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Tag: Agfa
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Le patronat à l’attaque contre les prépensions dans l’industrie
Par Geert Cool
Lors des négociations pour les conventions collectives de travail (CCT) dans les entreprises, le mécontentement est important face à l’absence d’augmentation salariale. Maintenant, le patronat va encore plus loin avec une offensive sur les prépensions, avec à la clé des grèves remarquables, notamment à Agfa Gevaert à Mortsel et à ArcelorMittal à Gand.
Agfa
Agfa Gevaert a réalisé un profit net de 49 millions d’euros en 2013, après des années de pertes. Pour la presse spécialisée, cela est dû à l’abandon du plan d’assurance médicale pour les pensionnés aux Etats-Unis et à d’autres mesures d’austérité. Le manager Reinaudo (qui reçoit lui-même un salaire annuel de 1,8 millions d’euros), veut maintenant aussi sabrer dans les pensions en Europe, et plus spécifiquement au niveau des prépensions.
Au cours des négociations sur la convention collective, les syndicats avaient proposé une convention zéro, c’est-à-dire une convention avec maintien des acquis sociaux, sans y ajouter de nouveaux. Mais la direction exigeait des concessions de la part des travailleurs concernant l’actuel régime des retraites anticipées. Il était encore possible auparavant de partir en retraite à 56 ans avec un bon supplément à l’allocation payé par Agfa Gevaert. Les exigences patronales portaient sur une réduction sérieuse de ce supplément, une perte d’environ 600 euros par mois pour un pensionné.
Un ouvrier d’Agfa de 56 ans déclarait dans une interview avec le quotidien De Tijd : ‘‘Nous sommes bien payés, mais cela n’est pas pour ne rien faire. Nous travaillons dans l’obscurité, dans du poison. Je suis payé parce que je peux devenir aveugle à chaque instant. Je travaille depuis mes 19 ans en équipes, j’ai fait ma part pour la société.’’
Les ouvriers sont partis en grève et ont ensuite rejeté une proposition du médiateur social, à une large majorité. Après deux semaines de grève, une nouvelle proposition est arrivée avec des concessions très limitées de la direction. 56,34% des ouvriers ont voté contre. Le travail a cependant dû reprendre puisqu’il n’y avait pas une majorité des deux tiers. Ces résultats ainsi que la combativité démontrée durant la grève illustrent toutefois que les ouvriers en ont marre. Ils ont dû, des années durant, avaler des augmentations de productivité tout en voyant leurs conquêtes sociales se réduire. Ils refusent de continuer à accepter cette logique.
ArcelorMittal
Chez ArcelorMittal à Gand, l’ancien Sidmar, la direction est également arrivée à la table de négociation avec des exigences offensives : une augmentation de 6 mois concernant l’âge de départ en prépension et une réduction du supplément à l’allocation de chômage et à la retraite. De plus, la direction voulait encore limiter les primes à la productivité. Plus de 80% des ouvriers ont voté contre cette proposition à deux reprises.
Dans les deux cas, la vieille propagande contre la prépension a joué à plein régime : ce ne serait plus acceptable de partir à 56 ou 56,5 ans à un moment où la retraite anticipée est de plus en plus éliminée et puisque nous vivons plus longtemps. Mais en pratique, des travailleurs qui ont bossé en équipe avec parfois des substances dangereuses et un travail physique lourd ne peuvent pas travailler jusqu’à 65 ans ! Doivent-ils travailler jusqu’à tomber raides morts ? Les patrons viendront encore se plaindre de l’augmentation de l’absentéisme pour cause de maladie…
Il faut instaurer une réduction collective du temps de travail jusqu’à 32 heures par semaine, avec baisse des cadences de travail. Nous défendons aussi le droit à la prépension et l’humanisation du travail en équipe. Les attaques patronales conduisent à des situations intenables, organisons la riposte !
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Des délégations syndicales combatives réclament un prolongement politique
Des délégations syndicales néerlandophones ont écrit une lettre ouverte au président de la FGTB Rudy De Leeuw. Ce récent appel, publié ci-dessous, exprime une opinion partagée par de nombreux délégués et militants.
Ces derniers appellent la direction de la FGTB/ABVV (qui doit tourner le dos au SP.a) a rassembler les partis de gauche et les groupes de pression et offrir ensemble un véritable projet social et politique de gauche aux milliers de militants politiquement orphelins. Pour les délégations de la CSC/ACV, la situation n’est pas meilleure. Il existe des initiatives similaires qui insistent pour rompre les liens avec les partis sociaux-chrétiens afin de s’impliquer dans ce projet.
Si les militants, les délégations, les secteurs et les régionales approuvent massivement cet appel, nos dirigeants syndicaux ne pourront plus continuer à ignorer le message. Tant que nous ne disposons pas de prolongement politique pour défendre nos revendications et obtenir des victoires, les choses n’iront pas en s’améliorant. Nous resterons bloqués dans une situation où la social-démocratie et la démocratie chrétienne auront le champ libre et continuerons à désarmer les militants.
Leur austérité – que nous payons cash dans les entreprises – et la facture de la dette risque encore de s’alourdir, parce que de nombreux membres découragés par l’absence d’alternative politique s’orientent vers l’opposition la plus visible même si elle est, comme la NVA, populiste et économiquement de droite.
Un large parti de gauche, ou un front de différentes organisations, unissant tous les opposants à la casse sociale permettra d’à nouveau convaincre tous ceux qui sont électoralement démoralisés.
Un tel parti serait composé de politiciens qui, à l’instar des dizaines de milliers de délégués syndicaux qui travaillent au quotidien pour leurs collègues, auraient un salaire de travailleur et non pas de gestionnaire. Les actuelles divergences politiques ne vont pas disparaître d’un coup, tous les syndicalistes s’en rendent bien compte. L’ère des partis qui considéraient chaque désaccord comme un problème à éliminer est heureusement derrière nous. Le débat démocratique et le respect des majorités et des minorités rend possible de surmonter des désaccords en les considérant pour ce qu’ils sont : non pas des signes de déloyauté mais des contributions à un débat, chose à laquelle nous sommes habitués dans notre travail syndical.
