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Tag: Barack Obama
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En Ouganda, on s’apprête à tuer des homosexuels – Des appels au meurtre lancés dans la presse
«Pendez-les, ils en veulent à nos enfants!» titre un quotidien en publiant une liste de gays avec, dans certains cas, leur photo et adresse. Le quotidien justifie que lister les homosexuels est une «mission d’intérêt public». En effet, le gouvernement ougandais discute actuellement d’un projet de loi visant à exécuter le gays et les lesbiennes. Le texte propose également de punir toute manifestation et même discussion publique sur l’homosexualité. Il ferait de l’Ouganda l’un des pays les plus dangereux au monde pour les homosexuels se rangeant alors du coté de l’Iran qui exécute déjà de longue date les homosexuels en public.
Que prévoit ce projet de loi ?
Toute personne que l’on soupçonne d’être gay ou lesbienne risque la prison à vie ou la peine de mort. Leurs « complices » et ceux qui défendent les droits des LGBT seront également poursuivit. Ainsi, tout parent qui ne dénonce pas son enfant homosexuel sera condamné à une peine de 3 ans de prison. Un professeur qui se retrouve face à un élève gay sera condamné à la même peine s’il ne dénonce pas son élève à la police endéans 24 heures. Un propriétaire qui se permet de loger un couple de lesbiennes risque 7 ans de prison. Des pressions seront aussi exercée à l’encontre des médecins qui acceptent de soigner des malades homosexuels. Un journaliste commettrait aussi un délit s’il interviewait un couple gay. Les militants qui défendent les droits des LGBT seront également poursuivit.
Le ministre à l’origine de cette loi, David Bahati, persiste et signe. «Nous avons une opportunité unique de barrer la route à l’homosexualité en Ouganda. Et si nous ne la saisissons pas maintenant, ce sera impossible à l’avenir.» Connu par sa volonté d’interdire les mini-jupes pour faire de la prévention routière (sic !), ce dernier annonce par ailleurs qu’il mettra en œuvre des moyens de « remettre sur le droit chemin » les lesbiennes, gai, bi et trans. Ne serait-ce pas le grand retour des camps de rééducation ?
Qui se cache derrière cette loi ?
La législation en vigueur en Ouganda, héritée de l’époque coloniale, condamne déjà aujourd’hui les gays et lesbiennes à des peines de prison (jusqu’à 14 ans selon l’article 140 du code pénal). Depuis quelques mois, on assiste à une surenchère de l’intolérance. Des razzias ultra-violentes sont organisées quotidiennement contre les bars gays. Le ministre des Affaires étrangères, Sam Kutesa, s’épanche en propos vomitifs dans un quotidien local The Monitor : « La majorité des Africains et des Ougandais exècrent l’homosexualité ». Pour le président de la Chambre, Edward Sekandi, le pays devrait tout mettre en œuvre pour « en finir avec les relations homosexuelles ». De son côté, le ministre de l’Ethique, Nsaba Buturo, qualifie l’homosexualité de « répugnante ». Par ailleurs, les communautés religieuses, catholique et musulmane, se sont unies cet été contre les homosexuels dans une grande campagne nationale intitulée « Kick sodomy out of Uganda ». Les trois figures les plus furieusement anti-gay, le ministre qui a déposé le texte de loi, le président ougandais et le pasteur Ssempa, sont d’ailleurs tous membre d’un groupe intégriste chrétien bien connu The Family. Cette organisation se félicite notamment de compter parmi ses membres toute une série de députés américains néoconservateurs, on y retrouve ainsi parmi les plus assidus le pasteur Rick Warren qui a intronisé Barack Obama lors de son serment à la nation. C’est dans ce contexte qu’en octobre dernier, le nouveau projet de loi homophobe était présenté devant le parlement ougandais. Il est toujours en discussion actuellement.
L’inégalité sociale s’ajoute à la discrimination
« Les homosexuels riches et proches des cercles de pouvoir ne sont nullement inquiétés, c’est avant tout aux homosexuels pauvres qu’on s’attaque.» Un militant homosexuel témoigne dans le magazine gay Têtu, « Selon moi, c’est une forme de distraction politique. Le régime veut rester au pouvoir, alors il jette les homosexuels en pâture. Comme ça, la population s’acharne sur eux, en disant qu’ils sont responsables de la misère ou de la pandémie sida, dont le taux ne cesse de croître en Ouganda. Pendant ce temps-là, le peuple ne réfléchit pas aux politiques qui pourraient améliorer ses conditions de vie… » Tandis que le discours réactionnaire se nourrit des inégalités sociales !
« En investissant le champ social et humanitaire pour pallier les carences de l’Etat, les évangélistes multiplient les dons et le nombre de convertis. Les congrégations transforment hangars, garages, magasins, écoles, anciennes salles de cinéma et discothèques en lieux de prière, où accourent en masse les plus pauvres. C’est une façon de manipuler les consciences pour rendre les pauvres responsables de leur situation », réprouve le père Carlos Rodriguez dans le journal Le Monde Diplomatique. Il poursuit, « Dans ce pays d’Afrique où le capitalisme est le plus ancré, où les travailleurs n’ont aucun droit et où les investisseurs sont totalement libres, la religion est utilisée pour justifier pauvreté et injustice. »
« C’est grâce à Dieu que je suis sorti de la pauvreté et possède désormais un avion privé », s’exclame l’évangéliste américain Creflo Dollar devant la foule massée au stade de Kampala. Une activiste ougandaise de la lutte contre le sida s’insurge : « Avec le nouveau programme financé par les Etats-Unis, finie l’éducation sexuelle des jeunes. A l’école, on ne leur parle que d’abstinence. » Furieux, le militant LGBT Louis-Georges Tin (président de l’IDAHO) affirme « Que la loi passe ou pas, le mal est déjà fait. Il est à craindre que des groupes extrémistes se sentent investis d’une mission spéciale pour transformer la vie sociale par la loi divine à laquelle ils se réfèrent. En somme, si la loi n’est pas votée par l’Etat, ils se feront «justice» eux-mêmes. » Et c’est précisément ce qui est en train d’arriver. Depuis la présentation du texte, les agressions et les arrestations sont en augmentation, selon Sexual Minorities Uganda.
La violence homophobe ne s’arrête pas aux frontières de l’Ouganda
Il faut savoir que l’homosexualité n’est légale que dans 13 pays en Afrique. D’abord, en février, on apprenait par un journal kényan que la police avait interrompu un mariage homosexuel clandestin et arrêté cinq personnes. « Nous ne pouvons laisser ces jeunes gens compromettre leur avenir par l’homosexualité », a commenté l’imam Ali Hussein. « Nous devons utiliser tous les moyens pour lutter contre ce vice. Ceci est immoral et nous ne devons pas le permettre ! », a surenchéri l’évêque kényan Lawrence Chai.
On apprenait aussi, qu’en Egypte, les homosexuels sont jetés en prison pour «mépris de l’islam» et «pratiques sexuelles contraires à l’islam». Des «déviants sexuels», comme les appelle la presse égyptienne, ont été arrêtés dans une discothèque sur le Nil. Après publication de leurs photos, noms, métiers et même adresses dans le journal, 52 d’entre eux ont été traduits devant un tribunal d’exception dont le jugement est sans appel. La moitié d’entre eux ont écopé d’une peine de 5 ans et croupissent encore dans les cachots égyptiens.
D’autre part, le quotidien britannique The Guardian consacrait récemment un article sur l’arrestation de 18 nigériens homosexuels avec comme titre : « Au Nigéria, la chasse aux homos est ouverte ». On y apprend qu’un homme a récemment été attaqué au Lagos et tué par une bande qui prétendait « nettoyer le Lagos des personnes homosexuelles », et le cas d’une bande de garçons qui ont violé cinq lesbiennes en disant qu’ils voulaient les « guérir de l’homosexualité ». Au Nigéria, les actes homosexuels sont passibles d’un emprisonnement de 14 ans. Dans les régions qui ont adopté la charia, les homosexuels peuvent même être condamnés à la peine capitale. Pour l’archevêque anglican, Peter Akinola, rien ne sert d’y aller par quatre chemins : « Nous voulons protéger le Nigéria contre l’anéantissement complet qui suivra la colère de Dieu si de telles pratiques sont reconnues comme normales dans notre pays ».
L’Afrique du Sud se prépare quant à elle à dépêcher en Ouganda un ambassadeur ouvertement homophobe, Jon Qwelane. Ce diplomate affirmait sans sourciller que les politiciens sud-africains auraient «un jour les couilles de supprimer le mariage homosexuel de la Constitution. Sinon, bientôt certains imbéciles demanderont aussi que la Constitution les autorise à épouser un animal».
