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Tag: Afghanistan
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Impérialisme américain. Un colosse aux pieds d’argile
La décision de Bush d’envoyer 21.500 soldats supplémentaires en Irak est une fuite désespérée en avant. La seule puissance militaire n’est pas suffisante pour ‘stabiliser’ un pays. Quel contraste avec la situation qui a suivi immédiatement les attentats du 11 septembre ! Bush était alors au summum de son soutien populaire et s’en est servi pour envahir l’Afghanistan et chasser le régime intégriste des talibans qui accueillait et protégeait Ben Laden.
Peter Delsing
Enlisement au Moyen-Orient
Les Talibans éjectés, Karzaï, ami des Etats-Unis, est arrivé au pouvoir. A ce moment-là déjà, les Etats-Unis auraient dû savoir que le « changement de régime » ne disposait pas d’une base économique et politique suffisante pour assurer un régime stable. Mais il va de soi que les capitalistes américains et afghans n’ont pas utilisé les millions de dollars pour élever le niveau de vie de la population.
Aujourd’hui la culture d’opium est redevenue la ressource principale du pays tandis que les Talibans ont entamé une nouvelle offensive. Au cas où cela intéresserait encore Bush, le « terroriste n°1 » Ben Laden n’a toujours pas été retrouvé. Aucune amélioration sociale n’est possible dans des pays qui, comme l’Afghanistan, restent sous la coupe de l’impérialisme malgré un vernis d’indépendance.
Le nouveau front ouvert par Bush contre le terrorisme s’est révélé être un terreau fertile pour de futurs terroristes. L’invasion militaire de l’Irak était destinée à redessiner la carte du Moyen-Orient, à obtenir le contrôle des richesses pétrolières et à enrégimenter la classe ouvrière américaine en lançant un cri de guerre.
En guise de contrôle sur le Moyen-Orient, la région est maintenant devenue une véritable poudrière. En Irak, ce sont des groupes chiites liés à l’Iran qui portent le régime. Le pays sombre dans une guerre civile plus ou moins ouverte entre chiites et sunnites. Les deux camps recourrent aux attentats et à la purification ethnique des quartiers. 15% de la population a fui le pays ou s’est réfugiée dans une autre région.
L’armée américaine, dont plus de 3.000 soldats ont trouvé la mort en Irak, est transformée en cible ambulante. Les soldats sont chargés de traquer et « d’éliminer » activement les groupes rebelles, selon les propres paroles de Bush. Une telle politique déplacera les problèmes plutôt que de les résoudre. S’il est vrai que les partisans du dirigeant chiite radical Al Sadr se sont partiellement retirés de Badgad, cela ne sera qu’un phénomène temporaire.
Bush est de plus en plus isolé avec les débris de sa politique. Lors des récentes élections de mi-mandat, son parti a été châtié par les électeurs. Tony Blair, son plus fidèle allié, vient d’annoncer un premier retrait de 1.600 soldats d’Irak. C’est un aveu significatif, le gouvernement britannique reconnaît avoir fait fausse route.
Ailleurs dans la région, l’impérialisme a perdu du terrain. La Palestine est au bord d’une guerre civile entre le Fatah et les fondamentalistes du Hamas au pouvoir. Les deux factions palestiniennes se sont ‘réunies’ dans un gouvernement d’unité nationale instable. Au Liban, les islamistes du Hezbollah ont renforcé leur position après avoir mené une résistance réussie contre l’armée israélienne. La population craint qu’une nouvelle guerre civile n’accentue les tensions ethniques et religieuses dans le pays.
Du changement de régime au retour du «containment»?
Le plan des néoconservateurs selon lequel un changement de régime en Irak conduirait à un scénario où les régimes de la région non alignés sur les USA (Syrie, Iran,…) tomberaient les uns après les autres comme une chaîne de dominos sous la pression militaire américaine s’est embourbé dans le sable irakien.
Entretemps, en Amérique Latine, le « jardin des Etats-Unis », un processus révolutionnaire pointe à l’horizon. Au Vénézuela, par exemple, des couches larges de la population discutent du socialisme. La seule superpuissance sortie de la guerre froide n’a pas les moyens d’intervenir, l’effet serait trop radicalisant.
