus largement l’idée de la nécessité de ce parti des travailleurs.


    Reportage photo (par Stephan C.)

  • Bayer/Lanxess. 3,5 milliards de bénéfices… Mais 379 emplois menacés !

    En 2006, les bénéfices du groupe chimique Bayer ont augmenté de 14 % et atteint 3,5 milliards d’euros, un nouveau record pour le groupe. Cela ne suffit encore pas à la direction qui, pour assurer que les bénéfices continueront dans les années à venir, a préparé un plan d’économies passant par le développement de la sous-traitance et la scission de l’entreprise en entités plus petites.

    Geert Cool

    La direction a beau faire des tours de passe-passe avec les chiffres, ces restructurations devraient coûter à Anvers 244 emplois chez Bayer et 135 chez Lanxess, soit un total de 379 emplois.

    En réponse aux plans patronaux, les délégations syndicales de Bayer/Lanxess ont immédiatement organisé l’information des travailleurs et quelques actions ciblées, en particulier sur la question de la sécurité qui était menacée par la possibilité du passage de ce service en sous-traitance.

    Suite à cela, la direction a été contrainte d’annoncer lors d’un conseil d’entreprise spécial mercredi 17 octobre que la suppression des services d’intervention (service incendie et services médicaux) serait réétudiée. En outre, les travailleurs qui seraient touchés par la sous-traitance conserveraient les modalités de leur convention de travail actuelle avec Bayer/ Lanxess.

    Ces concessions faites par la direction lors de l’ouverture des pourparlers sur les plans de restructuration ayant été jugées importantes, les actions ont été temporairement suspendues. Les négociations sur les divers aspects des restructurations pourraient encore durer des mois.

    Il est important que ces négociations commencent avec un recul de la direction suite à des actions bien organisées au cours desquelles la solidarité de tous les travailleurs dans les différentes implantations de Bayer et de Lanxess à Anvers s’est vigoureusement exprimée.

    Par le passé, des plans d’économies de Bayer ainsi qu’un autre plan de scission entre Bayer et Lanxess ont déjà été empêchés par le personnel. A chaque fois, cela s’est fait sur base d’une solidarité entre les travailleurs des divers sites et d’une résistance active. C’est encore sur cela que les travailleurs devront se baser dans les mois à venir !


    Pourquoi faire des économies sur le dos des travailleurs ?

    1. Le personnel n’est-il pas assez productif ?

      En 2003, Bayer avait un chiffre d’affaires de 1.134 millions d’euros avec 2.072 travailleurs, ce qui équivaut à 0,55 million d’euros par travailleur. En 2006, le chiffre d’affaires était de 1.100 millions d’euros avec 917 travailleurs, soit 1,1 million d’euro par travailleur.

      La productivité a donc doublé en 4 ans !

    2. Les salaires sont-ils trop élevés et donc impayables ?

      En 2006, les salaires et frais de personnel ne représentaient que 8,7% du chiffre d’affaires. Et pourtant, c’est cet argument qui est mis en avant par la société. Dans la Gazet van Antwerpen de mai 2006, Ulrich Koemm (dirigeant de Lanxess) affirmait “qu’un travailleur dans la chimie à Anvers a presque 60 jours de vacances par an. C’est trop. En Chine, ils en ont maximum 15.” Apparemment, la direction rêve d’imposer des conditions de salaires et de travail à la chinoise à Anvers.

    3. La pression fiscale est-elle trop élevée ?

      Les diverses mesures de Verhofstadt ont permis de faire tomber la pression fiscale réelle chez Bayer à un maigre 7,8 %. Si elle doit continuer à baisser, Bayer/Lanxess ne devra bientôt plus payer d’impôts et ne fera plus que recevoir des moyens de la collectivité en cadeau.

    Comment la direction veut-elle faire des économies ?

    1. Scinder

      La première manière envisagée pour économiser est de poursuivre la scission de l’entreprise entre Bayer et Lanxess. En novembre 2003, la direction avait annoncé qu’elle allait se défaire de certaines activités.

      Un accord sur la structure de l’entreprise à Anvers a été conclu dès décembre 2003 : la scission a eu lieu mais on a maintenu un seul conseil d’entreprise et un seul comité de prévention et de protection sur le lieu de travail. En même temps, une garantie de sécurité d’emploi a été définie dans une convention collective de travail (CCT) avec des primes remarquablement élevées en cas de licenciements éventuels. Cette CCT est valable jusqu’au 31 décembre 2008.

      A présent, la direction veut progressivement mettre un terme aux accords de collaboration entre les deux entreprises (il y a 70 contrats de ce type actuellement). Cette collaboration est remise en question pour pouvoir économiser plus vite et de façon plus efficace. Tout le processus de séparation de Lanxess au sein du groupe Bayer a ce but : fin 2003, il y avait encore 20.423 travailleurs dans ce qui est Lanxess aujourd’hui et fin juin 2007, le compteur indiquait 16.400. En 4 ans, on a donc perdu 1 emploi sur 5.

