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  • [DOSSIER] Libye : L’impérialisme essaie de récupérer le mouvement révolutionnaire à son avantage. Comment la gauche réagit-elle?

    Pendant quelques mois, l’impérialisme a été paralysé par les évènements en Afrique du Nord et au Moyen Orient. En Egypte et en Tunisie, les dictateurs ont été chassés du pouvoir en peu de temps par un mouvement de masse. Tout a été tenté pour assurer que les changements de régime dans ces pays se limitent à de simples changements de marionnettes, sans fondamental changement social. Mais les révolutions se sont répandues, avec la conviction que les masses opprimées sont capables de se débarrasser des régimes dictatoriaux et pro-capitalistes.

    Par Michael B. (Gand)

    De semaine en semaine, une vague de protestations de masse sans précédent a progressé dans des pays aussi divers que le Yémen, le Bahreïn, le Maroc, la Libye et la Syrie. Les mouvements en Tunisie et en Egypte ont construit de profondes racines sociales parmi les opprimés, en balayant les divisions ethniques et religieuses. Grâce aux comités populaires dans les quartiers et aux comités ouvriers dans les usines, toutes les couches des masses de travailleurs et de pauvres ont été impliquées. Mais ces révolutions sont loin d’être terminées : les forces de la contre-révolution essaient maintenant de regagner le contrôle de ces pays.

    Alors qu’aujourd’hui beaucoup – mais pas tous – de Libyens célèbrent la disparition du régime de Kadhafi, les véritables socialistes doivent clarifier que, contrairement à la disparition de Moubarak en Egypte et de Ben Ali en Tunisie, la disparition de Kadhafi est, cette fois, également une victoire pour l’impérialisme.

    L’objectif des interventions impérialistes en Libye était de développer son contrôle dans la région, de créer un régime fiable aux pays occidentaux (même si les puissances impérialistes avaient par le passé conclu des marchés avantageux avec Kadhafi), et d’introduire un nouveau modèle dans la région, c’est-à-dire un changement de régime rendu possible grâce à l’aide des pays occidentaux, et au service de ces derniers bien entendu.

    Ces éléments doivent tous entrer en ligne de compte lorsque les marxistes essaient d’analyser les récents développements en Libye et en Syrie. Les vautours se rassemblent autour du cadavre de l’ancien régime ; les entreprises occidentales veulent conclure des transactions ultra-avantageuses avec le nouveau régime en échange des bons services rendus par l’Occident, qui a porté le nouveau régime au pouvoir.

    Mais cette critique de l’intervention impérialiste ne signifie toutefois pas que les marxistes peuvent défendre la situation qui prévalait jusque là, ou encore qu’ils peuvent entretenir des illusions envers le caractère de l’ancien régime de Kadhafi. C’est pourtant exactement ce qui a été fait par les organisateurs d’une manifestation à la Bourse de Bruxelles le vendredi 2 septembre dernier (1), des organisations liées au PTB (qui a défendu Kadhafi dans son hebdomadaire ‘‘Solidaire’’ (2)). Nous n’avons pas soutenu la plate-forme de cette action et nous voulons expliquer cette décision.

    L’ennemi de notre ennemi n’est pas notre allié par définition !

    L’action a eu lieu sous le slogan principal ‘‘Manifestation pour la paix en Libye et contre les bombardements de l’OTAN – Stop aux bombes "humanitaires" de l’OTAN’’. Évidemment, nous sommes pour la paix en Libye et opposés à l’intervention de l’OTAN, cette dernière ne pouvant en effet que conduire à une sorte de ‘‘recolonisation par l’Occident.’’ Mais de quelle paix parlons-nous ? Et de quelle façon devons nous concrètement traduire cela ?

    Notre problème avec l’appel pour cette manifestation se situe principalement au niveau de la question de l’alternative. Une série de faits divers sur la Libye énumérés dans la plateforme tentait d’éviter d’aborder le mécontentement, réel, qui existe parmi de larges couches de la population libyenne. Ainsi, par exemple, était totalement ignoré le mécontentement chez les pauvres, les travailleurs et les jeunes dans l’Est du pays, une région victime des tactiques de division de Kadhafi destinées à protéger son règne. Les ‘‘faits’’ présentés insinuaient un soutien à l’ancien régime de Kadhafi en disant que le dictateur avait offert la médicine gratuite, l’égalité entre hommes et femmes et qu’il avait permis d’atteindre un niveau de vie élevé.

    Il est vrai que Kadhafi a offert un certain niveau de vie à la population libyenne. Kadhafi est arrivé au pouvoir en 1969 après que l’ancienne monarchie ait été abattue. A cette époque, il soutenait le soi-disant ‘‘socialisme arabe’’, qui n’était en rien un socialisme démocratique mais bien une tentative de se positionner entre l’impérialisme et le stalinisme dans le contexte de la guerre froide. Il a nationalisé de nombreuses industries, y compris l’industrie pétrolière et le rendement du secteur n’allait pas vers les dirigeants d’une clique de multinationales occidentales, mais à l’Etat libyen lui-même. Cela a permis à Kadhafi de garantir dans une certaine mesure l’accès à des soins de santé et à l’éducation avec une sorte d’Etat-providence. Cela a donné au régime un certain soutien parmi la population.

    Mais le texte de l’appel semble supposer qu’il s’agit là d’une réussite qui mérite tous les hommages. Kadhafi – mi-monarque, mi-militaire – savait comment maintenir un soutien de la part de la population tout en préservant des liens avec les grandes puissances, parfois en se liant à l’Union soviétique, parfois à l’ouest. Occasionnellement, il s’était profilé comme un ‘‘communiste’’, mais il n’a jamais aboli les interdictions portant sur les syndicats et les organisations de travailleurs libres dans le pays. En 1971, Kadhafi a aussi renvoyé un grand nombre de communistes soudanais de Libye vers le Soudan, où ils sont tombés aux mains du dictateur Jafaar Nemeiry. Est-ce cette ‘‘liberté’’ que nous voulons voir revenir aux Libyens ?

    Après la chute de l’Union Soviétique, la Libye a tenté de se rapprocher de l’Occident. Cela a conduit à serrer vigoureusement la main de Sarkozy et d’Obama, par exemple. Ou encore à la conclusion d’un accord avec Berlusconi concernant le blocage des réfugiés africains qui tentaient de franchir la Méditerranée, mais aussi à laisser les multinationales pétrolières entrer dans le pays et encore à se lancer dans de nombreuses privatisations. La Libye est également devenue une célèbre investisseuse en Europe. Le fonds d’investissement libyen (FIL) gérerait pas moins de 70 milliards de dollars d’investissements. Kadhafi possède une partie de la plus grande banque italienne (UniCredit), de Juventus, de Fiat et 3% de la société qui possède le plus grand journal du monde, le Financial Times. Il possède également des actions dans des sociétés russes et turques, etc. Kadhafi était donc un ennemi de l’impérialisme dans les termes, mais dans les actes, il en allait autrement…

    Quand un politicien social-démocrate cumule les postes dans des Conseils d’administration d’entreprises et essaye de couvrir cela par une rhétorique ‘‘socialiste’’, il est dénoncé (à juste titre!) mais, quand il s’agit de Kadhafi, tout est soudainement vu comme de grands gestes contre l’impérialisme !

    Nous sommes évidemment d’accord pour dire que le soutien européen et américain aux rebelles est hypocrite. Les puissances impérialistes ont appris des révolutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient, et elles voulaient cette fois être capable d’intervenir du premier rang. Mais cette hypocrisie provient aussi de leurs relations passées avec le régime de Kadhafi. Il n’était pas toujours fiable, mais quand même: Berlusconi – un vrai capitaliste – a même appelé à un cessez-le-feu. Ni l’impérialisme, ni Kadhafi ne défendent les intérêts de la population libyenne. Nous ne pouvons pas soutenir n’importe qui sous prétexte qu’il se positionne contre l’impérialisme occidental en mots (ou même en actes) alors qu’il mène simultanément une politique réactionnaire. Nous ne pouvons donc pas non plus soutenir un dictateur réactionnaire comme Ahmadinejad en Iran. Les ennemis de nos ennemis ne sont pas nécessairement nos amis ou nos alliés. Certes, le monde et les positions politiques seraient beaucoup plus faciles ainsi mais, hélas, ce n’est pas le cas !

    Il est également étrange de lire dans un texte de militants de gauche, affiliés à un parti qui s’appuie sur les idées du socialisme, que sous Kadhafi il existait une égalité entre hommes et femmes. En termes de sexisme, Kadhafi pourrait très bien s’entendre avec son ami italien Silvio Berlusconi… Il est important de voir les choses dans leur processus. Il y a eu une certaine émancipation sous Kadhafi en termes d’éducation, de droit de vote, d’abolition du mariage forcé des enfants, etc. mais ce n’était certainement pas plus que, disons, en Europe. Le taux de chômage était environ de 10% mais, pour les femmes, il était de 27% en 2006 (soit une augmentation de 6% depuis 2000).

    L’égalité ne peut pas être atteinte avec un régime dictatorial. Il faut lutter pour l’obtenir. Durant les révolutions en Afrique du Nord et du Moyen-Orient, nous avons pu voir le rôle actif joué par les femmes. Les révolutions doivent être renforcées pour leur assurer un progrès réel. L’intervention de l’Occident et le gouvernement de transition qu’il soutient ne va pas dans cette direction.

    Une perspective marxiste sur la révolte en Libye

    Comme expliqué dans l’introduction, nous n’imaginons pas que l’Occident représente une meilleure alternative pour les masses du pays. En outre, la plate-forme de la manifestation a raison de dire que la situation actuelle est souvent expliquée de manière très partiale. De nombreux facteurs ont déterminé l’impasse militaire en Libye.

    Aujourd’hui, la situation en Libye est particulièrement polarisée et compliquée. Tout d’abord, le mouvement de masse spontané contre le régime de Kadhafi a illustré que de larges couches de la population détestent ce régime. Ce mouvement n’est pas, contraire à ce qu’affirme la plateforme de la manifestation, le résultat des activités d’un groupe de rebelles terroristes et islamistes et il n’est pas basé sur d’anciens combattants de Kadhafi. Ce fut un mouvement de masse dans l’Est du pays (les images de l’occupation de Benghazi parlent d’elles-mêmes). Par ailleurs, le mouvement initial a énormément perdu de son potentiel radical.

    Le mouvement spontané a, faute d’une classe ouvrière organisée et d’une stratégie révolutionnaire claire, vite été dévié par des leaders des rebelles autoproclamés. Ces derniers sont des anciens amis de Kadhafi ou des soldats et des partisans de l’ancienne monarchie. Par conséquent, le mouvement a rapidement perdu son caractère de masse et a également perdu le soutien dont ils jouissaient à ses débuts.

    Contrairement à l’Egypte et à la Tunisie, il n’y avait pas eu d’expansion des comités et des assemblées populaires, et il n’y a pas eu d’appel à la grève générale. La vigueur que l’on a pu voir à l’œuvre en Tunisie et en Egypte a manqué en Libye. Cela est partiellement dû à une population très divisée, qui a également bénéficié de divers privilèges sous le régime de Kadhafi, et à une classe ouvrière faiblement organisée. Au lieu de la perspective d’une élévation des conditions de vie, ce que des comités de base auraient pu soulever, il était déjà clair avant même l’intervention de l’OTAN que les choses avaient tourné en un affrontement entre forces pro et anti Kadhafi. Les forces pro-Kadhafi voyaient dans le drapeau monarchiste utilisé par certains rebelles la contestation des gains sociaux obtenus par le peuple libyen durant les premiers temps de Kadhafi. De leur côté, les dirigeants rebelles autoproclamés comptaient sur l’intervention de l’OTAN pour l’emporter. En échange de l’aide matérielle et d’une reconnaissance diplomatique comme représentants légitimes du peuple libyen, l’impérialisme aurait vu sa position largement renforcée en Libye. Le conseil national de transition a obtenu son soutien en échange de concessions sur l’exploitation du pétrole (33% pour la France par exemple).

