Tag: BASF

  • En Bref…

    Cette rubrique est destinée à mettre en avant différents faits, citations, vidéos ou petites nouvelles particulièrement frappantes. Cette semaine, les raisons fiscale de l’amour de Bernard Tapie pour la Belgique, le nouvel emploi de Tony Blair auprès de la dictature kazakhe ou encore les conséquences du coût des soins de santé en Belgique.


    La Belgique, plus sûre que la Suisse pour les riches

    Notre pays est la ‘‘terre d’accueil rêvée pour ceux qui refusent de payer l’ISF, beaucoup plus sûre que la Suisse" selon Charlie Hebdo, qui commentait la création en Belgique du Holding Groupe Bernard Tapie. Le magazine français explique que cette société a reçu en décembre près de 61.000 titres de son groupe français, équivalent à une somme d’environ 215 millions d’euros. C’est une somme similaire à celle que tapie a reçue de l’Etat français dans le cadre du dossier du Crédit Lyonnais. Selon Charlie Hebdo, cette décision s’explique par la volonté de Tapie d’échapper à l’impôt sur la fortune, qui n’existe pas dans notre pays, ainsi qu’à l’impôt sur la revente des titres de société, une opération exonérée d’impôt en Belgique. Comme quoi, Mittal n’est pas le seul à profiter des largesses de l’Etat belge…


    Un belge sur cinq ne se soigne pas, surtout à cause du coût

    Ce jeudi, Le Soir a rapporté qu’un Belge sur cinq refuse de se rendre chez le médecin quand il est malade et que, dans quatre cas sur dix, c’est à cause du prix. Plus de six patients belges sur dix limiteraient aussi leurs dépenses de base (logement, carburant, alimentation, éducation) pour leurs factures de santé. Ces données sont issues d’une étude internationale menée par l’auditeur Deloitte. Le seul pays où les gens s’abstiennent plus qu’en Belgique d’aller chez les médecins sont les Etats-Unis. A quand un nouveau documentaire de Michael Moore sur les soins de santé ? Mais cette fois-ci, en Belgique…


    Des milliards de profits dans la pétrochimie

    Un certain nombre d’entreprises également actives dans notre pays ont fait connaître leurs résultats pour le troisième trimestre de 2011. A nouveau, ce sont de profits gigantesques dont il est question. Exxon a réalisé un bénéfice de 7,3 milliards d’euros au troisième trimestre, soit 41% de plus que pour le même trimestre l’an dernier. La multinationale est suivie par Shell, avec 4,9 milliards d’euros. Mais si les recettes de Shell ont augmenté de 36%, la production a diminué de 2%. BASF a réalisé un bénéfice net de 1.192 milliard d’euros, quand même 50 millions de moins qu’au même trimestre l’année dernière. Bayer, de son côté, a obtenu un bénéfice trimestriel de 642 millions d’euros (contre 285 millions l’an dernier). Et ce serait à nous de payer pour la crise?


    Les conservateurs catholiques contre le mouvement Occupy

    A Anvers, le KVHV (cercle des étudiants catholiques conservateurs) a répondu par un communiqué de presse au mouvement Occupy Anvers. Nos pieux étudiants de droite estiment qu’il n’existe aucune raison de s’indigner. Mais, très vite, le cœur du problème a été dévoilé : ‘‘Le mouvement Occupy n’est pas un mouvement neuf. C’est un nouveau déguisement pour le communisme révolutionnaire. Les organisateurs ne le savent que trop bien, mais gardent le silence envers les participants." Contre la menace rouge, choisissez le camp du KVHV ! Cette organisation réactionnaire a aussi déclaré que ‘‘relever le gant de la défense du marché libre et du capitalisme. Nous faisons cela parce que le capitalisme est le seul système au monde qui favorise le bénévolat et la promotion de l’Homme." Qui garde au chaud un siège au Conseil d’administration de Dexia pour le KVHV ?