Mais encore, deux jeunes de 16 et 18 ans soupçonné de s’aimer ont été pendus en Iran et cinq militants transexuels ont été arrêtés en Turquie le 17 mai dernier… à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie. Et on pourrait continuer, la liste est longue…
Tout ce qui nous divise nous affaiblit !
Nous luttons contre l’homophobie parce que cela mine l’unité indispensable dans la résistance contre le capitalisme. 7,7 millions d’Ougandais vivent sous le seuil de pauvreté, soit 38% de la population. Ils sont 700.000 de plus qu’il y a dix ans. L’Ouganda compte aussi actuellement plus de 2 millions d’enfants orphelins, dans la majorité des cas à cause du sida. Une telle situation provoque inévitablement tensions et violence. En l’absence de réponse collective de la part du mouvement ouvrier, le racisme, sexisme et l’homophobie peuvent se développer sur base de la frustration présente.
Répondre à ce phénomène ne doit pas s’effectuer sur une base moralisatrice, mais en expliquant la nécessité de l’unité de tous les opprimés, indifféremment de leur genre, de leur origine ou de leur préférence sexuelle. Il est d’ailleurs assez remarquable de constater que les minorités qui entrent en résistance se rejoignent facilement. Fin des années ’60, aux Etats-Unis, le mouvement des droits civiques contre le racisme et les débuts du mouvement gay ont ainsi connu un rapprochement. Il est temps de mener la lutte, en Ouganda comme ailleurs.
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La stratégie occidentale en Afghanistan est un échec – La Belgique est complice
La plus grande et plus forte puissance militaire au monde n’a pas réussi à battre les milices faiblement équipées des talibans, dans un des pays les pauvres au monde. Les quelques 120.000 militaires présents sous la direction des USA ne suffisent pas pour infliger une défaite aux talibans, estimés à 28.000. En neuf ans, cette guerre a déjà coûté 345 milliards de dollars aux contribuables américains. Avec la guerre en Irak, les Etats-Unis ont donc déjà dépensé plus de mille milliards de dollars, soit plus de 3.000 dollars par citoyen américain ou 20.000 dollars par citoyen afghan ou irakien. Le gouvernement belge est lui aussi complice, et soutient les efforts de guerre américains avec troupes et armes de notre pays.
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Des moyens pour des emplois, l’enseignement et la sécurité sociale pas pour la guerre !
Pas un cent pour la politique de guerre !
Du 22 au 24 septembre se tiend à Gand un Sommet Européen de la Défense. Ce sommet est présidé par le ministre belge de la guerre, Pieter De Crem, qui soutient ce conflit sans issue.
Le 18 septembre, EGA a organisé une manifestation à Aalter, au domicile du ministre De Crem (voir le reportage-photos). Ce 23 septembre, à Gand, il y aura une manifestation contre le Sommet de la Défense lui-même. Cette manifestation est organisée par différentes groupes, dont le PSL. RDV: 19h à la gare de Gand-Zuid.
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Ces énormes efforts financiers et militaires ne semblent toutefois même pas suffisants pour arrêter les membres d’Al-Qaeda (à ne pas confondre avec les talibans), même si ce groupe ne dispose que d’une centaine de militants actifs en Afghanistan selon les spécialistes américains de la Défense. Au lieu de retirer ses troupes du bourbier afghan, Barack Obama a décidé d’en envoyer 30.000 en plus, avec l’idée de gagner le contrôle de certaines provinces (Helmand et Kandahar) pour ensuite laisser les troupes afghanes reprendre les opérations et retirer les troupes américaines en 2011.
Mais le gouvernement afghan d’Hamid Karzaï est faible, son influence se limite largement à la capitale, Kaboul et les conditions de vie de la population sont fort loin d’être améliorées. Aujourd’hui, les attaques contre les écoles pour filles ou les lapidations de couples ‘‘adultères’’ augmentent et rien n’a changé. Pire encore, la guerre entraîne plus d’instabilité, notamment au Pakistan voisin.
Dans les années ’80, la CIA et les services secrets pakistanais (ISI) avaient entraîné des troupes de guérilla islamistes afin de lutter contre l’Union Soviétique en Afghanistan. C’est de là que proviennent les talibans, formés dans des écoles religieuses au Pakistan grâce au soutien financier saoudien. Maintenant que l’impérialisme américain est en guerre avec les talibans, par la force des choses, le régime pakistanais a été obligé de changer de camp. Par contre, bien que ce soit de manière masquée, une partie de l’armée et des services secrets n’a pas suivi cette nouvelle orientation.
Pour la classe dirigeante américaine, retirer les troupes n’est pas possible sans nuire à son prestige et à ses intérêts dans la région. Depuis longtemps déjà, l’Afghanistan est d’un important intérêt stratégique pour les puissances impérialistes ; il s’agit de la jonction entre différents blocs de pays. Sans parler des nombreuses richesses naturelles présentes dans son sol. Faute de mouvement des travailleurs et paysans afghans pour s’opposer aux occupants ainsi qu’aux Talibans, les fondamentalistes vont probablement regagner le contrôle d’une grande partie du pays. Cela va conduire droit à un pays divisé où différents chefs de clan et seigneurs de guerre se battent pour plus de pouvoir. Les talibans n’ont pas d’alternative, leur régime est répressif et réactionnaire. Un choix entre les talibans réactionnaires et d’autres seigneurs de guerre d’un côté ou les troupes d’occupation conduites par les USA de l’autre n’est pas un véritable choix pour la majorité de la population.
Les troupes étrangères doivent partir de suite, retrait qui doit être accompagné d’une lutte contre le capitalisme en Afghanistan et dans le reste de la région. Des pays voisins comme le Pakistan disposent d’une classe ouvrière numériquement et potentiellement très forte. En Inde aussi, la classe dirigeante doit être combattue par un mouvement ouvrier organisé à la base. La construction d’un mouvement ouvrier puissant dans les pays de la région et l’armement de ce mouvement avec des idées socialistes pourrait rapidement conduire au développement de mouvements similaires dans des pays voisins. La seule façon d’obtenir la sécurité et des conditions de vie décentes en Afghanistan est de construire des organisations de masse démocratiques des travailleurs et pauvres, en lutte pour une alternative socialiste.
- Pour un mouvement anti-guerre qui revendique le retrait des troupes ! Pas d’argent pour la guerre, mais pour des emplois et des services publics !
- La population afghane doit décider elle-même de son avenir. Pour les droits démocratiques en Afghanistan et pour la construction d’organisations indépendantes des travailleurs et des pauvres !
- Pour un monde socialiste sans terreur, ni exploitation, ni guerre !
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Eco-terrorisme dans le Golfe du Mexique
Nationaliser BP et le secteur pétrolier
Suite à l’explosion, le 20 avril dernier, de la plate-forme Deepwater Horizon, le président américain a qualifié la catastrophe de ‘‘11 septembre écologique’’ ! Il n’a malheureusement pas poussé son raisonnement jusqu’au bout… Le capitalisme et sa logique de maximisation du profit est prêt à causer des dégâts irréversibles à l’environnement et à ceux qui y vivent. La ‘‘guerre contre le terrorisme’’ est un échec, et si nous voulons éviter que la lutte contre ‘l’éco-terrorisme’ n’emprunte la même voie, nous devons détruire la base matérielle de cet ‘éco-terrorisme’ : le système de production capitaliste. Seule une gestion démocratiquement planifiée de l’économie peut à l’avenir assurer qu’une telle catastrophe ne se reproduise plus.
Par Alain, Namur, article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste
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Multinationales pétrolières et changements climatiques
La réalité des changements climatiques est aujourd’hui généralement acceptée, mais les sociétés pétrolières ne jouent pas seulement un rôle important dans la pollution. Elles essayent aussi de jouer sur la perception que nous avons de cette pollution.
Le journaliste d’investigation George Monbiot a démontré qu’ExxonMobil avait ainsi directement ou indirectement subventionné 124 organisations dont le but était de contester les changements climatiques. La tâche de ces organisations est de semer la confusion en affirmant qu’il existe d’autres positions scientifiques que celles qui dénoncent les modifications climatiques. Cela aboutit parfois à des conclusions absurdes, comme de dire qu’il y a plus de chance de connaître une invasion extra-terrestre qu’un changement climatique… Tout est bon pour semer le trouble dans les médias et l’opinion publique.
Sécurité ignorée
Des documents démontrent que BP a ignoré des avertissements au sujet de la possibilité d’une fuite. En 2009, un rapport de la multinationale a affirmé qu’un accident était peu probable, voire même impossible. Mais les scientifiques et les membres du personnel ont toujours dit que c’était une conclusion un peu trop rapide. BP a économisé de toutes les manières imaginables, notamment en travaillant avec des sous-traitants, ce qui a assuré le licenciement de centaines d’ingénieurs. On a vu le résultat qui accompagne ces pratiques.
