Tag: Anne Demelenne

  • Le PS de Magnette accusé d’être de gauche… On aura tout vu !

    La rentrée politique s’est bien passée, merci pour elle ! Tout était bien dans l’ordre, chaque parti traditionnel jouant bien son rôle. C’était musculation & Cie, aucun des partis traditionnels n’ayant intérêt à dire que tous font et vont continuer à faire la même politique. En bons comédiens, ils s’activent l’un contre l’autre sur scène pendant que, une nouvelle fois, les travailleurs et leurs familles n’ont qu’à regarder. Et payer, parce qu’en coulisse, soyez-en sûrs, tous sont unis pour faire quand même payer quelqu’un ; et ce ne sera pas la bourgeoisie.

    Par Stéphane Delcros, édito de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    Niveau médiatique, le Mouvement Réformateur n’a pas loupé sa rentrée. Après avoir parlé de ‘‘berlusconisation de la Wallonie’’ concernant le Parti Socialiste et le dossier du rachat des Éditions de L’Avenir par Tecteo début septembre, Charles Michel lançait quelques jours plus tard un ‘‘Anne Demelenne, sors de ce corps !’’ à Paul Magnette qui défendrait des ‘‘idées bolchéviques’’. Pauvre MR qui, malgré sa volonté, ne réussit pas à se faire passer pour le ‘parti principal de la bourgeoisie’, rôle qui a été réquisitionné par le PS pour son propre compte. Alors à défaut de pouvoir réellement se distancer du PS au niveau programmatique, le MR se voit depuis longtemps obligé de lancer de grandes ‘phrases chocs’ qui ne pèsent pas lourd mais peuvent frapper beaucoup d’esprits. Bon, passons le dossier Tecteo : l’opacité et le manque de démocratie dont le PS fait preuve ne sont plus à démontrer. Le MR, d’ailleurs, fait rarement mieux. Le summum des manœuvres rhétoriques du chef de la droite francophone officielle réside évidemment dans la tentative d’assimilation de la secrétaire générale de la FGTB, Demelenne, à un élément de la gauche radicale dont Magnette s’inspirerait. C’est bien sûr ne rien comprendre aux dynamiques des rapports de force et des pressions exercées par la base syndicale sur les dirigeants syndicaux. Et, dans le cas présent, c’est même consciemment les nier.

    Ce type de déclarations est bien sûr dans l’intérêt des deux parties : elles permettent au MR de rappeler qu’il est bien de droite et de continuer à essayer de faire croire que le PS est de gauche. Il tente ainsi de pérenniser un soi-disant affrontement gauche-droite et espère que les gens y croiront, malgré l’évidence de plus en plus forte que le PS ne joue plus un rôle progressiste depuis longtemps.

    Ce n’est pas autre chose qui est mis en avant au niveau national, avec la N-VA cette fois. C’est dans l’intérêt des deux parties que la N-VA représente ‘la Flandre de droite’ et le PS ‘la Wallonie, la gauche et les syndicats’. Rien de tel que de tenter de rassembler ses troupes face à ‘l’ennemi ultime’. D’autant qu’à la N-VA, on commence à comprendre qu’il ne suffit pas seulement d’être anti-establishment pour attirer des électeurs.

    Tout cela plaît évidemment du côté du PS. Tant d’énergie dépensée – et surtout par les autres! – pour faire oublier qu’il mène des politiques néolibérales avec le gouvernement fédéral depuis 1988, pour continuer à faire croire qu’il est de gauche, et est le relais syndical par excellence. Voilà qui plaira évidemment à Magnette qui se voit de plus en plus mis sous pression notamment par les scores plus élevés du PTB dans les sondages. Et ils ont raison de s’inquiéter car, comme l’appel de la FGTB Charleroi-Sud Hainaut le démontre, la possibilité d’un premier pas vers un nouveau pôle de gauche, qui pourrait devenir majeur, est en train d’être discutée.

    Car à la base des syndicats, ça grogne depuis un bout de temps. Une base qui est, de loin, bien plus à gauche que Demelenne, par ailleurs membre du PS, et dont beaucoup de militants syndicaux ont souvent le sentiment qu’elle est plus occupée à essayer de trouver un moyen d’adoucir la résistance syndicale là où ils voudraient surtout essayer de garantir les acquis sociaux.

    Beaucoup de travailleurs savent que l’on devra passer par un affrontement gauche-droite, mais un vrai, avec un réel instrument politique dans leurs mains. Donc un instrument autre que ces partis – PS, SP.A, CD&V,… – qui se servent du lien privilégié historique avec le syndicat pour étouffer toute contestation et continuer ainsi la politique d’austérité au profit de la bourgeoisie.

    Le processus lancé à Charleroi et la brochure qui le prolonge peuvent être un premier pas vers la reconstruction d’un relais politique pour notre classe, orpheline d’un tel outil dans et autour duquel organiser les luttes. Des dizaines de milliers de jeunes, de travailleurs, de chômeurs et de pensionnés n’attendent que ça, et des centaines de milliers d’autres attendent de voir avant de s’enthousiasmer.

    Depuis longtemps le PS n’est plus de gauche. Le processus est irréversible. Et depuis longtemps, la classe des travailleurs a besoin d’un nouvel outil politique, large et accessible à tous ceux qui veulent lutter, avec lequel elle pourrait se défendre, résister, et même passer à l’attaque contre un système économique qui, lui aussi, est irréversible.

  • Pour un syndicalisme de combat !

    Le contexte politique et économique ne laisse aucune marge de manœuvre à la concertation. Nous ne sommes plus au temps des demi-mesures : soit on accepte que le patronat et le gouvernement détruisent progressivement le niveau de vie de l’ensemble de la population et on se contente de serrer les fesses en priant pour ça s’arrête un jour, soit on remet clairement en cause le fonctionnement du système et, dans ce cas, on s’en donne les moyens. Et la mise en place d’un plan d’action ambitieux contre l’austérité et pour l’emploi est une base minimum.

    Par Ben (Charleroi)

    La demande pour un tel plan se fait d’ailleurs de plus en plus sentir, comme l’ont montré le récent appel des jeunes-FGTB, la carte blanche de Francis Gomez (président des métallos FGTB Liège-Luxembourg) ou encore le fait que pour le 14 novembre, la proposition d’un petit rassemblement de quelques centaines de personnes à Bruxelles se soit transformée en grèves de certains secteurs (CGSP wallonne, CGSP-Administrations locales et régionales bruxelloises, les métallos FGTB Wallonie-Bruxelles) voire en grève générale pour certaines régionale comme Liège et La Louvière. La volonté de lutte est croissante.

    Mais les larges masses ne sont pas encore conscientes de leur force collective. La population a besoin de perspectives de lutte crédibles pour se mettre en mouvement. Un bon calendrier d’action permettrait d’élargir un mouvement actuellement limité à une minorité d’habitués, de construire des expériences de lutte et de renouer avec les traditions perdues. Parmi celles-ci : celle des assemblées générales régulières sur les lieux de travail, mais aussi dans les quartiers ou dans les écoles, afin d’expliquer clairement la situation politique et économique à tous, ainsi que les propositions alternatives à l’austérité.

    La Belgique possède un mouvement syndical potentiellement surpuissant avec un taux de syndicalisation parmi les plus élevés au monde. Cette puissance est un atout important, mais elle ne suffit pas. Il nous faut aller plus loin sur le chemin de l’organisation collective des travailleurs et renouer avec un syndicalisme de combat, à l’opposé du syndicalisme de concertation actuel.

    Un plan d’action, c’est quoi ?

    Un plan d’action cohérent pourrait, par exemple, être composé d’une succession de journées de grève prévues à l’avance, de 24h pour commencer, puis de 48h et pourquoi pas de 72h. C’est une proposition un temps défendue par Nico Cué, président des métallos FGTB Wallonie-Bruxelles, mais nous n’en avons plus entendu parler depuis un bon moment. La grève est l’arme ultime des travailleurs, elle permet de montrer au patronat et au gouvernement le mécontentement qui existe à la base, mais permet également aux travailleurs de prendre conscience de leur propre force. Et puis, surtout, la grève permet de poser une question fondamentale : qui produit la richesse dans notre société ? Elle y répond en montrant que ce sont les travailleurs eux-mêmes. La grève pose la question de la propriété privée ou collective des moyens de production, elle montre que si on le veut, on peut produire pour nos besoins, sans s’encombrer de la dictature des patrons et des actionnaires. Cela suffira-t-il ? Il ne suffit pas de faire des grèves générales et des manifestations pour que l’austérité s’arrête et soit remplacée par une politique de gauche véritable. Une lutte syndicale combative et bien organisée est une nécessité absolue sur le chemin du changement de société. Mais pour que ce changement de société soit effectivement possible, il faut un niveau d’organisation plus grand encore.

    Un socialiste irlandais du début du siècle utilisait une image frappante : le mouvement des travailleurs est tel un boxeur : il a deux bras pour lutter. Son premier bras, c’est le syndicat, l’outil où les travailleurs sont massivement organisés pour défendre leurs conditions de travail. Son deuxième bras, c’est un parti politique, le relais politique des revendications concrètes des luttes des travailleurs permettant la prise du pouvoir. Aujourd’hui, les travailleurs se battent un bras attaché au dos. Seul le syndicat lutte encore. Le deuxième bras, le parti, n’existe plus. Il est certain que notre bras syndical pourrait se renforcer et être plus combatif, mais sans relai politique clairement combatif, on peut vite se retrouver dans une impasse.

    Le PS, frein des luttes sociales

    ”Il y a une fidélité profonde, pas toujours rationnelle, au PS”, a expliqué Pascal Delwit dans les pages de La Libre. En effet, la fidélité de certains vis-à-vis du PS est très loin d’être rationnelle, elle est même complètement irrationnelle au regard des politiques menées par le PS depuis près de 30 ans. Il faut accepter que les ‘‘socialistes’’ ne le sont plus depuis bien longtemps. Soyons clairs, la croyance mystique selon laquelle le Parti socialiste serait de gauche empêche le développement de luttes contre l’austérité.

    Il est complètement absurde d’entendre le 14 novembre dernier Anne Demelenne (secrétaire générale de la FGTB) expliquer qu’elle félicite Laurette Onkelinkx pour ses prises de position en faveur du maintien de l’index ! La fédération de Liège du Parti Socialiste a eu le culot de déclarer publiquement son soutien à la grève ! À La Louvière, des élus socialistes étaient en tête de la manifestation syndicale ! Voilà qu’on fait des manifestations et des grèves contre l’austérité avec ceux-là mêmes qui votent et appliquent cette austérité ?

    De véritables socialistes ne voteraient pas l’austérité, ils ne voteraient pas un budget aussi défavorable à l’ensemble de la population. Ceux qui le font sont des traîtres ou des ennemis, et on doit les traiter comme tels. De véritables socialistes organiseraient la résistance à l’austérité quoiqu’il en coûte. Et aujourd’hui, ça veut dire quitter cette machine nauséabonde, bureaucratique et antisociale qu’est le PS.

    Nous devons donc construire une nouvelle formation politique qui soit véritablement à gauche. Une formation qui soit la nôtre, celle de la classe des travailleurs. Une formation où l’ensemble des sensibilités et des tendances existantes au sein de la classe des travailleurs serait représenté et s’unirait sur base d’un minimum de clarté idéologique. Une clarté qui émergerait grâce aux débats d’idées, aux discussions parfois polémiques, mais c’est comme ça qu’on aura le couteau le plus aiguisé : c’est-à-dire des perspectives et une direction capable de conduire à la victoire.

