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Tag: Banque Centrale
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Grèce : Une épreuve de force : Les syndicats annoncent une grève générale de 48 heures contre l’austérité
L’establishment grec a été ébranlé par la grève générale du 15 juin, combinée à la poursuite des occupations de places, la place Syntagma à Athènes et les places d’autres villes du pays, tout autant que par la demande généralisée de la population grecque de se débarrasser du gouvernement des “menteurs et voleurs”, tel qu’il est largement qualifié.
Stephan Kimmerle, CIO, Athènes
Dans le courant de la journée de grève générale, le Premier Ministre Giorgios Papandreou a offert sa démission et a annoncé la formation d’un gouvernement "d’unité nationale", pour ensuite retirer sa démission. Le Pasok, le parti au gouvernement, social-démocrate, essaye maintenant de resserer ses rangs et de regagner une certaine stabilité. Le remaniement ministériel du gouvernement est sensé être suffisant pour gagner un vote de confiance pour Papandreou le mardi 21 juin.
Il s’agit d’un gouvernement extrêmement faible, avec une majorité de seulement 155 parlementaires sur 300, mais ce n’est pas tout – le pire problème est que les masses grecques réalises la faiblesse du gouvernement, elles comprennent qu’il a été ébranlé et se tiennent toujours derrière le slogan: “dégagez”.
Le gouvernement et les forces derrière lui – la "troika" de l’Union Européenne, de la Banque Centrale Européenne et du Fond Monétaire International ainsi que le grand Capital grec – craignent maintenant une intensification de la résistance de masse contre leurs coupes budgétaires et leur austérité.
Le dimanche 19 juin se sont tenues des manifestations et des assemblées populaires à Athènes, place Syntagma, devant le Parlement. Depuis le début de l’occupation de la place par les ‘indignés’ le 25 mai, les dimanches sont toujours des occasions de montrer la force du mouvement et de discuter en assemblées massives, de plus de 5.000 personnes, de ce qui suivra.
Le lundi, 20 juin, GENOP, le syndicat de l’électricité, commence une grève de 48 heures. Cette grève sera évaluée après deux jours et immédiatement reconduite si besoin est. La compagnie d’électricité, DEI, est tant que maintenant toujours dans les mains de l’Etat (qui détient 51% de ses actions) mais est menacé de privatisation dans le cadre de l’austérité maintenant imposée par la troika et avec le consentement du gouvernement du Pasok.
Le conseil syndical POE/OTA appelle à des actions de grève et à l’occupation des locaux du gouvernement et à la tenue d’assemblées, suivant l’exemple de la place Syntagma Square. Il n’est toutefois pas encore bien clair si cet appel va être suivi de toute action réelle.
La confédération syndicale appelle à une grève générale de 48 heures
Vendredi dernier, le 17 juin, la confédération syndicale des secteurs privés et publics s’est réunie et a appellé à une grève générale de 48 heures, deux jours avant le vote du ‘second memorandum’ – le nouveau paquet d’austérité – au Parlement. Cette grève devrait se tenir aux environs du 28 juin.
Sous la pression du mouvement de masse – les indignés rejoignant les travailleurs en grève générale le 15 juin – les dirigeants syndicaux ont été forcés d’augmenter le niveau de résistance. L’exemple des travailleurs de GENOP peut pousser à avoir plus d’actions issues de la base. Après neuf grèves générales depuis le début de la crise, utilisées essentiellement pour faire baisser la pression, il s’agit d’un changement significatif. Les travailleurs, les chômeurs et la jeunesse ont démontré une détermination exemplaire, avec le clair objectif de stopper les coupes. Les assemblées ont offert une opportunité d’agir plus indépendamment des dirigeants syndicaux et de mettre sur elles une pressions immense pour passer à l’action.
Rôle et pouvoir des assemblées
A Athènes, des militants ont tenté de lancer des assemblées locales dans plusieurs quartiers. Elles sont parfois petites initiallement, et rassemblent plutôt des militants de gauche. En certains endroits, 100 à 150 personnes se rencontrent au niveau local sur une place publique et commencent à mener des actions, essayent de s’organiser pour les manifestations et livrent bataille au niveau local contre les attaques antisociales dans les hôpitaux, en lançant des revendications pour protéger les sans-emploi, etc. Ces assemblées locales sont toujours à un stade initial et leur futur développement n’est pas encore clair. Cela dépendra du développement général du mouvement et de la lutte des classes.
L’assemblée place Syntagma est au centre de ce processus. Les décisions qui y sont prises constituent des références pour le mouvement, particulièrement pour les assemblées locales. Les orateurs sont choisi par lotterie, chacun voulant prendre la parole recevant un numéro et les numéros étant tirés au sort. Après les discussions, des votes sont effectués sur les propositions.
Certains thèmes se sont dégagés ces dernières trois semaines. Par exemple, il est assez largement convenu qu’il ne faudrait pas payer pour la dette souveraine de la Grèce. Après beaucoup de scepticisme, compréhensible, envers les dirigeants syndicaux, une majorité claire s’est prononcée pour forger des liens puissants avec les travailleurs en lutte. La question de la nationalisation des banques est un débat continuel et une majorité des indignés est en faveur de cela, mais sans un accord complet sur ce qu’il convient de faire ensuite.
D’autres thèmes sont encore en débat. Mercredi dernier, la question de quitter l’Union Européenne et la zone euro a été soulevée, et une majorité s’est prononcée en faveur de cela, sans claire alternative. Alors que les partisans du KKE (Parti Communiste – qui ne participe pas aux assemblées, les consédérant comme “petites bourgeoises”) déclarent que la Grèce sera plus à même de résoudre ses problèmes seule, d’autres disent qu’il faut considérer le contexte économique grec dans le cadre de l’économie globale.
Tant que cette question est simplement posée entre le ‘choix’ entre l’euro, dominé par les plus fortes puissances impérialistes européenes, et le retour au drachme sur une base capitaliste, toujours sous la domination des grandes économies capitalistes, c’est un choix entre deux maux, entre la peste et le choléra.
Xekinima (section du CIO en Grèce), défgend la nécessité d’une résistance des travailleurs et des jeunes à l’échelle européenne contre l’Europe capitaliste et ses institutions, ouvrant ainsi la voie à une coopération socialiste à tous niveaux, en tant que partie d’une confédération socialiste volontaire des Etats ouvriers d’Europe.
D’autres thèmes en débat concernent le rôle des partis politiques, comment se débarrasser du gouvernement du Pasok et par quoi le remplacer. Peu de réponses sont données.
Si ces assemblées s’étendent localement et particulièrement sur les lieux de travail, et que la place Syntagma peut réunir des délégués de toutes les assemblées, il s’agirait alors de l’embryon d’une future alternative : la base d’un gouvernement pour les travailleurs et les pauvres, dans les intérêts des travailleurs, des chômeurs, des pauvres et des jeunes.
Pour l’instant, les assemblées offrent l’opportunité d’organiser la résistance contre les attaques antisociales, d’être un contrôle sur les dirigeants syndicaux et d’impliquer activement plus de gens dans la lutte contre l’agenda des capitalistes de Grèce et d’ailleurs.