    ‘‘Soutien aux masses et à leurs révolutions ! Aucune confiance dans l’intervention impérialiste!’’

    La plateforme semble aboutir en conclusion à un soutien au nationalisme libyen, à la souveraineté du pays. Qu’est-ce que cela veut dire ? La souveraineté de chaque dictateur à faire ce qu’il veut avec son peuple ? La souveraineté de décider de la nature des liens à entretenir avec l’impérialisme ? Le peuple libyen devait-il subir le régime de Kadhafi parce qu’il y a d’autres bandits ? Nous ne pensons pas ainsi. Nous sommes pour l’autodétermination des peuples et des nations, mais cela n’a rien à voir avec un choix entre la domination occidentale et une domination intérieure. La souveraineté réelle d’un peuple ou d’une nation réside dans la classe des travailleurs et des jeunes, qui doivent se libérer des intérêts d’une élite capitaliste – qu’elle soit autochtone ou étrangère.

    Le retour à une sorte de "restauration" est une revendication réactionnaire. L’intervention de l’OTAN est contre-révolutionnaire. Ainsi, nous pouvons mettre en avant pour chaque révolte actuelle le slogan: ‘‘Soutien aux masses et à leur révolution ! Aucune confiance envers les interventions impérialistes et leurs gouvernements fantoches! Pour des comités de travailleurs et des comités populaires démocratiques en à la révolution et pour son développement!"

    Nous ne sommes pas opposés par principe à une résolution pacifique du conflit, mais une solution pacifique ne peut pas se limiter à un ‘‘retour à l’ordre’’ de Kadhafi. Si nous proposons seulement des solutions pacifistes, nous sapons la possibilité de la population à s’armer et de s’opposer à la domination de leur propre élite (Kadhafi ou le gouvernement de transition). Si le peuple libyen veut se débarrasser lui-même du joug de Kadhafi et du capital occidental, nous devons soutenir la révolution. Des comités de travailleurs, de jeunes, etc. peuvent constituer la base de la révolution avec des grèves générales et des manifestations.

    Comme on peut le voir, cela n’a rien d’un processus linéaire. Même en Tunisie et en Egypte, ces comités font l’expérience de difficultés pour former une opposition solide en défense de la révolution. Mais c’est la seule méthode capable d’assurer et de développer les acquis des masses. Nous sommes pour la renationalisation complète des secteurs clés en Libye mais, cette fois, sous le contrôle démocratique des travailleurs et non pas sous le contrôle d’une élite comme c’était le cas sous Kadhafi. Seuls des comités démocratiques de travailleurs peuvent assurer que les acquis sociaux soient maintenus et renforcés. Grâce à des grèves et des manifestations de masse, ils peuvent organiser la résistance contre la clique de Kadhafi et contre l’OTAN pour acquérir une véritable liberté et une véritable démocratie, libérée de la dictature des marchés.

    Les révolutions en Tunisie et en Egypte doivent se poursuivre, non seulement pour renvoyer les dictateurs, mais aussi pour renverser l’ensemble du système et le remplacer par une alternative socialiste démocratique. Cela serait une gigantesque source d’inspiration pour renouveler le mouvement des travailleurs et des pauvres en Libye.


    Notes

    (1) Intal et Comac-ULB. Voir aussi: http://www.intal.be/fr/manifestation-pour-la-paix-en-libye-et-contre-les-bombardements-de-lotan

    (2) “Libye : Au moins trente morts après une attaque des rebelles”, de façon plus explicite dans le paragraphe “Le Conseil national de transition fera-t-il mieux que le gouvernement Kadhafi?” sur http://www.ptb.be/nieuws/artikel/libye-au-moins-trente-morts-apres-une-attaque-des-rebelles.html

  • Israël : les plus grandes mobilisations de l’histoire du pays !

    Israël n’est pas ce pays homogène et uni contre un monde hostile cher à la propagande bourgeoise israélienne. Le vent des mouvements de masses sud-européens (les indignés espagnols et grecs), et bien sûr, des formidables révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord a soufflé sur les braises de la situation sociale dans le pays. Ainsi, le gouvernement – surpris et médusé – a vu pas moins de 300 000 personnes bousculer le régime en défilant dans la rue le 6 août après des protestations qui sont allées grandissantes depuis la mi-juillet.

    Par Thomas (Namur)

    Les raisons de cette explosion de protestations de masses, de loin les plus imposantes jamais observées en Israël, sont à rechercher au cœur même de la société de classe israélienne. La classe bourgeoise et son appareil d’État écrasent non seulement les Palestiniens et les arabes Israéliens, mais également sa propre population juive. À côté des salaires faramineux du patronat se trouvent, comme partout ailleurs dans la société capitaliste, énormément de laissés-pour-compte.

    Plus d’un million de personnes survivent avec un salaire de 750 euros par mois dans un pays où le coût de la vie est supérieur à l’Europe occidentale, et 1.750.000 Israéliens vivent sous le seuil de pauvreté (sur une population de moins de huit millions de personnes). Le travail précaire est en hausse, et la politique néolibérale de l’État implique un sous-financement des secteurs publics au profit des groupes capitalistes privés (baisses de taxes,…). Si le gouvernement de droite et d’extrême droite joue la carte des colonies et du nationalisme en niant les droits démocratique à la population arabe du pays (27% de la population israélienne environ) et en faisant de Gaza une prison à ciel ouvert, la xénophobie et les discriminations touchent aussi les immigrés juifs d’Afrique du nord ou de Russie. On notera que la police israélienne n’a pas détruit les installations des Indignés du centre de Tel-Aviv devant les médias et les touristes, mais n’a par contre eu aucun remord pour brutalement intervenir dans les quartiers pauvres de la capitale ou dans les villes de province.

    Le mouvement des tentes, qui n’est pas l’œuvre d’étudiants capricieux comme le hurle la bourgeoisie israélienne, n’a pas encore de perspectives politiques à long terme, se concentrant d’abord sur le droit au logement abordable. Il est composé, comme la jeunesse sud européenne, de jeunes qui cherchent une alternative au système néolibéral. Les professeurs, les cheminots, les taxis, les gardiens de prisons et mêmes des policiers ont aussi protesté à la suite de ce mouvement afin de dénoncer leurs conditions de travail, leurs salaires ou encore l’interdiction de se syndiquer.

    Ce mouvement n’est pas isolé. Il y a également eu une manifestation pour une Palestine indépendante de plus de 10.000 personnes à Tel-Aviv le 4 juin, une grève des médecins qui dure depuis le mois d’avril, la lutte des travailleurs sociaux (sans l’appui des syndicats officiels) avec un grand soutien de la population,…

    Nos camarades de Maavak Sozialisti, section du CIO en Israël/Palestine, militent notamment dans le syndicat Worker’s power (le pouvoir aux travailleurs), où ils incarnent la gauche de ce nouveau syndicat combatif. Celui-ci mène notamment la lutte syndicale à Haïfa chimicals, où les travailleurs sont en grève depuis le mois de mai et revendiquent un statut égal et un salaire à la hausse pour tous, arabes et juifs !

    Parler de lutte de classe en Israël n’est pas un fantasme idéaliste, il s’agit d’une réalité que le régime cherche à masquer en instrumentalisant la question nationale. En ce sens, nos camarades de Maavak Sozialisti et les syndicalistes combatifs, notamment au sein de Worker’s power, doivent être soutenu par la gauche européenne.

    Nous comprenons les objectifs de la campagne BDS (boycott-désinvestissement-sanction) et nous soutenons les actions contre les Dexia, deutsche Bank et autres groupes capitalistes comme Alstrom qui investissent dans les colonies. Mais un Boycott généralisé comme il est préconisé par BDS risquerait d’étouffer la classe ouvrière et la jeunesse précarisée et de les pousser dans les bras du régime sioniste, qui ne manque aucune occasion pour tenter de détourner la colère des masses.

    Notre camarade Irlandais le député européen Paul Murphy (du Socialist Party, la section du CIO en République irlandaise) était présent sur l’un des bateaux de la Flottille de la Liberté pour Gaza (voir son interview). Le fait que le gouvernement israélien ai été jusqu’au sabotage démontre sa brutalité et sa stratégie mal calculée, embarrassée par les protestations de masses qui affluent de toutes parts, internationales mais aussi nationales.

    Si cette contestation sociale en Israël est sans commune mesure avec les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient, les opportunités pour une gauche combative et réellement socialiste existent. Construire un parti de masse des travailleurs en Israël et en Palestine est essentiel pour donner à la colère populaire des perspectives politiques résolument anticapitalistes et joindre la question nationale aux luttes sociales. Comme le disait Karl Marx ; ‘‘Un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre’’.

  • A propos du parti – Nouvelles du PSL

    Cette nouvelle rubrique de socialisme.be vous proposera régulièrement des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprendra donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.


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    A noter dans votre agenda

    • 16-18 septembre : Camp de formation marxiste de Etudiants de Gauche Actifs destiné à préparer cette nouvelle année académique
    • Di. 25 septembre : Bruxelles. Slutwalk – protestation contre le sexisme, RDV 14h30 Gare du Nord
    • Sa. 29 octobre : Seconde Journée du Socialisme en Flandre, à l’initiative de la Table Ronde des Socialistes
    • sa.-di. 26-27 novembre : Congrès régionaux du PSL
    • 3 décembre : Manif climat
    • 8 mars 2012: manifestation anti-NSV à Louvain
    • 25 mars 2012 : protestations contre le rassemblement des réactionnaires antiavortement à Bruxelles

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    Pourquoi je suis devenu membre

    Thomas, Liège

    D’abord, j’aimerais dire que je suis une personne qui prend conscience du monde dans lequel elle vit et qui est convaincue qu’il faut agir au lieu de simplement constater.

    J’ai toujours senti en moi le besoin de m’indigner face à des situations que je ne jugeais pas justes et, à partir de ce moment, il m’est venu la nécessité de militer au sein du PSL.

    En effet, ce qui m’a plu au PSL, c’est la mentalité non-électoraliste de ses membres et leur acharnement face à un monde qui ne croit qu’en la réussite personnelle, tel un “american dream” étendu sur la planète entière.

    Je suis le genre de personne qui pense que le bien être personnel est amené par le bien être collectif au sein de n’importe quelle société et je suis convaincu que nous pouvons tendre vers ce type de société si chacun peut apporter sa pierre à l’édifice, conscient de la nécessité de changer la prison dorée dans laquelle nous vivons depuis le XVIIIème siècle.

    En conclusion, j’ai rejoint le PSL par besoin personnel, par nécessité et surtout pour l’humanité qui habite chacun de ses membres.

    Pour une société meilleure, amis camarades, vive la révolution !


    Ecole d’été réussie avec 360 marxistes de 33 pays

    Par Hanne (Anvers)

    Le PSL fait partie d’une organisation internationale, le CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière), qui est active dans une cinquantaine de pays sur tous les continents. Fin juillet, l’école d’été européenne du CIO s’est déroulée à Louvain et a rassemblée 360 participants issus d’Europe mais aussi des Etats-Unis, du Venezuela, du Brésil, du Nigéria, de Tunisie, d’Israël, de Palestine, du Liban, d’Inde, de Malaisie, du Kazakhstan ou encore d’Australie.

    Cette école d’été fut particulièrement intéressante au vu de la situation politique internationale. Nous avons connu les renversements de régimes dictatoriaux en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, la lutte de masse dans des pays Européens comme la Grèce, des mouvements aux Etats-Unis (au Wisconsin). Même Israël connaissait alors les débuts d’un mouvement de masse. En même temps, le capitalisme connaît une crise profonde et les capitalistes ne savent plus comment guérir leur système malade.