Camarade Rudy, camarades de la FGTB,
Nous n’irons pas par quatre chemins : nous en avons soupé de notre soi-disant relais politique. Le président du SP.a qui se distancie des grèves et est fier de ne pas être syndiqué. Une ministre de l’emploi qui, du haut de la théorie, prend des mesures absurdes qui ne résisteront jamais à la pratique. Le ministre de l’économie qui verrait bien une adaptation de l’index. Ce n’est pas un relais politique, camarade Rudy, c’est une résistance politique.
Il faut tourner la page, c’en est assez du statu quo. En tant que FGTB nous avons assez de propositions pour le monde du travail, pour une société plus sociale, pour un autre monde. Des propositions normales, grâce auxquelles les gens qui travaillent se porteront mieux, la pratique le montre tous les jours ! Ces propositions auraient pu aider des dizaines de milliers de gens ces dernières semaines, ces derniers mois.
Un petit aperçu :
En 2011, 67.169 Flamands ont frappé à la porte d’Eandis (le distributeur de gaz et d’électricité en Flandre, NDLR) parce qu’ils ne pouvaient pas payer leurs factures d’électricité et de gaz. Nous avons déjà dans le passé payé notre TVA en amortissant les centrales nucléaires et nos prix sont, de même que le taux de cette TVA, plus élevés que dans les pays voisins. Qu’en est-il de notre position de consommateurs, pour ne pas parler toujours de notre position concurrentielle ?
- Diminuer la TVA de 21 à 6%!
- Prix maxima pour l’énergie!
En 2011, Fortis a fait 6 milliards d’Euros de profits nets, impose une austérité de 3% à son personnel, distribue 10.000 voitures que la population devra payer et distribue en plus de cela encore un dividende de 1,2 Euros par action. Toute honte bue !
- Il faut une banque publique où l’argent épargné est de l’argent t épargné !
- L’Etat ne peut être garant que pour l’épargne, pas pour les spéculations.
- Régulation du secteur financier!
- Qu’ils spéculent s’ils le veulent, mais, s’ils se cassent la figure, nous ne voulons pas continuer à essuyer les plâtres!
Nokia, Bekaert, Crown Cork. Des milliers de gens sans emploi ! Des entreprise qui font des profits mais licencient quand même du personnel, comment peut-on trouver ça normal ? Ce ne sont pas des cas exceptionnels : des milliards de chèques en blanc sont distribués à des entreprises qui n’offrent pas un seul emploi en contrepartie. Plus grave encore, ils emploient notre argent pour licencier des gens ! Des entrepreneurs ont fondé plus de 45.000 fausses entreprises pour ne pas devoir payer d’impôts. Le paysan De Clerck peut frauder 400 millions d’euros et l’Etat doit encore lui dire merci, nous lui devons 22.500 euros alors que c’est lui qui nous est redevable de 400 millions. Le monde à l’envers ! Le secrétaire d ’Etat progressiste à la lutte contre la fraude fiscale crie fièrement du haut de sa tour Saint Pierre à Ostende : 700 millions d’Euros, voilà ce qu’il va tenter de récupérer sur la fraude. 700 millions sur un total calculé de 40 milliards annuellement. Le filet qui devrait ramener un gros poisson ne ramène que des goujons. Celui qui dit qu’il n’y a pas d’argent est un menteur. La lutte contre la fraude fiscale, à elle seule, devrait rapporter 40 milliards !
- Plus de chèques en blanc aux entreprises, notre argent doit être investi dans des emplois, et de la recherche et du développement !
- Les entreprises qui font des bénéfices ne peuvent plus continuer à licencier dans le seul but de maximiser leurs profits!
- Une lutte sérieuse contre la fraude fiscale et sociale!
Les services publics ne sont plus des services au public, tout tourne pour l’argent et le profit. Un train sur sept est en retard, plus de soixante trains sont supprimés tous les jours. Quand les médias en parlent, cela devient une bonne nouvelle : six trains sur sept sont à l’heure. Les gens qui sont quotidiennement les dupes de ces soixante trains supprimés, la télé ne les filme jamais ! On économise quatre milliards dans la sécurité sociale, on veut gagner de l’argent sur la santé des gens. On ne veut plus garantir que les frais des soins de santé de base, pour le reste nous devrons prendre des assurances. C’est ce qu’on lit aujourd’hui dans les médias ! Le riche aura ainsi droit à une meilleure santé. Ce n’est pas un progrès, c’est un recul camarade! Pour nous, c’est clair : les services publics ne peuvent servir qu’à rendre des services, et pour cela ce sont les services rendus qui doivent être au centre, et plus le profit. Les services publics et tout ce qui a trait à la Sécurité Sociale doivent donc être socialisés. Qu’il y ait des gens qui n’en ont jamais assez, nous en sommes bien conscients. Le privé peut donc rester libéralisé, mais il doit être soumis à une réglementation stricte. Il faut en finir avec les excès des bonus, des parachutes dorés et des traitements exubérants. Le sens des réalités, ce n’est pas seulement pour Monsieur Toulmonde, c’est pour chacune et chacun!
Ce ne sont que quelques propositions, camarade Rudy. Des propositions qui n’ont pas d’écho chez notre résistance politique, mais qui ont de l’écho auprès de beaucoup de travailleurs ordinaires. Tu sais camarade : ceux qui sont les citrons des partis néolibéraux et de l’Europe asociale de Merkozy.
Nous sommes certains que beaucoup de travailleurs peuvent se retrouver dans ces propositions. Pour pouvoir les réaliser, il faut que ces propositions deviennent des objectifs de combat. Pour cela, nous avons besoin d’un vrai relais politique. Nous savons les partis de gauche et les groupes de pression comme le PTB, Rood !, PSL, LCR et Vonk sont favorables à ces propositions et qu’ils peuvent les défendre s’ils arrivent à surmonter leurs divergences. Nous sommes certains aussi que des gens dans le SPa et dans d’autres partis peuvent accepter ces propositions. De même que les milliers de militants qui se retrouvent sans domicile fixe au sein de la gauche.
C’est à la FGTB de rassembler tous ces gens de sorte que nous ayons de nouveau un vrai parti pour le monde du travail. Il est temps que nous à la FGTB on laisse tomber les politiciens centristes du SPa s’ils ne veulent pas défendre nos valeurs et nos propositions et que nous tendions la main à ceux qui veulent s’embarquer dans un vrai projet social et politique de gauche !
Camarade Rudy, nous annonçons la couleur et nous le ferons aussi en direction du sommet du SPa, vers les partis de gauche ainsi que vers nos propres militants, et les autres. Nous diffuserons cet appel parmi eux de même que nous le diffuserons au sein de la FGTB, en espérant que nombreux seront ceux qui se rangeront derrière cette requête.