  • Lettre ouverte pour un syndicalisme de combat

    La crise du capitalisme et les politiques d’austérité entraînent partout à travers le monde une renaissance des luttes des masses, et particulièrement des luttes syndicales. En Belgique aussi, les discussions portant sur la stratégie et les tactiques syndicales suscitent un intérêt grandement renouvelé, alimenté entre autres par la manière dont le mouvement de lutte contre la réforme des pensions et l’austérité dans son ensemble a été freiné et stoppé par les directions syndicales FGTB et CSC elles-mêmes. Mais ce débat, hélas, est lui aussi freiné, voire réprimé.

    Par Gustave Dache, ancien délégué FGTB à Caterpillar et ancien délégué FGTB au garage Citroën Bairiot

    C’est ce qu’à tristement illustré l’exemple de la réunion du Comité Exécutif Élargi de la régionale FGTB de Charleroi le 21 mars dernier. Je veux saisir cette occasion pour faire un plaidoyer pour un syndicalisme de combat et pour une réelle démocratie syndicale. Il ne suffit pas d’accorder la parole, encore faut-il sérieusement organiser le débat démocratique, sur base d’arguments et non d’invectives.

    Lors de cette réunion, Anne Demelenne, secrétaire générale de la FGTB, avait fait un exposé de plus d’une heure sur l’Union Européenne et sa politique. J’ai ressenti cette prise de parole comme une tentative visant à amoindrir les responsabilités du gouvernement belge, soi-disant avant tout tributaire de l’Europe, et à justifier l’atterrissage forcé du mouvement syndical après la grève générale du 30 janvier de cette année. Directement après cette introduction, j’ai fait une intervention dont l’essentiel peut se résumer comme suit : il nous faut de l’audace, et un réel syndicalisme de combat !

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    Gustave Dache est également auteur du livre ‘‘La Grève générale révolutionnaire et insurrectionnelle de l’hiver 60-61’’, édité par les éditions marxisme.be. Ce livre de 388 pages revient à 15 euros et peut être commandé au 02/345.61.81 ou via redactionsocialisme.be.

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    Les diverses critiques que j’ai pu porter contre l’attitude des directions syndicales n’ont pas laissé indifférent, et ont provoqué une riposte qui a pris la forme d’une succession d’attaques personnelles s’en prenant à mon passé syndical, faute de pouvoir argumenter sur le fond. Je trouve important de ne pas laisser ces attaques sans suite car elles constituent, au-delà du mépris de ma personne, une véritable tentative d’intimidation à destination de tous les militants critiques envers la politique de l’appareil syndical.

    Lorsque je suis descendu de la tribune, y est alors monté Antonio Cocciolo, président des métallos de la FGTB pour la régionale de Charleroi. Ce dernier a notamment déclaré : ”Gustave, tu n’as rien compris de l’exposé sur l’Europe (…) Dans ta vie syndicale, tu as travaillé 18 mois à Caterpillar et tu n’as su faire que d’être mis à la porte de l’entreprise (…) Dans le garage où tu as travaillé, tu as également été mis à la porte (…) Tu n’as jamais dirigé aucune grève.’’ Le véritable fond de sa pensée est venu ensuite : ”Il y a plusieurs façon d’attaquer le syndicat, la droite l’attaque de l’extérieur, toi c’est de l’intérieur.’’ Depuis quand les critiques d’un militant qui a dédié sa vie à l’activité syndicale doivent-elles être considérées comme des attaques à mettre sur le même pied que l’offensive pro-patronale des partis traditionnels ou de la presse contre les syndicats ?

    J’ai été licencié à Caterpillar. C’est vrai. Mais il faut alors préciser d’emblée que ce fut au terme d’une lutte syndicale qui a permis d’implanter l’organisation syndicale dans l’entreprise, une lutte qui a notamment vu le licenciement de 25 ouvriers-grévistes, en 1970, pour fait de grève (dans le peu d’années qui ont suivi, pas moins de six délégués syndicaux FGTB ont été licenciés dans l’entreprise pour avoir militer en faveur de la reconnaissance du syndicat dans l’usine). J’étais de ces 25 ouvriers, en tant que délégué, avec l’autre délégué FGTB qui avait soutenu cette lutte de 10 jours. La raison la plus probable pour laquelle la cause de ce licenciement n’a pas été mentionnée de la tribune est très certainement que cette lutte avait dû être menée à la fois contre la direction de l’usine et contre la direction des syndicats FGTB et CSC de l’époque. Ce combat a renforcé le syndicat, mais a dû se mener contre l’appareil syndical. Ces deux notions ne sont clairement pas à confondre.

    Au garage Citroën-Bairiot, mon licenciement fut en fait une prépension dans le cadre d’une restructuration, après 20 de travail dans cette entreprise d’une quarantaine de travailleurs. 20 ans au cours desquels j’avais notamment… implanté une section syndicale de la FGTB auparavant inexistante ! Cette manière de tronquer la vérité et de dénigrer les luttes syndicales du passé sont-elles le nouveau mot d’ordre de la régionale FGTB de Charleroi ? J’espère bien que ce n’est pas le cas, ni à Charleroi ni ailleurs.

    Ces précisions ne sont pas destinées à ‘’redorer mon blason’’ mais à dénoncer des pratiques indignes du combat syndical et qui lui portent préjudice. A l’heure où des centaines de milliers de jeunes à travers le monde se sont soulevés pour réclamer une ‘’démocratie réelle’’, l’exemple d’une réelle démocratie, de la démocratie des travailleurs et des exploités, devrait venir des syndicats. Je déplore très fortement que ce ne soit pas le cas. La démocratie ne se limite pas à laisser parler des opposants pour ensuite répondre par un flot d’insultes afin d’éviter à tout prix un débat de fond.

    Ce débat est pourtant crucial aujourd’hui, pour en finir avec le syndicalisme de concertation ainsi que les actions symboliques et renouer avec un syndicalisme de combat, basé sur le combat des masses. A chaque fois que la FGTB a donné un mot d’ordre de grève (local ou régional) les travailleurs ont toujours suivi, à condition que ces mots d’ordre correspondent exactement aux aspirations profondes de la classe des travailleurs. Si aujourd’hui il existe une large couche d’hésitants et de déçus dans les rangs syndicaux, n’est ce pas par dégoût des manifestations-promenades à Bruxelles et des actions sans lendemain ? N’est-ce pas parce qu’ils doutent de la réelle volonté de lutte des appareils syndicaux ? Quel serait l’impact d’une large campagne de sensibilisation et de mobilisation contre l’austérité et d’un bon plan d’action élaboré avec l’implication active de la base syndicale ? Est-ce un tabou de poser toutes ces questions ? On pourrait le penser au vu de la riposte haineuse dont j’ai été l’objet.

    Je tiens à dénoncer vigoureusement ces atteintes à la démocratie syndicale, comme je l’ai fait toute ma vie militante durant. Contrairement à ce qui a été dit, les critiques constructives ne peuvent que renforcer la lutte de classe en faveur des travailleurs, et non détruire le syndicat. Par contre, il est vrai que cette démocratie syndicale est un danger pour tous ceux qui se contentent de donner des mots d’ordre d’en haut, bien confortablement assis sur leurs privilèges.


    PS: Cet évènement m’a motivé à travailler à une nouvelle publication d’une brochure que j’avais écrite en juin 1970 : ”10 jours qui ébranlèrent la direction de Caterpillar et la bureaucratie syndicale FGTB-CSC”, avec un texte d’introduction basé sur l’actualité récente.

  • Pas de blabla, mais un syndicat de combat !

    Nous avons déjà souligné à de nombreuses reprises la nécessité de revenir à un syndicalisme de combat et démocratique contre le syndicalisme de concertation et de négociation qui a prévalu ces dernières années. Les réactions syndicales face au conclave budgétaire de mars ont encore souligné ce besoin crucial.

    Ainsi, la secrétaire générale de la FGTB, Anne Demelenne, s’est déclarée ‘‘momentanément soulagée’’ concernant le saut d’index (combien de fois encore devrons-nous accepter des reculs sous prétexte d’avoir sauvé l’index ?). Dans l’émission de la RTBF “Mise au point”, elle précise que l’on était toujours sous le coup des mesures budgétaires prises aux premiers jours du gouvernement et “Il est clair que s’il y avait eu une deuxième couche, c’eut été dramatique”. Elle a toutefois bien admis que les mesures fiscales auraient dû aller plus loin : “Plus une entreprise est petite, plus elle paie d’impôt, et cela ne va pas beaucoup changer”. Rudy De Leeuw, le président de la FGTB, a déclaré de son côté que l’accord épargne le pouvoir d’achat de la population mais que “le gouvernement a quand même raté l’occasion de rendre le budget plus équitable”. Du côté de la CSC, les déclarations des dirigeants allaient dans le même sens.

    Ainsi donc, tout le monde est content d’avoir évité le pire, même s’il aurait fallu s’en prendre quand même un peu aux spéculateurs et aux plus riches. Pour nous, cette attitude est largement insuffisante. La situation actuelle est déjà bien assez dramatique, elle justifie à elle seule l’organisation d’une résistance et d’une riposte féroces.

    Lors de la manifestation nationale du 2 décembre, le front commun syndical avait présenté un programme anticrise contre la politique d’austérité. A l’époque déjà, tout en émettant quelques réserves sur l’un ou l’autre point, nous avions surtout accentué le fait que concrétiser ce programme syndical signifiait construire un rapport de forces favorable à la classe des travailleurs. Qu’a-t-on fait depuis lors ?

    L’austérité appelle l’austérité

    Nos dirigeants syndicaux ont véritablement fait atterrir le mouvement contre la réforme des pensions. La grève générale du 30 janvier est restée sans suite, et certainement pas parce que le mot d’ordre de grève n’avait pas été suivi. Au contraire, la participation nombreuse aux piquets de grève et barrages routiers était une claire expression de la volonté de la base d’aller plus loin. La date de mobilisation suivante fut celle du 29 février, dans le cadre d’un appel de la Confédération Européenne des Syndicats (CES) contre le nouveau traité de discipline budgétaire. De petites actions symboliques ont alors été organisées devant divers locaux de la Banque Nationale ou de la Banque Européenne d’Investissement. A cette occasion, Claude Rolin, de la CSC, avait déclaré que ‘‘Nous ne voulons plus de cette austérité qu’on nous impose, car elle est économiquement absurde : en Grèce, plans d’austérité après plans d’austérité, ça va de plus en plus mal.’’ C’est tout à fait correct, mais nous avons besoin d’actes à la hauteur des paroles.

    Nous ne devons pas être rassurés par le conclave budgétaire de mars, d’autres mesures arriveront. Il faut préparer la résistance dès maintenant, avec une large campagne d’information et de sensibilisation destinée à contrer la propagande patronale et gouvernementale qui se déversent dans les médias traditionnels. Mais nous avons aussi besoin d’un relais politique qui nous soit propre. Tant que les directions syndicales continueront à considérer un parti comme le PS comme un partenaire privilégié, nos luttes seront constamment freinées.

  • Les révoltes mondiales contre ce système sans perspective suscitent la recherche d’une alternative (4)

    Un plan d’austérité tel que nous n’en avons jamais connu

    93. L’un dans l’autre, l’économie belge se porte plutôt bien. Selon le Financial Times, c’est parce que le gouvernement en affaires courantes ne pouvait pas appliquer d’assainissements drastiques. Déjà auparavant, la Belgique avait déjà mieux digéré la grande récession que les autres pays, surtout grâce à ce que l’on appelle les “stabilisateurs économiques” (c’est-à-dire la sécurité sociale et l’indexation des salaires). La croissance des plus importants partenaires commerciaux de la Belgique, particulièrement l’Allemagne, joue évidemment aussi un rôle important. Combiné à l’effet ahurissant de l’impasse communautaire et de la crise politique, tout ceci explique pourquoi la conscience en Belgique n’a pas connu les mêmes changements qu’on l’a vu par exemple en Angleterre, mais cela peut changer très rapidement.