    Tony Blair conseiller de la dictature kazakhe

    Tony Blair ose encore se considérer comme un homme de gauche. C’est particulièrement drôle au regard de la politique qui a été appliquée par son gouvernement… A la fin de ce mandat de Premier ministre britannique, Blair est resté actif dans la politique. Mais, depuis cette semaine, il est également devenu conseiller du dictateur Nazarbayev au Kazakhstan ! À cette fin, un contrat affirme que Tony Blair recevra 9,2 millions par an ! Blair a également été conseiller auprès de la banque américaine Morgan JP (2,3 millions d’euros de salaire par an). Jusqu’au début de cette année, Blair aidait également le dictateur libyen Kadhafi pour ses contrats lucratifs en Libye. Blair s’est fait connaître comme le petit caniche de Bush pendant la guerre en Irak. Il reste à ce niveau maintenant, mais pour Nazarbayev.


    Un soutien croissant pour le mouvement Occupy

    L’agence de presse IPS a diffusé cette semaine les données d’une étude demandée par le New York Times et CBS News qui disent que ‘‘43% des Américains soutiennent les idées d’Occupy Wall Street. A la mi-octobre, l’agence Gallup avait publié un sondage qui montrait que seuls 22 % de la population étaient derrière les objectifs du mouvement. Les manifestants peuvent recevoir de meilleurs chiffres avec leurs revendications pour une plus grande égalité. Ce mardi, une étude du Bureau du budget du Congrès (CBO) a montré que le revenu moyen après déductions fiscales pour le 1% le plus riche a connu une croissance de 275% entre 1979 et 2007. C’est sept fois plus que la croissance des revenus du reste des 99% de la population sur cette même période."


    Les ‘‘communistes’’ grecs contre les Indignés

    Le KKE (le parti ‘‘communiste’’ grec) n’ont pas compris les Indignés. Ces jeunes gens ne feraient que détourner l’attention de la lutte organisée par le syndicat communiste PAME. C’est en tout cas ce qu’ont affirmé deux membres du Comité Central du KKE dans un entretien qui a été très rapidement supprimé du site du PTB belge. Voici toutefois un extrait de ce que Kostas Ziogas disait au sujet des Indignés: ‘‘"Sur le fond, il s’agissait d’un mouvement constitué par la bourgeoisie pour calmer la tension, pour détourner les travailleurs du PAME et du KKE. Ce type de protestation a été présenté en opposition avec le mouvement de la classe ouvrière ; l’action se déroulait loin des lieux de travail. La bourgeoisie ne parvient pas à endiguer la protestation populaire alors elle a tenté de la miner de l’intérieur en avançant des revendications diverses, qui ne la menace pas." C’est un peu rapide comme analyse…

  • Opportunité Gigantesque pour les Multinationales

    Le 29 mai 2011, une action a été menée à Wetteren, contre une expérience menée sur un champ expérimental et concernant des pommes de terre génétiquement modifiées. Abstraction faite de nos positions au sujet des actions directes telles que menées autour de ce thème, nous devons bien entendu admettre que l’utilisation d’Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) pose plusieurs problèmes.

    Article de Jon Sneyers

    Qui contrôle les OGM ?

    Le recours massif à des monocultures colossales de plantes génétiquement identiques implique d’énormes risques si de nouvelles maladies ou de nouveaux parasites émergent. Pour les agriculteurs eux-mêmes, OGM est synonyme de dépendance face aux multinationales qui possèdent les brevets. Ces multinationales, BASF et Monsanto, n’hésitent pas à intenter des procès aux agriculteurs qui utilisent une partie de leur récolte comme semence pour l’année suivante (ainsi, de 1995 à 2004, Monsanto a poursuivi 147 agriculteurs et 39 entreprises agricoles américains pour violation de brevet). Même les voisins qui n’utilisent pas de graines génétiquement modifiées et qui sont contaminées peuvent être condamné à d’énormes amendes pour violation de brevet. Dans le monde néocolonial, ce genre de pratiques a déjà poussé des milliers d’agriculteurs au suicide.

