Tag: Appel FGTB Charleroi & Sud-Hainaut

  • Brochure FGTB Charleroi-Sud Hainaut – Quel était le programme de la FGTB en 1945 ?

    Le lien entre le syndicat socialiste et la social-démocratie est sous pression, tout comme c’est le cas entre la CSC et la démocratie chrétienne. Même la bureaucratie syndicale ne lance plus de campagnes enthousiastes en faveur des partenaires politiques, mais se limite à un appel défensif pour ‘‘le moindre mal’’. Elle s’en sort ainsi faute d’alternative à gauche. Mais les choses commencent à basculer. La régionale de la FGTB Charleroi & Sud-Hainaut cherche à traduire la pression de la base, qui critique l’orientation politique de la FGTB, vers un rassemblement de toutes les formations à la gauche des sociaux-démocrates et des verts.

    Par Eric Byl

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    La FGTB de Charleroi & Sud-Hainaut a publié une brochure intitulée ‘‘8 questions en relation avec l’appel du 1er mai 2012 de la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut’’. Cette brochure est disponible en français et en néerlandais. Dans le numéro de novembre de Lutte Socialiste, nous avons voulu mettre en évidence un aspect discuté dans la brochure : le contexte historique de la Déclaration de Principes de la FGTB de 1945.

    Comment se procurer la brochure ?

    En téléphonant à la FGTB de Charleroi au 071/64.12.62. Ou en nous contactant au 02/345.61.81 ou via mail à info@socialisme.be. Dépêchez-vous, elle partent très vite !

    Vous pouvez la trouver ici en format PDF

    Comment travailler avec elle ?

    En en discutant avec vos collègues, en proposant que la brochure soit discutée en réunion syndicale, en assemblée interprofessionnelle ou en comité exécutif et, par exemple, en invitant un orateur de la FGTB de Charleroi.
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    Les principes de la FGTB

    Pour cela la régionale a mis en place un comité de soutien composé de son propre bureau exécutif, de représentants de la gauche radicale et d’un observateur de la régionale du syndicat chrétien des employés, la CNE. Ce comité de soutien a organisé une première journée de discussion le 27 avril dernier, avec une présence de 400 participants. Depuis lors, la régionale FGTB a publié une brochure où figure également la Déclaration de Principes de la FGTB de 1945. Ce n’est pas qu’un bout de papier, le texte reprend les conclusions que les anciens syndicalistes ont tirées de la période de la Grande Dépression au début des années ‘30 à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Déclaration a repris des couleurs depuis le début de la grande récession en 2008.

    La Déclaration de Principes se compose de 15 articles seulement. L’écart entre ces articles et ce que les dirigeants syndicaux disent lors de conférences et de réunions, ou encore dans les médias ne saurait guère être plus profond. La Déclaration est toutefois, jusqu’à ce jour, le principe officiel de la FGTB et est encore incluse dans les livrets d’adhésion, pour peu qu’ils existent encore. Pour les dirigeants syndicaux cependant, il ne s’agit de rien de plus qu’une pièce de musée qui ne bénéficie pas d’attention. Malheureusement, un grand nombre de membres et de militants ont aussi commencé petit à petit à la considérer comme un idéal dont on ne croit guère en la réalisation.

    Quelques décennies d’Etat-providence et, surtout, l’effondrement des caricatures de socialisme dans les pays staliniens du Bloc de l’Est ont sérieusement ébranlé la confiance éprouvée envers la possibilité d’une alternative à l’exploitation capitaliste. Il en allait autrement en 1945. La Déclaration de Principes invoque déjà dans son premier article que la FGTB vise à ‘‘la constitution d’une société sans classe et à la disparition du salariat, s’accompli[ssant] par une transformation totale de la société.’’ Toute illusion d’un capitalisme plus social, comprenant des conquêtes durables pour les travailleurs, avait été balayée au cours des 15 années qui avaient précédé 1945 sous les coups de l’agression patronale et de la sévère répression policière.

    Des concessions sur base de la lutte

    La période d’entre-deux-guerres avait pourtant commencé de façon prometteuse. Des revendications, pour lesquelles un combat avait dû être mené des années durant, avaient été obtenues. La vague révolutionnaire internationale à la suite de Révolution russe n’était pas étrangère à la soudaine complaisance de la bourgeoisie. Cela a entraîné le suffrage universel masculin en 1919, l’instauration d’un indice des prix à la consommation en 1920 et, en 1921, l’abrogation de l’article 310 du Code Pénal réprimant divers actes liés à la grève, ainsi que la loi sur la ‘‘liberté d’association’’, de sorte que l’on ne pouvait plus être licencié pour appartenance à un syndicat. Cette même année, la journée des huit heures et la semaine de 48 heures ont été ratifiées par la Loi.

    Curieusement, la position des dirigeants du Parti Ouvrier Belge (POB, ancêtre du PS et du Sp.a) et de la commission syndicale établie en 1898 – la paix sociale, la tranquillité et l’amélioration progressive par des moyens parlementaires – ont gagné ainsi en crédibilité. Toute l’histoire de l’union des travailleurs dans des syndicats se caractérise par l’alternance de périodes de confrontation ouvertes avec le capitalisme, souvent contre la volonté des dirigeants syndicaux, avec des périodes d’intégration de l’appareil syndical au système. Pour miner les mouvements de grève qui ont suivi la Première Guerre mondiale, les commissions paritaires – des organes de consultation entre patrons et syndicats – ont été créées en 1919. Les conventions collectives de travail ont supplanté les habituels contrats individuels.

    Le bourgeoisie veut faire marche arrière

    Mais une fois la bourgeoisie remise de la crainte de la propagation de la Révolution russe, elle a voulu revenir sur ces concessions. La marge pour de nouvelles conquêtes sociales a été réduite pendant les années ‘20. Dès le début de la Grande Dépression de1929, la situation s’est transformée en une politique agressive de dégradation sociale. Depuis le début de la crise, les mineurs avaient déjà dû avaler des réductions salariales de l’ordre de 24 % mises ensemble, mais début juillet 1932, les patrons des mines ont annoncé une nouvelle réduction de 10% d’un coup. Une grève spontanée a alors éclaté, les mineurs du Borinage devenant dans les faits les maîtres de la région. L’état d’urgence a été instauré, des barrages et des postes de gendarmerie ont été établis sur toutes les routes conduisant à Bruxelles et devant tous les bâtiments publics et l’aviation militaire survola le Pays Noir : mais rien de tout cela n’a pu inverser la tendance. La grève a poursuivi son expansion, jusque dans le Limbourg. Ce n’est qu’en septembre qu’elle a perdu de sa vigueur, en partie à cause de la faim, en partie parce que les patrons étaient partiellement revenus sur leurs projets.

    L’atmosphère était combative, le POB s’est vu obligé d’adopter un virage à gauche à la Noël 1933 avec le ‘‘Plan du Travail’’. Le Plan proposait une économie mixte, mais exigeait aussi la nationalisation du secteur du crédit, des matières premières et de l’énergie, la socialisation des grandes entreprises monopolistiques et la soumission de la production à une planification destinée à orienter l’économie vers le bienêtre général plutôt que pour le profit. L’enthousiasme entourant le Plan, cependant, faisait face à l’hypocrisie des dirigeants du POB. C’est devenu clair en mars 1934, lorsque la Banque du Travail s’est effondrée suite à la spéculation téméraire, mais aussi quand les dirigeants Henrik De Man et Paul- Henri Spaak ont rejoint le gouvernement du banquier Van Zeeland en 1935, en larguant le Plan derrière eux. En 1936, une grève spontanée a de nouveau éclaté représentant, avec ses 15 millions de journées de travail perdues, la plus grande grève de l’histoire belge. A la clé, il y eut l’introduction de 6 jours de congé payé pour 1.500.000 travailleurs, une augmentation de salaire de 8%, l’instauration d’un salaire minimum et la semaine des 40 heures dans les industries insalubres, difficiles ou dangereuses. Le mouvement syndical s’est positionné de façon plus indépendante suite à l’’expérience vécue avec le POB et, en 1937, la commission syndicale s’est convertie en Confédération Générale du Travail de Belgique (CGTB). Les articles 3 et 4 de la Déclaration de Principes de 1945 qui soulignent l’indépendance syndicale puisent notamment leur source dans ces événements.

    Les années de guerre

    Pendant l’occupation allemande (mai 1940), les grèves et les manifestations ont été prohibées, les comités paritaires ont été suspendus et les syndicats ont été privés du paiement des allocations de chômage. CSC et CGTB étaient divisés en deux camps avec, d’une part, ceux qui souhaitaient poursuivre leur travail adapté aux conditions de l’occupant et, d’autre part, ceux qui voulaient se conformer à la décision de 1938 visant à la suspension du travail dès que le pays serait occupé. Le 22 novembre, la majorité de la CGTB – 12 des 22 fédérations), presque toutes les fédérations syndicales chrétiennes et le syndicat libéral – ont constitué l’Union des Travailleurs manuels et intellectuels imposée par l’occupant allemand.