    94. L’Institut des comptes nationaux a averti du fait qu’« Il existe de grands risques négatifs. Premièrement, la politique restrictive dans plusieurs pays de la zone euro peut peser fortement sur la croissance économique. Deuxièmement, les familles et les entrepreneurs peuvent devenir encore plus réticents [à dépenser de l’argent] si l’inquiétude autour de la crise des dettes européennes continue encore longtemps ou s’élargit ». Le fait que tout cela est à prendre bien au sérieux est illustré par le fait que Leterme a, depuis décembre dernier, établi un scénario d’urgence, composé d’un “plan catastrophe” financier et d’un “discours d’urgence”, juste au cas où une panique se développerait sur les marchés. Dans une situation aussi explosive, la moindre occasion peut provoquer un revirement drastique.

    95. Le plan catastrophe est composé de recettes classiques : augmenter le taux d’emploi, réformer les pensions et accélérer le paiement de la dette de l’État. Il y est très précisément calculé comment la dette de l’État pourrait être financée “en interne”, avec l’argent de l’épargne des Belges. Une telle catastrophe n’est pas une éventualité, mais plutôt une probabilité. Dans ce cas, la note Di Rupo est insuffisante. Mais même sans catastrophe, le pays se trouve de toute façon devant le plan d’austérité le plus dur de son histoire. Pour avoir à nouveau un budget équilibré en 2015, il faut, selon le comité de monitoring (un groupe de hauts fonctionnaires qui surveille l’évolution du budget), assainir 23 milliards d’euros, dont au moins 10,2 milliards dans le courant de l’année 2012. L’État est à l’avance sur les objectifs qu’il s’est lui-même fixé pour le budget : en 2010, le déficit budgétaire était de 4,6% du PIB au lieu de 4,8% selon les objectifs, et en 2011, on prévoit 3,3 à 3,5%, selon les sources, ce qui est de toute façon beaucoup mieux que l’objectif initial de 4,1%. Cependant, à situation inchangée, avec le ralentissement de la croissance en 2012, on arriverait à un déficit de 5,5%, alors que le gouvernement tablait sur un déficit réduit à 2,8%. Les mesures de la note de Di Rupo se basent sur ce dernier chiffre.

    96. De cette note, on disait qu’elle était un “travail de formateur, et non celui d’un président du PS”. Di Rupo avait “jeté de côté presque tous les ‘tabous’ de sa base socialiste”. La droite a rapidement compris que c’était là un gage de faiblesse et qu’il y avait peut-être moyen d’obtenir plus. La faiblesse appelle l’agression. On peut d’ailleurs légitimement se poser la question de savoir si le rapport du comité de monitoring n’a pas uniquement pour but de pousser à l’adoption de mesures encore plus dures. Selon Vanhengel, le ministre VLD du budget, notre pays doit prendre à coeur les recommandations de la Commission européenne. Coïncidence – celles-ci sont identiques à celles du comité de monitoring : réforme de l’indexation des salaires, augmentation de l’âge effectif de départ en pension. Cela aurait pu venir de la bouche du gouvernement sortant, qui le leur a d’ailleurs certainement soufflé à l’oreille. Pourquoi, sinon, la Commission européenne aurait-elle pensé revendiquer une “réforme” de l’indexation des salaires, et pas tout bonnement l’abolition pure et simple de ce système ? Pourquoi la Commission parlerait-elle alors de l’augmentation de l’âge de la pension “effective”, alors que partout ailleurs en Europe, elle parle de l’augmentation de l’âge de départ en pension légal ?

    97. Les patrons disent toujours que les couts élevés des salaires sapent la position concurrentielle de la Belgique. De là la norme salariale et le plaidoyer en faveur d’une diminution de l’indexation automatique des salaires. Cet été, ce mythe a été détruit par rien de moins que Fons Verplaetse, gouverneur honoraire de la Banque nationale. Sur base d’une étude comparative, il concluait que : « Les chiffres montrent clairement qu’il n’y a certainement pas de lien positif entre les couts salariaux et la perte de parts de marché ». La perte de parts de marché est selon lui due à un ensemble complexe d’éléments incluant entre autres la stratégie de prix de vente et des éléments plus structurels tels que la recherche, le développement, l’innovation et l’entreprenariat. Des salaires plus bas mènent à la diminution du marché intérieur. Au vu du fait que l’exportation est plus facile vers les pays d’où on importe, cela mine aussi sa propre position d’exportation. De même, pour les patrons, l’indexation automatique des salaires enclenche une spirale salaires-prix, ce qu’on appelle aussi un “effet de second tour”. Les augmentations de prix seraient dès lors de notre propre faute. Dans un dossier précédent sur les causes de l’inflation en Belgique (qui est plus élevée que la moyenne européenne), nous avons déjà démontré que l’indexation des salaires n’a rien à voir avec la hausse de l’inflation. Il n’y a rien qui empêche les patrons de baisser leurs prix et de se satisfaire d’un peu moins de profits. Mais jamais la peur de l’inflation n’a empêché le moindre capitaliste de chercher à maximiser ses profits. (http://www.socialisme.be/psl/archives/2011/04/20 /dossier.html)

    98. Toujours selon le patronat, nous devons travailler plus longtemps parce que nous vivons plus longtemps. Ils se taisent systématiquement sur le fait que nous produisons plus pendant le temps durant lequel nous travaillons. Entre 1964 et 2002, notre productivité a augmenté de 215%. La pression au travail et le stress ont fortement augmenté, ce qui fait que pour beaucoup de gens, ce n’est plus possible de travailler après 60 ou 65 ans. En plus, le montant que l’on perçoit pour la pension par rapport aux salaires a systématiquement baissé. Une pension moyenne n’est plus équivalente qu’à 60% du dernier salaire. La carrière nécessaire pour une pension complète se rallonge de plus en plus. Le nombre de périodes assimilées est démantelé. De cette façon, on oblige les travailleurs à contribuer de façon supplémentaire à leur pension avec les deuxième et troisième piliers pour pouvoir tout de même bénéficier d’une pension convenable. Ceux qui veulent travailler plus longtemps peuvent recevoir un bonus mais, pour beaucoup, cela ne sera pas un choix librement consenti. Un quart des pensionnés vivent sous le seuil de pauvreté. La baisse de la pension légale et la hausse de la productivité assurent que le budget total pour les pensions, comparé au PIB, ne va pas augmenter au cours des années à venir. Le patronat réclame l’augmentation de l’âge de départ en retraite, mais il est vite là aussi quand il s’agit de faire appliquer les prépensions lors des restructurations. Ce n’est pas que l’âge de la pension qui intéresse les employeurs, mais le démantèlement de la pension légale et de la sécurité sociale.

    99. Depuis des années, la bourgeoisie a pu appliquer sa politique en allant de deal en deal avec les dirigeants syndicaux. Les couts de ces deals étaient généralement transférés vers l’État et la sécurité sociale. Ainsi, on a créé entre 1998 et 2009 au moins 93.000 emplois avec des titres-services fortement subventionnés. Dans la même période, dans le non-marchand, 154.000 emplois ont été créés, et 102.000 dans les divers secteurs du public. Il y a maintenant 828.000 fonctionnaires, dont 20% de fédéraux (mais là, l’emploi a diminué de 10.000 unités depuis juin 2008). Dans les régions, les provinces et les communes, le nombre de fonctionnaires continue d’augmenter. En Flandre, on met l’accent sur le fait que 36% des travailleurs wallons sont fonctionnaires, contre 30% pour la Flandre et presque 32% pour Bruxelles. L’hebdomadaire flamand Knack a publié une autre approche des choses en avril, où l’on ne regardait pas le nombre de fonctionnaires par rapport au nombre total de travailleurs, mais bien par rapport à la population totale. Et là, il apparaissait que pour chaque tranche de 100 habitants, il y a 10,02 fonctionnaires en Flandre, 9,72 en Wallonie et seulement 6,5 à Bruxelles. On ne peut évidement pas ôter à l’État tous ses revenus et demander en même temps que cet État prenne sur lui tous les couts.

    100. Pour le patronat et les politiciens, il faut dès lors diminuer le nombre de fonctionnaires, par exemple en ne remplaçant pas ceux qui partent à la retraite. Au gouvernement fédéral, plus de la moitié du personnel a plus de 50 ans. Ne pas les remplacer, ce serait déjà un sérieux assainissement. Les problèmes qui découlent de cela concernant la prestation du service à la population, le patronat s’en moque. Ces fonctionnaires n’ont cependant pas été engagés pour rien : par exemple, l’Agence fédérale pour la sécurité alimentaire n’existait pas dans le temps ; la problématique de l’asile était moins aigüe il y a quelques années, et là aussi il faut plus de fonctionnaires ; il n’existait pas non plus de fonctionnaires pour l’environnement. Les entreprises ont besoin de plus en plus de personnel qualifié : elles seraient bien étonnées si on leur donnait ce qui est sorti de l’enseignement des années ’70. Pour plus de qualifications, il faut plus de profs, et si tout le monde va plus longtemps à l’école, il faut plus d’infrastructures. La population devient plus vieille et, heureusement, notre connaissance médicale se développe. Mais cela aussi demande plus de moyens et de personnel. De nouvelles formes de criminalité se créent, ce qui demande d’autres qualifications pour la police. Lutter contre la technologie de pointe de fraude fiscale demande une spécialisation et des inspections sur le terrain, bien que l’on soit certainement en droit de penser que c’est à peu près le seul service public où le patronat ne demande pas plus d’efficacité ! Des dirigeants syndicaux sous pression

    101. L’époque où les directions syndicales pouvaient éviter le pire grâce à un compromis ou en faisant appel à l’État arrive à sa fin. Les dirigeants syndicaux aimeraient bien pouvoir continuer dans cette voie. Ils ont encore montré cela en mettant leur signature sur le projet d’accord interprofessionnel cette année. La marge que la bourgeoisie veut bien lui laisser à présent est cependant tellement réduite que la direction syndicale n’est plus capable de vendre sa “stratégie” à sa base, qui a déjà remis à leur place les sommets de la FGTB et de la CGSLB. Ceux-ci ont été forcés d’organiser des journées d’actions et une manifestation nationale le 24 mars. Les métallos leur ont fait savoir que, cette fois-ci, ce ne devait pas être une nouvelle promenade du dimanche. L’appareil de la CSC a encore réussi à transformer une majorité à la base en une minorité dans les structures. Elle a organisé sa propre action le 24 mars, aux institutions de mini- Europe sur le Heysel. Une semaine plus tard, la CNE mobilisait à elle seule beaucoup plus de militants du non-marchand. Le message est passé.

