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Tag: Afrique du nord
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A propos du parti – Nouvelles du PSL
Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprend donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.
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A noter dans votre agenda
- Sa. et di. 13-14 avril. Week-end "Socialisme 2013".
- Sa. 27 avril. Meeting de la gauche à Charleroi
- 1er mai: participation aux activités de premier mai
- 4-7 juillet. Camp d’été d’EGA
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Socialisme 2013
Un rendez-vous unique pour les syndicalistes, les activistes, les marxistes et autres résistants anticapitalistes
Socialisme 2013, c’est un événement politique majeur, un passionnant week-end de formation, de discussions politiques et de débats. Alors que de plus en plus de responsables syndicaux parlent de la nécessité d’un prolongement politique pour les revendications du mouvement ouvrier, nous aurons le plaisir d’accueillir Daniel Piron (secrétaire général de la FGTB de Charleroi Sud-Hainaut) et Felipe Van Keirsbilck (secrétaire général de la centrale des employés de la CSC).
Le fil rouge de l’événement sera le retour sur les luttes les plus importantes de la période écoulée et l’analyse de ces luttes, afin d’être mieux préparés pour les batailles à venir. Dans la programmation de la journée, une attention toute particulière est donc accordée à la lutte sociale, avec notamment une commission qui abordera plus en détail la revendication de la nationalisation sous contrôle ouvrier, ainsi que la lutte des cheminots, à laquelle une journée entière sera consacrée. Nous reviendrons également en profondeur sur les mobilisations de la jeunesse, que ce soit contre les amendes SAC ou encore dans le cadre du combat antifasciste. D’importantes leçons des luttes internationales seront encore passées en revue, avec une commission consacrée aux révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord et un autre concernant le réveil de la classe ouvrière en Afrique du Sud.
Au-delà de ces exemples concrets, les occasions ne manqueront pas pour affiner la compréhension théorique du marxisme et la formation. S’indigner contre le système, c’est déjà un bon début, mais il est crucial de dépasser ce stade pour comprendre ce qui est fondamentalement problématique et comment concentrer son énergie de la manière la plus efficace. En tant que marxistes, nous ne restons pas sur le côté pour regarder les événements se produire et en discuter, nous nous formons nous-mêmes – par l’action et par la discussion – pour être plus forts dans l’indispensable lutte pour une alternative au capitalisme : une société socialiste démocratique.
Un des points culminants du week-end sera à n’en pas douter la journée du dimanche, où il sera possible de passer toute la journée en compagnie de cheminots au cours d’une commission spécifique avec des orateurs de Grande-Bretagne, de France, des Pays-Bas, d’Allemagne et de Belgique. L’appel à la collaboration internationale et à la tenue d’actions coordonnées pourra ainsi être concrètement discuté en tenant compte des différentes réalités de terrain. L’un des participants est Alex Gordon, ancien président du syndicat britannique des transports (RMT), un poids lourd syndical intimement convaincu que la lutte doit être menée sur le lieu de travail mais aussi sur le plan politique. Alex Gordon était l’un des candidats de l’alliance de socialistes et de syndicalistes (TUSC, Trade Union & Socialist Coalition) qui a déposé des listes aux dernières élections britanniques.
Enfin, précisons que ‘‘Socialisme 2013’’ n’est pas un de ces événements ‘‘politiques’’ où il n’est possible que d’être spectateur en écoutant religieusement de prétendus experts, la parole est autant que possible laissée aux participants afin que chacun puisse enrichir l’échange d’idées et d’expériences. Beaucoup de temps est dégagé pour les interventions de la salle, et la formule des commissions est idéale pour cela. Ce week-end sera aussi l’occasion de remplir sa bibliothèque d’ouvrages politiques et de discuter de façon plus informelle avec des militants issus de tout le pays. Mais ‘‘Socialisme 2013’’ ne pourra être une réelle réussite qu’avec votre présence ! Inscrivez-vous vite !
Socialisme 2013 aura lieu à Bruxelles, au centre De Kriekelaar (rue Gallait n°86, 1030 Schaerbeek). Une garderie est également organisée. Plus d’infos : info@socialisme.be – 02/345.61.81. Prévente : le week-end entier 10 € pour les étudiants et les chômeurs, 15 € pour les salariés – une journée : 6 € pour les étudiants et les chômeurs, 8 € pour les salariés (n° de compte 001-2260393-78).
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Qui se fie encore aux médias traditionnels ? Vous aussi vous avez envie de balancer votre journal ou votre télévision par la fenêtre en voyant comment sont traités nos actions, nos grèves et nos manifestations ? Vous n’êtes pas seul. Les médias dominants livrent le message de leurs maîtres du monde des grandes entreprises. Le grand capital s’est construit un véritable monopole sur le ‘‘marché de l’information’’. Le mouvement social a besoin de ses propres médias pour développer ses positions et les rendre accessibles au plus grand nombre, et c’est dans ce cadre que se place ce mensuel et notre site www.socialisme.be.
Nous voulons renforcer le soutien et la diffusion de nos médias anticapitalistes et socialistes. Dans ce cadre, comme chaque année, nous lançons la campagne des vœux de mai, destinée à récolter du soutien financier avec de petits encarts à insérer dans notre édition de mai, qui sera vendues aux activités syndicales du 1er mai partout en Belgique. Ces messages peuvent venir de centrales ou de délégations syndicales, d’organisations politiques, de particuliers, de sympathisants,… Pour une contribution de 12 à 200 euros, vous ‘‘achetez’’ ainsi un espace dans nos pages afin de faire passer un message de solidarité. Tous les vœux de mai doivent être envoyés pour le 15 avril, pour permettre de disposer du temps nécessaire à la production de notre journal.
Nous sommes en outre impliqués dans une campagne de 6 semaines visant à avoir 100 nouveaux abonnements. Comme expliqué dans l’édition précédente de ce journal, nous avons lancé une formule d’abonnements d’essai à 5 ou 10 euros. Au moment d’imprimer ce journal, en trois semaines de campagne, nous en étions à plus de 40 abonnements supplémentaires. Notre objectif de 100 sera très certainement atteint à l’occasion de notre week-end ‘‘Socialisme 2013’’. Ces abonnements sont réalisés auprès de nos membres et sympathisants, mais également lors de diverses activités telles que la manifestation syndicale du 14 mars dernier, où nous avons vendu 76 journaux, et obtenus 7 abonnements.
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Les révolutions ne sont pas terminées, la lutte continue !
Moyen-Orient et Afrique du Nord
Plus de deux ans après la vague de révolutions et d’insurrections au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la lutte pour la justice s’embrase à nouveau. Si les précédentes révolutions n’ont pas encore conduit à un autre système, elles n’en menacent pas moins les bases des vieux régimes. Tant en Tunisie qu’en Egypte, le potentiel pour une nouvelle vague révolutionnaire reste bien présent. Une deuxième révolution est nécessaire pour parachever ce qui a été initié avec la chute des anciens dictateurs en faisant également tomber le système sur lequel se basaient ces dictatures. Capitalisme, dégage !
par Geert Cool, article paru dans l’édition de mars de Lutte Socialiste
Révolution et contre-révolution
Les mouvements en Tunisie puis en Egypte ont provoqué un véritable séisme dans la région et à travers le monde. La population ouvrière, les pauvres et les jeunes ont montré qu’ils pouvaient obtenir un changement sur base de protestations de masse. La révolution est de nouveau à l’agenda, elle est même contagieuse…
Pendant un temps, l’adversaire avait été rayé de la carte suite aux protestations massives. Mais, rapidement, la contre-révolution a relevé la tête, sur le plan national comme sur le plan international, et a tenté de regagner le contrôle de la situation. Elle s’est notamment basée sur les divisions ethniques et religieuses, sur les bombardements,… et s’en frontalement opposée aux intérêts de la majorité de la population.
Finalement, aussi bien en Tunisie qu’en Egypte, des partis islamiques sont arrivés au pouvoir: Ennahda en Tunisie et les Frères musulmans en Egypte. La population s’était-elle emparée de la rue pour ce résultat ? Des dizaines de jeunes et de travailleurs avaient-ils risqué ou donné leur vie pour cela ? Les résultats électoraux étaient en fait comme autant de photographies instantanées d’un processus révolutionnaire vivant où les couches larges étaient très claires sur ce dont elles ne voulaient pas – les vieilles dictatures – sans être encore parvenues aux conclusions concrètes sur ce qui devait les remplacer.
Faite d’alternatives politiques fortes issues du mouvement ouvrier, un espace a été laissé vacant, bien vite occupé par des partis islamistes qui, pourtant, n’avaient pas joué de rôle central dans les mouvements révolutionnaires. Une fois au pouvoir, ces partis n’ont pas réussi à constitué un régime stable. Pour les masses, il était impossible d’accepter que la même politique se poursuive avec simplement d’autres responsables. L’esprit de protestation et l’appel au changement ont réémergés.
Les Frères musulmans se heurtent à la protestation
En Egypte, les Frères musulmans ont été incapables d’éviter la forte augmentation des prix des denrées alimentaires de base lors des derniers mois. Les soucis économiques se sont succédé tandis que la politique de libéralisation exigée par le FMI va entraîner encore plus de catastrophes. Les protestations se poursuivent donc. En 2011, il y eut plus de 3.400 actions autour de thèmes sociaux et économiques, près de cinq fois plus que n’importe quelle autre année au cours de la première décennie de ce siècle. Plus de deux tiers de ces actions se sont tenues après que Morsi ait prêté serment comme président le 30 juin 2011.
Les tentatives du régime de briser les protestations en bridant les syndicats n’ont eu qu’un effet limité. A côté de la fédération syndicale officielle, les syndicats indépendants en Egypte ont accueilli plus de 2,5 millions nouvelles affiliations. A la commémoration de la révolution, le 25 janvier, de massives protestations ont eu lieu et le régime a été obligé d’avoir recours à la répression. Des fans de foot ont été accusés d’être responsables des émeutes et ont été condamnés à mort, provoquant de nouvelles vagues d’opposition à Port Saïd.
Les Frères musulmans se révèlent de plus en plus n’être qu’une force néolibérale opposée aux syndicats et aux luttes de la population. Dans ce cadre, pour aller plus loin qu’en 2011, la question d’un véritable instrument politique (des travailleurs et des jeunes) sera d’une importance cruciale. Si le mouvement laisse un vide politique se développer, la contre-révolution trouvera toujours de nouvelles forces pour remplir cet espace et ainsi épuiser le mouvement révolutionnaire.
Le meurtre de Chokri Belaïd conduit à un mouvement de masse en Tunisie
Le meurtre du dirigeant de l’opposition de gauche, Chokri Belaïd, a provoqué de nouvelles protestations massives en Tunisie. Le gouvernement d’Ennadha n’était déjà plus au mieux de sa forme. Le président du parti, Ghannouchi, parlait de la nécessité d’un gouvernement de technocrates. Dans diverses régions (certainement dans les régions reculées), des actions de grève se déroulaient déjà. Mais quand Chokri Belaïd a été tué, la Tunisie a connu sa première véritable grève générale depuis 1978. Le 8 février, le pays a été entièrement paralysé.
Belaïd était un chef de file respecté du ‘‘Front populaire’’, une alliance de partis de gauche. Il était considéré comme étant du côté de la population. Mais au cours du mouvement de masse qui a suivi son assassinant, son parti (les Patriotes Démocrates) a déclaré être favorable à un gouvernement de ‘‘compétences nationales’’. Cette déclaration reste vague, elle laisse ouverte l’idée de l’unité avec des forces pro-capitalistes au moment décisif où seule l’unité de la classe ouvrière, des jeunes et des pauvres peut faire progresser la révolution.
Les protestations massives ont poussé Ghannouchi à déclarer que les protestations étaient “contre-révolutionnaires”. Par là, il a surtout clairement démontré que la poursuite du processus révolutionnaire se heurte à son parti et à son gouvernement. Le mouvement de masse et le mécontentement ont également conduit à une crise politique au sommet du régime, ce qui montre, s’il le fallait encore, la puissance potentielle du mouvement de contestation.
Comment l’emporter ?
Les révolutions de 2011 ont démontré qu’un changement est possible. Elles ont aussi démontré l’effet que peut avoir une insurrection révolutionnaire et son effet domino dans la région. La question est désormais de savoir comment le processus révolutionnaire peut être mené jusqu’à ses conclusions logiques.
Pour cela, il faut se tourner vers les traditions d’auto-organisation qui se sont établies pendant la première vague de la révolution. Avec des comités sur les lieux de travail, dans les écoles, dans les quartiers,… coordonnés sur le plan local, régional et national par des représentants démocratiquement élus peut être posée la base d’une prise en main collective de l’économie, afin de lancer un plan massif d’investissements publics dans l’infrastructure et pour des emplois socialement utiles.
Afin d’imposer un tel programme de planification socialiste démocratique en fonction des intérêts de la majorité de la population, la lutte doit être organisée à tous niveaux. Cela signifie, entre autres, d’avoir un syndicalisme de combat et de créer une alternative politique de masse. Cela pourrait être un premier pas dans la direction d’une fédération socialiste et volontaire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.
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10 ans après le début de la guerre en Irak
La moisson impérialiste de la mort et la destruction
Il y a dix ans de cela, sous la dénomination, la coalition dirigée par les États-Unis attaquait l’Irak. Malgré une énorme opposition publique, symbolisée par dix millions de manifestants anti-guerre à travers le monde le 15 et 16 février 2003, la campagne ‘‘choc et effroi’’ de bombardement débuta le 20 mars suivie, quelques heures plus tard, de l’invasion territoriale.
Par Niall Mulholland, Socialist Party (CIO Angleterre et Pays de Galles)
L’énorme force militaire envahissait une population qui avait souffert de 35 ans de dictature sous Saddam Hussein, de la guerre du Golfe de 1991, et de 13 ans de sanctions cruelles des Nations Unies, qui ont détruit l’économie irakienne, réduit des millions de gens à la pauvreté et couté de un demi-million à un million de vies irakiennes.
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‘‘Ravager, massacrer, usurper sous de faux noms, ils appellent cela l’empire ; et, où ils ont fait un désert, ils disent qu’ils ont donné la paix.’’ Caius Cornelius Tacitus (Tacite, 56-117), historien romain.
La fiction des armes de destruction massive
La guerre de 2003 fut « justifiée » par un torrent de propagande et de mensonges émanant de Washington et de Downing Street, relayé par la complicité de l’appareil médiatique de droite.
Le président Bush accusait alors le dictateur irakien, Saddam Hussein, de tenter d’acquérir de l’uranium pour développer des « armes de destruction massive ». Le secrétaire d’État américain, Colin Powell, annonça aux Nations Unies que l’Irak se munissait de capacité d’armes biologiques. Tony Blair, le premier ministre anglais du Labour Party, proclama que les armes de destruction massive irakiennes pouvaient être prêtes à être utilisées « dans les 45 minutes ». Saddam fut aussi accusé de soutien à Al-Qaida.
Tout ceci n’était que mensonges. Très vite après l’invasion, les forces occupantes ne purent apporter les preuves d’existence des armes de destruction massive de Saddam ou des liens entre l’ancien régime de Saddam et le « terrorisme ». En fait, ce fut l’occupation qui causa le ressentiment qui permit à la terreur d’Al-Qaida de s’installer en Irak.
A la veille du 10ème anniversaire de la guerre, l’ancien premier ministre déclarait encore à la BBC : « Quand vous me demandez si je pense aux pertes de vie depuis 2003, bien sûr. Je serais inhumain de ne pas le faire, mais pensez à ce qui serait arrivé si on avait laissé Saddam en place. »
Les commentaires habituels de Blair ne s’attachent pas à l’énorme coût humain de la guerre. Selon plusieurs études ; de 2003 à 2011, de 150.000 à 400.000 irakiens ont violemment perdu la vie. The Lancet, journal médical réputé, a estimé un chiffre encore plus gros de 600.000 morts violentes entre 2003 et 2006 seulement. Ajouté à cela, il y a des milliers d’irakiens qui sont toujours portés disparus et des milliers d’américains, d’anglais et d’autres soldats de la coalition militaire qui ont péris ou ont été sévèrement blessés.