    La base syndicale, cependant, n’avait pas suivi les dirigeants. L’Union disposait de 250.000 membres en novembre 1940, pas même le quart des membres qu’avaient tous les syndicats Belges avant-guerre. En 1942, il n’était plus question que de 110.000 membres, dont 17.000 seulement en Wallonie. Les 9 centrales de la CGTB qui n’avait pas rejoint l’Union, représentant ensemble 38% des membres, se préparaient quant à elles au regroupement pour l’après la guerre. Mais les travailleurs ne pouvaient pas se permettre d’attendre. À partir de septembre 1940, différentes grèves ont éclaté et plusieurs manifestations ont eu lieu sous les yeux de l’occupant, qui a parfois été obligé de distribuer son approvisionnement alimentaire pour calmer les travailleurs. En mai 1941, une grève d’une semaine, qui passera à la notoriété sous le nom de ‘‘Grève des 100.000’’, a conduit à une augmentation salariale de 8%. L’Allemagne avait insisté sur l’importance de céder aux travailleurs par peur d’une extension du conflit.

    La FGTB est lancée

    La résistance a souvent été dirigée par les Comités de Lutte Syndicale (CLS – qui deviendra plus tard la Confédération belge des syndicats unifiés – CBSU) du Parti Communiste Belge (PCB), par le Mouvement Syndical Unifié (MSU) d’André Renard, le Syndicat Général des Services Publics (SGSP) et la Fédération de Lutte des Mineurs de Charleroi – sous influence trotskyste. Avec le soutien du ministre du Travail du Parti Socialiste Belge (PSB) Achille Van Acker, qui tenait la CBSU soigneusement à l’écart des commissions paritaires, et avec les allocations de chômage confiées aux caisses de chômage qui existait déjà avant guerre, la CGTB a été capable de récupérer en partie sa position à la Libération.

    Avec ses 248.259 membres, la CGTB était néanmoins obligée de tenir compte de la force de la Confédération belge des syndicats unifiés (165.968 membres), du MSU (59.535) et du SGUSP (Syndicat Général Unifié des Services Publics – 51.789), qui ont représenté ensemble plus de la moitié des membres de la nouvelle FGTB. La CSC a choisi de rester à l’écart en s’accrochant au pluralisme syndical, mais aussi, et surtout parce qu’elle ne faisait pas confiance à la doctrine, au programme et aux méthodes d’action de “certains syndicats”.

    La Déclaration de Principes de la FGTB de 1945 reflète les relations en vigueur au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Elle contient des éléments radicaux, mais aussi des formules qui, sous pressions de la CGTB, demeuraient délibérément vagues. Le PSL estime que la crise va mettre pression sur la politique syndicale d’intégration, et que la confrontation avec le capitalisme finira par devenir inévitable. Du côté des patrons et du gouvernement, cette confrontation a déjà été lancée.


    Abonnez-vous à Lutte Socialiste ! Cet article est tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste. Vous n’avez pas encore d’abonnement ? N’hésitez pas, par abonnement d’essai (5 euros pour 3 n°, 10 euros pour 6 n°), abonnement normal (20 euros pour 12 n°), abonnement de soutien (30 ou 50 euros pour 12 n°) ou ordre permanent bancaire mensuel de minimum 2 euros sur le compte BE48 0013 9075 9627 de “Socialist Press” avec pour mention “Abonnement”. Pour plus d’infos, des remarques, propositions d’articles,… : prennez contact avec nous via redaction@socialisme.be

  • Le PS de Magnette accusé d’être de gauche… On aura tout vu !

    La rentrée politique s’est bien passée, merci pour elle ! Tout était bien dans l’ordre, chaque parti traditionnel jouant bien son rôle. C’était musculation & Cie, aucun des partis traditionnels n’ayant intérêt à dire que tous font et vont continuer à faire la même politique. En bons comédiens, ils s’activent l’un contre l’autre sur scène pendant que, une nouvelle fois, les travailleurs et leurs familles n’ont qu’à regarder. Et payer, parce qu’en coulisse, soyez-en sûrs, tous sont unis pour faire quand même payer quelqu’un ; et ce ne sera pas la bourgeoisie.

    Par Stéphane Delcros, édito de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Niveau médiatique, le Mouvement Réformateur n’a pas loupé sa rentrée. Après avoir parlé de ‘‘berlusconisation de la Wallonie’’ concernant le Parti Socialiste et le dossier du rachat des Éditions de L’Avenir par Tecteo début septembre, Charles Michel lançait quelques jours plus tard un ‘‘Anne Demelenne, sors de ce corps !’’ à Paul Magnette qui défendrait des ‘‘idées bolchéviques’’. Pauvre MR qui, malgré sa volonté, ne réussit pas à se faire passer pour le ‘parti principal de la bourgeoisie’, rôle qui a été réquisitionné par le PS pour son propre compte. Alors à défaut de pouvoir réellement se distancer du PS au niveau programmatique, le MR se voit depuis longtemps obligé de lancer de grandes ‘phrases chocs’ qui ne pèsent pas lourd mais peuvent frapper beaucoup d’esprits. Bon, passons le dossier Tecteo : l’opacité et le manque de démocratie dont le PS fait preuve ne sont plus à démontrer. Le MR, d’ailleurs, fait rarement mieux. Le summum des manœuvres rhétoriques du chef de la droite francophone officielle réside évidemment dans la tentative d’assimilation de la secrétaire générale de la FGTB, Demelenne, à un élément de la gauche radicale dont Magnette s’inspirerait. C’est bien sûr ne rien comprendre aux dynamiques des rapports de force et des pressions exercées par la base syndicale sur les dirigeants syndicaux. Et, dans le cas présent, c’est même consciemment les nier.

    Ce type de déclarations est bien sûr dans l’intérêt des deux parties : elles permettent au MR de rappeler qu’il est bien de droite et de continuer à essayer de faire croire que le PS est de gauche. Il tente ainsi de pérenniser un soi-disant affrontement gauche-droite et espère que les gens y croiront, malgré l’évidence de plus en plus forte que le PS ne joue plus un rôle progressiste depuis longtemps.

    Ce n’est pas autre chose qui est mis en avant au niveau national, avec la N-VA cette fois. C’est dans l’intérêt des deux parties que la N-VA représente ‘la Flandre de droite’ et le PS ‘la Wallonie, la gauche et les syndicats’. Rien de tel que de tenter de rassembler ses troupes face à ‘l’ennemi ultime’. D’autant qu’à la N-VA, on commence à comprendre qu’il ne suffit pas seulement d’être anti-establishment pour attirer des électeurs.

    Tout cela plaît évidemment du côté du PS. Tant d’énergie dépensée – et surtout par les autres! – pour faire oublier qu’il mène des politiques néolibérales avec le gouvernement fédéral depuis 1988, pour continuer à faire croire qu’il est de gauche, et est le relais syndical par excellence. Voilà qui plaira évidemment à Magnette qui se voit de plus en plus mis sous pression notamment par les scores plus élevés du PTB dans les sondages. Et ils ont raison de s’inquiéter car, comme l’appel de la FGTB Charleroi-Sud Hainaut le démontre, la possibilité d’un premier pas vers un nouveau pôle de gauche, qui pourrait devenir majeur, est en train d’être discutée.

    Car à la base des syndicats, ça grogne depuis un bout de temps. Une base qui est, de loin, bien plus à gauche que Demelenne, par ailleurs membre du PS, et dont beaucoup de militants syndicaux ont souvent le sentiment qu’elle est plus occupée à essayer de trouver un moyen d’adoucir la résistance syndicale là où ils voudraient surtout essayer de garantir les acquis sociaux.

    Beaucoup de travailleurs savent que l’on devra passer par un affrontement gauche-droite, mais un vrai, avec un réel instrument politique dans leurs mains. Donc un instrument autre que ces partis – PS, SP.A, CD&V,… – qui se servent du lien privilégié historique avec le syndicat pour étouffer toute contestation et continuer ainsi la politique d’austérité au profit de la bourgeoisie.

    Le processus lancé à Charleroi et la brochure qui le prolonge peuvent être un premier pas vers la reconstruction d’un relais politique pour notre classe, orpheline d’un tel outil dans et autour duquel organiser les luttes. Des dizaines de milliers de jeunes, de travailleurs, de chômeurs et de pensionnés n’attendent que ça, et des centaines de milliers d’autres attendent de voir avant de s’enthousiasmer.

    Depuis longtemps le PS n’est plus de gauche. Le processus est irréversible. Et depuis longtemps, la classe des travailleurs a besoin d’un nouvel outil politique, large et accessible à tous ceux qui veulent lutter, avec lequel elle pourrait se défendre, résister, et même passer à l’attaque contre un système économique qui, lui aussi, est irréversible.

  • Assises franco-belges de l’Ecosocialisme

    Ce samedi 28 septembre, le Parti de Gauche co-organisait les Assises Franco-Belges pour l’écosocialisme avec Vega, Rood! et le Mouvement de Gauche. Dans la salle Helder Camara de la CSC, à Bruxelles, des responsables issus du monde associatif, syndical et politique y ont communiqué leur analyse du danger que représente le capitalisme pour l’environnement et la nécessité de construire une alternative fusionnant les revendications écologiques et sociales afin de sortir de la crise.

