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Tag: Allemagne
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La jeunesse d’aujourd’hui doit lutter pour son avenir
UNE PRISON POUR LES JEUNES criminels à Everberg, ainsi qu’une autre prévue pour bientôt. Une procédure accélérée pour envoyer les jeunes délinquants vers un tribunal pour adultes…. voilà un petit aperçu des quelques réformes prévues pour le droit de la jeunesse. L’une et l’autre ont été annoncées par la ministre de la Justice Laurette Onkelinx au super conseil des ministres consacré «à la sécurité et à la justice». Les propositions d’Onkelinx se heurtent fortement à la résistance sur le terrain. Pour l’opposition de droite (N-VA, CD&V) et le Vlaams Blok ces propositions ne vont pas encore assez loin.
Emiel Nachtegael
De la protection à la répression
Ces réformes reflètent la faillite de la politique de protection de la jeunesse. Malgré les précieux efforts de nos chers ministres, la situation sociale vécue par beaucoup de familles va de mal en pis. La seule réponse du gouvernement est un combat contre les symptomes. Ainsi, dans la même optique, celui-ci propose d’imposer un stage de rééducation pour les parents. D’autre part, le gouvernement va investir davantage dans ce qu’il appelle «les peines alternatives». Mais ce genre de mesures n’est rien d’autre qu’un coup d’épée dans l’eau. Dans une interview avec De Standaard, Heleen Martens, présidente de l’Union flamande des Magistrats de la Jeunesse, affirme que «pour les jeunes qui n’ont plus de base solide chez eux ou qui sont en décrochage avec la société, ces mesures sont insuffisantes». Les plans annoncés n’offrent pourtant aucune perspective et passent complètement à côté de la réalité vécue par la majorité des jeunes d’aujourd’hui.
Les jeunes: premières victimes de la crise
Qu’en est-il des promesses du gouvernement pour s’attaquer au chômage chez les jeunes? De belles paroles, rien de plus. Les chiffres du chômage chez les jeunes montent en flèche depuis quelques années. En décembre 2003, environ 1 jeune sur 5 était sans emploi. Cela signifie exactement 75.801 jeunes, ou une augmentation de 4501 par rapport à décembre 2002 (+13% en Flandre, +8% en Wallonie et +9% à Bruxelles).
Des 140.000 jeunes qui arrivent chaque année en Belgique sur le marché de l’emploi, au moins 1 sur 3 reste sans emploi pendant un an (chiffres du début 2003)! Dans plusieurs villes wallonnes, plus de 30% des jeunes sortant des études aboutissent au chômage. A Charleroi, jusqu’à 43% des filles sont dans ce cas!
En face, le gouvernement Verhofstadt/ Onkelinx met en place des emplois-bidon (comme le plan Activa, troisième plan Rosetta d’Onkelinx), accompagnés de réductions de charges pour les entreprises. Les emplois proposés aux jeunes sont de plus en plus flexibles et sous-payés.
En 2003, 19.000 jeunes entre 18 et 25 ans dépendaient du CPAS. Ce chiffre s’est vu multiplié par 4 depuis 1990! 40% des jeunes sont atteints par le stress. Un enfant de 11ans (!) sur 5 manque de confiance en lui. Cette situation, sans perspective pour l’avenir, mène inévitablement à des actes de désespoir.
Nicole Caluwé, vice-présidente de l’Union Flamande des Magistrats de la Jeunesse, écrit dans De Standaard: «Les actes de criminalité de rue sont majoritairement commis par des jeunes entre 14 et 25 ans. Ensuite ils se calment, essayent d’entretenir une relation, d’avoir des enfants, de fonder une famille, mais ils échouent à nouveau. Car les années passées dans des institutions ou en prison ne leur ont rien appris. Ils sont coulés par la société. Ils deviennent des abonnés du CPAS, atteints par les drogues ou la boisson et touchant le fond financièrement. Plus tard, on les retrouve au tribunal de la jeunesse car ils ont été incapables d’élever leurs enfants.»
Nous pouvons également constater la répression qui sévit contre la jeunesse à la lumière d’une autre mesure controversée du super conseil des ministres: plus de policiers dans les rues. Concrètement: 2.500 (peut-être 4.000) futurs agents «sur le terrain» d’ici 2007. La Belgique dispose déjà maintenant de plus de 316 agents pour 10.000 habitants, c’est-à-dire plus qu’en Allemagne, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni.
Pas d’avenir?
Le gouvernement renforce donc l’appareil de répression au lieu de s’en prendre aux problèmes sociaux, bien souvent à la base de la criminalité et de la violence: la pauvreté galopante, les chiffres alarmants du chômage, le sousfinancement de l’enseignement, les mauvaises conditions de travail, etc.
Il est temps de lutter tous ensemble pour un avenir meilleur pour les jeunes. C’est pourquoi nous appelons les organisations de jeunes, et plus particulièrement les organisations syndicales, à participer avec nous à une nouvelle marche des jeunes pour l’emploi et contre le racisme!
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Allemagne: Discussion sur un nouveau parti des travailleurs
LE SAMEDI 3 avril, plus de 500.000 manifestants sont descendus dans la rue en Allemagne pour protester contre l’Agenda 2010antisocial de Schröder . A l’initiative des fédérations syndicales allemandes, 300.000 personnes ont manifesté à Berlin, 120.000 à Stuttgart et 100.000 à Cologne.
Luc Wendelen
Il s’agissait de la plus grosse manifestation contre le gouvernement SPD depuis que celui-ci a été mis en place en 1998. L’agenda 2010 prévoit de grosses économies sur les allocations de chômage, les pensions et les soins de santé, des licenciements massifs, une semaine de travail plus longue,…Selon des récents sondages, 64% de la population désapprouve ce plan , alors que 76% le trouve"socialement malhonnête et déséquilibré".
La manif à Berlin était très combative. Un des slogans les plus repris était: "Nous sommes le peuple, pas les entreprises". Le porte-parole d’ IG Metal à Berlin est pourtant parvenu à ne pas dénoncer une seule fois Schröder et le SPD, et à lancer des fleurs sur le "progrès" et la "justice sociale".