    Les modifications génétiques pourraient être utilisées de façon bénéfique à la société, mais pas sur base de la soif de profit qui est la motivation première de Mosanto & Co. La résistance croissante aux OGM pose des questions importantes : qui tire les ficelles de la société et comment ce contrôle est-il utilisé ?

    Licenciée pour avoir soutenu une action anti-OGM

    L’action de Wetteren – où de 15 à 20% du terrain a été endommagé – a été qualifiée par les politiciens et les médias traditionnels comme violente et dirigée contre la ‘‘liberté de recherche’’. La recherche réelle est cependant bien moins libre et indépendante que celle présentée dans les médias. Le manque de moyens public pousse les universités et institutions de recherche scientifique de plus en plus dans les bras du financement privé.

    Barbara Van Dyck, chercheuse au département d’urbanisme de la Katholieke Universiteit van Leuven (KUL) a été licenciée – et est interdite d’exercer sa profession – pour avoir soutenu cette action (hors de ses heures de travail et dans le cadre d’un engagement personnel). Elle n’a même pas détruit de pommes de terre transgéniques, il lui a suffit de donner son avis pour être licenciée.

    La délégation syndicale de la K.U.Leuven lutte évidemment contre ce licenciement abusif. Si un désaccord est une raison suffisante pour un licenciement, c’est un précédent très dangereux. Quelles opinions seraient encore permises ? Quel est le prochain pas ? Réprouver certaines expériences médicales ne serait plus toléré ? Un mathématicien athée fondamentalement en désaccord avec l’église catholique serait lui aussi menacé dans une université catholique ? Nous nous opposons aussi à la manière dont ce licenciement a été opéré.

    Les syndicats exigent la réintégration immédiate de Barbara Van Dyck et, en plus, revendiquent une nouvelle convention collective de travail pour le personnel académique où la procédure de licenciement concernant la ‘‘déontologie scientifique’’ seraient précisée en détail et des sanctions prévues pour toute violation. Nous pensons en définitive qu’un large débat social est nécessaire sur la liberté de recherche et la liberté d’expression, sur les brevets et sur la recherche scientifique publique.

  • Chimie : Les entreprises brisent la norme salariale

    La Banque Nationale s’attend à une croissance économique de 2,6% pour la Belgique en 2011, et de 2,2% en 2012. Une croissance des profits est également à nouveau attendue. Mais, selon le patronat, les salaires n’ont pas à suivre cette tendance. Début d’année, ils ont obtenu une norme salariale avec une loi qui impose que les salaires ne peuvent croître que de 0,3% en 2011-2012.

    Il en va différemment pour les managers eux-mêmes : en 2008-2010, les salaires de ceux des entreprises du Bel 20 (les plus grandes entreprises de notre pays) ont augmenté de plus de 20%. En 2010, ces mêmes entreprises ont réalisé 37% de profits en plus comparé avec 2009: 16,6 milliards d’euros. En 2009, les 500 entreprises aux plus grands profits ont payé en moyenne 3,76% de taxes.

    Il n’est donc pas surprenant que la proposition de geler nos salaires soit rejetée par les travailleurs. Certains patrons ont eux-mêmes cherché des méthodes pour dépasser les 0,3%, entre autres avec des primes ou d’autres avantages. Dans d’autres entreprises, la norme salariale a été brisée dans les négociations. Les travailleurs des entreprises chimiques Evonik (ex-Degussa) et Bayer à Anvers et Solutia (ex-Monsanto) à Gand ont obtenu plus. Les deux premières entreprises donnent 3% d’augmentation pour 2011-2012 (dans le cas de Bayer en 25 mois). Chez Solutia, il s’agit d’une augmentation salariale de 0,50 euro par heure et une prime. Evonik et Oxeno (les deux entreprises sur les terrains de l’ancien Degussa) ont réalisé un profit de 122 millions d’euros en 2010, Bayer avait 167 millions de profits.