    Par Sébastien (Liège)

    Pour ce faire, la matinée fut consacrée à la réflexion sur la signification de ce projet politique tandis que la relation de ce dernier au pouvoir d’une part, à l’action syndicale d’autre part, ainsi que la crédibilité de ce projet au gouvernement furent questionnés au cours de l’après-midi. Enfin, Jean-Luc Mélenchon conclut sur un discours portant sur la nécessité de la révolution citoyenne. Le PSL était présent. Analyse d’une journée réussie placée sous la bannière du poing rouge soutenant l’arbre vert.

    Dès l’introduction, le ton est donné par Corinne Morel-Darleux (secrétaire nationale à l’écosocialisme du Parti de Gauche français) qui précise, en substance, que ‘‘nous [les écosocialistes] refusons le capitalisme vert, l’environnementalisme béat. Notre écologie est anticapitaliste, elle se revendique des luttes de la gauche. […] On ne se revendique pas de l’écologie qui nous dicte que, pour lutter contre la société, il faudrait se brosser les dents sous la douche. Non : nous pensons qu’il faut toujours faire le lien entre socialisme et écologie en se liant à la classe ouvrière car ce sont les travailleurs qui sont à la production, qui maitrisent les machines, et détiennent donc les clés d’un possible changement.’’ Mais quelle est la nature de ce changement ? En effet, si la dénonciation du système capitaliste semble farouche, les propositions soulevées semblent, elles, ne pas être à la hauteur pour enterrer celui-ci (on entend notamment envisager de mettre en place une ‘‘autre fiscalité’’, etc., des mesures qui n’en s’en prennent pas au cœur du système capitaliste : la propriété privée des moyens de production). Surtout, la méthodologie pour parvenir à un changement de système nous restait malheureusement floue et semblait se limiter à la construction d’une relation de force purement électorale.

    Pourtant, développer une méthode d’action qui ne se limite pas aux enceintes des institutions actuelles, construites pour et par la classe dominante, est nécessaire pour prétendre à un changement effectif. Ce besoin de changement de modèle sociétal est mis en évidence au sein des syndicats. De fait, Jean-François Tamellini (secrétaire fédéral de la FGTB) insiste : ‘‘on doit changer de modèle ! C’est [d’ailleurs] inscrit dans mes statuts’’, en précisant que ‘‘pourtant, il est dur de convaincre dans mes propres rangs : ils ont peur de changer les choses. Il faut pourtant changer ce modèle sociétal.’’ Cette vision est rejointe par Dominique Cabiaux (vice-président de la CSC Services Publics) et ce dernier rajoute que ‘‘construire le changement en observant lucidement les conditions d’une grande transformation ne peut être rencontré qu’en fédérant toutes les forces de progrès.’’

    Selon nous, cela ne peut que signifier de rejeter clairement la politique pro-patronale du PS et, notamment, de donner le plus large écho à la nouvelle brochure de la FGTB de Charleroi & Sud Hainaut (faisant suite à l’appel du premier mai 2012 de cette même centrale) dans laquelle il est spécifié que ‘‘nous avons besoin d’une nouvelle stratégie politique car, sans relais politiques forts à gauche, nous sommes condamnés au recul en permanence. […] Nous avons besoin d’une FGTB forte et d’une nouvelle force politique à gauche digne de ce nom.’’ Il nous était évident qu’il fallait intervenir avec cette brochure lors de ces assises, et ce texte figurait à notre stand, parmi le reste de notre matériel politique, afin qu’il soit distribué. Cet appel a bien semblé susciter une grande attention puisqu’il ne nous restait plus un seul exemplaire à la fin de la journée, sur les dizaines que nous avions avec nous.

    En guise de conclusion, Jean-Luc Mélenchon est intervenu en amenant des points très importants qui n’avaient pas été traités ou avaient simplement été légèrement soulevés au cours de cette journée : le danger du Traité budgétaire européen (TSCG), la question de l’imposition d’un rapport de force, la situation révolutionnaire en Tunisie, l’importance de porter la lutte au niveau mondial et la dénonciation d’un capitalisme ‘‘vert’’, qui est ‘‘structurellement impossible’’, sont par exemple des sujets ayant fait partie intégrante de son allocution, parmi de très nombreux autres.

    Mais, tout en voulant souligner les points importants de ce discours – et notamment les réponses qui ont été apportées contre une vision culpabilisatrice de l’écologie, sur l’erreur qui consiste à confondre son mode de vie avec un mode de combat, sur l’importance de la planification écologique et le rôle central des travailleurs – ainsi que la manière dont ils ont été amenés, il nous semble aussi important de parler de points de désaccords, notamment au niveau de la question de la construction d’un rapport de force basé essentiellement sur les élections et sur le combat pour une VIe République.

    En effet, sans remettre en question le fait de mener campagne et d’essayer d’avoir le plus de poids possible sur la scène politique, nous pensons que la construction d’un rapport de force dans des élections doit rester un outil parmi d’autres que nous offre la ‘‘démocratie’’ bourgeoise pour gagner en importance et visibilité ; mais ce travail électoral ne doit certainement pas se substituer à la construction au quotidien d’un rapport de force, celui-ci s’établissant directement là où la lutte se déroule : sur les lieux de travail, dans la rue, dans les manifestations, etc.

    C’est d’ailleurs en ce sens que les militants du PSL présents sont fraternellement intervenus, en attirant l’attention sur la nécessité de donner un contenu de classe à la ‘‘révolution citoyenne’’, en se basant sur la force de la classe des travailleurs et sur ses méthodes de mobilisation de masse et de blocage de l’économie par l’arme de la grève générale. Cela passe aussi selon nous par la critique des sommets syndicaux actuels et de leur stratégie, alors que certains à gauche considèrent qu’il faut scinder les questions politique et syndicale. D’autre part, si le terme de ‘‘planification écologique’’ a l’avantage de mettre en exergue la notion d’une économie planifiée, il ne saurait être question d’une planification durable si elle n’intègre pas tous les secteurs clés de l’économie par leur nationalisation et leur gestion sous le contrôle démocratiques des travailleurs et des usagers. Enfin, si l’importance du lien entre crise écologie et réponse socialiste est fort bien mis en avant par le Parti de Gauche, nous pensons toutefois que l’écologie est un domaine d’action inhérent au socialisme : le terme-même ‘‘d’écosocialisme’’ semble suggérer le contraire en extirpant cette notion d’écologie du programme socialiste et en faisant rompre la relation intrinsèque de ces deux termes afin de mieux les recoller, de manière hasardeuse. Quand nous parlons de faire le bilan du stalinisme, il s’agit notamment de remarquer que l’absence de démocratie dans une économie planifiée entraîne des conséquences extrêmement néfastes au niveau de l’environnement de même qu’au niveau de l’économie. Comme le disait le révolutionnaire russe Trotsky, la planification ‘‘a besoin de démocratie comme le corps humain a besoin d’oxygène.’’

    Pour faire face à la crise écologique qui rend impossible l’accès à des besoins de base comme l’eau, la nourriture ou un environnement sain, pour renverser et remplacer ce mode de production chaotique du capitalisme, le PSL met en avant la nécessité d’une réponse réellement socialiste, c’est-à-dire basée sur le marxisme révolutionnaire. Plus que jamais, il faut réfléchir à la manière de parvenir à cette alternative socialiste et agir en ce sens.

    Cette journée des assises a permis d’illustrer le large spectre d’analyses et d’opinions divergentes au sein des plus de 300 participants. Nous nous sommes par exemple très peu retrouvés dans la vidéo de Paul Ariès et dans les discours de décroissants. Pour autant, par le passé, cela ne nous a pas empêché de collaborer avec des partisans de ces analyses autour d’un projet commun, notamment à Liège dans le cadre de la campagne de Vega (Verts et à Gauche).

    Nous avons pu avoir de nombreuses discussions, à notre stand ou dans les couloirs, au sujet de la nécessité de construire en Belgique un relais politique large des luttes sociales. Nous avions d’ailleurs également avec nous, au côté de la brochure de la FGTB de Charleroi & Sud-Hainaut, la lettre ouverte à la gauche que nous avons écrite et publiée dans la perspective des élections de 2014. Un tel instrument politique se devra d’intégrer en son sein les divers courants à la gauche du PS et d’Ecolo et de permettre le débat démocratique entre eux, en respectant l’identité politique de chacun. Dans ce sens, cette journée qui a réuni des partisans d’opinions parfois très diverses a constitué un pas dans la bonne direction – et nombreux étaient ceux qui ne voulaient pas en rester là – en permettant à chacun de pouvoir exprimer ses idées (même si le temps de débat avec la salle fut limité en raison du nombre impressionnant d’intervenant à la tribune) pour autant qu’il soit présent.

    Photos de Rood!

  • Une belle mise en scène pour la campagne électorale la plus longue de notre histoire

    Budget(s), statut unique, monarchie,…

    Cet été, alors que beaucoup d’entre nous jouissaient de vacances bien méritées, les divers gouvernements du pays n’ont pas été inactifs. Nous avons été témoins d’une mise en scène remarquable – orchestrée par les partis traditionnels avec l’aide des médias dominants – pour lancer dans les meilleures circonstances la campagne électorale la plus longue de notre histoire.