Récemment, Bush a même dû conclure un accord avec la Corée du Nord stalinienne, qui recevra du pétrole en échange de l’arrêt et du démantèlement de son programme nucléaire. L’Iran, soupçonnée également d’ambitions nucléaires militaires, attend sans doute un accord économique similaire.
L’illusion d’un impérialisme américain capable d’envahir plusieurs pays et de les « occuper » s’est effondrée durablement. La Corée du Nord a donc reçu l’ancien traitement de « containment » (contenir un régime en maniant à la fois le bâton et la carotte)
Cependant l’envoi d’un porte-avions US en direction de l’Iran montre que l’influence des néoconservateurs n’a toujours pas disparu. Une attaque aérienne sur les installations nucléaires, au lieu d’une attaque terrestre, n’est pas exclue.
Une telle attaque aurait pourtant des conséquences extrêmement dangereuses au Moyen-Orient et dans le monde entier. Mais la guerre connaît ses dynamiques propres et la clique autour de Bush n’est pas spécialement réputée pour son attention au contrôle des dégâts.
La réalité oblige Bush à appliquer une politique un peu plus pragmatique. Mais tout reste possible.
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Participez aux discussions lors de Socialisme 2007 !
Il est temps pour une alternative socialiste !
« Après la pluie vient le beau temps » dit le proverbe populaire. Et c’est aussi le discours de nos dirigeants : « certes, nous connaissons une série de problèmes aujourd’hui mais faites-nous confiance, serrez-vous un peu la ceinture, ouvrez un peu plus votre portefeuille et demain tout ira mieux. »
Mais le beau temps ne veut rien dire pour les dizaines de milliers de personnes qui décèdent chaque jour dans le monde faute d’un accès à l’eau potable ou à des soins de base. Et, chez nous, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il tarde à venir (malgré le réchauffement climatique).
Les bénéfices de la croissance, tout comme les sacrifices de la crise, sont loin d’être répartis équitablement. Ces 5 dernières années, les bénéfices des entreprises belges cotées en Bourse ont augmenté de 41%… Un record ! Et votre salaire, il a atteint des records ? La banque ING a terminé l’année 2006 avec un bénéfice de 7,7 milliards d’euros. Pourtant, on nous rabâche encore qu’il faut faire plus de sacrifices : travailler plus longtemps, pour moins cher, mais dépenser plus pour acheter n’importe quoi.
« Après la pluie, le beau temps »… un bien bel argument pour ne pas se rebeller contre quelque chose qui paraît « naturel ». Mais ce ne sont pas les tendances climatiques qui poussent des millions d’êtres humains à vivre dans la pauvreté et la misère mais bien la politique de ceux qui contrôlent la société.
Après la deuxième guerre mondiale, tout le monde a crié « plus jamais ça ». Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Plus de guerre ? Inutile d’en parler, l’idéal de paix est écrasé sous les bottes et les bombes tous les jours en Irak, en Palestine, en Afghanistan, au Sri Lanka, …Plus de fascisme ? En Europe de l’Est, en France, en Belgique,… les nostalgiques du IIIe Reich profitent du désaroi des victimes du système pour relever la tête.
Pour un véritable avenir, il nous faut lutter ! Mais si la colère explose souvent, elle se dissipe souvent avant de pouvoir être canalisée en une véritable force. C’est de cela qu’il sera question à la journée de discussion « Socialisme 2007 » : comment, en profitant de l’expérience des luttes passées et présentes, offrir une véritable alternative à cette société d’exploitation et comment avancer aujourd’hui dans cette direction.
Venez discuter avec nous, avec des syndicalistes et d’autres participants aux luttes, de Belgique, mais aussi de Pologne, d’Italie, de France,… Et rejoignez la lutte pour un monde dénué d’exploitation. Pour qu’enfin l’on voit le beau temps après la pluie…
Socialisme 2007 à Bruxelles le samedi 31 mars. Pour tous les renseignements, voir le tract ou notre site: www.socialisme.be.
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Luttons pour le socialisme !