    102. Les deux syndicats ont entretemps fait savoir qu’ils n’allaient pas accepter que l’on touche à l’indexation. Anne Demelenne a appelé l’indexation des salaires “notre triple A”, se référant à Krugman, Stiglitz et Lagarde dans leur plaidoyer contre l’austérité “dure”. Elle trouve que la note Di Rupo est inacceptable, mais part de l’idée que cette note est venue sous pression de la droite. En bref, Demelenne suit totalement la rhétorique : « Assainir, oui, mais pas au cout de la croissance ». Elle aurait demandé lors d’une réunion interne si la FGTB ne devrait pas plaider pour l’introduction d’obligations européennes, mais n’a pas été suivie. « Ceux qui payent tous ces bonus extravagants placent une bombe sous la concertation sociale », a encore déclaré Rudy De Leeuw début avril en bombant le torse. C’était au moment où le SP.a se profilait autour de ce thème, avec la figure de Bruno Tuybens. Un mois plus tard, il apparaissait que ce dernier avait lui-même perçu un bonus de € 250.000 de la part de la KBC. De Leeuw aurait dû le savoir, Tuybens n’est tout de même pas le seul au SP.a à franchir la ligne : l’ancien ministre Luc Van den Bossche reçoit tous les ans € 700.000 en tant que président de Brussels Airport Company (BAC) ; avant lui, Norbert De Batselier et Steve Stevaert, entre autres, s’étaient eux aussi compromis.

    103. À la CSC, on disait que si on touchait à l’index, on mettrait en danger la “paix sociale”. Claude Rolin insiste sur le fait que l’index sert à sécuriser le pouvoir d’achat, et pas à être un simple moyen de redistribution des richesses. Au sujet des assainissements, il dit “pas n’importe comment”. À propos de la note Di Rupo, il dit que la CSC ne va pas laisser en plan les allocataires, mais qu’il y a aussi de bonnes choses dans cette note. Selon la CSC, le Pacte des générations a bien fonctionné. Pour la secrétaire nationale Ann Van Laer, le nombre de travailleurs de plus de 50 ans s’est accru de 217.000 depuis 2005. Le taux d’emploi parmi les plus de 55 ans est déjà plus élevé que l’objectif fixé par le Pacte des générations. Le nombre de plus de 58 ans non disponibles pour l’emploi est passé de 53.000 à 2.294. Qui plus est, les règles pour les prépensions vont devenir encore plus strictes dans les années à venir, et les contributions des employeurs pour les “jeunes” de plus de 50 ans ont augmenté. De tout cela, elle conclut que la CSC veut bien augmenter la vitesse d’un cran, mais seulement après un vrai débat qui regarde aussi la question de l’insécurité au travail des jeunes, des allochtones et des personnes handicapées. Le fait que Michel Bovy, président de la CSC-Transcom, est entretemps devenu le nouveau directeur général “Stratégie et Coordination” de la SNCB ne va pas faire que du bien au syndicat.

    104. Les syndicats disposent toujours d’une énorme force. Ils constituent l’obstacle principal sur la route vers une scission de la sécurité sociale – qui conduirait sans doute à un démantèlement plus rapide. Leur force de mobilisation reste sans égale. Mais ils sont complètement intégrés à l’appareil d’État. L’action sert exclusivement à soutenir leurs positions dans les organes de concertation. Marquer un point dans les médias et obtenir le soutien de quelques politiciens est considéré plus important qu’une ferme mobilisation. À la base, on est conscient de cette force potentielle. On aimerait l’utiliser pour pousser les patrons et les politiciens à être plus consensuels. Mais la direction syndicale préfère les négociations et le lobbying. Cela explique pourquoi elle oeuvre bien plus au sabotage des mobilisations qu’à leur organisation. Un militant du PSL le formulait ainsi : « Les directions syndicales prennent moins de temps pour organiser une manifestation ou une grève nationale que le travailleur moyen n’en prend pour organiser son anniversaire ». Cela conduit tout droit à la frustration.

    105. En plus, ces directions syndicales viennent systématiquement nous donner des leçons sur la nécessité de voter pour des partis progressistes afin de stopper la machine d’austérité de la droite. Mais ça fait des années déjà que nous subissons des assainissements opérés justement par ces soi-disant “partis progressistes”. Dans la période à venir, une dimension supplémentaire vient cependant s’ajouter : si les syndicats continuent à compter sur les sociauxdémocrates, les chrétiens-démocrates et/ou les verts, ce sera alors le parti le plus libéral de tous les partis flamands, la N-VA, qui recevra l’opportunité de se présenter comme “le seul parti qui lutte réellement contre les assainissements qui nous sont imposés par le niveau fédéral”. À Bruxelles et en Wallonie, le FDF menace de prendre une position similaire – tout en tenant évidemment compte des réserves à ce sujet que nous avons déjà écrites plus haut. En plus de tout ça, les provocations mutuelles des partis communautaires vont venir semer la discorde dans la solidarité nationale.

    106. Les nombreux licenciement de délégués syndicaux s’explique en partie du fait que nous sommes maintenant dans une période d’avant élections sociales (la période “de solde” pour le licenciement des délégués), mais aussi de ce que nous nous trouvons en ce moment dans une période de préparation de plus grandes tensions sociales. C’est tout simplement honteux de voir le sommet syndical laisser la lutte contre ces licenciements aux secteurs, aux régions, aux délégations syndicales dans les entreprises, et parfois même tout simplement aux délégués eux-mêmes. Cela ouvre complètement la voie au patronat. On n’attend ni de De Leeuw, ni de Demelenne, ni de Rolin, ni de Cortebeeck, ni de son successeur Marc Leemans qu’ils se présentent à chaque piquet pour une visite de politesse (bien que cela soit permis), mais surtout qu’ils donnent des mots d’ordres avec lesquels on puisse commencer à remporter des victoires. Quand les négociateurs gouvernementaux ont voulu vider le statut du personnel de Bruxelles-Propreté en le transférant de la région aux communes (en tant que partie de l’accord sur la réforme de Bruxelles), les travailleurs sont sortis dans la rue avec fureur. Pour les 540 membres du personnel, cela aurait signifié une perte de 150 euros par mois, en plus de la crainte d’une privatisation.

    107. La CGSP et la SLFP (sections services publics de la CGSLB) ont reconnu l’action à toute vitesse, avec un préavis de grève, mais ce n’était pas leur propre initiative. Les travailleurs avaient décidé d’arrêter la collecte des déchets et ont occupé les carrefours centraux. Ils ont mis le feu aux déchets. Toutes les entrées de la ville étaient bloquées. Les travailleurs se sont rendus au bâtiment du gouvernement bruxellois et y ont jeté des oeufs et des pierres. Pendant des heures, tout le centre de Bruxelles était bloqué. Toute la journée, l’action était à la une des médias nationaux. « Comment faire ? On devrait aller se promener un peu, faire un petit pique-nique ? Nous devons montrer que nous sommes fâchés ! On n’est pas des gamins qui allons faire mumuse dans la rue ! », disait un travailleur sur TV Brussel. Cela illustre à quelle vitesse les choses peuvent se développer. A Bruxelles- Propreté, il y a d’ailleurs autant de francophones que de néerlandophones, autant de Belges que d’immigrés. Le secrétaire d’État compétent, Emir Kir, a rapidement fait savoir que le statut était garanti et que la privatisation n’était pas à l’ordre du jour. Après les métallos le 24 mars, c’est la seconde fois cette année que les travailleurs font comprendre qu’ils ne sont pas d’accord avec de simples promenades de rue. 108. « Si chaque réforme annoncée mène à des actions aussi dures, on ne va jamais pouvoir avancer », se plaignait Karel Van Eetvelt de l’UNIZO. « Une grève sauvage, voire une grève politique comme maintenant, sans préavis de grève ni tentative de conciliation préalable, est irresponsable. Cela ne fait pas non plus de bien à l’image du syndicat », croyait-il bon d’ajouter. Van Eetvelt appelle à une limitation du droit de grève, ou du moins à endiguer le droit de grève dans des canaux contrôlables. Parce que c’est bien cela l’enjeu pour le patronat : là où c’est possible – service minimum, tout en soumettant le plus possible le droit de grève à des règles strictes qui font que les grévistes potentiels sont déjà démoralisés avant même de commencer. L’action des éboueurs bruxellois a été un sérieux avertissement. Van Eetvelt peut tout de suite se faire une image de la pression qui va s’exercer sur les dirigeants syndicaux dès que la politique d’assainissements va se durcir. Ceux-ci vont sans doute tenter de saboter les actions en insistant sur les difficultés à mettre sur pied ce gouvernement, sur les dangers liés à la chute du gouvernement, sur la menace que représente la N-VA pour la stabilité du pays, pour le maintien de la solidarité et pour la sécurité sociale. Ils vont de nouveau jouer la carte du moindre mal. Cela aura un effet sur quelques couches, mais chez d’autres, cette option est aujourd’hui totalement épuisée.

    Les partis amis regardent dans l’autre direction

    109. Tant que les appareils syndicaux peuvent se coller aux organisations politiques amies, cela devient toujours plus difficile. Le tournant flamingant du CD&V et le fait que les représentants de la CSC quittent un à un le bateau le rend de plus en plus difficile à la CSC d’expliquer les relations privilégiées avec la CSC. Il y a toujours encore une aile qui est fidèle au pilier social-chrétien. Mais la confiance en elle-même de cette couche pour introduire et intégrer des autres dans ce pilier disparait. De plus en plus de militants à la base n’ont que peu d’affinités avec ce pilier. De plus, les différentes centrales sont tout le temps en bagarre les unes avec les autres. La LBC (la CNE flamande) surtout est dans un état permanent de guerre froide contre les manoeuvre proprement scandaleuses de la coupole de la CSC. Il y a besoin de militants combatifs et actifs qui peuvent tirer la base avec eux. De là l’espace qui est donné au cadre moyen combatif pour défendre les intérêts de leurs membres. 110. Pour la FGTB flamande, ABVV, l’attitude de la direction syndicale face au parti ami devient petit à petit une farce. L’hypocrisie du sommet du SP.a, son nombre de ‘’parvenus’’, l’arrogance face au syndicat, y compris face à ses dirigeants, dépasse toute imagination. Qu’importe ce que l’ABVV essaye, les travailleurs ne retourneront pas vers ce parti. Ce n’est pas cette hirondelle solitaire, qui d’ailleurs elle aussi a déjà sa petite odeur, Daniël Thermont, qui pourra massivement rappeler les travailleurs vers le SP.a, certainement pas à l’extérieur de Gand, où il est bourgmestre. Les sections du parti sont proches de la mort clinique. La direction du syndicat ne l’admet pas, mais elle le comprend bien, d’où son attitude relativement plus ouverte envers ce qui se trouve à gauche du SP.a. Si demain le gouvernement sort le type d’assainissement qui est en préparation, même sous la forme de la note de Di Rupo, le fossé s’approfondira. Les directions syndicales, tant de l’ABVV que de l’ACV, le comprennent elles aussi. Elles commencent donc à parier sur plusieurs chevaux. A l’ACV, cela s’appelle le fait qu’il peut y avoir plusieurs amis politiques à côté de ceux du CD&V. A l’ABVV, on louche en direction de l’autre ‘‘parti progressiste’’. Mais à la base du syndicat, cela n’accroche pas avec les verts de Groen.