    Par Anja Deschoemacker, article issu de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Le calme avant les élections

    Pour la fin septembre, les budgets de tous les niveaux de pouvoir (fédéral, régions et communautés, communes) devaient être présentés pour pousser le déficit budgétaire du pays sous les exigences européennes (un déficit maximal de 2,15% concernant la Belgique). L’ampleur de cette nouvelle opération d’austérité (à nouveau plus de 4 milliards d’euros) passera toutefois inaperçue à la plupart des gens. Il est vrai que les coupes budgétaires, par définition, ne font sentir leurs effets qu’après coup, mais l’effet d’annonce suffit déjà généralement à gonfler le mécontentement et à entraîner une lutte. Cet automne, par contre, les partis traditionnels sont parvenus à faire disparaître cet effet d’annonce : pour le gouvernement fédéral – celui dont il est le plus question – on ne parlera ‘‘que’’ de 200 millions d’euros, puisque 2,4 milliards d’euros d’assainissements divers ont déjà été décidés cet été.

    La Région Wallonne et la Communauté Française (la Fédération Wallonie-Bruxelles) ont elles aussi suivi l’exemple et la moitié des efforts prévus pour 2014 ont été réalisés, soit 300 millions d’euros de restrictions budgétaires. De plus, un nouveau roi est arrivé sur le trône et les médias ont fait leur boulot pour assurer la popularité de Philippe et Mathilde. Mais plus encore, le calme de l’été a été utilisé pour décider de l’unification des statuts ouvrier et employé, une décision unilatéralement favorable au patronat tandis que des centaines de milliers d’employés et d’ouvriers se sont retrouvés les dindons de la farce. Le gouvernement et le patronat n’auraient toutefois pas réussi pareil tour de passe-passe sans l’attitude des sommets syndicaux qui ont laissé faire sans organiser la résistance.

    Quid de la N-VA?

    L’argument-massue justifiant tout cela est simple à comprendre : éviter que les prochaines élections ne conduisent au chaos et à l’impasse. En d’autres termes, il faut éviter de répéter le scénario de 2010. Les médias les plus sérieux et tous les partis traditionnels affirment clairement que l’enjeu des élections de 2014 est de réussir à bloquer la N-VA, cette dernière ayant une fois de plus confirmé qu’il lui était impossible de rentrer dans un gouvernement fédéral sans confédéralisme. Comme le confédéralisme à la sauce N-VA (avec scission de la sécurité sociale et en rompant toute forme de solidarité entre les deux côtés de la frontière linguistique) est inacceptable pour les partis francophones et puisqu’aucun autre parti flamand ne rejoint la N-VA sur ce point, ce scénario est quasiment exclu.

    Les médias, y compris et surtout en Flandre, ont tiré à boulets rouges tout l’été durant sur les frasques des mandataires locaux de la N-VA (un conseiller communal de Dilbeek qui a baissé son pantalon en pleine cérémonie de remise des prix pour ‘‘une blague’’, la ville de Turnhout plongée dans la crise politique ingérable suite à une dissidence de la N-VA, la décision prise à Sint-Niklaas de tout de même privatiser le ramassage des déchets bien qu’une large majorité des habitants se soient prononcés contre par référendum ou encore les tentatives de la NVA-Anvers d’imposer une taxe inconstitutionnelle aux étrangers). Des dissensions internes ont été révélées au sujet de la grogne qui vit contre les sorties de figures de premier plan de la N-VA comme Geert Bourgeois (qui s’est présenté dans la presse en tant que candidat ministre-président flamand) et, surtout, Siegfried Bracke (qui a parlé d’un possible gouvernement fédéral sans confédéralisme, parce que le socio-économique – une austérité plus brutale – est plus important).

    Notre voix n’est pas prise en compte

    Le ton est donné. Avec de bons outils politiques à sa disposition, la classe des travailleurs ne devrait pas se laisser ainsi mener par le bout du nez par les médias bourgeois et les partis traditionnels. Il lui faut son propre parti, un instrument politique défendant bec et ongles les intérêts de la majorité de la population contre cette idée d’un prétendu “intérêt général” belge. Dans une société capitaliste, ‘‘l’intérêt général’’ se réduit systématiquement à l’intérêt des capitalistes. Les travailleurs ont aussi besoin de syndicats démocratiques avec une direction libre de tout lien avec ces partis bourgeois et bourgeoisifiés. De cette manière, la classe ouvrière organisée pourrait contrer les attaques passées et à venir. La force du nombre est présente pour y parvenir, de même que le degré d’organisation. Mais il n’y a pas de parti des travailleurs et la direction des syndicats est étroitement liée aux partis (surtout le PS mais aussi le CD&V) qui sont centraux dans l’élaboration et l’application du programme de la bourgeoisie.

    Qu’un nouveau parti tombe du ciel avant 2014, en parallèle avec une réorganisation des syndicats en instruments de lutte démocratiquement gérés et contrôlés par la base, est très improbable. Mais il n’existe pas d’autre raccourci. Sans cela, nous sommes condamnés à nous battre les mains liées dans le dos. C’est pour ça que les syndicalistes combatifs (FGTB et CSC), les jeunes qui veulent se battre pour un changement de système, les militants de divers mouvements sociaux,… doivent, au cours de cette longue campagne électorale, se concentrer sur la diffusion et la construction de l’appel de la FGTB de Charleroi, rejoint par la CNE, pour la construction d’une nouvelle formation politique de gauche (voir en page 4). C’est, de très loin, le développement syndical le plus important de ces dernières décennies, une opportunité monumentale pour la classe des travailleurs de pouvoir enfin – après avoir perdu ses propres partis à cause de la bourgeoisification du SP.A et du PS – avancer vers un nouveau parti des travailleurs. Un tel parti serait à même de dénoncer la meilleure des mises en scène ainsi que les mensonges les plus sournois des partis bourgeois. Un tel parti impliquerait les travailleurs et leurs familles dans la lutte pour éviter que nos conditions de vie en reviennent à la situation d’avant-guerre. Un tel parti assurerait que des patrons comme Mittal ne soient pas vainqueurs à l’avance. Un tel parti assurerait que les travailleurs ne doivent pas choisir entre la peste et le choléra, entre la stratégie de la NVA et celle des partis traditionnels.

    Comme vous pouvez le lire ailleurs dans ce journal, les militants du PSL vont se concentrer sur cette tâche dans les mois à venir : la diffusion et la construction de l’initiative de la FGTB de Charleroi.

    Si cette initiative ne parvient pas à livrer une liste de gauche unitaire pour les élections de 2014, nos militants feront tout leur possible là où nous sommes présents pour renforcer cet appel à l’unité de la gauche, même si cela doit signifier de ne pas nous-mêmes déposer de candidats. Informez-vous sur l’initiative de Charleroi et participez-y !

  • 25 millions d’Européens supplémentaires dans la pauvreté d’ici 2025 ?

    Dans son récent rapport ‘‘Le piège de l’austérité’’, Oxfam ne se contente pas d’énumérer les conséquences désastreuses des mesures d’austérité, mais ose revendiquer un changement de modèle économique et sociétal. Un pas en avant radical de la part de l’organisation qui, bien qu’encore limité, n’en illustre pas moins l’impact de l’explosion des mouvements sociaux dans l’évolution des consciences, après des années de politiques antisociales.

    Par Romain (Liège)

    Augmentations drastiques du taux de chômage (60% en Grèce chez les jeunes, le triple du taux de 2007) ; approfondissement du fossé qui sépare les plus riches des plus pauvres ; coupes claires dans le financement des services publics de base (jusqu’à 40% en moins en Irlande) ; jusqu’à 25 millions d’Européens plongés dans la pauvreté d’ici 2025,… ce ne sont que quelques-unes des données brutes distillées tout au long des 42 pages qui composent le rapport, qui se penche également sur l’effet boule de neige de l’austérité, notamment par la diminution des subsides européens aux pays en voie de développements qui, en conséquence, se mettent eux aussi à appliquer l’austérité.

    Une austérité qui touche avant tout les couches les plus pauvres de la population, de par les suppressions d’emplois aussi bien dans le public que dans le privé, les baisses de salaires couplées à l’impossibilité d’en obtenir un meilleur, et des services sociaux de plus en plus chers, tout comme le prix des denrées alimentaires et autres biens de consommation. Les principales victimes de ces politiques sont les femmes ; non seulement elles sont les plus nombreuses à s’occuper des enfants et des personnes invalides, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux baisses d’allocations familiales et d’invalidité, mais elles sont également majoritaires de la fonction publique (60% en France et au Royaume-Uni).

    Oxfam propose différentes mesures sur lesquelles il serait trop long de s’étendre ici mais qui toutes sont loin de s’en prendre au fond du problème, ce que l’organisation avoue d’ailleurs en concluant ainsi son rapport : “Nous invitons les États membres de l’UE à défendre un nouveau modèle économique et social qui investit dans l’humain, renforce la démocratie et mène une fiscalité équitable”. Cela rend caduque leurs propres propositions qui, toutes, restent dans le cadre du système capitaliste (taxation plus équitable,…).

    Il est illusoire de penser que l’Union Européenne décidera d’elle-même de mener une politique sociale qui remettra l’humain et l’environnement à l’avant plan. Les acquis sociaux ne sont jamais donnés gracieusement, ils sont le fruit des luttes des travailleurs et des jeunes.