Les amis de BP
Jusqu’à présent, BP a entretenu de très bons liens avec l’establishment politique. Sarah Palin peut bien faire des critiques aujourd’hui, les liens entre son parti, les républicains, et le secteur pétrolier ne sont plus à démontrer. Le président Obama a, par exemple, reçu une aide financière de la compagnie pour sa campagne électorale. A peine un mois avant le désastre du Golfe du Mexique, le gouvernement Obama avait d’ailleurs examiné une loi destinée à élargir les possibilités pour le forage en haute mer. Quant au secrétaire d’Etat à l’énergie du gouvernement Obama, Steven Koonin, il était encore il y a fort peu directeur de recherche au service de… BP. Il était notamment responsable de la surveillance de la sécurité des plateformes en haute mer !
A lire aussi:
- Rubrique "écologie" de ce site
- Nationalisation de BP et des sociétés pétrolières – Transition vers l’énergie propre MAINTENANT! – Tract de Socialist Alternative (CIO-USA)
- Marée noire catastrophique dans le Golfe du Mexique – Arrêtons les pollueurs !
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11 travailleurs payent de leur vie la course aux profits
Selon plusieurs sources (dont deux élus démocrates au congrès US), BP aurait pris des risques lors du forage de la plateforme afin de se débarrasser de certains coûts… dont celui de la sécurité. Les économies ainsi réalisées seraient comprises entre 7 et 10 millions de dollars. De plus, avant l’explosion, plusieurs rapports avaient rapporté des incidents, sans que BP ne juge utile de leur donner suite.
Lors de l’explosion de la plateforme, 11 travailleurs sont décédés, une illustration du fait que la classe ouvrière paye toujours le prix fort de la course au profit. La classe des travailleurs toute entière sera touchée de diverses manières : les travailleurs de Louisiane (déjà victimes de l’ouragan Katrina) vont subir le choc de la catastrophe sur un secteur important de l’économie régionale, celui de l’élevage de crevettes (40% des fruits de mer consommés dans le pays proviennent de Louisiane). Le coût engendré par le nettoyage des plages ne sera que partiellement payé par BP. Des bénévoles sont parfois à l’œuvre sur certaines plages pour éliminer les galettes de pétrole qui s’y échouent. Et comment évaluer la perte subie par le patrimoine naturel (poissons, fonds marins, modification du biotope et de la biocénose) ? Le coût de la catastrophe ne pourra être que sous-évalué, au détriment de la collectivité.
La énième catastrophe
Le 24 mars 1989, l’Exxon Valdez a été responsable d’une marée noire de 38.500 tonnes en Alaska. Exxon a payé 3.4 milliards de frais de nettoyage et 500 millions de dollars de ‘‘dommages punitifs’’. Le 16 mars 1978, l’Amoco Cadiz a été responsable d’une marée noire de 227.000 tonnes de pétrole sur les côtes de Bretagne. Standard Oil a payé 1,25 milliard de dollars après 14 ans de procédure. Le 12 décembre 1999, le naufrage de l’Erika a déversé 20.000 tonnes sur les côtes de Bretagne, Total ne payant que 570 millions d’euros, dont 200 millions font toujours l’objet d’un pourvoi en cassation. Le Prestige, le 13 novembre 2002, a déversé 64.000 tonnes sur les côtes d’Espagne, de France et du Portugal. Le fond international d’indemnisation pour les dommages dus à la pollution (FIPOL) par les hydrocarbures estime à 1.05 milliard d’euros le coût de cette catastrophe. Finalement, le désastre du 20 avril 2010, qui aura déversé (selon les estimations du gouvernement américain) entre 177.000 et 322.000 tonnes de pétrole dans le Golfe du Mexique coûtera 9,8 milliards de nettoyage et environ 8,6 milliards d’indemnisation et de frais de justice (Le Soir, 16 juin 2010). Cette somme, même astronomique au regard des salaires et des sommes avec lesquelles la classe ouvrière doit se débrouiller, n’est qu’une grosse cacahuète au vu des dividendes versés par BP ces dernières années (environ 8,7 milliards d’euros par an).
Le titre de BP a subi des troubles en Bourse suite aux annonces menaçant de ne pas verser de dividende cette année. Cela démontre encore une fois de quelle rapacité font preuve les actionnaires face aux désastres écologiques et humains.
Une catastrophe qui en cache des tas d’autres dans le secteur
Dans le delta du Niger, un oléoduc d’ExxonMobil s’est rompu rejetant 4 millions de litres de brut pendant 7 jours avant que la brèche ne soit colmatée. Avec ces 606 champs pétrolifères, le Delta du Niger fournis 40% des importations américaines de pétrole. C’est devenu aussi la capitale mondiale de la pollution pétrolière… En deux générations, l’espérance de vie est retombée à 40 ans dans certaines régions de ce Delta. Entre brèche et fuite, tous les sols sont souillés. La corruption des régimes compradores de la région permet que les compagnies pétrolières ne soient pas trop inquiétées.
Plus jamais ça ?
Barack Obama a appelé l’économie américaine à se libérer de sa dépendance face au pétrole pour s’orienter vers les énergies du 21 siècle. Ce genre de déclaration ne vise qu’à restaurer son image, fortement écornée par sa gestion de l’affaire, qualifiée au mieux de molle.
Quand on demande aux travailleurs du secteur de la crevette dans la région s’ils sont favorables à la fermeture des plates-formes, leur réponse n’est pas unilatérale. En effet, le secteur pétrolier est aussi un grand pourvoyeur d’emplois et chaque crevettier a soit un fils, soit des amis qui travaillent dans le secteur. L’attitude incantatoire d’Obama tente en fait de masquer que les USA sont dépendants de l’industrie pétrolière. La seule solution, pour sortir de cette dépendance, est de nationaliser ce secteur hautement stratégique et en même temps dangereux. La mise sous contrôle des travailleurs de sites critiques comme ceux des plateformes en haute mer permettrait de ne pas laisser au seul soin du profit d’évaluer la politique de gestion du risque.
Pour sortir de la dépendance aux énergies fossiles, il faut planifier la transition vers les énergies renouvelables. Cela ne peut se faire que dans le cadre d’une économie planifiée. En effet, sur base capitaliste, la transition vers les énergies renouvelables est bloquée par l’investissement énorme qui est nécessaire afin de développer le secteur.
La concurrence dans un secteur pour obtenir une bonne part de marché et réaliser son profit, combinée à la concurrence entre tous les secteurs de l’économie, donne lieu à une répartition sectorielle du taux de profit. Le capitalisme vert n’est qu’une modification sectorielle de la répartition du taux de profit. Cela signifie que cela reste du capitalisme et, sous ce système, on ne peut trouver aucune solution pour répondre aux besoins sociaux tout en faisant face aux contraintes environnementales.
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Obama est-il différent?
Lorsque les américains et le monde ont appris l’élection d’Obama, on avait l’impression qu’une véritable révolution avait éclaté: autre style, autre discours, autre couleur de peau,… tout allait être différent! ‘‘Change, we can believe in’’(1) scandaient les américains. Ont-ils eu raison d’y croire? Où en sommes-nous un an plus tard? L’homme le plus puissant du monde l’a-t-il changé?
Par Stéphane (Liège)
Au début de la crise des subprimes, Bush, après avoir laissé couler Lehman Brothers marquant le signal de déclenchement de la crise, sauvait les sociétés financières Fanny Mae et Freddie Mac à coup de deniers publics. Dès le début de sa présidence, Obama s’est attelé à ficeler son plan de relance principalement fait de réduction d’impôts pour les grandes sociétés… Sauvez l’économie capitaliste vacillante à coup de deniers publics… voyez le changement…
La politique de guerre prolongée
L’autre grand reproche fait à Bush, surtout par les non-américains fut sa politique étrangère: guerre en Afghanistan et Irak en tête, soutien inconditionnel à Israël, unilatéralisme, etc. Ici, peu question de changement aussi, mais la couleur était annoncée dès le départ: la guerre en Afghanistan est LA guerre qu’il fallait mener et l’engagement précipité en Irak une erreur. Jamais il n’a été question de s’opposer aux guerres d’agression des Etats-Unis, ni d’un retrait des troupes d’Irak.