Contre le racisme, la guerre, le capitalisme
Le fossé entre riches et pauvres n’a jamais été aussi grand qu’aujourd’hui : 0,01% de la population mondiale contrôle 24% de la richesse globale. A elles seules, les cinq plus grandes multinationales pétrolières ont réalisé ensemble un profit de 120 milliards de dollars l’an dernier.
Résistance contre la guerre
Cette richesse n’est pas utilisée dans l’intérêt de la majorité de la population. Les investissements sont faits à la seule fin de réaliser encore plus de profits. Pour cela, tous les moyens sont bons, depuis les restructurations sauvages et les licenciements massifs jusqu’aux guerres, comme celle que Bush a lancée pour s’assurer le contrôle de l’Irak et de ses réserves de pétrole.
Les interventions brutales des Etats-Unis et de leurs alliés en Irak et en Afghanistan n’ont pas mené à plus de paix et de démocratie. Chaque mois, 4.000 Irakiens meurent dans les violences confessionnelles et les attentats. L’intervention américaine a renforcé les contradictions internes et conduit droit à une escalade de la violence et de la guerre civile.
L’invasion d’Israël au Liban l’été dernier a eu le même effet. Les bombardements ont fait des centaines de morts et ont détruit une grande partie des infrastructures du pays. Un mouvement de protestation ouvrière et populaire contre les hausses de prix incessantes et les privatisations a été stoppé par la guerre. Après celle-ci, la pauvreté a encore grandi. Plus que jamais, une résistance unifiée est nécessaire, par-delà les divisions religieuses.
Il y a quatre ans, le monde entier a connu une vague de grandes manifestations anti-guerre qui a montré que la grande majorité des jeunes et des travailleurs s’oppose à la guerre et veut se battre pour un monde meilleur. Depuis lors, cette opposition a continué à grandir, y compris aux Etats-Unis où aucun président depuis Nixon dans les années ’70 n’a été aussi impopulaire que Bush aujourd’hui.
Résistance contre le racisme
Une des tactiques les plus utilisées par le patronat pour augmenter ses profits est d’attiser les divisions en montant les travailleurs les uns contre les autres sur base de la couleur de peau, de la religion,…
En 2006, les travailleurs immigrés aux Etats-Unis ont lutté pour dénoncer leurs conditions de travail et pour s’opposer à de nouvelles lois établissant un contrôle accru de l’immigration et la criminalisation de toute aide aux “illégaux”. De telles lois visent à faire des immigrés des victimes plus dociles pour les marchands de sommeil et pour les patrons qui leur imposent un travail en noir sous-payé et bien souvent dangereux. En Belgique aussi, les sans-papiers se sont mobilisés tout au long de l’année pour réclamer leur régularisation. Vaincre les préjugés racistes, lutter tous ensemble, nous rend plus fort.
Résistance contre le capitalisme
Le capitalisme mène à la guerre, à la misère, à l’exploitation, au racisme,… Même notre environnement est sacrifié. Le désastre du navire pétrolier Erika en 1999 est encore dans les mémoires. A peu près 15.000 tonnes de pétrole brut ont pollué les côtes françaises. Traîné en justice, Total va probablement devoir payer 0,5 milliard d’euros en dédommagements. C’est très peu pour une entreprise qui a fait 12,5 milliards d’euros de profits uniquement en 2006. Un tel profit ne peut être atteint qu’en économisant sur la sécurité et l’environnement, comme avec l’Erika (le navire n’était pas en bon état, mais il était bon marché…).
Contre ce système où seul le profit compte, il faut une alternative. La situation en Amérique latine nous montre l’avenir qui pointe ici aussi : un tournant à gauche qui rend à nouveau possible de discuter de la possibilité d’une alternative socialiste. Pour offrir une réponse à la misère, à la guerre et au racisme que produit le capitalisme, une planification démocratique de l’économie sous le contrôle des travailleurs est indispensable.
Nous luttons pour une telle alternative socialiste. N’hésite plus. Rejoins-nous!