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Indignés contre l’Europe des banques et des multinationales!
A l’occasion du vote de la doctrine de choc économique de l’Union Européenne et du sommet européen : rassemblement et assemblée populaire – 22 juin à Bruxelles, à 18h au Rond Point Schuman à l’initiative de syndicalistes et de jeunes des Comités d’Action Europe
Inspirée par les révolutions de masse au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la jeunesse espagnole et grecque est entrée en révolte contre les effets de la crise du capitalisme. Ce mouvement de masse des jeunes – de cette génération perdue et confrontée aux emplois précaires qui ne permette pas d’envisager l’avenir – effraye les capitalistes et leurs politiciens, qui craignent une riposte organisée des millions de travailleurs en Europe contre leurs politiques antisociales.
Tract des Etudiants de Gauche Actifs
Ce n’est pas aux jeunes et aux travailleurs de payer leur crise !
Inspirée par les révolutions de masse au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la jeunesse espagnole et grecque est entrée en révolte contre les effets de la crise du capitalisme. Ce mouvement de masse des jeunes – de cette génération perdue et confrontée aux emplois précaires qui ne permette pas d’envisager l’avenir – effraye les capitalistes et leurs politiciens, qui craignent une riposte organisée des millions de travailleurs en Europe contre leurs politiques antisociales.
Partout en Europe, les gouvernements ont distribué l’argent public pour préserver les énormes profits des banques et des patrons. Aujourd’hui, ils veulent que ce soit à nouveau aux travailleurs et aux jeunes d’en payer les frais, en diminuant drastiquement les budgets de l’enseignement, des soins de santé, des pensions,… En bref, une austérité qui approfondit la récession et provoque une énorme baisse du niveau de vie alors que le fossé entre riches et pauvres n’a jamais été aussi grand.
La Commission Européenne qui, avec le Fond Monétaire International et la Banque Centrale Européenne, force les Grecs, les Irlandais et les Portugais à accepter des plans d’austérité, veut aujourd’hui imposer l’austérité partout en Europe avec son projet de "gouvernance économique". Avec la menace d’amendes, ils veulent presser les gouvernements à ne pas reculer devant les protestations de masse.
Flamands, Wallons, Bruxellois? Nous sommes tous Espagnols et Grecs!
Tous les partis traditionnels ont pillé les finances publiques avec les nombreux cadeaux fiscaux qu’ont reçus les patrons en coupant dans les moyens pour la santé, l’emploi, le logement ou encore l’enseignement. Quel que soit le gouvernement qui sera formé, tous s’accordent déjà sur le principe d’un assainissement d’une vingtaine de milliards d’euros d’ici 2015, alors qu’ils ont donné 22 milliards d’euros aux banques.
Leurs politiques de tensions communautaires servent à nous diviser et à nous affaiblir. La préparation d’une nouvelle réforme de l’Etat vise avant tout à permettre d’imposer une sévère politique d’austérité au niveau fédéral, mais aussi à celui des régions et des communautés. Les surenchères communautaires, le racisme, le sexisme, l’homophobie, etc., tous ces moyens servent à diviser pour mieux régner : nous avons besoin de résister tous ensemble.
Dégageons tous ces politiciens qui mènent une politique au service des riches!
Les capitalistes peuvent compter sur les partis établis pour défendre leurs intérêts. A l’instar de Dehaene qui siège dans les Conseil d’administration d’Inbev et de Dexia, les politiciens établis sont récompensés pour leurs bons et loyaux services. Ils font partie du même monde : à eux le luxe et l’opulence, à nous la misère et la précarité. Nous avons-nous aussi besoin de notre propre instrument politique: un nouveau parti de masse des travailleurs, de lutte, au sein duquel le programme et l’action sont élaborés démocratiquement par les travailleurs et les jeunes eux-mêmes.
POUR UNE GREVE GENERALE EUROPEENE DE 24H !
Une nouvelle manifestation européenne des syndicats est organisée le 21 juin au Grand Duché du Luxembourg. Beaucoup de jeunes développent un sentiment hostile à l’égard des syndicats car l’idée pour les directions est de lâcher un peu de lest face à la pression de la base et non pas de construire un véritable rapport de forces avec un bon plan d’action. Le mouvement des jeunes doit savoir faire la différence entre le sommet et la basse active du mouvement ouvrier organisé, cette dernière aspirant à des syndicats démocratiques et combatifs.
Les travailleurs sont les seuls à être capables de faire mal aux capitalistes là où ça leur fait mal : à leur portefeuille, au travers de la grève. Une grève générale de 24h coordonnées au niveau européen serait un bon point de départ. Celle-ci devrait être organisée et dirigée via des assemblées générales démocratiques dans les entreprises, les quartiers et les écoles. Les moyens existent, mais il faut aller les chercher là où ils sont: dans les coffres-forts des capitalistes.
Avec EGA :
- Stop aux contrats précaires! Stop à la chasse aux chômeurs! Des emplois décents pour tous!
- Partageons l’emploi disponible, 32 heures par semaine, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires!
- Nationalisation de l’ensemble du secteur bancaire sous contrôle et gestion démocratique de la collectivité afin de financer les besoins réels: les soins de santé, l’emploi, les logements sociaux, les services publics, l’enseignement,…
- Contre l’Europe du Capital! Pour une Europe Socialiste, où la production est démocratiquement organisée afin de satisfaire les besoins de la majorité et non pas basée sur la course au profit d’une poignée de capitalistes.
Pour la démocratie réelle – brisons la dictature des banquiers et des patrons !
L’avenir que nous réserve le capitalisme est fait de guerres, de misère, d’exploitation et de désastres écologiques. De bonnes conditions de vie dans un environnement sain, un emploi décent, un enseignement gratuit et de qualité,… sont autant d’aspirations qui se heurtent violement aux limites de ce système basé sur la course aux profits d’une petite élite. Ce n’est pas une fatalité. Pour changer cela, nous devons agir et nous organiser politiquement.
Les Etudiants de Gauche Actifs luttent quotidiennement parmi la jeunesse pour en finir avec ce système et pour construire monde où la production et toute la société sont démocratiquement gérées et contrôlées par les organes issus des luttes de masse des travailleurs et des jeunes – une démocratie réelle – afin de satisfaire les besoins et l’épanouissement de tous : une société socialiste démocratique. Rejoins-nous !
EN BELGIQUE AUSSI, PRENDS LA RUE:
- MANIFESTATION DES INDIGNES – 19 JUIN – BRUXELLES – 14H PLACE FLAGEY
- RASSEMBLEMENT ET ASSEMBLEE POPULAIRE A L’APPEL DES COMITES D’ACTION EUROPE 22 JUIN – BRUXELLES – 18H ROND POINT SCHUMAN
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[DOSSIER] Hausse des prix: Une réponse socialiste
En février, nous avons payé nos achats en moyenne quasiment 3,4% plus cher que l’an dernier, la plus forte augmentation de l’inflation depuis octobre 2008. Grâce à l’indexation automatique des salaires, cela sera heureusement compensé – avec retard et de façon partielle seulement. Mais juste au moment où cette indexation doit nous protéger de la perte de pouvoir d’achat, le patronat lance son offensive. Il peut compter sur l’appui des institutions internationales. Quelle est la réponse socialiste face aux hausses des prix ?