La moisson de la mort en Irak a laissé 2 millions de veuves qui doivent, seules, rapporter le pain dans leur foyer et 4 à 5 millions d’orphelins (dont 600.000 qui vivent dans les rues). La guerre a poussé 4 millions de personnes à fuir, dont 1 million vers la Syrie. 1,3 millions d’irakiens ont dû fuir ailleurs en Irak. Depuis 2008, de ceux-ci, seule 1 personne sur 8 de a pu rentrer chez elle.
L’aventure irakienne de Bush et Blair a également eu un énorme coût pour l’économie américaine. Selon l’économiste Joseph Stiglitz, ancien chef de la Banque Mondiale, cela a prélevé 3 trillions de dollars hors de l’économie américaine. Alors qu’il y a toujours des fonds pour mener des guerres à l’étranger pour le compte des profits et des intérêts commerciaux, les travailleurs anglais et américains voient leur niveau de vie tomber dramatiquement.
Les justifications de Blair continuent
Les interviews de Blair n’arrivent pas à lui faire avouer les véritables raisons de l’invasion. A la place de la guerre d’agression impérialiste, c’est « l’intervention humaniste » et les tentatives de Blair et de Bush d’exporter la démocratie libérale de type occidentale au Moyen Orient qui est présentée.
Les classes dirigeantes internationales étaient divisées quant à l’Irak. Les pouvoirs mondiaux et régionaux étaient craintifs quant aux conséquences de l’invasion et aux gains que les États-Unis allaient se faire sur leur dos. Les néo-conservateurs de Bush ont tout de même poussé à la guerre.
Les impérialismes américain et britannique, qui avaient précédemment soutenu Saddam, ne sont pas partis en guerre pour arrêter l’oppression, introduire des droits démocratiques ou améliorer les niveaux de vie.
Pendant des décennies, le régime sadique de Saddam a tué et terrorisé les irakiens tout en profitant du soutien occidental. Après le renversement d’un autre despote favori des occidentaux, le Shah d’Iran, l’occident encouragea Saddam à envahir son voisin. Des millions de personnes périrent ou souffrirent de terribles blessures à la suite de cette guerre qui dura 8 années.
Mais Saddam, en envahissant le Koweït voisin en 1991, est allé à l’encontre des intérêts des impérialistes occidentaux. Le potentiel qu’avait Saddam de contrôler l’approvisionnement vital en pétrole a terrifié les pouvoirs occidentaux qui ont très rapidement constitué une force militaire massive.
Lors de la première guerre du Golfe, la coalition menée par les États-Unis a vite repris le petit État riche en pétrole mais fut arrêtée aux frontières irakiennes. Peu d’intérêt fut porté à l’opposition à Saddam en 1991. Les forces militaires occidentales croisèrent les bras alors qu’un soulèvement des chiites et des kurdes fut brutalement réprimé par le dictateur.
Exploitant cyniquement l’attaque terroriste atroce d’Al-Qaida du 11 septembre 2001, la Maison Blanche et Downing Street ont avidement sauté sur l’opportunité d’une intervention militaire directe pour renverser Saddam et pour imposer un régime docile pro-occidental.
S’emparer du contrôle des réserves abondantes de pétrole irakien, estimé à 9% du total mondial, était un objectif clé pour l’impérialisme américain, en tant qu’intérêts géostratégiques vitaux dans le Moyen-Orient.
Peut-être était-ce pour éviter que ces véritables intentions ne deviennent de notoriété publique que le Cabinet a insisté pour que le rapport Chilcot publié tardivement ne contienne aucune preuve évidente qui pourrait révéler de quoi discutaient Bush et Blair avant l’invasion.
Appui aux dictateurs
Avant la première guerre du Golfe et les années de sanction, le taux d’alphabétisation en Irak dépassait les 90%. 92% des irakiens avaient accès à l’eau potable et 93% bénéficiaient de soins de santé gratuits.
En 2011, après l’occupation impérialiste, 78% des adultes sont instruits et 50% de la population vit dans des bidonvilles (17% en 2000).
Plus d’un million d’irakiens sont exilés à travers l’Irak. Près de la moitié des 400.000 réfugiés dans la capitale (personnes déplacées victimes de la terreur sectaire) vivent dans la misère des bidonvilles.
Selon la Banque Mondiale, un quart des familles irakiennes vit sous le seuil de pauvreté. Moins de 40% des adultes disposent d’un emploi. Des millions de personnes manquent d’électricité, d’eau potable et d’autres services essentiels.
[/box]Bush et Blair n’ont pas été confrontés à la justice pour leurs crimes de guerre irakiens. La Cour pénale internationale, tout comme les Nations Unies, est dominée par les intérêts des Etats-Nations les plus puissants. Seuls les anciens despotes et les seigneurs de guerre des Balkans et d’Afrique, qui s’étaient confrontés à l’impérialisme, ont été poussés devant la Cour à La Haye.
Parmi toutes ses justifications pour ses massacres de guerre, Blair a demandé « Si nous n’avions pas retiré Saddam du pouvoir, pensez juste, par exemple, ce qui serait arrivé si les révolutions arabes s’étaient poursuivies à l’heure actuelle et que Saddam, qui est probablement 20 fois pire qu’Assad en Syrie, essayait d’écraser un soulèvement en Irak ?
Il est incontestable que Saddam était un tyran brutal et que son régime a massacré de nombreuses personnes dont des communistes et des syndicalistes. Mais l’ancien premier ministre n’a aucun problème avec les dictateurs en-soi. Les associés de Tony Blair conseillent aujourd’hui le despote du Kazakhstan, Nazarbayev, le boucher des travailleurs du pétrole en grève. Et l’Irak « libérée » de Blair est actuellement dirigée par le Premier Ministre Nouri al-Maliki, que même le journal de droite The Economist accuse de « tendances dictatoriales ».
L’invasion de 2003 a considérablement augmenté parmi les arabes le sentiment d’humiliation et d’injustice vis-à-vis de l’impérialisme. Cela a été un facteur important qui a conduit aux révolutions de 2011 contre les dictateurs soutenus par l’occident dans le Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Tout comme cela a semé la colère contre l’absence de droits démocratiques, le chômage de masse et la pauvreté dans ces sociétés.
Le « Printemps arabe » ne justifie pas du tout l’aventure néocoloniale de Blair mais confirme en fait nos positions dans le déroulement de la guerre en Irak : que le renversement du tyrannique Saddam était la tâche de la classe ouvrière irakienne par un mouvement de masse unifié.
Fin 2010 et début 2011, le renversement des proches alliés de l’occident, Ben Ali et Moubarak – qui étaient des dictateurs soi-disant « imprenables » tout comme Saddam – a montré que c’est aussi une voie d’action possible pour les masses irakiennes.
« Résoudre le conflit israélo-palestinien ? »
John Prescott, Vice-Premier ministre du Royaume-Uni (Labour) en 2003, aujourd’hui Lord Prescott, a admis récemment à la BBC que l’invasion de l’Irak en 2003 « ne pouvait être justifiée ». Il a déclaré avoir soutenu l’invasion parce qu’il croyait que George Bush avait un plan pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Bush et Blair ont proclamé que la défaite de Saddam Hussein pouvait être une impulsion pour un nouveau plan pour la paix en Israël et en Palestine. Mais comme nous l’avions prévu en 2003, l’oppression des palestiniens allait continuer sans relâche après l’invasion irakienne. Pour ses propres intérêts impérialistes géostratégiques, les États-Unis continuent de soutenir Israël, son plus proche allié dans la région, pendant que l’indépendance et l’auto-détermination palestiniennes sont plus éloignées que jamais.
Dans une interview accordée à l’édition nocturne de la BBC, Blair a consenti que « la vie quotidienne en Irak aujourd’hui n’est pas ce qu’il souhaitait qu’elle soit » quand il a mené son invasion dix ans plus tôt. Il poursuivait en disant qu’il y avait des « améliorations significatives » mais que « c’était loin d’être ce que ça devait être ».
C’est un euphémisme ! Nous nous sommes résolument opposé à l’intervention impérialiste en 2003 et prédisions très justement que cela mènerait à l’oppression et au chaos – ouvrant les portes à une conflit sectaire – et que l’impérialisme serait englué dans un long conflit.
La politique impérialiste de dé-Baasification du régime de Saddam largement basé sur les sunnites et la dislocation de l’armée irakienne, a entraîné des purges sectaires des sunnites. Cela a enflammé la résistance de ceux-ci.
L’occupation coloniale brutale, incluant la torture et l’abus systématique des civils dans les prisons comme celle d’Abu Ghraib, le siège de la ville de Falloujah et le massacre de combattants de la résistance et de beaucoup de civils dans des villes comme Haditha et Balad, ont provoqué une opposition de masse croissante – non exclusivement sunnite – contre l’occupation menée par les États-Unis. Le sentiment anti-guerre a grandi aux États-Unis, en Angleterre et partout dans le monde.
En dépit de son impressionnante machine militaire et de son trésor de guerre, la coalition fut incapable d’écraser la résistance et a recouru à la technique de « diviser pour mieux régner ». Ils ont soutenu les chiites contre les sunnites, créant une orgie de sang.
Conséquences
En 2004, selon des enquêtes du Guardian et de la section arabe de la BBC, l’administration Bush s’est tournée vers « l’option salvadorienne » – nommée ainsi suite au rôle joué par les États-Unis dans la gestion des escadrons de la mort d’extrême droite au Salvador dans les années ‘80. Les milices chiites ont été armées et financées par les États-Unis. Des centaines de milliers d’irakiens ont été tués et des millions exilés par la suite. Les sunnites furent les grands perdants de la guerre civile sectaire.
Une constitution imposée par les États-Unis a institutionnalisé les divisions sectaires et ethniques. Les élections en 2005 ont vu les partis chiites remporter la majorité au parlement et le poste de premier ministre.
Une classe dirigeante corrompue et réactionnaire et des partis politiques sectaires se battent pour les ressources naturelles irakiennes pendant que la majorité de la population vit dans la pauvreté. Bien que l’Irak dispose de 100 milliards de dollars annuels en revenus pétroliers, très peu de cet argent est alloué à la population. L’Irak est le 8ème pays le plus corrompu au monde selon Transparency International.
La Capitale Bagdad, qui héberge un cinquième des 33 millions d’irakiens, est toujours une ville en guerre, divisée par les postes de contrôle militaires et en proie aux attentats sectaires. Bagdad et le centre du pays souffrent quotidiennement de bombardements, d’assassinats et d’enlèvements.
L’héritage de Bush et de Blair comprend un quintuplement des malformations congénitales et une multiplication par quatre du taux de cancer dans et autour de Falloujah. Ce sont des conséquences de l’utilisation par les forces de la coalition de munitions radioactives appauvries en uranium.
Les politiciens occidentaux aiment différencier Bagdad à la paix relative qui règne dans la région kurde riche en pétrole et dans les provinces majoritairement chiites. Mais ce n’est qu’illusion.
Les chiites dans le sud sont relativement protégés car une communauté domine largement. Le chômage y est cependant élevé et la plupart des chiites vivent encore dans une pauvreté effroyable.
Les Kurdes
Des tensions entre les Kurdes, les Arabes et d’autres minorités sont toujours présentes dans le gouvernement régional kurde semi-indépendant. Au grand dam du gouvernement central de Bagdad, le régime kurde a conclu 50 accords pétroliers et gaziers avec des compagnies étrangères et exporte directement du pétrole en Turquie.
Après des décennies d’oppression brutale, beaucoup de Kurdes espèrent pouvoir obtenir une véritable auto-détermination. Mais le gouvernement régional kurde est entouré d’états qui ont une longue histoire dans l’oppression kurde. Les dirigeants réactionnaires kurdes se sont alliés aux États-Unis et à la Turquie, qui fut l’un des pires auteurs de leur oppression.
Un élément indicateur du conflit grandissant autour du pétrole et des territoires entre le gouvernement régional turc et le régime central irakien est l’affrontement entre les combattants peshmerga kurdes et les troupes irakiennes.
Le retrait de Saddam n’a pas transformé le monde en « un lieu sûr » comme l’avaient promis Bush et Blair. Dans les faits, le monde est devenu encore plus violent et instable. Saddam ne possédait pas d’armes de destruction massive mais, après l’invasion de 2003, les « Etats voyous », comme la Corée du Nord, ont conclu que le seul moyen d’arrêter les attaques menées par les États-Unis contre eux était d’acquérir ces armes.
Malgré la déroute de l’impérialisme en Irak, les États-Unis et la Grande-Bretagne continuent de mener des conflits partout dans le monde pour servir leurs intérêts vitaux. Tentant de maintenir une distance avec la guerre de Blair, Ed Miliband a déclaré que la guerre en Irak avait été une erreur mais il continue à soutenir les troupes britanniques en Afghanistan et ne plaide pas pour la fin des frappes de drones américains.
La guerre de 2003 et l’occupation ont eu des conséquences à long terme pour la région. Installer des forces occidentales en Irak visait à isoler et à encercler davantage l’Iran. Mais Téhéran a compris qu’elle avait une influence sur le gouvernement irakien dominé par les chiites et « l’arc chiites » a été renforcé.
En partie pour contrer l’Iran, les États réactionnaires du Golf et l’impérialisme occidental sont intervenu en Syrie, exploitant l’opposition sunnite à Assad. Le conflit syrien se répercute au Liban et en Irak, ou un « Printemps sunnite » a vu des manifestions d’opposition de masse dans les zones sunnites.
Révolution
La majorité des irakiens ne veulent pas être replongés dans les horreurs de la guerre civile. Mais pour empêcher d’autres conflits, pour en finir avec l’interférence impérialiste et pour se débarrasser des élites dirigeantes réactionnaires et corrompues, les travailleurs ont besoin d’une alternative.
L’Irak avait une gauche forte jusqu’à ce qu’elle soit écrasée par la CIA dans les années ‘60 et par le régime de Saddam par la suite.
La plus importante leçon de cette tragédie et des horreurs de la dernière décennie est la nécessité pour les travailleurs d’avoir un parti de classe indépendant pour lutter pour leurs intérêts. Un tel parti revendiquerait la nationalisation des richesses pétrolières, sous la propriété publique démocratique au bénéfice de la population.
Comme les révolutions de 2011 en Égypte et en Tunisie l’ont montré, des luttes de masse peuvent se développer contre les tyrans et, malgré les limites du mouvement, peuvent les démettre du pouvoir. Mais pour parvenir à un véritablement changement de société, les travailleurs ont besoin d’un programme socialiste dans chaque pays, régionalement et internationalement.
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Tunisie : La grève générale fait trembler le pays et précipite la crise politique au sommet de l’Etat
Le fouet de la contre-révolution provoque une nouvelle étape dans la lutte de masse
Comme l’interview ci-dessous l’indique, l’assassinat du dirigeant de gauche Chokri Belaïd représente un « point tournant» dans le processus de révolution et de contre-révolution qui se déroule en Tunisie depuis plus de deux ans maintenant. Cet épisode a ouvert un nouveau chapitre de confrontations dans la bataille en cours entre la masse des travailleurs tunisiens, des pauvres et des jeunes, et le gouvernement largement discrédité dirigé par Ennahdha. Il a aussi précipité la crise politique au sommet de l’appareil de l’Etat.
Article suivi d’une interview de Dali Malik, sympathisant du CIO en Tunisie
De nombreux commentateurs décrivent les événements récents comme un « sursaut laïque contre les islamistes ». Si les tentatives faites par Ennahdha et par d’autres groupes islamistes, en particulier les gangs salafistes, de faire reculer les traditions séculaires de longue date en vigueur dans le pays ont joué un rôle dans l’alimentation de la colère générale, une telle vision simpliste n’explique que très peu la situation. En effet, comme en Egypte, les questions sociales sont au cœur de la bataille en cours. Le chômage de masse, la flambée généralisée des prix, la misère sociale et la marginalisation des régions constituent l’arrière-plan de la colère politique de masse dirigée contre les dirigeants actuels, dont les politiques économiques néolibérales ont suivi exactement le même chemin désastreux pour la majorité de la population que celles de la clique mafieuse qui a été balayée du pouvoir il y a deux ans.