    2. Sous-traiter

      Ce qu’on appelle la “sous-traitance” est une autre méthode pour pouvoir produire meilleur marché : certains services ne sont plus assurés par la société elle-même, mais sous-traités à des entreprises qui viennent fournir les services (on les appelle les providers). Ainsi, la société peut fonctionner avec une partie du personnel qui travaille pour de petites entreprises fournisseuses de services qui n’ont ni fonctionnement syndical réel ni conditions de travail et de salaire valables. La direction peut ainsi augmenter encore plus la flexibilité. La sous-traitance est une forme de traite des êtres humains pour économiser sur le dos des travailleurs

    3. Rogner sur la sécurité

      Un des services menacés chez Bayer/Lanxess est le service assurant la sécurité et l’assistance médicale. Comme les travailleurs de ce service l’ont fait remarquer dans les médias, ceci est particulièrement dangereux, pas seulement dans l’usine elle-même, mais aussi pour les alentours de l’usine.

      En sous-traitant la sécurité ou en économisant dans ce domaine, on joue avec des vies. Car une entreprise chimique n’est pas une biscuiterie mais une société de type Seveso (c’est-à-dire présentant de hauts risques en matière de pollution). Or, le service incendie ne « coûte » que 6 millions d’euros par an à la société. C’est sans doute encore trop pour la soif de profit des actionnaires.

    4. Produire plus avec moins de monde

      Finalement, la direction veut maintenir le chiffre d’affaires au même niveau, mais avec moins de personnel. Apparemment, elle espère que l’énorme augmentation de productivité des dernières années se poursuivra éternellement. Produire plus avec moins de monde est un fantasme des actionnaires qui risque de tourner de plus en plus au cauchemar pour les travailleurs (à cause du stress, de la pression accrue, des conditions de travail difficiles,…).


    Les actions montrent la solidarité

    • Samedi 22 septembre. La “Gazet van Antwerpen” publie un article sur la possible disparition de 300 emplois chez Bayer/Lanxess. Le journal dispose d’informations détaillées à ce sujet.
    • Lundi 24 septembre. La direction annonce un conseil d’entreprise spécial pour parler de ces rumeurs. Les syndicats distribuent un tract dans lequel ils exigent des clarifications de la part de la direction.
    • Mercredi 26 septembre. La direction dévoile ses plans : 379 emplois sont menacés. Les syndicats distribuent immédiatement un tract révélant les chiffres de bénéfices de l’entreprise ainsi que ceux de la productivité des travailleurs.
    • Vendredi 28 septembre. Les délégations syndicales organisent des rassemblements du personnel pour informer les travailleurs quant aux plans d’économies de la direction et appeler à la résistance.
    • Mardi 2 octobre. Les travailleurs organisent une journée d’action contre les attaques planifiées sur la sécurité. Ils mènent une action devant les bâtiments centraux de la société.
    • Vendredi 5 et lundi 8 octobre. Des assemblées syndicales sont organisées pour informer et mobiliser les travailleurs.
    • Lundi 15 octobre. Les travailleurs bloquent l’accès à l’entreprise avec des sous-traitants et des camions.
    • Mercredi 17 octobre. Suite au conseil d’entreprise spécial, le personnel organise une marche contre la politique de démolition sociale. Plus de 500 travailleurs se dirigent vers des entreprises voisines comme Degussa où les militants syndicaux ont manifesté leur solidarité. Lors du conseil d’entreprise spécial, la direction annoncent des ouvertures en ce qui concerne la sous-traitance et le personnel de la sécurité.
  • Contribution à la discussion : Le CAP doit avoir comme objectif la création d’un nouveau parti des travailleurs

    “Une autre politique est nécessaire et possible”. C’est sur ce thème que nous nous sommes présentés aux élections du 10 juin. Le contenu revendicatif de ce slogan était développé dans notre programme électoral et était largement compris et accepté parmi les membres du CAP. Mais notre faible résultat électoral a montré que l’absence d’une prise de position claire dans notre nom et dans nos slogans – quelle est cette « autre » politique que nous voulons et avec quels instruments espérons-nous la mener – a joué contre nous.

    Depuis lors, les difficultés pour relancer le CAP ont, elles aussi, montré qu’il est plus que temps de préciser notre projet politique. Si le CAP veut avancer vers la formation d’un nouveau parti, il va devoir prendre position de façon claire et faire des choix afin de construire un outil solide.