Sans la pression de la base, les dirigeants syndicaux se seraient encore attablés avec le SPD pour discuter de la meilleure manière de faire accepter l’Agenda 2010 aux travailleurs. Mais avec la manif de 100.000 personnes du 1er novembre et la vague de manifestations de la fin de l’année dernière, la direction syndicale pouvait difficilement faire autre chose que d’entreprendre de nouvelles actions. A la manif du 3 avril, notre section allemande, le SAV, est intervenue avec 2 slogans: "pour une grève générale de 24 heures" et "pour un nouveau parti des travailleurs, des chômeurs, des jeunes et des pensionnés". L’idée de la grève générale fut également scandée par d’autres personnes.
Certains manifestants avaient fait par eux-mêmes des calicots appelant à une grève générale. Le "Ver.di" (le syndicat des services publics) revendiquait également des actions de grève. Notre slogan pour un nouveau parti des travailleurs était très bien accueilli et beaucoup de manifestants étaient très ouverts à la discussion sur ce sujet. Quelques fonctionnaires syndicaux de gauche ont lancé, au sein de Ver.di, l’initiative d’une "alternative politique pour les élections de 2006", dans le but de présenter une alternative au SPD pour les prochaines élections. Au sein de IG Metal, un groupe de fonctionnaires syndicaux a fait un appel "Pour le travail et la justice" (ASG), qui va plus loin dans l’idée de la construction d’un nouveau parti des travailleurs. Cependant, il est assez regrettable que ce genre d’initiatives soient généralement assez floues sur la question de la mise sur pied effective de ce nouveau parti.
L’intention qui est derrière l’initiative de l’ASG est surtout de faire pression sur le SPD; ils utilisent donc l’idée d’un nouveau parti des travailleurs plus comme un moyen de pression que comme une réelle démarche afin de construire une opposition..
Mais ce ne sont pas les seules initiatives; selon le journal Welt am Sonntag, plus de 30 groupes locaux se sont créés à la gauche du SPD à travers tout le pays. Pour contrer la politique antisociale du gouvernement, il faut que ces initiatives locales s’accordent et tiennent une conférence nationale avec tous les intéressés, ainsi que les deux initiatives nationales. Il est surtout important que ces initiatives ne deviennent pas des initiatives électorales séparées, mais bien un réel parti avec une intervention active dans la rue, dans les entreprises, et qu’il puisse offrir un programme d’action contre l’Agenda 2010.
Le développement d’un tel nouveau parti des travailleurs est LE défi en Allemagne. Il marquerait de toute évidence un grand pas en avant et offrirait enfin une réponse à la fameuse question : "Quelle alternative à Schröder?"
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Racisme: Tout ce qui nous divise, nous affaiblit
MALCOLM X affirmait: "Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme". Il voulait ainsi dire que le capitalisme utilise le racisme pour maintenir sa domination. Le racisme n’a pas été inventé par le Vlaams Blok; il existe depuis la naissance du colonialisme et du capitalisme. Pour le capitalisme, seuls comptent les profits accumulés par une infime minorité. La bourgeoisie se sert de tous les moyens d’oppression pour affermir sa position et de continuer à exploiter les travailleurs. Le racisme est un de ces outils d’oppression.
Nikei De Pooter
Avant la Seconde Guerre Mondiale les manuels scolaires expliquaient que les noirs d’Afrique étaient moins intelligents que les Européens. Les classes dominantes avaient alors besoin de thèses pour justifier leur domination militaire directe du continent africain. Les premiers camps de concentration n’ont pas été construits par Hitler en Allemagne, mais en Afrique du Sud par l’Angleterre coloniale.
Aujourd’hui le discours de la bourgeoisie a changé. Ses parlementaires n’ont plus recours au langage ouvertement raciste, mais ils utiliseront le racisme de façon plus subtile pour diviser tous ceux qui tentent de résister à la politique antisociale.
Le capitalisme est un système fondé sur l’exploitation. Tant sur l’exploitation des travailleurs d’Europe et d’Amérique du Nord que sur celle des travailleurs du monde néo-colonial. Dans les pays néo-coloniaux nombreux sont ceux qui fuient la misère, les dictatures et les guerres. En Europe occidentale, la peur envers les candidats réfugiés s’amplifie d’autant plus que les travailleurs ayant perdu leur emploi et les allocataires sociaux ont de plus en plus de peine à joindre les deux bouts. C’est en partie dû au chômage, mais aussi aux lois restreignant le droit d’asile qui contraignent les candidats réfugiés à vivre sans papiers et à devoir accepter, par exemple, de payer un loyer exorbitant pour une chambre insalubre.
Etre sans papiers c’est aussi devoir accepter, pour survivre, un travail clandestin sous-payé, sans avoir la moindre possibilité de faire valoir ses droits face au patron. Une telle situa-tionexerce une pression sur l’ensemble des salaires. Les couches les plus vulnérables de la population belge, les moins qualifiés, les exclus considè-rent les réfugiés comme des concurrents. Les slogans démagogiques sur «Les Immigrés qui prennent le pain des Belges» incitent les victimes de la crise à se battre contre ceux et celles qui sont encore plus bas et vivent dans des conditions pires.
Les entreprises qui licencient massivement ici font aussi des profits exorbitants Afrique ou en Asie. C’est pourquoi nous avançons la revendication: Il faut s’en prendre aux multinationales et non à leurs victimes !
Le racisme est un des piliers de la tactique «diviser pour régner». La bourgeoisie fera de même pour opposer les travailleurs ayant un emploi à ceux qui ont perdu le leur ("Les chômeurs sont des profiteurs"). Pour opposer les employés aux ouvriers, les hétérosexuels aux homosexuels, les hommes aux femmes, les Wallons aux Flamands, etc.
La bourgeoisie utilise un parti comme le Vlaams Blok pour répandredes préjugés racistes. La seule réponse possible à cette stratégie de division et de haine est de lutter tous ensemble pour améliorer les conditions de vie et de travail de chacun.
On convaincra peu de monde avec des arguments moralisateurs. On ne convaincra la masse des travailleurs de la nuisance des préjugés racistes qu’à partir d’une lutte concrète avec des intérêts communs à tous travailleurs, quelle que soit leur origine. L’opposition fondamentale de notre société n’est pas celle entre Flamands, Wallons, Belges ou Immigrés, mais bien celle entre le monde du travail et le monde patronal.