    L’employeur d’Evonik déclarait dans la presse que l’augmentation salariale était nécessaire pour que le boulot soit attractif. Mais en général, les employeurs craignent que cet exemple soit trop suivi. Dans la chimie à Anvers, il y aura encore des négociations à Lanxess (septembre) et à BASF (fin de cette année). Pourquoi devraient-ils rester en dessous de 3% ? Dans l’entreprise chimique Dow Corning à Seneffe, les travailleurs ont fait grève pendant quelques jours et ont obtenu une augmentation salariale de 4% pour les 300 employés. Les travailleurs de la métallurgie Industeel (Marchienne-au-Pont) ont même obtenu 5% après une grève de 10 jours. Ces travailleurs avaient rejeté à 50,4% une première proposition de la direction.

    Malheureusement, ces entreprises restent des exceptions. Mais ces travailleurs et délégués démontrent la possibilité d’obtenir plus que 0,3%.

  • La Belgique, paradis fiscal pour les grandes entreprises

    Ces dernières années, l’impôt sur les sociétés a fortement diminué en Belgique, c’est le moins que l’on puisse dire. Le taux officiel de 33,99% n’est plus encore payé que par des PME naïves. Certaines entreprises ont à peine été imposées, voire même pas du tout. Cette tendance n’a été que renforcée par la Déduction des Intérêts Notionnels. Les données des 500 plus grandes entreprises ont été examinées, et le PTB (Parti du Travail de Belgique) en a publié un aperçu.

    Beaucoup de grandes entreprises n’ont tout simplement pas payé d’impôt en 2009: AB Inbev, Groupe Bruxelles Lambert, Arcelor Finance, Solvay, Dexia Investment Company, Umicore, KBC, Pfizer,… tandis que d’autres en ont à peine payé. Les 50 sociétés qui ont payé le moins d’impôt (sur une liste de 500) ont en moyenne été imposées à hauteur de… 0,57% ! C’est bien loin du taux officiel, et même plus bas que le taux appliqué en Irlande. Là-bas, le taux d’imposition pour les sociétés est de 12%, ce qui a été introduit avec l’argument qu’une telle mesure ne pourrait qu’attirer des entreprises à venir s’installer dans le pays. Au niveau fiscal, nous assistons depuis quelques années déjà à une course vers le bas entre les divers pays, c’est à celui qui imposera le moins les grandes entreprises. A ce titre, notre pays fait figure d’exemple.

    Ici et là, on fait des remarques sur ces chiffres, généralement sans aller plus loin qu’en faisant remarquer que les structures internes des grandes compagnies sont compliquées, ce qui fait qu’une de ses branches peut ne pas payer d’impôt tandis qu’une autre bien. Dans le cas d’Anheuser-Busch Inbev, concrètement, cela veut dire qu’aucun impôt n’est perçu sur un montant de 6,378 milliards d’euros de bénéfice, et que d’autres branches d’AB Inbev payent un impôt, mais sur des sommes bien plus petites.

    Pour les grandes entreprises, Saint Nicolas a été très généreux ces dernières années, les cadeaux-fiscaux n’ont pas manqué! Quant à la Déduction des Intérêts Notionnels, c’était la cerise sur le gâteau, un élément saisi par les patrons pour vendre notre pays à l’étranger et dire à quel point il était intéressant. Mais les mêmes, dans notre pays, n’ont de cesse de parler de la trop haute pression fiscale de Belgique. Cette rhétorique ne tient pas la route. Dans la pétrochimie par exemple, les grandes entreprises ne payent quasiment pas d’impôt: ExxonMobil paye 1.019 euros d’impôt sur un profit de 5 milliards d’euros, BASF 126.000 euros sur un profit de 579 millions d’euros (0,02%), Bayer 5,7 millions d’euros sur un profit de 192 millions d’euros (2,99%). Ce genre de pourcentage est devenu la norme dans le monde des grandes entreprises.