Par Eric Byl
Comment expliquer les hausses des prix?
Souvent, on associe la crise aux hausses des prix ou à l’inflation. C’est pourtant l’inverse en général. Les crises vont de pair avec des baisses de prix, la déflation, alors que les reprises s’accompagnent d’une hausse de l’inflation. En temps de crises, lorsque les produits se vendent plus difficilement, les patrons ont tendance à baisser les prix. Ils diminuent les coûts de production, surtout les salaires, ou se contentent d’une marge de profit plus restreinte. Lors de la reprise, ils essayent alors de vendre à des prix plus élevés afin de rehausser la marge de profit. Dans un monde où l’offre et la demande s’adapteraient de façon équitable, les prix évolueraient de façon assez stable autour de la valeur réelle du produit, c.à.d. la quantité moyenne de temps de travail nécessaire pour produire la marchandise, de la matière première au produit fini.
Mais le monde réel s’accompagne de changements brusques, avec des accélérations soudaines et des ralentissements abrupts. La nature ellemême connait de nombreux caprices. De mauvaises récoltes en Russie et en Ukraine, pour cause de sécheresse, ont contribué à faire augmenter les prix de la nourriture. Un système de société peut tempérer ces caprices, les corriger, mais aussi les renforcer. Les incendies de forêts, les tempêtes de neige, les inondations, les tremblements de terres et les tsunamis s’enchaînent, avec en ce moment au Japon la menace d’une catastrophe nucléaire. Nous ne connaîtrons avec certitude la mesure exacte de l’impact humain sur le réchauffement de la planète qu’au moment où la recherche scientifique sera libérée de l’emprise étouffante des grands groupes capitalistes. Mais que la soif de profit pèse sur l’être humain et son environnement, conduit à la négligence des normes de sécurité et à des risques inacceptables, le PSL partage avec beaucoup cette conviction.
La Banque Mondiale estime que la hausse des prix de l’alimentation a, depuis juin 2010, poussé 44 millions de personnes en plus dans l’extrême pauvreté. Son index des prix de l’alimentation a gagné 15% entre octobre 2010 et janvier 2011. Diverses raisons sont citées: la croissance démographique dans les régions pauvres, la demande de biocarburants, la sécheresse, les inondations et d’autres catastrophes naturelles, la faillite de paysans africains face à la concurrence des excédents agricoles de l’occident, la spéculation qui accélère les hausses des prix. La hausse des prix de l’alimentation et la montée du coût de la vie ont constitué des éléments primordiaux dans les révolutions au Moyen- Orient et en Afrique du Nord.
Le seul système qui fonctionne?
L’establishment prétend que le capitalisme est le seul système de société qui fonctionne. La noblesse féodale et les esclavagistes avant elle prétendaient de même à leur époque concernant leurs systèmes. Chaque système fonctionne, il n’existerait pas sinon. Il répond toujours à un certain degré de développement de nos capacités productives. Dès qu’un système de société devient un frein à l’application de savoirs scientifiques et techniques, il provoque le chaos plutôt que le progrès. C’est alors que le moteur de l’histoire se déclenche; la lutte des classes.
Brûler des combustibles fossiles est un gaspillage de richesses livrées par des processus naturels qui ont pris des millions d’années, et c’est catastrophique pour notre environnement.
Nous le savons depuis plusieurs dizaines d’années. Mais depuis ce temps, la recherche scientifique concernant les sources d’énergies alternatives est sabotée par les fameuses ‘’sept soeurs’’, les sept sociétés pétrolières les plus grandes au monde. Des moteurs actionnés par hydrogène, énergie solaire et éolienne, masse bio, etc. sont trop menaçants pour leurs profits. Au lieu d’orienter la recherche vers les énergies renouvelables, elle a pratiquement été exclusivement consacrée au développement du nucléaire ‘’bon marché’’. Avec la ponctualité d’une horloge, nous sommes rappelés à la réalité des dangers de cette technologie.
Ce n’est pas une surprise si la demande d’énergie augmente. On aurait pu investir depuis longtemps pour des économies d’énergie et dans le développement de sources d’énergie renouvelables. Mais ce n’est pas ainsi que fonctionne le capitalisme.
Les investisseurs privés ne sont intéressés que s’ils peuvent récupérer à cout terme leur investissement, avec une bonne marge de profit. C’est valable pour les mesures d’économies d’énergie et pour l’énergie renouvelable tout autant que pour les combustibles fossiles plus difficiles à extraire, par exemple. Avec la spéculation, le manque d’investissements pour garantir une offre suffisante a été à la base de la forte envolée des prix du pétrole, jusqu’à atteindre 147$ le baril, il y a deux ans. La récession a fait retomber la demande et le prix, mais le problème a continué à proliférer. La perversité du capitalisme s’exprime dans la réaction des ‘‘marchés’’ face aux insurrections démocratiques contre les dictateurs corrompus au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les ‘‘marchés’’ craignent que la démocratie menace l’approvisionnement en pétrole. Au cas où la dictature en Arabie-Saoudite succomberait elle aussi, un prix de 200$ ou plus est à l’horizon pour le pétrole. Pour l’économie capitaliste mondiale, cela équivaudrait à une crise cardiaque.
Les prix de l’énergie et de l’alimentation en hausse en Belgique
Cette perversité du capitalisme échappe à ceux qui plaident pour la mise sous curatelle de l’indexation salariale en Belgique. Ils savent que les prix du pétrole et de l’alimentation sont en hausse partout dans le monde, ce qu’ils n’expliquent pas par le capitalisme, mais comme quelque chose qui nous tombe dessus tel un phénomène naturel. Ce ‘‘phénomène naturel’’ s’infiltre en Belgique. Les prix de l’énergie et de l’alimentation, surtout, ont augmenté en flèche ces derniers temps. Sans produits liés à l’énergie – le fuel, le diesel, le gaz et l’électricité – l’inflation serait plus basse de moitié.
La bourgeoisie belge préfère couper dans l’investissement pour le renouvellement de la production. Aujourd’hui, elle se trouve à la queue du peloton en termes d’investissements dans la recherche et le développement. Nos politiciens en sont le parfait miroir. Depuis des années, ils économisent sur les investissements nécessaires dans l’entretien des routes, des bâtiments scolaires, de l’infrastructure ferroviaire, etc.
Nous en subirons les conséquences des années encore. ‘’Si la politique énergétique de nos autorités ne change pas immédiatement, des coupures d’électricité se produiront, littéralement’’. C’était la conclusion d’une récente émission de Panorama. ‘’La Belgique manque d’électricité parce que nos gouvernements ont fait construire trop peu de centrales et parce que le réseau à haute tension qui devrait importer du courant supplémentaire n’a pas la capacité de répondre à la demande.’’ Mais GDF Suez, la maison mère d’Electrabel, a réalisé l’an dernier un profit record de 4,62 milliards d’euros.