Le Vlaams Blok et d’autres organisations néo-fascistes en Europe se basent sur la résis-tance passive de la part de la population. Dans chaque lutte qui se développe, à chaque piquet de grève, la nécessité de l’unité des travailleurs devient concrète. Une fois que la résistance se transforme en action, l’impact des idées d’extrême-droite recule.
On a constaté cela en France après une lutte de masse contre le plan Juppé en 1995: le Front national a perdu du terrain et a fini par éclater en deux (Le Pen d’un côté, Megret de l’autre). Le gouvernement de la Gauche plurielle (PS + PC + Verts) porté au pouvoir, après la déroute électorale de la droite, a cependant mené une politique de droite, privatisant trois fois plus que le gouvernement Juppé. Cette politique antisociale du gouvernement de Gauche plurielle a de nouveau renforcé l’extrême-droite. Tout cela a permis au FN de regrouper ses forces et de faire un score électoral supérieur à celui de Jospin aux élections présidentielles de 2002.
On voit donc que pour combattre l’extrême-droite et le racisme, il ne suffit pas seu-lement de lutter contre la politique antisociale. Il faut aussi construire une alternative politique de gauche crédible qui soit capable de faire barrage à la politique néo-libérale et au capitalisme. Si la classe ouvrière ne réussit pas à prendre en mains la direction d’un tel mouvement, et si elle ne pose pas d’alternative conséquente de gauche, toutes sortes de réflexes nationalistes et racistes écloront inévitablement.
Dernier exemple: en Irak où les divisions selon les ethnies et les religions font rage. Les Kurdes contre les Turkmènes, les Chiites contre les Sunnites et ainsi de suite. Cette division conduira à une régression future du pays et une détérioration des conditions de vie de la majorité de la population irakienne. Si aucune alternative socialiste ne se présente, une alternative capable de combattre la pauvreté et l’exploitation, les divisions feront des ravages dans la population qui se bousculera pour ramasser les miettes laissées par la bourgeoisie.
Plus que jamais il faut construire un parti mondial, socialiste et combatif!
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UE: Le modèle néo-libéral imposé aux travailleurs et à la jeunesse
Union européenne:
LE 13 JUIN on votera aussi pour le Parlement européen. L’Union européenne est devenue ces dernières années synonyme de plan d’austérité et de privatisation. Combien de politiciens sociaux-démocrates ou verts se disent incapables d’empêcher les mesures asociales «à cause de l’Europe». Comme si c’était un ordre de venu du ciel. Et comme si leurs propres responsabilités devaient être mise de côté.
Pour entrer dans la zone de l’euro, le gouvernement belge a imposé aux travailleurs, dans les années 90, une austérité de cheval. Le traité de Maastricht imposait de limiter le déficit public (la différence entre les recettes et les dépenses de l’état) à 3% du Produit Intérieur Brut (PIB). De plus la dette publique devait être ramenée à 60% du PIB et les normes fixées en commun pour l’inflation (augmentation des prix) sont gérées par la Banque centrale européenne.
L’Europe est un projet fait par et pour les capitalistes. Pensez par exemple au rôle de la Table ronde des Industriels européens, le plus important groupement de multinationales européennes. Ce club de capitalistes qui se partagent les profits déclare presque ouvertement que les mesures asociales doivent devenir la règle en Europe. De cette manière ils veulent devenir plus fort contre les deux autres blocs capitalistes importants: les États-Unis et l’Asie regroupée derrière le Japon.
La phase de reprise économique de l’après-guerre et la menace du bloc de l’Est stalinien, a été le ciment qui a permis – même sur une base capitaliste – une certaine collaboration et une intégration européennes. Dès que le gâteau est devenu trop petit à partager, les intérêts nationaux ont refait surface. Même avec une régression générale depuis les années 70 en arrière-plan, la période temporaire de croissance des années 90 a permis le lancement d’une monnaie commune sous la forme de l’euro.
L’Union monétaire européenne (UME) était dans une large mesure, contrainte sous la pression «d’en haut», d’accélérer la liquidation des droits sociaux des travailleurs. Nous retrouvons au travers de cela l’importance de l’unité des capitalistes européens.
Aujourd’hui les chefs des états qui ont imposé le respect des critères de Maastricht sont beaucoup plus souples lorsqu’il s’agit de continuer à les faire respecter par leur propre pays. Le président de la Commission européenne, Romano Prodi, va traîner la France et l’Allemagne devant la Cour de Luxembourg car ces pays ne respectent plus scrupuleusement la norme du pacte de stabilité des 3%.
Les tensions entre états européens se sont aussi fait jour sur la question de la guerre en Irak. Plus récemment la procédure sur la répartition des postes de commissaires à la Commission, consécutive à l’élargissement de l’Union à dix autres pays, a mené à un conflit ouvert avec l’Espagne et la Pologne qui ne veulent pas que l’on touche à leurs intérêts nationaux.
Ce n’est pas la bonne âme des capitalistes qui a préservé l’Europe de la guerre pendant ces 50 dernières années, mais l’importance de la classe ouvrière qui ne va pas renoncer à ses acquis sans bataille. A terme, les divergences entre les différentes bourgeoisies fera capoter l’Union européenne. Seule une Fédération socialiste des pays européens, et du reste du monde, peut véritablement créer l’unité.
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Enseignement supérieur: Vers des universités d’élite en Europe
Enseignement supérieur:
EN ALLEMAGNE, le chancelier Gerhard Schröder prône la mise en place d’universités d’élite sur le modèle américain de Harvard, Standford et compagnies. Le secrétaire général du SPD (social-démocrate) confirme cette idée en avançant la nécessité d’avoir plus de prix Nobel. Le ministère de l’Enseignement supérieur allemand prépare pour cet été un système de notations internationales des universités afin de pouvoir comparer la compétitivité des unifs allemandes avec les universités européennes concurrentes.
Boris Mallarme
Les patrons applaudissent. Ils veulent d’un enseignement adapté au besoin du marché capable de concurrencer les établissements américains. La Table ronde des Industriels européens avance depuis 1989 que l’enseignement en Europe fournit une main-d’oeuvre trop critique, pas assez flexible, que trop de moyens sont consacrés aux études inutiles et que trop peu de jeunes font des études supérieures en rapport avec les besoins du patronat.