    Sauver la solidarité… en lui donnant une voix politique

    Depuis le 27 septembre, des dizaines de milliers de personnes ont signé la pétition Sauvons la solidarité en réponse aux chamailleries communautaires entre les partis traditionnels. Mais ceux qui signent la pétition n’ont plus de parti qui porte clairement leur voix dans le débat politique.

    Quel parti défend – dans ses actes et pas seulement uniquement dans ses discours, au pouvoir et pas seulement dans l’opposition – des revendications comme un salaire convenable, des conditions de travail et de vie saines et sécurisées, une pension décente,… ? Quel parti défend encore les intérêts de la majorité de la population, celle qui vit d’un salaire ou une allocation ? Quel parti agit encore au niveau belge dans le sens de la solidarité entre les populations ? Aucun. Ce constat reste aujourd’hui tout aussi vrai que lors des luttes contre le Pacte des Générations et les licenciements massifs à VW et Opel.

    Beaucoup de ceux qui disent ne plus vouloir voter pour le PS et le SP.a expliquent que « ce ne sont plus des partis de gauche » et qu’ « on n’y écoute plus les travailleurs et les militants de base ». Seule une formation politique organisée sur le plan national qui défendra à nouveau clairement les intérêts de cette majorité de la population et qui fonctionnera sur une base démocratique et ouverte pourra rendre un espoir à ceux qui l’ont perdu, reconstruire une combativité qui s’est dégradée et construire une alternative, dans les luttes et dans les élections.

    Pour un nouveau parti des travailleurs et de la solidarité

    L’idée que les travailleurs – au sens large, c’est-à-dire en y incluant ceux qui ont un emploi et ceux qui n’en n’ont provisoirement pas (en chômage, en maladie), qui n’en ont plus (prépensionnés et pensionnés) ou qui espèrent en avoir bientôt un (jeunes aux études) – ont de véritables intérêts communs et qu’ils doivent les défendre dans la solidarité a reculé au cours du dernier quart de siècle. Beaucoup de travailleurs ont perdu une vision collective de leur situation, de leurs problèmes et des revendications à défendre ; ils ont été amenés à penser que leurs problèmes ne sont pas ceux des autres, qu’il n’ont rien à attendre comme solidarité de la part des autres, qu’ils sont obligés de chercher des solutions individuelles,…

    Le CAP va devoir s’engager activement dans cette lutte des idées. Il va devoir prouver sur chaque question concrète que seul un point de vue basé sur les intérêts collectifs des travailleurs et sur la solidarité peut permettre d’organiser les actions efficaces qui puissent faire barrage aux projets du patronat et du gouvernement.

    Pour cela, le CAP devra :

    • être présent au quotidien dans les luttes, des « grandes batailles nationales » contre les plans gouvernementaux d’austérité aux « petits combats locaux » contre la fermeture d’un bureau de poste.
    • mettre inlassablement l’accent sur les intérêts communs que les travailleurs ont entre eux et avec les usagers des services publics, participer concrètement à l’organisation de ces luttes et de cette solidarité, et mettre en avant la nécessité d’un nouveau parti capable de redonner une voix aux travailleurs.
    • continuer à œuvrer, à travers l’action en commun et le débat politique, pour favoriser l’unité de tous ceux qui, à gauche, organisés politiquement ou non, se reconnaissent dans cette perspectived ‘un nouveau parti des travailleurs.

    C’est de cette manière que le CAP pourra grandir et devenir plus visible et plus efficace.


    Nathalie Dupont – tête de liste CAP Liège

    Bart Vandersteene – tête de liste Oost-Vlaanderen

    Gustave Dache – tête de liste CAP Hainaut

    Ludo Mommen – tête de liste CAP Anvers

    Hugo Matthieu – 4 place CAP Oost-Vlaanderen

    Simon Hupkens – 2 place CAP Liège

    Levi Sollie – ABVV délegué Bayer

    Jo Coulier – ABVV délegué VUB

    Katia Chikowski – secretariat CAP Liège

    Jean Peltier – secretariat CAP Liège

    Patrick Zeoli – 6e place CAP Liège

  • Même les libéraux l’avouent : « Cette façon de rémunérer est irresponsable »

    Il paraît que nos salaires sont trop élevés. Mais ceux qui nous vendent ce message ne se gênent pas pour toucher des sommes exorbitantes dans leurs entreprises. En 2006, les topmanagers des entreprises les plus importantes de notre pays ont reçu une augmentation salariale de pas moins de 22 %.

    Karel Mortier

    Salaires exorbitants au sommet, austérité pour les salariés

    En tant que topmanager du Groupe Bruxelles Lambert (GBL), Albert Frère a touché 5,54 millions d’euros. Jean-Paul Votron de Fortis a palpé 4,47 millions et Carlos Brito d’InBev 3,94 millions. Chez ING, le topman hollandais a reçu 4 millions d’euros, contre 1 million il y a quatre ans. Et toutes ces sommes ne comprennent même pas les bonus et les paquets d’actions qu’ils détiennent.