Salutations combatives,
Délégations syndicales :
SETCa /CENTRALE GENERALE RAFFINERIE TOTAL ANVERS – FGTB CHIMIE BAYER ANVERS – TRAVAILLEURS D’AGFA GEVAERT – SETCa CENTRALE GENERALE BRC ANVERS – FGTB EVONIK ANVERS – DAF FGTB
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Chimie : quand tout va bien, les actionnaires en profitent. Quand cela va mal, les travailleurs paient.
Tous les secteurs sont touchés par la crise économique. Quand cela allait bien, les bénéfices atteignaient des records. Une série d’entreprises continue d’ailleurs à établir de nouveaux records : en 2008 Total a clôturé ses comptes avec 13,9 milliards de bénéfices nets, soit 14% de plus qu’en 2007. Maintenant que la crise économique est là, elle sert de prétexte pour mettre sous pression les salaires et les conditions de travail du secteur.
Par Geert Cool
On économise sur le personnel…
En Allemagne, Bayer a réduit le temps de travail de 37,5 à 35 heures avec une diminution salariale de 6,7%. Chez Agfa, les travailleurs ont refusé d’accepter ces conditions, ce qui a fait conclure au grand patron de la FEB, Rudi Thomas, qu’il s’agissait d’une attitude «irresponsable». Pour épargner les ouvriers et les employés, les bonus des cadres et des cadres de direction ont été rabotés.
L’Accord Interprofessionnel (AIP) prévoyait que, pendant la période à venir, les salaires allaient pouvoir être adaptés à l’indexation. Au cours des dernières années, la norme salariale générale de l’AIP n’a pas été adaptée dans l’industrie chimique ; il y a eu des accords entreprise par entreprise qui, souvent, dépassaient légèrement la norme de l’AIP. Aujourd’hui, le patronat exige une application stricte avec les bocages de salaires dans toutes les entreprises. Le 11 février, le patronat à même abandonné la négociation pour de possibles accords entreprise par entreprise.
…Après des années de bénéfices record
La prise de position rigoureuse du patronat vient après une période de bénéfices record. Autrefois tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pour un certain nombre d’entreprises c’est d’ailleurs encore le cas. Dans le secteur pétrolier, des entreprises comme Total, Exxon Mobil ou Chevron ont totalisé des bénéfices record en 2008 de, respectivement, 14%, 11% et 28% supérieurs à ceux de l’année précédente.
Chez les géants de la chimie tels Bayer, les bénéfices des dernières années se sont comptés en milliards d’euros. En 2007, par exemple, Bayer a clôturé ses comptes avec un bénéfice de 4,3 milliards d’euros, soit 23,2% de plus qu’en 2006. Tessenderlo Chimie obtenait pour la première moitié de 2008 un bénéfice net de 101 millions d’euros, soit une augmentation de 37%.
Bénéfices en baisse
Pendant le dernier trimestre de 2008, il y a eu moins de bénéfices et une série d’entreprises voudront probablement le faire payer aux travailleurs. Chez GSK (GlaxoSmithKline), le groupe pharmaceutique britannique, une diminution des bénéfices du quatrième trimestre (7,1% soit 982 millions de livres sterling) a mené à l’annonce d’une perte de plusieurs milliers d’emplois. Dans l’installation de Genval, 75 des 397 emplois vont passer à la trappe. Chez Pfizer 8.000 emplois dans le monde vont être supprimés après une chute des bénéfices pendant le quatrième trimestre ; l’entreprise a dû payer en une fois 2,3 milliards d’indemnisations, ce qui a fait chuter les bénéfices à 266 millions d’euros. En même temps Pfizer a quand même racheté son concurrent Wyeth pour un montant de 58 milliards de dollars cash, le montant de rachat le plus haut depuis la reprise d’ABN Amro.
De grandes entreprises pharmaceutiques telles Janssen Pharmaceutica ont exigé des dispositions du gouvernement pour préserver leur position concurrentielle. Janssen se trouve dans les mains de Johnson & Johnson qui, au quatrième trimestre 2008, a aussi vu ses bénéfices fondre de 14% (à 2,97 milliards de dollars). Pourquoi la communauté doit-elle écoper de la mise à l’abri des bénéfices de Johnson & Johnson ?
La crise de surproduction
Dans la plupart des entreprises chimiques il y a encore de beaux bénéfices, mais de l’autre côté une série d’entreprises luttent contre la surcapacité de production. Au cours des derniers mois 20% des sociétés chimiques ont utilisé le chômage économique. Fin décembre le chômage temporaire a augmenté dans le secteur de 107% sur la base annuelle.
Chez Lanxess, un chômage économique « partiel » de six mois a été annoncé pendant lequel la plupart des ouvriers de l’équipe de jour seront sans travail une semaine sur deux. Les syndicats ont entamé des actions et ont rédigé, à juste titre, un tract disant «Les travailleurs ne peuvent écoper pour la crise économique. Les directions ont aussi leur responsabilité et ne peuvent prétendre être le dindon de la farce.» De plus, la direction a refusé de payer un bonus sur salaire de 250 euros qui avait pourtant été promis. L’entreprise a reçu en 2008 un cadeau de près de 5 millions d’euros, notamment sur le précompte professionnel, ce qui représente près de 23 fois le bonus qu’elle a refusé de payer.
La capacité de production est aujourd’hui supérieure aux besoins. Selon la fédération patronale Essencia, l’industrie chimique n’a tourné qu’au trois quart de sa capacité en janvier. Le patronat se rend compte qu’il est question d’une crise de surproduction, mais continue à chercher ses solutions ailleurs : chez les travailleurs. Il est cependant clair qu’une économie sur les salaires ne mettra pas fin à la surcapacité de production.
Ces dernières années, des bénéfices phénoménaux ont été enregistrés dans le secteur chimique. Ceci à l’avantage des actionnaires principalement, alors que pour les travailleurs il n’y a eu que quelques miettes pour gonfler une flexibilité et une productivité acceptables. Maintenant que cela va moins bien, le patronat veux faire payer les travailleurs. Cela passe par du chômage partiel, l’arrêt progressif des heures supplémentaires ou par la prise de jours de congé. Le patronat prévient tout de go qu’il est possible qu’il y ait, dans quelques mois, une possibilité de «vague de licenciements»
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Pourquoi pas une grève générale de 24 heures?