Le secteur de l’énergie n’est pas le seul à manier des marges de profits indécentes. Selon le rapport annuel de l’observatoire des prix, les hausses des prix des matières premières mènent à des adaptations de prix exagérées en Belgique. En plus, cela n’est qu’à peine corrigé lorsque les prix des matières premières reculent. Toutes les chaines de supermarchés le font. Ce sont les prix des produits de base tels que les pommes de terre, les oignons, le fuel et le gaz qui haussent fortement. Des marchandises moins couramment achetées, comme les télévisions à écran 16/9e ou les PC, ont vu leur prix baisser.
Indexation des salaires, un acquis du mouvement ouvrier
Il existe des moyens de tempérer les caprices de la nature et du système capitaliste. La classe ouvrière en a arraché plusieurs durant le siècle précédent. Ainsi, après la révolution Russe de 1917 et la vague révolutionnaire qu’elle a engendrée, un index des prix à la consommation a été obtenu dès 1920 en Belgique. A l’origine, seul un nombre limité de conventions collectives avaient introduit l’indexation automatique des salaires. Mais après chaque grande grève, ce nombre s’est élargi.
Dans son Programme de Transition de 1938, Trotsky plaidait en faveur de l’échelle mobile des salaires, l’appellation contemporaine de l’adaptation automatique des salaires au coût de la vie, afin de protéger les foyers des travailleurs de la pauvreté. Parallèlement, il plaidait aussi pour l’introduction d’une échelle mobile des heures de travail, où l’emploi disponible est partagé entre tous les travailleurs disponibles, cette répartition déterminant la longueur de la semaine de travail. ‘’Le salaire moyen de chaque ouvrier reste le même qu’avec l’ancienne semaine de travail. La “possibilité” ou l’ “impossibilité” de réaliser les revendications est, dans le cas présent, une question de rapport des forces, qui ne peut être résolue que par la lutte. Sur la base de cette lutte, quels que soient ses succès pratiques immédiats, les ouvriers comprendront mieux toute la nécessité de liquider l’esclavage capitaliste.’’
Après la deuxième guerre mondiale, le rapport de forces était favorable au mouvement ouvrier. Le système a graduellement été introduit dans tous les secteurs. Mais comme toute victoire du mouvement ouvrier, cet acquis aussi a été attaqué dès que le rapport de forces a commencé à se modifier. En 1962, le ministre des affaires économiques, Antoon Spinoy (PSB !) a essayé de retirer de l’index la hausse des prix des abonnements sociaux pour le transport public. En 1965, ce même gouvernement a à nouveau essayé, cette fois-ci avec le prix du pain. En 1978, de nouveau avec le PSB, le gouvernement a réussi à remplacer les produits de marques compris dans l’index par des produits blancs. En mars 1976, la loi de redressement de Tindemans – Declercq a aboli l’indexation pour la partie du salaire supérieure à 40.250 francs belges (1.006,25 euros). Cette mesure sera retirée en décembre, suite à la résistance de la FGTB.
La victoire du néolibéralisme à la fin des années ’70 et au début des années ’80 a conduit à des attaques systématiques contre le mécanisme de l’indexation. Le gouvernement de droite des libéraux et des chrétiens-démocrates a appliqué trois sauts d’index entre 1984 et 1986. A trois reprises, donc, l’indexation des salaires n’a pas été appliquée. Ceci continue encore aujourd’hui à agir sur les salaires. En 1994, le gouvernement de chrétiens-démocrates et de sociaux-démocrates a retiré le tabac, l’alcool et l’essence de l’index ‘’santé’’. Depuis, dans divers secteurs, des accords collectifs all-in et saldo ont été introduits. Ces accords neutralisent en partie l’effet de l’indexation des salaires.
La Belgique est-il le seul pays où s’app lique l’indexation automatique des salaires ?
Dans certains secteurs de l’industrie aux États-Unis et en Grande-Bretagne, de tels accords étaient largement répandus jusqu’en 1930. En Italie, cela a été introduit dans les années ’70, mais a, depuis, été partiellement aboli. Au Brésil, au Chili, en Israël et au Mexique, l’indexation salariale a été abolie cette dernière décennie.
Aujourd’hui, l’indexation automatique des salaires ne s’applique plus qu’en Belgique et au Luxembourg. A Chypre, elle existe aussi, mais ne s’applique pas à tous les travailleurs. En Espagne, au Portugal, en Finlande, en Italie, en Pologne et en Hongrie, des mécanismes d’indexation salariale sont repris dans des accords de secteurs où dans des contrats individuels. En France, en Slovénie et à Malte, les salaires minimaux sont indexés.
D’abord produire, ensuite partager
Dans leurs attaques contre l’indexation automatique, les politiciens et les économistes bourgeois accentuent toujours qu’il faut ‘’d’abord produire les richesses avant de pouvoir les partager’’. Il faut raconter cela au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ! Tant Moubarak que ses fils Gamal et Alaa sont milliardaires. De l’ancien dictateur Tunisien Ben Ali et sa famille, il est connu qu’il dispose d’une fortune immobilière correspondant à une valeur de 3,7 milliards d’euros en France uniquement. Les barons du textile belge qui ont massivement délocalisé vers la Tunisie dans les années ’70 y sont devenus indécemment riches. Combien de richesses faut-il avant que le partage ne commence ?
Ce n’est pas de cela qu’ils parlent, mais bien des effets soi-disant pervers de l’indexation de salaires. Ainsi, l’indexation créerait selon Thomas Leysen dans Le Soir du 19 mars, une perception erronée de la marge salariale. L’économiste Geert Noels appelle cela ‘’le handicap concurrentiel automatique’’. Pour le professeur en économie Joep Konings (KULeuven) l’indexation automatique protège les habituels bien payés, mais complique l’accès aux emplois pour ceux qui n’en ont pas, puisque les entreprises seraient plus prudentes avant de recruter: ‘’Abolir l’indexation salariale automatique serait donc une mesure sociale.’’ Il rajoute qu’il faut l’accompagner de l’abolition de l’indexation des allocations sociales, au risque de voir la différence entre travailler ou ne pas travailler se réduire.
Unizo, l’organisation des petits patrons en Flandre, plaide en faveur de ‘’quelques sauts d’index’’. Le professeur Peersman (UGand) veut annuellement adapter le salaire aux objectifs de la Banque Centrale Européenne. Son collègue De Grauwe (KULeuven) veut retirer le coût de l’énergie importée de l’index. Wivina Demeester, ancienne ministre CD&V, plaide pour une indexation en chiffres absolus au lieu de pourcentages. Mais selon De Grauwe, cela rendrait le travail non qualifié relativement plus cher et aurait par conséquent un effet non souhaitable. La Banque Nationale s’en tient à mettre en garde contre une spirale salaire-prix où des hausses de prix entraineraient des augmentations salariales qui seraient compensées par de nouvelles hausses de prix et ainsi de suite. Ce n’est pas un nouvel argument. Elle veut nous faire croire que lutter pour des augmentations salariales n’a pas de sens.