Aux États-Unis, les universités décident quels étudiants elles admettent. Les droits d’inscription s’élèvent à des sommes atteignant plusieurs dizaines de milliers d’euros! Bref la sélection est extrême. Seul les génies et les gosses de riches ont accès aux unifs d’élite. Depuis des années les moyens consacrés à l’enseignement diminuent en Allemagne. On financera quelques unifs réservées à une élite au détriment de la masse des étudiants qui accéderont au reste des unifs qui dégénéreront de plus en plus en établissements poubelles.
L’idée d’écoles supérieures pour l’élite ne touche pas que l’Allemagne. La déclaration de Bologne, signée par 29 ministres européens de l’Enseignement en 1999, vise à préparer les universités européennes à la compétition avec celles des États-Unis. L’harmonisation européenne des structures d’enseignement vise à mettre en concurrence les établissements et non à offrir une plus grande mobilité à la masse des étudiants. La mise en concurrence signifie que les formations jugées non rentables par les entreprises passeront progressivement à la trappe. Le stade final du processus est la création de «pôles d’excellence», où l’accès sera filtré par des minervals exorbitants. En Angleterre, un projet de loi permettant aux unifs d’augmenter les droits d’inscriptions à partir de 2006 sera voté dans les prochains jours. Les montants des frais scolaires pourront alors grimper jusqu’à 4.500 euros par an (Le plafond étant pour le moment de 1.656 euros). De nombreux étudiants à la suite de leurs études seront endettés de plusieurs dizaines de milliers d’euros. La dette serait effacée si elle n’a pas été payée entièrement après 25 ans. Cela rappelle les suggestions des économistes de l’UCL d’élever le minerval à 4.000 ou 6.000 euros à rembourser après les études.
Seuls les étudiants les plus aisés capables de payer leurs frais de voyages, leurs logements, leurs droits d’inscription,… pourront étudier à l’étranger.
Bologne conçoit une mobilité accrue pour ceux qui seront admis dans les futurs unifs d’élite étrangère et non pour tous. A côté de ces pôles d’excellence, il y aura des établissements de seconde zone, plus accessibles, mais dont la qualité laissera de plus en plus à désirer et dont les diplômes auront peu de valeur. C’est là qu’échoueront la masse des étudiants les moins fortunés.
L’enseignement en Belgique suit cette tendance néo-libérale européenne.
Le 3 janvier 2004, le gouvernement de la Communauté française a approuvé l’avant projet de décret dit de «Bologne» de la ministre de l’Enseignement supérieur Françoise Dupuis visant à mettre en place l’harmonisation européenne des structures (du coté flamand l’avant-projet de décret correspondant a été voté depuis le 5 juillet 2002). Ce décret remplace le système candis/licences (2+2) par 3 ans de baccalauréat et puis un an de maîtrise (3+1) ou deux ans pour une maîtrise spécialisée (3+2). Les écoles supérieures sont intégrées à ce système. Il faudra dès lors être capable de payer la cinquième années d’études pour avoir le diplôme de maître spécialisé qui vaudra évidemment plus sur le marché de l’emploi que celui de maître. L’autre grosse partie du décret concerne la constitution «d’académies», possible autour de l’ULB, de l’ULG et de l’UCL, associant plusieurs universités francophones du pays. Les universités pourront léguer à souhait à leur «académie», des parties de l’enseignement, de la recherche et des services qu’elles organisent. Ceci permet aux universités de rationaliser, de faire baisser les coûts de fonctionnement (moins d’administration, suppressions de filières, pertes d’emploi,…). Les universités sont en train de se constituer en pôle avec des écoles supérieures. Tout ceci a pour objet de tenter de développer un pôle d’excellence réservé à l’élite du côté francophone.
La vague d’attaques au niveau européen contre les acquis en matière d’éducation visant à augmenter la sélection montre une fois de plus le caractère antisocial de l’Europe capitaliste. L’enseignement est l’un des thèmes de la campagne électorale du MAS pour les élections de juin. Le MAS combat l’idée d’un enseignement élitiste et défend un enseignement gratuit et de qualité à tous les niveaux. Etudiants de Gauche Actifs est solidaire de la campagne électorale du MAS qui est la seule opposition de gauche crédible qui défende nos droits d’étudiants.
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Austérité pour le monde du travail
Maximum à facturer pour les gros utilisateurs industriels d’énergie
Les gros utilisateurs industriels font la bonne affaire
Après le durcissement du contrôle des chômeurs, l’introduction d’un maximum à facturer pour la consommation d’électricité est de loin la mesure la plus importante du conclave. Les 25 plus grosses entreprises paient ensemble 40% de la facture totale de l’énergie en Belgique. Puisque l’industrie achète l’électricité à des tarifs inférieurs à ceux des particuliers, cela signifie que ces 25 entreprises consomment largement plus de 40% de la consommation totale d’électricité en Belgique. Le gouvernement veut rémunérer cela en «plafonnant» les taxes sur la consommation d’énergie. 145.000 entreprises vont en profiter, parmi lesquelles la SNCB. Etant un service public, la SNCB payait annuellement 2 millions d’euros en taxes sur l’électricité. Maintenant que l’entreprise va être scindée en vue de la libéralisation et de la privatisation, ce qui était impossible à discuter auparavant devient possible: la SNCB ne paiera plus que 250.000 euros au maximum en taxes sur l’électricité.
C’était prévisible! La coalition violette ne tient pas debout. On cherche à grand peine une politique commune. En revanche, les annonces ministérielles pleuvent, les unes plus irréalistes que les autres (les Jeux Olympiques en Belgique, les trains gratuits,….). Il était donc temps pour le Premier ministre Verhofstadt d’impulser une dynamique de groupe. Le gouvernement a donc fait une retraite, le temps d’un week-end, dans une ferme château à Gembloux. Après ce week-end, les organisations patronales n’ont pas ménagé leurs éloges tandis que les syndicats affichaient leur déception. Et pour cause !