Depuis mercredi dernier, le parti au pouvoir est dans la ligne de mire de manifestants en colère dans tout le pays, réclamant la chute du régime et une nouvelle révolution. Pendant des jours, des affrontements entre manifestants et forces de police ont eu lieu dans de nombreux endroits, en particulier dans les régions militantes de l’intérieur du pays comme Gafsa ou Sidi Bouzid. La grève générale de vendredi, la première dans le pays depuis 1978, a complètement paralysé l’économie du pays et a été combinée avec une mobilisation historique dans les rues de la capitale pour la commémoration de la mort de Belaïd. Le slogan «Chokri, repose-toi, nous continuerons ton combat! » exprimait un sentiment largement partagé: il s’agissait en effet d’un cortège funèbre très politique, l’ambiance dans les rues était celle d’une opposition et d’un mépris de masse à l’égard du régime. Des centaines de Tunisiens ont protesté à nouveau lundi devant l’Assemblée Nationale, demandant la démission du gouvernement.
Des pourparlers sont maintenant engagés depuis plusieurs jours dans les coulisses du pouvoir pour tenter de former un gouvernement de soi-disant «unité nationale». Comme c’est arrivé un certain nombre de fois depuis la chute de Ben Ali, la classe dirigeante, craignant la vague révolutionnaire, est à la recherche de la mise en place d’un gouvernement qui puisse assurer la «continuité» de l’Etat, ou plutôt de «leur» Etat: un Etat qui puisse maintenir les masses laborieuses en échec, réprimer leurs actions et revendications, et bloquer leurs prétentions à prendre les choses entre leurs mains.
La gauche et la centrale syndicale, l’UGTT, ne doivent pas mettre les pieds dans ces manœuvres! Comme Dali l’explique, la coalition de gauche du Front populaire doit « refuser tout accord avec des forces hostiles aux travailleurs et aux camps de la révolution ». Le Front Populaire argumente à présent en faveur d’un « Congrès National de Dialogue» et appelle à un gouvernement d’«urgence», ou de «crise». Tant le Parti des Travailleurs que le Parti des Patriotes Démocrates Unifié (l’organisation de Belaïd) se positionnent en faveur d’un gouvernement de «compétences nationales», toutes des formulations très vagues au demeurant, ouvrant la porte à d’éventuels arrangements gouvernementaux entre une partie de la direction du mouvement ouvrier et de la gauche, avec des éléments pro-capitalistes. L’idée de construire « l’unité nationale » présente à nos yeux le problème fondamental de ne pas clairement tracer la ligne de démarcation entre les amis et les ennemis de la révolution.
Le CIO pense pour sa part qu’il n’y a qu’une seule unité possible: l’unité de la classe ouvrière, de la jeunesse et des pauvres pour poursuivre leur révolution, et ce jusqu’à la mise en place, à travers la lutte de masse, d’un gouvernement qui leur appartient, par la construction d’instruments ad hoc: comités de grève, comités de quartier, etc.
Pour faire valoir ses arguments vers de larges couches de la population, le Front Populaire pourrait affirmer qu’il ne rentrerait dans un gouvernement que sur la base d’un certain nombre de conditions, qui inclurait : le retour de toutes les entreprises privatisées dans l’orbite du public, l’annulation totale de la dette, le lancement d’un plan d’investissements publics dans les infrastructures via la création massive d’emplois socialement utiles, l’imposition d’un monopole de l’État sur le commerce extérieur, et la prise en charge des secteurs stratégiques de l’économie entre les mains des travailleurs, au travers de représentants démocratiquement élus par eux. En pratique, un tel programme ne pourrait être mis en œuvre qu’indépendamment de tous les partis qui défendent la logique du capitalisme, et qui sont seulement intéressés à négocier des postes ministériels dans un futur gouvernement composé de représentants et défenseurs des grosses entreprises.
En outre, d’importantes unités de l’armée ont été déployées ces derniers jours dans la capitale ainsi que dans d’autres villes. L’état d’urgence est toujours en cours, et l’ancien appareil policier continue son sale boulot de répression et d’abus et de violence contre les manifestants. Les masses ne doivent pas laisser les forces de l’État contrôler les rues, mais doivent les réclamer, en conjonction avec la construction d’organes de défense révolutionnaires, composés de militants ouvriers, de syndicalistes, de jeunes etc, pour empêcher la violence de la réaction de riposter. Des appels en direction des soldats du rang devraient être encouragés dans ce but, afin de diviser l’Etat selon des lignes de classe, et construire un puissant contrepoids face à la menace de possibles complots provenant des classes supérieures.
Le Front populaire devrait mettre en avant un plan d’action clair, visant à renforcer la révolution et à la défendre contre les tentatives de la repousser en arrière, que ce soit par l’armée, par la police ou par des milices réactionnaires. Par exemple, il pourrait appeler à des assemblées de masse dans les lieux de travail et les localités, dans les universités et les institutions publiques, dans les écoles et dans les quartiers, etc, pour que les masses puissent discuter et déterminer, de la manière la plus démocratique et collective possible, quelles devraient être les prochaines étapes de leur lutte, et comment s’organiser partout contre la contre-révolution. Une nouvelle grève générale, après le succès de celle de vendredi, pourrait peut-être servir à réaffirmer la force de la révolution et de la classe ouvrière organisé, et contribuer à en finir avec la clique dirigeante actuelle, dont la légitimité, aux yeux de la majorité, a disparu depuis longtemps.
Dans certaines régions, les récents incidents ont encouragé les masses à renouveler instinctivement avec des formes antérieures d’auto-organisation: des comités de quartiers ont rejailli dans certains quartiers populaires de Tunis, au Kef et en quelques autres endroits. Ces exemples doivent être utilisés pour être élargis ailleurs, jusques et y compris sur les lieux de travail et dans les usines, pour servir de tremplin vers l’institution du contrôle et de la gestion, par les travailleurs eux-mêmes, des leviers économiques de la société.
L’appel à un « Congrès national » prendrait tout son sens s’il s’adresse aux masses révolutionnaires elles-mêmes. Cette proposition devrait être liée à la nécessité de construire et de coordonner des comités de lutte au niveau local, régional et national, élisant leurs représentants, révocables, issus directement des forces vives de la révolution, des couches combatives de l’UGTT, du mouvement ouvrier et de la jeunesse. De tels comités prépareraient ainsi la classe ouvrière et les pauvres à l’exercice du pouvoir et à la reconstruction de la société, sur la base d’un plan socialiste de production organisé de manière démocratique par la population. Une telle démarche audacieuse, vers l’établissement d’une Tunisie socialiste et démocratique, aurait un impact électrifiant et inspirant pour les travailleurs et les jeunes, dans la région et dans le monde entier. Elle établirait rapidement le lien avec le mouvement ouvrier révolutionnaire égyptien et d’autres, afin d’engager les premiers pas vers la construction d’une fédération socialiste libre des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.
Peux-tu expliquer rapidement quelles sont le contexte et l’implication de l’assassinat de Chokri Belaïd?
La mort de Chokri Belaïd représente un événement majeur et un point tournant dans le processus révolutionnaire tunisien. Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’une immense colère s’accumulait déjà depuis des mois contre le gouvernement en place. La mort de Belaïd a pris place dans un contexte où l’establishment politique, le gouvernement et l’Assemblée Nationale Constituante nageaient déjà dans une crise sans précédent. Cette situation reflète l’incapacité des classes dominantes à faire tenir une formule ministérielle capable d’imposer leurs plans contre-révolutionnaires tout en ayant suffisamment d’assise populaire pour le faire. C’est une équation impossible.
Cela fait sept mois maintenant qu’on nous parle d’un remaniement ministériel mais ils n’arrivent toujours pas à se mettre d’accord, en premier lieu du fait de la colère sociale gigantesque qui s’exprime aux quatre coins du pays. La haine anti-gouvernementale avait déjà atteint un très haut niveau d’intensité avant que l’assassinat de Chokri Belaïd n’ait lieu. Cet assassinat a donc mis le feu aux poudres. Belaïd n’était pas « le » dirigeant révolutionnaire le plus en vue, mais c’était un militant avec une certaine stature, qui s’est fait connaitre surtout suite à la révolution.
Des mobilisations massives ont explosé très vite partout suite à l’annonce de sa mort, certaines avec un caractère insurrectionnel. 72 locaux d’Ennahdha ont été incendiés dans les derniers jours ! Des manifs de grande dimension ont pris place dans la demi-heure qui a suivi la mort de Belaïd ; des sit-in, des grèves, des clashs avec les flics, etc font partie intégrante du paysage, à un niveau encore plus élevé que d’habitude, depuis mercredi. Et le jour de l’enterrement, une avalanche humaine a déferlé sur la capitale, ainsi que des manifestations de masse dans toute une série de villes. Certains chiffres évoquent plus d’un million de personnes dans les rues de Tunis vendredi ; il est impossible de décrire avec des mots l’ambiance qui y régnait. Les slogans repris dans la manif appelaient à la chute du régime, à une nouvelle révolution, accusaient Rached Ghannouchi (le chef d’Ennahdha) d’être un assassin, etc.
Quel a été l’impact de la grève générale de vendredi ?
La grève générale a été extrêmement bien suivie. L’adhésion était massive et totale. Même des entreprises où il n’y a pas de représentation syndicale, des institutions qui ne font jamais grève, ont débrayé. Cela est aussi vrai pour de nombreux cafés, des petits techniciens, des petits commerçants supposés pro-Ennahdha, qui ont fait grève également. Tout le pays était paralysé, comme cela ne s’est probablement jamais produit dans l’histoire de la Tunisie. Cette grève et la mobilisation qui l’a accompagnée a donné un nouveau coup de ‘boost’ à la révolution et à la confiance des masses. Elle a aussi touché de plein fouet le gouvernement, qui tremble maintenant littéralement sur ses bases.
Le premier ministre Jebali est à présent engagé dans des pourparlers incessants pour essayer de sauver la face du pouvoir. Il tente de recomposer un appareil gouvernemental qui peut « tenir la face ». Mais la colère contre Ennahdha a atteint un paroxysme, au point que ce parti est au bord de l’implosion. L’aile radicale du parti a tente de mobilisé ses troupes samedi, mais ce fut un flop : même en payant des gens, ils n’ont pas réussi à faire descendre plus de 3000 personnes dans le centre de Tunis !
La crise institutionnelle est profonde. Toute l’opposition a gelé sa présence à l’Assemblée Constituante, et le régime est vraiment déstabilisé. Aussi, des frictions se sont fait jour avec les puissances impérialistes sur la marche à suivre. Du point de vue des classes dirigeantes, il n’y a donc pas de solution évidente. Il y a quinze jours encore, des discussions étaient en cours avec les institutions financières internationales pour engager un programme de « réformes structurelles » (un euphémisme pour des plans d’attaques néolibérales, telles que la baisse de certaines subventions à des produits de base, de nouvelles privatisations, des baisses de salaires, etc) mais la mort de Belaïd a tout court-circuité. L’aile pragmatique d’Ennahdha autour de Jebali ainsi que les impérialistes semblent privilégier l’option d’un gouvernement de « technocrates » ; mais même une telle formule est pour eux difficile à mettre en place, et même si elle l’est, il n’est pas sûr qu’elle puisse tenir le coup. Dans ces conditions, nous devons être sur nos gardes, car même l’option d’un coup d’état ne peut plus être écartée, bien qu’il ne s’agisse pas de la perspective la plus immédiatement plausible.
Qu’en est-il de la coalition de gauche du Front Populaire ?
Le Front Populaire a une forte implication dans les luttes et les mouvements sociaux depuis sa fondation. Il joue un rôle central dans les mobilisations, et ses militants sont une force agissante dans presque toutes les mobilisations. Par exemple, le Front a joué un rôle décisif dans la grève régionale de Siliana en décembre dernier, ainsi que dans la plus récente grève régionale au Kef. Dans ce sens, le Front est vue largement comme la force politique du coté des luttes révolutionnaires, et sa base est essentiellement composée de jeunes révolutionnaires, de syndicalistes, de chômeurs… Chokri Belaïd était un des porte-parole du Front Populaire; à travers lui, c’est donc aussi le travail du Front et de ses militants qui est visé.
Cependant, le Front a aussi d’importants déficits et limites quant à la lecture de la situation actuelle, ses propositions concrètes, son fonctionnement interne aussi. Bien qu’il a une importante base militante sur le terrain, ces mêmes militants n’ont que peu de poids sur les prises de position de ses dirigeants, et sur les décisions qui y sont prises, qui sont peu inclusives.
Surtout, le Front demeure dans le flou en ce qui concerne la question la plus importante de la révolution, et qui en conditionne beaucoup d’autres : celle de qui détient le pouvoir. Le Front n’est pas homogène, et à l’intérieur, certaines de ses composantes sont toujours fortement influencées par la stratégie d’une révolution « par étapes », qui consiste à dire qu’il faut d’abord consolider la démocratie et les libertés avant de s’en prendre au capitalisme. Cette logique les amène à penser la démocratie dans un cadre qui ne remet pas en question les institutions existantes, ou à concevoir une prise de pouvoir uniquement par la voie du parlementarisme classique. Bien sûr, nous sommes en faveur de la plus grande démocratie possible et nous nous battons pour les libertés. Mais nous estimons qu’on ne peut pas détacher ces questions du contenu social de la révolution. Comme les marxistes le disent souvent, sous le capitalisme, la démocratie « s’arrête à la porte des usines ». Nous pensons qu’une vraie démocratie ne peut se réaliser que si les travailleurs ont la mainmise sur leurs instruments de travail et contrôlent directement ce qui est fait du fruit de leur labeur. Nous nous battons pour une vraie démocratie qui traverse toute la société, impliquant l’exercice du pouvoir par les masses elles-mêmes à tous les niveaux : dans les entreprises, dans les quartiers, dans les écoles,…Nous luttons à l’intérieur du Front pour renforcer ces points, pour que le Front formule un programme sans ambigüité sur le contenu d’une prise de pouvoir, et pour refuser tout accord gouvernemental avec des forces qui soient hostiles au camp de la révolution et des travailleurs.
Le Front Populaire parle aujourd’hui de la nécessité d’un « gouvernement de crise ». Mais tout dépend du contenu que l’on donne à une telle formulation. A nos yeux, une sortie de crise ne peut avoir lieu sans la perspective de renverser un système économique et social qui baigne jusqu’au coup dans la crise, et fait payer chaque jour aux masses travailleuses son fonctionnement anarchique. Cela implique selon nous l’annulation pure et simple de la dette, question qui est source de divergences au sein du Front : certains proposent juste de la « geler » pour quelques temps, et d’instaurer un audit afin d’en déterminer la part odieuse. Cette logique implique qu’une partie tout au moins de la dette serait somme toutes légitime, alors qu’elle est le résultat du pillage des biens publics par l’ancienne mafia au pouvoir, avec le concours des institutions capitalistes internationales. Nous sommes aussi en faveur de la nationalisation sous contrôle ouvrier de toutes les entreprises qui licencient, ainsi que celle des banques et des multinationales, dont l’activité est uniquement orientée en vue de sucer le sang des masses et d’enrichir une poignée de parasites.
Nous sommes prêts à travailler en commun avec d’autres forces à la réalisation de ces objectifs. Pour cela, nous sommes prêts à une certaine souplesse, mais il y a un point sur lequel nous ne dérogerons pas : celui qui fait le constat que la crise du capitalisme a atteint un point de retour, et qu’il faut une stratégie claire pour en sortir. Cela afin d’offrir un futur et de véritables opportunités à la majorité de la population, entre autres au million de chômeurs que compte ce pays. Si les travailleurs décidaient eux-mêmes des plans d’investissement, et réorganisaient l’économie selon une planification générale dépendant des besoins de chacun et de chacune, les moyens pourraient être développés pour procurer un emploi décent et qui plus est, socialement utile, à tout le monde. Aujourd’hui nous sommes minoritaires à mettre en avant un tel programme, mais la logique des événements implique qu’un jour ces propositions pourront être reprises par la majorité.