Marx a déjà répondu à ces argument il y a 150 ans dans sa brochure ‘’Salaire, prix, profit’’ En réalité, le patron essaye d’empocher lui-même une partie aussi grande que possible de la valeur que nous avons produite. La peur de l’inflation n’a jamais freiné les patrons à empocher le plus de profits possibles. Avec un profit à hauteur de 16 milliards d’euros, une hausse d’un tiers comparée à 2009, les plus grandes entreprises belges disposent à notre avis de beaucoup de marge. En plus, des dividendes sont royalement versés aux actionnaires. Le producteur de lingerie Van de Velde, pour donner un exemple, a versé en 2010 quelque 70% du profit réalisé à ses actionnaires. Même en pleine crise, en 2009, les patrons des entreprises du Bel 20 s’étaient accordés en moyenne une augmentation salariale de 23%.
Contrôles des prix
Il n’y a rien à reprocher aux travailleurs en Belgique. Nous sommes toujours parmi les plus productifs du monde, loin devant nos collègues des pays voisins. Grâce à notre mécanisme d’indexation, la demande intérieure a mieux résisté à la crise de 2009 que dans d’autres pays, y compris en Allemagne. La contraction économique et le recul des investissements ont été moindres, tout comme la hausse du chômage. A l’époque, tout le monde a reconnu que c’était dû aux prétendus stabilisateurs automatiques, ce qui fait référence à la sécurité sociale et au mécanisme d’indexation.
Nos prix de l’énergie sont largement plus élevés que ceux pratiqués à l’étranger. Des profits énormes sont drainés vers les poches des actionnaires, qui ne se trouvent d’ailleurs pas tous en France. De plus, en Belgique, l’industrie est très dépendante de l’énergie, mais là aussi on investit à peine dans une utilisation rationnelle de l’énergie. Nulle part ailleurs en Europe autant de voitures d’entreprises ne sont utilisées à titre de compensation salariale afin d’éviter des charges sociales. En comparaison des pays voisins, il y a en Belgique très peu de logements sociaux. Nos bâtiments résidentiels, tout comme nos bâtiments scolaires vieillis, sont extrêmement mal isolés et souvent encore chauffés au fuel, d’où les plaidoyers pour des contrôles transparents sur les prix.
Le SP.a vise en premier lieu les prix de l’énergie. Le PS veut s’attaquer à l’inflation par des contrôles des prix d’au moins 200 produits. Nous sommes un peu étonnés que personne n’ait encore proposé d’introduire, à côté de la norme salariale, une norme des prix, où les prix ne pourraient monter plus que la moyenne pondérée des prix pratiqués dans nos pays voisins. Pour beaucoup de gens, le contrôle des prix de l’alimentation, de l’énergie et du loyer serait le bienvenu. Au Venezuela, Chavez a également introduit des contrôles des prix sur les denrées alimentaires, mais les rayons sont presque vides. Morales en Bolivie s’est heurté à une grève des employeurs lorsqu’il a voulu bloquer les prix des tickets de bus. Les propriétaires ont organisé un lock-out.
Nous ne croyons pas que cela se produirait facilement en Belgique, ni pour l’alimentation, ni pour les loyers, ni pour l’énergie. Mais la leçon à tirer est qu’il est impossible de contrôler la distribution sans que l’autorité reprenne également la production en main, en assurant que le revenu du petit producteur soit garanti. Les contrôles des prix sont en fait une forme de contrôle des profits. Les entreprises privées essayeront de restaurer leur marge de profit aux dépens des travailleurs et si cela échoue, ils menaceront de délocaliser ou de stopper les investissements prévus.
LE PSL TROUVE QUE LES TRAVAILLEURS N’ONT PLUS À PAYER LA CRISE PROVOQUÉE PAR DES SPÉCULATEURS
- Pas touche à l’indexation automatique, pour le rétablissement complet de l’index. Liaison au bien-être de toutes les allocations.
- Pas d’allongement du temps de travail, mais une semaine de travail de 32 heures, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, pour que le travail disponible soit réparti entre tous. Cela peut s’accompagner de crédit bon marché aux indépendants et de subsides salariaux sur base de coûts prouvés.
- Ouverture des livres de comptes de toutes les grandes entreprises afin de contrôler leurs véritables coûts, les profits, les salaires des directions et les bonus.
- Nationalisation du secteur énergétique sous contrôle des travailleurs et sous gestion des travailleurs eux-mêmes, pour être capables de libérer les moyens afin d’investir massivement dans l’énergie renouvelable et l’économie de l’énergie.
- Pour le monopole d’État sur les banques et le crédit sous contrôle démocratique de la communauté. Au lieu de devoir supplier les directions des banques afin d’obtenir du crédit, le public pourrait alors planifier les investissements publiques nécessaires aux besoins réels de la population.
- Pour une société socialiste démocratiquement planifiée et pour rompre avec le chaos capitaliste
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Tous ensemble contre la casse sociale!
Non à un Accord Interprofessionnel imposé
Même le quotidien flamand d’affaires De Tijd a dû concéder qu’une majorité de travailleurs a rejeté le projet d’accord interprofessionnel. Mais cela ne déroute pas les patrons et les politiciens. Si la façade démocratique ne conduit pas au résultat recherché, le gouvernement sortant n’a qu’à s’en occuper. Nous savons à quoi nous pouvons nous attendre: construire un rapport de forces avec un plan d’action ou bien avaler l’AIP que nous venons de rejeter de façon largement majoritaire.
La pression n’avait pourtant pas été ménagée. Les partenaires sociaux allaient ainsi montrer aux politiciens comment conclure un accord. C’était malin : en refusant d’accepter n’importe quoi, nous deviendrions alors co-responsables de la crise politique. A la CSC, les 3.000 permanents ont même tous reçus une lettre où l’on prétendait que seuls des irresponsables rejetteraient cet accord, puisque l’alternative – pas d’accord – serait ‘pire’. Malgré cela, le sommet de la CSC a eu besoin des votes en bloc de quelques centrales de fonctionnaires et d’ouvriers pour obtenir une majorité, la plus faible de son histoire, en faveur d’un AIP.
A en croire les organisations patronales, elles aussi ont eu beaucoup de difficultés à convaincre leur base mais, finalement tous l’ont approuvé. Du côté des travailleurs par contre, jamais un AIP n’a été aussi massivement rejeté. Pour la première fois de son histoire, le syndicat libéral a rejeté un accord. En disant que le rejet du projet d’accord par la base de la FGTB minerait la position de Rudy De Leeuw, les patrons espéraient nous tendre un piège. En réalité, c’est surtout la position de Luc Cortebeeck qui a été affaiblie. Il a mis la CNE et la LBC dans une position impossible.