    Toutes ensemble, les 50 entreprises qui ont payé le moins d’impôt auraient dû payer 14,3 milliards d’euros en plus si le taux de 33,99% avait été respecté. Mais, sur un total de 42,7 milliards d’euros de profit, seul un montant de 243 millions d’euros a été perçu.

    Ces chiffres ont évidement une incidence sur nombres de discussions qui ont actuellement lieu. Premièrement, tout comme nous l’avons dit ci-dessus, il est clair que la rhétorique selon laquelle le patronat paierait de trop hautes taxes est fausses. Notre pays est un paradis fiscal pour les grandes entreprises. Deuxièmement, alors qu’on nous demande de payer pour la crise, il apparait que lors d’une année de crise, 50 grandes entreprises ont réalisé au moins 42,7 milliards d’euros de profit. Enfin, il est étrange de constater que les syndicats n’nt pas utilisé ces chiffres dans le cadre des négociations pour l’Accord Interprofessionnel alors qu’ils avaient eux aussi accès à ces chiffres (déposés à la Banque Nationale). Cet été encore, la CSC avait utilisé différentes données de 2008. A ce moment, la CSC dénonçait que 7 grandes entreprises n’avaient pas payé d’impôt, notamment avec la Déduction des Intérêts Notionnels. Il était question de 5,8 milliards d’euros de déduction fiscale pour 35 grandes entreprises.

    La CSC avait déclaré: ‘‘ Sept entreprises ont déduit plus d’intérêts que ce qu’elles ont enregistré comme bénéfice comptable, ce qui leur a permis de ne pas payer d’impôts. L’une d’entre elles a même déduit des intérêts notionnels d’un montant cinq fois supérieur à son bénéfice comptable. Qu’une société déduise trop ne pose du reste pas de problème: elle pourra continuer à déduire les années suivantes. Conséquence: pas d’impôts pendant des années.’’ Et encore: ‘‘Si parmi les 35 grandes entreprises qui ont eu recours à la déduction des intérêts notionnels durant l’exercice 2008, nous ne retenons que celles qui ont enregistré un bénéfice, nous constatons que ces dernières n’ont payé en moyenne que 8,5% d’impôt des sociétés.’’ Les nouvelles données démontrent que ce pourcentage a encore baissé. Selon le PTB, ces 500 grandes entreprises ont eu un taux d’imposition de 3,76% contre 24,2% en 2001.

    Les syndicats vont-ils utiliser ces chiffres pour mener campagne en faveur de la suppression de la Déduction des Intérêts Notionnels et des autres cadeaux fiscaux ? Ou pour réfuter les arguments patronaux voulant nous imposer une modération salariale afin de préserver notre “position concurrentielle” ? Qu’attendre de plus pour partir à l’offensive avec les revendications des travailleurs?

  • Vers un drame social chez Agfa-Gevaert?

    La direction d’Agfa-Gevaert est en train de jouer un vilain jeu. Afin de faire monter les cours de la Bourse, elle a annoncé fin juin une restructuration en s’assurant d’une large couverture médiatique. D’après ce scénario, 1000 emplois pourraient passer à la trappe. Le contenu concret de cette restructuration ne sera annoncé que fin août.

    Les salariés de l’entreprise vont donc passer l’été dans l’incertitude. La direction laisse sans doute d’ores et déjà planer la menace sur un millier d’emplois en espérant désamorcer un mouvement de lutte lorsqu’elle n’annoncera officiellement que la perte de quelques centaines d’emplois

    Mais c’est se bercer d’illusions. Lors de la lutte contre le Pacte des Générations, Agfa-Gevaert était complètement en grève tant le 7 que le 28 octobre. Il est déjà clair que toute annonce de licenciement se heurtera à une résistance.