D’ici 2008, VW veut réaliser 5,1 milliards d’euros de profit sur le dos de 4.000 travailleurs de VW et de leurs familles et de bon nombre de sous-traitants. La direction a deux options: fermer complètement Forest en 2 phases pour éluder les primes de fermeture ou lui confier un nouveau modèle (Audi A1), mais pas avant 2009, et à condition que les salaires baissent de 20% et que la collectivité paye pendant deux ans pour les travailleurs qui pourraient être repris à partir de 2009. Licencier pour réengager ensuite à meilleur marché, ce n’est pas nouveau. A Ford-Genk, ils ont réengagé avec un contrat à durée déterminée 1.297 des 3.000 travailleurs qui avaient été licenciés en 2003…
Tract du MAS
Et ce après toutes les concessions que les travailleurs (hausse de la pression du travail, flexibilité accrue, travail du week-end,…) et la collectivité (baisse des charges sur le travail en équipe, les heures supplémentaires, … ou le cadeau de l’Automotive Park où 35 millions d’euros ont été investis) ont consenties.
Rapport de force
La manifestation d’aujourd’hui donne l’occasion à tout un chacun de témoigner sa solidarité. La direction et le gouvernement font tout pour saper la mobilisation. La direction avec l’annonce que l’Audi A1 pourrait venir à Forest (à moins que d’autres sites ne donnent plus de cadeaux), le gouvernement avec l’annonce qu’il y a déjà 1.500 offres d’emploi pour les travailleurs de VW.
Quelques grosses boîtes engageraient volontiers au rabais des travailleurs qualifiés de chez VW. Ce qu’on ne dit pas, c’est que ça fait autant de demandeurs d’emplois qui voient s’éloigner l’occasion d’avoir un revenu.
Face à la politique de diviser pour régner de la direction et du gouvernement, il faut l’unité d’action de tous les travailleurs. Cette manifestation ne doit pas être un cortège funèbre, mais le début d’un plan d’action bien organisé pour le maintien de tous les emplois.
Grève générale?
Si la direction de VW devait plier, d’autres suivront. En ce moment, il y a des restructurations en cours chez Agfa Gevaert et dans d’autres entreprises, il y a des suppressions d’emplois comme à La Poste (9000 emplois perdus en 10 ans!). VW devient un test. Même les négociations sur l’AIP sont reléguées à l’arrière-plan par ce qui se passe à Forest. Beaucoup se demandent comment la lutte va être menée à VW. S’il revient évidemment aux travailleurs de VW et à leurs délégués syndicaux de prendre les initiatives nécessaires, qu’on nous permette de faire quelques suggestions.
La restructuration chez VW mène à un mécontentement généralisé et à une disposition à l’action. Pourquoi ne pas mettre à profit le succès de cette manifestation pour annoncer une grève générale de 24 heures contre les innombrables restructurations? Cela soulignerait l’unité des travailleurs et leur détermination à résister aux pertes d’emplois. Le slogan "maintien de tous les emplois" y gagnerait en puissance et aurait un rayonnement international.
Pour maintenir tous les emplois, il faut faire table rase du plan industriel de VW. On ne peut y arriver qu’en mobilisant toute l’opinion publique, en Belgique d’abord, ailleurs en Europe ensuite. Même si nous devions finalement être contraints d’accepter un plan social, il faudra de l’action pour pouvoir imposer de meilleures conditions.
La lutte syndicale exige une alternative politique
On ne peut pas faire plier une multinationale en limitant la lutte à une entreprise ou un secteur; il faut pour cela mobiliser tous les travailleurs. Cela suppose une alternative politique. Les pouvoirs publics pourraient réclamer à VW les cadeaux qu’ils lui ont consentis pour ancrer l’emploi à Forest. Même s’ils obtenaient gain de cause, VW n’hésiterait pas à récupérer le manque à gagner sur le dos des travailleurs d’autres sites de VW.
Des pouvoirs publics vraiment au service des intérêts des travailleurs prendraient en mains le site de Forest, maintiendraient tous les emplois et y réorienteraient la production sur base d’un débat de société sur la mobilité. Mais seuls comptent les profits dans une société capitaliste. On a besoin d’une alternative socialiste où la production est organisée en fonction des besoins des travailleurs et de leurs familles (que ce soit en termes d’emplois, d’environnement de vie ou de travail, …).
Il y a un an, nous luttions contre le Pacte des Générations. Aujourd’hui, il y a des actions en Allemagne contre la volonté du gouvernement de relever l’âge de la pension à 67 ans. Lorsqu’on s’en remet aux politiciens traditionnels, on ne tient aucun compte de nos griefs. Il y a eu très peu de voix contre le Pacte des Générations lors du vote au Parlement malgré les centaines de milliers de manifestants et de grévistes.
Sur VW, les politiciens font de grandes déclarations contre "les Allemands" ou les uns contre les autres. Ils acceptent tous la logique néolibérale. Ceux du VB veulent aller encore plus loin. Ils disent qu’une entreprise n’est pas "une institution de charité" et que ce sont les salaires qui posent problème.
Depuis le mouvement contre le Pacte des Générations, le Comité pour une autre Politique est en train de se mettre sur pied à l’initiative de Jef Sleeckx, Lode van Outrive et Georges Debunne. A la conférence du 28 octobre 2006, il y avait 650 personnes. On y a décidé de participer aux prochaines élections législatives pour donner une voix à la résistance contre la politique néolibérale.
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Le CAP participera aux élections fédérales
Après le succès du 28/10
Les élections aux Pays-Bas ont démontré, s’il en était encore besoin, qu’il y a un espace pour un parti à la gauche de la social-démocratie et des Verts (voir page 3). Nombre de ceux qui voulaient donner de la voix contre la politique néolibérale ont donné leur voix au Socialistische Partij qui traduisait le mieux politiquement leur résistance contre cette politique. Le Comité pour une Autre Politique (CAP) a pour but de créer un parti qui jouerait un rôle analogue en Belgique.
Comment avancer ?
La Conférence pour une Autre Politique du 28 octobre était un test important. La question centrale était celle de savoir si l’appel à une nouvelle initiative politique lancé par Jef Sleeckx, Lode Van Outrive et Georges Debunne trouverait un écho suffisant. L’affluence de 650 personnes (voir ‘Alternative Socialiste’ de novembre) et les nombreuses réactions positives reçues depuis lors démontrent que les temps sont mûrs pour un nouveau parti des travailleurs.