Eric Byl
Victoire libérale
Tous les observateurs sont d’accord: les libéraux sont sortis vainqueurs du conclave. C’était nécessaire du point de vue du gouvernement. Le fait que la Belgique avait été critiquée internationalement pour la croissance des impôts sous la coalition violette doit surtout avoir été dur à avaler pour les partis «anti-impôts», le VLD et le MR. De plus, l’image de marque du bon père de famille, que le gouvernement aime à se donner, a été mise à mal par le Fonds Monétaire International. Le FMI a donné un avertissement au gouvernement pour la façon dont il a équilibré son budget. Le FMI aimerait voir remplacer la reprise des pensions de Belgacom et la vente de bâtiments par des mesures plus structurelles.
Ensuite, il y eut les bricolages successifs de la déclaration libératoire unique (DLU), autrement dit de l’amnistie fiscale. A l’origine, celle-ci devait s’appliquer à partir du 1er janvier 2004. L’ordonnance d’application a été coulée par le Conseil d’Etat. Le cabinet du ministre des Finances Reynders a tenté d’arranger la chose, mais la nouvelle ordonnance est tellement ambiguë que les banques conseillent à leurs clients d’attendre encore un peu. Bref: l’ordonnance ne vaut rien.
Tant de bévues devaient inévitablement mener à des grognements et à de la nervosité sur les bancs libéraux. Le VLD voit s’exprimer, depuis quelques semaines, sinon quelques mois, des voix dissidentes fortes sur son aile droite. Cela a commencé avec l’ancien ministre Daems, qui a déclaré à l’hebdomadaire populaire Dag Allemaal que la fraude sociale était pire que la fraude fiscale, tout en trônant sur le perron de sa luxueuse villa. Cela a continué avec la flibuste menée par Coveliers sur le droit de vote des immigrés, sa démission comme dirigeant de la fraction VLD au Sénat et sa menace de démissionner du parti. Puis ce fut à nouveau Dewael, qui a lancé à mauvais escient le débat sur le foulard. Enfin le VLD a été obligé d’exclure Claudine De Schepper, parlementaire anversoise, pour son adhésion au Comité contre le droit de vote des immigrés, lancé et contrôlé par le Vlaams Blok. Aller aux élections d’une manière aussi divisée et peu crédible n’était pas possible pour Verhofstadt et le VLD et, dans une moindre mesure, le MR. Ils avaient besoin de concessions pour apaiser leur aile droite et pour augmenter leur crédibilité. C’était là le véritable objectif de Gembloux.
Un maigre résultat?
"Quand les libéraux obtiennent un succès, alors c’est bien aussi pour les socialistes"
(Steve Stevaert, président du SP.a)Selon la presse, en fin de compte peu a été décidé: de vieilles décisions ont été confirmées, d’autres reportées. Se-lon l’hebdomadaire Knack: «Il faut encore attendre le grand projet de société dont Guy Verhofstadt parlait dans ses Manifestes du Citoyen. Quel projet? «Le gouvernement sait pourtant que la même tâche l’attend que celle qui a déjà commencé dans les pays voisins, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Il s’agit de la réorganisation complète de notre sécurité sociale et du marché de travail.» Voilà qui est très clair, mais les journalistes pensaient-ils vraiment que le gouvernement annoncerait cela publiquement moins de six mois avant les élections?
Qu’est-ce qui est alors sorti de Gembloux? Toutes sortes de cadeaux aux patrons sous la forme d’une réduction des charges sur le travail de nuit et le travail en équipes, de la possibilité de faire travailler le personnel des magasins le dimanche et de l’assouplissement de la loi sur l’implantation des centres commerciaux, d’une plus grande réductibilité des déjeuners et des dîners d’affaires. Le plus grand cadeau est le maximum à facturer sur l’utilisation d’électricité par les grands entreprises (voir cadre).
Comme les petits indépendants s’opposent à la révision de la loi sur l’implantation des surfaces commerciales en faveur des grandes surfaces et à l’élargissement du travail de dimanche, le gouvernement leur offre en compensation un statut social meilleur… qu’ils payeront eux-mêmes au travers de cotisations plus élevées. Le gouvernement veut aussi réduire la TVA de 21% à 6% dans le secteur Horeca (mais ceci doit encore être approuvé par l’Europe). Bref: les libéraux ont obtenu les succès qu’ils voulaient.
Il se peut que les succès des libéraux soient bien aussi pour certains «socialistes», surtout ceux qui – comme Stevaert – sont patrons d’une chaîne de cafés. La majorité des socialistes – et les travail-leurs qui ont été il y a long-temps «représentés» par eux – devront malheureusement constater que le gouvernement n’a pas seulement été géné-reux avec la santé des travailleurs – en impulsant le travail en équipe, le travail de nuit et le travail du dimanche – mais qu’il sera aussi de plus en plus difficile d’être malade ou vieux. En effet, pour favoriser l’engagement de travailleurs à bas salaires, le gouvernement à décidé de «donner» un «bonus crédit d’emploi». Ce-lui qui gagne moins de 1.956 euros brut par mois paiera moins de cotisations sociales, celui qui gagne moins de 1.095 euros brut n’en paiera même plus. Ainsi nous gagnerons plus en net, mais que se passera-t-il quand nous serons malades, licenciés où retraités? Nous devrons payer de notre propre poche parce que la baisse des cotisations sociales aura ruiné la sécurité sociale. Ainsi le gouvernement reprendra (largement) d’une main ce qu’il a donné de l’autre.
Les chômeurs dupés
Selon Alfons Verplaetse, l’ancien gouverneur de la Banque Nationale, la tâche de ce gouver-nement et de ses successeurs est comparable à celle de Wilfried Martens pendant les années 80. Les gouvernements de cette époque ont appliqué de lourdes mesures d’austérité. Durant cette période, les salaires ont baissé en moyenne de 15% et les allocations de 20% en moyenne. Simultanément la productivité des travailleurs est devenue une des plus élevées au monde. Les profits ont battu tous les records, la dette publique a triplé. En bref, ce fut un transfert massif de moyens financiers des pauvres vers les riches.
C’est ce que le FMI, la Banque Nationale, la FEB et com-pagnie attendent aujourd’hui du gouvernement: un carnage social en limitant dans le temps le droit à une allocation de chômage et en allongeant la durée moyenne d’une carrière professionnelle. Les décisions concernant ce dernier point ont été reportées jusqu’après les élections. Nous pouvons deviner pourquoi. Le droit à une allocation de chômage n’a pas été officiellement limité dans le temps. Mais, en pratique, cela reviendra au même par la centralisation accrue du contrôle des chômeurs par l’ONEm fédéral au détriment des services d’emplois régionaux, l’ORBEm, le FOREm et la VDAB.