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Italie : Les étroites limites du « moindre mal »
Les élections d’avril 2006 ont porté la coalition de Prodi au pouvoir, mais surtout fait tomber Berlusconi. Christel Dicembre, membre de Lotta per il Socialismo, organisation-soeur du Mouvement pour une Alternative Socialiste en Italie, nous explique quel bilan nous pouvons déjà tirer de cette élection du « moindre mal ».
Alternative Socialiste : En avril 2006, la coalition de Prodi l’a emporté de justesse sur Berlusconi. On peut dire que cette légère victoire était surtout dû à l’effet anti-Berlusconi plutôt qu’à un vrai programme. Peut-on déjà faire une petite analyse du gouvernement Prodi et voir ses résultats ?
Christel Dicembre : "Et ses dégâts ! Ce que l’on peut constater c’est que, comme on l’avait prévu lors de la campagne électorale, Prodi se trouve être un atout de la bourgeoisie pour attaquer les travailleurs tout en limitant au maximum la contestation sociale. En décembre, un sondage réalisé par l’Institut National de Statistiques pendant la crise du budget, a fait ressortir qu’à la question de savoir si Prodi faisait mieux ou pire que berlusconi, 40% des sondés ont répondus « pire ». L’illusion du moindre mal n’a pas duré longtemps. Sa situation actuelle résulte de 3 facteurs :
1. Le sentiment anti-Berlusconi qui règne encore, renforcé par une manifestation ce 2 décembre dernier où Berlusconi a réussi à mobiliser sa base à tel point que l’on a pu assister au défilé d’un million de manifestants à Rome pour réclamer la chute du gouvernement et la démission de Prodi.
2. Le rôle de la bureaucratie syndicale. En Italie, le taux de syndicalisation est nettement plus bas qu’en belgique et la base est étouffée par une bureaucratie qui est comme cul et chemise avec le gouvernement et l’équivalent italien de la FEB, la Confindustria.
3. L’absence d’un parti capable de représenter les intérêts des jeunes, des travailleurs et des immigrés."
AS : Il existe tout de même le PRC (Partito di Rifondazione Comunista/Parti de la refondation communiste, créé en 1991 et issu de l’aile gauche du vieux Parti Communiste italien). N’est-il pas capable de représenter la classe ouvrière ?
CD : "Le PRC participe au gouvernement et a jusqu’à présent a signé toutes les attaques qui en sont sorties."
AS : Peux-tu préciser ?
CD : "Le PRC a finalement signé le refinancement de la mission militaire italienne en Afghanistan, la mission de l’ONU au Liban (le mouvement anti-guerre est assez fort en Italie NDLR), mais surtout, le PRC a signé le Budget (Finanziaria) qui prévoit des coupes drastiques dans l’enseignement et l’augmentation du nombre d’élèves par classe (alors qu’il y a déjà 30 élèves par classe actuellement), des coupes dans les soins de santé (avec l’instauration d’une taxe supplémentaire pour les urgences selon la gravité), le passage à un système d’enveloppe fermées pour les transports publics dans les communes et le service civil (pompiers, gardes forestiers,…), et d’autres choses encore."
AS : Le PRC a-t-il un autre choix pour éviter le retour de Berlusconi ?
CD : "Il faut savoir que Refondazione Comunista était, ou est encore, mais de moins en moins, un parti radical qui a eu jusqu’à l’invasion de l’Irak un grand potentiel de mobilisation avec une implantation aussi bien chez les jeunes que chez les travailleurs. Si, comme il le prétend, il s’est présenté dans la coalition de Prodi pour la tirer à gauche, il aurait pu tout à fait donner un soutien critique au gouvernement en restant à l’extérieur et en donnant son accord en fonction des propositions comme c’était le cas lors du précédent gouvernement Prodi (entre 1996 et 1998). Il y a une incohérence complète : il participe à la fois au gouvernement et essaye de mobiliser à la base. Ce double jeu ne peut duper longtemps les travailleurs. Alors que dans cette période de remontée des luttes au niveau européen, on peut assister à la création de nouveaux parti des travailleurs (comme le WASG en Allemagne ou le CAP en Belgique), le PRC aurait pu être un fameux facteur d’attraction. Mais sa direction est complètement bourgeoisifiée, a oublié sa base et se tourne vers la « gauche » européenne. Et vu que le PRC a en son sein des tendances bien plus radicales, on ne peut lui donner encore une espérance de vie bien longue."