Lors de la réunion d’évaluation du 6 novembre, les participants ont émis un bilan critique positif et ont décidé de poursuivre le travail sous la forme concrète d’une campagne électorale nationale.
Certains ont émis des doutes sur la faisabilité d’une vraie participation électorale, mais tout le monde est d’accord sur le fait que les élections de l’année prochaine sont, sur le plan politique, un rendez-vous à ne pas manquer. Cette campagne doit mettre l’idée d’un nouveau parti à l’ordre du jour.
Le CAP n’a pour l’instant qu’une structure limitée, peu de moyens et un programme inachevé. Il ne faut donc pas s’attendre à des scores électoraux spectaculaires qui franchiraient le seuil électoral des 5%. Mais la campagne électorale est le moyen par excellence de construire le CAP au niveau national, de mettre sur pied des groupes locaux, d’interpeller un large public et d’élargir fortement la base de l’initiative.
Nombre de gens verront dans les élections de 2007 l’occasion de régler les comptes avec la coalition violette. Mais qu’y a-t-il comme alternative à ce gouvernement ? Pour qui doivent voter les gens qui réalisent que la rhétorique du PS et du SP.a ne sert qu’à masquer un cours résolument néo-libéral ? Pour qui doivent voter les travailleurs de VW, d’Agfa Gevaert et des nombreuses autres entreprises en « restructuration » afin d’exprimer leur mécontentement face à la politique menée actuellement ?
Ces questions doivent figurer à l’agenda lors des prochaines élections. Le CAP est l’expression du potentiel politique que la lutte contre le Pacte des Générations a libéré. La non participation aux élections serait une importante occasion manquée.
Oeuvrer pas à pas à la construction d’une nouvelle formation politique
Un nouveau parti ne peut pas tomber du ciel. Il se développe dans les luttes sociales et pas dans les salles de réunion sombres et enfumées où se complaît une partie de la gauche.
Depuis le 28 octobre, le CAP a tenté à plusieurs reprises de se concerter avec Une Autre Gauche (UAG), l’initiative francophone avec laquelle il a coorganisé la journée du 28/10, pour déterminer les prochaines étapes.
Le secrétariat d’UAG a fait lanterner le CAP pendant un mois sous prétexte que seule l’assemblée générale d’UAG le 25 novembre pourrait prendre des décisions et qu’il ne pouvait conclure le moindre accord avant ça. Cette assemblée d’UAG a révélé les profondes divergences d’opinion entre le CAP et UAG et montré que les deux initiatives prenaient des chemins de plus en plus séparés : là où le CAP veut poursuivre un processus de construction graduelle par en bas et à travers les interventions dans la lutte, UAG préfère parachever ses structures, son programme, sa charte, … avant d’aller vers l’extérieur.
Le CAP préfère oeuvrer systématiquement à la construction d’une nouvelle organisation sur base de campagnes concrètes plutôt que de mettre la charrue avant les boeufs en appelant à rejoindre une nouvelle organisation politique qui n’existe pas encore dans les faits.
Les militants du MAS/LSP sont d’accord avec cette méthode et s’engagent pleinement à faire du CAP un instrument pour la classe des travailleurs.
Prochaine étape : le 3 février
Le 6 novembre, une équipe de campagne nationale a reçu mandat d’organiser une nouvelle réunion nationale le 3 février. Les participants y approuveront le programme électoral, choisiront le nom de la liste et donneront le coup d’envoi de la campagne électorale. D’ici là, des assemblées générales provinciales devront discuter s’il y a une assise suffisante pour présenter des listes aux élections législatives dans leur région.
2007 s’annonce comme une année chargée sur les plans politique et social. Une longue crise du néolibéralisme et de ses institutions et partis s’ouvre devant nous. Le CAP a le potentiel de lancer un nouveau parti pour les travailleurs et leurs familles. Le MAS/LSP fera de son implication dans le CAP une priorité – sans négliger pour autant la construction de sa propre organisation – afin de saisir cette occasion historique.
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Agfa Gevaert. 900 licenciements… et des heures sup’
La direction d’Agfa Gevaert à Mortsel (près d’Anvers) a annoncé la suppression d’un millier d’emplois en Belgique: Agfa ne croit plus en la photographie analogique. Pourtant, les travailleurs se voient obligés d’effectuer des heures supplémentaires à cause du volume du travail.
Geert Cool
La direction avait déjà annoncé avant l’été son intention de faire un plan de restructuration avec la possibilité qu’un millier de travailleurs perdent leur emploi. La valeur des actions avait de suite augmenté. Fin août, ce plan de restructuration a été annoncé: 893 emplois liquidés à Mortsel. La valeur des actions a de nouveau augmenté de 9%.
Agfa a tout de même obtenu de bons résultats. Au deuxième trimestre de 2006, son profit a augmenté de 42,6%. Le profit net dans cette période était de 28 millions d’euros, 11 millions de plus que prévu. Cela n’empêche pas la direction de vouloir économiser 225 millions d’euros par an.
Début des années ’90, 8.500 travailleurs étaient employés à Agfa Gevaert. Après le nouveau plan de restructuration il n’en restera que 3.000. Agfa a été divisé en 3 sections: Graphics, Healthcare et Materials, dont l’une sera probablement liquidée en sous-traitance.
La direction n’a pas encore expliqué comment organiser la production avec un quart du personnel en moins. Elle a simplement suggéré d’utiliser des intérimaires ou des étudiants dans la production…
La direction affirme qu’il n’y aura pas de licenciements directs mais il n’est pas possible pour les 893 travailleurs de partir en prépension. Ce sera un test pour l’application du Pacte des Générations.
Contre ce Pacte des Générations, les travailleurs de Agfa Gevaert avaient fait grève les 7 et 28 octobre. Pour l’instant, il n’y a pas encore de grève. Dans le cadre de la loi-Renault, une période de consultation et d’information avec les syndicats est prévue qui, au vu des 57 plans de restructuration, peut durer quelques mois.
Les syndicats peuvent utiliser cette période pour préparer la lutte et construire un rapport de force dans l’entreprise et le secteur chimique. Comme l’explique Bruno Verlaeckt, secrétaire régional de la Centrale Générale d’Anvers: "Nous restons convaincus que supprimer un emploi sur quatre dans la chaîne de production n’est pas tenable. Le nombre de travailleurs doit y être maintenu. Il est inacceptable d’organiser la flexibilité en supprimant des emplois et en engageant des intérimaires."