Contrairement aux services d’emplois régionaux, qui accompagnent les demandeurs d’emplois dans leur recherche d’un emploi et essaient d’éviter une suspension, l’ONEm est purement un mécanisme de contrôle. Après 18 mois en moyenne de chômage, tous les demandeurs d’emploi seront obligés de prouver à l’ONEm qu’ils ont activement recherché du travail. Celui qui ne pourra prouver «suffisamment d’efforts» sera définitivement suspendu après trois convocations. Il faudra démontrer au moins 312 journées de travail dans une période de 18 mois pour avoir de nouveau droit à une allocation. Knack appelle cela «une percée de principe pour limiter le chômage dans le temps». Cette mesure asociale sera aussi appliquée aux chômeurs âgés (50 ans et plus). On comprend après tout cela pourquoi petits et grands patrons crient victoire… et pourquoi, à gauche, il vaut mieux être patron de café(*) que chômeur!
(*) Steve Stevaert, président du SP.a, est patron de café.
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Constitution européenne : Un pas de plus pour l’Europe libérale
L’élaboration de la constitution européenne fonctionne comme un parfait miroir de focalisation des différentes tendances de la politique européenne des capitalistes et de leurs représentants.
Geneviève Favre
Tout d’abord l’opposition sur la structure des institutions de l’Union européenne entre les puissances dominantes comme La France et l’Allemagne et les petits pays comme la Pologne ou l’Espagne montre bien le fossé qu’il y a entre la volonté d’unifier les forces européennes et la réalité des divergences d’intérêts économiques et politiques. En effet alors que Chirac et Schröder souhaitent un axe franco-allemand dominant, les petits pays dont ceux qui vont rejoindre l’Union en mai 2004, refusent plusieurs aspects de la nouvelle constitution européenne (comme la restriction du nombre de commissaires à 15 à partir de 2009, ou l’obligation d’opter pour la politique commune de défense plutôt que pour l’Otan.)
Cependant si concurrences et rivalités existent entre les capitalistes, il y a un terrain d’accord immuable : le renforcement de la casse des services publics, le développement du travail précaire et la facilitation des licenciements. Ainsi la partie de la constitution reprenant notamment les traités de Maastricht et d’Amsterdam, armes européennes contre les acquis des travailleurs, a été adoptée sans débat ni aucune difficulté. De plus une constitution ne vise traditionnellement qu’à définir les structures des institutions et non pas les politiques menées. Cette inclusion dans la constitution elle-même de traités définissant les politiques libérales européennes montre bien que les instances dirigeantes veulent une Europe clairement antisociale. A ceci s’ajoute l’indépendance accentuée de la BCE (Banque centrale européenne) et son alignement sur le libéralisme. Et même si nous n’avons aucune illusion à l’égard du parlement européen, qui est comme les autres institutions de la démocratie bourgeoise au service des classes dirigeantes, on ne peut que remarquer son maintien à une fonction législative très limitée, au profit d’un pouvoir accru du Conseil européen, notamment sur les questions de politiques économiques et sociales.
L’objectif des capitalistes est clair : renforcer l’arsenal de lois anti-ouvrières dans toute l’Europe et arguer de l’Union européenne pour justifier dans chaque pays les mesures libérales de casse des acquis sociaux et des services publics. Aussi, les divergences actuelles au sein de la majorité en France ne tiennent qu’à une question de forme : comment va-t-on exploiter et museler la classe ouvrière, par des lois nationales ou par des lois européennes ?
Ce n’est pas un hasard non plus de voir la droite du PS s’accorder avec la position des pro-européens de droite, en voyant dans le projet des " avancées significatives ". Hubert Védrine perçoit en effet ce texte comme " raisonnable " et " le meilleur résultat possible ". Tout au plus des dirigeants du PS désirent amender le texte sans changer les fondamentaux de la politique libérale. Le vieil argument du " C’est mieux que rien " est évidemment mis en exergue, notamment par les Verts. Certaines tensions néanmoins se font sentir à l’intérieur de l’ex gauche plurielle, certains militants prônant, comme le PC, un refus.
Mais le " non "à cette constitution ne doit pas se faire sur des bases nationalistes (ouvriers et patrons ne partagent aucun intérêt commun , l’union sacrée pour la défense de la souveraineté n’a donc pas lieu d’être) mais sur la nécessité de construire une mouvement européen de défense des intérêts des travailleurs.
Plus que jamais le sort des travailleurs est lié non pas aux manœuvres et ressorts des capitalistes sur cette question de la constitution mais avant tout dans leurs capacités à construire une réaction générale et massive à l’exploitation capitaliste, dans leurs capacités à mettre en avant une alternative socialiste de renversement du système actuel.
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Rapport du Comité Exécutif International – CIO
Rapport du Comité Exécutif International – CIO
Le Comité exécutif international du Comité pour une Internationale Ouvrière a tenu sa réunion annuelle fin novembre. Les membres du CEI sont venus de 16 pays à travers le monde pour discuter et débattre des événements de 2003 et tracer les perspectives pour l’année 2004.
Vincent Devaux
Discussion sur la situation mondiale
L’introduction de Peter Taaffe lors de la discussion générale sur la situation mondiale a mis l’accent sur les récentes mobilisations de masse. Les mobilisations contre la guerre ont rassemblé des millions de manifestants à l’échelle mondiale. Le 1er novembre la manifestation à Berlin contre l’austérité a rassemblé 100.000 personnes. Une grève générale de 9 jours a paralysé le Nigéria. L’accent a été mis sur la situation en Irak: l’armée américaine va-t-elle s’enliser dans un bourbier semblable à celui du Vietnam? Il y a déjà eu plus de soldats américains tués au cours des six derniers mois en Irak que durant les deux premières années de la guerre du Vietnam.
La situation en Afghanistan – qui est redevenu le premier producteur d’opium au monde – est un exemple des foyers d’instabilité que la politique de Bush crée de par le monde. Brian, des USA, a évoqué la montée de la résistance à la guerre parmi les soldats et leurs familles.