    Belgacom a réalisé 6,1 milliards d’euros de profits. Le topmanager Didier Bellens a touché 1,85 millions d’euros en 2006, plus 480.000 euros de dividendes de ses actions. Il a en plus réalisé un joli coup : après avoir acheté 300.000 actions Belgacom pour une valeur de 6 millions d’euros en 2004, il en a revendu 180.000 pour ce même prix en 2006. Quant aux 120.000 actions qu’il a conservées, elles lui rapporteront un profit net de 4 millions d’euros.

    Pour le personnel de Belgacom, les choses sont différentes. Début 1990, il y avait encore 26.500 salariés. Il n’en restait plus que 15.000 début 2007. De ces effectifs réduits, la direction aimerait encore en supprimer 1.500 de plus. Comme la CSC Transcom l’a fait remarquer : « L’année dernière, le coût du personnel a baissé de 3,3 %. Au niveau de la direction, les salaires ont augmenté de 6,4 %. Il est grand temps de passer à une augmentation de salaire pour les travailleurs aussi. »

    Chez Bayer/Lanxess, les syndicats ont diffusé un tract dénonçant le clivage entre sommet et base. « Dans un article de De Tijd, M. Ulrich Koemm, membre du comité de direction de Lanxess, a déclaré que les conditions salariales en Belgique ne sont plus concurrentielles au niveau mondial. Malgré cela, ce sont ces messieurs qui s’offrent des salaires exorbitants et gagnent toujours plus d’année en année. Ainsi, le salaire de base de M. Heitman (Lanxess) a augmenté de 13 % en 2006 par rapport à 2005 (de 592.000 à 670.000 euros) et il y a eu une hausse des salaires du Conseil d’Administration de Bayer de plus de 15 % ( de 7.064.828 à 8.143.822 euros). »

    Si même les libéraux mettent en cause le clivage salarial…

    Plusieurs politiciens libéraux ont prévenu que le clivage toujours croissant entre les salaires commençait à poser problème. Karel de Gucht (ministre des Affaires étrangères VLD) s’est déclaré partisan d’une modération salariale pour les salariés, mais « ce plaidoyer en faveur de la modération est difficile à vendre politiquement si, à l’arrière-plan, le sommet touche des salaires royaux et alors que la part des profits des entreprises dans le revenu total de l’économie n’a jamais été si importante. Les dernières années, les salaires réels ont augmenté moins que la productivité. »

    Son ancien collègue-parlementaire et économiste libéral Paul De Grauwe a ajouté que : « Les managers reçoivent des rémunérations élevées parce que l’économie tourne bien et que les Bourses font de bonnes affaires, alors qu’ils n’y sont pour rien. Cette façon de rémunérer est inacceptable ».

    En soi, les politiciens traditionnels ne s’opposent pas aux rémunérations élevées pour les topmanagers. Comme l’a déclaré Etienne Schouppe (CD&V): « Il va de soi que l’on paie bien les topmanagers. Si tu donnes des cacahuètes, tu reçois des singes. » Voilà qui reflète bien leur avis sur la majorité des travailleurs… S’ils souhaitent diminuer un tantinet le clivage entre les salaires des topmanagers et ceux des couches intermédiaires (les cadres et les employés les mieux payés), ce n’est que pour éviter que l’ensemble des travailleurs réclament une augmentation générale des salaires.

    Lâchez nos ceintures !

    Leurs belles déclarations sont d’autant plus hypocrites que les partis traditionnels n’ont rien fait pour stopper l’augmentation du clivage salarial et en sont même co-responsables. Lors des discussions sur la norme salariale de l’Accord Interprofessionnel, ils criaient haut et fort qu’il fallait nous serrer plus fort la ceinture.

    Aujourd’hui ils découvrent brusquement que nos salaires ne suivent pas le rythme et même que « Les augmentations extrêmes pour quelques-uns sont basées sur la modération pour beaucoup. Cela n’est pas juste » selon les paroles du même Etienne Schouppe (qui semble oublier son propre passé en tant que topmanager de SNCB…). Mais qui imagine qu’après les élections, on entendra encore ces belles paroles ?

  • Des directions de multinationales acceptent les revendications syndicales

    Chimie à Anvers: Bayer/Lanxess & Agfa-Gevaert

    Renault, Ford et dernièrement VW ont illustré les difficultés d’arrêter la direction d’une multinaltionale quand celle-ci décide de faire baisser les coûts salariaux. Mais à côté des nombreuses défaites existent ausi quelques victoires partielles importantes.