La demande des syndicats d’organiser une conférence sur l’emploi dans tout le secteur chimique à Anvers a été refusée par les patrons, mais elle peut être utilisée pour créer un front des travailleurs du secteur.
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Vers un drame social chez Agfa-Gevaert?
La direction d’Agfa-Gevaert est en train de jouer un vilain jeu. Afin de faire monter les cours de la Bourse, elle a annoncé fin juin une restructuration en s’assurant d’une large couverture médiatique. D’après ce scénario, 1000 emplois pourraient passer à la trappe. Le contenu concret de cette restructuration ne sera annoncé que fin août.
Les salariés de l’entreprise vont donc passer l’été dans l’incertitude. La direction laisse sans doute d’ores et déjà planer la menace sur un millier d’emplois en espérant désamorcer un mouvement de lutte lorsqu’elle n’annoncera officiellement que la perte de quelques centaines d’emplois
Mais c’est se bercer d’illusions. Lors de la lutte contre le Pacte des Générations, Agfa-Gevaert était complètement en grève tant le 7 que le 28 octobre. Il est déjà clair que toute annonce de licenciement se heurtera à une résistance.
Les seuls à avoir profité de la fuite organisée vers les médias, ce sont les actionnaires. La séance du conseil d’administration, où l’on a annoncé les 250 millions d’euros d’économies sans préciser le nombre d’emplois perdus, devait absolument se dérouler à 7 heures du matin, soit avant l’ouverture de la Bourse. Le cours d’Afga-Gevaert s’est envolé avec l’annonce de la probable disparition de 1000 emplois. Les salariés sont priés de faire la courte échelle aux profits…
L’automne pourrait être chaud chez Agfa-Gevaert. Les syndicats doivent réagir à l’annonce précoce de la direction en organisant la base pour une contre-offensive dès que les mesures concrètes seront annoncées, probablement le 24 août.
C’est ainsi qu’on peut augmenter la détermination à engager la lutte. Chez BASF, la direction a cédé aux revendications salariales des travailleurs quand ils ont menacé de faire grève. Il est probable que la lutte chez Agfa ne sera pas aussi facile, mais il faudra bel et bien lutter pour le maintien de chaque emploi.
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Leçons de la lutte contre le pacte des generations. Un nouveau parti des travailleurs est nécessaire et possible!
Leçons de la lutte contre le pacte des generations.
FGTB et CSC ont rejeté la dernière version du pacte des génération, reflétant ainsi le mécontentement de la base. Si cela ne dépendait que de celle-ci, la grève aurait certainement duré jusqu’à la chute du pacte, si nécessaire celle du gouvernement, voire de tout l’establishment politique. Mais le mouvement n’est pas allé jusque là. Pourquoi? Les directions syndicales ont tout fait pour freiner la contestation. Avec ces directions, les syndicats ne disposent ni d’un programme pour sortir de la crise, ni d’un instrument – indépendant du patronat et de la bourgeoisie – pour traduire politiquement leurs revendications. La lutte contre le pacte des générations a dévoilé les grandes faiblesses du mouvement. Le MAS offre quelques propositions pour les surmonter.
Eric Byl
Les partis gouvernementaux, dont le PS et le SP.a, tiennent à leur pacte. Quant aux partis d’opposition, tous trouvent que le pacte n’est pas assez violent. C’est le cas du CD&V qui plaide pour une réduction des charges sociales de 3 milliards d’euros tandis que le Vlaams Belang va jusqu’à proposer 6 milliards d’euros. Aucun parti représenté au parlement, pas même un parlementaire ou un sénateur n’était prêt à défendre les positions syndicales. Voilà la «démocratie représentative». Deux syndicats organisant ensemble 2,8 millions de personnes, environs 70% des travailleurs et presque 50% des électeurs, ne trouvent aucun parlementaire prêt à considérer leurs points de vue. La Démocratie? Certainement pas pour nous!
La social-démocratie ou de nouvelles formations?
PS et SP.a sont au pouvoir depuis 18 ans. Durant cette période, le nombre officiel de pauvres a doublé jusqu’à 1,5 millions! L’index à été miné, les allocations réduites au minimum, la sécurité sociale pillée, les contrats de travail vidés, les entreprises publiques et les bâtiments vendus à bon compte aux investisseurs privés et/ou aux spéculateurs. Beaucoup de travailleurs continuent à voter pour ces partis, certains ayant toujours leur carte, mais ils les considèrent au mieux comme le moindre mal, et pas comme des instruments pour défendre leurs intérêts. Le personnel politique ne se sélectionne pas sur base de l’engagement ou du mérite, mais sur base de naissance (Fréderic Daerden, Alain Mathot, Philippe Van Cau…) ou de loyauté envers l’appareil.
Mais la théorie du moindre mal a ses limites. De plus en plus de travailleurs décrochent. Certains deviennent fatalistes, d’autres, par manque d’alternative à gauche, tombent finalement dans la toile de l’extrême-droite. Ces 15 dernières années ont démontré que «le moindre mal» peut au mieux ralentir la croissance de l’extrême-droite, mais certainement l’arrêter. Ceci n’est possible que si la gauche offre une alternative conséquente et crédible à la politique de casse néo-libérale. Celui qui place ses espoirs dans le PS ou le SP.a, ou dans SPa-Rood, vit dans une époque révolue. Dans le cas hypothétique où le PS et le SP.a pourraient refaire un tournant à gauche, ce ne sera plus sous pression de l’intérieur, mais justement sous celle de l’extérieur.
L’apparition de nouvelles formations comblant, au moins partiellement, le vide laissé par la capitulation totale de la social-démocratie est un phénomène mondial. Dans certains cas, de tels partis se créent à partir de scissions de la social-démocratie et/ou d’anciens partis communistes (IU en Espagne, RC en Italie, WASG en Allemagne, PSOL au Brésil). En général, ils attirent des couches précédemment inorganisées, et parfois la gauche radicale y joue un rôle dynamisant. Leur succès se base principalement sur des expériences de lutte, comme contre l’Agenda 2010 en Allemagne.