    111. Le PTB l’a compris et essaye de se faire remarquer aussi un peu par les directions syndicales. L’époque où il disait qu’il n’y avait pas besoin d’un parti des travailleurs mais d’un parti communiste est loin derrière nous. Il essaye aujourd’hui d’apparaître coûte que coûte et pour cela il a, tout comme les partis traditionnels, pris engagé une agence de publicité. En termes de programme et de style, il essaye d’être raisonnable et dynamique, avec des actions spectaculaires, comme celle vis-à-vis d’Electrabel, tant que cela reste dans les limites de ce qui reste acceptable pour les directions syndicales et son public d’artistes progressistes. Les revendications traditionnelles du PTB telles que la nationalisation du secteur pharmaceutique ou des banques et des holdings, ont fait place au modèle des offres publiques avec ce qu’ils ont appelé le modèle kiwi et à une banque publique. Dans le secteur de l’énergie cela prend la forme d’une réduction de la TVA. Dorénavant, plus un mot de critique sur le rôle des dirigeants syndicaux, puisque ceux-ci pourraient décliner d’être orateurs à des évènements du parti tels que Manifiesta. Le parti et le syndicat, et par extension les mouvements sociaux, sont maintenant devenus deux choses qui doivent être séparées. Cette ambigüité a déjà mené à la capitulation scandaleuse du PTB lors de l’exclusion de tous les cinq secrétaires du Setca/BBTK industrie pour BHV.

    Nouveau Parti du Travail

    112. Le PTB a mal compris le slogan pour un nouveau parti des travailleurs. Avec cela, nous entendons un parti de lutte qui essaye d’unifier toutes les tendances qui sont prêtes à mener la lutte contre les assainissements. Un parti, donc, pour l’unité dans l’action qui assure parallèlement que de l’espace soit laissé au débat, y compris par des courant publiquement organisés. Le programme d’un tel parti serait probablement réformiste, surtout tant que le mouvement n’a pas encore conduit à une compréhension plus profonde l’expérience concrète de la lutte de masse. Mais son existence à elle seule assurerait un instrument important pour les travailleurs et les jeunes. L’orientation vers l’action et la liberté de débat stimulerait une implication active et en ferait un réel instrument de travail. Evidement, cela implique des dangers. La liberté de débat ne peut pas dégénérer en champs de batailles d’idées tout comme l’unité dans l’action ne peut pas être instrumentalisée pour étouffer la liberté politique. Il s’agit de trouver un équilibre correct, justement en faisant une distinction entre l’essentiel et l’accessoire.

    113. Mais ce n’est pas comme cela que le PTB l’a compris. Il a pris comme vérité les fables qu’il a raconté à propos de notre appel, que nous voulions créer un nouveau SP ou un nouveau PS. Il veut luimême devenir ce nouveau parti des travailleurs, mais dans sa version monolithique et réformiste, où l’on n’attend pas de la base qu’elle prenne des initiatives incontrôlables et participe au processus de décision, mais seulement qu’elle soit présente aux fêtes du parti et apporte des voix. Tant que la classe ne se met pas en mouvement et que les partis ne sont pas testés sur le terrain, le PTB peut apparaître comme la meilleure offre disponible pour ceux qui en ont marre de la rhétorique du moindre mal. Pour cela, le parti est prêt à tout, y compris à adopter des campagnes politiques infantiles. Nez rouges, ‘‘révolutions des frites’’, on ne peut être plus ludique. Les conditions pour devenir membre sont quasiment inexistantes. Un sms et des opinions vaguement à gauche ou belgicistes sont suffisantes. C’est le nombre qui compte, pas la qualité, y compris dans le travail vers la jeunesse.

    114. De cette façon, ils attireront certainement quelques travailleurs et quelques jeunes combatifs et conséquents. Mais continuer à assurer cette périphérie large absorbera une grosse partie de l’énergie. Des tâches organisationnelles croissantes ramèneront la politique de plus en plus à l’arrière fond. Il faudra inventer à chaque fois de nouvelles actions ludiques, de nouveaux films et de nouvelles fêtes de plus en plus grandes. Lors de revers ou lorsqu’il faudra aller à contre courant, cette large périphérie risque de décrocher et la démoralisation peut s’incruster. La grande partie de la périphérie du PTB est attirée par la possibilité d’un score électoral. Cela stimulera encore la dynamique pour consacrer toute l’attention sur ce terrain. Cette nouvelle base poussera à des participations à des coalitions dès que cela deviendra possible sur le niveau de conseils de district ou de conseils communaux ‘‘pour réaliser une partie du programme”. La direction actuelle est en faveur de cela. Avec les concessions qu’elle est prête à faire pour se faire voir, on peut déjà s’imaginer que le prix qu’elle acceptera pour participer à des coalitions ne sera pas grand-chose.

    115. En Wallonie et à Bruxelles c’est le même processus qui est à l’oeuvre. Depuis longtemps le CdH n’est plus le seul parti politique ami du Mouvement Ouvrier Chrétien. Le PS et ECOLO le sont tout autant. Dans notre texte de Congrès de 2010, nous avons accentué que le processus de bourgeoisification se déroule aussi au sein du PS mais que ce parti n’a pas perdu en crédit dans la même mesure que le SP.a. Pendant des années, le PS a pu se cacher derrière ‘‘l’Etat CVP’’ et plus tard derrière le fait qu’il était confronté à une majorité flamande de droite. Malgré sa participation gouvernementale systématique, il a toujours pu continuer à se profiler comme opposition. Le transfert de compétence vers les régions met le parti en difficulté. Ce n’est pas une coïncidence que c’est justement dans l’enseignement qu’ECOLO a réussi à se construire une position. Dans notre texte de 2012, nous avons aussi soulevé un autre phénomène, c’est-àdire que la classe ouvrière wallonne ne s’est jamais autant laissé cadenasser dans un corset de parti politique. Nous nous sommes référés aux traditions anarcho-syndicalistes et à la manière dont cela laissait l’espace çà l’intérieur des syndicats pour critiquer le PS. Cela a aussi assuré que la gauche radicale en Wallonie était historiquement plus forte qu’en Flandre sur le plan électoral alors que sur le plan organisationnel, c’était souvent l’inverse.

    116. La réaction du PTB est par conséquent quasiment identique à celle du PVDA en Flandre. Son programme et son style son à peine différents. Le parti organise probablement plus de militants syndicaux combatifs. C’est en soi une réflexion de la plus grande liberté de critique qui existe dans les syndicats. A terme, cela pourrait poser des problèmes au PTB lorsqu’une confrontation aura lieu entre la base et la direction des syndicats. Le travail parmi la jeunesse du côté francophone semble moins apolitique qu’en Flandre. Cela reflète probablement l’atmosphère politique de la dernière année, qui était sans doute plus favorable à la gauche du côté francophone que du côté néerlandophone. Mais il s’agit de nuances, pas d’approches fondamentalement différentes. En Wallonie et dans une moindre mesure à Bruxelles, les traditions historiques jouent en faveur de ce qui se trouve à la gauche du PS, tout comme le fait que pour le PS il devient de plus en plus difficile de prétendre qu’il n’est pas responsable pour les assainissements. Mais c’est en Flandre que l’espace à gauche est le plus grand et où une percée électorale de la gauche devient probablement possible en premier lieu.

    Nouveau parti des travailleurs

    117. Le PTB n’est pas immédiatement le meilleur instrument pour remplir l’espace existant à gauche. Ce parti porte derrière lui un passé horrifiant qui continue encore aujourd’hui à en repousser beaucoup. Si les syndicats ou des secteurs importants de ceux-ci lanceraient un appel pour former un nouveau parti des travailleurs, cela aurait un succès incroyable. L’enthousiasme initial pour Sleeckx ou maintenant pour De Bruyn illustre la soif de beaucoup pour une alternative à gauche plus large et plus ouverte. Le résultat du Front des Gauches aux élections fédérales de 2010, malgré sa faiblesse organisationnelle et son manque relatif de notoriété confirme ses mêmes sentiments en Wallonie et à Bruxelles. Nous avons déjà expliqué de façon approfondie dans des textes précédents où le CAP et Sleeckx ont raté leur chance.

    118. La campagne pour 2.000 sympathisants pour le Front des Gauches et pour le transformer ainsi en un mouvement de membres n’a ainsi jamais démarré. Avec le PH et le CAP, le PSL a tout essayé de casser les réticences. Mais la LCR n’a pas voulu céder, officiellement parce que cela aurait été prématuré. Nous soupçonnons toutefois que cela avait plus à voir avec des intérêts internes au NPA français et puis à leur position sur le PTB. Un positionnement clair de la part du PC et le commencement de la campagne, si nécessaire à 4, aurait probablement fait changer la LCR d’inclinaison. Mais le PC n’a pas réussi à se mettre d’accord et la LCR n’a pas cessé d’instrumentaliser la division interne au PC pour enlever ce point de l’ordre du jour. Le courant dans le PC, surtout à Liège, qui était gagné à une collaboration plus étroite avec le PTB a par conséquent eu le dessus. Le PTB va probablement absorber ce courant. Le Front des Gauches est ainsi en hibernation.

    119. Erik De Bruyn et le noyau qui a transformé SP.a- Rood en Rood! sont convaincus que le prédécesseur du PSL a quitté trop vite le SP. Nous pensons au contraire qu’il est possible que De Bruyn est arrivé deux fois en retard. Une première fois pour la construction d’un parti révolutionnaire. Lorsque le Vonk s’est scissionné le 9 février 1992 en deux parties quasi littéralement égales, les deux groupes se valaient. Nos prédécesseurs avaient un léger avantage numérique. Mais le groupe dont De Bruyn faisait partie était composé des militants plus âgés avec des positions syndicales et du petit groupe francophone. Ou bien ce groupe avait une perspective erronée, ou bien ils étaient des incapables. Mais quelque chose doit expliquer pourquoi le PSL est aujourd’hui sur le plan numérique, parmi la jeunesse, parmi les milieux syndicaux et dans la partie francophone tellement plus fort que les restants du Vonk. Nous pensons que cela a à voir avec leurs perspectives.

    120. De Bruyn et le noyau autour de lui diront qu’ils doivent leur position publique au fait qu’ils sont restés si longtemps à l’intérieur du SP.a. Il est vrai qu’en 1992, un ancien vonkiste n’aurait jamais obtenu cette notoriété. Il a fallu une défaite électorale historique de trop, des frustrations dans le cadre moyen du parti, une hémorragie totale au SP.a et des concessions sur son programme avant que cela ne soit possible. Mais cela aussi a eu son prix. Rood paie cash l’hémorragie sur le terrain sur lequel il était auparavant actif. C’est ce qui explique sa faiblesse numérique et organisationnelle, ce qui pourrait faire que Rood soit incapable de saisir son potentiel indéniable. Si De Bruyn avait encore plus attendu de quitter le SP.a, il ne serait pratiquement plus rien resté. Le PTB est évidemment conscient de la faiblesse de Rood!. Dans le cadre des négociations pour le cartel pour les élections communales de 2010, il l’a clairement laissé paraître. Pourtant, ils ne sont pas à 100% sûrs de ce que Rood! pourrait devenir entre aujourd’hui et le seconde moitié de 2012. Il trouve probablement inquiétant que le PSL s’est assis à la table.

    121. Le futur de Rood! Est incertain. Sans transfusion de la part du PSL, les possibilités de survie sont limitées. Mais nous ne voulons pas d’un deuxième scénario CAP où le PSL s’engage de toute sa force, mais ne se heurte qu’à l’incompréhension, la méfiance et l’interdiction de continuer à fonctionner comme PSL. Selon nous, Rood! a le potentiel de se développer ou de tout au moins faire partie du processus de formation d’un nouveau parti large de lutte alors que le PSL a l’ambition de former le squelette autour duquel pourra se former un nouveau parti révolutionnaire de masse. Les deux sont nécessaires. Nous n’allons que graduellement faire adhérer nos militants à Rood pour ne pas donner l’impression de le submerger. Nous l’avons ouvertement discuté avec De Bruyn et ses collaborateurs les plus proches. L’équipe autour de De Bruyn est politiquement plus forte et stable que celle autour de Sleeckx. Cela constitue un avantage considérable. Cela sauvegarde Rood des rumeurs, des ragots et des théories du complot qui ont complètement l’atmosphère du CAP malsaine. Cela protège également Rood contre les erreurs médiatiques que nous avons subies avec le CAP. De plus, une meilleure compréhension politique est garante d’une volonté d’écoute que le CAP évoquait à haute voix mais mettait très peu en pratique. Il ne s’agit que d’une première impression, mais c’est notre sentiment qu’un argument est ici jugé sur base de son contenu et non sur base de sa place dans l’un ou l’autre complot fictif.