    Ainsi, la direction d’Agfa-Gevaert (4.000 travailleurs) vient de renoncer à un plan de départs obligatoires d’ouvriers, cinq mois après l’annonce d’une réorganisation. En août, elle avait pourtant déclaré qu’il fallait encore diminuer le personnel de 405 ouvriers. Après presque 6 mois de discussion avec les centrales syndicales des ouvriers, les négociations ont échoué.

    Les syndicats sont convaincus qu’à travers des prépensions classiques – 56 ans pour les travailleurs en équipes et 58 ans pour les autres – 230 emplois vont disparaître d’ici 2010. De plus, 20 ouvriers ont déjà quitté l’entreprise et une solution pourrait être trouvée pour 60 autres ouvriers en étalant dans le temps la sous-traitance. Par contre, les syndicats refusent un plan social prévoyant le départ obligatoire de 100 ouvriers puisqu’ils ont appris par la direction elle-même que l’usine de Mortsel (le plus grand site d’Agfa-Gevaert) a momentanément un gros cahier de charges. Pour les employés, que la direction voulait amputer de 333 travailleurs, il était prévu d’appliquer des prépensions à 52 ans. Ceci devait se passer conformément aux règles du Pacte des Générations, c’est-à-dire avec une cellule de reconversion et une disponibilité obligatoire pour n’importe quel emploi. Les syndicats ont refusé ces propositions et s’opposent à toute perte d’emploi sèche durant les quatre prochaines années.

    C’est la deuxième petite victoire des syndicats sur le patronat de la chimie en quelques semaines seulement. Il y a déjà deux mois, le 4 décembre dernier, la direction de Lanxess (1.050 travailleurs) a retiré son intention de scissioner l’entreprise en trois entités distinctes.

    En 2003, Lanxess a été séparée de Bayer (900 travailleurs). Ainsi, deux entités juridiques ont été créés mais dans une seule unité d’entreprise technique (avec, donc, le maintien d’une seule délégation syndicale et des élections sociales communes). Une clause de garantie d’emploi a alors été négociée. Si la direction ne respecte pas cette clause, elle s’engage à payer une indemnisation de 4 semaines de salaire par année d’ancienneté aux travailleurs (avec un minimum de 26 et un maximum de 104 semaines pour les ouvriers et, pour les employés, un minimum de 9 mois et un calcul correspondant à la formule Claeys). De plus, une imdemnisation morale forfaitaire de 17.500 euros s’ajoute pour les travailleurs et les employés barémiques engagés au moment de la conclusion de la CCT.

    Mi-octobre, la direction avait annoncé une scission supplémentaire de Lanxess. Ainsi, elle voulait tripler ses options en cas de restructuration. Les syndicats ont tout de suite organisé une campagne de sensibilisation. Des calicots pendus dans l’entreprise, une série de tracts et de réunions d’information liée à des grèves éclairs ont illustré qu’ils n’allaient pas facilement avaler cela. Cette campagne, combinée au coût d’une restructuration due aux accords prévus dans la CCT concernant les indemnisations de licenciements, a poussé la direction à reculer sur ses intentions.

  • Des primes de départ jusqu’à 144.000 euro. VW: la direction achète la lutte, mais la pilule reste amère

    Plus de 1.200 travailleurs de VW ont décidé de quitter “volontairement” l’entreprise en échange d’une prime de départ exceptionnelle. Ainsi, le chant du cygne de VW à Forest, une des rares icônes restante du syndicalisme de combat, semble avoir commencé. Apparemment, les 1.500 primes de départ que VW veut bien accepter seront facilement dépassés les jours prochains. La hauteur des primes est due aux traditions de lutte au sein de l’entreprise.

    Eric Byl

    Mais il est regrettable d’avoir misé si tôt sur des primes de départ avant qu’il n’y ait de clarté sur l’avenir de l’entreprise et sans que le sort des nombreux emplois perdus chez les sous-traitants ne soit réglé. Voici une analyse critique et quelques suggestions pour l’avenir.

    Une réaction compréhensible

    La réaction de beaucoup de travailleurs n’est pas une surprise. Ces dernières années, les conditions de travail à VW sont devenues intenables et, de plus, l’avenir de l’entreprise reste incertain. Les larmes de crocodiles des dirigeants nationaux des syndicats n’ont pas été de nature à convaincre les travailleurs qu’ils allaient se battre de façon conséquente pour chaque emplois. Ne parlons même pas d’une mobilisation de l’ensemble de la classe ouvrière Belge…

    Le fait que l’assemblée du personnel du 22 novembre s’est terminée en renvoyant tout le monde chez eux avec le message qu’ils seraient informés par les médias était déjà un mauvais signe. L’absence totale de mots d’ordre à la fin de la manifestation de solidarité internationale du 2 décembre a confirmé le soupçon que la lutte pour chaque emplois était exclue avec de tels dirigeants. Qui peut reprocher dans ces conditions aux travailleurs de choisir la moindre douleur? Quelques dizaines de travailleurs nous ont expliqué pourquoi ils ont finalement signé.