    De plus, si le capitalisme crée autant de pauvreté et d’inégalités, ce n’est pas car il est mal ajusté ; il en va ainsi de par sa nature-même. Le PSL lutte pour une société où l’économie serait démocratiquement planifiée, pour subvenir aux besoins de chacun, tout en respectant l’environnement. C’est ce que nous appelons le socialisme démocratique. Une société de ce genre ne sera pas établie par la bourgeoisie au pouvoir, mais par le renversement de celle-ci, car il sera impossible de subvenir aux besoins de tous en laissant les leviers économiques, les secteurs clés de l’économie, aux mains des capitalistes avides de profit. Il faudra nationaliser et placer sous le contrôle démocratique de la population des secteurs tels que les banques, la sidérurgie, l’énergie,… Pour gérer démocratiquement ces moyens de production, nous aurons besoin d’organes de démocratie locaux sur tous les lieux de travail, dans chaque quartier, chaque université, chaque école,… liés les uns aux autres par des représentants démocratiquement élus et révocables à tout moment.

    Mais dans l’immédiat, ce dont nous avons réellement besoin, c’est d’un mouvement organisé de la classe ouvrière qui renoue avec un syndicalisme de combat – au niveau belge, européen et international – afin d’en finir avec l’origine même de ce cycle de crises et de pauvreté : le capitalisme.

    En février 2012, Nico Cué, secrétaire général de la FGTB-métal Wallonie-Bruxelles, proposait pour la Belgique un plan de grèves générales échelonnées de 24h, puis de 48h et de 72h. Si depuis l’appel ne s’est pas réalisé, ce n’est pas pour autant qu’il doit être oublié ! Il en va de même pour la nécessité de construire une grève générale européenne contre la machine d’austérité européenne. Le 14 novembre 2012 a illustré que le potentiel est bien présent pour franchir cette étape : ce jour-là, des millions de travailleurs sont sortis dans la rue pour crier leur colère et leurs revendications, et montrer que ce sont eux qui font tourner l’économie.

    C’est cette voie, celle qui montre quelle est la force du nombre, qu’il faut suivre pour que jamais plus des rapports tels que celui d’Oxfam n’aient à exister.

    Il faudra aussi clairement poser la question de l’alternative politique et, en Belgique, un pas de géant a été fait avec l’appel de Charleroi lancé par Daniel Piron, secrétaire régional de la FGTB de Charleroi et Sud-Hainaut, qu’il faut absolument soutenir, diffuser et développer jusqu’à sa conclusion logique : que les revendications des travailleurs trouvent aussi leur écho sur la scène politique par la création d’une formation large, par la création d’un nouveau parti des travailleurs qui permettrait à chaque courant en son sein de préserver son identité et ses idées afin de permettre de se former et de décider ensemble de la manière la plus efficace de lutter !

  • Une brochure pour clarifier et pousser en avant l'appel de la FGTB de Charleroi !

    Près de 10.000 brochures ont été produites par la FGTB de Charleroi à la mi-septembre et on parle déjà d’une possible réédition. Une version en néerlandais est également disponible et il se discute la possibilité de traduire dans d’autres langues comme par exemple l’italien. Le sujet? Ce fameux appel de la régionale FGTB de Charleroi pour construire une alternative de gauche contre la crise capitaliste.

    Par Ben (Charleroi)


    Photo ci-contre : Journée du 27 avril 2013 dernier autour de l’appel de la FGTB de Charleroi


    L’idée de la brochure est évidemment de clarifier la position de la FGTB carolo, mais ce sera surtout un outil pour la diffuser le plus largement possible en permettant à chaque délégué ou militant syndical – de Charleroi ou d’ailleurs – de mener le débat dans sa délégation et plus largement avec l’ensemble de ses collègues.

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    Comment se procurer la brochure ?

    En téléphonant à la FGTB de Charleroi au 071/64.12.62. Ou en nous contactant au 02/345.61.81 ou via mail à info@socialisme.be. Dépêchez-vous, elle partent très vite !

    Vous pouvez la trouver ici en format PDF

    Comment travailler avec elle ?

    En en discutant avec vos collègues, en proposant que la brochure soit discutée en réunion syndicale, en assemblée interprofessionnelle ou en comité exécutif et, par exemple, en invitant un orateur de la FGTB de Charleroi.
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    La brochure s’intitule ”8 questions en relation avec l’appel du premier mai 2012 de la FGTB Charleroi-Sud Hainaut’‘. Lors de sa présentation en assemblée interprofessionnelle, un délégué est monté à la tribune pour dire que le ”8” de la première page lui faisait penser aux affiches de la campagne pour la journée des 8 heures au début du siècle dernier. ”Si on ne fait rien, a-t-il également dit, c’est à ça qu’on va arriver, à un retour en arrière de 100 ans, à la perte de tous les acquis que les travailleurs ont gagné par leur lutte.”

    C’est en partant du même constat que Carlo Briscolini, Président de la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut, introduit la brochure. ”Nous continuons à payer, depuis 1974, les conséquences de ces crises successives dont nous ne sommes pas responsables. Nous devons réagir de toutes nos forces contre ce système capitaliste qui nous entraîne progressivement, mais sûrement, vers la misère. A Charleroi, nous voulons lutter pour un nouveau projet de société. (…) Rien ne tombe du ciel, rien n’est toujours acquis définitivement et c’est dans le combat syndical que nous avons obtenu nos plus grandes victoires. (…) Pour changer les rapports de force face au patronat et à la droite, nous avons besoin d’une FGTB forte et d’une nouvelles force politique à gauche digne de ce nom.” Et il conclut en disant qu’au ”travers de cette brochure informative et explicative de notre démarche, nous souhaitons lancer un large débat démocratique au sein des structures de la FGTB, mais aussi en dehors avec toutes les forces progressistes qui voudraient nous rejoindre.”

    Après la brève introduction de Carlo, la brochure réédite la déclaration de principes de la FGTB afin de rappeler à chaque militant les fondements de la FGTB, dont son premier point: ”Émanation directe des forces laborieuses organisées, la FGTB proclame que l’idéal syndicaliste, visant à la constitution d’une société sans classe et à la disparition du salariat, s’accomplira par une transformation totale de la société.”

    Elle continue par un extrait du rapport au Congrès d’orientation politique du 4 mai 2010 où la FGTB a décidé de reconsidérer le lien privilégié qu’elle avait avec le PS et, accessoirement, Ecolo. Suit alors le discours du 1er mai 2012 dans son intégralité, ainsi qu’une motion de l’exécutif du 22 mai 2013. Enfin, les 8 questions/réponses clôturent la brochure.

    La première question posée est de savoir si le syndicat peut s’occuper de politique, et la FGTB de Charleroi de répondre ”Oui. Non seulement il le peut, mais il le doit. Notre FGTB défend un projet de société sans classes. (…) Sa réalisation implique l’abolition de ce système et son remplacement par un autre, socialiste et démocratique.”

    Face à l’impasse de la stratégie de l’aiguillon sur les partis traditionnels, nous avons besoin d’une nouvelle stratégie politique : ”Nous avons évidemment besoin en premier lieu d’un syndicalisme plus combatif et démocratique. (…) Mais cela ne suffit pas. (…) Pour changer les rapports de forces face au patronat et à la droite, nous avons besoin d’une FGTB forte et d’une force politique nouvelle, anticapitaliste, à gauche du PS et d’Ecolo. Aider à l’émergence et au développement de cette force pour qu’elle devienne la plus large possible, voilà la stratégie politique que nous proposons à la place de celle de l’aiguillon.’

    Une autre question posée est de savoir si la FGTB veut créer un nouveau parti politique : ”Nous proposons que la FGTB favorise activement l’apparition d’une nouvelle force anticapitaliste sur le champ politique et électoral. Ce n’est pas la même chose. Nous voulons mettre notre poids dans la balance pour rassembler celles et ceux qui aspirent à une alternative anticapitaliste. Nous les mettons devant leurs responsabilités de créer une force aussi fidèle aux intérêts du monde du travail que les forces existantes sont fidèles aux intérêts des patrons.”

    Un nouveau relais politique de la FGTB ?

    ”Non, nous voulons que se forme un nouveau relais politique du monde du travail dans son ensemble. C’est évidemment au sein de notre organisation, la FGTB, que nous menons le débat. Nous ne nous immiscerons pas dans le fonctionnement d’autres organisations syndicales. Mais la FGTB n’est pas la seule à être confrontée à l’impasse de la stratégie politique de l’aiguillon. La CSC est dans la même situation. C’est pourquoi, dans le fond, notre appel à une autre stratégie ne concerne pas que la FGTB. Le fait que la CNE a voulu s’associer à notre démarche est très important. Cela montre que notre stratégie, loin d’être une source de division, peut contribuer au contraire à dépasser certaines divisions historiques du monde du travail.”

    Le texte continue sur cette idée, qui s’applique par ailleurs également très bien à la question du travail unitaire des formations de la gauche radicale ; ”Nous devons être conscients de la chance qui s’ouvre ainsi et, sans abandonner notre identité, mais dans le respect des différences, favoriser la convergence autour d’un projet politique commun. Nous devons bien voir que cette possibilité de convergence trouve son origine fondamentale dans l’extrême gravité des menaces qui pèsent sur le monde du travail.”