Les patrons, qui représentent 37.000 entreprises selon la FEB, n’ont pas l’intention d’accepter la décision démocratique. Ils appellent le gouvernement à intégralement imposer l’accord. Ils se sentent soutenus par Merkel, Sarkozy, la Commission Européenne, la Banque Centrale Européenne et les “marchés financiers”. Bien que les entreprises fassent à nouveau des profits importants, ils n’ont pas l’intention de les partager. Avant d’imposer l’accord, le CD&V veut tester si le PS est prêt à aller contre la majorité de la FGTB. Apparemment, les patrons ne se font plus de soucis concernant l’attitude que le SP.a va prendre. Dans ce cas-ci, le VLD et la NVA sont d’ailleurs soudainement prêts à venir à l’aide du gouvernement en affaires courantes. Les patrons ont donc tout un arsenal de moyens pour imposer leur volonté.
La direction syndicale est sortie des négociations sans accord acceptable, mais aussi sans avoir construit une quelconque relation de force afin de pouvoir le rejeter. Les prochaines semaines et mois, nous pourrons la restaurer en rejoignant la résistance contre la casse sociale qui s’est développée ailleurs en Europe. Nos adversaires vont évidemment essayer de nous diviser: Flamands contre francophones, CSC contre FGTB, ouvriers contre employés et jeunes avec des nouveaux contrats contre plus âgés. Et pourtant, les possibilités d’actions communes ont rarement été plus favorables qu’aujourd’hui. Tant en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles, une large majorité de travailleurs, y compris des ouvriers, s’est prononcée contre l’accord. La CNE et la LBC réfléchissent sur des actions. Dans d’autres centrales de la CSC, nombreux sont ceux qui se sentent délaissés par le sommet.
En annonçant des actions régionales, la direction de la FGTB indique avoir compris le message. Nous devons assurer que ce soit un grand succès par une politique participative de la base et une implication maximale des collègues des autres syndicats. La journée nationale d’action du 4 mars ne peut pas se limiter à une action symbolique ou à une simple promenade sans lendemain, sans mots d’ordre clair concernant la suite. Au contraire, si les patrons et les politiciens continuent à négliger le message cela doit devenir une grève générale de 24 heures bien préparée autour des revendications suivantes:
- Des négociations libres dans les secteurs et les entreprises
- Élimination de la discrimination entre ouvriers et employés sans miner le statut des employés
- Pas touche à l’index
- Maintien de tous les systèmes de prépensions
FGTB et CSC: cassez les liens avec le PS et la CD&V
Aucune institution, parti ou mouvement dans notre pays ne possède une force de mobilisation comparable à celle des syndicats. Avec une bonne campagne d’information et de mobilisation, les syndicats sont capables de mettre dans la rue des centaines de milliers de travailleurs. Hélas, au Parlement, cela ne se remarquera pas. Les syndicats libéraux venaient à peine de rejeter l’accord que les partis libéraux annonçaient vouloir intégralement le faire appliquer par le Parlement. Au Parlement, les chrétiens-démocrates se moquent des positions de la CSC et des mutualités chrétiennes. Tant le PS que le SP.a se sont dits réjouis de l’accord “équilibré”. Il semble que les politiciens vivent dans un autre monde. Bien qu’une majorité de syndicalistes ait rejeté l’AIP, cette position passe à peine dans les médias. A la base syndicale, cela conduit à des frustrations et au découragement. En Flandre surtout, et depuis des années, nombreux sont ceux qui se sont détournés des partenaires politiques privilégiés et votent pour le populiste du moment. Il est hautement temps que les dirigeants syndicaux rompent les liens entretenus avec le PS et le SP.a pour la FGTB et avec le CD&V pour la CSC, et qu’ils construisent leur propre représentation politique, avec tous ceux qui s’opposent à la casse sociale.
Jeunes en lutte pour l’emploi
Les jeunes surtout sont dans le collimateur de la politique de casse sociale. La sécurité d’emploi et un salaire convenable ne sont que de rêves pour beaucoup. L’AIP veut encore élargir cette discrimination. Celui qui est déjà au boulot garderait son statut actuel, des nouveaux travailleurs subiraient le nouveau statut miné. Dans quelques régions, le PSL est impliqué avec les jeunes des syndicats et la JOC dans une campagne contre l’insécurité d’emploi et la série interminable de statuts précaires imposés aux jeunes.
Socialisme 2011
Chaque année, le Parti Socialiste de Lutte organise un weekend public de débats et de formation, ”Socialisme 2011” cette année. Nous y accueillerons environ 300 participants. Durant trois meetings en plénière, deux sessions et 16 commissions, la lutte syndicale ne sera jamais très éloignée. De plus, ce sera l’occasion de rencontrer d’autres syndicalistes combatifs. A l’ordre du jour, il y aura entre autre une discussion sur les grèves générales avec Gustave Dache, auteur d’un livre sur ’60-’61 ; un meeting international avec des syndicalistes de France, d’Irlande et de Grande-Bretagne ; des témoignages de syndicalistes venant de Wallonie, de Bruxelles et de Flandre sur la façon dont ils réagissent face à la question communautaire ; et une commission concernant les syndicats combatifs et démocratiques, avec Martin Willems, secrétaire licencié du SETCa BHV industrie.
- Des négociations libres dans les secteurs et les entreprises
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Ecole d’été du CIO – GRECE : Organiser la colère
On peut la sentir dans les rues d’Athènes, on peut la voir dans les yeux des Grecs, elle est partout dans l’atmosphère: c’est la colère, et elle est énorme. Elle ne fera que croître à l’avenir sous l’impact de la situation concrète. Un récent sondage a posé comme question ‘‘comment vous sentez vous?’’ et 91% de la population sondée a répondu: en colère. Nous l’avons toujours dit ; en continuant de la sorte, les dirigeants grecs créent un volcan. La pauvreté va toucher la population à une échelle de masse et dans les faits, les gens n’auront d’autre choix que celui de se révolter.
Rapport de la commission consacrée à la situation en Grèce lors de l’école d’été du CIO
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A lire également:- Grèce : Entretien avec Andreas Payiatsos, Xekinima
- Un tsunami d’austérité déferle sur l’Europe
- Europe en crise: Chez nous bientôt aussi?
- La crise de la dette fait trembler l’euro
- Grèce: La lutte doit se poursuivre et s’intensifier!
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Deux petits exemples peuvent servir à illustrer la situation qui se développe en Grèce. La semaine dernière, un homme d’une septantaine d’année a abordé un camarade grec, habillé comme un pensionné tout à fait normal. Il lui a demandé s’il ne connaissait pas un endroit où il pourrait travailler. C’est vers là que nous allons. La pauvreté augmente, avec son flot de situations désastreuses. Un camarade nous a également raconté qu’un de ses amis, à un festival, a entendu à un moment donné des gens crier "voleur, voleur". Une petite foule courrait dans cette direction. Sur place, au centre d’un cercle de gens criant "voleur, rends nous notre argent", se trouvait un député…
Nous ne sommes encore qu’au début d’un mouvement. Si le plan de l’UE, du FMI et du gouvernement est appliqué, c’est la fin de la Grèce telle qu’on la connaît. Avant la récession, il était assez normal qu’un travailleur quitte son boulot après 30 ans de carrière, ce qu’il faut replacer dans le contexte de longues périodes de chômage connues durant une carrière en plus d’une économie souterraine fort développée. Maintenant, la réforme prévoit une pension de 360 euros par mois si on n’a pas une carrière de 40 annuités!