    Bruno: “Cela fait 18 ans que je travaille à VW, la prime s’elève dans mon cas à environ 100.000 € brut. Même si après les taxes il n’en restera que 50.000 €, je devrais encore épargner pendant 20 ans 250 € chaque mois pour y arriver. Je considère comme exclu que VW puisse tenir encore 20 ans ici.” Son collègue, qui à 26 années de travail à VW déclare: “Je suis au maximum, je plains ceux qui vont rester, car ils vont souffrir.” Au café Le Cox, en face de l’usine, ceux qui n’ont pas (encore) signé font figure d’exception. Les travailleurs ont fait la part des choses, et ils savent compter, “ici vous voyez beaucoup d’argent”, nous raconte l’un d’entre-eux en souriant pendant qu’il regarde autour de lui “6 millions de franc belges, 4 millions, 3 millions, encore une fois 3 millions, 2 millions, et moi 4 millions”. L’ironie ne nous a pas échappé.

    Fermeture où scénario bien élaboré ?

    Ceci confirme ce que Jacques Guilmot nous avait raconté dans le bus de solidarité du Comité pour une Autre Politique (CAP) garé au picket. Jacques est un de ces délégués exemplaires qui jadis ont essayé de construire le caractère combatif de VW à Forest. Il avait abandonné son mandat syndical et retravaillait de nouveau à la chaîne ces dernières années, “afin de renforcer le contact avec la base”. Il le faisait parce qu’il “savait que des choses allaient se passer et que les délégués puisent leurs forces des travailleurs mêmes”. A VW, il y a environs 60 permanents syndicaux, le résultat d’accords dans l’industrie automobile, avec comme effet néfaste qu’un fossé s’est creusé entre beaucoup de délégués et la base.

    Jacques nous a raconté que selon lui VW n’avait pas du tout l’intention de fermer le site, mais de transformer l’usine à Forest “en modèle en termes d’assainissements sur les salaires et les conditions de travail”. C’est justement ce qui est sur table: allongement du temps de travail et au moins 20% d’économies sur les coûts salariaux. En attendant la possibilité d’attribuer la production de l’Audi A1 qui n’est encore qu’au stade de la table à desssin, trois scénarios sont mis en avant: plus de Polos, une partie des Golfs ou encore des Audi A3. La décision qui concernera les 3.000 travailleurs restants ne serait que pour plus tard dans la semaine. Selon nous, il aurait été mieux de faire dépendre l’accord sur les primes de départs de garanties sur les salaires et les conditions de travail des 3.000 qui restent, entre autres.

    Des temps difficiles

    Ce ne seront d’ailleurs pas que les 3.000 travailleurs qui resteront qui auront à souffrir. On estime que d’une prime de départ de 144.000 €, il n’en reste après taxation que 57.600 € (*). Agoria et les organisations patronales belges sont furieux. Ils n’osent pas imaginer que d’autres délégations syndicales et travailleurs puisse prendre ces montants comme référence. A Renault Vilvorde, en 1997, la prime pour un travailleur ayant 20 années d’ancienneté n’était que de 25.000 € brut (**), autant que VW est prêt à payer pour des intérimaires qui partent volontairement! A Imbev, plus tôt cette année, la prime, de nouveau pour un travailleur avec 20 années d’ancienneté, était de 42.100 € brut. Certains travailleurs de VW espèrent que le gouvernement va partiellement décharger les primes. Ce n’est pas totalement exclus, mais maintenant que la délégation a ouvert les portes et que beaucoup de travailleurs en ont profité pour partir, les relations de forces nécessaires pour arracher cela sont minées.

    Le gouvernement aurait déjà fait des concessions sur le Pacte des Générations pour les plus de cinquante ans : ils pourraient partir en prépension à condition d’avoir tout fait durant 6 mois pour retrouver un boulot. Nous sommes curieux de savoir comment on pourra juger cela d’ici 6 mois. De toute façon, beaucoup de ceux qui partent doivent s’attendre à des temps difficiles. Qui retrouve un boulot devra accepter une réduction de salaire, probablement beaucoup plus que 250 € par mois. A VW, on est habitué à une force syndicale importante, ce qui sera généralement inexistant chez le nouvel employeur. Au cas où ils ne trouvent pas d’autre emploi, la prime sera vite dilapidée et quand ils seront interrogés par le service de chômage et devront subir les humiliations qui y sont fréquentes, beaucoup d’entre eux regretteront qu’aucune lutte pour la préservation de chaque emploi n’ait été menée.