    Petit rappel

    Depuis plusieurs décennies de participation ”socialiste” (on parle bien entendu du PS) à différents niveaux de pouvoir, la colère s’est accumulée dans les rangs syndicaux. Entre la réforme de l’enseignement, le plan global, le pacte des générations, le contrôle de la disponibilité des chômeurs, jusqu’aux mesures du budget 2012, il a été chaque fois plus clair que la stratégie du ”moindre mal” menait tout droit dans le mur.

    Comme Daniel Piron l’expliquait lors de la conférence de presse de présentation de la brochure, on peut dire qu’entre 2002 et 2010, il était déjà clair que l’action commune ne fonctionnait plus. C’est ce qui explique que lors du Congrès d’orientation politique du 4 mai 2010 ”la FGTB a décidé de reconsidérer le lien privilégié qu’elle avait avec le PS et accessoirement avec Ecolo et d’engager des rapports suivis avec tous les partis démocratiques de gauche.”

    Fin 2011, L’arrivée d’un premier ministre PS a coïncidé avec le pire budget d’austérité que la Belgique ait connu depuis longtemps. Cela a mené a la grève générale du 30 janvier 2012 et lors de l’évaluation qui en a été faite en assemblée interprofessionnelle à Charleroi, de nombreux délégués on déclaré que ”Le PS nous a trahi une fois de plus, une fois de trop.”

    C’est ce long processus qui va nous amener au discours du 1er mai 2012 de la FGTB Charleroi, discours dans lequel il est clairement dit que la politique du moindre mal ne passe plus et que c’est pourquoi les instances de la FGTB de Charleroi appellent a un rassemblement a gauche du PS et d’Ecolo. Et comme l’a dit Daniel Piron dans cet appel, ”Je sais que cela ne sera pas chose facile, mais si chacun peut faire un pas vers l’autre, PTB, LCR, PSL, PC, gauche chrétienne peut-être, gauche du PS et d’Ecolo s’il en reste, sûrement, nous pourrons certainement, nous l’appelons de toutes nos forces, renouer avec l’espoir du monde du travail.”

    Par après, la FGTB de Charleroi n’a pas voulu interférer avec les élections communales et ce n’est donc que début 2013 qu’un comité de soutien à l’appel s’est constitué avec l’ensemble des partis à gauche du PS et d’Ecolo. Les discussions ont conduit à l’organisation d’une grande journée de lutte et de débat le 27 avril 2013 à Charleroi. Près de 400 militants syndicaux et politiques y ont participé et ont émis le souhait que l’initiative montre qu’elle existe avant 2014. Une autre proposition y a été faite, l’écriture d’un programme anticapitaliste pour la FGTB.

    Tout cela nous a amené au mois de septembre et a l’édition d’une première brochure expliquant la démarche de la FGTB de Charleroi, qui sera suivie d’une deuxième, base pour un programme anticapitaliste de la FGTB.

    L’idée est de refaire une grande journée de débat et de discussion autour de l’appel et du programme anticapitaliste de la FGTB entre la fin de cette année et le début de l’année 2014. Mais cette fois-ci, en mobilisant plus largement et en y impliquant le plus de délégués et de militants possibles.

    Ce débat interne est d’autant plus important qu’il y a un congrès de la FGTB en 2014.

  • Présentation de la brochure intitulée: "8 questions en relation avec l'appel du premier mai 2012 de la FGTB Charleroi-Sud Hainaut"

    Conférence de presse de la FGTB de Charleroi

    Après la grève générale du 30 janvier 2012, de nombreux militants syndicaux ont dénoncé les liens existants entre la FGTB et un PS qui “trahit” les travailleurs en appliquant la politique d’austérité. Après divers débat dans le syndicat, la FGTB de Charleroi & Sud-Hainaut avait lancé un appel lors du 1er mai 2012, à l’occasion du discours du secrétaire régional Daniel Piron. Cet appel invite à un rassemblement politique anticapitaliste à la gauche du PS et d’Ecolo. La brochure, produite en plusieurs milliers d’exemplaires, doit servir à diffuser largement cet appel.

    Dans la presse:

    Rubrique de socialisme.be consacrée à la nécessité d’un nouveau parti large des travailleurs

    Extrait de l’introduction de Carlo Briscolini :

    “Lors de son congrès d’orientation du 4 mai 2010, la FGTB Charleroi-sud Hainaut a décidé de reconsidérer le lien privilégié avec le PS et d’engager des rapports suivis avec tous les partis démocratiques de gauche.

    Nous avons besoin d’une nouvelle stratégie politique car, sans relais politiques forts à gauche, nous sommes condamnés au recul en permanence. Au mieux, nous limitons les dégâts mais sur le long terme, c’est le pire qui détruit toutes nos conquêtes. Pour changer les rapports de force face au patronat et à la droite, nous avons besoin d’une FGTB forte et d’une nouvelle force politique à gauche digne de ce nom.

    Aider à l’émergence et au développement de cette force pour qu’elle devienne la plus large possible, voilà la stratégie politique que nous proposons à la place de celle du “moindre mal” (social-démocratie). C’est le sens de l’appel que nous avons lancé le 1 Mai 2012.

    Nous voulons donc que se forme un nouveau relais politique fort à gauche pour un changement de cap des politiques menées ces dernières décennies.

    Au travers de cette brochure informative et explicative de notre démarche, nous souhaitons lancer un large débat démocratique au sein des structures de la FGTB, mais aussi en dehors avec toutes les forces progressistes qui voudraient nous rejoindre.

    Se taire ou se résigner, jamais.”

    Vous pouvez vous procurer la Brochure en téléphonant à la FGTB de Charleroi au 071/64.12.62. ou en nous contactant au 02/345.61.81 ou via mail à info@socialisme.be. Dépêchez-vous, elle partent très vite !

    Brochure au format PDF

  • L’enjeu des élections du 25 mai 2014… et le défi à relever pour la gauche

    Cela semble encore loin, mais dès l’automne, tout sera consacré aux élections si redoutées du 25 mai 2014. La bourgeoisie traditionnelle et leurs partis parviendront-ils à nouveau à nous vendre leur politique comme un mal nécessaire ? A moins que la petite bourgeoisie flamande impatiente et ses extrémistes communautaires ne leur mettent des bâtons dans les roues, au risque d’une nouvelle crise politique prolongée ? De leur côté, les dirigeants syndicaux parviendront-ils encore une fois à mobiliser leur base derrière le “moindre mal” ou le fossé existant entre des pans du mouvement ouvrier et les partis traditionnels se manifestera-t-il enfin au Parlement ?

    Edito de l’édition de septembre de Lutte Socialiste, par Eric Byl, membre du Bureau Exécutif du PSL

    C’est avec satisfaction que la grande bourgeoisie belge peut regarder en arrière et considérer le choix tactique auquel elle a poussé il y a près de deux ans. Un gouvernement dirigé par le PS était en effet l’instrument le plus adéquat pour faire avaler au mouvement ouvrier le programme d’austérité le plus sombre de l’histoire du pays. En deux bonnes années, une demi-législature à peine, le gouvernement Di Rupo a mis en œuvre toute une batterie de réformes jugées nécessaires par la bourgeoisie. Nous allons maintenant travailler plus longtemps, la chasse à ce qu’à droite on qualifie de “profitariat social” (allocataires sociaux, chômeurs, malades chroniques, handicapés, réfugiés politiques et autres immigrés) est passée à la vitesse supérieure, les salaires sont gelés, la flexibilité accrue et la fonction publique étouffée. Pour la bourgeoisie, ce sont de bonnes nouvelles.

    Parallèlement, les banques ont été soutenues avec les ressources de la collectivité, les spéculateurs de la dette publique ont eu leur attention provisoirement attirée ailleurs et les entreprises ont été irriguées de subventions et d’allègements fiscaux. De plus, le gouvernement a gracieusement pu ériger une réforme d’Etat et l’unification des statuts ouvrier et employé. Enfin, il a pu respecter avec un certain retard les normes budgétaires imposées par l’Europe. La résistance à la politique menée a fait face à une augmentation de la répression. Pétitions et gentilles “manifestations” doivent soutenir la façade démocratique, mais au- delà, méfiez-vous des Sanctions Administratives Communales (SAC). L’amnistie ou la réduction de peine ne sont que des privilèges pour les grands fraudeurs et autres criminels de haut vol, car là aussi il s’agit d’une société de classe.

    Après cinq ans de la plus grande crise du capitalisme depuis la Grande Dépression des années ’30, plus rien n’est garanti. On peut toutefois supposer que le gouvernement va passer en mode électoral. Pour la N-VA, la casse sociale n’est pas assez dure. De Wever & Co vont tout faire pour augmenter la pression y compris, quand ils le peuvent, en utilisant systématiquement la rhétorique de “responsabilisation” des partis traditionnels : tu as des droits, mais aussi pas mal de devoirs. Après les élections, la casse sociale prendra fortement de l’ampleur ; avec la N-VA pour illustrer la force du changement, ou sans elle pour montrer que “le changement” peut s’en passer. La N-VA sera l’enjeu majeur des élections et qu’importe la manière dont cela se jouera, cela annonce de mauvaise nouvelles pour le mouvement ouvrier.