Obama déclarait: ‘‘Je ne m’oppose pas à toutes les guerres. Je suis opposé aux guerres stupides. Ce à quoi je m’oppose est la guerre irréfléchie.’’ S’il y a différence avec W., c’est peut-être dans la stratégie opérée pour élargir ‘‘l’Empire’’ américain. Là où les néoconservateurs voulaient contester les grandes puissances jusque chez elles, le réaliste Obama revient à la zone traditionnelle étasunienne: les Amériques. Ainsi Obama a décidé d’abandonner le bouclier anti-missile pour se réconcilier avec la Russie. Aussi, les révolutions colorées qui ont fleuri sous le mandat de George Bush (Géorgie 2003, Ukraine 2004, Kirghizstan 2005, etc.) ne risquent pas de bénéficier du même soutien et même lorsque le gouvernement pro-US au Kirghizstan a été renversé par un mouvement populaire, il n’y a eu aucune contestation de la part de la Maison Blanche. D’autre part, dans les coulisses du sommet de Copenhague, Barack Obama a préféré négocier un accord minimaliste non-contraignant pour les parties avec une brève déclaration d’intentions avec la Chine, le Brésil, l’Afrique du Sud, etc. Par contre, la droite radicale a fait un Coup d’Etat au Honduras avec l’assentiment tacite de Washington et des bases militaires fleurissent aux portes du Venezuela ou en Haïti à quelques kilomètres de Cuba.
De l’espoir à la déception
Même dans son propre pays, Obama n’a pas réussi à parvenir à un changement fondamental. Il y a peu, Bush n’hésita pas à sauver les entreprises privées et les banques avec l’argent de la communauté. Le résultat de ce ‘‘socialisme pour les riches’’ (privatiser les profits, socialiser les pertes), ce sont des économies dans les services publics et l’infrastructure qu’Obama ne remet pas en cause.
D’autre part, la réforme des soins de santé est très limitée. Il n’a pas été question d’un grand service de santé public pour tous, même une option minimale publique a été écartée. Même après cette réforme, 23 millions d’Américains ne sont pas assurés. Le groupe d’action ‘‘Médecins pour un plan national de santé’’ (PNPH) compare ainsi la réforme à une ‘‘aspirine pour combattre le cancer’’. Obama a fait des concessions aux républicains (en n’hésitant pas à davantage limiter le droit à l’avortement pour tenter de gagner des votes républicains) au lieu d’écouter le point de vue de ceux qui ont voté pour lui. En vain. Le résultat, c’est un déclin de popularité pour Obama et une réforme des soins de santé très limitée.
L’espoir d’un changement ne s’est pas réalisé et le soutien pour Obama est victime de cette désillusion. Seule une minorité de la population est toujours en faveur de sa politique. Le soutien au parlement a déjà disparu, 75% de la population estimant qu’il fait mal son job. C’est le plus haut niveau jamais enregistré.
Il est grand temps d’entendre à nouveau la voix des américains ordinaires: travailleurs, chômeurs, retraités ou jeunes. Nous ne pouvons pas compter sur les démocrates. Leur échec offre des ouvertures pour un retour des républicains et crée l’espace pour les démagogues populistes comme Sarah Palin et son Tea Party. Ce n’est pourtant pas le type d’opposition vers laquelle regardent les travailleurs américains et leurs familles.
Un élément que les médias ne rapportent pas, c’est le fait que 36% des Américains ont aujourd’hui une opinion positive du socialisme. L’ouverture pour des alternatives et des idées socialistes est de plus en plus grande, mais elle doit être politiquement organisée. Nos camarades de Socialist Alternative plaident pour soutenir des candidats indépendants des républicains et des démocrates qui peuvent se battre pour les soins de santé universels, contre la guerre et pour la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, en réponse à la crise. Aux Etats-Unis aussi, un parti des travailleurs de masse avec un programme socialiste est nécessaire. www.socialistalternative.org (1) Le changement, nous pouvons y croire!
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Marée noire catastrophique dans le Golfe du Mexique – Arrêtons les pollueurs !
Nationalisons les géants du gaz et du pétrole
Une catastrophe environnementale menace la côte des Etats-Unis qui entoure le Golfe du Mexique, à la suite de l’explosion et de la submersion d’une plateforme pétrolière de la compagnie Deepwater Horizon (louée par BP), le 20 avril.
The Socialist, journal du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles), 5 mai 2010
Tandis que près d’un million de litres de pétrole s’échappent chaque jour du puits détruit, et sans perspective immédiate de pouvoir boucher les trois fuites majeures, les effets environnementaux et économiques dans la région vont être graves et durables sur le long terme. Les bassins à crevettes et les marécages côtiers fragiles seront ruinés pour des années si une importante quantité de pétrole parvient sur la côte.
Dans l’Etat de Louisiane (où est ancrée la deuxième plus grande flotte de pêche américaine, avec un chiffre d’affaires de 1,8 milliards de dollars par an), un habitant sur cinq vit déjà sous le seuil de pauvreté. Ce nombre ne peut que s’accroître au fur et mesure que le désastre se développe.
Le Président américain Barack Obama est déterminé à ne pas être perçu comme en train de roupiller pendant cette crise, contrairement à son prédécesseur George Bush lorsque l’ouragan Katrina a dévasté la région en 2005.
A la grande déception de ses partisans environnementalistes, Obama avait récemment annoncé la vente aux enchères pour les grandes multinationales pétrolières des permis d’exploitation des gisements pétroliers de l’espace maritime américain atlantique. Il a maintenant mis en suspens son annonce précédente, et à la place, son administration est tombée sur le géant pétrolier BP – une cible relativement facile, étant donné que cette compagnie n’est pas basée aux Etats-Unis, et étant donné son passé affreux tant sur le plan environnemental que sur celui de la sécurité.
Obama a accusé BP de n’entreprendre que des mesures de nettoyage de la fuite pendant les quatre jours qui ont suivi la submersion de la plate-forme à cause de l’explosion. Malheureusement pour les riches propriétaires de BP, la catastrophe du Golfe du Mexique coïncide avec le versement en dividendes de l’immense somme de 3,6 milliards de livres de profit accompli pendant le premier trimestre de cette année – surtout à cause d’une hausse rapide du prix de l’essence.
La catastrophe du Golfe du Mexique est en train d’être comparée à celle d’Exxon Valdez en Alaska en 1989, lorsque plus de 40 millions de litres de pétrole brut se sont échappés d’un super-pétrolier échoué.
Les gens demandent des réponses de la part de BP et des autorités américaines, quant à savoir pourquoi les mécanismes de sécurité de la plateforme n’ont pas fonctionné.
Mais le fait d’éviter de tels désastres (et pas simplement BP qui paye la facture du nettoyage, sous-estimée à hauteur de 1 milliards de dollars) ne pourra se faire que s’il y a un contrôle sur la production. Ceci requiert la mise en propriété publique de l’industrie pétrolière, ce que les gouvernements capitalistes occidentaux qui apprécient leurs relations fraternelles avec les multinationales du pétrole se refusent à faire.
Toutefois, dans les pays producteurs de gaz et d’électricité tels que la Bolivie et le Venezuela, les gouvernements de gauche élus ont en partie nationalisé leurs industries gazière et pétrolière. Ces mesures populistes ont infligé un coup énorme aux intérêts de l’impérialisme occidental en Amérique latine.
Un gouvernement socialiste qui nationaliserait complètement ses industries d’hydrocarbures sous le contrôle et la gestion des travailleurs – dans le cadre d’un plan global de production économique – non seulement permettrait une production d’énergie en toute sécurité, mais plus encore, tenterait de rompre avec la dépendance par rapport aux carburants fossiles, pour aller vers des sources d’énergie renouvelables.
La mentalité « chéquier » de BP
BP est la quatrième plus grande compagnie pétrolière au monde. Sa taille et sa richesse ont été bâties au prix des vies des travailleurs et de l’environnement. Onze personnes ont été portées disparues – on les suppose décédées – après que la plateforme Deepwater Horizon, louée par BP et appartenant à la firme américaine Transocean, ait pris feu et ait coulé.
En 1991, BP a été citée comme l’entreprise la plus polluante aux Etats-Unis. Selon une recherche du PIRG, BP a été responsable de 104 fuites de pétrole entre janvier 1997 et mars 1998.
En 2006, une fuite d’un des pipelines de BP sur la Pente Nord de l’Alaska a causé la perte de plus d’un million de litres de pétrole brut qui se sont répandus dans la toundra.
Il y a cinq ans, 15 personnes ont été tuées et 180 ont été blessées à la raffinerie BP à Texas City. Une enquête a déclaré que c’était l’ensemble de la politique de gestion de l’entreprise qui était responsable d’avoir ignoré les avertissements quant aux problèmes de sécurité catastrophiques, aggravé par une « mentalité chéquier ».
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Aidez-nous à mettre le MAS à l’ordre du jour !
Du 12 au 14 décembre, le Mouvement pour une Alternative Socialiste va vivre son 11e Congrès national depuis février 1992. Ce Congrès s’inscrit dans une période de crise profonde pour le capitalisme. La bourgeoisie essaie par tous les moyens possibles de sauver son système, en recourant largement aux moyens de l’Etat, rompant ainsi avec ses propres règles néolibérales.