AS : En 1998, c’était le PRC qui avait fait chuter Prodi en lui retirant son soutien, Berlusconi était ensuite arrivé au pouvoir. Est-ce qu’on en est réduit à un jeu de pendule entre Berlusconi et Prodi ?
CD : "Entre 1996 et 1998, il y a eu le début de la libéralisation des chemins de fer, l’introduction de l’Italie dans le processus de l’euro (qui a signifié une inflation de 50% pour les Italiens…et l’incapacité de dévaluée la monnaie comme ce fut le cas dans le passé) entre autres mesures associales. Plutôt qu’un balancement entre Prodi e Berlusconi, il y a une continuité. Mais c’est vrai que tant qu’il n’y a pas d’alternative à la politique néo-libérale, ce sera sans cesse un jeu entre une droite dure et un « moindre mal » qui ressemble au choix entre la peste et le choléra. Mais si le PRC n’abaissait pas son programme et défendait vraiment un programme socialiste, au vu de son potentiel de mobilisation, il irait vers un succès croissant, notamment avec le détachement des travailleurs par rapport aux syndicats confédéraux et la montée d’influence de syndicats de base (comme COBAS).
"Pour illustrer cela, on a vu il y a quelques semaines le directeur général de la CGIL (Confédération générale italienne du travail), se rendre à l’usine Mirafiori (l’usine historique de Fiat) pour y défendre le budget du gouvernement. Il s’est fait suffler par les travailleurs, qui sont sortis avant la fin du speetch, certains criant « Bertinotti, traître ! » (Bertinotti est l’ancien président du PRC et depuis peu Président de la Chambre des députés italienne).
"Un appel à la grève générale a été lancé par COBAS pour le 17 novembre contre le Budget austère de Prodi, la CGIL est aller tracter devant les usines pour dire que la grève ne serait couverte en aucun cas !
"Le PRC reste un point de référence, mais cela risque de basculer avec les nouvelles réformes des pensions (une augmentation de l’âge pour accéder à la retraite) alors que le PRC s’est toujours présenté comme le défenseur des pensions. Bertinotti n’en souffrira pas, il a déjà deux pensions en plus d’un salaire…"
AS : Peux-tu dire un mot au sujet de notre organisation en Italie ?
"Nous sommes très très peu présent pour l’instant puisque le travail du CIO (Comité pour une internationale Ouvrière, organisation révolutionnaire mondiale dont le MAS/LSP est la section belge) sur place ne date que de 4 mois, en envoyant là-bas des camarades de différents pays. On ne peut pas développer de véritable travail en Europe sans être présent en Italie, où le développement des luttes est impressionant.
"Nous avons cependant déjà de bonnes perspectives de construction. cela faisait déjà quelques années que nous avions des contacts sur place, mais nous tirions nos analyses et perspectives de l’extérieur. Mais de l’extérieur, il est difficile de savoir exactement ce qui vit parmi la classe ouvrière."
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Quelle pacification?
Irak et Afghanistan
D’après le rapport annuel de l’Institut international de recherche pour la paix à Stockholm, les dépenses militaires mondiales ont atteint le record de 1.118 milliards de dollars en 2005, soit une hausse de 3,4% par rapport à 2004. Les Etats-Unis s’y taillent la part du lion avec 48% du total, loin devant la Grande-Bretagne, la France, le Japon et la Chine. Les cyclones Katrina et Rita et, surtout, les guerres en Irak et en Afghanistan sont à l’origine de cette hausse substantielle. Vu la dégradation de la situation dans ces deux pays, on peut prévoir sans crainte de se tromper que l’année 2006 surpassera l’année passée…
Afghanistan: fuite en avant de la Coalition
Jusqu’à très récemment, l’Afghanistan pouvait donner l’illusion d’une pacification réussie à côté du chaos irakien. En réalité, les Américains et leurs alliés ne contrôlaient que Kaboul et ses environs.