    Les seuls à avoir profité de la fuite organisée vers les médias, ce sont les actionnaires. La séance du conseil d’administration, où l’on a annoncé les 250 millions d’euros d’économies sans préciser le nombre d’emplois perdus, devait absolument se dérouler à 7 heures du matin, soit avant l’ouverture de la Bourse. Le cours d’Afga-Gevaert s’est envolé avec l’annonce de la probable disparition de 1000 emplois. Les salariés sont priés de faire la courte échelle aux profits…

    L’automne pourrait être chaud chez Agfa-Gevaert. Les syndicats doivent réagir à l’annonce précoce de la direction en organisant la base pour une contre-offensive dès que les mesures concrètes seront annoncées, probablement le 24 août.

    C’est ainsi qu’on peut augmenter la détermination à engager la lutte. Chez BASF, la direction a cédé aux revendications salariales des travailleurs quand ils ont menacé de faire grève. Il est probable que la lutte chez Agfa ne sera pas aussi facile, mais il faudra bel et bien lutter pour le maintien de chaque emploi.

  • SNCB. La scission comme prélude à la libéralisation

    Les dernières semaines ont vu les problèmes persistants à la SNCB attirer de nouveau l’attention des médias. Cette fois ce sont les divergences entre les trois administrateurs-délégués à propos du plan d’entreprise 2006-2007 qui sont apparues au grand jour.

    Un correspondant

    Scission de la SNCB

    Depuis le 1er janvier 2005, la SNCB est scindée en trois entreprises distinctes: l’entreprise de transport SNCB, le gestionnaire d’infrastructure Infrabel et un holding avec des compétences opérationnelles comme la politique de personnel, les affaires juridiques, les finances et la coordination.

    Le holding est également le propriétaire de toutes les gares et de tous les parkings. A la tête du holding se trouve Jannie Haeck, l’ancien chef de cabinet de Johan Vande Lanotte. Infrabel est dirigée par Luc Lallemand qui, en tant qu’ancien collaborateur du cabinet de Michel Daerden, fut co-responsable de la disparition de la RTM (la Malle Douvre-Ostende). A la tête de la SNCB on trouve Marc Descheemaeker, ancien PDG dans une multinationale de nettoyage danoise ISS.

    Il n’y a pas de rapport hiérarchique entre les trois entreprises. L’année passée a été émaillée de conflits à répétition entre les trois directions qui voulaient sauvegarder leurs propres intérêts. Entretemps, c’est le personnel qui paie la note.

    Productivité accrue

    Les économies et les hausses de productivité consécutives au plan d’entreprise 2004-2005 sont dues à des coupes drastiques dans le personnel. Depuis 2004 les effectifs ont été réduits de 42.000 à 38.000. En 2005 il y a eu à peine 300 recrutements. Mais le trafic ferroviaire continue d’augmenter chaque année. Entre 1997 et 2004 le nombre de passagers a crû de 24%. La productivité des cheminots n’a jamais été aussi élevée.

    Le nouveau plan d’entreprise gèle les effectifs à 38.000. Pour y arriver, 2500 recrutements sont prévus pour les deux années à venir. La question est de savoir si cette promesse sera tenue.

    Privatisations

    Les dernières années ont vu de plus en plus de tâches passer en sous-traitance. A côté de cela, il y a la concurrence accrue des filiales, des sociétés privées dans lesquelles la SNCB participe et qui reprennent un tas de tâches, ce qui signifie en pratique la privatisation des services.

    C’est ainsi que la commercialisation du réseau en fibre de verre de la SNCB a récemment été transférée à la filiale Syntigo. Cette entreprise fournit des services et du matériel informatique aux entreprises du groupe SNCB et aux chemins de fer néerlandais. En outre, Infrabel conclut des contrats privé-public pour la pose et l’entretien de nouvelles voies ferrées, comme le désenclavement de l’aéroport de Zaventem.

    Enfin, les trois entreprises publiques veulent avoir atteint l’équilibre financier d’ici 2008. D’après le directeur financier, cela doit se faire par une hausse encore plus importante de la productivité et un accroissement des recettes.