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[/box]Les travailleurs et leur famille sont clairement les grandes victimes de cette crise, et tous les moyens invoqués par la classe dominante pour soi-disant sauver l’économie ne font que pousser un peu plus loin dans la misère l’immense majorité de la population mondiale. Aux Etats-Unis, des centaines de milliards de dollars ont été injectés par l’Etat pour renflouer les banques, pour collectiviser les pertes. Les travailleurs américains n’ont à nouveau pas eu droit à leur part du gâteau et des centaines de milliers d’entre eux ont été forcés de quitter leurs maisons, qu’ils ne pouvaient plus payer. La crise financière a peu à peu fait place à la crise économique avec des centaines de milliers de pertes d’emplois perdus dans les secteurs de la finance, de l’automobile, de l’aéronautique, de la construction, du transport, des soins de santé,…
En Belgique aussi, le gouvernement, habituellement si frileux pour dépenser le moindre euro, n’a pas hésité cinq minutes avant d’offrir plus de 20 milliards d’euros au total pour sauver Fortis, Dexia, Ethias et KBC de la faillite. Et pour sauver l’emploi et en créer de nouveaux ? Pour assurer des allocations décentes ? Pour assurer des soins de santé, des logements, des transports publics de qualité et à prix abordable ? Pas un euro, bien évidemment.
Depuis le début de cette année, les travailleurs luttent pour des salaires et des allocations plus élevées. Nous avons vécu une énorme vague de grèves et d’actions spontanées dans les secteurs métallurgique, pharmaceutique, pétrochimique, alimentaire, de la fonction publique, du non-marchand,… et ceci malgré le frein sur ces actions joué par les directions syndicales. La combativité est donc certainement présente. Une combativité à laquelle le patronat répond d’ailleurs de plus en plus avec des attaques sur le droit de grève, notamment par l’envoi d’huissiers et de policiers pour casser les piquets.
Ces 20 dernières années, le socialisme a été poussé dans la défensive. Pendant toute cette période, nous avons mené une lutte pour sauvegarder nos idées, notre programme. Mais les idées socialistes sont aujourd’hui en train de ressurgir. En Allemagne, les ventes du « Capital » de Karl Marx ont déjà triplé cette année par rapport à 2005. Actuellement, selon les sondages, Die Linke pourrait devenir la troisième force politique du pays. De temps en temps, la gauche a droit à plus d’attention médiatique, comme le montre la couverture actuelle et l’engouement pour Olivier Besancenot en France, crédité de 13% dans certains sondages. Mais cela ne remplace pas la nécessité d’un parti capable de réellement changer la société. En Amérique latine, nous avons toujours dit que la position de Chavez n’était pas tenable à long terme sur base capitaliste. Avec la crise actuelle, le choix à faire entre capitalisme et socialisme va devenir sans cesse plus insistant.
Le CIO et le MAS/LSP doivent donc plus que jamais mettre leurs idées et leur programme en avant. Cette nouvelle période nécessite un caractère plus affirmé de notre parti, un profil plus clair. C’est la raison pour laquelle, lors du Congrès national, nous voulons aussi donner un nom de parti à notre organisation du côté francophone. Et c’est aussi pourquoi, à partir d’aujourd’hui, nous devons plus investir dans la propagande.
Nous devons aujourd’hui construire nos forces pour être capable d’accueillir ces jeunes et ces travailleurs qui se radicaliseront demain. Mais pour ce faire, nous avons évidemment besoin de temps, d’énergie, mais aussi d’argent. Nos membres ont déjà fait d’énormes efforts sur ces trois terrains et nous avons toujours pu compter sur le soutien régulier de beaucoup de sympathisants. Mais de nouveaux besoins s’imposent et nous espérons donc, à l’occasion de notre Congrès National, que nous pourrons à nouveau compter sur votre soutien.
En 2006 et 2007, nous avons pu récolter plus de 15.000€ de dons lors de nos Conférences. A chaque fois, nous avons pu compter sur beaucoup de dons petits et moyens, mais aussi sur certains plus élevés. Cette année, notre objectif est de récolter au minimum le même montant.
Une partie de cette somme sera directement utilisée à la construction de notre Internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO). Par exemple, 500€ seront immédiatement versés pour la construction de nos sections en Amérique Latine et 3.000€ seront donnés à l’appel financier général du CIO.
Dans le contexte actuel, nos sections-sœurs à travers le monde ont un énorme potentiel de croissance et des tâches immenses à accomplir. En Amérique Latine, évidemment, mais aussi aux Etats-Unis, où l’énorme enthousiasme autour de la campagne de Barack Obama témoigne d’un regain d’intérêt pour le débat politique, pour une politique qui défende les travailleurs. Sans aucune illusion de leur part dans le nouveau président démocrate, nos camarades ont devant eux, là-bas aussi, une ouverture pour les idées socialistes. En Asie et en Afrique aussi, là où, entre autres, la famine et la malnutrition, aggravée par la crise alimentaire, a causé et cause toujours la mort de millions de personnes, et où la crise économique actuelle fait des ravages, parallèlement à l’augmentation des conflits interethniques.
Mais les tâches en Europe et dans notre pays ne sont pas moins grandes. L’argent récolté grâce à cet appel financier servira donc aussi à la construction du MAS/LSP. Par exemple, les élections approchant, lors de notre campagne préélectorale qui consiste en la récolte de milliers de signatures de parrainage nécessaires, nous voulons être capable de distribuer un tract du même type que celui de notre campagne autour du pouvoir d’achat et de l’emploi.
Nous appelons donc tous nos membres à faire un don (ou une promesse de don) le plus grande possible et/ou, pour ceux qui le peuvent, à augmenter leur cotisation mensuelle de membre. Nous faisons également cet appel à nos sympathisants. Si vous le voulez et le pouvez, faites un don ou une contribution mensuelle de sympathisant via un ordre permanent bancaire mensuel de soutien au MAS/LSP. Avec cet appel, nous ne te demandons ni plus ni moins que de t’investir dans la construction d’un parti avec l’objectif de réaliser ensemble une société socialiste.
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Quelle alternative à la politique antisociale des Républicrates et des Démoblicains ?
Pourquoi nous soutenons Nader
Les USA éliront leur président et leur vice-président(e) en novembre. Les conventions des deux partis traditionnels, les Démocrates et les Républicains, ont fait les joies du monde de l’entreprise, le principal bailleur de fonds des deux campagnes. Tandis que les conventions bruissaient de palabres sur les multiples façons de remplir les poches des capitalistes, les opposants politiques en étaient tenus à l’écart par des robocops.
Par Wim Cardoen, depuis les USA
Des images, pas de programme
Les vrais points de programme affleurent à peine dans les médias, qui fourmillent au contraire d’enquêtes fouillées pour savoir si Obama s’est oui ou non rendu coupable de sexisme. Les Républicains veulent ainsi détourner l’attention de l’opinion publique en noircissant leur adversaire. Et ils n’hésitent pas à appeler Dieu à la rescousse. Sarah Palin aussi annoncé à la plus grande heure d’écoute qu’elle pouvait voir la Russie depuis l’Alaska et que, si sa vue lui faisait défaut, elle pouvait toujours faire appel à la Providence. Car, selon elle, c’est en effet la volonté divine qui l’a conduite à approuver la construction d’un oléoduc à travers l’Alaska.
La convention démocrate à Denver a recyclé Al Gore. Il est venu à Denver pour donner sa leçon au ban, à l’arrière-ban et au monde : le candidat indépendant Ralph Nader a été la cause des huit années Bush ! Les démocrates affirment défendre des valeurs progressistes et, pour eux, une voix pour des candidats comme Nader est une voix perdue.
Mais comment peut-on se déclarer progressiste quand on a participé au recul du pouvoir d’achat de l’Américain moyen et soutenu les aventures guerrières des USA dans le monde ? Bill Clinton, qui a taillé sérieusement dans l’Etat-Providence dans les années ’90, a été fortement applaudi. Mais Jimmy Carter, qui fut président démocrate de 1976 à 1980 – l’homme qui avait pourtant fourni des armes et des conseillers au Shah d’Iran et à nombre de régimes militaires en Amérique Latine et donné le feu vert à l’aide américaine aux milices islamistes antisoviétiques en Afghanistan, – s’est vu refuser l’accès au podium pour avoir exprimé récemment des critiques un peu trop aigües sur les pratiques d’Israël dans les Territoires occupés.
L’espoir d’un changement
L’Américain moyen a peu d’illusions à se faire quand on passe en revue le programme de Barack Obama, qui a trouvé positif l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan et émis des menaces envers l’Iran.