    Il faut remonter aux années ’60 pour retrouver autant de mouvements de révolte au même moment, avec des slogans et des tactiques qui se reprennent et se diffusent à large échelle. Cela illustre le sentiment de solidarité internationale. Dans un contexte de changements rapides et de mouvements, des discussions internationales telles que celles menées à cette école d’été sont indispensables.

    Les participants ont été particulièrement intéressés par les discussions sur les récents mouvements de masse, et les sessions consacrées à la Grèce, au Moyen-Orient et à l’Afrique du Nord ont par conséquent très certainement constitué le point d’orgue de cette semaine. Tant là où nos forces sont un peu plus développées (en Grèce par exemple) que là où nous posons nos premiers pas (en Espagne, en Tunisie ou en Egypte), la question du programme à défendre et des perspectives sur lesquelles le baser est un élément des plus cruciaux.

    Tout au long de cette école, le fil conducteur a sans doute été le fait que nous nous trouvons actuellement à un tournant de la situation objective mondiale. Mais le CIO s’y était déjà préparé depuis un bon moment, et nous faisons actuellement de très bonnes interventions. En Grèce, nous attirons une couche de militants ouvriers et de jeunes ; en Espagne, nous avons posé les premières bases destinées à construire une section solide. Le retour de la lutte des classes en Grande-Bretagne a immédiatement conduit à une croissance du Socialist Party qui, pour la première fois depuis des années, a à nouveau franchi la barre significative des 2000 membres. En Irlande, nous avons maintenant deux élus au Parlement – Joe Higgins et Clare Daly – qui, tout comme notre député européen Paul Murphy, étaient présents à l’école d’été.

    Chaque jour a connu son lot de discussions diverses et variées sur la lutte syndicale, la position des femmes, la lutte contre l’homophobie et la défense des LGBT, la situation particulière du Kazakhstan aujourd’hui, l’Asie, le Nigéria, l’antifascisme,… Un enthousiasme gigantesque était présent, de même que la volonté de profondément s’engager dans les luttes.

    L’enthousiasme s’est d’ailleurs notamment illustré lors de l’appel financier, dont la récolte s’élève à pas moins de 25.000 euros pour aider à la construction de nos forces au niveau international. Sur base de sérieuses discussions politiques et de notre programme socialiste cohérent, nous pouvons faire des pas en avant même si, dans la période actuelle, les éléments compliquant ne manquent pas.


    Fonds de lutte : 73% de notre objectif trimestriel obtenu après deux mois

    Voici ci-dessous un état des lieux de notre récolte de fonds de lutte pour la période Juillet-septembre 2011. Chaque trimestre, nous voulons récolter 11.000 euros de soutien financier parmi nos membres et nos sympathisants. Après deux mois, nous avons obtenu 8.044,45 euros de soutien, soit 73% de notre objectif. Il est donc parfaitement possible de réaliser le reste de notre objectif au cours du mois de septembre.

    Vous voulez participer à cet effort ? C’est bien entendu possible, en prenant un ordre permanent de soutien par exemple. A partir de 2 euros ou plus par mois, vous recevrez d’ailleurs chaque mois un exemplaire de notre mensuel, Lutte Socialiste. Versez votre contribution sur le compte n°001-2260393-78 du PSL avec pour communication “soutien”.

    • Hainaut-Namur : 75%
    • Brab. FL – Limbourg : 74%
    • Bruxelles Brab.Wall. : 62%
    • Flandre Or. et Occ. : 60%
    • Anvers : 59%
    • Liège-Lux.: 16%
    • National : 271%
    • TOTAL: 8.044,45 €, soit 73%
  • Retour sur la crise de Suez de 1956

    Le 5 novembre 1956, les paras britanniques et français descendent sur Port Saïd, en Égypte, afin de prendre contrôle de l’accès au canal de Suez. Deux mois plutôt, devant une foule enthousiaste, le président égyptien Gamal Abdel Nasser avait déclaré : ‘‘nous défendrons notre liberté. J’annonce la nationalisation du canal de Suez.’’ Au vu des récents évènements révolutionnaires en Egypte, il est bien entendu utile de revenir sur la crise de Suez et sur le Nassérisme.

    Dossier de Dave Carr

    La Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis avaient refusé d’accorder à l’Égypte un emprunt pour la construction du barrage d’Assouan, un projet qui avait pour objectif de rendre l’eau disponible toute l’année, d’étendre les surfaces irriguées, d’améliorer la navigation sur le fleuve et de produire de l’électricité. Nasser a répliqué qu’il prendrait les 100 millions de dollars de revenus du canal de Suez afin de financer le projet.

    Cette nationalisation a, bien entendu, glacé le sang de l’impérialisme britannique et français. Nasser avait maintenant le contrôle d’un passage stratégique par où défilaient les stocks de pétrole arabe vers l’occident. De plus, il commençait à obtenir de plus en plus de soutien de la part des ouvriers et paysans pauvres dans toute la région. Ces mouvements menaçaient directement les régimes fantoches de différents du Moyen-Orient.

    Après 1945, les ouvriers et paysans du monde colonial étaient entrés dans un nouveau stade de leur lutte anti-impérialiste et pour la libération nationale et sociale. Les jours de la domination directe des vieilles puissances coloniales étaient désormais comptés.

    Le Premier ministre britannique Anthony Eden avait été encouragé par son gouvernement conservateur pour tenter de remettre le royaume britannique plus fortement en avant sur la scène internationale. Malgré le déclin économique et politique grandissant de l’impérialisme britannique consécutif à la seconde guerre mondiale, Eden pensait que la Grande-Bretagne pouvait jouer un rôle de premier plan dans le cours des grands évènements mondiaux. La classe dirigeante française pensait elle aussi qu’il était possible de redorer le blason de la gloire coloniale du pays. Mais l’approche brutale de l’impérialisme français au cours des guerres coloniales avait conduit à la défaite de la guerre d’Indochine et la guerre d’Algérie, déjà entamée, allait elle-aussi bientôt se solder par une cuisante défaite conduisant au retrait du pays.

    Réaction occidentale

    ‘‘Nous bâtirons ce barrage avec les crânes des 120.000 ouvriers égyptiens qui ont donné leur vie pour la construction du canal’’. Cette déclaration de Nasser avait constitué, pour les ouvriers et les chômeurs des bidonvilles du Caire et d’Alexandrie ainsi que pour la population de la région entière, une attraction énorme.

    La réaction de l’occident était prévisible. Tant au Parlement britannique qu’au Parlement français, Nasser a été comparé à Mussolini et Hitler. En Grande –Bretagne, les médias bourgeois et les parlementaires conservateurs n’avaient de cesse de parler de ‘‘Nasser-Hitler’’, tandis que les parlementaires travaillistes ou libéraux demandaient eux-aussi des mesures contre l’Égypte. Le Premier Ministre Eden ne le désirait que trop, et les avoirs du canal de Suez ont été immédiatement gelé dans les banques britanniques. Il s’agissait de presque deux tiers des revenus du canal.

    Le dirigeant du Parti Travailliste Hugh Gaitskell a soutenu le gouvernement conservateur auprès des Nations Unies, et a même déclaré qu’une intervention armée n’était pas à exclure contre Nasser. Le Premier Ministre français Guy Mollet promettait lui aussi une sévère riposte.

    Le gouvernement britannique a tout d’abord voulu montrer qu’il désirait résoudre la crise de façon diplomatique. Une conférence de 24 pays maritimes a été convoquée à Londres afin de discuter de la ‘‘menace contre la libre navigation internationale’’. Pendant ce temps, l’armée appelait les réservistes, et une grande force navale a commencé à se rassembler.

    En réponse, Nasser a lancé un appel pour une grève internationale de solidarité à l’occasion du début de la conférence. Le 16 août, des grèves massives ont donc eu lieu en Libye, en Égypte, en Syrie, en Jordanie et au Liban, ainsi que de plus petites actions de solidarité au Soudan, en Irak, en Tunisie et au Maroc. Partout, les ambassades britanniques et françaises étaient assaillies par des manifestants.

    La conspiration

    Le président américain Eisenhower, en pleine campagne électorale, a refusé de soutenir toute intervention militaire franco-britannique. L’impérialisme américain était en fait engagé dans un bras de fer avec les impérialismes français et britanniques pour gagner de l’influence dans le Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

    Le prétexte servant à intervenir en Égypte a été une intervention israélienne armée dans le Sinaï, négociée au préalable avec les gouvernements français et britanniques. Les troupes britanniques et françaises sont ensuite venues s’interposer entre les troupes israéliennes et égyptiennes pour ‘‘protéger’’ le canal de Suez.

    Les représentants des gouvernements israéliens, français et britanniques s’étaient réunis secrètement le 24 octobre dans le voisinage de Paris, à Sèvres, et un pacte avait été conclu lors de cette réunion. Le Ministre des Affaires étrangères britannique, Anthony Nutting, a plus tard ouvertement expliqué que l’intervention britannique faisait partie d’une ‘‘conspiration commune avec les Français et les Israélien’’. Les Protocoles de Sèvres stipulaient que ‘‘L’État hébreu attaquera l’Égypte le 29 octobre 1956 dans la soirée et foncera vers le canal de Suez. Profitant de cette agression ‘surprise’, Londres et Paris lanceront le lendemain un ultimatum aux deux belligérants pour qu’ils se retirent de la zone du canal. Si l’Égypte ne se plie pas aux injonctions, les troupes franco-britanniques entreront en action le 31 octobre.’’

    Israël a utilisé le prétexte d’attaques transfrontalières de Palestiniens et du fait que le port d’Eilat avait été fermé par Egyptiens, et sont donc passé à l’offensive le 29 octobre. Le lendemain, comme convenu, les Français et les Britanniques lançaient un ultimatum commun pour imposé aux deux pays de se retirer à une quinzaine de kilomètres du canal.

    L’Égypte a bien entendu refusé cet ultimatum hypocrite. Les troupes britanniques et françaises sont donc intervenues. Les aéroports égyptiens ont été attaqués et, le 5 novembre, la zone de canal a été envahie. 1.000 Egyptiens, principalement des civils, sont décédés lors de l’invasion de Port Saïd.

    La défaite

    Le mouvement ouvrier s’est mobilisé contre cette intervention et, à Londres, une grande manifestation s’est tenue à Trafalgar Square. Lorsque les manifestants sont parvenus aux environs de Downing Street, où réside le Premier Ministre, des confrontations avec la police ont eu lieu.

    Au même moment, une révolte ouvrière éclatait en Hongrie, contre la dictature stalinienne, et cette révolte a été écrasée par les tanks soviétiques. Le même jour, l’Égypte était envahie.

    Les conséquences internationales ont été extrêmes. Les plupart des pays arabes ont rompu leurs relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne et la France. Le pipeline britannique de Syrie a été saboté et l’Arabie Saoudite a bloqué les exportations pétrolières destinées à la Grande-Bretagne tandis que les USA exigeaient un retrait d’Égypte. L’Union Soviétique menaçait elle aussi de représailles.

    La faiblesse économique et politique de l’impérialisme britannique a été révélé au grand jour à la lumière de ces évènements. Le canal de Suez a été bloqué, des navires coulés. Très vite, l’essence a dû être rationnée en Grande Bretagne. De leur côté, les Etats-Unis ont refusé d’accorder un emprunt au pays, et ont empêché le gouvernement britannique d’en avoir un de la part du FMI. La Livre britannique a chuté, et ses réserves de monnaie étrangères ont rapidement été épuisées.

    Après six semaines, les troupes britanniques et françaises ont dû quitter l’Egypte, en pleine déroute, de même que les troupes israéliennes. Nasser est apparu comme le grand vainqueur qui avait humilié l’impérialisme. En Grande Bretagne, le Premier Ministre Eden a été brisé politiquement et moralement, et a dû démissionner.

    Après la crise de Suez, le processus révolutionnaire dans la région a connu un nouveau dynamisme.