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Pour un enseignement et des emplois de qualité : Luttons pour notre avenir !
Le chômage est en hausse partout dans le pays, celui des jeunes progresse deux fois plus vite. Confrontés aux emplois précaires et aux intérims, les jeunes sont les premières victimes des pertes d’emplois. Records de faillites, record de licenciements collectifs, des milliers d’emplois « stables » sont menacés comme à Ford Genk ou à Arcelor-Mittal Liège. Les patrons licencient, reçoivent leurs cadeaux fiscaux, maximalisent leurs profits déjà exorbitants et pour de nombreux jeunes la voie est bouchée.
Tract des Etudiants de Gauche Actifs
Les politiciens n’ont aucune idée de comment sortir de ce cul-de-sac. Ils font payer la crise aux 99% de la population : les aînés sont maintenus au travail plus longtemps, les chômeurs sont poussés dans la pauvreté et les travailleurs subissent l’augmentation de la flexibilité pour des salaires rabotés. Pour renflouer les banques, ils coupent dans les dépenses publiques (comme la santé, la coopération au développement ou l’enseignement) aggravant les pénuries existantes dans les services vitaux pour la population. Leur austérité ne nous apporte que chômage, précarité & recul social.
Cela crée un terreau et un climat favorable au développement d’idées racistes, sexistes, homophobes. Les immigrés, les chômeurs, les grecs, les flamands/wallons… toutes sortes de boucs émissaires sont pointés du doigt afin de masquer les vrais responsables de la crise : les capitalistes et leurs politiciens.Seule une réponse collective issue de la résistance des travailleurs et des jeunes peut repousser ses divisions qui visent à nous affaiblir et offrir une alternative pour sortir de la crise.
PARTICIPE AUX CAMPAGNES ET AUX MANIFS AVEC EGA !
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- 18/02 : Manif anti-sac : 18h Place Gabrielle Petit – Bxl
- 21/02 : Manif syndicale contre l’austérité: 10h30 Gare du Nord – Bxl
- 07/03 : Manif anti-NSV : 20h Martelarenplein – Louvain
- 10/03 : Manif anti-nucléaire : 14h Huy
- 14/03 : Manif contre l’austérité en Europe- Bxl
- 15/03 : Manif Stop-répression : 18h Place Fontainas – Bxl
- 24/03 : Manif Pro-choix : Bxl
- 13&14/04 : Socialisme 2013, week-end de débat et de formation – Bxl
- Du 4 au 7/07 : Camp d’été des Étudiants de Gauche Actifs
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STOP aux amendes (SAC) contre les jeunes en lutte !
Huissiers contre les sous-traitants de Ford, autopompes contre les métallos liégeois, tabassage des antifascistes dans le métro, arrestation des opposants au banquet des riches… la répression est utilisée contre ceux qui luttent. 145 jeunes, dont une quinzaine d’Étudiants de Gauche Actifs, ont été scandaleusement arrêtés pour une manifestation pacifique contre le gala d’un puissant lobby patronal européen et sont menacés par des sanctions administratives communales (SAC) pouvant aller jusqu’à 250€.
Dans un nombre de communes, les SAC contre les incivilités sont détournée contre le droit de manifester mais aussi contre le simple fait d’être jeune parfois jusqu’à l’absurde avec des amendes pour jet de boules de neige. Les maisons de jeunes ferment, l’aspect commercial domine dans l’accès aux loisirs mais on nous sanctionne pour « flâner » dans la rue.
Participe avec EGA aux actions de la « campagne Stop Répression » initiée par la JOC :
- le 18 février, place Gabrielle Petit, 18h
- le 15 mars, place Fontainas, 18h, Bruxelles
Unifions la résistance contre l’austérité !
Grèce, Espagne, Portugal, Irlande… l’austérité ne marche pas, gonfle les dettes publiques et poussent l’économie dans la récession. Leurs politiques précipite des millions de personnes dans la précarité. Les diktats de la Troïka (UE – BCE – FMI) ont crée un désastre social. Ils sont appliqués ici par le gouvernement Di Rupo. En coeur avec le patronat, il nous vante le modèle allemand où les travailleurs touchent 500€ par mois.
Une manifestation nationale des syndicats est prévue le 21 février. Le 14 mars aussi, une manifestation contre le sommet européen est prévue. Les jeunes doivent s’orienter vers le mouvement des travailleurs car ce sont eux qui ont la force de frapper les spéculateurs là où ça fait mal, dans leurs coffres-forts. Grecs, espagnols, belges… nous devons passer à l’action tous ensemble de façon coordonnée. Pourquoi ne pas commencer par une grève générale européenne de 24h, bien organisée, bloquant l’ensemble des lieux de travail, des écoles et des unifs, accompagnée de manifestations de masse ?
21/02 : Manif syndicale contre l’austérité: 10h30 Gare du Nord – Bxl
Des emplois, pas de racisme !
Le cercle officieux du Vlaams Belang le NSV organise sa marche annuelle de la haine à Louvain. La campagne antifasciste flamande Blokbuster et EGA organisent une contre-manifestation non-violente.
Les cures d’austérité imposées aux Grecs font des ravages, plus d’un jeune sur deux est au chômage, 68% de la population vit dans la pauvreté… Mais la dette publique atteint des sommets inégalés. Ainsi les néo-nazis d’Aube Dorée engrangent des succès et ont assez de confiance pour agresser en plein jour immigrés, militants de gauche, homosexuels…
Des dirigeants du NSV font l’apologie d’Aube Dorée. Le NSV invite des orateurs du NPD, du Jobbik, du BNP… Les étudiants francophones doivent soutenir les antifascistes en Flandre qui luttent contre la présence de ce cercle néo-fasciste violent, reconnu officiellement dans leurs universités. Les luttes contre le fascisme et le racisme doivent aussi s’opposer aux politiques qui créent cette frustration sociale instrumentalisée par l’extrême-droite.
Manifeste avec EGA le 7 mars à 20h à Martelarenplein, Louvain
Pour le droit des femmes à disposer de leur corps!
Les « pro-vie », mouvement réactionnaire contre le droit à l’avortement, organisent chaque année une marche à Bruxelles. Nous devons empêcher le développement de ces idées conservatrices que l’on peut voir lors de marches homophobes en France ou lors d’actions d’intimidation devant les centres IVG en Belgique.
Les femmes sont plus fortement touchées par la précarité et les bas revenus. EGA défend un véritable libre choix, ce qui implique une politique sociale qui élimine toute contrainte financière. Plus généralement nous devons lutter contre cette société qui relègue les femmes dans une position de second rang et qui crée un sexisme ambiant, de la petite remarque humiliante au harcèlement et au viol.
EGA participe à l’appel pour une contre-manifestation le 24 mars à Bruxelles pour le libre choix.
LUTTER EFFICACEMENT ? REJOINS EGA !
Étudiants de Gauche Actifs est une organisation étudiante de gauche, par et pour les jeunes, active dans ton école, ta haute-école ou ton université que ce soit en Flandre, en Wallonie ou à Bruxelles car nous nous opposons à la logique de surenchère communautaire des politiciens traditionnels.. Nous nous organisons, discutons les idées, mobilisons et organisons des actions.
Crise, sous-financement de l’enseignement, précarité, austérité, racisme, sexisme, danger nucléaire, guerre… Nous lions tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés au capitalisme, un système qui est basé sur la course au profit à court terme pour une petite élite. EGA fait partie d’une organisation de jeunes, ISR (International Socialist Résistance) présente dans plus de 40 pays et sur tous les continents. Ce qui nous permet de tirer les leçons des révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient avec des jeunes tunisiens impliqués dans les événements ou d’apprendre de nos interventions dans les mouvements de masses en Grèce, en Espagne, en Afrique du Sud, aux Etats-Unis…
Partout, nous lions les luttes des jeunes à celles des travailleurs et de leurs organisations, car ce sont ceux qui produisent les richesses, qui détiennent la position clé pour renverser la société capitaliste.
EGA lutte quotidiennement parmi la jeunesse pour construire un monde où la production et toute la société est démocratiquement gérée et contrôlée par les organes issus des luttes de masse des travailleurs et des jeunes même – une démocratie réelle – afin de satisfaire les besoins et l’épanouissement de tous, une société socialiste démocratique. Ne nous regarde pas rejoins nous !
Participe au camp d’été d’ega – du 4/07 au 7/07
Place à la détente, à la préparation des campagnes de rentrée au weekend organisé par les Etudiants de Gauche Actifs!
Au programme: formation au marxisme, les révolutions en Tunisie et Egypte, la lutte des jeunes en Espagne et en Grèce avec des orateurs qui ont participé au mouvement, la crise nucléaire, la lutte contre la précarité des jeunes, les luttes étudiantes, la lutte antifasciste, femmes, LGBT… mais aussi barbecue, fiesta et film! Bref, une excellente occasion de se préparer aux luttes à venir, dans un cadre convivial et agréable.
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L'Afrique peut-elle sauver le capitalisme ?
L’élite capitaliste cleptomane vit dans l’opulence, mais la croissance ne touche pas les masses laborieuses
”Je suis absolument convaincu du fait que l’Afrique représente la prochaine zone pionnière économique mondiale, et je ne suis pas le seul à partager cette conviction” affirmait en avril dernier Johnnie Carson, sous-secrétaire d’Etat américain pour l’Afrique. Il n’est pas le seul à exprimer son optimisme croissant au sujet de l’Afrique. Comme il l’a fait remarquer, les perspectives de croissance de la Banque mondiale pour l’Afrique pour les deux prochaines années se situent entre 5 et 6 %, un taux de croissance au-delà de celui de l’Amérique latine, de l’Asie centrale ou de l’Europe.
Peluola Adewale, Democratic Socialist Movement (CIO Nigeria)
Selon les prévisions du FMI pour les cinq années qui suivent 2011, sept pays africains (Éthiopie, Mozambique, Tanzanie, Congo-Kinshasa, Ghana, Zambie et Nigeria) se trouveront dans les top dix des pays à la croissance la plus rapide au monde. Une analyse du magazine The Economist révélait l’an dernier que six pays africains (Angola, Nigeria, Éthiopie, Tchad, Mozambique et Rwanda) se trouvaient dans le top dix des pays qui ont eu la croissance la plus rapide entre 2000 et 2010. De fait, l’Afrique a commencé à attirer des remarques positives de la part des commentateurs capitalistes, surtout depuis le début de la crise économique mondiale.
Cette crise, qui est la pire crise capitaliste depuis la Grande Dépression des années 1930, a enflammé l’Europe et les États-Unis, poussant apparemment les stratèges capitalistes à aller chercher le succès ailleurs – et ils en auraient trouvé en Afrique.
Les grands médias capitalistes ont arrêté leur campagne permanente de dénigrement du continent africain, et acclament à présent en grande pompe la moindre tendance “positive”. On peut voir un exemple clair de tout ceci dans les pages de The Economist où l’Afrique s’est métamorphosée, passant de “Continent sans espoir” en mai 2000 à “Continent rempli d’espoir” en décembre 2011.
Cependant, la plupart des superbes taux de croissance de ces pays reflètent une hausse de la valeur des exportations des matières premières, à la fois en termes de production et en termes de prix, qui est liée à la croissance de la demande mondiale, surtout de la part de la Chine. Par exemple, le prix du pétrole est passé de 20 $ du baril en 1999, à 147 $ en 2008. Ces statistiques, de manière générale, ne reflètent pas une croissance généralisée de l’économie du continent ni de son niveau de vie. De plus, tout ralentissement de l’économie, que ce soit en Occident ou en Chine, aura pour conséquence une baisse brutale de la demande pour les exportations africaines.
Une grande misère
Pour la plupart des travailleurs, qui n’ont vu qu’une aggravation de leurs conditions de vie d’année en année, les statistiques économiques impressionnantes qu’on voit apparaitre çà et là sont un grand mystère. En fait, la forte augmentation du prix de la nourriture et du carburant revient à une attaque constante contre le niveau de vie. L’Afrique est aujourd’hui un continent dévasté par une misère de masse, avec un accès très limité aux nécessités vitales de base.
Par exemple, en Éthiopie – pays qui se trouve justement sur la “liste d’or” –, 90 % de la population a été classée en tant que “pauvre multidimensionnelle” par un rapport du Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud) publié en 2010. La situation au Nigeria, qui est le plus grande producteur de pétrole africain, a également été très correctement décrite par le Pnud. Son représentant dans le pays, M. Daouda Touré, a remarqué que ”Depuis maintenant plus d’une décennie, le Nigeria a connu un taux de croissance élevé permanent, qui n’a pas eu la moindre répercussion sur le plan de l’emploi ni sur celui de la réduction de la pauvreté parmi ses citoyens.” Il ajoute : ”Les statistiques disponibles en ce moment suggèrent que le taux de pauvreté au Nigeria s’est en réalité aggravé entre 2004 et 2010” (The Nation, Lagos, 29 août 2012). Cela n’a que confirmé ce que le statisticien général du Nigeria, M. Yomi Kale, avait dit concernant le ”paradoxe (…) qui fait que malgré le fait que l’économie nigériane est en pleine croissance, la proportion de Nigérians vivant dans la pauvreté ne fait qu’augmenter d’année en année.” (The Guardian, Lagos, 14 février 2012).
L’Afrique du Sud, qui est la plus grande économie du continent, est aussi le deuxième pays le plus inégalitaire au monde. Cela, malgré la politique du “black economic empowerment” (promotion économique des noirs) menée par le gouvernement ANC dans l’Afrique du Sud post-apartheid.
En Angola, les deux tiers de la population vivent avec moins d’un euro (656 FCFA) par jour, et seuls 25 % des enfants fréquentent l’école primaire (The Guardian, Londres, 18 novembre 2011). L’Angola est pourtant le pays qui a eu le taux de croissance économique le plus élevé au monde, avant la Chine, dans les années 2000 à 2010. L’Angola représente à l’heure actuelle un paradis économique pour le capitalisme portugais, dont le pays natal se trouve en ce moment sous les feux de la crise de la zone euro. Ce pays nous offre ainsi un exemple classique de migration inversée entre l’Europe et l’Afrique. Non seulement l’Angola abrite aujourd’hui une communauté de 150 000 Portugais chassés par le chômage dans leur pays, mais il a également massivement investi ses pétrodollars au Portugal. La compagnie pétrolière d’État angolaise, la Sonangol, est le principal actionnaire d’une des plus grandes banques du Portugal, la Millenium BCP. En juin 2010, l’ensemble des investissements angolais dans des entreprises portugaises étaient estimés valoir plus de deux milliards d’euros, selon le Financial Times. Et pourtant, on ne trouve quasiment ni électricité ni eau potable dans tout le pays, même dans la capitale Luanda.
Tout cela est symptomatique de la situation en Afrique, où la croissance économique se reflète uniquement dans l’opulence de l’élite de voleurs capitalistes au pouvoir, et aucunement dans le développement de l’infrastructure ou dans l’amélioration du niveau de vie de la masse de la population.
Mais les stratèges capitalistes ne sont pas concernés par le sort des travailleurs. Tant qu’il y a des ressources naturelles à exploiter librement pour leurs super-profits, l’Afrique est pour eux tels un lit de roses.
Comme le rapportait The Guardian de Londres : ”Il y a parmi le monde des affaires de plus en plus de confiance dans le fait que l’Afrique est la destination d’investissements qui donne les plus grands profits au monde” (28 mars 2012). C’est ainsi que la banque d’investissements mondiales Goldman Sachs disait dans un rapport en mars 2012 que : ”L’Afrique est une destination à laquelle les investisseurs doivent réfléchir, pour une croissance sur le long terme (soit on y participe, soit on rate une bonne occasion).”