    Les travailleurs des sous-traitants au placard

    Chez les travailleurs des sous-traitants, la frustration n’a fait que monter après le départ de beaucoup de travailleurs de VW. Certains d’entre eux travaillent depuis 20 ans au site de Forest. Leurs patrons ne seront jamais prêts à payer de telles primes de départ. Il parait que VW aurait prévu une enveloppe pour eux, mais il faut encore en négocier le contenu et les relations de forces pour cela sont minées. Durant tout le conflit, nous avons été frappés par l’habitude de la délégation de se réunir généralement à huis clos au lieu d’impliquer au maximum les travailleurs, comme lors de la lutte à Clabecq ou dans d’autres conflits. Encore pire, les délégations des travailleurs des sous-traitants n’ont pas pu participer à ces réunions et démeuraient donc en général dans l’incertitude sur les derniers développements. Maintenant que les travailleurs de VW sont partis, ils perdent leur plus puissant allié. En ce sens, il aurait été préférable que les délégations de VW attendent qu’une solution pour toutes les catégories de travailleurs, y compris ceux des sous-traitants, soit trouvée avant de lâcher les primes de départ.

    Aucun choix

    Beaucoup de travailleurs nous disent qu’ils ne pouvaient tirer qu’une conclusion après l’assemblée du personnel: “game over”. Le MAS est pourtant convaincu que ce n’était pas le seul scénartio possible. Avant l’été déjà, nous avions distribué un tract à VW sur la possibilité d’une restructuration et la nécessité de se préparer puisque “la faiblesse mène à l’agression patronale”. La délégation de VW, par contre, confirmait sa confiance dans la parole donnée par la direction. Nous pensons qu’une campagne de sensibilisation aurait été préférable. Lorsque la direction de l’entreprise chimique anversoise Lanxess, une scission de Bayer comprenant un bon millier de travailleurs, a annoncé le 17 octobre la scisson de l’entreprise en 3 unités, les délégations syndicales ont commencé une campagne d’information. Des calicots ont été placés dans l’entreprise, les délégations ont distribués à 5 reprises des tracts, ils ont pris la parole et organisés des grèves éclairs. Resultat: un bon mois plus tard, le 4 décembre, la direction à annulé son projet. Cela ne signifie pas qu’une telle stratégie aurait aussi à VW et mené à des résultats spectaculaires, mais du moins les travailleurs auraient été mieux préparés.

    Il est évidemment difficile de faire revenir en arrière une multinationale comme VW sur son plan industriel. Il est même exclu de réaliser cela sur base de la force seule des travailleurs de VW. Mais les travailleurs de VW ont une tradition de solidarité avec d’autres entreprises. Ce sont eux qui, en ’96, ont contribué au mouvement autour de l’affaire Dutroux en marchant vers le palais de justice. Cela n’est pas encore oublié et le sentiment de solidarité avec les travailleurs de VW était fort étendu. Une grève de solidarité de 24 heures dans tous les secteurs ou au moins des interruptions de travail aurait été acceuillie avec enthousiasme dans toute grande entreprise en Belgique. Il y avait un potentiel pour moboiliser toute la classe ouvrière et toute l’opinion publique et faire de VW-Forest un pôle d’attraction international qui aurait pu changer le rapport de force plus largement qu’à l’entreprise seule. VW-Forest avait le potentiel de signifier pour le mouvement ouvrier ce que la grève des mineurs en Grande-Bretagne en ’85 signifiait pour le patronat européen: le début d’une offensive contre l’agression du patronat européen.

    Il faut rompre les liens avec la social-démocratie et les sociaux-chrétiens

    Nous n’y sommes pas arrivé et ne pouvons le reprocher aux délégations syndicales de Forest. Nous ne savons pas ce qui a été discuté entre les délégations de Forest et les instances nationales. Ces dernières sont pieds et poings liés à la social-démocratie et aux sociaux-chrétiens qui sont, avec les libéraux, les principaux exécuteurs du néo-libéralisme. Pour forcer une multinationale comme VW à faire des concessions, il faut lui mettre l’épée dans les reins, non pas en exigeant la réstitution des subsides donnés, car la direction le compenserait au dépends des travailleurs VW à l’étranger et les monterait en même temps contre les travailleurs belges – ce qui reduirait la force de tous les travailleurs- mais si nécessaire par la nationalisation de l’usine et la reconversion de la production vers une production écologiquement justifiée.

    Nous ne voyons pas comment un Vande Lanotte, un Vandenbroucke ou un Di Rupo et une Onckelinkx pourraient y être poussés. Cela nécessite un nouveau parti, véritablement du côté des travailleurs. Le MAS y travaille, en collaboration avec Jef Sleeckx entre autres, au sein du Comité pour une Autre Politique.