    À moins toutefois que le mouvement des travailleurs ou certaines de ses sections ne commencent à infléchir cette tendance en forçant les portes des Parlements avec un ou plusieurs élus indépendants de la bourgeoisie. C’est ce à quoi la régionale de la FGTB Charleroi & Sud- Hainaut et la CNE, la centrale des employés de la CSC, ont ouvertement appelé avec sans aucun doute une large approbation de militants syndicaux de tout le pays. A Liège et Anvers, surtout, le PTB est bien placé pour ce faire. Comme d’innombrables autres militants, le PSL aimerait y contribuer, d’où notre appel pour des listes unitaires sous le nom de PTB-Unité.

    Le PSL ne peut pas déterminer ce que pourrait faire le PTB de ses élus, mais nous avons quelques suggestions. Nous ferions de ces élus les porte-paroles de l’ensemble du mouvement, pas seulement de nos propres militants. Nous sommes également d’avis qu’il ne faut pas chercher à n’importe quel prix à formuler des revendications acceptables pour le Parlement, mais répondre aux besoins réels du mouvement, et aussi rester le plus loin possible de petits postes et des coalitions avec les partis de l’austérité. Enfin, nous souhaiterions les encourager à utiliser leur position afin de populariser un véritable programme socialiste démocratique car cela renforcerait le mouvement.

  • Lettre ouverte du PSL/LSP pour une union électorale de nos forces en 2014

    Le texte ci-dessous est une proposition du Parti Socialiste de Lutte (PSL) destinée à chaque personne désireuse de mener la lutte contre la casse sociale et faisant suite à des discussions internes ainsi qu’à une consultation de nos partenaires de Gauches Communes, de Rood et du Front de Gauche – Charleroi. Nous espérons pouvoir éviter que la gauche ne se présente en ordre dispersé pour les élections du 25 mai 2014. Le résultat de ces élections déterminera à la fois l’ampleur de la casse sociale et la résistance des travailleurs et de leurs familles.

    Nous sommes bien conscients de la diversité qui existe au sein de la gauche, de la pertinence des divergences d’opinion historiques, des différences dans l’analyse, la stratégie, la tactique et les programmes de même que nous sommes conscients du rapport de force changeant et que nous ne voulons pas tout simplement écarter. Nous voulons toutefois éviter un scénario ‘‘à la grecque’’ – toutes proportions gardées – où la droite garde la main grâce à la division de la gauche. Nous pensons qu’obtenir un ou plusieurs élus de gauche n’est pas exclu pour 2014. Cela constituerait une lueur positive dans des élections qui seront dominées par une rhétorique de coupes budgétaires drastiques. Ce serait un renforcement significatif pour toute la gauche mais aussi et surtout pour le mouvement des travailleurs. Cependant, même l’obtention d’un seul élu nécessitera encore de considérables efforts. Avec cette proposition, nous voulons, dans le respect mutuel des réalisations de chacun et en tenant compte des rapports de forces entre les diverses composantes de la gauche, unir nos efforts afin de ne pas laisser filer cette opportunité entre nos doigts.


    Camarades,

    Depuis le début de la crise en 2008, des milliers de familles ont déjà été affectées par la forte augmentation des restructurations, des licenciements et des fermetures d’entreprises. La hausse du chômage et l’insécurité d’emploi sont instrumentalisés par les patrons pour mettre les salaires sous pressions, accroître la flexibilité au travail et saper les contrats et conditions de travail. Mais la fin de la crise n’est pas en vue, loin s’en faut. Même les prévisions les plus optimistes parlent d’encore au moins 5 années de crise.

    La formation d’un gouvernement après la plus longue crise politique de l’histoire belge a accéléré ce processus et y a ajouté une dimension supplémentaire. La politique d’austérité est depuis lors devenue une véritable lame de fond antisociale. La chasse aux chômeurs est accrue, les possibilités d’interruption et d’aménagement de carrière sont limitées, l’âge effectif de départ à la retraite est repoussé. Au moment même où la demande de services publics augmente, les dépenses publiques suivent le chemin inverse. Les listes d’attentes ne sont pas éliminées mais au contraire plus nombreuses et plus longues. Les économies budgétaires arrivent de tous les côtés, tant au niveau fédéral avec notamment la sécurité sociale – y compris les soins de santé – qu’au niveau régional et au niveau des autorités locales.

    Le transfert néolibéral de moyens des pauvres vers les riches s’accroit

    Tous les moyens, des secteurs privés aux autorités publiques, sont utilisés pour maintenir l’économie la tête hors de l’eau. Selon l’infime élite au sommet de la société, cela ne peut se faire que par un transfert d’argent du public vers les ‘‘investisseurs’’ privés et, plus généralement, des pauvres vers les riches. Les banquiers et les spéculateurs reçoivent des milliards. Les entreprises, les plus grandes en premier lieu, profitent de régimes fiscaux qui leur sont très favorables. Les dividendes aux actionnaires restent des plus généreux tandis que les dirigeants d’entreprises perçoivent des sommes gigantesques avec leurs salaires et leurs bonus et que l’argent noir ou gris se réfugie dans des paradis fiscaux exotiques. Cela n’empêche pas le président du SP.a Bruno Tobback d’ouvertement appeler à l’abaissement des coûts salariaux le premier mai.

    Cette orientation politique nous est enfoncée dans le crâne à l’aide d’une énorme offensive de propagande de la part des médias dominants, qu’ils soient privés ou publics. On nous inculque un sentiment d’impuissance. Que peut donc bien faire un petit pays comme la Belgique contre une tendance internationale ? Un changement ne serait possible qu’au niveau européen alors que l’Union et ses institutions se trouvent à la tête de la machine européenne de casse sociale. La résistance est présente, en masse même, mais elle reste malheureusement trop souvent symbolique et surtout dispersée. Cela offre l’espace à la politique de diviser pour régner, une pratique habilement exploitée par toutes sortes de formations de droite nationalistes et/ou populistes favorables à une politique antisociale encore plus dure.

    Tous les partis traditionnels défendent la pensée unique néolibérale

    Le sommet de cette société et ses porte-paroles affirment que la politique d’austérité, la réduction de la dette publique et le démantèlement de la protection sociale sont des nécessités objectives, qu’il s’agit d’une technique, si pas d’une vérité scientifique, incontournable. La politique des institutions européennes et des politiciens de droite ne serait donc plus un choix politique, mais une nécessité afin d’affronter un monde en mutation. Quant à ceux qui ne veulent pas tout abandonner, ils sont dérivés vers le ‘‘moindre mal’’, vers des partis et politiciens ‘‘de gauche’’ qui veulent atteindre les mêmes objectifs, non pas par une confrontation ouverte comme le veulent leurs homologues de la droite officielle, mais cachés derrière l’écran de fumée du dialogue social.

    Le gouvernement va probablement chercher à reporter de nouvelles mesures sévères à après les élections de 2014. Le PS fait à nouveau appel à l’Action Commune Socialiste, le SP.a parle de lutte contre la fraude fiscale et de coopératives d’achat, le sommet du CD&V a fait de nouveau place à trois dirigeants de l’ACW, le Mouvement Ouvrier Chrétien flamand, et Ecolo parle d’éco-keynésianisme. Ils espèrent tous ainsi reconquérir une partie de leur électorat. Mais il ne s’agit que de rhétorique électorale. Il n’est même pas certain qu’ils réussissent à maintenir cette orientation jusqu’au jour des élections. La FEB et les autres organisations patronales, la Commission européenne et les politiciens de droite exercent une pression croissante. La fermeture d’une grande entreprise peut toujours venir s’imposer dans l’actualité. De plus, les dossiers en sursis du statut unique, de la loi de financement et du budget 2014 vont devoir être conclus parallèlement.

    Il est toutefois certain que la politique d’austérité montera sérieusement d’un cran après la tenue des élections. Avec la N-VA – qui voudra faire sentir la ‘‘force du changement’’ – mais même sans elle pour lui couper l’herbe sous le pied si les trois familles politiques historiques au moins parviennent encore à concocter une majorité. Maintenant déjà, dans certaines régionales et centrales syndicales, les liens entre les syndicats et les partis traditionnels sont mis sous pression. Après les élections, cette pression augmentera encore. Ce n’est pas pour rien qu’a retenti de Charleroi, le 27 avril dernier, un appel pour la construction d’un nouveau relais politique de la part de la régionale de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut et de la centrale des employés de la CSC, la CNE. Le PSL plaide depuis déjà plusieurs années pour la constitution d’un nouveau parti des travailleurs réunissant tous ceux qui veulent lutter contre la politique d’austérité. Nous savons toutefois que le PTB ne rejoint pas cette position, et au vu du poids qui est le sien dans ce débat, nous voulons faire une proposition concrète tenant compte de cette réticence.