Cette course à la super-exploitation de l’Afrique explique pourquoi le continent, avec ses immenses ressources naturelles et ses immenses terres fertiles pour l’agriculture, est dominé par des multinationales et est dirigé sur base d’une politique capitaliste néolibérale qui bénéficie avant tout à l’Occident impérialiste.
L’absence d’infrastructures de base (ou, quand elle est présente, sa médiocrité) signifie que l’Afrique est toujours en très grande partie dépendante de ses exportations de matières premières, et que le continent dans son ensemble ne compte toujours que pour un ridicule 2 % de la production mondiale.
Les soi-disant “investisseurs” ne sont surtout intéressées que par les industries d’extraction qui, bien que créant de la croissance, ne créent que très peu d’emplois. Cet échec dans le développement de l’industrie de transformation explique pourquoi l’Afrique, en tant qu’exemple classique de croissance sans emploi, ne peut imiter le rôle de la Chine en tant que moteur du capitalisme mondial, malgré son immense population et son urbanisation croissante. Au contraire, c’est le capitalisme qui garantit le sous-développement du continent.
Une corruption rampante
Les souffrances de l’Afrique sont également dues à la corruption caractéristique de ses dirigeants. Il convient cependant bien de souligner le fait que la corruption est loin d’être propre de l’Afrique ou des pays en développement.
La plupart des ressources qui restent en Afrique, après les pertes dues au commerce inéquitable et au payement de la dette, sont volées par les dirigeants pro-impérialisme corrompus, puis envoyées vers des comptes en banques privés à l’étranger, en Europe ou en Amérique.
Le capitalisme néolibéral, qui entraine avec lui privatisations et dérégulations, a donné encore plus de marge aux dirigeants africains pour piller le trésor public, puisque ce ne sont plus eux qui sont censés utiliser ces ressources afin de fournir les infrastructures et les services de base.
Mais face à cette situation, les travailleurs, les jeunes et les pauvres du continent sont loin d’être passifs. L’Afrique a une longue histoire de luttes de masse contre le colonialisme et le racisme. Plus récemment, on a vu apparaitre des luttes contre les régimes pourris et corrompus et pour une vie meilleure, comme on l’a vu après les insurrections de masse, surtout en Afrique du Nord, qui ont chassé au moins trois dictateurs. En janvier 2012, nous avons assisté à la plus grande grève générale et au plus grand mouvement de masse de toute l’histoire du Nigeria, contre la hausse du prix de l’essence. Les mineurs sud-africains, dans leur lutte pour de meilleures conditions de travail et pour un meilleur salaire, ont quasi mis à genoux l’industrie minière. Le secteur des mines compte pour une très grande part de la richesse du pays ; il est aussi un symbole de l’immense inégalité entre travailleurs et patrons.
Cette lutte des mineurs, dans laquelle le DSM sud-africain joue un rôle dirigeant, a contribué à mettre au-devant de la lutte la revendication pour la nationalisation de l’industrie minière, ainsi que l’idée d’une alternative politique des travailleurs et des pauvres contre l’ANC.
Les mouvements de masse des travailleurs et de la jeunesse en Europe, et en particulier en Grèce et en Espagne, contre l’austérité et contre les attaques néolibérales sur l’emploi, sur les salaires, sur l’enseignement et sur la santé, vont continuer à élever la conscience des travailleurs en Afrique. Les nouvelles luttes qui vont se développer en Afrique auront pour effet qu’il n’y aura aucun refuge sûr pour le capitalisme dans un monde de crise, et seront une source d’inspiration afin d’intensifier la quête d’une alternative socialiste.
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Perspectives mondiales : ‘‘L’ère de l’austérité’’ prépare des convulsions sociales sismiques
Nous vivons une des périodes les plus dramatiques de l’Histoire
Les travailleurs grecs, suivis par les portugais et les espagnols, sont à l’avant-garde du mouvement contre cette interminable austérité. Plus personne ne peut aujourd’hui affirmer que la classe ouvrière reste passive face aux attaques du système capitaliste malade et pourrissant. Sa résistance s’est exprimée par une série de grèves générales épiques, mais elle a encore à créer un parti de masse ainsi qu’une direction dignes d’elle pour cette bataille entre travail et capital qui va dominer le début du 21ème siècle. La tâche du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), grâce à la clarté théorique de ses idées liée à un programme orienté vers l’action, est d’aider à créer cette nouvelle direction, une direction capable d’assurer la victoire de la classe ouvrière.
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Ce texte est un résumé du projet de document sur les perspectives mondiales discuté lors de la dernière réunion du Comité Exécutif International (CEI) du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) qui a eu lieu en décembre. Le document final est disponible, en anglais, sur le lien suivant.
[/box]Le caractère instable des relations mondiales (qui peuvent entraîner l’éclatement d’un conflit dans de nombreux endroits du monde et à n’importe quel moment) s’est illustré lors des récents affrontements entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Ils se sont limités à un échange de roquettes et de missiles et un accord de cessez-le-feu a été atteint, mais la guerre pourrait reprendre et un assaut d’Israël sur la Bande de Gaza n’est pas à exclure. En retour, des troubles auraient lieu dans le Moyen-Orient.
D’autre part, une ou plusieurs guerres régionales sont toujours de l’ordre du possible. La Syrie représente un véritable baril de poudre avec le régime de Bachar el-Assad assiégé et menacé d’être renversé, mais avec une opposition divisée sur des lignes sectaires. Les véritables socialistes ne peuvent soutenir ni Assad ni l’opposition, mais doivent s’orienter vers les masses que nous pouvons atteindre avec une voie clairement indépendante basée sur un programme et des perspectives de classe.
Certaines minorités du pays recherchent encore la protection d’Assad par craintes des conséquences d’une victoire de l’opposition, laquelle bénéficie clairement d’un soutien prédominant de la part de la majorité sunnite de la population, avec une influence grandissante significative d’organisations du type d’Al-Qaïda. De plus, l’intervention de la Turquie contre le régime a augmenté la tension entre les deux pays. Des affrontements armés pourraient avoir lieu entre eux, ce qui pourrait devenir hors de contrôle. Une intervention de l’Iran dominé par les chiites pour soutenir les chiites en Syrie n’est pas non plus à exclure. Pareillement, le conflit pourrait déborder au Liban avec l’éclatement de conflits sectaires. Cela en retour pourrait conduire Israël à saisir l’opportunité de lancer des attaques aériennes contre les supposées infrastructures nucléaires iraniennes, avec sans doute en riposte des salves de missiles et de roquettes de la part de l’Iran et du Hezbollah contre les villes et infrastructures israéliennes.
Au cours du récent conflit, le régime israélien et la population, plus largement, ont été pris de court par la capacité des roquettes du Hamas de frapper au cœur même de Tel Aviv. Le CIO s’oppose aux prétendues ‘‘frappes chirurgicales’’ d’Israël (qui ne sont en rien chirurgicales) qui ont tué au moins 160 Palestiniens. Mais nous ne soutenons pas pour autant les méthodes du Hamas, qui a lancé des roquettes à l’aveugle contre les villes les plus peuplées d’Israël. Cela a uniquement servi à jeter la population d’Israël dans les bras de Netanyahou, dont les actions punitives seraient soutenues par 85% de la population tandis que 35% soutiendraient maintenant une invasion de Gaza, opération qui verrait des centaines et des milliers de Palestiniens tués ou mutilés, de même que des Israéliens. Le peuple palestinien a le droit de résister aux méthodes terroristes de l’Etat Israélien, mais cette tâche peut être mieux accomplie par des mouvements de masse dans but de faire séparer la classe ouvrière d’Israël du régime vicieux de Netanyahou. En cas d’invasion de Gaza ou d’un autre territoire occupé, le peuple palestinien a tous les droits de résister, avec des armes si nécessaire, contre les envahisseurs.
Les mineurs sud-africains montrent la voie
Nonobstant l’influence des facteurs géopolitiques comme les guerres sur le cours des évènements (ce qui peut, sous certaines circonstances, sérieusement altérer nos perspectives), les principales caractéristiques de la situation présente sont l’approfondissement de la crise du capitalisme mondiale et la réponse combattive des la classe ouvrière et des pauvres.
Cela est symbolisé par le magnifique réveil de la classe ouvrière sud-africaine à la suite des mineurs. Ces grèves héroïques, à l’instar des révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ont inspiré la classe ouvrière des pays industriels avancés. Un élément ‘‘d’Afrique du Sud’’ pourrait lui aussi être exporté en Europe avec un mouvement similaire au sein des syndicats afin de renverser les dirigeants qui refusent d’organiser la classe ouvrière pour sérieusement résister aux attaques du capitalisme.
A la suite des mineurs, d’autres pans de la classe ouvrière d’Afrique du Sud sont eux aussi entrés en action dans cette grève qui est en ce moment la plus grande et la plus sanglante au monde.
Cette lutte a également été caractérisé par un haut degré de conscience de la classe ouvrière (un héritage qui a su être préservé après les révolutions avortées des années 1980, avant la fin du régime de l’apartheid). Cela s’exprime par l’aspiration à la construction de nouveaux syndicats combattifs pour les mineurs afin de remplacer le syndicat officiel des mineurs, complètement corrompu, le NUM. Confrontés à l’ANC tout aussi corrompue, les mineurs (avec l’aide du Democratic Socialist Movement, le DSM, section du CIO en Afrique du Sud) ont lancé un appel pour un nouveau parti de masse des travailleurs. Cela ne peut que renforcer les revendications du même type portant sur la question de la représentation indépendante de la classe ouvrière dans tous les pays (c’est-à-dire la majorité) où la masse des travailleurs n’a pas de parti, pas même un capable de les représenter ne fut-ce que partiellement.
Même le magazine The Economist, la voix du grand capital, a déclaré : ‘‘le meilleur espoir pour le pays dans les années à venir est une scission réelle dans l’ANC entre la gauche populiste et la droite afin d’offrir un vrai choix aux électeurs.’’ C’est surprenant, sinon incroyable, au premier abord. Aucun journal capitaliste ne propose cela pour la Grande Bretagne ! Mais ce qui alarme The Economist, c’est que face au discrédit de l’ANC (un fossé de la taille du Grand Canyon existe à présent entre les seigneurs, chefs et rois de l’ANC et la classe ouvrière), les masses appauvries ont commencé à se tourner brusquement vers la gauche, vers les véritables militants pour le socialisme, les membres du DSM. Ils vont donc remuer ciel et terre pour essayer d’empêcher les masses d’aller dans notre direction, même si cela signifie de mettre en place une alternative ‘‘populiste’’ pour bloquer le développement d’un vrai parti de masse des travailleurs.
Les élections américaines
Le plus important évènement de cette période, au moins dans l’Ouest capitaliste, a été la réélection d’Obama aux USA. Il a été le premier président à être réélu depuis 1945 avec un taux de chômage supérieur à 7,5% dans le pays. Certains stratèges du capital (ou certains imaginant l’être) ont tiré des conclusions complètement fausses hors du résultat de cette élection. Ils affirment que la principale raison pour laquelle Obama a été élu, c’est que le peuple américain blâmait Bush, l’ancien président, pour les catastrophes économiques actuelles. Cela a sans doute été un facteur, certes, mais ce n’était ni le seul, ni le plus décisif. Une grande polarisation a pris place dans la société américaine avec les électeurs d’Obama (malgré leur déception face à son bilan) se rendant massivement au bureau de vote pour empêcher le candidat des 0,01% des riches et des plutocrates, Romney, de remporter les élections.
Il y avait une réelle peur de ce que signifierait une victoire de Romney, qui aurait fait tourner à l’envers la roue de l’histoire, briser les aides sociales et les réformes limitées dans la santé, etc. Cela a fait accroître la participation électorale qui, même si elle n’était pas aussi élevée qu’en 2008, était néanmoins d’un niveau historique. Le vote populaire a été serré, Obama l’emportant par 50,8% contre 47,5%. Mais il est crucial que la majorité des femmes l’aient soutenu, avec une majorité encore plus forte concernant les jeunes femmes. Il a aussi gagné 80% du vote des minorités (Latinos et Afro-Américains), bien sûr, et des sections significatives de travailleurs syndiqués (dans l’automobile par exemple) ont milité pour lui et l’ont soutenu. Dans cette élection, ce n’était pas seulement une question de victoire du ‘‘moindre mal’’ pour Obama pour ‘‘arranger l’économie’’. Bien sûr, il ne sera pas capable de le faire, à cause du caractère de la crise économique.
Le magnifique résultat de la candidate de Socialist Alternative aux élections de la chambre des représentants de l’Etat de Washington (un splendide 28% des suffrages) a été un triomphe non seulement pour nos camarades Américains mais pour l’ensemble du CIO.
C’était la confirmation du fait que présenter des candidats des travailleurs indépendants peut conduire au succès, et à un nouveau parti de masse des travailleurs. De plus, cela s’est produit au cœur même de la plus grande puissance capitaliste au monde. Cette élection est un avant-goût de ce à quoi nous pouvons nous attendre ailleurs dans la prochaine période, en particulier en Afrique du Sud et en Europe, et cela montre le potentiel qui existe dialectiquement aux USA pour les idées et le programme du socialisme.
L’héritage des trahisons social-démocrates et staliniennes n’existe pas aux USA, ce qui en fait un terrain encore plus favorable pour les vraies idées du socialisme en comparaison de nombreux endroits d’Europe et d’ailleurs à ce stade. De notre point de vue, il en va de même pour la victoire d’Obama. Son deuxième mandat pourrait préparer la voie à la création d’un troisième parti, mais d’un parti de la classe ouvrière cette fois, socialiste, radical et populaire. Bien sûr, toutes les perspectives sont conditionnées par la façon dont l’économie se développera aux USA et dans le monde entier.
L’économie mondiale fait face à une série de crises
L’économie américaine (l’une des seules à ré-atteindre le niveau de production d’avant 2008) a ralenti pour atteindre son rythme le plus faible depuis 2009, avec une croissance de moins de 2% alors que, simultanément, toutes les plus grandes économies mondiales ont perdu de la vitesse. Si les Républicains refusent un accord avec Obama, si les USA échouent face à la falaise fiscale, cela pourrait presque automatiquement plonger l’économie mondiale (fondamentalement stagnante) dans une nouvelle dépression encore plus profonde. Les intérêts des capitalistes devraient logiquement forcer les Républicains à chercher un accord avec Obama. Mais le système politique des USA, conçu à l’origine pour une population prédominée par les petits fermiers au XVIIIème siècle, est maintenant complètement dysfonctionnel, de même que le Parti Républicain.
En 2009, lors de l’un de ses discours parmi les plus révélateurs devant les banquiers américains, Obama a déclaré : ‘‘Mon administration est tout ce qu’il y a entre vous et les fourches.’’ Mais lors des élections, cela ne lui a pas pour autant apporté le soutien de la bourgeoisie américaine dans son ensemble, qui a en général préféré Romney. Cela tend à montrer qu’une classe ne reconnait pas toujours ce qui est dans son meilleur intérêt ! Ce sont les stratèges et les penseurs de la classe dominante, parfois en opposition avec ceux qu’ils sont sensés représenter, qui sont préparés à défendre les meilleurs intérêts des capitalistes et à planifier le chemin à suivre. Aujourd’hui, le problème pour eux est que les différentes routes qui mènent toutes le capitalisme à la ruine.
Leur perte de confiance est visible dans leur refus d’investir ainsi que dans les avertissements des institutions sacrées du capitalisme : le FMI, la Banque Mondiale, etc. Leurs perspectives de sortie rapide hors de la crise actuelle ont toutes été balayées. Dorénavant, ils sont plongés dans un pessimisme total. Le premier ministre britannique David Cameron et le Gouverneur de la Bank of England ont averti que la crise peut durer encore une décennie, et c’est le même son de cloche au FMI. Le thème des ‘‘banques zombies’’, d’abord employé au Japon, est à présent utilisé pour décrire non seulement les banques mais aussi les économies de l’Amérique, de l’Europe et du Japon. Comme dans le cas du Japon, les économistes bourgeois prédisent une ‘‘décennie perdue’’ pour certains pays et pour l’ensemble de l’Europe. Ils comparent cela à la dépression de 1873 à 1896, au moins en ce qui concerne l’Europe. Martin Wolf, du Financial Times, réfléchit ainsi : ‘‘l’âge de la croissance illimitée est-il terminé ?’’ en citant beaucoup une nouvelle étude ‘‘La Croissance Economique des USA Est-Elle Terminée ? L’Innovation Hésitante Confronte Les Six Vents Contraires’’. (NBER Working Paper no 18315)
Cela a posé la question essentielle du rôle de l’innovation dans le développement du capitalisme, et en particulier dans l’amélioration de la productivité au travail. Les auteurs de l’étude mentionnée ci-dessus ont conclu qu’il y avait eu ‘‘trois révolutions industrielles’’ depuis 1750 qui ont été cruciales pour le développement du capitalisme.