    Qu’est ce que le nassérisme?

    Nasser est parvenu au pouvoir après un coup d’Etat militaire contre le monarque corrompu Farouk, renversé en 1952. Le Roi Farouk était une marionnette de l’occident, et plus particulièrement de l’impérialisme britannique.

    A ce moment, 6% de la population du pays détenait 65% des terres cultivables tandis que 72% de la population devait se contenter de seulement 13% de la terre. Il y avait des millions de paysans sans terre ou de chômeurs, obligés de vivre dans les bidonvilles du Caire et d’Alexandrie. Les occupations de terres et les grèves s sont développées, mais aucune formation politique des travailleurs n’était en mesure de conduire les ouvriers et les paysans dans la lutte pour le pouvoir. Le colonel Nasser a profité de ce vide politique.

    Ce dernier a opéré diverses réformes, tout en laissant le capitalisme intact. Il recourait à une rhétorique socialiste afin d’obtenir le soutien des ouvriers, mais n’a en même temps pas hésité à arrêter et à faire fusiller des dirigeants de grève. Il désirait recevoir l’appui des puissances occidentales, mais s’est finalement appuyé sur la bureaucratie soviétique en contrepoids contre l’impérialisme. Cet exercice d’équilibre dans son propre pays et face aux pouvoirs étrangers a assuré qu’il devienne un dictateur avec des caractéristiques de type bonapartiste.

  • Kadhafi: du ‘socialisme arabe’ au capitalisme

    Une région en révolte – ce qui a précédé… (4)

    Le dictateur libyen Kadhafi est une des figures parmi les plus étranges de la scène politique mondiale. Tout d’abord partisan de Nasser, il s’était retrouvé ces dernières années à mener une politique de privatisations et de concessions aux grandes multinationales. Il nous semble utile de revenir sur un certain nombre d’éléments historiques.

    La monarchie libyenne s’est effondrée en 1969 avec un coup d’Etat opéré par un groupe d’officiers, les ‘‘Officiers libres pour l’unité et le socialisme’’, dont était membre Kadhafi. Ce groupe était d’inspiration nassériste, du nom du leader égyptien Nasser. Nasser était lui-aussi parvenu au pouvoir après un coup d’Etat militaire, et avait lui-aussi renversé un roi corrompu. Nasser n’a pas mis fin au régime capitaliste dans son pays, mais utilisait par contre une rhétorique ‘‘socialiste’’ afin de disposer d’un soutien plus large parmi la population. Sa politique consistait essentiellement à louvoyer entre l’impérialisme occidental et le soutien de l’Union Soviétique. Il appelait cela le ‘‘socialisme arabe’’. Au vu de la période de croissance économique mondiale de l’époque, il lui a été possible d’améliorer le niveau de vie de la population sur base de réformes, entre autres en investissant dans l’enseignement, le développement d’un secteur public, en opérant des nationalisations,…

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    Quelques photos que certains aimeraient beaucoup oublier aujourd’hui…

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    Kadhafi était devenu membre des ‘‘Officiers libres pour l’unité et le socialisme’’ en 1963, alors qu’il était en formation à l’académie militaire de Benghazi. En 1969, cette organisation a commis un coup d’Etat contre le Roi Idris Ier, qui devait abdiquer en faveur de son fils. Les militaires proclament la ‘‘République arabe libyenne’’ et portent Kadhafi au pouvoir. Ce dernier mêlait des idées islamistes au panarabisme de Nasser. En 1972, il est même arrivé, purement officiellement, à une ‘‘Union des républiques arabes’’ dont étaient membres la Libye, l’Égypte et la Syrie, mais qui ne verra jamais véritablement le jour. Par la suite, en 1973-1974, il a tenté d’établir une union tuniso-libyenne qui, après un accord initial du président Habib Bourguiba, ne se concrétise pas non plus. Kadhafi a également soutenu des organisations telles que l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) avec des armes et des camps d’entraînement.

    Cet échec dans ses tentatives d’instaurer une fédération régionale ont poussé Kadhafi à rechercher du soutien plus à l’extérieur. Cette nécessité avait particulièrement été inspirée par la crise économique internationale à partir de 1974. Le soutien qu’a alors trouvé Kadhafi auprès de l’Union Soviétique ne représentait pas un choix idéologique conscient. En 1971, Kadhafi avait encore envoyé à une mort certaine un grand nombre de communistes soudanais en les renvoyant de Libye vers le Soudan, où ils sont tombés aux mains du dictateur Jafaar Numeiri. L’Union Soviétique était de son côté fort intéressée par le pétrole libyen, certainement après que Kadhafi ait nationalisé les possessions de British Petroleum dans le pays. Une partie des militaires impliqués dans le coup d’Etat de 1969 ont eu des problèmes avec ce nouveau cours et ont tenté de démettre Kadhafi en 1975, sans succès. Un d’eux, Omar Mokhtar El-Hariri, est une des figures actuelles du Conseil National de Transition et dirigeant du gouvernement provisoire de Benghazi. Entre-temps, d’innombrables indications démontraient l’implication de la Libye dans des attentats terroristes, dont le plus connu est probablement celui de Lockerbie en 1988, où un Boeing 747 de la compagnie américaine Pan American World Airways a explosé au-dessus du village de Lockerbie en Écosse et causa le décès de 270 personnes.

    Kadhafi a essayé d’idéologiquement étayer son virage et a publié son ‘‘Livre vert’’ à la moitié des années ’70. Il y décrivait sa vision de ce qu’il qualifiait de ‘‘socialisme’’, un mélange de rhétorique à consonance socialiste concernant des comités populaires et des congrès populaires jusqu’à la ‘‘suppression du travail salarié’’, en plus d’influences religieuses, sans toutefois les appeler ainsi. Mais après la chute du stalinisme, Kadhafi a à nouveau opéré un virage. Mais il est frappant de constater que des mesures anti-travailleurs décidées dès 1969 (comme l’interdiction de tout syndicat indépendant et les restrictions du droit de grève) n’ont jamais été remises en question, quelque soit le virage de Kadhafi…

    Dans le contexte de la nouvelle situation mondiale qui a suivi la chute du mur et l’effondrement de l’Union Soviétique, Kadhafi a dû rechercher de nouveaux alliés, ce qui impliquait un nouveau virage. Le régime libyen a donc recherché à se rapprocher de l’impérialisme occidental, et Kadhafi a donc été le premier dirigeant arabe à condamner les attentats du 11 septembre 2001. Il s’est aussi excusé pour l’attentat de Lockerbie, et lors de l’invasion de l’Irak, il a expliqué que le pays stoppait son programme de développement ‘‘d’armes de destruction massive’’,… Ces dix dernières années Kadhafi a pu installer ses tentes chez presque tous les dirigeants du monde à Bruxelles, à Paris, à Washington,… Très peu ont continué à le considérer comme un ‘‘anti-impérialiste’’, le président vénézuélien Hugo Chavez est l’un des derniers. Chavez se trompe lourdement d’ailleurs : soutenir un dictateur qui s’oppose aux intérêts des travailleurs et des pauvres ne signifie pas d’avancer dans la lutte contre le capitalisme et l’impérialisme. Chavez se trouve en douteuse compagnie à cet égard, car Kadhafi a même reçu le soutien de l’extrême-droite européenne pour son ‘‘anti-impérialisme’’ bien particulier (il a été chuchoté ça et là que les contrats pétroliers entre la Libye et la province autrichienne de Carinthie à l’époque où le dirigeant d’extrême-droite Jörg Haider y était au pouvoir a été obtenu grâce aux très bons liens personnels entre Haider et Saïf Al-Islam Kadhafi, le fils de Kadhafi).

    Les revenus du pétrole ont donné durant plusieurs années la possibilité à la dictature de louvoyer entre les différentes classes sociales et les puissances internationales. Une certaine forme d’Etat-Providence a même pu être développée, qui a accordé au régime un relatif soutien. D’ailleurs, malgré la politique de privatisations de ces dernières années, il reste encore certaines mesures sociales.

    L’accès au pétrole libyen pour les multinationales occidentales a assuré que la Libye soit peu à peu retirée de la liste des ‘‘Etats voyous’’. Le premier dictateur tombé cette année en Afrique du Nord (Ben Ali en Tunisie), a toujours pu compter sur le soutien de Kadhafi. Berlusconi a aussi conclu un accord avec la Libye pour empêcher les immigrants africains de parvenir en Italie. D’autre part, des dirigeants internationaux tels que Tony Blair ou Condoleezza Rice se sont rendus en Libye pour discuter avec Kadhafi.

    Mais malgré ce nouveau virage de Kadhafi, il n’a jamais été considéré comme un allié véritablement fiable. La possibilité de le faire tomber sur base du mouvement initié à Benghazi a été saisie par l’impérialisme pour partir en guerre contre lui. Mais la victoire n’est pas venue rapidement. Les exemples des pays voisins comme l’Égypte et la Tunisie illustrent la meilleure manière de faire chuter un dictateur: par un mouvement de masse, initié par la base même de la société.

  • Ecole d’été du CIO : Kazakhstan, une situation explosive

    Le Kazakhstan actuellement des développements importants. Une grève de travailleurs du pétrole dure depuis plus de 2 mois, et cette situation de contestation se retrouve plus généralement dans le pays. Aujourd’hui, les masses du pays commencent à ne plus avoir peur, et un scénario ‘‘à la tunisienne’’ n’est pas à exclure pour les prochaines années.

    La grève des travailleurs de KazMunaiGas

    La grève a commencé dans une filiale de l’entreprise nationale de pétrole, décrite comme une entreprise nationale mais sous le contrôle d’un seul homme, le beau-frère du président Nazarbaïev, qui possède également d’autres entreprises dans le secteur. A la base, les travailleurs demandaient que l’entreprise respecte la législation sociale.

    Là où se trouvent les champs pétroliers, les conditions sont très pénibles. Ce sont des déserts où la température peut atteindre 40° l’été, et -40° l’hiver. Rien ne pousse dans la région, tout doit être acheminé, et les salaires permettent à peine de pouvoir acheter la nourriture, qui coûte très cher. Ces derniers mois, il y a eu plusieurs morts sur le site, mais la direction refuse de reconnaitre sa responsabilité. Elle envoie ainsi une lettre de licenciement à la famille pour s’assurer de n’être plus responsable.

    Dans un premier temps, les travailleurs ont écrit au président et à diverses autres personnes pour chercher un soutien, durant toute une année, mais sans résultat. Ils en sont donc arrivés à la conclusion qu’ils ne pouvaient compter que sur eux même. Les syndicats leur ont mis des bâtons dans les roues et, l’an dernier, un travailleur a même été passé à tabac sur ordre des responsables syndicaux. Cela été la goutte d’eau qui a fait débordé le vase.

    Les travailleurs ont donc organisé leur propre conférence afin d’élire leurs propres délégués, mais les syndicats ont refusé de signer les papiers permettant de reconnaitre cette conférence. D’autre part, les travailleurs avaient transmis à la police toutes les informations relatives à l’agression, mais elle n’a rien fait. Finalement, la grève a éclaté le 17 mai dernier.

    Cette grève a été déclarée illégale, des grévistes ont été licenciés et leur avocat a même été arrêté sous l’accusation de vol de documents le jour même du déclenchement de la grève. Directement, els grévistes ont envoyé un piquet devant les locaux de la police, et un des travailleurs, accusé d’avoir organisé le piquet, a directement été arrêté lui aussi. L’un des syndicalistes arrêté est diabétique et, durant les premiers temps de son enfermement, on a refusé de lui donner de l’insuline, ce qui est considéré comme de la torture au regard du droit international. La seule manière de libérer ces camarades est que la grève soit victorieuse, car on ne peut rien attendre de la justice, totalement corrompue.