L’analyse des capitalistes, c’est "vous devez réparer votre pays, faire des coupes dans les budgets sociaux,…" Mais les travailleurs du secteur privé subiront aussi des coupes salariales (c’est d’ailleurs déjà prévu). Quel est le rapport entre leur salaire et les budgets de l’Etat? Les capitalistes sont très contents d’une certaine manière, parce qu’ils peuvent arriver à pérenniser leurs profits comme ils ne l’ont jamais fait. Mais ils ont peur de la révolte, leur plan ne peut pas être mis en place de cette façon, entièrement.
Des sondages avancent que 80% de la population s’attend à une explosion sociale dans la prochaine période et des journaux comme le Financial Times disent que le Pasok (l’équivalent grec du PS, au pouvoir) a le soutien de 45% de la population. Mais un autre sondage a mis en avant le chiffre de 18% pour le Pasok et de 6% pour la Nouvelle Démocratie (droite officielle). Plus de 50% ne soutient personne… Pour garder un semblant de légitimité démocratique, les dirigeants grecs doivent mentir.
Les travailleurs ont répondu en masse aux mobilisations. Un dirigeant syndical a dû être protégé des travailleurs, qui le jugeaient trop faible. Lors de la grève générale suivante, un grand podium avait été construit pour le mettre hors d’atteinte, mais il a été tellement hué qu’il n’a pas pu parler. Les ministres n’osent pas se balader en rue, ou même aller dans une taverne. Le premier ministre a même été hué dans un théâtre huppé, le public de petits bourgeois aisés l’a attaqué verbalement.
La population est en colère contre tout ce qui est dit dans les médias internationaux: les Grecs sont fainéants,… Dans les faits, les attaques sont monstrueuses. Les pensions sont déjà très basses et les nouvelles mesures vont encore détériorer cette situation. Il est très important que le CIO aille à l’encontre de cette propagande capitaliste. Les médias parlent de la "génération 700 euros", et 21% de la population travaille pour ce salaire, ou même en dessous. La vie en Grèce n’est pas moins chère pour autant. Le prix du poulet en Belgique est moins cher que le prix du poulet en Grèce par exemple. Voilà pourquoi il y a eu autant de grèves générales, et un grand nombre de grèves d’entreprises ou de secteurs qui ont parfois duré très longtemps. Là, le message est : on revient en septembre. Il n’y a rien de garanti, mais c’est un sentiment très répandu. Nous devons garder en tête les dangers d’explosions spontanées, non coordonnées et aboutissant à la défaite, nous devons nuancer les choses et être prudents dans notre approche. De plus, à ce stade, les grèves d’entreprises ou de secteur touchent plus fortement les capitalistes que les grèves générales qui servent actuellement surtout à faire échapper de la vapeur.
Le mouvement ouvrier en Grèce commence à renouer avec ses plus belles traditions. Cela fait au moins 10 ans qu’il n’y avait plus eu de grève aussi forte. Si les travailleurs grecs disposaient d’une direction compétente, ils pourraient rapidement aller jusqu’à la victoire. Hélas, cette direction est inexistante.
En 2002, en Argentine, en l’espace de quelques semaines, 5 présidents sont tombés, des comités avaient été créés,… C’est un scénario qui peut toucher la Grèce. Mais les dirigeants syndicaux et les dirigeants d’organisations de gauche se considèrent plus comme des conseillers du gouvernement que comme des adversaires. Le dirigeant de Syriza (une formation large de gauche à laquelle collabore notre section grecque Xekénima) a par exemple expliqué qu’il ne fallait pas demander de l’argent au Fond Monétaire International, mais à la Banque Centrale Européenne… Dans la pratique, la BCE et le FMI sont deux facettes d’une même médaille, c’est la même chose. Comment ce type de dirigeant peut-il donner une orientation à la classe ouvrière?
Le KKE, de son côté, est très sectaire et fait systématiquement ses meetings, rassemblements,… à part, car ils considèrent qu’ils sont les seuls communistes. Le dirigeant du KKE a dû répondre à la même question: que proposer vous? Il a répondu en critiquant le capitalisme, ses contradictions internes,… Le journaliste a perdu patience et a redemandé: que proposez vous? Il a répondu : rien, la classe ouvrière ne peut rien faire pour l’instant. Autrement dit: venez, écrasez nous! Voilà où en est la gauche en Grèce. Cela permet de comprendre pourquoi une telle crise n’abouti pas au renforcement réel des organisations de gauche, c’est pourquoi autant de gens disent qu’ils ne croient en "personne".
Après la scission de droite au sein de Synaspismos (une coalition d’organisations qui travaille au sein de Syriza), les dirigeants restant étaient déprimés. Nous leur avons pourtant dit de poursuivre, d’aller vers la gauche puisqu’ils étaient libérés d’un poids. Il y a également eu une scission au Pasok, et une va arriver à la Nouvelle Démocratie. La crise renforce les contradictions internes. Mais le point fondamental, c’est : comment peuvent-ils justifier d’être aussi loin des réalités des gens? Il est possible que Syriza scissionne et que quelque chose d’autre se crée, comme il est possible que des dirigeants syndicaux et des sections syndicales rompent avec le Pasok et rejoignent Syriza. Mais la nouvelle formation n’est pas non plu à l’abri d’un scénario du type du "PRC" en Italie (c’est-à-dire un déclin rapide après avoir été compromis dans une politique pro-capitaliste). Le problème de Syriza, c’est aussi que les dirigeants ne sont pas seulement incapables politiquement, ils sont aussi incapables de donner de bonnes structures et une bonne organisation au mouvement. De l’autre côté, le KKE, qui a une semi influence de masse, ne fait qu’aborder les choses de façon abstraite. Aucun slogan mis en avant ne répond au niveau de conscience du moment.
Toutes les organisations de gauche considèrent que l’Europe peut aider le pays. Nous avons toujours affirmé le contraire et systématiquement défendu la nationalisation du secteur financier sous le contrôle des travailleurs, etc. Aujourd’hui, en quelques mois seulement, 48% de la population est favorable aux nationalisations. Tous ces gens ne nous connaissent pas, c’est avant tout leur expérience concrète qui a forcé les choses dans cette direction. Un tiers de la population refuse de payer la dette du pays, et 50% des sondés ont déclaré qu’ils allaient prendre part à une révolte dans la période à venir! Dans cette situation, nous ne devons pas parler de geler la dette ou d’en postposer le paiement, mais bien refuser de la payer, sur base de mobilisations. Nous devons aussi y ajouter le monopole du commerce extérieur et la nécessité d’une économie démocratiquement planifiée. Sur base capitaliste, le refus de payer la dette sera supporté par les travailleurs. Un autre élément important est l’internationalisme. La nécessité d’une lutte commune (d’Espagne, d’Italie,…) est très largement comprise. Dans ce cadre, notre initiative pour une semaine d’action et de solidarité a été importante, même si les résultats étaient mitigés.