    122. La faiblesse organisationnelle de Rood et la conjoncture de la lutte des classes font que beaucoup de syndicalistes prendront plutôt une attitude attentiste. C’est une donnée objective que nous ne pouvons pas changer à court terme. Mais ce que nous pouvons, c’est renforcer l’enthousiasme existant par une présence qualitativement attractive. Nous espérons que cela peut assurer l’implication critique nécessaire pour aider Rood à devenir un projet viable. Il faut être conscient de la volonté d’unité. Il faut donc accentuer le potentiel d’une formation de lutte ouverte et de gauche et de la liberté de discussion. Il ne faut pas cacher nos critiques sur le programme et le profil de Rood, mais il faut amener cela de façon positive et constructive, entre autres par le fait de nous concentrer sur l’essentiel et de ne pas nous perdre dans les détails. Rood doit utiliser sa plateforme publique pour devenir un porte-voix de travailleurs et de jeunes combatifs. Elle peut stimuler le débat dans le mouvement ouvrier sur les assainissements qui s’annoncent. Il n’est quand même pas possible que le chef d’orchestre de l’assainissement, la N-VA, reçoit un blanc-seing pour se mettre en avant comme le seul opposant aux assainissements – ne serait-ce que parce qu’elle refuse de dépanner le gouvernement fédéral – alors que les syndicats n’offrent à leur base que des partis qui appliquent l’austérité.

    123. Il faudra encore réfléchir sur la formulation exacte, mais les prochaines semaines, Rood devrait produire un tract à ce propos. Démarrer ce débat dans des délégations syndicales nous semble le plus important de ce que les syndicalistes peuvent faire avec Rood. Nous n’allons évidemment pas appliquer une auto-censure. Nous avons le droit de défendre notre programme entier en tant que PSL, nous nous accrochons à notre liberté organisationnelle et à notre droit de diffuser nos propres publications. Mais nous devons également être sensibles à ces travailleurs et à ces jeunes qui sont attirés par Rood. Ils ne peuvent pas avoir l’impression d’avoir atterri au PSL au lieu de chez Rood. Il n’est pas du tout nécessaire de vendre notre journal à chaque meeting de Rood. Un membre ou deux peuvent très bien le faire. Dans un petit meeting ou quelques uns de nos membres sont présents, il peut être utile de préciser que nous sommes membres du PSL, mais pas si la moitié des présents le font. Nous voulons que Rood devienne un organe de lutte ou la règle est la liberté de débat. Des interventions éternelles ou tirer des grimaces lorsque l’on n’est pas d’accord avec l’orateur ne font pas partie de cette approche. Notre point de départ n’est pas de battre des concurrents ou de démontrer notre supériorité, mais de construire Rood, d’argumenter notre position le mieux possible et de faire des contacts. Evidemment nous exigeons notre liberté politique.

    124. Notre tâche la plus importante continue d’être la construction du PSL. Dans les années ’90, dans des conditions beaucoup moins favorables, nous avons réussi à tripler le nombre de nos membres, principalement avec des campagnes de jeunes organisées autour de notre campagne Blokbuster. Lors de la décennie suivante, nous avons à nouveau triplé notre nombre de membres, dans ce cas surtout grâce à nos interventions dans le mouvement antimondialisation. Pendant tout ce temps, le degré moyen d’activité, la contribution financière moyenne et la distribution moyenne de nos publications ne s’est pas affaiblie, mais s’est renforcée. Les dernières années étaient très difficiles à cause de l’effet étouffant des querelles communautaires et de l’impasse politique. Surtout en Flandre, nous avons dû nous accrocher à ce que nous avions. Mais nous avons consacré ce temps de façon utile de façon à construire nos positions syndicales, pour sauvegarder au mieux nos positions parmi les jeunes, et pour améliorer nos publications. Sur base des premières réactions obtenues à l’occasion de nos meetings d’ouverture aux universités, nous avons le sentiment que le pendule retourne à gauche. C’est probablement une indication de ce qui vit parmi des couches plus larges. De plus, nous avons réussi dans cette dernière période à jeter les bases d’un travail crucial parmi els étudiants du secondaire. L’ambiance internationale et aussi nombre de percées du CIO vont bien nous servir en Belgique. Nous pensons que les conditions sont favorables à au moins tripler notre nombre de membres durant cette décennie. Ainsi, le PSL s’approcherait des 1.000 membres. Si nous sommes capables de réaliser cela sans perdre en degré d’implication de nos militants, nous serons une force avec laquelle il faudra tenir compte et que l’on ne pourra pas tout simplement ignorer.

  • ‘‘Le PS nous a trahi, humilié et abandonné’’

    C’est ce que dénonçaient les tracts des militants de la CGSP du Hainaut occidental venus manifester ce dimanche à Tournai, alors que le ministre-président de la Région Wallonne et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rudy Demotte, présentait ses vœux de nouvel an. ‘‘Le PS a sacrifié les travailleurs sur l’autel de l’accord gouvernemental’’ proclamait encore, avec raison, le tract de la CGSP. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois…

    Nous avons déjà à de nombreuses reprises abordé sur ce site, dans notre mensuel et dans nos tracts la nécessité de rompre les liens qui unissent les structures syndicales aux partis traditionnels, PS en tête (lire, entre autres, Rompre les liens entre les directions syndicales et les partis de l’austérité MAINTENANT !). Ce constat, nhous ne sommes pas les seuls à le constater, et cette situation est critiquée de plus en plus fortement.

    Après les déclarations de Nico Cué, le président des métallos Wallonie-Bruxelles de la FGTB (notamment dans son article ‘‘‘‘Un ‘‘socialiste’’ au ‘‘16’’, le socialisme au tapis.’’), après l’action des militants de la CNE (syndicat des employés de la CSC) devant le siège du PS Boulevard de l’Empereur à Bruxelles ce 22 décembre, après encore la manifestation des militants de la FGTB de Verviers devant le siège local du PS ce même jour de grève générale des services publics, voilà une autre action destinée à dire : ‘‘Ils ne nous représentent plus.’’

    Des années durant, le PS a tenté de se cacher derrière ‘‘l’Etat CVP’’, puis ‘‘les partis flamands’’. C’est, maintenant que Di Rupo est premier ministre, particulièrement plus difficile de faire reporter la responsabilité de la politique de casse sociale sur les autres. Nous voyons où nous ont conduit toutes les belles déclarations concernant le rôle de ‘‘moindre mal’’ joué par le PS : le gouvernement Di Rupo 1er sera rentré dans l’histoire comme le parti le gouvernement le plus rapidement confronté à une grève générale, et avec dans ses valises le plus grand plan d’austérité. La colère gronde parmi la base syndicale, et plus largement parmi la population, face aux hausses des prix, aux attaques contre les pensions, le chômage des jeunes,…

    Il est plus que nécessaire de lutter contre ce gouvernement et son avalanche d’assainissements. Le 30 janvier a été avancé comme date pour une grève générale des services publics et du privé, et cette grève doit être sérieusement organisée, avec une bonne campagne de sensibilisation et de mobilisation. Un plan d’action doit être démocratiquement élaboré avec la base syndicale pour repousser toutes les attaques et défendre nos conditions de vies contre l’avidité de la dictature des marchés. Mais il faudra plus.

    Comme peut-on encore imaginer que les dirigeants de la FGTB, Anne Demelenne et Rudy Deleeuw, assistent encore aux bureaux de parti du PS et du SP.a ? Continuer à entretenir des liens avec les partis de l’austérité, c’est partir au combat une main liée au dos. Il est grand temps de rompre ouvertement tous les liens qui unissent encore les syndicats et les partis traditionnels, et de se lancer dans la construction d’un nouveau parti des travailleurs. Ce dont nous avons besoin pour renforcer nos luttes, c’est d’un outil politique qui soit le prolongement des revendications de la base syndicale et qui pourrait rassembler tous ceux qui veulent lutter contre la logique d’austérité et la politique néolibérale.

  • Rompre les liens entre les directions syndicales et les partis de l’austérité MAINTENANT !

    Le gouvernement Di Rupo 1er a déjà engrangé un beau record : celui du gouvernement belge à avoir été le plus vite confronté à une grève générale de l’histoire ! Comme le disait Nico Cué, le président des métallos de la FGTB pour la Wallonie et Bruxelles, en titre de son édito du 9 décembre, ce gouvernement c’est ‘‘Un ‘‘socialiste’’ au ‘‘16’’ [rue de la Loi, siège du Premier ministre], le socialisme au tapis.’’ Pourquoi encore entretenir la moindre illusion envers le rôle joué par le PS ?

    Peu avant le nouvel an, on a pu découvrir dans les pages du Soir et du Standaard, dans le cadre d’une série consacrée à la formation du gouvernement, que le formateur avait à de nombreuses reprises rencontré les membres de l’Action Commune durant l’automne. Celle-ci regroupe historiquement la FGTB et son pendant néerlandophone l’ABVV, le PS, le SP.a et les Mutualités socialistes francophones et flamandes. Le président de la FGTB wallonne, Thierry Bodson, a déclaré à ce sujet que "Elio avait un grand cahier devant lui, il nous donnait la liste des horreurs. On disait que c’était la ‘cata’ et lui répondait que ce n’était pas possible de faire autre chose! A aucun moment, il n’y a eu vraiment concertation." Un négociateur a dit aussi que les experts du PS étaient en liaison étroite avec le service d’études de la FGTB. Conclusion : les directions syndicales étaient parfaitement au courant des mesures qui allaient tomber, et contre lesquelles les militants ont fait grève par la suite. Ils savaient aussi qu’aucun changement significatif n’allait arriver dans la feuille de route du gouvernement en formation.

    Reste que, entre le 4 juillet, date à laquelle Di Rupo a publié sa note de négociation, et le 15 décembre, date de la concentration syndicale du Heysel, fort peu de choses ont été faites pour se préparer au combat. A tel point que le lendemain de la concentration syndicale, dans les pages du Soir, la première question posée par les journalistes à Anne Demelenne (secrétaire générale de la FGTB) et Claude Rolin (secrétaire générale de la CSC) était : ‘‘Vous mobilisez un peu tard non ?’’ (16/11/11)

    Cette relation étroite entre la direction la FGTB et le parti d’austérité qu’est le PS sape totalement l’idée que le dialogue social est passé par-dessus bord et que les syndicats ne savaient pas quelles mesures allaient venir. Mais cela sape aussi la crédibilité des protestations massives contre ces mesures, connues à l’avance du sommet syndical.

    Les partenaires de l’Action Commune, nous les connaissons. Tout juste après la manifestation syndicale nationale du 2 décembre, le vice-premier ministre Johan Vande Lanotte (SP.a) avait déclaré dans les pages du Soir : ‘‘Avant même d’avoir un gouvernement, on a déjà manifesté ! On est déjà en train de préparer la grève. Ce n’est pas comme ça que marche, une démocratie ! […] Évitez de vous mettre hors-jeu ! Restez dans le jeu ! Deux millions d’affiliés… Cela donne des responsabilités’’ (6/12/2011). En gros : laissez nous vous plumer, s’il vous plait… Est-ce avec ce genre de personnage qu’un syndicat de combat doit entretenir des liens ? Nous ne le pensons pas, et sommes loin d’être les seuls.