    Peu après le déclenchement de la grève, une usine d’une ville voisine est également partie en grève, en solidarité. Les travailleurs de cette entreprise avaient l’habitude des pratiques de la direction. Lors d’une grève précédente portant sur les salaires, leur dirigeant syndical avait été accusé de détention de drogue, un piège des plus grossiers. Ensuite, des sous-traitants sont eux-aussi entrés en grève en solidarité. Aujourd’hui, quelque 18.000 personnes sont impliquées dans la lutte, ce à quoi il faut encore ajouter les familles. La lutte se déroule dans conditions très dures. Beaucoup de grévistes sont licenciés, des maisons de grévistes sont brulées et l’un d’entre eux est décédé de crise cardiaque durant une action. Il y a quelques semaines, les femmes des grévistes ont manifesté et elles aussi ont dû subir une lourde et violente répression policière.

    Des travailleurs en lutte sont entrés en grève de la faim et après une semaine, quand la grève de la faim commence à avoir un sérieux impact sur le corps, on leur a refusé l’assistance médicale, ce qui n’est pas seulement illégal, mais aussi contre le serment d’Hippocrate. D’autres travailleurs ont toutefois décidé de rejoindre la grève de la faim et ont tenté d’installer des tentes devant l’hôtel de ville. Lorsque la police est intervenue, ils ont décidé de s’installer sur la route principale de la ville. La police a commencé à tenter d’arrêter tout le monde, et des grévistes ont alors ouvert leur ventre pour protester. La police a essayé d’assurer qu’aucune information ne circule au sujet du conflit, elle a donc aussi arrêté tous les journalistes. Il y avait un mariage non loin, et le caméraman a lui aussi été arrêté.

    Contrôle de l’information

    Ce n’est pas tr ès compliqué pour le régime de contrôler l’information, tout étant détenu par une seule personne: le beau-fils de Nazarbaïev. Les droits de l’Homme n’existent tout simplement pas dans le pays. Les travailleurs sont exploités comme des esclaves et la liberté de la presse ou la liberté de pensée est quasiment inexistante. L’essentiel des journaux sont aux mains de la famille présidentielle et, lorsqu’un journal indépendant essaie de se développer, il n’est pas rare que ses journalistes soient battus. Même les blogs sont bloqués, et le contrôle d’internet est intense. Une loi est même passée pour que chacun soit considéré comme un journaliste pour ce qu’il écrit sur internet, et puisse donc être passé en jugement et envoyé en prison. Dans celle-ci, les tortures sont monnaie courante. La situation qui y existe a été récemment dénoncée par un journaliste, qui connaissait particulièrement bien le sujet pour y été envoyé par deux fois, condamné par de fausses accusations.

    Les grévistes ont essayé de briser le contrôle de l’information, et une grande nouvelle est arrivée avec la déclaration du chanteur Sting. Sting a annulé un concert prévu en juin à Astana, la capitale du Kazakhstan pour protester contre la répression touchant les grévistes. Les organisateurs kazakh du concert ont quant à eux évoqué des "raisons techniques et d’organisation" pour expliquer cette annulation. Sting a notamment déclaré : ‘‘Des grèves de la faim, des travailleurs emprisonnés et des dizaines de milliers (de personnes) en grève représentent un piquet de grève virtuel que je n’ai nullement l’intention de franchir.’’ Cela et d’autres choses ont permis que toute la population du pays soit désormais au courant de ce qui se passe. Mais le gouvernement déclare toujours qu’il ne se passe rien de grave.

    Cette attitude est typique du régime. Pendant 20 ans, celui-ci a assuré que l’activité du président avait grandit le pays, contre toute logique puisque, dans les faits, tout a été détruit. Toutes les entreprises qui avaient été laissées après la chute de l’URSS ont été détruites. C’est toute la production basée sur la transformation qui a disparu, et seule l’extraction de matières premières a été soutenue. Ce pays très riche, aux ressources naturelles énormes, a connu une désindustrialisation, et tous les bénéfices ont été directement orientés vers les poches de la famille du président Nazarbaïev.

    Un pays aux ressources naturelles gigantesques

    Quant à l’extraction de pétrole, elle n’obéit qu’à une vision à très court terme, où on pompe tout maintenant, sans penser aux conséquences pour le lendemain. On trouve aussi de l’uranium dans le pays, mais toute l’extraction s’effectue à ciel ouvert, sans tenir compte des effets dangereux sur la population. L’extraction de charbon s’effectue aussi à ciel ouvert et quand le filon est épuisé, ils repartent en laissant le trou béant. Un des très bons amis du président est le géant de l’acier Mittal, et, là comme ailleurs, les bénéfices gigantesques s’expliquent par les très bas salaires, le manque totale de protection et le déni de la moindre règle de sécurité. Dans les mines, il est commun pour les travailleurs de se demander : le coup de grisou sera-t-il pour aujourd’hui ou pour demain ? De fait, les décès sont fort nombreux. Uniquement l’an dernier, pas moins de six explosions ont eu lieu dans les mines.

    Le Kazakhstan est un pays gigantesque, équivalent à la surface de l’Europe Occidentale, mais avec une population de 15 millions de personnes environ. Selon BP, le pays abrite 3% des réserves mondiales connues de pétrole, et 1% des réserves mondiales de gaz. Ces ressources naturelles attirent bien entendu une grande convoitise, et il n’est dès lors pas surprenant de voir que les puissances étrangères se taisent sur les actes du régime, et vont même jusqu’à considérer que le Kazakhstan est une démocratie ! En 2010, le président Nazarbaïev a même été nommé à la tête de la présidence tournante de l’OSCE (Organization for Security and Cooperation in Europe, l’Organisation pour la Sécurité et la coopération en Europe). Pourtant, à l’occasion des élections de 2005, la même OSCE avait critiqué le caractère non-démocratique de celles-ci… Le pays est aussi une des clés des jeux géopolitiques de la région, c’est l’arène de conflits d’intérêts entre les USA, l’Union Européenne, la Chine et la Russie.

    Un pays taillé sur mesure pour une seule famille

    Le pays ne comprend pas de logements sociaux, et les logements normaux sont extraordinairement chers. La population doit emprunter à des taux mirobolants afin de pouvoir se loger. Quand la crise économique a frappé le Kazakhstan, les banques ont rencontré de grands problèmes et il a fallu les sauver. Par contre, pas le moindre centime n’a été dépensé pour soutenir les familles endettées. La question d’organiser la défense de la population est sans cesse plus cruciale face aux taux hypothécaires trop élevés,… Maintenant, les banques procèdent à des expulsions en laissant les gens à la rue. Un des dirigeants du mouvement ‘‘Touche pas à nos logements’’ est actuellement menacé d’emprisonnement, la police tente de le condamner avec des charges criminelles. Un peu plus tôt, sa voiture avait été sabotée, on avait trafiqué sa pédale de frein et le frein à main.

    En fait, une seule famille est défendue et protégée dans le pays : celle du président, au pouvoir depuis plus de vingt ans. La constitution du pays a d’ailleurs été écrite par le président lui-même et, en mai 2010, ce dernier a à nouveau modifié la constitution pour y introduire la notion de ‘‘chef de la nation’’, ce dernier étant immunisé de toute poursuite, cette immunité étant à vie et même étendue à sa famille. Exemple illustratif : un des beaux-fils de la famille présidentielle tient un night club dans la capitale. Un soir, il a été tabassé par un client trop saoul, une quarantaine de policiers ont ensuite été licenciés pour ne pas avoir assez bien assuré la protection de la famille du président.

    Une des principales caractéristiques du régime est la concentration énorme de richesses aux mains du clan Nazarbaïev, combinée à l’héritage du stalinisme en termes de culte de la personnalité et de népotisme (il a été président du Conseil des ministres de la République socialiste soviétique kazakhe de 1984 à 1989 et premier secrétaire du Parti communiste kazakh de 1989 à 1991).

    Nazarbaïev s’est maintenu au pouvoir en falsifiant les votes, mais pas seulement. Maintenant, la falsification touche également le taux de participation aux élections, car plus personne ne veut aller voter. La blague est célèbre dans le pays ; aux prochaines élections, le taux de participation sera de 102%… Lors des élections d’avril 2011, Nazarbaïev a été réélu dès le premier tour avec 95,55 % de suffrage pour un taux de participation de 89,99%. Trois candidats étaient en lice, les deux ‘‘opposants’’ au président étant en fait là pour faire de la figuration. L’organisation de défense du droit au logement a manifesté dans la capitale à 200 personnes pour revendiquer de présenter un candidat, mais ces 200 personnes ont directement été arrêtées. Quant aux résultats électoraux, qui rappellent ceux dont se revendiquaient Moubarak ou Bel Ali, un de nos camarades qui était observateur durant ces élections a pu concrètement voir comment parvenir à un tel ‘‘soutien’’…

    Pour êtres crédibles, les élections devaient au moins obtenir 4 millions de votants. Le régime a donc forcé les gens à aller voter ou utilisé des subterfuges, comme d’envoyer des bus ‘‘d’électeurs’’ d’un bureau de vote à l’autre pour y voter, remonter dans le bus, et se diriger à un autre bureau. Dans le bureau de vote où le camarade était, il a peut-être vu 100 personnes passer voter, mais en fin de journées, plus de 1000 personnes s’étaient officiellement déplacées au vu du nombre de bulletins… Dans certaines usines, les travailleurs recevaient 25 à 30 euros de bonus (une somme énorme par rapport aux salaires) pour aller voter pour le président tandis que les étudiants qui n’allaient pas voter étaient menacés de ne plus pouvoir suivre leurs études.

    Le rôle de la jeunesse

    D’année en année, on observe une diminution du nombre d’étudiants. La loi sur la refonte de l’enseignement supérieur tient à assurer que l’enseignement supérieur sera entièrement privatisé d’ici quelques années, et que seuls les très riches pourront y assister. Le régime part du principe que des gens éduqués risquent de trop réfléchir et de commencer à s’opposer à lui. D’ailleurs, pour les jeunes qui ont reçu une instruction et qui ne font pas partie des cercles dirigeants, il est très difficile de trouver un emploi ou un logement.

    On trouve de plus en plus de jeunes dans la capitale, comme l’économie rurale s’effondre et que l’exode vers les villes est gigantesque. Le pays est couvert de villes fantômes où personne n’habite plus. Tous les subsides sont consacrés à Astana, la capitale, les autres villes ne recevant rien. A ce rythme, d’ici quelques années, le pays sera vide, à l’exception des zones d’extraction de matières premières et des deux grandes villes ; Alma-Ata et Astana, gigantesque capitale futuriste qui, comme Las Vegas, ne sera bientôt plus qu’un point lumineux dans le désert.

    La jeunesse se rend de plus en plus compte qu’elle n’a pas d’avenir avec le régime, cette colère commence à se transformer en conscience politique. Lorsque nos camarades ont visité les grévistes du pétrole, des travailleurs leur ont dit : nous avons près de 10.000 jeunes chômeurs ici, voulez-vous nous aider à les organiser ?

    Il est très difficile de dire quand, mais il est certain que le moment où la jeunesse va se soulever dans le pays est assez proche. Les capitalistes ne résoudront jamais les problèmes de la population, ils ne cherchent même pas à légèrement les atténuer, aveuglés par leur soif de profits à court terme.

    Potentiel révolutionnaire

    Actuellement, l’Etat s’attaque très durement à nos camarades. Notre organisation voit son influence grandir car la population est de plus en plus dégouttée par le ‘‘travail’’ de l’opposition officielle et, par contre, ils peuvent voir quelles actions nous menons, à la fois avec notre section dans le pays (soutien actif aux luttes pour défendre les logements, soutien actif aux grèves et à leur organisation,…) ainsi qu’avec notre internationale (plusieurs visites de camarades, visite du député européen du CIO Joe Higgins l’an dernier et celle de son remplaçant Paul Murphy cette année,..).