La première s’est située entre 1750 et 1830, a vu la création des machines à vapeur, du filage du coton, des chemins de fer, etc. La deuxième était la plus importante des trois avec ses trois inventions principales : l’électricité, le moteur à combustion interne et l’eau courante avec la plomberie, dans une période relativement courte, de 1870 à 1900. Ces deux révolutions ont pris à peu près 100 ans pour que leurs effets se répandent complètement dans l’économie. Après 1970, l’augmentation de la productivité a nettement ralenti, pour un certain nombre de raisons. La révolution informatique et internet (décrits par les auteurs comme la révolution industrielle n°3) ont atteint leur apogée à l’ère d’internet, fin des années 1990. Selon cette étude, son principal impact sur l’économie s’est altéré au cours des 8 dernières années. Les chercheurs en concluent que, depuis les années 2000, l’invention a largement été concentrées dans les appareils de loisir et de communication qui sont plus petits, plus smart et ont plus de capacités, mais ne changent pas fondamentalement la productivité du travail ou le niveau de vie de la même manière que la lumière électrique, les voitures à moteur et la plomberie. Cela ne veut pas dire que la science et la technique n’ont pas le potentiel de considérablement rehausser la productivité, mais le problème est posé par l’état actuel du capitalisme en déclin, incapable de développer pleinement le potentiel de ses forces productives. La baisse tendancielle du taux de profit (et les baisses réelles de rentabilité) décourage les capitalistes d’adopter des innovations qui pourraient développer les forces productives.
Il y a ensuite le problème de la ‘‘demande’’ qui en retour a conduit à ‘‘une grève de l’investissement’’, avec un minimum de 2000 milliards de dollars de ‘‘capital au chômage’’ dans la trésorerie des entreprises américaines. Et le problème du surendettement par-dessus tout. Styajit Das, du Financial Times, admoneste la bourgeoisie américaine qui ‘‘parait incapable d’accepter la vérité : la perspective d’une croissance économique faible ou nulle pour une longue période. (…) Le maintien de la croissance nécessite toujours plus d’emprunts. En 2008, aux USA, 4 ou 5 dollars de dettes étaient nécessaires pour créer 1 dollar de croissance, contre 1 ou 2 dollars dans les années 1950. A présent, la Chine a besoin de 6 ou 8 dollars de crédit pour générer 1 dollar de croissance, une augmentation de 1 à 2 dollars par rapport à il y a 15 ou 20 ans.’’
Le capitalisme ne fait pas face à une crise, mais à une série de crises. Ses partisans essaient de faire accepter à la classe ouvrière la perspective d’une croissance faible, voire de pas de croissance du tout, et ainsi qu’elle soit plus encline à accepter de voir ses conditions de vie se réduire drastiquement, comme en Grèce. Nous devons contrer cela par notre programme et en mettant en avant les possibilités illimitées (évidentes même aujourd’hui) qui sont présentes pour autant que la société soit organisée de façon rationnelle et planifiée, c’est-à-dire grâce à l’instauration du socialisme.
L’insoluble crise de l’Europe
La crise économique en Europe est la crise la plus sérieuse à laquelle fait face le système capitaliste. Cette crise parait insoluble avec la politique d’austérité qui ne fonctionne clairement pas, l’éclatement de conflits et la mise en garde du FMI contre ‘‘l’austérité excessive’’ appliquée par les gouvernements nationaux en Europe avec la bénédiction des autorités de l’UE et de la Banque Centrale Européenne (BCE). La BCE a d’un côté cherché à implanter, comme l’US Federal Reserve et la Bank of England, une forme de keynesianisme par l’achat d’obligations d’Etat ainsi qu’en accordant des prêts meilleurs marché à certaines banques et pays. Mais de l’autre, ces mêmes autorités (la ‘‘Troïka’’) ont été l’instrument des politiques d’austérité. Pourtant le FMI critique ‘‘l’effet multiplicateur’’ négatif qui s’opère quand une austérité drastique est appliquée (coupes dans les dépenses d’Etat, pertes d’emplois, etc.) car cela réduit les revenus de l’Etat. La BCE et les gouvernements nationaux rétorquent avec l’argument de ‘‘l’absolue nécessité’’ de faire des coupes dans les dépenses d’Etat, accompagnées de toutes les autres mesures d’austérité, de privatisation, etc. Mais en dépit de toutes les attentes, l’austérité a eu pour effet d’éteindre les braises économiques qui subsistaient encore durant la crise.
Il est vrai que les politiques keynésiennes ont échoué à générer la croissance. Dans la situation actuelle, cela revient à ‘‘pousser un objet avec une corde’’. Cela a conduit les nouveaux keynésiens, comme l’ancien monétariste thatchérien Samuel Brittan, à faire pression pour des mesures plus audacieuses ; il défend ce qui revient à une ‘‘chasse au trésor’’ géante, dans une tentative désespérée de faire bouger l’économie. Il suggère, en plaisantant seulement à moitié, d’enterrer des montagnes de cash, et que les aventuriers qui les découvriraient aillent les dépenser ! Il n’y a pas d’indication que cela se produise, cependant. Les largesses qui ont été distribuées jusqu’ici ont été utilisées pour payer les dettes, pas pour augmenter les dépenses. C’est une indication du désespoir de la classe dominante pour une amélioration, à ce stade. Le keynésianisme a été partiellement essayé et a échoué, mais cela ne signifie pas que, face à une explosion révolutionnaire, les capitalistes ne vont pas recourir à des mesures keynésiennes de grande ampleur. Des concessions peuvent être accordées, et par la suite les capitalistes vont tenter de les reprendre par le biais de l’inflation.
Même à présent, les autorités européennes tentent d’éviter que la Grèce soit en défaut de paiement en suggérant que plus de temps lui soit donné pour payer. Cela ne va pas empêcher les attaques sauvages contre la classe ouvrière grecque, qui sont appliquées sans état d’âme par l’UE. Cela ne va pas non plus résoudre les problèmes de base de la Grèce, qui vont encore s’accumuler avec la dette colossale. Un défaut de la Grèce est donc toujours probable, ce qui aura d’énormes répercussions dans toute l’Europe, dont en Allemagne, lourdement endettée envers les banques d’autres pays. Il est même possible que l’Allemagne elle-même prenne l’initiative de quitter la zone euro, telle est l’opposition politique intérieure contre la politique de renflouement. Même la proposition de donner à la Grèce plus de temps pour payer ses dettes rencontre une opposition de la part des capitalistes allemands parce que cela signifierait d’effacer une petite partie de leur dette. Il est possible que, en ce qui concerne l’Espagne et certains autres pays, ‘‘la canette soit envoyée plus loin’’. Mais, en fait, la canette va devenir trop grosse pour pouvoir être envoyée au loin ! Par conséquent, une rupture de la zone euro reste en jeu.
Même les Chinois sont alarmés par la tournure des événements en Europe. Un haut fonctionnaire Chinois, Ji Liqun, assis au sommet d’un fond souverain d’Etat de plus de 350 milliards d’euros, a averti que le public européen est à un ‘‘point de rupture’’. Auparavant, il avait argumenté que les Européens devraient travailler plus, mais il reconnait maintenant que la profondeur de la colère publique pourrait conduire à un ‘‘rejet complet’’ des programmes d’austérité. ‘‘Le fait que le public descende dans les rues et recoure à la violence montre que la tolérance du public en général a atteint ses limites’’, a-t-il commenté. ‘‘Les syndicats sont maintenant impliqués dans des protestations organisées, des manifestations et des grèves. Ca sent les années ‘30.’’ Ses préoccupations inexprimées sont que l’exemple de la classe ouvrière européenne puisse faire des vagues en Chine. Il craint d’autre part pour la sûreté des investissements chinois en Europe.
La Grèce est la clé de la situation
En ce moment, l’Europe est la clé de la situation mondiale : c’est là que la lutte des classes est la plus aigüe, c’est là que se trouvent les plus grandes opportunités pour une percée de la gauche et des forces révolutionnaires. Mais s’il en est ainsi, la Grèce est en conséquence la clé de la situation en Europe, suivie de près par l’Espagne et le Portugal dans la chaine des maillons faibles de l’Europe capitaliste. Comme Trotsky le disait de l’Espagne dans les années ‘30, non pas une mais 3 ou 4 révolutions auraient été possibles si les travailleurs grecs avaient une direction prévoyante et un parti de masse à sa tête. Le jour de la dernière grève générale, un programmeur informatique grec a commenté dans le journal britannique The Guardian : ‘‘Personnellement, je suis épaté qu’il n’y ait pas encore eu de révolution.’’ La télévision britannique a aussi commenté que seulement 3% de la population soutient effectivement les mesures d’austérité du gouvernement et de la Troïka. Avec tous les tourments que les Grecs sont forcés d’endurer, à la fin du programme d’austérité actuel, la dette de la Grèce sera encore de 192% du PIB ! En d’autres termes, il n’y a absolument aucune chance que cette dette soit payée. L’austérité sans fin est cependant l’avenir que le capitalisme a décrété pour le peuple grec.
Toutes les conditions pour la révolution ne sont pas seulement mures, mais pourries. 19 jours de grève générale (parmi lesquelles quatre de 48h et le reste, de 24h) témoignent des réserves colossales d’énergie dont disposent les travailleurs grecs et de leur capacité à résister. Cependant, ils en ont conclu que, malgré une lutte magnifique, la Troïka et les capitalistes grecs n’ont pas encore capitulé. Il est donc nécessaire de se tourner vers le front politique, vers l’idée d’un gouvernement de gauche capable de montrer la voie pour sortir de la crise. Ce processus a trouvé place malgré le fait que les masses soient sceptiques vis-à-vis de Syriza et de sa direction. Des sections significatives des masses sont prêtes à soutenir Syriza, qui reçoit actuellement 30% de soutien dans certains sondages, mais ils ne sont pas prêts à rejoindre ses rangs et à s’engager activement. Il y a une part de cet élément dans beaucoup de pays. La forte déception consécutive à l’échec des partis ouvriers a entraîné un scepticisme extrême envers ceux-ci, même ceux qui sont formellement de gauche. La volonté est bien présente de soutenir les formations et partis de gauche aux élections, mais pas de leur donner du temps et de l’énergie en s’engageant dans leurs rangs et en les construisant. Les travailleurs ont été déçus dans le passé et craignent d’être à nouveau laissés tomber. Bien sûr, cet état d’esprit peut et va être modifié une fois qu’ils auront vu ces partis véritablement accomplir ce qu’ils ont promis. Cependant, au lieu d’aller vers la gauche, les partis de gauche en général – et Syriza en particulier – ont eu tendance à aller vers la droite, en baissant leur programme et en ouvrant même leurs portes à d’ex-dirigeants de la social-démocratie (comme le Pasok en Grèce) qui ont ouvertement joué un rôle de briseurs de grève dans la dernière période.
Dans les circonstances de la Grèce, les tactiques souples employées par nos camarades grecs – tout en restant fermes sur le programme – répondent aux besoins de cette situation très complexe. Nous devons avoir l’œil non seulement sur les forces de gauche à l’intérieur de Syriza, mais aussi sur les forces importantes qui se situent à l’extérieur et qui, dans certains cas, ont revu leurs positions politiques. Nous ne pouvons pas dire à quel moment le gouvernement actuel va s’effondrer (car il va surement s’effondrer), avec la probable arrivée au pouvoir d’un gouvernement de gauche emmené par Syriza. Mais nous devons être préparés à une telle éventualité, dans le but de pousser ce gouvernement vers la gauche, tout en aidant à créer des comités démocratiques populaires qui peuvent en même temps soutenir le gouvernement contre la droite mais aussi faire pression pour la prise de mesures en défense de la classe ouvrière. Il n’est pas impossible qu’une nouvelle force semi-massive significative émerge des tactiques dans lesquelles nous nous sommes à présent engagés.
Cela implique non seulement une concentration sur les développements dans la gauche et dans les partis des travailleurs mais aussi contre les dangers de l’extrême-droite, et en particulier celui de la montée du parti fasciste Aube Dorée, dont le soutien est récemment monté jusqu’à 14% dans les sondages, mais qui est maintenant descendu autour des 10%. Une des raisons de cette diminution est la formation de comités de masse antifascistes, que nous avons aidé à initier et dans lesquels nous avons attiré des travailleurs, des jeunes et des réfugiés. Ce travail est d’une importance exceptionnelle et pourrait être le modèle pour le genre de situation à laquelle la classe ouvrière peut être confrontée dans beaucoup d’autres pays à l’avenir.
Si la classe ouvrière et la gauche échouent à mener à bien une révolution socialiste, l’Histoire témoigne qu’ils devront en payer de lourdes conséquences. Les tensions sociales qui existent en Grèce ne peuvent être contenues pour toujours dans le cadre de la ‘‘démocratie’’. Il y a déjà une guerre civile voilée, avec plus de 90% de la population opposée aux ‘‘un pour cent’’ et cela peut exploser en un conflit dans le futur. Quelques éléments d’extrême-droite en Grèce ont discuté de l’idée d’une dictature, mais ce n’est pas immédiatement à l’agenda. Tout mouvement prématuré qui paraitrait imiter le coup d’état militaire de 1967 pourrait provoquer une grève générale totale, comme en Allemagne en 1920 avec le Putsch de Kapp, et entraîner une situation révolutionnaire. De plus, un coup d’Etat ne serait pas acceptable en ce moment pour l’impérialisme, la ‘‘communauté internationale’’, dans cette ère de ‘‘démocratie et de résolution des conflits’’.
Dans un premier temps, les capitalistes vont plus probablement recourir à une forme de bonapartisme parlementaire, comme le gouvernement Monti en Italie, mais en plus autoritaire. La position économique et sociale risquée de la Grèce va demander un gouvernement plus ferme et plus à droite qu’en Italie, avec le pouvoir de renverser le parlement ‘‘en cas d’urgence’’. Si cela ne fonctionne pas, et qu’une série de gouvernements de caractère similaire est incapable de forcer l’impasse sociale, et si la classe ouvrière, faute d’un parti révolutionnaire conséquent, échoue à prendre le pouvoir, alors les capitalistes grecs pourraient passer à une dictature ouverte.
Nous devons avertir la classe ouvrière que nous avons encore du temps en Grèce, mais nous devons utiliser ce temps pour préparer une force capable d’accomplir un changement socialiste de société. Le 14 novembre dernier, la réponse dans toute l’Europe a illustré que les luttes de la classe ouvrière sont liées entre elles. Si les travailleurs grecs brisaient les chaines du capitalisme et en appelaient aux travailleurs de l’Europe de l’Ouest, ou au moins aux travailleurs du Sud de l’Europe, il y aurait une énorme réponse pour un appel pour une confédération socialiste – qui impliquerait probablement l’Espagne, le Portugal et peut-être l’Irlande dans un premier temps, sinon l’Italie.