    Dans son édito du 9 décembre, Nico Cué concluait que ‘‘le PS est tout heureux d’être «responsable» et d’avoir «sauvé les meubles». Ceux de Laeken? Les travailleurs vont payer cash l’exorbitant loyer du «16, rue de la Loi». Ce n’est pas ce qu’ils voulaient. A gauche, nous avons besoin d’une politique de gauche. Comme de pain. D’une gauche offensive. D’une gauche qui rende les coups plutôt que de les encaisser. D’une gauche qui fasse changer la peur de camp. D’une gauche qui permette enfin d’envisager pour nos enfants un avenir meilleur que leur présent.’’ En disant cela, il traduit un sentiment qui vit particulièrement fort à la base de la FGTB, mais aussi de la CSC. Ainsi, lors de la grève générale des services publics du 22 décembre dernier, des militants de la CNE s’étaient rendus devant les locaux du PS à Bruxelles, Boulevard de l’Empereur. Ils étaient venus dénoncer que ce parti, pour lequel de nombreux militants de la CSC avaient voté, est devenu bien libéral. La police avait essayé de les déloger.

    Que peut-on encore attendre d’un parti comme le PS, dont les fédérations ont approuvé à la quasi-unanimité l’accord gouvernemental fédéral et la participation du PS à la tête de l’austérité ? Qu’est ce que ça vaut encore un parti ‘‘de gauche’’ qui applique une politique de droite ? Plan Global, déduction des intérêts notionnels, Pacte des Générations, ‘‘chasse aux chômeurs’’, sous-financement de l’enseignement,… la droite aurait eu bien plus de mal si le PS s’était trouvé dans la rue à organiser la lutte plutôt qu’à appliquer ces politiques aux Parlements et aux gouvernements !

    La ‘‘politique du moindre mal’’ a constitué la meilleure façon d’instaurer des mesures néolibérales par la manière ‘‘douce’’. C’est sur cette base que le SP.a n’attire déjà plus que 13% des voix en Flandre. La gauche officielle y a pratiquement disparu de la scène politique, et le vote anti-establishment s’exprime maintenant avec Bart De Wever. A-t-on vraiment envie que cette situation s’étende à tout le pays ?

    Il faut rompre les liens qui unissent les syndicats aux partis d’austérité, et MAINTENANT ! N’importe qui sait très bien que l’on ne part pas vers une victoire facile en allant se battre une main liée au dos. Les luttes syndicales ont besoin de disposer de leur propre outil politique, d’un prolongement pour leurs revendications. Le PS et le SP.a sont tout le contraire de ce prolongement. Cela signifie qu’Anne Demelenne et Rudy De Leeuw doivent prendre leurs distances des réunions de Bureau du PS et du SP.a. Rudy Deleeuw doit aussi quitter la présidence du SP.a à Denderleeuw, ville où le SP.a est en coalition avec entre autres… la NVA !

    Tant que les syndicats renverront leur base vers le PS, le CDh ou Ecolo, le populisme menacera. Les syndicats doivent rompre leurs liens avec les partis ”amis” et construire un vrai parti des travailleurs avec des hommes politiques qui bossent au salaire d’un collègue, pas à celui d’un manager. Ils n’existent pas ? Prenons-les hors des dizaines de milliers de militants syndicaux qui s’engagent quotidiennement sans aucun intérêt personnel !

    Un tel parti des travailleurs doit être pluraliste et ouvert à tous ceux qui veulent lutter contre cette politique qui rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. En Flandre, Rood !, le mouvement d’Erik de Bruyn (ancien candidat à la présidence du SP.a, qui vient de quitter ce parti) est un essai en cette direction. A Bruxelles et en Wallonie, ce potentiel existe aussi. Il est urgent d’aborder largement cette question.

    [VIDEO] Action de la CNE devant les locaux du PS

    [VIDEO] La police intervient lors de l’action de la CNE aux portes du PS

  • Vers un plan d’action anticapitaliste pour les syndicalistes et les jeunes !

    Comment pouvons-nous sauver notre niveau de vie dans la période économique la plus instable depuis la Seconde Guerre mondiale ? Telle est la question à laquelle la majorité de la population est confrontée. La croissance économique ralentit partout dans le monde. Les économistes bourgeois sont largement pessimistes : rien ne semble marcher. Pour la zone euro, les analystes prédisent une nouvelle récession au dernier trimestre de 2011, une récession qui durera en 2012. Cela signifie une nouvelle vague de licenciements et de restructurations alors que la vague précédente n’a pas finer de frapper les travailleurs.

    Par Peter Delsing, article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    Avec une nouvelle phase de la crise bancaire, le gouvernement belge – qui veut déjà appliquer la plus grande opération d’austérité de ces dernières décennies – peut voir la dette nationale exploser. Dexia a été acheté pour 4 milliards d’euros, plus 50 milliards donnés en garanties d’Etat. Et si d’autres banques venaient à être elles aussi touchées? A la mi-novembre, les actions de la KBC ont déjà perdu 11% de leur valeur après que des doutes aient été révélés concernant le remboursement de dettes, notamment d’Irlande.

    La Belgique est un des pays à avoir donné le plus de garanties d’État aux banques. Dans une telle situation, le scénario d’attaques à l’arme lourde contre nos salaires et notre sécurité sociale, suivant le modèle à l’œuvre en Europe du Sud, n’est pas inimaginable. Même si la Belgique part d’une position relativement meilleure que ces pays, la dette publique reste élevée et l’affaiblissement des instruments politiques de la bourgeoisie peut conduire à des changements rapides.

    Le 15 novembre dernier, 6.000 syndicalistes des trois principaux syndicats se sont réunis à Bruxelles. Anne Demelenne (FGTB) n’a pas exclu un e‘‘grève générale’’ en réponse à l’austérité. La manifestation nationale du 2 décembre constitue un important début de riposte de la part des travailleurs.

    Mais comment définitivement stopper les menaces d’austérité ? Comment contre-attaquer face aux agressions systématiques dont sont victimes les travailleurs depuis 30 ans, agressions ayant d’ailleurs joué un rôle crucial dans cette crise systémique ? Elio Di Rupo veut s’attaquer aux prépensions, aux soins de santé, aux chômeurs,… Les mesures telles que la réduction de la déduction des intérêts notionnels pour les grandes entreprises sont limitées et n’ont pour objectif que de présenter les attaques fondamentales contre notre niveau de vie comme faisant partie d’une politique équilibrée, où tout le monde ‘participe’.

    Rudy De Leeuw (président de la FGTB) a repris le message du mouvement Occupy quand il parle des 1% les plus riches qui décident pour les autres 99%. Mais la résistance ne peut pas se limiter à des mots. La manif du 2 décembre doit être le début d’une campagne pour préparer la base des syndicats à la grève générale, ou à une série de grèves générales pour répondre à la politique d’austérité du gouvernement.

    Luttons pour le maintien des prépensions et contre le fait qu’il soit nécessaire d’avoir 40 années complètes de travail derrière soi pour accéder à une pension complète. Quel jeune pourra encore y parvenir ? Face au chômage, défendons la diminution du temps de travail sans baisse de salaire et avec embauche compensatoire, pour que les jeunes aient des emplois avec un contrat stable et un salaire minimum de 1.500 euros net ! Stop aux statuts précaires, stop aux bas salaires !

    Les dirigeants syndicaux nationaux doivent abandonner l’illusion qu’il est possible de maintenir notre niveau de vie dans le cadre de ce système en faillite. Pour éviter une chute économique et financière il faut nationaliser le secteur financier sous contrôle des travailleurs, des consommateurs et des représentants d’un gouvernement ouvrier, de même que les entreprises qui annoncent des licenciements collectifs, notamment avec l’arme de l’occupation de l’entreprise. Construisons un rapport de force avec une forte mobilisation basée sur des comités de lutte implantés dans les entreprises, les écoles et les quartiers !

    Mais il faudra aussi réfléchir à disposer d’un prolongement politique, et donc de se distinguer très clairement du PS, qui mène la politique d’austérité du patronat. Les travailleurs et les jeunes peuvent démontrer le pouvoir qui est le leur avec des actions de masse, c’est cela qui est à la base de notre ‘‘vraie démocratie’’ ce qui, pour nous, signifie lutter pour une autre société, une société socialiste. Ainsi, les énormes ressources disponibles seront placées dans les mains du public, sous le contrôle des assemblées massives et des comités élus de la classe des travailleurs et de la jeunesse.

  • Pensionnés et pas un radis dans le caddie… NON à l’austérité!

    Les enjeux de la réforme des pensions

    Ce jeudi après-midi s’est déroulée l’Assemblée interprofessionnelle wallonne des pensionnés et prépensionnés de la FGTB. Près de 1.000 personnes se sont réunies à Ciney Expo pour y examiner la note du formateur Di Rupo et du Rapport 2011 du Comité d’Etude sur le vieillissement. Le PSL était présent, accompagnant Gustave Dache, auteur du livre ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”.

    Accompagner Gustave Dache, c’était bien entendu l’opportunité de discuter autour de notre stand des leçons de la ”Grève du siècle”. De ce fameux hiver 60-61, il en a d’ailleurs été question dans le dossier presse de la FGTB, juste avant les revendications: ”Avant de persévérer dans cette voie sans issue [celle de l’austérité, NDLA], les responsables politiques feraient mieux de se rappeler la grande grève de 60-61 dont on vient de commémorer le 50e anniversaire. A cette époque déjà, les travailleurs avaient lutté pour conserver et améliorer leur statut de pension. A chaque ”Loi unique”, ”Plan global” ou pseudo-”Pacte entre les générations”, les travailleurs actifs et pensionnés, avec ou sans emploi, jeunes et moins jeunes – se sont dressés massivement et fortement pour défendre leurs droits et acquis sociaux.” Hélas, malgré les très correctes dénonciations de la note ”qui ne prévoit rien d’autre que la dégradation de notre système de sécurité sociale et, donc, de nos pensions”, et malgré des revendications qui représentent de réelles avancées, aucun appel à la mobilisation. On en reste à un ”conseil aux négociateurs progressistes? 5 minutes de courage politique”. Quels négociateurs progressistes ?

    Comme le déclare très justement le dossier presse de la FGTB wallonne (chiffres à l’appui), cette note représente ”une nouvelle étape du long travail de sape de nos acquis sociaux mis en œuvre depuis 30 ans.” Mais, sur ces 30 dernières années, regardons donc depuis combien d’années le PS est au pouvoir… depuis 1988! Le ”travail de sape de nos acquis sociaux” a été depuis longtemps déjà accompagné par la famille ”socialiste” (qui n’en a plus que le nom), quand il n’a pas tout bonnement été à l’avant de l’attaque. Le PS était-il au gouvernement lors du Pacte des Générations ? Oui. Et lors du Plan Global ? Oui. Après la grève de 60-61, c’est même le PS qui a pu appliquer la Loi Unique, morceau par morceau. Nous n’avons donc pas besoin de ”5 minutes de courage politique” de la part des négociateurs soi-disant ”progressistes”, mais bien d’un plan d’action offensif destiné à défendre dans la rue et par la grève les acquis et le niveau de vie de tous les travailleurs et les pensionnés! La faiblesse appelle l’agression: le mouvement ouvrier doit montrer ses crocs et se préparer à la riposte !