    La situation chez B-Cargo, la filiale de la SNCB qui est chargée du transport des marchandises, illustre bien ce que cela signifie en réalité. Il y a quatre ans, B-Cargo représentait 8000 équivalents temps plein. En décembre de l’année passée il y en avait encore 5500 et la direction s’est fixé un objectif de 4500. Les volumes de marchandises ne diminuent évidemment pas, que du contraire. La formule magique est la multifonctionnalité. Le travail de quatre ou cinq salariés est maintenant réalisé par un ou deux salariés, avec ce que cela implique en termes de pression du travail et de risques pour la sécurité.

    Libéralisation du trafic ferroviaire

    La concurrence accrue qui va de pair avec la libéralisation du trafic ferroviaire en Europe est utilisée comme prétexte pour augmenter encore plus la pression. Il y a ainsi le projet d’imposer aux conducteurs de train des prestations de onze heures avec une interruption de deux heures maximum qui ne seraient pas considérées comme des heures de service.

    En septembre le Parlement européen a voté la libéralisation du trafic international des voyageurs d’ici 2008 et de tout le trafic des voyageurs d’ici 2012. La libéralisation du transport international des marchandises est déjà un fait et, le 1 janvier, 2007 ce sera le tour du transport national de marchandises. A côté de B-Cargo il y a déjà six entreprises qui sont actives en Belgique ou sur le point de l’être. On y trouve notamment la SNCF et Rail4chem, une filiale de BASF.

    Entretemps, le mécontentement et la volonté d’action croissent de jour en jour parmi les cheminots. Ils ne se laissent pas tromper par la bisbrouille au sommet et par les vagues promesses. Le personnel a ainsi arrêté le travail le 20 février à Charleroi. La grève portait sur le manque de personnel, et sur l’impossibilité pour les conducteurs de prendre leurs jours de congé et sur les formations.

  • Conventions collectives. Revendications salariales: les patrons l’ont bien cherché!

    Conventions collectives.

    L’Accord Interprofessionnel (AIP) continue à faire des vagues. Les grèves dans l’alimentation et le non-marchand sont à peine, voire pas encore, terminées qu’un préavis de grève vient d’être déposé pour le 21 avril par le secteur du papier et du carton. Le lendemain, c’est le secteur du métal qui débraye pour la première fois depuis 1959. Les travailleurs et les syndicats de divers secteurs revendiquent de meilleures conditions de travail et veulent sauvegarder leurs droits à la pension. Ce qui frappe, c’est la place importante qui est faite aux revendications salariales.

    Eric Byl

    Les patrons l’ont cherché. Wilfried Steentjes, conseiller en placements, écrit: «Les investisseurs européens sont submergés de profits en hausse ces derniers temps. Ce n’est pas un secteur spécifique mais pratiquement toutes les entreprises.» Il poursuit : «Les fortes hausses des profits sont dues à la stricte maîtrise des coûts. L’argent s’entasse dans les entreprises. Nous retrouvons cela dans les bilans plus vigoureux et les augmentations des dividendes. De plus, les entreprises empruntent de moins en moins, ce que nous retrouvons dans les cours élevés des obligations d’entreprise.» Enfin, il évoque – en termes choisis – le fait que les entreprises masquent leurs profits aux yeux du fisc et des travailleurs en accélérant l’amortissement des investissements. «En 2002, les amortissements des investissements ont même crû jusqu’à 140%. Des amortissements d’une telle ampleur ne sont pas chose courante pour des investissements réalisés. Il est donc logique que les profits s’accélèrent les années suivantes. Les profits, mesurés en % du Produit national brut, n’ont jamais été aussi élevés en 75 ans.»