La Chine à la croisée des chemins
Comme le montre le fait que la première visite d’Obama après sa victoire électorale était en Asie, l’impérialisme américain a identifié ce continent comme une région-clé (plus importante que l’Europe, par exemple, stratégiquement et économiquement). Il s’agissait en partie de réaffirmer l’enjeu économique de l’impérialisme américain mais aussi à avertir la Chine de l’importance des intérêts stratégiques militaires des USA. Cela paraissait nécessaire à cause de la réaffirmation militaire de la Chine, qui a été révélée récemment dans les clashs de la marine chinoise avec le Japon à propos d’îles inhabitées contestées. Le Japon commence à construire ses forces militaires, seulement pour sa ‘‘défense’’ bien sûr ! Cela signifie que l’Asie va devenir un nouveau dangereux théâtre de conflits militaires, avec la montée du nationalisme et la possibilité de conflits déclarés, où les diverses puissances seront préparées à se confronter les unes aux autres, avec les armes si nécessaire, afin de renforcer leur influence, leur pouvoir et leurs enjeux économiques.
La Chine est le colosse de l’Asie, la deuxième puissance au monde après les USA. La façon dont elle se développe va avoir un effet énorme, peut-être décisif, sur la région et le monde. Et la Chine est certainement à la croisée des chemins, comme son élite dirigeante le comprend bien. Comme beaucoup de groupes dirigeants dans l’Histoire, elle sent les tensions contradictoires monter d’en bas et est incertaine concernant la façon de les gérer. Les érudits Chinois décrivent la situation actuelle du pays à The Economist comme ‘‘instable à la base, découragée dans les couches moyenne, hors de contrôle en haut.’’ En d’autres termes, en ce moment, les ingrédients pour une révolution fermentent en Chine. Le temps des taux de croissance spectaculaires de l’ordre de 12% est révolu. La Chine est aujourd’hui telle une voiture embourbée dans la neige : les roues tournent mais le véhicule n’avance pas. La croissance s’est probablement contractée entre 5 et 7%. Le régime revendique une certaine ‘‘reprise’’ mais ne s’attend pas au retour d’une croissance à deux chiffres. Cela va automatiquement affecter les perspectives pour l’économie mondiale. Un taux de croissance de plus de 10% n’était possible que par l’injection de ressources, qui est monté jusqu’à 50% du PIB investi dans l’industrie, ce qui est énorme et sans précédent. Cela a en retour généré du mécontentement et du ressentiment contre la croissance des inégalités et la dégradation de l’environnement ainsi que contre l’accaparation illégale des terres collectives par des fonctionnaires avides.
Cela et les conditions de surexploitations dans les usines ont généré une opposition énorme parmi les masses avec 180.000 manifestations publiques en 2010 (et ce chiffre a augmenté depuis), en comparaison à l’estimation officielle de 40.000 en 2002. Le retrait du ‘‘bol de riz en fer’’ (la sécurité sociale) et les attaques contre la santé et l’éducation ont ajouté au mécontentement. Cela a forcé la direction à réintroduire un minimum de couverture-santé. La direction chinoise est hantée par la gestion de ce volcan et par la voie économique à adopter. Le village de Wukan s’est soulevé il y a un an et a été victorieux après des batailles avec la police pour réclamer des terres qui leur avaient été volées par la bureaucratie locale. Ceci était symptomatique de ce qui se passe sous la surface en Chine : une révolte souterraine qui peut éclater à n’importe quel moment. A cette occasion, les fonctionnaires locaux ont battu en retraite mais d’un autre côté, les manifestants n’ont pas donné suite à leur mouvement. Il semble que cet incident et beaucoup d’autres sont ‘‘de petits soulèvements qui ne cessent de bouillonner à travers toute la Chine.’’ (Financial Times)
Beaucoup de protagonistes pensent naïvement que si seulement les seigneurs de Pékin connaissaient l’échelle de la corruption, ils interviendraient pour y mettre fin. Quelque chose de similaire se produisait en Russie sous le stalinisme. Au départ, les masses tendaient à absoudre Staline de toute responsabilité dans la corruption, pour laquelle il n’aurait pas été ‘‘au courant’’. Cela était considéré comme étant le crime de la bureaucratie locale et non pas de Staline lui-même. Mais l’arrestation de Bo Xilai et le procès de sa femme ont aidé à dissiper ces illusions dans la Chine actuelle. Il a été accusé d’avoir abusé de sa position pour amasser une fortune, acceptant d’énormes pots-de-vin tout en permettant la promotion de ses amis à de hauts postes. Bo, membre du sommet de l’élite (un prince rouge, fils d’un dirigeant de la révolution chinoise) est accusé de complicité de meurtre, de corruption passive et de corruption à grande échelle. Cela pose naturellement la question de la manière dont il a pu s’en sortir si longtemps.
En réalité, ce ne sont pas ces crimes (bien qu’ils soient probablement vrais) qui ont conduit à son arrestation et à son procès imminent. Il représentait un certain danger pour l’élite et faisait campagne pour un poste au plus élevé en évoquant, élément très dangereux pour l’élite, certaines expressions radicales du maoïsme associées à la Révolution Culturelle. En faisant cela, il aurait pu inconsciemment libérer des forces qu’il n’aurait pas été capable de contrôler, qui auraient pu aller plus loin et exiger des actions contre les injustices du régime. Qui sait comment cela se serait terminé ?
Le régime chinois est en crise. Il est assez visiblement divisé sur les prochaines étapes à accomplir (en particulier sur la question économique). Un prince rouge l’a exprimé brutalement au Financial Times : ‘‘La meilleure époque de la Chine est révolue et le système entier a besoin d’être remanié.’’ Les commentateurs bourgeois de journaux comme The Economist, le Financial Times, le New York Times, etc., ont récemment recouru à la terminologie qu’utilise le CIO, en décrivant la Chine comme ‘‘un capitalisme d’Etat’’. Ils n’ajoutent pas la clause que nous y ajoutons, ‘‘un capitalisme d’Etat avec des caractéristiques uniques’’. Cela est nécessaire pour différencier notre analyse de la position rudimentaire du Socialist Workers Party et d’autres, qui décrivent inexactement les économies planifiées du passé de cette façon. Le sens de la marche de la Chine est clair. Par le passé, le secteur capitaliste a augmenté au détriment des entreprises d’Etat. Mais récemment, et en particulier depuis le plan de relance de 2008, il y a eu une certaine recentralisation et le pouvoir économique a tendu à être plus concentré dans le secteur d’Etat, à tel point que maintenant les entreprises d’Etat pèsent maintenant 75% du PIB total. D’un autre côté, selon The Economist : ‘‘Les experts ne s’accordent pas à dire si l’Etat représente la moitié ou un tiers de la production chinoise, mais sont d’accord pour dire que cette part est plus basse qu’elle l’était il y a deux décennies. Depuis des années, depuis la fin des années 1990, les entreprises d’Etat paraissent battre en retraite. Leur nombre a décliné (à environ 114000 en 2010, une centaine d’entre elles étant des champions nationaux contrôlés centralement), et leur part dans l’emploi a chuté. Mais à présent, même alors que le nombre de compagnies privées a augmenté, la retraite de l’Etat a ralenti et, dans certaines industries, s’est inversées.’’
Il est clair qu’une discussion féroce a lieu derrière les portes fermées de l’élite. Les ‘‘réformateurs’’ sont en faveur d’un programme déterminé de démantèlement du secteur d’Etat pour se tourner de plus en plus vers le ‘‘marché’’. Ils proposent de lever les dernières barrières à l’entrée et l’action du capital étranger. Selon la rumeur, le nouveau ‘‘dirigeant’’ Xi Jinping, malgré la rituelle rhétorique du ‘‘socialisme avec des caractéristiques chinoises’’ soutient ces réformateurs. D’un autre côté, ceux qui ont proposé l’ouverture, dans l’économie mais aussi avec des réformes ‘‘démocratiques’’ limitées, paraissent mis à l’écart. Des études ont été réalisées sur la façon dont d’anciennes dictatures comme la Corée du Sud aurait réussi une ‘‘transition froide vers la démocratie’’. Elles ont eu lieu quand l’expansion économique ne s’était pas épuisée et même alors, il s’agissait d’un contexte de mouvement de masses. La ‘‘transition’’ proposée en Chine prend place au milieu d’une crise économique massive. Il paraitrait que les dirigeants chinois étudient avidement le rôle de Gorbatchev en Russie. Il avait d’abord l’intention de ‘‘réformer’’ le système et a fini par présider son démantèlement. Dans la Chine actuelle, des réformes importantes d’en haut provoqueront une révolution d’en bas. On ne peut pas exclure qu’une période ‘‘démocratie’’ très faible (avec le pouvoir encore aux mains des anciennes forces, comme aujourd’hui en Egypte avec l’armée et les frères musulmans au pouvoir) pourrait se développer après un soulèvement révolutionnaire en Chine. Mais cela ne serait qu’un prélude à l’ouverture des vannes à un des plus grands mouvements de masse dans l’Histoire.
Conclusions
En quatre ou cinq ans de crise économique mondiale dévastatrice, nous pouvons conclure qu’il y a des perspectives très favorables pour la croissance du marxisme, avec toutefois certaines réserves compte tenu du fait que la conscience (la vision large de la classe ouvrière) doit encore rejoindre la situation objective, qui peut encore être décrite comme prérévolutionnaire, surtout à l’échelle mondiale.
Les forces productives n’avancent plus, mais stagnent et déclinent. Cela a été accompagné d’une certaine désintégration sociale de certaines sections de la classe ouvrière et des pauvres. En même temps, de nouvelles couches de la classe ouvrière se créent ainsi que de parties de la classe moyenne (prolétarisées) et sont forcées d’adopter les méthodes traditionnelles de la classe ouvrière avec les grèves et les organisations syndicales. Le pouvoir potentiel de la classe ouvrière reste intact, même entravé et affaibli par les directions syndicales droitières ainsi que par la social-démocratie et les partis ‘‘communistes’’.
Le CIO n’a pas encore fait de percée décisive dans un pays ou un continent. Cependant, nous avons maintenu notre position globale en termes de membres et, surtout, nous avons augmenté notre influence dans le mouvement ouvrier. Beaucoup de travailleurs sympathisent et regardent de notre côté, ils peuvent nous rejoindre sur base des événements et de notre militantisme. Nous devons faire face à la situation en formant et préparant nos sympathisants pour le prochaine période tumultueuse, dans laquelle de grande opportunité se présenteront de renforcer les organisations et partis du CIO et l’Internationale dans son ensemble.
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Les dirigeants israéliens sèment carnage et terreur pour servir leurs propres intérêts
‘‘Nul pays au monde ne tolérerait que des missiles pleuvent sur ses citoyens de par delà les frontières’’, a déclaré Obama, en soutien à Israël pour le bombardement de Gaza, des paroles qui déformaient délibérément la réalité qui est que la bande de Gaza est sous l’occupation brutale du régime israélien.
La situation est pire encore que ce que le mot ‘‘occupation’’ laisse présager. Gaza n’a absolument aucun contrôle sur ses frontières ou sur son commerce extérieur. Le territoire tout entier a été condamné à une pauvreté terrible suite à son blocage par l’armée et la flotte israélienne depuis six ans maintenant. La bande de Gaza a été victime d’incursions militaires régulières, de meurtres, d’agressions et d’emprisonnements arbitraires.
Dans le reste des territoires palestiniens occupés (essentiellement la Cisjordanie), le gouvernement israélien a poursuivi une politique de destruction des maisons et des vergers palestiniens afin de faire de la place pour les colons juifs et pour l’infrastructure d’État israélienne ainsi que pour empêcher la création d’un État palestinien.
Alors qu’ont estime que les milices palestiniennes à Gaza représentent 35.000 personnes équipés d’armes et de missiles de contrebande, Israël possède une armée de 175.000 soldats, avec 45.000 autres en réserve, avec une aviation, des hélicoptères, des drones, des tanks, et d’autres armes et bombes hypersophistiquées. Israël possède également des intercepteurs de missile ‘‘Iron Dome’’ qui identifient et détruisent en plein vol la plupart des missiles palestiniens.
Nous ne voulons pas fermer les yeux sur les attaques portées contre Israël. Elles causent parfois la mort de victimes innocentes, et en blessent d’autres. Certaines attaques ont presque atteint les zones de Tel Aviv et de Jérusalem, et elles ne servent en rien la cause palestinienne. Mais utiliser ces attaques pour justifier le massacre d’envergure contre les habitants de Gaza à l’aide d’armes high-tech est une tentative de cacher les véritables intentions des dirigeants israéliens et celles de leurs amis des classes dirigeantes du monde entier.
Le cessez-le-feu
L’opération ‘‘Pilier de défense’’ a semé la mort et la terreur à Gaza. Elle a mobilisé plus de troupes que l’opération ‘‘Plomb durci’’ de 2008-2009. Le ministre des affaires étrangère Avigdor Lieverman a expliqué que ‘‘cette fois’’, l’invasion terrestre devrait être menée ‘‘jusqu’au bout’’, contrairement à la dernière fois. Les puissances mondiales et régionales ont toutefois fait pression pour l’instauration d’un cessez-le-feu afin d’éviter une invasion terrestre. Obama s’est juste contenté de dire qu’il serait ‘‘préférable’’ d’éviter une invasion terrestre. Mais la décision du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d’accepter un cessez-le-feu n’est pas venue des suites des pressions internationales, mais d’un sondage israélien qui indique que même si 80% de la population approuve les bombardements, seuls 30% d’entre elle cautionnerait une invasion.
Le gouvernement déclare qu’il est de son devoir de stopper les attaques de missiles de Gaza. C’était aussi le but déclaré du massacre de 2008-2009, mais cela a échoué, et cette offensive est vouée au même sort. Nulle démonstration de force n’empêchera les habitants de Gaza de résister à l’occupation et à lutter pour rendre leurs vies plus tolérables. En plus de l’échec de la brutalité militaire, si les choses se poursuivent ainsi, les victimes en Israël vont se faire plus nombreuses, ce qui conduira à une remise en question et à une opposition à la guerre au sein même d’Israël.
De plus, la colère et la condamnation du massacre de la part de la population de tout le Moyen-Orient et à travers le monde va croître en parallèle avec le nombre de victimes en Palestine. Certains stratèges occidentaux craignent qu’une conséquence au désir des dirigeants israélien de détruire le Hamas soit le soutien indirect à d’autres milices palestiniennes, comme la Jihad Islamique, le partenaire favori du régime iranien à Gaza.
En réalité, bien que le Hamas lance de manière périodique des missiles sur Israël, et continue de le faire actuellement, il a à plusieurs reprises tenté d’imposer un cessez-le-feu à ses propres milices et à d’autres, afin de consolider son contrôle de la bande de Gaza en négociant avec Israël une certaine relâche de la répression et de la privation.
Peurs et objectifs de Netanyahu
Peu après la chute de missiles israéliens le 14 novembre, qui a tué le dirigeant militaire du Hamas Ahmed Jabari lors des premiers assauts, un accord de cessez-le-feu avait été conclu par Jabari. Mais Netanyahu et sa clique avaient d’autres plans en tête. Cela ne veut pas dire que la stratégie de Netanyahu est soutenue par toute la haute société israélienne, car il y a eu de nombreux avertissements du contraire et des dissensions ouvertes. Efraim Halevy, ancien dirigeant de l’agence d’information du Mossad, s’est ainsi distancé des attaques et a écrit : ‘‘Il est impératif qu’Israël contribue a un plan décidé par l’Egypte et soutenu par les Etats-Unis pour la région’’.
Mais Netanyahu a depuis longtemps préparé la voie à une possible attaque militaire contre l’Iran et est maintenant délibérément passé à la vitesse supérieure dans le conflit national. De la pure folie, menée avec au cœur la volonté de servir intérêts de l’impitoyable classe capitaliste. Cette dernière craint que le Hamas aient de nouveaux alliés dans la région suite à la victoire des islamistes en Egypte et en Tunisie, et au soutien croissant de la Turquie. Il y a quelques semaines l’émir du Qatar avait aussi visité Gaza et y a investi 400 millions de dollars, ce qui a renforcé la position du Hamas. L’élite du Qatar tente de développer sa propre influence régionale, notamment en profitant de la détresse des Palestiniens. Cela a été encouragé par le dirigeant du Hamas, Khaled Meshaal, qui s’est soustrait à l’aide du régime d’Assad en Syrie où il était basé, afin de s’installer à Doha, au Qatar.