L’économie "en râde"
La discussion s’est également concentrée sur l’économie mondiale. La situation économique stagne dans la zone euro, reste très faible au Japon et si la croissance aux USA semble forte (7,5%), près de 3 millions d’américains ont perdu leur emploi depuis que Bush est au pouvoir. L’appareil de production américain est en surcapacité de 25%.
La croissance économique de la Chine, l’"atelier du monde" ne permettra pas de résoudre la crise économique mondiale. L’ Allemagne est toujours une force économique mais on attend 40.000 faillites et 300.000 emplois en moins pour 2004. Il y a cinq millions de sans-emploi en Allemagne ce qui est comparable au début des années 30. En Australie, l’économie est assez stable avec une croissance de 6% mais les boulots créés sont des temps partiels et la bulle de spéculation immobilière est en train d’éclater. Si notre camarade du Kazakhstan, nous signale une croissance de 3% dans son pays, il souligne que cette croissance provient de l’exportation du gaz et du pétrole et de l’exploitation des produits miniers mais le taux de chômage atteint les 50%.
Les luttes en Amérique Latine
Un thème important abordé lors de la réunion du CEI a été la situation en Amérique Latine. La situation au Brésil, avec le PT au gouvernement et Lula comme président, qui prend des mesures asociales pose la question d’un nouveau parti des travailleurs. La situation au Venezuela (Chavez), au Mexique (les Zapatistes), les derniers mouvements en Bolivie au Pérou et en Argentine… ne sont que quelques exemples du bouillonnement qui vit sur ce continent.
Irlande: campagne contre le coût des déchets
Un autre sujet important est la campagne faite en Irlande par nos camarades à Dublin contre les taxes sur les sacs poubelles. C’est une riche expérience de lutte que l’on doit étudier afin d’en tirer des leçons pour les prochains combats.
Europe: croissance des oppositions
La discussion sur l’Europe a montré la détérioration de la situation économique et les tensions qui s’aggravent entre les pays. La France et l’Allemagne ont rompu le pacte de stabilité et l’élargissement de l’Union Européenne est dans une phase difficile. On peut voir le développement des luttes en Grande-Bretagne chez les postiers, les cheminots,… Du point de vue syndical, les contradictions dans la société entraînent une pression au sein de certains syndicats qui mènent à des ruptures au sein de certains syndicats, par exemple au sein de la CFDT en France.
Ce phénomène reste cependant marginal et la tendance principale serait une pression d’en bas sur les dirigeants syndicaux, voire leur débordement par la base.
Construire le CIO
La conférence s’est achevée sur la discussion de la construction du CIO. On peut mettre en avant le succès de la campagne d’International Socialist Resistance (34 sections en Angleterre), le facteur décisif de notre organisation dans le mouvement antiguerre, le travail de nos camarades de DSM (Democratic Socialist Movement) au Nigéria qui ont participé a une campagne électorale et ont montré leur poids dans les luttes dans des conditions très difficiles. Notre section grecque a doublé le nombre de ses membres en deux ans.
Il est évident que nous entrons désormais dans une nouvelle phase dans le développement de la lutte des classes. La situation est complètement différente que celle des années 90. Et c’est à travers l’expérience des travailleurs en lutte que la nécessité d’un changement de société va émerger. Ce processus ne sera pas linéaire et de nombreux détours vont être pris avant d’en arriver à cette conclusion. Il y aura des nouvelles organisations de masse qui vont éclore et nous devrons nous impliquer dans ce processus afin de mettre en avant notre alternative.
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La capture de Saddam Hussein ne signifie pas la fin de la résistance
La capture de Saddam Hussein était sans doute un coup de chance psychologique pour l’impérialisme américain et britannique. Ceux-ci vont essayer de l’exploiter et de le présenter comme un changement fondamental en Irak.
Déclaration du Secrétariat International du CIO
L’arrestation de Saddam Hussein ne va pas mettre fin à la résistance. L’hypocrisie qui monte de Washington et Londres est remarquable. Aujourd’hui encore, l’impérialisme des Etats-Unis protège des ex-dictateurs comme Pinochet au Chili ou le dictateur indonésien Suharto. Ils étaient tous deux des amis importants des Etats-Unis. Et si Saddam Hussein n’avait pas envahi le Koweit en 1990, il le serait certainement encore aujourd’hui.
Les problèmes graves en Irak ne vont pas disparaître. L’arrestation de Saddam Hussein aurait pu justifier l’occupant à quitter le pays. De plus, on risque d’associer chaque acte de résistance contre l’occupant à la volonté de faire revenir Saddam Hussein au pouvoir: la résistance va s’en trouver déforcée.
Le sursaut de soutien pour Bush est plutôt instable et dépendra en réalité de la situation économique aux Etats-Unis et des développements ultérieurs en Irak. Blair, de son coté, ne tire pas vraiment profit de la capture de Saddam Hussein. Le fait que l’on n’ait toujours pas trouvé d’armes de destruction massives a nuit à l’image de Blair beaucoup plus qu’à Bush.
Les conditions de vie de Saddam Hussein, planqué dans un cachee primitive, ont démontré qu’il ne pouvait pas avoir dirigé lui-même les attaques journalières contre les troupes d’occupation.
Contrairement aux Etats-Unis, à la Grande-Bretagne,à la France et aux autres pays, le CIO – dont le MAS/LSP est la section en Belgique – n’a jamais soutenu le régime dictatorial de Saddam Hussein. En 1979, alors que Saddam Hussein prenait le pouvoir à l’occasion d’un coup d’État soutenu par les Etats-Unis, il était déjà responsable de la mort de beaucoup de membres du parti communiste irakien et de syndicalistes.
Les marxistes ont toujours dénoncé et condamné l’oppression de la gauche, des chiites, kurdes et autres par Saddam Hussein. Nous avons milité pour un renversement de son régime et pour l’établissement d’un pouvoir entre les mains des travailleurs et des paysans pauvres d’Irak.