    Dans le cas des grévistes du secteur pétrolier, nous avons pris l’initiative d’un comité de soutien national, dont une des principales tâches est de récolter du soutien financier pour les grévistes. Nous essayons d’impliquer le plus de monde dans ces comités, y compris des artistes et des chanteurs. Un photographe européen reconnu a déjà vendu plusieurs photos pour soutenir financièrement les familles des grévistes, tandis que de nombreux groupes rock ont déclaré soutenir la grève et sont en train d’organiser un concert de soutien.

    Cette grève est de la plus haute importance, et nous devons assurer de tout mettre en œuvre pour assurer sa victoire. Il y a de grandes chances pour que les mineurs partent eux aussi en lutte en cas de victoire de leurs camarades du pétrole, et cela pourrait enclencher un processus de luttes de grande ampleur dans le pays. Et contrairement à la Tunisie ou à l’Egypte, le CIO aura des forces actives et reconnues dès le début du processus révolutionnaire. Bien évidemment, nous devons aussi penser à la possibilité d’une défaite à cause d’une trop grande répression durant trop longtemps, à cause du manque d’expérience des dirigeants des grévistes pour tenir suffisamment longtemps dans ce contexte extrêmement tendu,… Le gouvernement utiliserait cet élément décourageant, qui pourrait faire taire la contestation sociale pendant un certain laps de temps. Mais, pour revenir à l’expérience de la lutte de Gafsa en Tunisie, la défaite a néanmoins constitué une expérience très riche pour la suite. Le potentiel est véritablement présent pour une explosion à caractère révolutionnaire dans le pays.

    Bien entendu, le régime est parfaitement au courant du danger qu’il court, lui aussi regarde vers le Moyen Orient et l’Afrique du Nord, mais avec effroi. Un des leviers sur lequel il peut jouer est celui de la composition ethnique du pays. Le Kazakhstan est la dernière république à avoir déclaré son indépendance de l’URSS, et la seule où l’ethnie locale n’était pas majoritaire dans le pays. Depuis lors, Nazarbaïev a tenté de susciter le développement d’un sentiment national dans le pays, et beaucoup de Kazakhs sont revenus dans le pays, tandis que des Russes ou membres d’une autre nationalité sont repartis. Le sentiment national est un outil pour détourner l’attention des gens des problèmes sociaux et, en période de crise sociale aigüe, cela restera un des derniers recours du régime.

    Les Kazakhs sont favorisés pour postes dans services publics alors que, dans beaucoup d’entreprises, les Kazakhs ont des postes subalternes par rapport aux autres ethnies ou aux travailleurs d’origine étrangère. Les entreprises chinoises sont par exemple de plus en plus présentes dans le pays. Mais elles arrivent avec leurs propres travailleurs qualifiés, tandis que les travailleurs locaux n’ont que des postes subalternes, mangent dans une cantine différente,… Les travailleurs étrangers sont de façon générale mieux payés, d’autant plus que les attaques dans l’enseignement supérieur entraînent une pénurie de main d’œuvre qualifiée dans le pays, compensée par l’arrivée de techniciens étrangers. La ségrégation est réelle, fort pesante, et peut en dernier recours être utilisée par le régime pour détourner une contestation sociale en une contestation de type nationaliste.

    Il y a bien entendu également la question de la répression, particulièrement féroce. Nos camarades y font régulièrement face, comme en ont témoignés les nombreux appels à la solidarité que l’ont a pu voir sur le site du CIO (socialistworld.net) ou sur celui-ci. Il sera nécessaire pour le CIO de renforcer cette campagne de solidarité avec nos camarades kazakhs ainsi qu’avec les travailleurs en lutte dans ce pays, par exemple en organisant des protestations devant des sites ou des sièges d’entreprises occidentales qui profitent de la situation sociale du Kazakhstan pour augmenter leurs profits (GAP, Zara, Metro,…). C’est particulièrement vrai dans le cas de la Grande-Bretagne. En décembre dernier, une délégation officielle s’est rendue au Kazakhstan, et le Prince Andrew a lui-même traité avec les oligarques liés au régime. Des entreprises telles que British Gaz ont des intérêts dans le pays.

    Au Kazakhstan même, nous devons orienter nos efforts pour éviter qu’un changement de régime se résume à dégager Nazarbaïev. Un autre prétendant pourra essayer de se profiler pour sauver le régime capitaliste. Si Nazarbaïev est renversé, ou s’il décède et que sa succession n’est pas assurée (les rumeurs concernant l’état de santé du président sont nombreuses), l’impérialisme pourrait changer de tactique et peser de tout son poids pour hâter l’avènement au pouvoir d’un des partis d’opposition officiels, qui font tous partie de l’oligarchie qui détient l’économie entre ses mains. On assisterait alors à des privatisations massives dans les secteurs du pétrole et du gaz, ou une bonne partie de la production reste aux mains de l’Etat (et dans les mains de la famille du président dans les faits), d’où l’importance de revendications tells que le contrôle de la production par les travailleurs. Il est aussi possible que les explosions sociales se développent et se prolongent, et que le régime soit capable de gérer une transition post- Nazarbaïev, mais cela devra absolument être accompagné d’une répression féroce du mouvement des travailleurs.

    Là aussi, l’expérience révolutionnaire de Tunisie ou d’Egypte doit être regardée : il faut essayer de peser pour que la lutte ne soit pas simplement orientée vers le sommet de la pyramide, mais vers la pyramide elle-même, en amenant la question d’une société socialiste démocratique.

  • Ecole d’été du CIO – Europe: Développement de la crise économique, sociale et politique

    Cette crise est la plus sévère depuis des décennies et la nouvelle génération qui participe maintenant aux luttes arrive au moment des mobilisations de masse en Tunisie, en Égypte, en Espagne, en Grèce,… Cette nouvelle génération peut aujourd’hui écrire l’histoire. Aucun pays d’Europe n’est pas affecté par ces évènements.

    Résumé de l’introduction à la discussion de Peter Taaffe

    La période que nous connaissons est faite de changements abrupts. Dans tâches qui, avant, se concevaient sur quelques années se produisent maintenant en quelques semaines, voire en quelques jours.

    Aujourd’hui, la Grande-Bretagne n’est pas le pays le plus avancé sur le terrain de la lutte des classes, mais ce qui se produit avec Rupert Murdoch intéresse les masses, et la situation est certainement plus profonde qu’au moment du Watergate aux USA à la fin des années ’60. Ce scandale touche le plus grand géant des médias au monde, et éclabousse le monde politique, il met à nu la conspiration capitaliste qui uni les médias, les politiciens et les grands patrons. Cela a bien entendu toujours existé mais, là, ce fait est démontré au grand jour, aux yeux de tous les britanniques et ailleurs. Cela peut entraîner la chute de l’empire Murdoch, mais aussi celui du gouvernement Cameron. Murdoch n’a même pas de considération pour son propre système. Il a dit au Parlement britannique que son modèle est celui de Singapour, un pays où la répression envers le mouvement ouvrier est très grande, et le salaire d’un parlementaire de un million de livres par an. C’est une véritable provocation. Murdoch a aussi été impliqué dans la surveillance de nos camarades à l’époque de la lutte contre la Poll Tax en Grande Bretagne, ainsi que dans la campagne contre le militant de gauche radicale écossais Tommy Sheridan.

    Le point le plus important de cette discussion, c’est la crise économique. Les bourgeois craignent énormément la généralisation de la situation de la Grèce, de l’Espagne,… à tous les pays d’Europe. Ces évènements valident une fois de plus la théorie de la Révolution Permanente du révolutionnaire russe Léon Trotsky. Nous avons vu les événements passer très vite d’un pays à l’autre. Nous aborderons le Moyen Orient et l’Afrique du Nord dans une autre discussion, mais il est clair que cela a influencé et enthousiasmé les luttes à travers le globe. Et alors que certains affirmaient que la lutte de classe n’existait pas en Israël, nous assistons maintenant à des luttes et à des occupations de place en Israël également. (Depuis lors, quelque 150.000 employés municipaux israéliens ont été en grève, en solidarité avec la contestation contre l’explosion des prix des logements. Le pays vient de connaître les plus grosses mobilisations de son histoire, NDT).

    Il n’y a pas de voie de sortie aisée pour la crise des capitalistes, et des mouvements tel que celui des Indignés ne vont pas stopper maintenant. La politique de la bourgeoisie n’a jusqu’à présent pas marché du tout. Les injections de liquidités ont pu stabiliser la situation, sans créer les conditions pour un nouveau développement sain. Obama avait comparé cela au débat avec le new deal de Roosvelt, mais ses injections n’ont eu pour but que de sauver les institutions financières et bancaires, alors que le New Deal était composé d’un minimum d’investissements dans l’économie réelle (infrastructure,…). Là, les plans de sauvetage ont entraîné des plans de licenciements un peu partout, ce qui a amplifié les problèmes.

    Cette crise n’est pas cyclique, elle est systémique. C’est le système lui-même qui est en crise. Bien sûr, il n’y a pas de crise finale du capitalisme tant que la classe ouvrière ne prendra pas le pouvoir. Le capitalisme trouvera toujours un moyen de sortie sans cela, y compris vers un scénario ‘‘à la Mad Max’’, comme on peut le voir actuellement au Mexique avec la ‘‘guerre de la drogue’’.

    Ce qu’on voit aujourd’hui en Grèce avec la destruction des conditions de vie sans que la situation ne s’améliore doit servir de modèle pour la classe ouvrière des autres pays: le capitalisme n’a rien d’autre à nous offrir.

    Plusieurs données permettent de voir que nous sommes dans une situation pire que dans les années ’30. Certains économistes disent d’ailleurs que le modèle à prendre en compte aujourd’hui n’est pas la crise des années ’30, mais la grande dépression de la fin du XVIIIe siècle. Certains salaires ont été descendus jusqu’à 600 voir 500 euros par mois.

    Aujourd’hui, la Grèce illustre le mieux la crise et le potentiel pour la classe ouvrière. On dit qu’il y a une rémission depuis 2009 au niveau économique, le problème, c’est que personne ne l’a remarqué, et certainement pas la classe ouvrière ! Partout en Europe, cette dernière subit des attaques. La production industrielle a à peine augmenté de 0,4% en Grande Bretagne, de 0,2% en France, et elle décroit en Grèce ou en Espagne. L’Allemagne constitue une exception, elle a encore une bonne base industrielle, et en termes de machines et d’outils, la Chine est une bonne destination pour les exportations, mais la Chine peut s’enfoncer dans la crise. Il n’existe aucune source de stabilité. Le capitalisme mondial va très certainement expérimenter une nouvelle chute de l’économie. Après avoir un peu remonté, la chute sera dure, et c’est déjà ce qu’expérimentent plusieurs pays européens.

    La dette mondiale est de 2,6 fois le PIB mondial, soit deux fois plus qu’après la crise de 29. Au niveau de l’emploi, on est face à un chômage de masse de longue durée. Aux USA, le nombre de chômeurs actuels est bien plus important que dans les années ’30 (en pourcentage, officiellement 10%, plus probablement 20%). Dans certains pays, comme l’Espagne, le taux de chômage chez les jeunes atteint les 40%. Même en grande Bretagne, on estime qu’il y a 800.000 travailleurs qui n’ont pas travaillé depuis au moins un an. Dans les entreprises, c’est l’occasion d’une offensive pour les patrons. Une entreprise a ainsi licencié tous ses travailleurs, pour les réengager de suite avec de moins bonnes conditions de travail. Un hôpital où nous avons des camarades, en Angleterre, connaît des contrats ‘‘O heures’’, où c’est le patron qui décide du nombre d’heurs de travail.

    Les bourgeois n’ont qu’une réponse: augmenter l’austérité et planifier la pauvreté. Le phénomène de l’appauvrissement constant de la classe ouvrière de Marx se vérifie. Marx n’a jamais dit que c’était linéaire, il reconnaissait que c’était possible pour la classe ouvrière de voir ses conditions de vie s’améliorer avec une croissance économique, mais que la tendance générale était à l’appauvrissement.