De larges portions du territoire afghan échappaient à leur contrôle et les médias n’y allaient pas. Les Talibans ont mis à profit cette situation pour se réorganiser dans le Sud du pays. Ils ont lancé une série d’attaques meurtrières contre les troupes et les villes afghanes. Quelque 400 personnes, civils et militaires, ont été tuées depuis le début du printemps.
Les Talibans ont reçu le renfort d’éléments qui étaient partis se battre en Irak et qui utilisent maintenant les techniques de guérilla qu’ils ont apprises dans ce pays.
La coalition internationale s’apprête à lancer une offensive de grande ampleur dans le Sud afghan. « Mountain Thrust » mobilisera des milliers de soldats occidentaux et afghans et durera tout l’été. Elle ne sera que la première d’une longue série…
Cette opération militaire est censée s’accompagner de projets de reconstruction pour obtenir l’adhésion de la population.. Mais il y a fort à parier que les dépenses militaires mangeront les marges budgétaires pour la reconstruction.
De plus, les destructions que cette opération entraînera dépasseront de loin les maigres efforts de reconstruction. Rien qu’au cours des derniers mois, les frappes aériennes américaines étaient déjà deux fois plus nombreuses qu’en Irak…
Irak : retrait en bon ordre ou débandade ?
L’Administration Bush a eu le triomphe modeste après l’annonce en juin de la mort d’Abou Moussab Al Zarkaoui, le chef d’Al Qaeda en Irak. Il faut dire que le cap symbolique des 2.500 soldats américains tués en Irak a été franchi le même mois. Bush a d’ailleurs prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre à une diminution de la violence.
Les attentats et les opérations militaires de grande ampleur sont le lot quasi quotidien de la population.
Si les attentats sectaires du groupe de Zarkaoui contre la population chiite y ont une large part, les massacres et autres exactions commis par les troupes d’occupation ont tout autant contribué au climat de violence actuel.
Plusieurs cas de massacres et d’exécutions sommaires de civils ou de prisonniers ont été révélés, plongeant la Maison-Blanche dans l’embarras.
Pour ne rien arranger, l’Italie et le Japon ont décidé de retirer leurs troupes. S’ils s’opposent à tout calendrier de retrait contraignant, Bush et les Républicains savent que la situation est intenable.
Ils ont décidé de retirer les troupes d’une première province et d’y confier le maintien de l’ordre aux forces irakiennes. Si le test s’avère concluant, ils l’étendront progressivement à d’autres provinces.
Mais ce début de retrait pourrait être interprété comme un lâchage du régime par la population.
Les opposants à l’occupation redoubleraient alors d’ardeur tandis que les hésitants et même une partie des alliés irakiens des Etats-Unis, sentant le vent tourner, basculeraient dans la résistance. Le retrait en bon ordre voulu par Bush risquerait alors de se transformer en débandade…
Les Etats-Unis et autres puissances impérialistes sont incapables de restaurer un semblant d’ordre en Afghanistan comme en Irak.
Leur situation y serait encore pire si le caractère extrêmement réactionnaire d’une partie de la résistance ne dissuadait des couches plus larges de la population d’entrer en action.
D’où la nécessité, là-bas aussi, de reconstruire des organisations du mouvement ouvrier capables d’organiser les larges masses contre l’occupation impérialiste et la politique antisociale de leurs alliés locaux.
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Liberté d’expression ou diviser pour mieux régner?
Révolte contre les caricatures
Le 30 septembre 2005 le quotidien danois Jyllands-Posten publie 12 caricatures malveillantes du prophète Mahomet dont l’une le représente avec une bombe dans son turban. Dès le mois d’octobre les représentants de la communauté musulmane du Danemark et des ambassadeurs de pays musulmans protestent auprès de la rédaction de Jyllands-Posten et du gouvernement danois. Ils se heurtent à une fin de non recevoir abrupte: la direction du journal refuse de présenter des excuses au nom de la liberté d’expression et le gouvernement se retranche derrière la liberté de la presse. A partir de là, la vague de protestation va s’amplifier peu à peu pour déboucher sur une crise ouverte fin janvier.