Lorsque le Sénat vote sur le financement de la guerre en Irak et en Afghanistan, Obama vote toujours pour. Il veut renforcer l’armée après son élection. Lorsqu’on sait que le budget de la défense américain équivaut déjà quasiment à la somme des dépenses militaires du reste du monde, on peut difficilement considérer Barack Obama comme un pacifiste.
Les principaux conseillers d’Obama en matière économique – Austan Goolsbee, David Cutler et Jeffrey Liebman – sont trois néolibéraux purs et durs. Goolsbee s’en est pris notamment à Michael Moore dont le film Sicko plaide pour un système national et général de soins de santé. Pour lui, c’est incompatible avec le marché libre. David Cutler, ancien conseiller de Bill Clinton, est lui aussi un partisan du principe du marché libre dans les soins de santé qui sont, pour lui, une manière de faire du profit. Jeffrey Liebman, un ancien de l’époque Clinton défendait déjà la privatisation de la sécurité sociale sous l’Administration Clinton. Quant à Joe Biden, le colistier d’Obama, il est connu sous le sobriquet de Credit Card Joe à cause de ses bons et loyaux services envers le secteur financier.
S’il y a des différences de programme entre McCain – qui se profile plus à droite – et Obama, il y a surtout beaucoup de points de convergence sur l’essentiel : les deux partis sont soutenus par le big business, partagent la même foi aveugle dans le marché libre, défendent l’impérialisme américain, …
L’alternative politique – pourquoi nous soutenons Nader
Y a-t-il une alternative politique à McCain et Obama ? Une alternative qui défende les intérêts des travailleurs et de leurs familles ? Les démocrates redoutent toute tentative de mettre en avant un troisième candidat, à côté du républicain et du démocrate, et ils s’en prennent par conséquent à la campagne de Ralph Nader.
Des changements dans les rapports sociaux ne surviennent pas tout seul. La classe des travailleurs n’a pu imposer des acquis qu’à travers des années de lutte. La fête du 1er Mai trouve son origine dans la lutte des travailleurs américains pour la journée des huit heures. La classe ouvrière a pu imposer des acquis sociaux dans les années trente et quarante, non pas en comptant sur les démocrates mais en engageant une lutte dure contre la bourgeoisie. La grève des camionneurs de Minneapolis (1934) en est un bon exemple. Le spectre d’une Amérique rouge a fait trembler l’Administration Roosevelt qui a dû fait des concessions importantes.
Le mouvement ouvrier américain est sur la défensive depuis des décennies. La régression sociale ne cesse de s’étendre; il est urgent de la stopper et de la faire reculer. Nader n’est pas un socialiste. Son programme n’en contient pas moins beaucoup d’éléments progressistes comme instaurer une caisse générale d’assurance maladie, mettre le holà à l’impérialisme, rétrécir sérieusement l’armée américaine, s’en prendre énergiquement à la criminalité en col blanc, abolir la loi antisyndicale Taft-Hartley, taxer la spéculation en bourse, protéger et renforcer les libertés individuelles qui ont été mises à mal par les démocrates comme par les républicains, rompre avec la tyrannie du bipartisme.
Une campagne Nader couronnée de succès pourrait être un signal clair : cela démontrerait l’existence d’un soutien plus large aux luttes des salariés et pourrait donner une impulsion à des actions plus offensives.
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La démission de Castro ouvre un nouveau chapitre
Quelles sont les perspectives pour la révolution ?
La démission formelle de Fidel Castro du poste de Président de Cuba ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire de Cuba et de sa révolution. Depuis le début de sa maladie en 2006 (un problème intestinal) d’intenses discussions ont été menées sur le rôle de Castro, lui-même lié au futur de Cuba. Sa démission indique qu’il ne se remettra probablement pas de sa maladie et que le gouvernement Cubain prépare la population cubaine à sa mort, peut être même bientôt.
Peter Taaffe, Socialist Party ( CIO Angleterre et Pays de Galles)
Quand cela arrivera, de nombreuses manifestations de masse, surtout en Amérique Latine, seront organisées. Malgré quelques erreurs et défauts de Fidel Castro, il est reconnu par les masses opprimées dans le monde comme une figure monumentale qui s’est battu avec ténacité contre leurs oppresseurs capitalistes et impérialistes.
Cependant, les cercles capitalistes (de Bush aux exilés cubain à Miami qui salivent déjà à l’idée de profits plantureux après le « retour » de leur propriété) spéculent peu cette fois-ci, contrairement à 2006, sur l’écroulement imminent du régime de l’île. A l’époque, c’est Bush qui exprimait les prédictions de l’impérialisme américain : des émeutes dans les rues cubaines, un rapide « changement de régime » , non seulement du gouvernement cubain mais aussi de son système social – l’économie planifiée.
Inversement, des millions d’ouvriers et les pauvres du monde entier espéraient le contraire ; que Cuba et les acquis sociaux de la révolution perdureraient même dans le cas d’un décès de Castro par sa maladie. Il est certain que sa présence considérable sera encore ressentie, mais sa démission traduit son incapacité à exercer le pouvoir comme il l’a fait précédemment et c’est probablement son frère Raul qui le reprendra.
Depuis 1959 la révolution Cubaine est confrontée à un embargo sauvage imposé par l’impérialisme US, et on compte 600 tentatives d’assassinat à l’encontre de Fidel Castro. Cependant, Cuba a, au travers de son économie planifiée, a pu donner un aperçu des formidables possibilités de l’espèce humaine quand la mainmise des propriétaires terriens et des capitalistes est éliminée. Des figures héroïques comme Che Guevara et Fidel Castro exercent une profonde influence sur de nombreux jeunes et travailleurs dans le monde entier.
La bonne réputation de Cuba sur sa gestion des problèmes sociaux tels que le logement, l’éducation, et particulièrement la santé a beaucoup progressée recemmnent. Le film incroyable de Michael Moore « Sicko » met bien en valeur le contraste entre le système de santé US, brutal et orienté vers une maximisation des profits et le système de santé gratuit cubain. Des citoyens américains ordinaires se retrouvant sans logement suite à des problèmes de santé (dont une personne ayant développé un cancer) ainsi qu’une travailleuse ayant participé aux secours lors du 11 septembre n’ont pu bénéficier de soins de santés à un prix abordable par le système de santé privé, honteux et orienté vers les entreprises que connaît les Etats-Unis. Ils ont cependant été secourus et soigné gratuitement quand Moore les a amenés à Cuba.
En outre, huit étudiants américains ont été diplômés l’année passée après six années d’études gratuites. Un de ces diplômés déclara que « les soins de santés ne sont pas considérés comme un commerce à Cuba ». C’est exactement pour cela que par le passé les Etats-Unis et leurs Etats complice en Amérique latine ont tout fait pour essayer de détruire le modèle d’économie planifiée ayant émergé de la révolution cubaine. Et cela a provoqué une réaction massive de soutien à Cuba des populations d’Amérique latine, particulièrement dans la dernière décennie vu le néo-libéralisme sur le continent. Elles comparent les réalisations cubaines à la triste expansion record de la grande propriété terrienne et du capitalisme dans la région, tout comme en Afrique et en Asie.
Les réalisations de la révolution
Dans un livre révélateur récemment publié, (« Fidel Castro – ma vie ») pour lequel Castro a collobaré avec l’écrivain Ignacio Ramonet, il rapporte les impressionnantes réalisations de la révolution. Et commente : « Nous avons maintenant plus de 70000 médecins et 25000 jeunes étudiants en médecine… Nos voisins du nord [les USA] ne peuvent envoyer que des hélicoptères et non pas des médecins, ils n’en ont pas assez pour résoudre les problèmes du monde. L’Europe, cette « championne des droits de l’Homme » ne peut rien y faire non plus. Ils ne peuvent même pas envoyer 100 médecins en Afrique où plus de 30 millions de personnes sont infectées par le Sida… Je pense que nous aurons dans dix ans 100 000 médecins et que nous pourrions en avoir formé 100 000 de plus d’autres pays. Nous sommes les plus grands pourvoyeurs de médecins [dans le monde] et je pense que nous pouvons maintenant former dix fois plus de médecins que les Etats-Unis, ce pays qui nous a privé d’un bon nombre de nos médecins et qui a fait tout ce qui était possible pour priver Cuba de médecins. Ceci est notre réponse à cette politique. »
Entre 1959 et aujourd’hui, l’espérance de vie à Cuba a augmenté de 19 ans. Suite à la contre révolution en Russie au début des années 90 elle est retombée pour les hommes à 56 ans ! Peut-il y avoir un plus grand contraste entre les objectifs de la révolution sociale et la barbarie de la contre-révolution capitaliste ? Et ceci a été mené à bien au moment fort d’une crise économique massive au début des années 90 suite au retrait de l’aide, particulièrement la fourniture de pétrole, d’abords par l’ancien président russe Boris Eltsine puis poursuivie par Vladimir Poutine, comme Castro l’explique dans son livre.