Les acclamations de Bush et de Blair à l’occasion de l’arrestation de Saddam Hussein ne portent pas sur la victoire des droits démocratiques et de la justice, mais bien sur la réussite de leurs propres objectifs impérialistes. Fin novembre Bush a d’ailleurs félicité le nouveau président d’Azerbaïdjan, un allié dans la "guerre contre le terrorisme" alors même que "ses services d’ordre arrêtaient l’opposition et après que des observateurs indépendants aient critiqué les élections." (Financial Times, 27 nov. 2003)
Tout comme Ben Laden, Saddam Hussein est sur beaucoup de plans un produit de l’Occident. Il défendait dans les années 1970 un point de vue de plus en plus pro-occidentale. Dans les années 1980, il était considéré par Reagan comme allié contre l’Iran des ayatollahs. En 1983 Saddam Hussein a reçu une visite de Donald Rumsfeld, l’actuel Secrétaire d’État à la Défense américain. A cette époque, Rumsfeld était passé à côté des chambres de torture sans les voir.
Les Kurdes et les Chiites ne vont pas pleurer la perte de Saddam Hussein. D’autres, qui le voient comme un symbole du combat contre l’Occident, vont être aigris par ce succès obtenu par le pouvoir d’occupation. Un sentiment mêlé de colère puisque Saddam Hussein s’est rendu sans se battre, et ce à l’opposé de ses deux fils et d’un de ses petit-fils âgé de 15 ans.
Il y aura une pression grandissante sur les forces d’occupation pour qu’elles quittent le pays. A coté de la capture de Saddam Hussein, Bush a aussi atteint d’autres de ses objectifs comme, par exemple, l’installation d’un régime pro américain. L’impérialisme n’a pas pour objectif de laisser la population irakienne décider démocratiquement de son propre avenir. Les élections ne sont promises que pour la fin de l’année 2005, alors qu’un rassemblement non-élu aura déjà élaboré une constitution.
La résistance va s’approfondir
Il va devenir évident que les Etats-Unis ne veulent en Irak qu’un gouvernement qui leur soit soumis, ce qui va entraîner une extension de la résistance irakienne de masse.
Celle-ci est menée par une série de différents groupements armés et pas uniquement par des partisans de Saddam Hussein. En novembre, la CIA estimait qu’il y avait 50.000 rebelles. Ironiquement, avant que la guerre ne commence, l’Irak n’était pas considérée comme une base d’Al-Qaeda.
Aujourd’hui, c’est bien le cas.
En vue des prochaines élections présidentielles prévues dans dix mois aux Etats-Unis,
Bush veut diminuer le plus rapidement possible leur engagement en Irak. Il ne peut néanmoins pas se risquer à laisser derrière lui une trop grande pagaille. Ceci aurait pour conséquence que toute la région, qui est la source de pétrole la plus importante du monde, devienne instable.
C’est la raison fondamentale qui motive le changement de politique des Etats-Unis ainsi que leur tentative de transmettre le pouvoir de façon accélérée entre des "mains sûres". Le problème est à qui transmettre le pouvoir? Les différents groupes politiques, ethniques et religieux ne s’accordent guère. Même l’administration Bush est divisée. Le Pentagone parraine le Congrès National irakien de Chalabi; le Département d’Etat soutient les Démocrates Indépendants d’Irak; la CIA ne jure que par l’Accord National irakien mené par Alawi, un homme d’affaires.
Les méthodes brutales appliquées en Irak, comme le bombardement de territoires habités en réponse aux attaques terroristes, n’ont fait que renforcer la résistance. La crise sociale, aggravée par les privatisations néolibérales, a provoqué le désespoir et la rage. L’occupation est à juste titre vue comme une mainmise sur l’Irak permettant aux multinationales américaines d’exploiter les richesses et la main d’oeuvre irakienne.
57% de la population irakienne ne fait "pas du tout" confiance aux troupes américaines et britanniques. 37 % de la population ne fait pas confiance à l’ONU; qui est responsable de nombreuses années de sanctions économiques. Les dirigeants religieux jouissent d’une confiance plus élevée. C’est pour cela que les Etats-Unis essaient de les impliquer dans un régime fantoche.
Des appels ont été lancés aux politiciens de Bush et les capitalistes ont changé de direction et ont laissé l’ONU déminer la situation en Irak. Ce qui revient à dire que l’occupation ne serait pas contrôlée par un seul pays (les Etats-Unis) mais par tous les impérialistes dirigeants du Conseil de Sécurité de l’ONU, dont le Japon et l’Allemagne.
Les marxistes plaident pour un retrait de toutes les troupes et pour le droit au peuple irakien de décider de son propre avenir.
Charley Richardson, co-fondeur des "Military Families Speak Out" aux Etats-Unis, disait que la capture de Saddam Hussein "mettra fin à la dernière excuse de l’administration Bush de maintenir l’occupation. Cela va pousser à outrance la question de la raison pour laquelle nous sommes en Irak."
Dans le pays, beaucoup de personnes vont demander que la justice se prononce rapidement et de façon transparente à l’égard de Saddam Hussein. Il est fort probable que l’on organisera les choses très rapidement et ce afin d’éviter des révélations pénibles sur les relations passées entre les Etats-Unis et Saddam Hussein.
Un règlement de compte de Saddam Hussein ne peut venir que sur base d’une justice qui est organisée par des représentants des travailleurs et des pauvres irakiens, sur tous les aspects de son régime. Cela doit être vu comme faisant partie de la lutte contre l’occupation et le contrôle impérialiste sur l’Irak. Il est d’une importance fondamentale de construire un mouvement ouvrier indépendant qui est soutenu par les pauvres urbains et ruraux.
Internationalement on doit soutenir les activistes qui essaient de construire ces organisations ouvrières et ceux qui luttent pour les droits démocratiques pour tout le monde, ainsi que pour les femmes et tous les groupes ethniques et religieux.
Selon le CIO on doit immédiatement mettre sur pied des organes démocratiques sur tous les niveaux pour transmettre la gestion de la société irakienne à la population, avec des représentants de travailleurs et de pauvres paysans démocratiquement élus. Des milices multi-ethniques et démocratiquement élues devraient défendre la sécurité de la population des travailleurs.
Un plan de contrôle et de gestion ouvrière de l’économie devrait être mis au point afin d’abolir la corruption, les privatisations et de mettre la production aux services de toute la population. Tout cela dans un cadre de construction d’un Irak socialiste au sein d’une fédération socialiste du Moyen-Orient.