Dossier par Thierry Pierret
Les manifestations se multiplient dans le monde entier et les produits danois sont boycottés dans nombre de pays musulmans. Sous prétexte de défendre la liberté d’expression menacée par l’obscurantisme islamique, des journaux de plusieurs pays européens reproduisent les caricatures. Du coup, la colère populaire prend également ces pays pour cible et – parfois – leurs ressortissants dans les pays musulmans.
Le gouvernement danois pointe du doigt des imams danois qui, lors d’une tournée d’information au Moyen-Orient, auraient fait un amalgame entre les caricatures du Jyllands-Posten et des caricatures plus odieuses encore jamais publiées dans la presse.
Même si cela devait se confirmer, là n’est pas l’essentiel.
Une attaque islamophobe
Le gouvernement danois est un gouvernement de droite qui mène une politique ouvertement raciste. Il a notamment pris des mesures draconiennes pour limiter le regroupement familial des étrangers légalement établis au Danemark. De plus, ce gouvernement minoritaire est soutenu de l’extérieur par le Parti du Peuple danois, un parti d’extrême-droite dont le racisme est le fond de commerce électoral. Ce parti, ainsi que bon nombre de politiciens des autres partis, ne cesse de dénoncer l’islam et les musulmans comme une menace pour la démocratie et les valeurs occidentales et de faire l’amalgame entre islam et terrorisme.
Après la chute du Mur de Berlin, les néoconservateurs aux Etats-Unis avaient besoin d’imposer une nouvelle image de l’ennemi pour justifier leur rhétorique de guerre. Bien que les Etats-Unis ont jadis soutenu des mouvements réactionnaires d’obédience islamiste, comme en Afghanistan, pour contrer l’influence de l’URSS et des partis communistes.
L’interview que Carsten Juste, le rédacteur en chef de Jyllands-Posten, a accordée pour tenter de se justifier est révélatrice à ce sujet. Il y dit notamment : C’est le dessin qui représente Mahomet avec une bombe dans son turban qui suscite les critiques les plus vives. Pourtant, pour moi, l’association saute aux yeux. C’est une façon d’illustrer le problème du terrorisme islamique fanatique, dont les partisans font eux-mêmes le lien entre leurs actes et la religion et son contenu. C’est cela que notre caricaturiste a voulu montrer. C’est un sujet de débat fréquent : «Dans quelle mesure la nature de l’islam contribue-t-elle à engendrer des terroristes ? Cette religion crée-t-elle ses propres terroristes ? » C’est une question tout à fait légitime. Je n’aurais jamais imaginé qu’elle pourrait déclencher de pareilles réactions… »
Suggérer que le terrorisme pourrait découler de la nature de l’islam sous prétexte que des terroristes s’en réclament est aussi stupide que, par exemple, vouloir faire découler le militarisme de la nature du christianisme parce que Bush et les néoconservateurs américains se réclament ostensiblement de cette religion. L’idée de représenter Jésus en tortionnaire de la CIA n’aurait d’ailleurs jamais effleuré l’esprit du plus anticlérical des caricaturistes européens. Et même dans ce cas il y a fort à parier que Jyllands-Posten ne l’aurait jamais publié parce que, là, Carsten Juste aurait très bien imaginé les réactions… Le gouvernement danois a beau jeu de se retrancher derrière la soi-disant liberté de la presse pour se laver les mains de toute responsabilité. Le fait est que les politiciens danois – en particulier ceux des partis qui forment ou soutiennent le gouvernement – ont créé un tel climat d’hostilité envers les musulmans que le premier quotidien du pays n’a éprouvé aucune gêne à s’en prendre ouvertement à la communauté musulmane à travers la figure de son prophète.
Le gouvernement danois attise le racisme et l’islamophobie pour diviser les travailleurs et les empêcher de s’unir contre sa politique de régression sociale. Les politiciens et les patrons belges vantent le « modèle danois » comme un modèle à suivre parce que le taux de chômage y est très bas et que le taux d’activité y est très élevé. Il feignent d’oublier que la majorité des emplois au Danemark sont des emplois précaires, à temps partiel ou à durée déterminée. Un salarié doit souvent cumuler deux, voire trois emplois pour s’en sortir.