    La tendance générale est à l’inflation, avec une tendance à la hausse des prix de l’alimentation et du pétrole, ce qui alimente la colère des masses. La situation de paquets de stimulants, de plans de relance, vont accélérer cela, et l’on risque de se retrouver dans une situation de stagflation, où la stagnation économique se conjugue à une grande inflation.

    La Grèce est actuellement le maillon le plus faible du capitalisme européen, mais c’est l’avant-garde du mouvement ouvrier en Europe. Il y a eu 11 grèves générales depuis le début de la crise, et la jeunesse s’implique massivement. Au Portugal, il y a eu une manifestation de plus de 200.000 personnes sous le slogan ‘‘ce pays n’est pas un pays pour les jeunes’’, ça aurait été mieux s’ils avaient parlé du système, bien sûr, mais c’est un pas en avant. Le mouvement des indignés est clairement inspiré par les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient. La Grèce connaît pas mal d’éléments d’une situation prérévolutionnaire. L’Espagne et le Portugal aussi, mais peut-être pas à ce point. Pour l’Irlande, qui est en dépression constante, cela est moins le cas. La conscience des masses n’est pas gravée dans les esprits, elle découle de la situation générale, et des sauts de conscience sont à prévoir.

    Dans ce contexte, les opportunités qui s’offrent aux révolutionnaires marxistes vont augmenter. Nos camarades, partout dans le monde, ont préservé un noyau, un parti international qui va pouvoir sérieusement démontrer ce dont il est capable dans la période à venir. L’Irlande est un exemple de ce que nous pouvons faire quand la situation s’ouvre, avec les initiatives que nous avons prises, notamment autour de l’ULA (United Left Alliance, liste de gauche que nous avons initiée, et qui a remporté cinq élus aux dernières élections, dont deux de nos camarades, NDT). Comparons cela au NPA en France, ou au Bloco au Portugal. Durant des années, nous avons été à contre courant, c’était difficile mais, maintenant, la situation s’ouvre. La Grande Bretagne n’est pas immunisée à ce processus. En février, 750.000 personnes ont défilé dans les rues de Londres, et la grève du secteur public en juin était la plus grande depuis 20 ans. Même en Chine, l’augmentation des révoltes de masse pose la question de la révolution, mais dans un sens général et pas encore directement, dans un contexte de répression gigantesque. En Grèce aussi, la répression est aussi énorme. La facture de gaz lacrymogènes doit au moins être aussi grande que la dette du pays!

    Trotsky décrivait les bourgeois comme des gens aveugles, s’avançant vers le précipice. On est dans cette situation aujourd’hui, la bourgeoisie ne sait pas quoi faire. Les partis traditionnels bourgeois sont en crise profonde, ce qui affecte aussi les dirigeants syndicaux. Aujourd’hui, du point de vue social, pas encore politique, les masses sont massivement à gauche des organisations de gauche. Quand les politiciens bourgeois parlent de la crise de l’idéologie, c’est la crise de leur idéologie, mais le problème est qu’il n’y a pas encore d’alternative. En Grèce, 80% des sondés d’une étude ont dit que la société va dans le mauvais sens, mais 47% disent qu’aucun parti ne les représente.

    Mais même dans le pays le plus calme d’Europe, la Norvège, l’extrême droite peut faire des choses, comme nous l’avons vu avec les attentats d’Oslo. Il en va de même pour Marine Le Pen, qui a même apporté son soutien à la jeune immigrée victime de l’agression de DSK. Elle a aussi attaqué les syndicats, qui ne défendent plus les travailleurs selon elle. Cela veut dire que l’extrême-droite doit avoir un fort contenu social pour être capable de capitaliser sur la situation, et c’est en soi une indication intéressante, qui illustre la nécessité de construire de nouveaux partis larges pour représenter la classe des travailleurs, tout en défendant fermement les idées du socialisme.

    Le rejet de la politique dans le mouvement des Indignés, c’est le rejet de la politique bourgeoise. Des groupes de gauche radicale se sont cachés pour intervenir dans le mouvement, et ont stoppé de se présenter comme des organisations politiques, une attitude opportuniste. Cette haine est profonde, mais aussi saine dans le sens où elle s’exprime contre les politiciens, y compris des anciens partis de gauche, et contre les dirigeants syndicaux. Il fallait construire là dessus. Nous sommes toujours ouvertement intervenus, sans connaître de rejet complet, mais bien des difficultés.

    Pour la suite, le mouvement ne peut pas exister sans appui réel de la classe ouvrière. Le mouvement de la classe ouvrière ne va pas se développer de manière linéaire. Il y aura des défaites, des retraits, et une organisation révolutionnaire est également testée à sa manière de gérer les reculs. Il peut y avoir des éléments de désespoir dans la jeunesse aujourd’hui, certainement dans une situation de chômage de masse. ‘‘Soit on se bat, soit on s’enfuit.’’ Une partie de la jeunesse en Espagne ou en Grèce essaye d’ailleurs d’émigrer, mais dans une période de crise généralisée et globale, l’émigration ne constitue pas une véritable alternative.

    Concernant le défaut de paiement de la Grèce, c’est une discussion que nous avons depuis un moment au CIO. La classe capitaliste européenne fonce contre la classe capitaliste grecque. Dans la crise de l’Argentine, le choc entre les masses et l’élite a été très rapide. Le président s’est enfui en hélicoptère, un peu comme la fuite de Saigon en ‘75. Des éléments similaires peuvent se produire. L’Argentine était un des principaux pays dirigeants de l’Amérique latine, maintenant, ce n’est plus rien. Cette crise de la dette grecque est une crise d’une monnaie qui a refusé une fiscalité unique. Certains disaient que l’euro allait conduire à une sorte d’Etats-Unis d’Europe. Il est clair que les Etats capitalistes ont besoin d’être organisés collectivement, la production actuelle s’organise au moins à l’échelle d’un continent. Mais seule la classe ouvrière est capable d’organiser l’Europe sur une base socialiste et démocratique. Les contradictions entrent les différentes bourgeoisies nationales sont trop fortes.

    Il reste encore la question de l’environnement, qui est une part importante de nos actions, comme nous l’avons vu en Allemagne avec le mouvement contre le nucléaire ou ‘‘Stuttgart 21’’. Cette question est destinée à devenir plus importante. Nous avons beaucoup de chiffres sur les conditions de production de voiture en Chine par exemple, en 2018, la Chine se retrouverait à produire autant que le reste du monde en 2000.

    En France, la situation est plus calme. Sarkozy peut être battu par Hollande ou Aubry, et on a suggéré un moment qu’il aurait pu être dépassé au premier tour par Marine Le Pen, c’est une expression du chaos politique, un phénomène qui ne touche pas que la France. En Belgique, il n’y a toujours pas de gouvernement réel, mais toujours le gouvernement en affaires courantes. La question nationale est à l’avant-plan de la scène politique, ce que l’on a également pu voir sous l’effet de la crise en Pays basque ou en Écosse. Même en Italie, les forces contestant l’unification italienne se développent. Nous ne sommes pas opposés à la séparation. Mais nous ne devons pas mettre ça en avant tant que ce ne soient les masses qui le fassent.

    Cette période est une période clé pour le CIO. La classe ouvrière entre en action, une nouvelle génération entre en action, c’est à nous de les aider à tirer les leçons des victoires et des défaites du passés, tout en étant réalistes sur les possibilités actuelles. Avec les 30 dernières années d’ossification et de destruction des organisations du mouvement ouvrier, il faudra des années pour reconstruire la conscience suffisante pour clairement engager l’assaut contre le capitalisme.

    Aujourd’hui, 3 multinationales contrôlent 90% du commerce international de grains et 500 milliardaires dominent la planète. La misère et la pauvreté ne peuvent être stoppées sans lutter contre ce système pourri. Il en va aussi de l’intérêt de notre environnement. La lutte pour le socialisme et une économie démocratiquement planifiée est une nécessité de la plus haute importance. Sans cela, le genre humain va au devant d’une grande catastrophe.

  • Contre la dictature des marchés : de l’indignation à la révolution

    Des années durant, on a voulu nous faire avaler que les mouvements de masses étaient choses du passé, enterrées avec le XXe siècle. Mais l’actualité de ce début d’année 2011 s’est écrite au rythme des révoltes – ou révolutions – de masse en Tunisie, en Egypte, en Grèce, en Espagne,… L’enthousiasme provoqué par ces mobilisations s’est notamment concrétisé par la création de centaines de camps se revendiquant des ‘’indignadas’’ à travers le monde et par des manifestations, notamment le 19 juin, dans pas moins de 35 pays simultanément.

    Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste

    Cet élément d’internationalisme et de référence aux luttes d’autres pays est un des facteurs parmi les plus frappants de ce puissant processus. La Puerta del Sol a été envahie le 15 mai dernier en référence aux occupations de places en Afrique du Nord et au Moyen-Orient puis, en un second temps, une multitude de camps ‘’d’indignés’’ ont émergés à la surface du globe. Un mois plus tard, le 15 juin, la mobilisation des indignés devant le parlement catalan à Barcelone a forcé les parlementaires à rejoindre l’enceinte du parlement en hélicoptère, un merveilleux moyen pour passer au dessus de la contestation populaire, au sens propre comme au figuré. Le même jour, en Grèce, la pression des masses a ébranlé le gouvernement, avec une grève générale à l’ampleur extraordinaire – et une participation comprise entre 80 et 100% selon les secteurs ! – rejointe par les ‘’indignés’’ grecs qui avaient commencé leurs occupations le 25 mai. La confédération syndicale grecque des secteurs privés et publics a ensuite appelé à une grève générale de 48 heures fin juin.

    Les journalistes et analystes des grands médias et des prestigieuses universités se trouvent souvent démunis face à ces évènements qui ne cadrent pas avec leurs ‘‘nouvelles’’ grilles d’analyses, et atteignent parfois le grotesque. Ainsi, Alain Bertho – professeur d’anthropologie à l’Université de Paris 8-Saint-Denis, ‘’spécialiste’’ de ce genre de thème après s’être fait connaître par un documentaire intitulé ‘’Les raisons de la colère’’ et avoir écrit le livre ‘’Le temps des émeutes’’ – reste malgré toutes ses études totalement surpris par ce mouvement. Lors d’une interview, à la question ‘’Pourquoi cette révolte se produit-elle aujourd’hui de façon simultanée dans plusieurs régions du monde ?’’, il n’a trouvé d’autre répondre que ‘’Alors ça ! Peut-être que les historiens réussiront à l’expliquer.’’ Voyons ce que les militants marxistes ont à dire à ce sujet avec leur ‘‘vieille’’ grille d’analyse basée sur la lutte des classes…

    Un malaise global

    Dans Lutte Socialiste, nous avons déjà eu l’opportunité de développer les causes sociales véritablement à la base du processus révolutionnaire qui a frappé l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, et sur lesquelles sont venues naturellement s’ajouter des revendications démocratiques. La logique est ici identique. Derrière le mouvement pour la ‘’démocratie réelle’’ espagnol se trouve un contexte qui se répand et empire à travers le monde, un cocktail détonnant fait de situation sociale catastrophique, d’absence totale de perspectives d’avenir et de partis politiques à la solde de la dictature des marchés.

    En Espagne, il y a actuellement près de cinq millions de sans-emplois (dont 40% des jeunes de moins de 25 ans) et plus de 10 millions de travailleurs engagés dans des contrats précaires et temporaires, avec des salaires inversement proportionnels à l’ampleur de la crainte du lendemain. Cette situation est loin d’être confinée à la péninsule ibérique, comme l’illustrait parfaitement cette jeune femme qui, lors d’une manifestation en Irlande – pays également sévèrement frappé par la crise – portait une pancarte clamant avec angoisse ‘’J’ai émigré d’Espagne, où vais-je maintenant aller ?’’