    Les managers s’en mettent plein les poches

    Les profits vertigineux sont de bonnes nouvelles pour les managers et pour les actionnaires. Ainsi Belgacom verse 720 millions d’euros, 75% de son bénéfice total, aux actionnaires. Chez Picanol en Flandre Occidentale, le chef d’entreprise Jan Coene est parti avec 20 millions d’euros en 3 ans sur un bénéfice total après impôt de 46,5 millions d’euros pour la même période. Dans nombre de cas, le management et les actionnaires pillent les richesses produites par les travailleurs. L’exemple le plus récent est celui de Roover, menacé de fermeture. Quatre «dirigeants» y ont subtilisé 58 millions d’euros. Entretemps, le fonds de pension des travailleurs accuse un déficit inexplicable de 600 millions d’euros.

    La norme de 4,5% peut être dépassée

    Les travailleurs revendiquent leur part. Mais ils doivent le faire avec les mains liées dans dos puisqu’un Accord interprofessionnel a été décidé au niveau national qui ne prévoit qu’une norme salariale indicative de 4,5% en 2 ans. Après l’indexation, les augmentations barémique des employés, la hausse de productivité, il ne reste plus rien pour une véritable augmentation.

    Dans le pétrole, la chimie, le non-ferrugineux, l’alimentation et le bois, des accords sectoriels ont été conclus. Dans la chimie, la norme salariale peut être dépassée légèrement si on y inclut les conventions d’entreprise. Ce ne sont que des miettes. En 2002, le bénéfice de BASF à Anvers était de 284 millions d’euros, soit quelque 80.000 euros par travailleur. C’est loin d’être une exception dans le secteur. Dans le non-ferrugineux, on en est resté à 4,3% plus une prime d’entreprise. Dans le secteur du bois et des meubles, l’augmentation nominale des salaires n’excède pas 4%.

    Dans le secteur du papier et du carton, les patrons exigent encore plus de flexibilité et une marge salariale de seulement 3,7%. Le comité paritaire se réunit le 19 avril, 2 jours avant l’échéance du préavis de grève. Dans les 15 plus grosses entreprises, totalisant 5.000 travailleurs, la grève se prépare. Entretemps, Febeltex, l’organisation patronale du textile, veut limiter la hausse salariale à l’indexation. Elle refuse d’augmenter de 1% sa participation au fonds social du textile. Il n’y a pas encore de préavis de grève pour les 35.000 travailleurs du textile, mais les syndicats ont mis le patronat en garde.

    C’est surtout dans le métal qu’on va à la confrontation. Agoria n’offre que 4% et une prime de 0,5% liée aux résultats. De plus, elle songe à des CCT provinciales afin de diviser le secteur. Le lundi 18 avril, la CMB organise des grèves et des interruptions de travail dans 150 entreprises, le lendemain elle met la pression sur les négociations avec une manifestation devant les bâtiments d’Agoria et le vendredi 22 avril tout le secteur part en grève en front commun !

    Dans le secteur tertiaire

    Dans le secteur de la distribution, les pourparlers se déroulent «péniblement». Dans les banques, les assurances et la Commission paritaire nationale auxiliaire pour Employés, la grève menace. Dans le non-marchand, Cornelis, le dirigeant de la LBC, vient de mettre en garde le gouvernement flamand. S’il n’y a pas d’accord d’ici le 6 mai, le secteur flamand partira en grève pour une durée indéterminée dès le 9 mai! Puisque le gouvernement fédéral refuse de tenir ses promesses envers le secteur fédéral, cela pourrait déboucher sur une grève de tous les secteurs du non-marchand.

    L’agression du patronat et de ses laquais politiques se heurte à la résistance des travailleurs. Le gouvernement et sa politique de droite ne doivent leur salut qu’au refus des dirigeants syndicaux de mobiliser tous les secteurs à la fois. Mais l’emprise des dirigeants syndicaux sur la base n’est pas absolu. Aidez-nous à lutter pour des syndicats combatifs où c’est la base qui donne ses consignes à la direction et non l’inverse et qui sont complètement indépendants du patronat et de ses représentants politiques, y compris ceux du PS, du SP.a et du CD&V.

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