Certains pensent que la balle est dans le camp de la gauche radicale, qui doit abandonner les débats et polémiques, rassembler ses forces et initier une formation de gauche massive. Le MAS n’est pas insensible à cette volonté d’unité. En ’99 nous avons invité toute la gauche radicale à faire une alliance. Cette dernière décennie, nous avons invité 3 fois le POS et une fois le PTB à se présenter avec nous. Nous avons déposé des listes communes avec le PC, le POS et Leef et aussi participé à Debout! Mais nous n’avons jamais eu l’illusion que de telles initiatives pourraient remplacer une nouvelle formation. La gauche radicale consiste principalement en des gens qui sont arrivés à des idées socialistes à travers un processus de pensée abstraite. La masse des travailleurs et des jeunes apprend sur base d’expériences concrètes. Ceci explique pourquoi des partis de masse se forment à travers des évènements de masse et pas uniquement en regroupant la gauche radicale.
La phrase «Celui qui regarde à gauche du PS et du SP.a voit le PTB» n’est que du verbiage. Comme si les travailleurs tiraient massivement des conclusions révolutionnaires de la lutte contre le pacte de générations, ou encore suivaient le stalinisme! Bien des travailleurs ont compris que le PS et le SP.a sont des freins pour leur lutte. Certains recherchent une formation qui n’est plus un frein. Une petite minorité adhère au MAS trotskiste ou au PTB stalinien, mais la grande majorité de ces travailleurs n’est pas encore prête à choisir un courant spécifique.
Le MAS le comprend et veut aider à réaliser une nouvelle formation, mais insiste parallèlement sur la nécessité de pouvoir garder son identité. Nous pensons que cela sert au mieux les travailleurs.
Les possibilités de création d’une nouvelle formation
La capitulation de la social-démocratie et le tournant encore plus à droite de la démocratie chrétienne ne sont évidemment pas des nouveautés. Les liens de la CSC/ACV avec le CD&V et de la FGTB/ABVV avec le PS et le SP.a expliquent pourquoi patronat et gouvernement sont capables d’appliquer leur politique anti-sociale. Un gouvernement de droite, sans rapports privilégiés avec les syndicats, serait tombé depuis longtemps. Casser les liens avec la social-démocratie est devenu aujourd’hui une condition pour sauvegarder nos acquis et vaincre la démoralisation.
Depuis ’95, le MAS plaide pour un nouveau parti des travailleurs. Cela était à ce moment déjà une nécessité objective. Mais la conscience des travailleurs suit en général la réalité avec un certain retard et se développe par bonds sous la pression des évènements concrets. Pendant la lutte contre le pacte des générations, le fossé entre la base syndicale et le PS, le SP.a et le CD&V est devenu palpable. Nos militants sont tous revenus des piquets du 7 octobre avec des rapports semblables. En conséquence, le MAS a décidé de lancer une pétition (www.partidestravailleurs.be), de concentrer son intervention le 28 octobre autour de trois stands avec à chaque fois une cinquantaine de militants, surmontés de calicots qui appelaient la FGTB/ABVV à casser avec le PS et le SPa et la CSC/ACV à casser avec le CD&V (et pour autant que cela ne soit pas encore fait, avec le cdH) et de mena une campagne pour un nouveau parti des travailleurs.
Evidemment, la création d’une telle formation et la cassure avec la social-démocratie ne se fera pas du jour au lendemain. Le ton dénigrant utilisé par la presse lors de l’action syndicale au congrès du SP.a à Hasselt était frappant. Les journaleux se sont réjouis de l’arrogance de Vande Lanotte lorsqu’il a déclaré que celui qui tourne le dos au SP.a regarde vers la droite, et ont tourné au ridicule l’action syndicale aux portes du congrès. SPa-Rood par contre, une initiative pourtant très limitée, a été gonflée jusqu’à des proportions incroyables afin de ramener les militants syndicaux dans le giron du SPa.
Mais, à la base, monte la grogne. La délégation FGTB d’Agfa Gevaert a fait un communiqué de presse appelant explicitement le sommet syndical à se retirer du bureau du SPa. A la CMB de Liège la discussion sur la rupture avec le PS dure depuis plusieurs semaines.
Des secrétaires et des délégations ont signé la pétition. Dans le Limbourg, des délégués, entre autres de Ford et de Sappi, se sont réunis avec l’ancien parlementaire SP.a, Jef Sleeckx afin de tâter le terrain pour une nouvelle initiative et il en a été de même à Gand. A Anvers, les délégués de la Chimie se sont réunis avec Sleeckx. Ils veulent organiser un grand débat sur les liens entre les syndicats et le SP.a et le CD&V. Si cela s’avère un succès, il faudra organiser des débats semblables à Liège, Bruxelles, Gand et Charleroi.
Selon Sleeckx, et le MAS le rejoint sur ce point, une nouvelle formation devra être organisée au niveau national et non pas sur base communautaire. Toujours selon Sleeckx, elle devra s’ouvrir tant aux travailleurs de la CSC qu’à ceux de la FGTB, tant aux Belges qu’aux immigrés, aux anciens et qu’aux plus jeunes,… Les travailleurs de la chimie d’Anvers ont décidé à juste titre de tenir leur débat en terrain neutre. Ainsi espèrent-ils ne pas effrayer les syndicalistes de la CSC.
Selon le MAS, une nouvelle formation aura besoin dans un premier temps d’une structure fédérative, dans laquelle divers courants pourront collaborer sur base de consensus. Ceci est nécessaire afin de créer une relation de confiance et d’éviter qu’un ou l’autre courant se sente limité dans ses droits. C’est un message aux travailleurs chrétiens, la garantie qu’ils seront écoutés.
Un programme de gauche conséquent qui rompe avec la politique néo-libérale
Jef Sleeckx veut un mouvement où la base décide. Le MAS est complètement d’accord. Les débats politiques ne peuvent, comme c’est le cas dans les partis classiques, être limités à un petit groupe de patrons de parti, mais chaque travailleur doit avoir la possibilité de contribuer aux discussions. Nous pensons qu’il faut partir des besoins concrets des travailleurs et de leurs familles. Pour résorber le chômage, les partis traditionnels ne plaident que pour des baisses de charges sociales et une flexibilité extrême. Nous pensons par contre qu’il vaut mieux répartir le travail disponible entre tous, évidemment sans perte de salaire sans quoi le pouvoir d’achat et donc l’économie seraient minés.