    Une forte voix politique pour la résistance est nécessaire

    L’absence totale d’un débat public concernant une véritable alternative est un important facteur qui sape la résistance à l’austérité. Même de nombreuses victimes de la casse sociale répètent elles-mêmes que nous avons à travailler plus longtemps et que le coût du travail est trop élevé. L’expérience concrète a démontré que les parlements ne sont pas des instruments pour le changement social, que toutes les grandes réalisations du mouvement des travailleurs ont été le résultat de la lutte sociale. Mais des élus peuvent toutefois, malgré nombre de limitations, représenter un important porte-voix pour l’action sociale. Un ou quelques élus capables de faire entendre un autre son de cloche peuvent nourrir l’intérêt pour les idées de gauche, la conscience de classe, servir d’outils pour renforcer la lutte sociale et opposer une société basée sur la solidarité à celle basée sur la concurrence. Le PSL a d’importants désaccords avec le PTB, non seulement concernant des expériences historiques mais également concernant l’analyse de l’actualité, les tactiques requises et le programme qui en découle. Nous connaissons le programme du PTB et serions grandement surpris si l’inverse n’était pas également vrai. Nous pensons pourtant que le PTB est le mieux placé pour partiellement exploiter l’espace existant à gauche. Sans vouloir minimiser des années d’engagement militant et l’implantation dans un certain nombre de quartiers et d’entreprises, la réorientation du PTB vers une plus grande ouverture est un facteur important dans la croissance de ce parti en termes d’adhésions et d’électeurs. Beaucoup de nouveaux membres et d’électeurs veulent encourager et approfondir ce développement tandis que d’autres attendent de voir si cette tendance se poursuit. Ce n’est pas une question de peu d’importance. En politique, il n’y a pas automatiquement de seconde occasion. Laisser passer un moment important peut signifier attendre des années avant qu’une nouvelle occasion ne se présente.

    Mais ce qui est vrai pour le PTB, est également vrai pour d’autres formations de gauche. En se serrant les coudes sous un projet commun, elles peuvent aider à surmonter les difficultés vers un premier parlementaire élu sur une liste de gauche. Elles aideraient ainsi non seulement le PTB, mais aussi toute la gauche et le mouvement des travailleurs dans son ensemble. Rater cette occasion ne concernerait pas que le PTB, mais aussi chaque composante de la gauche et du mouvement des travailleurs dans son ensemble. Nous comprenons que le PTB ne veuille pas être le dindon de la farce, ni se lancer dans une aventure et désire préserver son nom. Mais il existe à côté du PTB de nombreux militants organisés ou non qui disposent eux aussi d’une implantation non négligeable. Nous pensons qu’aucune autre formation politique ne peut légitimement prétendre à ce que son nom figure aux côtés de celui du PTB sur une liste. Mais il ne serait pas non plus acceptable que ces formations se voient réduites au simple signe ‘‘+’’.

    Par conséquent, nous lançons la proposition suivante : des listes sous le nom ‘‘PTB – Unité’’ ou ‘‘PTB + Unité’’ ou quelque chose de semblable. La liberté pour chaque composante de diffuser son matériel politique en son nom propre et d’expliquer sa participation à ces listes. Une composition des listes de candidats qui permette à chaque composante d’être motivée pour effectuer une campagne dynamique. Des consultations régulières au niveau national et local afin de ne pas se marcher sur les pieds les uns les autres. Nous pensons qu’il s’agit d’une proposition raisonnable qui mérite au moins d’être discutée.

    Salutations fraternelles,

    Le Bureau Exécutif du PSL/LSP

  • 1er mai 2012. Il nous faut un prolongement politique pour la lutte, la solidarité et le socialisme !

    Ce 1er mai 2012, les discours que l’on a pu entendre ont été des plus divers, allant du soutien habituel à la social-démocratie de la part du président de la FGTB Rudy De Leeuw aux déclarations du secrétaire général de la FGTB de Charleroi, qui n’a pas hésité à remettre les dirigeants du PS à leur place. Dans tout le pays, les militants du PSL ont pu compter sur un bon écho lors de leurs interventions.

    Par Geert Cool

    Les dirigeants du SP.a et PS ont partout eu le même discours, et ont souligné la manière dont le gouvernement a pu prendre un certain nombre de mesures progressistes. Le gel des prix de l’énergie a particulièrement été mis à l’honneur. On n’a pas beaucoup entendu dire par contre que les sociétés du secteur de l’énergie en tiennent à peine compte. Personne n’a non plus relevé que les prix ont scandaleusement explosé depuis la libéralisation du secteur, et personne n’y a opposé la nationalisation du secteur énergétique. Différents responsables du SP.a s’en sont pris au patron belge de l’entreprise d’interim Adecco qui, du haut de sa montagne d’argent planqué en Suisse, veut s’en prendre au 13e mois ainsi qu’au pécule de vacance. Mais ces dirigeants du SP.a (nous avons entendu parler Monica De Coninck à Anvers et Caroline Gennez à Malines) ne parlent évidemment pas de vivre au salaire moyen d’un travailleur… A Malines, Caroline Gennez a été soutenue par son très bon ami et président de la FGTB Rudy De Leeuw, qui n’a eu de cesse de lancer des fleurs à ses amis du SP.a et a réclamé du bout des lèvres l’abolition de la déduction des intérêts notionnels.

    A Charleroi, heureusement, un autre son de cloche a sonné. Le secrétaire général de la FGTB de Charleroi Daniel Piron, relayé dans différents médias, avait déclaré la veille du 1er mai que le PS ne défend plus les intérêts des travailleurs et qu’il nous faut une nouvelle formation politique de gauche. Daniel Piron a notamment affirmé que nous ne devrions pas être pris au piège de l’argument selon lequel la social-démocratie défend le mécanisme d’indexation des salaires : ”Mais combien de fois devra-t-on payer pour le maintien de l’index ?” a-t-il demandé dans les pages de La Libre. Il déclare à juste titre que l’argument selon lequel les choses seraient pires sans le PS est de moins en moins pertinent : ”La politique du moindre mal, cela ne passe plus chez nous. Les militants ne peuvent plus entendre que “sans le PS, ce serait pire”. Même des militants de la vieille garde montent à la tribune pour dire qu’ils se sentent trahis par le PS.” Il a encore déclaré que, après la grève générale du 30 janvier dernier, il est parvenu à la conclusion qu’il est crucial d’avoir une nouvelle formation politique avec un programme anticapitaliste, sous l’inspiration de Jean-Luc Mélenchon et du Front de Gauche en France. A cette fin, il a explicitement mentionné ”le Parti du travail de Belgique, la Ligue communiste révolutionnaire, le Parti socialiste de lutte”. A l’occasion du défilé du premier mai à Charleroi, il n’a pas hésité à s’en prendre aux dirigeants du PS, y compris le Ministre Magnette et le dirigeant local Van Cau.

    Ce débat concernant l’alternative politique nécessaire face à la logique d’austérité était d’ailleurs également présent en d’autres endroits. Du côté néerlandophone, nous avons mené campagne avec le mouvement politique plus large Rood! Qui, à l’occasion de ce premier mai, a distribué en masse son nouveau journal ”Volksgazet”. La veille, Rood! Avait annoncé publiquement que le mouvement présenterait des listes dans plusieurs communes, y compris à Anvers (où il y a toutefois encore la volonté de reprendre les discussions avec le PTB pour constituer un ”Front de gauche”). Rood! A constitué à Anvers, une délégation réussie, rejointe par une vingtaine de militants de la campagne Tamil Solidariteit.

    Le PSL est intervenu dans un grand nombre d’activités, où nous avons vendu notre mensuel. Cette année, 727 exemplaires ont été vendus, soit plus que les années précédentes (640 en 2011 et 704 en 2010). A Gand, nous avons doublé notre vente pour atteindre le chiffre de 135 journaux. Ailleurs en Flandre Orientale, nous avons vendu 15 exemplaires à Sint-Niklaas et 66 à Alost et Termonde. En Flandre Occidentale (Ostende, Bruges) nous sommes arrivés à 45 exemplaires. Dans la province d’Anvers, nous avons été présents à trois défilés différents : à Anvers, à Malines et à Turnhout. A Anvers, pour la première fois, nous avons vendu plus de 100 exemplaires de notre mensuel, environ 120. A Louvain, il est généralement plus difficile pour nous d’intervenir, dans le cadre d’une manifestation plus limitée. Cette année, nous y avons vendu un total de 24 journaux, plus que l’an dernier également. Des militants du PSL étaient aussi présents dans une manifestation plus limitée dans le Limbourg.

    Du côté francophone, nous étions présents à Liège, Namur, Charleroi, La Louvière et, bien sûr, dans la région bilingue de Bruxelles. A Liège, nous avons vendu 129 exemplaires de notre journal, Bruxelles a fait presque aussi bien avec 128. les autres interventions ont été plus restreintes. A Charleroi, une manifestation de plusieurs centaines de participants a eu lieu. Étant donné le discours du Secrétaire général de la FGTB, ce fut une manifestation importante pour nous, et nous y avons vendu 33 exemplaires de Lutte Socialiste. Finalement, des interventions ont également eu lieu à Namur (20 exemplaires) et La Louvière (14).

    Ce 1 mai a été caractérisé par de profondes discussions concernant le rôle joué actuellement par la social-démocratie. Le Front de Gauche en France, qui rassemble des courants différents qui préservent chacun leur identité autour d’une campagne offensive menée ensemble, a marqué les esprits. Cela pose la question d’un front unissant les forces de gauche au niveau politique et syndical. Cette discussion gagnera en importance dans les mois et années à venir. Nous nous réjouissons donc de l’initiative qu’a commencé à prendre la FGTB de Charleroi.

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