Le président égyptien Mohamed Morsi, des frères musulmans, ne veut pas faire ouvertement affronter l’élite égyptienne et veut garder le soutien des Etats-Unis et de l’Union Européenne et donc éviter tout conflit avec Israël. Il a donc collaboré avec des agences de sécurité israéliennes au blocage de Gaza et du Sinaï. Mais la population égyptienne en colère fait pression sur lui pour soutenir Gaza. Les dirigeants israéliens sont très inquiets à propos d’autres évènements dans la région, particulièrement concernant la Syrie et ses répercussions au Liban.
Il y a également eu des grèves, des manifestations et des émeutes contre le régime jordanien, un autre voisin d’Israël. Les capitalistes israéliens ne veulent pas que cette rébellion et les précédents soulèvements dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord n’inspirent les palestiniens des territoires occupés, ou ceux d’Israël, à se battre massivement aux côtés de la classe ouvrière israélienne. De plus, la réélection d’Obama n’a pas été de bon augure pour Netanyahu, qui ne veut pas se voir forcé d’entamer un processus de paix avec les Palestiniens. Il y a encore la tentative d’adhésion à l’ONU de la part de l’Autorité Palestinienne.
Mais la véritable raison du timing de cette attaque réside dans la tenue des prochaines élections en janvier, si elles ne sont pas reportées. Les deux partis de droite menés par Netanyahu et Lieberman veulent accroître leur nombre de sièges à la Knesset (le parlement). Ces deux partis ont donc joint leurs forces, mais des sondages après l’attaque sur Gaza n’ont pas révélé le soutien auquel ils s’attendaient. Cette attaque leur est toutefois bénéfique dans la mesure où elle distrait les Israéliens en leur faisant penser à autres choses qu’aux coupes budgétaires et à la diminution de leurs conditions de vie. De plus, elle donne une impression de consolidation de la Défense. La population d’Israël est sujette à une propagande massive de la part du régime, qui développe qu’il s’agit de la seule manière d’améliorer la sûreté du pays. Mais une minorité importante se rend bien compte que l’armée ne garantit pas sa sécurité, et une partie de cette minorité participe à des manifestations anti-guerre au sein même de l’Etat d’Israël.
Des organisations pour les travailleurs
Le cessez-le-feu, même s’il est un soulagement, ne répond pas aux aspirations des Palestiniens, pas plus que toute autre négociation de paix. Les dirigeants capitalistes des deux côtés de la frontière n’ont aucun programme allant dans cette direction, ni aucune solution pour mettre fin aux bains de sang.
Pour les Palestiniens, ni le Hamas, une organisation islamique de droite, ni la direction du Fatah en Cisjordanie n’ont une stratégie viable pour mettre fin à l’occupation ou fournir des conditions de vie décentes. Au lieu de cela, les masses palestiniennes ont besoin de construire leurs propres organisations démocratiques pour organiser la défense et prendre des mesures offensives basées sur la lutte de masse, contre le blocus et la privation de terres.
En Israël, suite au mouvement social sans précédent ayant impliqué des centaines de milliers de personnes en 2011, il faut un nouveau parti des travailleurs pour concrétiser les attentes du mouvement – des services, salaires et logements décents, etc.
C’est par la construction de nouveaux partis de masse des travailleurs dans la région que les capitalistes pourront être jetés dehors, et que des idées socialistes pourront prendre racine. Telle est la route vers la construction de deux États socialistes : une Palestine socialiste et un Israël socialiste en tant que partie d’une confédération socialiste de Moyen-Orient, pour jeter les bases d’un futur libéré de la guerre, de la terreur et de la pauvreté.
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La Côte d'Ivoire s'engage sur le chemin de la lutte
La Côte d’Ivoire, ancien joyau de l’impérialisme français en Afrique de l’Ouest, considéré comme la “locomotive” de toute la sous-région, semble doucement se remettre de la grave crise politique et militaire qui l’a ravagé pendant une dizaine d’années. Cette crise avait vu le territoire partagé entre deux camps adverses de l’élite ivoirienne : d’une part le gouvernement mafieux de Laurent Gbagbo, ancien syndicaliste, qui avait instrumentalisé la soif de changement des jeunes ivoiriens afin de se constituer une grande base de milices semi-fascistes, les “Jeunes Patriotes”, tout en détournant lui-même des sommes considérables directement prélevées sur le dos des planteurs et en accueillant à bras ouvert l’impérialisme et le FMI ; de l’autre, les “Forces nouvelles” qui prétendaient défendre les intérêts des populations du nord du pays, longtemps considérées comme citoyens de seconde zone par ceux du Sud, et poussant devant elles le candidat Alassane Ouattara, dont la candidature à la présidence avait été à plusieurs reprises refusées pour incertitude quant à son “ivoirité”.
Par Gilles (Hainaut)
Les élections, longtemps reportées par le camp Gbagbo – qui a ainsi outrepassé sa présidence de cinq ans –, ont finalement été organisées en 2010, menant à un nouveau tour de violences électorales. Les deux candidats avaient en effet chacun obtenu un score quasi identique, d’autant plus que les comptages divergeaient en fonction des institutions et que des irrégularités avaient été observées de part et d’autres. Mais la “communauté internationale” avait fait son choix en la personne d’Alassane. Aucune négociation ne portant de fruits, il a fallu l’intervention de l’ONU pour aller chercher Gbagbo, qui s’était enfermé dans la présidence, et l’expulser du territoire. Mais ne nous leurrons pas : si Gbagbo a attiré sur lui tellement d’opprobre de la part de la “communauté internationale”, ce n’est pas pour avoir menacé leur système. Il n’a rien d’un chantre de l’anti-impérialisme, malgré certains de ses discours, et est bien loin d’un Chavez ou d’un Sankara ! Simplement, l’impérialisme l’a à juste titre perçu comme un individu trop imprévisible pour le poste qu’il occupait, et dont la personnalité instable menaçait les intérêts de leurs investissements dans le pays. Alassane au contraire est un candidat zélé de l’impérialisme : ancien haut cadre du FMI, époux d’une riche colonialiste française, il a déjà fait ses preuves en tant que premier ministre de Côte d’Ivoire, poste créé pour lui en 1990 par le président Félix Houphouët-Boigny qui l’avait chargé d’appliquer les plans d’“ajustement structurel” (austérité) imposés par le FMI.
Depuis lors, la situation semble s’être bien calmée. Gbagbo croupit aujourd’hui en prison à La Haye au Pays-Bas – son procès auprès de la Cour pénale internationale vient de commencer –, la plupart de ses cadres sont en exil au Ghana ou en Afrique du Nord. Les investisseurs se suivent, dans le sillage des nombreuses visites officielles à l’étranger accomplies par le président. On annonce une croissance de 8 % pour cette année et pour l’an prochain, avec l’objectif de faire de la Côte d’Ivoire un “pays émergent” pour 2020. Il reste cependant des menaces. Beaucoup d’armes demeurent parmi la population. Le nouveau pouvoir a été obligé de composer avec divers chefs de guerre des deux camps, fusionnant les deux armées rivales et accordant des postes bien juteux des deux côtés ; sa sécurité repose donc en partie sur d’anciens ennemis. En outre, pas une semaine ne se passe sans qu’on entende parler d’attaques ici et là : des centrales électriques, des casernes, des prisons seraient visées. Bien que ces attaques soient sporadiques et n’aient jusqu’ici fait quasiment aucun mort, elles jettent un doute sur la stabilité du pays. Cependant, aucune n’ayant été revendiquée, les rumeurs vont bon train sur qui pourrait se trouver à leur tête : une conspiration pro-Gbagbo télécommandée de l’étranger (la frontière avec le Ghana a été temporairement fermée le mois passé à la suite d’une escarmouche, le pouvoir craignant la possibilité d’un regroupement des forces pro-Gbagbo dans ce pays voisin) ? Des anciens militaires pro-Gbagbo déçus de l’attribution de postes par le nouveau pouvoir ? Des militaires pro-Outtara déçus ? Des mercenaires (on sait que les Forces nouvelles ont fait grand usage des “dozos”, confréries de chasseurs traditionnels, qui n’ont eux non plus pas obtenu tout ce qu’ils désiraient) ? De vulgaires bandits ? Ou bien y a-t-il réellement une préparation en vue d’un coup d’État ? Beaucoup de questions restent posées. Mais selon de nombreux rapports, le camp Gbagbo est bel et bien désarmé : la plupart de ses cadres ont été dispersés dans des pays différents, sont sans le sou et vivent de transferts de Western Union en provenance de famille en France, ou bien sont en prison sous étroite surveillance, comme c’est le cas entre autres de la femme de Gbagbo, Simone.
Et donc, dans ce contexte d’euphorie en bémol, la population, qui pour la plupart n’avait pas véritablement pris part aux combats, relève la tête pour faire l’état des lieux après l’orage. Les bonnes nouvelles se succédant sur le plan économique, tout le monde est confiant dans l’avenir : ne parle-t-on pas de “pluies de milliards” provenant des nombreux contacts de Ouattara à l’étranger ? Pourtant, la reprise tarde un peu. Les grands projets sont reportés à “après les élections” (communales et régionales, en février), les nombreux subsides accordés par l’étranger ne quittent pas le cercle dirigeant ou vont en priorité aux ONG créées par eux (comme la fondation “Children of Africa” de la première dame, Dominique Ouattara). La police continue ses exactions, l’administration est peuplée de gens qui se prennent très au sérieux, la corruption est toujours là, et on ressent partout l’arrogance du nouveau pouvoir. Cette arrogance peut notamment se ressentir avec la nouvelle politique d’“urbanisme” dans tout le pays, qui vise à nettoyer, parfois au bulldozer, les trottoirs des petits commerces pourtant installés là légalement !
La population, qui était jusqu’ici en attente, soucieuse de ne pas déstabiliser le nouveau gouvernement, commence à grogner et à reprendre le chemin de la lutte des classes. La voie a déjà été ouverte par les enseignants des lycées au printemps dernier, mais cet automne, ce sont les chauffeurs de taxi d’Abidjan et les étudiants qui font beaucoup parler d’eux.
Le mouvement des chauffeurs de taxi repose surtout sur les jeunes chauffeurs, dont la revendication en ce moment est la fin des rackets policiers, et des contrôles plus sévères sur les taxis clandestins qui nuisent à leurs bénéfices. Il faut savoir que les taxis appartiennent en général à des petits patrons qui prélèvent un montant fixe sur chaque taxi chaque jour, laissant ensuite au chauffeur le soin de payer le carburant utilisé, avant de garder le maigre bénéfice qui reste éventuellement. La grève des taxis à Abidjan est organisée par des meetings de masse des chauffeurs qui se réunissent à la gare routière, en-dehors de toute structure syndicale officielle. Il existe certes un syndicat des taxis, mais celui-ci a dans les faits dégénéré en une mafia qui se contente de prélever des “taxes” sur les autres chauffeurs. Les taxis étant les seuls transports “en commun” réellement disponibles dans la ville, ce mouvement met à chaque journée de grève à l’arrêt l’ensemble de la capitale économique du pays.
Les étudiants quant à eux sont confrontés à toutes sortes de problèmes graves. Mis à part le fait que le système universitaire dans son ensemble se trouve dans un état déplorable, tant au niveau des salles de classe que des logements étudiants et du nombre d’enseignants, il y a aussi le problème d’arriéré des bourses, qui bien souvent n’ont pas été payées depuis presque un an, et le problème encore plus sérieux de la hausse subite des frais d’inscription à l’université, qui sont passés sans prévenir de 6000 FCFA à 30 000 pour les licences, 60 000 pour les masters et 90 000 pour les doctorats (respectivement 10, 45, 90 et 135 €) ! On veut ainsi faire “participer” les étudiants au cout réel de leur formation. Et tout cela dans une ambiance de chaos complet : vu que plusieurs années d’université ont été perdues à cause de la crise, plusieurs générations d’étudiants se retrouvent contraintes de s’inscrire en même temps, ce qui démultiplie la surpopulation sur le campus, et qui mène à un grand retard au niveau de la reprise des cours, qu’on attend depuis plusieurs mois malgré l’annonce officielle du premier septembre. Des manifestations ont été organisées, directement réprimées par la police à coups de gaz lacrymo et autres joyeusetés. Mais les meetings se poursuivent dans les auditoires avec les diverses organisations syndicales estudiantines.
Les étudiants ne sont en fait pas les seuls à ne pas reprendre le chemin de la lutte, puisque le corps enseignant est lui aussi en grève, à nouveau pour des raisons d’arriérés salariaux. La rentrée risque d’attendre encore un peu.
À côté de ça, on voit d’autres mouvements comme les balayeuses de Yamoussoukro en lutte pour récupérer des arriérés salariaux, les employés de l’usine Olhéol de Bouaké, en chômage technique depuis plusieurs mois et qui exigent la reprise du travail et le payement, à nouveau, des arriérés salariaux.
La population de Côte d’Ivoire n’a aucune tradition révolutionnaire, n’a jamais connu aucun dirigeant historique aux déclarations radicales. Elle a été gâtée par un système clientéliste où tout lui était offert sur simple demande (ou flatterie) auprès de l’échelon supérieur. La conscience a de plus été fortement repoussée en arrière pendant la crise, avec dix années de divisions, de lutte fratricide, d’instabilité, de violence et pendant lesquelles toute l’attention était focalisée sur le grand soap opéra des politiciens, les rumeurs et les intrigues parmi l’élite nationale. Elle a été de plus quasi coupée du monde et des développements politiques à l’échelle régionale. Aujourd’hui cependant, les travailleurs sont à la recherche de solutions. La croissance dont on parle tous les jours est loin de se refléter dans les assiettes, d’autant plus qu’on annonce de nouvelles hausses des prix de l’alimentation au niveau mondial.
Dans ce contexte, il est crucial que la population de Côte d’Ivoire relève la tête et se remette à jour sur ce qu’il se passe dans les autres pays. Beaucoup d’événements se sont produits depuis l’année passée, à commencer par la révolution en Afrique du Nord, qui a déclenché de gigantesques mouvements de résistance en Europe et en Amérique. La Côte d’Ivoire, sortie de sa propre crise politique, réalise qu’elle se trouve aujourd’hui au beau milieu d’une crise économique et politique de portée mondiale. La reprise du militarisme dans l’océan Pacifique, les menaces de déstabilisation et de guerre au Moyen-Orient, la crise de la zone euro, le ralentissement de la croissance chinoise, sans parler du réchauffement planétaire, ne présagent rien de bon pour l’avenir, malgré toutes les déclarations sur le “nouvel eldorado africain”.
La crise mondiale a ses répercussions sur le continent africain, tout comme le mouvement des Indignés européens. S’il est vrai que de lourdes menaces pèsent sur la stabilité du Sahel avec la crise malienne, beaucoup de leçons sont par contre à tirer du mouvement “Y en a marre” au Sénégal qui a fait dégager le président Wade en mobilisant la nation tout entière, de la grève générale au Nigeria contre la hausse du prix des carburants, qui a été le plus grand mouvement de masse de toute l’histoire du Nigeria, et de la grève des mineurs en Afrique du Sud, à la suite du massacre de Marikana, qui débouche aujourd’hui sur la décision de mettre sur pied un nouveau parti de masse des travailleurs. D’autres mouvements peuvent encore survenir dans la sous-région, au Burkina par exemple pour faire dégager l’usurpateur Compaoré, ou au Togo contre le président Eyadéma Junior.
La Côte d’Ivoire peut reprendre son rôle de “locomotive” de la sous-région, plus seulement en termes économiques, mais aussi sur le plan de la lutte sociale. Le peuple de Côte d’Ivoire doit tirer les leçons de toutes ces expériences, et développer une alternative à la misère néolibérale, une alternative unitaire qui regroupe l’ensemble de la population laborieuse, au-delà des clivages communautaires, religieux et ethniques, contre les politiciens blagueurs, contre l’arrogance des patrons colons, contre ce système pourri qu’on cherche à nous imposer, en lien avec la population de toute l’Afrique de l’Ouest. En bref, une alternative socialiste.