Alors que les réalisations historiques (éducation gratuite et soins de santé performant) sont préservées à Cuba, un programme d’austérité brutal a cependant été infligé à la masse de la population. Le régime a été obligé de faire des concessions « au marché » et donc au capitalisme. A travers la « dollarisation », une économie parallèle s’est développée et a amené certains privilèges pour ceux travaillant dans le tourisme (payé en dollars) et les secteurs impliquant certains partenariats économiques internationaux.
Malheureusement, ceux qui restent défenseurs de l’économie planifiée, comme les médecins, les enseignants, etc., sont toujours payé en peso cubain et souffrent énormément. Selon le célèbre auteur de gauche Richard Gott, même le monopole de l’Etat sur le commerce extérieur a été formellement aboli en 1992. Mais Cuba reste essentiellement une économie planifiée, avec des entreprises étrangères requerrant des autorisation du ministère du commerce pour effectuer leurs opérations. La décentralisation c’est opéré avec des centaines d’entreprises pouvant importer et exporter librement. Castro a cependant déclaré « que rien d’utile ne sera privatisé à Cuba et peut donc être maintenue comme une propriété de la nation des collectivité de travailleurs ».
Il n’est pas exact actuellement de dire que la bureaucratie et les inégalités n’existent pas à Cuba. Fidel Castro l’a déclaré par le passé ainsi que dans son dernier livre. Il n’est pas la copie conforme de Staline comme l’on essayé de faire croire ses opposants capitalistes. Aucun culte de la personnalité financé par l’Etat n’existe à Cuba, et on ne voit aucun portait, statue ou image de Castro tant qu’il est vivant. De plus, alors qu’il admet ouvertement avoir commis des erreurs et zigzagué d’une politique à l’autre en causant significativement du tort lors des 49 dernières années, rien de tout cela n’est comparable aux crimes monstrueux du stalinisme : collectivisation forcées, grandes purges, etc.
Politiques changeantes
Ce livre révèle aussi un comportement parfois erratique de Fidel Castro. Il a par exemple proposé au dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev lors de la crise des missiles en 1962 une « première attaque » nucléaire soviétique contre les Etats-Unis. Khrouchtchev répondit à Castro : « Vous me proposez de mener une « première attaque » contre le territoire ennemi. Ceci ne sera pas une simple attaque mais le début d’une guerre thermonucléaire. » [p281]
Castro s’en prend parfois à Staline : « Il a été responsable, de mon point de vue, pour l’invasion en 1941 de l’URSS par la puissante machine de guerre Hitlérienne, sans même que les forces soviétiques ai entendu un appel de mobilisation… Tout le monde connaît ses abus de pouvoir, la répression, et sa personnalité, le culte de la personnalité. ». Mais il affirme aussi que Staline « a l’immense mérite d’avoir industrialisé le pays, déplacé les industries militaires en Sibérie ; des facteurs décisifs dans la grande bataille mondiale contre la nazisme. ».
Il affirme que Staline c’est « lui-même désarmé », mais en réalité a démantelé les défenses de l’union soviétique alors que les Nazis se préparaient à attaquer. Mais Staline n’était pas le concepteur originel du « plan quinquennal » ainsi que de son idée d’industrialisation. C’est Trotsky et l’opposition de gauche qui a formulé ces idées en premier. Staline les a empruntés et appliquées bureaucratiquement à grands frais inutiles pour l’Union Soviétique et sa population. Et Castro nie ostensiblement – à tort comme l’a indiqué Célia Hart – que Che Guevara a pu avoir des « sympathies trotskystes ». Castro affirme qu’il « ne l’a jamais entendu parler de Trotsky… Il était léniniste et, sur certains point reconnaissait des mérite en Staline ». Che Guevara, il est vrai, n’était pas un trotskiste conscient et convaincu. Mais lors de sa dernière période à Cuba il est devenu critique par rapport à la bureaucratie, et particulièrement dans les pays dis « socialistes » qu’il avait visité. De plus il avait un livre de Trotsky dans son sac de voyage quand il a été assassiné en Bolivie en 1967.
Castro révèle dans ces commentaires, au mieux, une compréhension inégale du Stalinisme, d’un point de vue « sociologique » et politique. L’erreur des collectivisations forcées, les procès monstrueux, les purges, l’anéantissement des derniers restes de l’héroïque parti bolchevique n’étaient pas juste le résultat de la personnalité de Staline ou des « erreurs » mais bien les conséquences du caractère bureaucratique de la machine qu’il a mis en place. Staline dirigea une contre-révolution politique bureaucratique qui craignait le mouvement indépendant de la classe ouvrière et les idées de démocratie ouvrière, comme l’analysa brillamment Trotsky. Fidel Castro et Che Guevara se distancient de Trotsky et de sa critique du Stalinisme car le régime cubain est, en fin de compte, lui aussi dirigé par une élite bureaucratique détachée des masses populaires.
Cuba et sa révolution est différente en de nombreux points avec la révolution russe, et Castro n’est pas Staline. Cependant, malgré son énorme popularité à ses débuts, ses faiblesses étaient traduites par le manque de contrôle et de gestion démocratique ainsi que par l’absence de conscience de classe claire parmi la classe ouvrière et les pauvres. Castro affirme lui-même qu’une « conscience socialiste » n’était pas présente au début. En outre, il n’y a tout au long du livre pas de perception claire du rôle de la classe ouvrière – comme expliqué par Marx- dans le rôle de moteur de la révolution socialiste, ni de son rôle de contrôle, avec les paysans pauvre, de l’Etat ouvrier né de la révolution.
Il parle de 1968 mais reste silencieux sur le mouvement ouvrier en France cette année là, la plus grande grève générale de l’histoire. Il ignore aussi honteusement les massacres d’étudiants la même année au Mexique. A ce moment, à cause des liens diplomatiques avec le Mexique (le seul Etat d’Amérique latine a avoir reconnu Cuba à l’époque) Castro n’a pas dis un mot à propos des actions meurtrière du gouvernement mexicain.
Quel est le caractère de l’Etat cubain ?
La conséquence de tout cela est que l’Etat dominé par Fidel Castro et Che Guevara, tous deux énormément populaire pour avoir guidé et installé la révolution aux portes du monstre US, n’est pas contrôlé par des conseils ouvriers et paysans, comme c’était le cas en Russie en 1917. Ceci classe historiquement l’Etat cubain et le type de société qui émergea par la suite.
Ceci se reflète dans la pensée de Castro à propos du caractère de l’Etat qu’il préside. Questionné par l’auteur Volker Skierka, Castro affirme directement : « Je ne pense pas qu’il faut avoir plus qu’un parti… Comment notre pays aurai t’il pu tenir debout en étant coupé en dix pièces ?… Je pense que l’exploitation de l’homme par l’homme doit cesser avant qu’on puisse avoir une réelle démocratie. »
Cependant, sans réelle démocratie ouvrière, la transition vers le socialisme est impossible. La fin du monopole du parti unique, des élections libres et transparentes pour des conseils ouvriers avec le droit à tous de se présenter (incluant les trotskystes), un contrôle strict des revenus et le droit de révoquer les élus est le minimum d’exigences pour un Etat ouvrier démocratique. Sans réel contrôle et sans gestion de l’Etat et de la société, une machine bureaucratique va inévitablement se mettre en place et remettre en cause l’existence de l’économie planifiée. Ceci peut être une réalité dans une économie fort avancée et développée, pas comme Cuba qui n’a qu’un PIB représentant 0,3 % du PIB des Etats-Unis.
Il est vrai qu’au début des années 90, faisant face à une situation économique en détérioration, un débat ouvert sur la constitution est apparu à Cuba, et des amendements constitutionnels (incluant une forme d’élections directes) furent proposé à l’assemblée nationale. Cette démarche était cependant toujours réalisée sur la base d’un candidat par siège au parlement. C’était une forme de « démocratie » permettant aux électeurs de choisir un candidat d’une liste, mais juste d’un seul parti. Aux récentes élections de janvier 2008, il y avait 614 candidats pour 614 sièges ! Parallèlement, les membres du comité central du parti communiste, le politburo et le conseil d’Etat, étaient soumis au veto, si nécessaires, de Fidel Castro.
Dans « Ma vie », Fidel Castro semble contrer l’idée d’avoir un tel pouvoir quand il commente l’exécution du chef de l’armée Arnoldo Ochoa pour trafic de drogue présumé. Il affirme : « C’était une décision unanime du conseil d’Etat, qui avait 31 membres… Le conseil d’Etat est devenu un juge… La chose la plus importante est que vous avez à lutter pour vous assurer que chaque décision est prise par consensus entre tous les membres. » Le fait qu’une décision consensuelle a pu être prise au conseil d’Etat dans une situation aussi importante et hautement controversée en dis long sur cette institution et sur le pouvoir détenu par Castro.