De leur côté, les anarchistes appellent tout simplement à un soulèvement généralisé. C’est déjà arrivé en décembre 2008, mais qu’est ce que ça a changé? Quel a été le résultat du soulèvement de la jeunesse de 2008? Mais depuis, il y a aussi eu la mort des trois travailleurs le 5 mai dans une banque, victimes de cocktails Molotov lancés depuis un groupe d’anarchistes parce qu’ils travaillaient un jour de grève (en fait, le patron les aviat forcé). Certains, les anarchistes les plus conscients, remettent en question leurs méthodes depuis et se sont rebellés contre leurs propres traditions. Cela fait déjà des années que nous expliquons que leurs actions ne mènent nulle part et sont destructives pour le mouvement. Les autres organisations de gauche disaient "laissez les tranquilles, ils font partie du mouvement, laissez aller". Les trois morts du 5 mai ont constitué un choc pour eux aussi.
Nous avons eu quelques succès pour mettre en avant différents point de programme, mais nous devons veiller à constamment nous adapter. Ce n’est par exemple pas impossible d’avoir des développements du type de pillages de supermarché pour avoir de la nourriture,… En fait, tout peut aller très vite.
La Grèce est le pays clé de l’Europe en termes de lutte des classes. Dans un sens, c’est la première révolte de classe de cette nouvelle période que nous connaissons, et cela pose à notre internationale de nombreuses nouvelles questions qui seront posées à d’autres sections à un moment ou à un autre. Ce n’est pas seulement un test pour notre section grecque, il s’agit d’un test pour toute notre internationale.
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Grèce : Entretien avec Andreas Payiatsos, Xekinima (CIO-Grèce)
Des millions de travailleurs ont bloqué la Grèce ce 29 juin, alors que le Parlement discutait des réformes concernant les retraites et la législation sociale. Il est question de diminutions des retraites, de recul de l’âge d’accès à la retraite et les patrons pourront licencier plus facilement. Ces mesures d’austérité suivent des diminutions salariales importantes pour les fonctionnaires, une augmentation des impôts et une augmentation de la TVA de 19 jusqu’à 23%. Le gouvernement du PASOK (équivalent grec du PS) veut aussi privatiser les services publics.
Les travailleurs Grecques ripostent avec six grèves générales en quelques mois.
Andreas affirmait ‘La grève générale était solide. Toutes les confédérations syndicales du secteur privé et du public ont appelé à la grève, ainsi que la confédération des petites entreprises (qui a même mené campagne et produit des affiches). L’ensemble du pays était paralysé pendant cette sixième grève générale contre les plans d’austérité du gouvernement.
Environ 20.000 personnes ont participé à la plus grande manifestation, à Athènes, et encore 10.000 à celle organisée par les syndicats liés au Parti Communiste (qui manifeste toujours séparément du reste des travailleurs). C’était une illustration importante de la colère des travailleurs, mais la manifestation était plus petite que celle de mai où plus de 200.000 manifestants avaient occupé les rues d’Athènes.
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Les camarades de Xekinima (CIO-Grèce) avaient leur propre contingent dans la manifestation, ont vendu leur journal et ont distribué des milliers de tracts qui résumaient la phase actuelle de la résistance. Comme propositions : arrêt du paiement des dettes, opposition aux diktats du FMI, de la Banque Centrale Européenne et du gouvernement du PASOK, la nationalisation des banques et des secteurs clés de l’industrie sous contrôle et gestion des travailleurs ainsi qu’un appel aux travailleurs de se joindre à la lutte pour une société socialiste.
Partout en Grèce, des grèves importantes touchent plusieurs secteurs de façon permanente. Presque chaque jour, des grèves et des manifestations se déroulent à Athènes et dans d’autres villes. Les travailleurs des hôpitaux, les enseignants, les journalistes, les dockers, les conducteurs de bus, de tram, de métro et de train, les électriciens, les postiers, les employés des municipalités, les épiciers, les retraités et même des sections de l’armée se sont mobilisés ces dernières semaines.
Les travailleurs sont en colère contre les attaques du gouvernement du PASOK. Ils pensent qu’il est nécessaire de faire grève maintenant, même s’il n’y a aucune perspective immédiate que les attaques peuvent être stoppées. Beaucoup de travailleurs disent ‘on sera de retour en septembre!’ indiquant ainsi qu’ils ne peuvent pas gagner cette manche de la lutte, mais qu’ils considèrent l’automne comme le début d’une nouvelle phase de résistance contre les plans d’austérité.
Les jeunes n’ont pas encore rejoint le mouvement, partiellement à cause d’une certaine désillusion après les luttes des jeunes et des étudiants menées ces dernières années, qui n’ont pas été couronnées de victoire. Actuellement, beaucoup d’étudiants sont en examen. Le secteur de l’éducation, très volatile mais possédant des traditions de lutte militantes, pourrait se mobiliser à l’automne.
Colère contre les privatisations
Les dirigeants syndicaux utilisent une phraséologie militante pour attaquer le gouvernement, le FMI et la Banque Centrale Européenne, mais ils ne font rien de plus. Dans certains cas, les dirigeants agissent pour éviter que des modes d’action plus radicaux se répandent. Ainsi, il y a eu un ‘sit-in’ des travailleurs des hôpitaux, qui s’est vite répandu d’un hôpital à l’autre, touchant environ 30 d’entre eux. Les membres de Xekinima ont joué un rôle d’initiateur dans cette action, mais elle a été sabotée par des dirigeants syndicaux proches du PASOK.
La colère parmi les travailleurs contre les privatisations est énorme. Les électriciens ont récemment occupé les bureaux de leurs patrons pour 48 heures et 3.000 d’entre eux ont marché vers le Parlement pour protester contre la privatisation du secteur. Le président du syndicat des électriciens a publiquement affirmé que si le gouvernement voulait faire passer la privatisation, il allait devoir arrêter et emprisonner chaque membre de la direction de ce syndicat pourtant proche du PASOK. Même s’il y a toujours une différence entre les paroles et les actes, c’est une illustration d’un état d’esprit généralisé.
La gauche a face à elle une opportunité d’agrandir son influence pendant ces mois de mouvement de masse. Mais Syriza, l’alliance dans laquelle Xekinima est impliquée, ne met pas en avant un programme clairement socialiste, même après la démission des dirigeants de droite de Synaspismos, le plus grand parti de l’alliance. Les militants de Xekinima luttent pour un programme plus concret pour cette coalition, incluant la revendication de l’annulation de la dette.
La gauche – Syriza, le Parti Communiste grec (KKE) et d’autres forces de la gauche radicale – ont une influence importante en Grèce. Ils ont la possibilité de construire un front unitaire contre le sectarisme et le séparatisme traditionnel de la gauche en Grèce, tout en développant un programme socialiste en tant qu’alternative aux attaques drastiques du gouvernement. Ils ont le devoir d’agir maintenant, pendants ces mois d’été de canicule, et de préparer un automne qui, en termes de classe, sera encore plus chaud.