    En 2009 déjà, alors que la crise ne faisait que commencer, le Bureau International du Travail avait publié un rapport qui dénonçait l’augmentation du chômage parmi la jeunesse ‘’Le chômage des jeunes, qui a augmenté de 7,8 millions de personnes depuis 2007, risque de produire une génération perdue de jeunes gens qui sont sortis du marché de l’emploi et qui ont perdu tout espoir d’obtenir un travail qui leur assure une vie décente.’’ Comment dès lors s’étonner de la révolte, surtout au regard des profits gigantesques que continuent d’engranger les banques, les spéculateurs, les actionnaires, les grands patrons, etc. ?

    La colère trouve sa voie

    Par contre, ils ont été nombreux ceux qui se sont étonnés de la passivité des appareils syndicaux. De même, les derniers qui entretenaient encore des illusions envers la social-démocratie en ont aussi été pour leurs frais. En Espagne et en Grèce, c’est la ‘’gauche’’ capitaliste qui conduit les travailleurs et leurs familles droit vers le gouffre, avec la bénédiction et le soutien de leurs ‘’camarades’’ européens. Cela explique aussi le côté fortement ‘‘antiparti’’ présent dans le mouvement. Nous estimons toutefois qu’il est erroné de rejeter toute intervention ouvertement politiquement organisée dans le mouvement. La démocratie réelle, c’est aussi pouvoir dévoiler son appartenance politique, y compris pour que l’on sache à qui on parle, et pouvoir avoir l’opportunité de défendre loyalement ses positions, ce pour quoi les masses se sont battues et continuent à se battre en Afrique du Nord et au Moyen Orient.

    Quand, le 15 mai, les premiers jeunes plantent leurs tentes Puerta del Sol, ils le font donc sur un terreau de mécontentement largement partagé dans la société, comme en ont témoigné les très nombreuses personnes plus âgées ou militants syndicaux qui ont eux-aussi participé aux Assemblées Populaires et actions des Indignés. En Espagne, une grève générale avait mobilisé pas moins de 10 millions de travailleurs le 29 septembre 2010, à l’occasion d’une journée d’action européenne, mais n’avait été utilisée par les directions syndicales que comme un ‘’one-shot’’ destiné à laisser échapper de la pression au lieu de construire un rapport de forces contre l’austérité. Mais la colère à la base de la société à cherché à trouver une expression. Globalement, cette recette se retrouve partout et, si les degrés divergent, ce n’est qu’une question de temps avant que la sauce ne commence vraiment à être épicée, et la note des plus salées.

    Rôle et pouvoir des assemblées

    Un des autres aspects parmi les plus importants de la révolte des Indignés est représenté par les Assemblées Populaires. Dans la plupart des pays, celles-ci ne rassemblent essentiellement que des militants, des ‘‘indignés de longue date’’. Mais lorsqu’elles sont couplées à un mouvement de masse de la jeunesse et à des mobilisations plus larges dans la population, elles ont un réel potentiel d’être de puissants organes de lutte.

    L’histoire révolutionnaire du mouvement ouvrier est marquée par l’émergence de conseils de travailleurs, d’organes de lutte dans les quartiers et sur les lieux de travail. Il en fut ainsi avec les ‘‘soviets’’ de Russie en 1905 et 1917 (c’est-à-dire les ‘‘conseils’’), en Allemagne en 1918, avec les conseils ouvriers qui ont émergé des luttes contre le stalinisme à Berlin-Est en 1953, en Hongrie en 1956 ou encore en Tchécoslovaquie en 1968. On peut encore parler des conseils ouvriers qui se sont développés en Espagne dans les années ’30 avant ou encore au Chili début des années ’70 avant le coup d’Etat de Pinochet. De même, dans de nombreuses grèves générales, les comités de grève ont dépassé les appareils syndicaux traditionnels et représentaient un grand danger, au même titre que les conseils ouvriers, pour le pouvoir en place. De ces organes, peut naître une nouvelle société.

    Dans un premier temps, ces organes ont à organiser la lutte mais, pour peu qu’ils se basent sur la force du mouvement des travailleurs et recourent à des méthodes telles que la grève générale, ils sont capables de bloquer l’économie et les institutions capitalistes, et de poser la question cruciale : qui est le maître dans les entreprises, dans l’économie et dans l’Etat, les travailleurs ou les capitalistes ?

    En Espagne et en Grèce, les Assemblées Populaires sont encore à leur tout début, leur développement ultérieur est fort loin d’être garanti. Mais si ces Assemblées s’étendent localement, régionalement et au niveau de l’Etat, tout particulièrement sur les lieux de travail, et sont coordonnées par l’élection démocratique de représentants, il est possible de commencer à construire une alternative démocratique à la dictature des marchés capitaliste dans le cadre même de la lutte contre le système, en commençant par l’organisation de la résistance contre les attaques antisociales et le contrôle des dirigeants syndicaux tout en impliquant sans cesse plus de gens dans l’organisation des actions.

    L’alternative que nous défendons est une société basée sur le contrôle démocratique des secteurs-clés de l’économie (finance, énergie, transport,…), c’est-à-dire leur expropriation pour qu’ils soient nationalisés sous le contrôle démocratique de la collectivité, des travailleurs et des jeunes, par l’intermédiaire. A partir de là, l’économie pourrait être orientée vers la satisfaction des besoins de la majorité grâce à une planification démocratique de la production. Le parti que nous construisons internationalement vise à défendre ces positions, pour éviter que l’énergie des masses soit gaspillée.

  • Rapport du meeting sur Gaza avec Paul Murphy

    Mercredi dernier, en soirée, les sections du PSL-LSP de Bruxelles ont organisé à Molenbeek un meeting-débat sur les questions relatives au blocus de Gaza. Paul Murphy, député européen de notre parti frère le Socialist Party, en Irlande, a introduit le débat notament sur base du fait qu’il a participé à la deuxième flotille pour la liberté.

    L’idée était de pouvoir discuter des perspectives et des moyens pour briser le blocus de Gaza et d’aborder les questions relatives à l’établissement d’un Etat palestinien indépendant. Les interventions lors du débat ont permis d’aborder des points divers : rôle et influences des processus révolutionnaires en Afrique du Nord et Moyen Orient, politiques des élites palestiniennes et israéliennes, influences des divisions religieuses dans un processus de lutte unifiée des jeunes et des travailleurs, etc. Le travail de nos camarades présents en Israël (Socialist Struggle Movement) est un atout majeur pour une telle discussion. L’actualité récente en Egypte, en Tunise, en Lybie modifie et influence bien sûr la situation en Israël/Palestine, jusqu’aux luttes des jeunes et des travailleurs en Israël même.

    Nous remercions tous les particpants présents au débat.

  • 10 ans après le mouvement antimondialisation – Le retour de la résistance contre le capitalisme

    Dans l’édition précédente de Lutte Socialiste, nous avions abordé le contexte dans lequel s’est développé le mouvement antimondialisation capitaliste, ces protestations de la jeunesse contre les institutions internationales du capital qui ont pris place 10 ans passés. Le PSL a participé à ces actions, avec entre autres notre campagne internationale Résistance Internationale qui appelait à des actions de masse dirigées vers les couches plus larges de la population.

    Par Geert Cool

    Actions contre les symboles du capitalisme Les jeunes actifs dans le mouvement antimondialisation rejetaient le capitalisme et concrétisaient ce rejet avec des actions contre les grandes réunions des institutions internationales telles que le FMI, la Banque mondiale, l’UE, le G8, etc. et des appels à bloquer ces réunions.

    Cela tranchait avec la période d’intoxication autour de la victoire idéologique néolibérale, dans les années ‘90. Mais la remise en question du capitalisme était alors assez abstraite : contre le grand fossé entre riches et pauvres, contre le peu de démocratie vis-à-vis des institutions internationales, etc. Ces protestations contre les institutions internationales du capitalisme permettaient une critique abstraite du capitalisme tandis que nous appelions à concrétiser ce que signifiait la politique néolibérale sur nos services publics, notre sécurité sociale, notre enseignement,… Ce mouvement de la jeunesse était précurseur d’une plus grande radicalisation au sein du mouvement ouvrier, la seule force sociale capable de renverser le système.

    La crise du capitalisme clarifie aujourd’hui ce que signifie ce système pour la majorité de la population. La colère des jeunes chômeurs espagnols ou des travailleurs grecs n’est pas tellement dirigée contre des symboles internationaux, mais contre ce que le capitalisme leur réserve de manière concrète : chômage, pauvreté, salaires de misère, privatisations,…

    Quel genre d’actions ?

    Au sein du mouvement antimondialisation, il y avait une discussion sur le type d’actions qui devaient être utilisées. Il y avait des appels à des actions directes ; le blocage des sommets européens. Nous étions partisans de l’action directe, mais uniquement sur base d’une mobilisation de masse, c’est-àdire pas sur base d’émeutes ou d’actions de groupes limités de “radicaux”.

    Il est bien plus radical de convaincre de larges couches et de les impliquer dans la résistance. Il est facile de réprimer une dizaine de manifestants, mais c’est quasiment impossible quand il s’agit de centaines de milliers de personnes, c’est une des leçons des mouvements révolutionnaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

    Un mouvement de masse a besoin de structures démocratiques pour prendre des décisions ou discuter du programme et de la construction du mouvement. Sans une organisation sérieuse, le potentiel de la mobilisation de masse menace de se dilapider et l’establishment peut alors restaurer son autorité grâce au manque de structures alternatives. De même, dans les actions des “indignés” d’Espagne ou dans les manifestations de masse contre les plans d’austérité brutale en Grèce, la nécessité pour le mouvement d’avoir ses propres structures et organisations arrive à l’avant-plan. Le rejet des partis traditionnels existants (y compris des forces de gauche ne proposant aucune alternative décisive au capitalisme) mais aussi des directions syndicales crée un vide organisationnel. Ce vide, nous devons le remplir à partir du mouvement lui-même.

    Quelle alternative au capitalisme ?

    L’establishment reprochait aux antimondialistes de ne pas savoir pourquoi ils manifestaient. Il s’agissait de tentatives destinées à marginaliser le mouvement, mais nous devons dans les faits discuter d’une alternative.

    Après deux décennies de triomphalisme néolibéral et d’affaiblissement des organisations ouvrières (tant sur le plan organisationnel qu’idéologique), il existe beaucoup de confusion concernant la forme que devrait prendre une alternative au capitalisme. Sur base des mouvements révolutionnaires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, suivis par les mouvements de masse en Europe du sud, quelques éléments importants émergent : la nécessité d’un niveau de vie décent (travail, enseignement, logement, pain…), à côté d’un appel à la “démocratie réelle”.

    Une démocratie réelle signifie de prioriser les intérêts de la population, d’utiliser les richesses de la société pour mettre fin à la pauvreté, au chômage, à la destruction de la planète, etc. Nous défendons la nécessité d’un socialisme démocratique, où les secteurs-clés de l’économie sont placés sous le contrôle démocratique des travailleurs et de leurs familles.

    Quelle importance a eu le mouvement antimondialiste?

    Nous avons vu le mouvement antimondialiste comme un précurseur d’une radicalisation plus large. Le nouveau souffle de résistance contre le capitalisme a tout d’abord agité la cime des arbres. Les jeunes peuvent jouer un rôle dynamique dans les mouvements et seront parfois plus rapidement en action que le mouvement ouvrier dans son ensemble. C’est pourquoi nous intervenons dans les mouvements de la jeunesse afin de les orienter vers le mouvement ouvrier, aussi bien en ce qui concerne le programme que les méthodes d’action.

    Nous pouvons tirer des leçons du mouvement antimondialisation afin d’être plus forts à l’avenir, entre autres au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Europe du sud. Au centre de cela se trouvent la force des mobilisations de masse, l’absolue nécessité de l’organisation et la question d’une alternative socialiste au capitalisme.

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