Dans l’introduction de son livre, même Ramonet déclare que Castro « prend toutes les décisions, petites et grandes. Malgré le fait qu’il consulte avec beaucoup de respect et de professionnalisme les autorités politiques concernées du parti et du gouvernement pendant le processus de décision, c’est Fidel qui a le dernier mot. ». Castro réfute cette accusation : « Beaucoup de monde me considère comme un voisin, me parle. ». En fin de compte, le pouvoir est détenu dans tout Etat par des dirigeants et des partis. Mais chaque direction et chaque parti devrait, spécialement dans un Etat ouvrier sain, être strictement contrôlé par les masses de la base.
Dans un Etat ouvrier sain, tel qu’il existait en Russie entre 1917 et 1923, ce pouvoir était détenu par les soviets (assemblée) avec un contrôle strict des différences salariales, un droit de révocation des élus,etc. Ceci n’existe malheureusement pas encore à Cuba. C’est pourquoi le dilemme posé en Union Soviétique est également posé à Cuba, mais à une échelle plus réduite et sans l’héritage monstrueux du Stalinisme. Léon Trotsky a posé la question il y a 70 ans en parlant de l’Union Soviétique : « La bureaucratie va t’elle dévorer l’Etat ouvrier, ou la classe ouvrière va-t-elle nettoyer la bureaucratie ?… Les ouvriers ont moins peur, en jetant dehors la bureaucratie, d’ouvrir la voie de la restauration capitaliste. »
Mécontentement grandissant
Pour de grandes parties de la population cubaine, ceci résume probablement l’état d’esprit actuel. Le mécontentement s’étend, et particulièrement parmi la nouvelle génération. En effet 73% de la population est née après le triomphe de la révolution en 1959. L’aliénation de la nouvelle génération risque d’amener une « révolution sans héritiers ». Le remplacement de Fidel Castro par son frère Raul ne résoudra pas le problème sous-jacent. Il est associé à l’armée cubaine comme ministre de la défense.
Au début des années 90, Raul était confronté à une forte austérité et eu l’idée d’utiliser l’armée dans quelques « expériences sur l’économie de marché ». Des officiers étaient envoyés étudier la gestion hôtelière en Espagne et la comptabilité en Europe. Raul a visité la Chine plusieurs fois afin d’étudier les politiques économiques de Pékin. Hans Modrow, le dernier premier ministre de la RDA, est actuellement en visite à Cuba pour partager des expériences sur la transition de son pays vers le capitalisme. Raul a aussi réduit la taille de l’armée et a poussé à une série d’innovations : des marchés de fermiers, le travail indépendant des plombiers, coiffeurs et autre entrepreneurs peu importants. C’est au travers de telles mesures que le capitalisme a déjà été réintroduit à Cuba, mais pas encore dans une position permettant la destruction des principaux aspects de l’économie planifiée.
Il y a sans aucun doute des divisions au sein même de l’élite bureaucratique qui contrôle Cuba. Une partie voudrai « s’ouvrir » au capitalisme dans une forme « démocratique ». Leur difficulté est la loi Helms-Burton américaine. Même ces bureaucrates qui souhaiteraient le démantèlement de l’économie planifiée sont confronté à la perspective du retour à Cuba des réfugiés de Miami protégé par l’impérialisme US : « Pour mettre aux enchères les entreprises publiques, et vendre au plus offrant » (The wall street journal). Tout comme en Allemagne de l’est après la chute du mur, ces brutes demanderont vigoureusement le retour de « leur propriété », y compris des maisons occupées par des ouvriers et des paysans aujourd’hui. De plus, ils n’hésiteront pas à recourir à des bains de sang à l’encontre toute personne associée au régime de Castro.
Plusieurs événements, et particulièrement les élections présidentielles américaines, pourraient avoir un effet profond sur Cuba. Barack Obama a déjà indiqué qu’il adopterai une ligne moins dure par rapport aux ennemis traditionnels des Etats-Unis : Cuba, Iran etc. B. Obama ou même Hillary Clinton – malgré ses récentes déclarations belliqueuses à l’encontre du régime cubain – pourrait agir pour démanteler partiellement ou totalement l’embargo. En Floride, la récession économique américaine apparaît avec des rangées entières de propriété vides. Même la nouvelle génération de réfugiées de Miami a atténué son opposition à la fin de l’embargo, pourtant longtemps implacable.
Il y a déjà une pression considérable d’agriculteurs, du secteur touristique, sans parler de McDonald’s, afin de baisser les barrières pour prendre de bonnes parties bien profitable de Cuba. 100 membres du congrès américain demandent la levée de l’embargo. Et c’est bien cela qui est le plus grand danger pour les restes de l’économie de marché à Cuba. Des millions de touristes américains envahissant Cuba, même avec des dollars dévalués dans leurs poches, risque de donner un sérieux coup, peut-être mortel aux éléments restant de l’économie planifiée. Comme l’a expliqué Léon Trotsky, le réel danger pour un Etat ouvrier isolé n’est pas vraiment une invasion militaire mais « des biens bon marché dans les bagages de l’impérialisme ». Cette « invasion » de Cuba prendrai de nos jours vraisemblablement la forme du tourisme et des investissements capitalistes si le régime « s’ouvrait » dans le futur, sous Raul ou tout autre dirigeant. Mais ceci est une perspective peu probable, tant que Fidel sera en vie. Un réel danger de restauration capitaliste est cependant toujours existant.
Le pétrole vénézuélien est vital pour Cuba. Mais que se passera t’il en cas d’explosion des cours du pétrole, ce qui est probable avec le début de la récession économique mondiale ? Le Venezuela sera profondément affecté, et par conséquent Cuba aussi.
Il y a , et cela ne fait aucun doute, une autre frange de la direction et de la bureaucratie cubaine qui fera tout pour maintenir l’économie planifiée. Les marxistes, comme Trotsky l’a préconisé, devraient dans cette phase critique former un bloc avec cette frange de la direction et de la bureaucratie cubaine et chercher à mobiliser une résistance cubaine de masse contre toute menace de retour au capitalisme.
Démocratie ouvrière
Ceux qui, comme le membre du parlement britannique George Galloway, affirment que c’est l’embargo capitaliste sur Cuba qui est un important facteur de manque de démocratie sur l’île ont raison. Toutes les révolutions – même la guerre civile aux Etats-Unis – confrontées à une contre-révolution armée ont refusés de donner la liberté d’agir à ses opposants sous prétexte de « démocratie ». Mais nous ne soutenons pas à Cuba la liberté pour la contre-révolution de s’organiser afin de renverser la révolution. Vu les avantages de l’économie planifiée, et particulièrement si celle-ci s’organiserai dans le cadre d’une confédération socialiste démocratique rassemblant le Venezuela, la Bolivie et éventuellement l’Equateur, les contre révolutionnaire désirant revenir à la barbarie de la propriété terrienne et du capitalisme tel qu’il existe sur le continent Latino Américain auraient peu de marge de manœuvre.
Cependant, si la question de l’interdiction de partis politiques de droite désirant un retour au capitalisme peut être un sujet un débat, ce ne devrai pas être le cas de la question de la démocratie ouvrière. Tout ceux qui soutiennent l’économie planifiée, y compris les trotskystes et autres, devraient pouvoir agir à Cuba. Ceci devrai faire partie du maintien et de l’extension de l’économie planifiée. Sans démocratie ouvrière, Cuba pourrait se retrouver des décennies en arrière et avec cela les espoirs de révolution socialiste en Amérique latine et dans le monde sérieusement mis à mal. Le maintien de cette révolution ne devraient pas être mis dans les mains d’un seul homme, aussi loyal et courageux soit t’il, ni dans les mains d’un groupe d’hommes et de femmes, mais dans les mains d’une classe ouvrière cubaine engagée et politiquement consciente, et liée aux masses d’Amérique latine et d’ailleurs.
Ceci ne peut être accompli par le haut, comme l’ont montré les erreurs de Hugo Chavez au Venezuela. Les décisions doivent être prise tout de suite pour organiser une campagne de masse à Cuba afin de préparer le terrain à une vraie démocratie ouvrière. La crise mondiale du capitalisme globalisé et la révolte contre le néo-libéralisme en Amérique latine renforcent la perspective de défendre et de consolider les acquis de la révolution cubaine. Mais il ne faut pas perdre de temps dans lutte pour la démocratie ouvrière et le socialisme à Cuba, au Venezuela, en Bolivie et ailleurs.