La libéralisation et la privatisation n’ont rien apporté aux travailleurs. Ce sont les patrons qui se sont enrichis. A la Poste et à la SNCB, la libéralisation revient à fournir moins de services à un prix plus élevé, avec moins de personnel. Le statut de fonctionnaire public se dégrade. Le succès de Belgacom s’est fait au détriment de 10.000 emplois et ave un rythme de travail destructeur pour ceux et celles qui ont eu la chance de rester. Les profits sont énormes puisque nous, contribuables, avons pris en charge le coût social. Le MAS veut mettre fin aux libéralisations et aux privatisations et renationaliser tous nos anciens services publics, mais cette fois sous contrôle des travailleurs et plus sous celui des managers qui ne font que du sabotage dans l’intérêt du secteur privé.
Le MAS s’oppose à la régionalisation de la sécurité sociale puisque celle-ci conduira à une compétition entre les régions, dans laquelle celle qui assainira le plus obtiendra les investissements. Cela mènera, tant en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles, à la casse de nos acquis sociaux. Nous sommes par contre en faveur d’un programme massif de construction de logements sociaux afin de combattre l’augmentation étouffante des loyers et des prix d’achat des habitations.
Le MAS pense que ces mesures, ou toutes autres semblables, se heurteront à la résistance du patronat et de son appareil politique, juridique et médiatique. Seule une société où les travailleurs et leurs familles détiennent ces leviers de commande, une société socialiste, peut répondre à leurs justes besoins. Le MAS veut apporter ces points de programme et d’autres dans une nouvelle formation, non pas en tant qu’ultimatum, mais comme contribution avec celles d’autres courants et individus.
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La base le demande: un plan d’action contre le pacte des générations!
La mobilisation de ce 28 octobre a confirmé ce que la grève du 7 octobre laissait déjà penser: les travailleurs en ont assez de la politique du moindre mal qui les a obligé à avaler durant douze ans des plans d’austérité. L’arrogance du patronat, des politiciens et des journalistes sur le pacte des générations a toutefois obligé les appareils syndicaux à se mettre en branle. La base a prit cette opportunité pour pousser à aller encore plus de l’avant.
Eric Byl
Quelle surprise pour Verhofstadt et Co. Qui le pensait encore possible? En 1993 les travailleurs ont pris l’initiative eux-même contre le Plan Global. Mais cela se déroula dans le cadre de la chute de la monstrueuse caricature de socialisme à l’Est, le stalinisme, allant de pair avec une énorme offensive idéologique contre tout ce qui avait trait au socialisme et la lutte des classes. Cette période est maintenant derrière nous. La fable selon laquelle les efforts d’aujourd’hui vont assurer un meilleur avenir est décrédibilisée.
Le gouvernement veut néanmoins appliquer son pacte des générations, pour " préparer le pays au vieillissement ". Sur ce phénomène circulent d’innombrables données. Apparemment le coût s’élèverait à 9 milliards d’euros vers 2030. Le gouvernement peut bien penser qu’on est tous des idiots, qu’on n’a rien compris à cause d’une mauvaise communication, que les syndicats ont menti,… mais on sait compter. Depuis 2000, les patrons ont reçu 23,3 milliards d’euros de diminutions de charges (voir le rapport n° 66 du Conseil National du Travail sur le financement de la sécurité sociale du 12 juillet 2005). Si le gouvernement, plutôt que de donner cet argent aux patrons, l’avait utilisé pour créer des emplois publics stables, les salaires de 155.000 travailleurs supplémentaires pendant 6 ans auraient été payés, et le problème du vieillissement pour la sécurité sociale aurait également été réglé.
Tous les politiciens, au moins ceux qui sont représentés au parlement, sont bloqués dans une logique d’austérité néolibérale. Il n’est pas totalement exclu que le gouvernement fasse quelques concessions afin de sauver son pacte, mais cela ne peut servir qu’à diviser et à affaiblir le mouvement. Les syndicats ne peuvent pas se laisser prendre au piège. La base est claire: retrait du pacte des générations. Pour cela, il faut un plan d’actions de grèves régionales et provinciales, avec à une grève générale nationale de 48 heures, à commencer le 23 novembre quand le gouvernement va traduire son pacte en loi.
Les syndicats vont devoir se confronter à leurs partenaires politiques "privilégiés", CD&V et CDh pour l’ACV-CSC et PS et SP.a pour la FGTB-ABVV. Le Setca Bruxelles-Hal-Vilvorde a déjà appelé la FGTB à retirer ses représentants de la direction du PS et du SP.a. La délégation FGTB de Agfa appelle la FGTB à couper les liens avec le SP.a. Dans bien d’autres endroits cette même discussion est relayée. Cela supprimera un énorme frein à l’action, mais ne suffira pas. Les syndicats doivent proposer leur propre alternative au pacte des générations. En 1954 et 1956, la FGTB proposa des réformes de structure irréversibles comme alternative à la politique du patronat. C’est d’une telle alternative qu’il faut discuter aussi aujourd’hui.
De toute façon, les travailleurs ont besoin d’un parti qui traduit leurs revendications sur le plan politique. Certains mènent un combat d’arrière-garde dans l’espoir de faire changer d’esprit le PS et le SP.a. C’est l’énième tentative honorable, mais ils se trompent. Le MAS n’est pas seul à regarder au dehors des frontières de la Belgique, et tous peuvent voir comment de nouvelles formations politiques commencent à remplir le vide à gauche. Selon nous, il faut marcher sur ce chemin ici aussi.
Si la FGTB et la CSC lançaient une telle initiative en commun, cela aurait immédiatement un énorme impact. Pour stimuler ce débat, le MAS a lancé une pétition pour un nouveau parti des travailleurs, à coté de la construction d’un réseau syndical. Un tel parti serait évidemment un reflet de la conscience générale du mouvement ouvrier. Un programme socialiste révolutionnaire comme celui du MAS ne pourrait en ce moment qu’en toucher une minorité. Un tel parti serait toutefois un forum pour l’action et le débat politique, et vu que la conscience politique est formée d’actions, cela pourrait élargir considérablement l’intérêt envers notre programme. Un nouveau parti des travailleurs répond aux besoins actuels des travailleurs et de leurs familles. Contrairement à ce que colportent certains, ce n’est pas un concurrent pour les organisations socialistes révolutionnaires existantes, mais justement un instrument qui peut nous offrir l’audience qui nous a manqué durant des années.