    Préparer le match retour

    La direction de VW a réussi son coup. 2.800 des 5.800 emplois sont supprimés et les travailleurs restants perdront beaucoup de leurs salaires et de leurs conditions de travail. Les travailleurs ont marqués un but avec des primes de départ sans précédent, probablement calculées à l’avance par la direction. Le match est à 2 contre 1. Mais il faudra encore jouer beaucoup de parties et nous ne pouvons pas nous démoraliser. Il faut tirer les leçons de la lutte précédente et préparer celles à venir. Les travailleurs de VW ont une tradition de lutte, gardons-la pour ceux qui travailleront encore demain à VW et introduisons surtout avec quelques milliers des anciens travailleurs de VW cette tradition chez les futurs employeurs. Construisons ensemble dans le Comité pour une Autre Politique une force politique tout à fait indépendante du patronat et renforçons le MAS pour que, pas à pas, entreprise après entreprise, nous puissions construire une force qui dévoile la stratégie des patrons et qui soit capable d’y répondre.


    (*) selon le cotidien “Het Volk” du 10/12/2006 “Voir d’abord ce qui en reste”

    (**) un ancien de Renault qui travaille aujourd’hui à la STIB nous raconte qu’après taxes, il lui restait 300.000 frb de cette prime.

  • Meeting FGTB à Anvers. La base veut un plan d’action clair pour défendre les prépensions

    Début septembre, un meeting commun de plusieurs centrales FGTB a eu lieu à Anvers pour discuter de l’offensive contre les prépensions. Quelque 400 militants y ont fait preuve d’une énorme combativité. La base de la FGTB a clairement signifié au secrétaire général Xavier Verboven qu’elle n’accepterait pas de concessions lors des négociations sur les fins de carrière et appelait de ses voeux un plan d’action.

    Verboven a fait le tour des propositions sur les fins de carrière et a assuré que la FGTB n’accepterait jamais que la prépension ne soit accessible qu’après 40 ans de carrière. Verboven a été interpellé depuis la salle sur le nombre d’années qu’il trouvait acceptable avant de partir en prépension. Il n’a pas répondu.

    On y a dit que les discussions sur les fins de carrière, le financement de la sécurité sociale et le maintien de l’Etat-Providence devaient aller de pair. Le lendemain du meeting, Verboven donnait une interview dans De Tijd où il défendait la nécessité de lier toutes les discussions, faute de quoi la base syndicale n’accepterait jamais les propositions en matière de prépension… Les interventions de la salle ont fait transparaître nombre de critiques. Tel ce militant qui disait qu’il ne fallait pas négocier sur la régression sociale, mais sur la nécessité de la création d’emplois.

    Un délégué de Degussa a dit que l’édition spéciale du journal de la FGTB flamande ‘De Nieuwe Werker’ était un instrument utile, mais qu’il laissait la porte ouverte à des concessions inacceptables. Le principe de travailler plus longtemps n’y est pas remis en cause, ce qui fait qu’on ne sait plus trop jusqu’où la direction de la FGTB est prête à aller. Où va-t-on mettre la limite? Il disait que la limite de 25 ans telle qu’elle existe actuellement devait être maintenue. Le délégué a aussi réclamé un plan d’action.

    Un délégué de Bayer a aussi réclamé la tenue d’une assemblée de tous les militants dès qu’une décision sera prise. Il a aussi dit qu’il fallait un plan d’action avec une plateforme de revendications claires. Elle devrait inclure la nécessité du maintien et de l’amélioration du système de prépension, une diminution du temps de travail et le maintien du financement de la sécurité sociale. La direction de la FGTB doit tirer les leçons des négociations pour l’AIP. Sous la pression de la base, il y avait eu alors une manifestation de plus de 50.000 participants le 21 décembre 2004, mais aucune action commune des différents secteurs n’avait suivi. Il manquait un plan d’action soutenu par les différents secteurs, ce qui a permis au gouvernement d’imposer finalement une norme salariale sans résistance unifiée de la part du syndicat.

    La base a fait montre de sa prédisposition à l’action lors de cette réunion et elle n’est pas prête à tolérer une répétition des discussions sur la norme salariale. La direction devra en tirer les conclusions et doit cesser de tergiverser dans la mise sur pied d’un plan d’action. Le tract que le MAS a distribué à l’assemblée développait ce point de vue et a été bien accueilli.

    Après avoir pris connaîssance de la "note d’orientation" du gouvernement sur les prépensions et le financement de la sécurité sociale, les directions de la FGTB et de la CSC ont enfin décidé de travailler à un plan d’action. En attendant, le meeting d’Anvers aura démontré à quel point la base aspire à un cela.

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