    C’était la teneur de l’intervention de Gustave Dache à cette Assemblée, soulignant que les ”papys et mamys qui ont fait 60-61” étaient prêt à ”redescendre dans la rue” pour se battre contre l’austérité qu’on nous impose. ”A l’époque, on a failli avoir une marche sur Bruxelles. On nous en a empêché, mais cette fois-ci, on ne nous arrêtera pas !” Longuement applaudi, Gustave terminait en lançant un appel clair à Anne Demelenne, secrétaire générale de la FGTB, à ”déposer demain un préavis de grève générale à Elio Di Rupo”, qu’il a qualifié de ”démolisseur” de notre sécurité sociale.

    Vous retrouverez l’intégralité de l’intervention de Gustave Dache sur ce site dans les jours qui viennent.

    Les militants du PSL présents ont pu distribuer notre tract et proposer notre matériel politique. Nous avons ainsi pu vendre les derniers exemplaires disponibles du livre ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61”, ainsi qu’une quinzaine d’exemplaires de notre mensuel, Lutte Socialiste.


    Suite au succès remporté par le livre de Gustave, une nouvelle édition est en préparation. N’hésitez pas à passer commande au 02/345.61,81 ou à redaction@socialisme.be !


  • Nationalisation d’ArcelorMittal sous le contrôle des travailleurs

    Sauvons l’emploi, pas les profits !

    Hier soir, c’est une véritable bombe sociale qui a explosé en région liégeoise : le groupe ArcelorMittal a annoncé la fermeture définitive de la phase à chaud liégeoise. Plus de 600 emplois directs sont concernés, sans parler des centaines de sous-traitants ou encore de l’impact destructeur sur le budget de Seraing. Pourquoi ne pas nationaliser ArcelorMittal? C’est ce qu’ont officiellement demandé les syndicats d’ArcelorMittal à Elio Di Rupo : mettre un milliard d’euros sur la table avec l’argument que la Belgique a bien pu sortir 4 milliards d’euros en un week-end pour Dexia…

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    Manifestation de solidarité avec les travailleurs d’ArcelorMittal à l’appel du front commun syndical CSC-FGTB ce mercredi 26 octobre, à 10h, place communale à Seraing, devant l’Hôtel de ville.


    ArcelorMittal : même patron, même combat !

    Comme le dénonce le communiqué de presse du Comité NPA Transfrontalier Longwy-Luxembourg (54) : ‘‘Au Luxembourg, après la délocalisation du service informatique, ArcelorMittal vient d’annoncer la fermeture ‘‘provisoire’’ de l’aciérie et de l’un des deux laminoirs de Schifflange, tandis que la production au site de Rodange passera de deux à un poste/jour. Avec la complicité du gouvernement luxembourgeois, qui est toujours actionnaire chez ArcelorMittal, 600 métallos vont se retrouver dans cette fameuse ‘‘cellule de reclassement’’ où l’État, venant en aide à ces pauvres actionnaires, paiera une grosse partie des salaires des travailleurs ! Quant aux innombrables emplois qui vont se perdre dans le secteur de la sous-traitance, on n’en parle même pas.

    En France, après l’extinction du site Gandrange, le couperet vient de tomber, sur le site de Florange-Hayange : 1.100 ouvriers vont se retrouver au chômage technique, au moins 400 intérimaires verront leur contrat résilié. (…) pour stopper la rapacité des actionnaires d’ArcelorMittal, pour contrer la ‘‘concurrence libre et non faussée’’, il faut d’autres arguments: un combat qui s’étend sur l’ensemble du groupe ! Donner une dimension internationale à l’action est nécessaire ! Les métallos doivent se donner tous les moyens de combat possible en exigeant la coopération des syndicats au-delà des frontières nationales.’’

    Solidarité internationale, pour une lutte internationale !

    ‘‘Bande d’hypocrites, vous avez donné plein d’espoirs aux travailleurs en leur disant ‘‘soyez compétitifs et ça va allez’’. Et les travailleurs ont accepté de faire des efforts et des sacrifices. Tout ça pour fermer ! Et bien si Mittal ne veut plus de l’outil, on va le reprendre.’’ Voilà ce qu’a déclaré Francis Gomez, président des métallos de la FGTB tandis qu’Anne Demelenne (secrétaire générale de la FGTB) et Thierry Bodson (président de la FGTB Wallonne) ont été reçus aujourd’hui par le formateur Elio Di Rupo et lui ont donné le plan de nationalisation d’un milliard.

    Très nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, sont tout simplement choqués par le cynisme de la direction du groupe, par toutes les belles promesses non-tenues en échange d’une flexibilité accrue. Les travailleurs se sentent tout simplement plumés, et avec eux toute la société. Les syndicats font bien de le relever, cet évènement se produit dans un contexte bien particulier après ce qui est arrivé à Dexia.

    D’autre part, remuées par cette annonce, différentes données refont surface. Comme celles du dossier du magasine Trends-Tendances datant d’il y a un an (les ‘‘20 plus gros employeurs qui ne paient pas d’impôts’’). Dans celui-ci, ArcelorMittal figurait en bonne compagnie (Belgacom, Delhaize,…). En 2009, comme l’avait révélé le service d’étude du PTB, la filiale financière ArcelorMittal Finance & Service Belgium avait payé un impôt de 496 euros… Chiffre qu’il faut comparer au 1,3 milliard d’euros de profit de cette année. Bien peu de personnes peuvent se vanter d’avoir un taux d’imposition de 0,00038 % (le taux officiel pour les sociétés est de 33,99%). Qui a dit que les entreprises sont trop taxées en Belgique ? Selon Trends-Tendance, en 2010, les bénéfices étaient de 2,9 milliards de dollars, et de 1,1 milliard de dollars durant le seul premier trimestre de 2011. Du propre aveu d’Etienne Botton (porte-parole d’ArcelorMittal à Liège), le montant des impôts payés en 2009 est dû au système de la Déduction des Intérêts Notionnels. Rappelons que ce système avait été défendu par l’argument que la mesure visait à préserver l’emploi en Belgique… En bref : Take the money and run !

    Quel type de nationalisation ?

    Le 12 mars 2003, quand le groupe Arcelor (repris par le groupe Mittal en 2006) avait décidé la fermeture de la phase à chaud de Cockerill Liège, pas moins de 50.000 personnes avaient participé à une manifestation contestant cette décision. Ce nombre à lui seul exprime le potentiel de solidarité qui est présent : il s’agissait de la plus grande manifestation ouvrière dans la Cité Ardente depuis la grande grève générale de 1961 ! D’autres secteurs avaient débrayé et des métallos français ou allemands étaient également venus. A l’époque, nous avions écrit : ‘‘La manifestation dégageait à la fois un sentiment de force et d’impuissance. Force de la mobilisation. Impuissance de la direction politique. Les travailleurs de Cockerill suivent leurs délégués syndicaux qui suivent les secrétaires syndicaux qui suivent les politiciens locaux! Non pas que les travailleurs fassent confiance aux politiciens traditionnels (lors du meeting à la fin de la manif la seule évocation des responsables politiques provoquait une vague de huées et de sifflets). Mais faute d’alternative politique, les travailleurs suivent avec méfiance. Au meeting final, lorsqu’un responsable syndical en appelle à la nécessité de légiférer pour empêcher que cela ne reproduise plus, mon voisin, un ex-ouvrier de Continental venu par solidarité, me dit: "Tu vois, il nous a déjà laissé tomber! Il parle pour le futur!"

    2003 : Le PSL, à l’époque Mouvement pour une Alternative Socialiste, était intervenu dans les diverses manifestations et actions (ici au Grand Duché du Luxembourg) en défendant la nationalisation de Cockerill sous le contrôle des travailleurs, sans rachat ni indemnité.
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    Nous avions à l’époque distribué un tract défendant la nécessité de la nationalisation de Cockerill sans rachat ni indemnité et sous contrôle ouvrier comme seule manière de préserver l’emploi. Certains avaient alors critiqué cette revendication comme hors de portée, mais nous ne pouvons que constater aujourd’hui que la situation est arrivée à un cul-de-sac.

    La nationalisation est la seule solution, mais pas n’importe quelle nationalisation ! Les responsables de la Région wallonne sont incapables de diriger une sidérurgie. On a vu cela aux Forges de Clabecq ou encore lorsque l’État belge a racheté (à prix d’or) Cokerill-Sambre en 1981 pour ensuite transmettre l’entreprise à la Région wallonne. Quand nous parlons de nationalisation, nous ne parlons pas d’une entreprise gérée dans le cadre du capitalisme et respectant sa logique, où les moyens de la collectivité sont utilisés pour provisoirement venir ”boucher les trous” en fonction des intérêts patronaux quand un secteur n’est plus suffisamment rentable.

    Dans le cas de Cockerill-Sambre, ce processus a conduit à l’intégration dans le groupe Arcelor, la Région Wallonne restant le premier actionnaire d’un groupe essentiellement contrôlé par des fonds de pensions américains… C’est en 2006 qu’Arcelor est devenu Arcelor-Mittal suite à une OPA hostile de Mittal Steel (un rachat des actions d’une entreprise par une autre sans accord préalable), numéro un de l’acier mondial.

    La seule manière de préserver l’emploi tout en orientant l’activité vers une production écologiquement responsable et socialement utile est de procéder à une nationalisation sans rachat ni indemnité, sous le contrôle démocratique des travailleurs. Les métallos connaissent leur entreprise parfaitement et sont capables de former un collectif de direction impliquant la mobilisation de tous les travailleurs et la mise sur pied de comités de vigilance et de contrôle ouvrier qui seront les yeux et les oreilles des travailleurs sur l’entreprise. Pour voir clair dans les comptes il faut aussi la levée du secret bancaire. Sans cela, tout sera perdu à terme: le chaud, le froid, l’emploi chez les sous-traitants et dans les services. Dans d’autres pays où ArcelorMittal est implanté, la revendication de la nationalisation est aussi discutée, comme en Algérie, où une grève générale a éclaté sur cette question en mai de cette année, ou au Kazakhstan.

    A terme, un tel type de nationalisation ne saurait être viable qu’avec l’instauration d’une société où les secteurs clés de l’économie (notamment ceux de l’énergie et des banques) seraient retirés des griffes du privé pour être collectivisés dans le cadre d’une économie démocratiquement planifiée, c’est-à-dire totalement soustraite du chaos de l’économie capitaliste.

    Nous proposons:

    • La nationalisation sans rachat ni indemnité. Sans rachat car on ne doit pas payer une deuxième fois ce que les travailleurs ont déjà payé une première fois par leur travail et leur santé.
    • L’ouverture des livres de comptes et la levée du secret bancaire de l’entreprise et de ses filiales. Les travailleurs ont le droit de savoir où est passé l’argent et qui en a profité.
    • Afin d’assurer à chacun un emploi, le PSL défend les 32 heures, partout, sans perte de salaire et avec embauche compensatoire
    • La mise sous contrôle ouvrier. Aucune confiance aux politiciens ni à la Région Wallonne pour gérer l’entreprise. Il faut élire à Cockerill dans chaque atelier et dans chaque pause des délégués à un comité de contrôle ouvrier (beaucoup plus nombreux que les délégations syndicales) pour assurer le contrôle de l’entreprise: contrôle des stocks, des produits finis, des commandes, des livraisons, des fournitures, des paiements bancaires, etc.
    • La nationalisation des secteurs clés de l’économie, dans le cadre de l’élaboration d’une planification démocratique de l’économie en fonction des intérêts de la majorité de la population.
    • L’instauration d’une société socialiste démocratique.
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