La population danoise est pourtant loin de faire bloc autour de l’establishment politicomédiatique. Si le Parti du Peuple danois a gagné 5% d’intentions de votes dans les sondages depuis le début de la crise, plus de 50% des Danois disent comprendre la colère des musulmans et 49% des Danois désapprouvent la publication des caricatures contre 43% qui l’approuvent.
Le Moyen-Orient en ébullition
La crise autour des caricatures du prophète n’aurait jamais pris une telle ampleur sans les tensions énormes qui traversent actuellement le Proche et le Moyen-Orient. Des régimes dictatoriaux et corrompus ont récupéré l’affaire des caricatures pour essayer de peser sur les rapports de force sur le plan national ou international. Outre l’Irak et le Liban, deux foyers de tension se sont particulièrement développés récemment.
Iran. De males propos pour dissimuler les problèmes sociaux du pays
L’ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad a été élu Président de la République islamique d’Iran fin juin 2005. Ce populiste de droite a bâti sa fulgurante carrière politique en jouant sur son image d’homme proche du peuple : l’ex-maire de Téhéran avait gardé son salaire de petit fonctionnaire.
Dans un pays où la corruption générée par la manne pétrolière arrose toutes les factions de l’establishment – et surtout où la population est confrontée à un chômage de masse et à des loyers inabordables dans les grandes villes – c’est un argument qui fait mouche. Ahmadinejad a aussi bénéficié de la démobilisation d’une partie des jeunes et des femmes déçus par la faillite des réformateurs à réaliser leurs promesses de démocratisation.
L’Iran est une dictature où les partis sont interdits et où les candidats « non-conformes » sont écartés par les chiens de garde du régime des mollahs. Les travailleurs iraniens et leurs familles, ainsi que les couches paupérisées de la population, se sont donc engouffrés dans le maigre espace d’expression politique que constituait cette élection pseudo-démocratique pour émettre un vote de protestation contre l’establishment et un vote-sanction contre les réformateurs. Il ne s’agissait donc en aucun cas d’un vote d’adhésion au régime ou aux idées réactionnaires d’Ahmadinejad comme c’est souvent présenté en Europe.
Ahmadinejad est d’ailleurs conscient de la fragilité de sa position. Depuis son élection, les conditions de vie de la majorité de la population se sont encore détériorées tandis que le contrôle social du régime sur les jeunes et les femmes s’est renforcé. Pour détourner l’attention de la population, il a multiplié les déclarations antisémites en appelant à plusieurs reprises à « rayer Israël de la carte » et en niant, à plusieurs reprises également, la réalité du génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le président iranien a tenu certains de ces propos dans le cadre d’une conférence intitulée “Le monde sans le sionisme”. En tant qu’internationalistes, les marxistes sont opposés à toutes les formes de nationalisme réactionnaire, y compris le sionisme et l’islamisme. Mais lorsque des politiciens réactionnaires au Moyen-Orient ou en Europe se profilent comme anti-sionistes ou anti-islamistes, ils ne font que jeter un voile idéologique sur leur anti-sémitisme ou leur islamophobie.
Mais c’est surtout la décision d’Ahmadinejad de reprendre le programme d’enrichissement d’uranium – aux applications potentiellement militaires – qui a mis le feu aux poudres. Cela a déclenché une crise ouverte avec les USA et l’Union européenne qui menacent de saisir le Conseil de Sécurité de l’ONU avec des sanctions à la clé. Mais l’Iran a développé de forts liens économiques avec la Russie et avec la Chine.
De plus, le régime iranien n’ignore pas que les Etats-Unis sont embourbés en Irak et qu’une intervention militaire est hautement improbable.
Palestine. La faillite du FAtah ouvre la voie au Hamas
La disparition brutale d’Ariel Sharon de la scène politique israélienne et la victoire du Hamas lors des élections législatives palestiniennes de janvier ont sans doute porté un coup fatal au soi-disant processus de paix. Ariel Sharon n’avait rien d’un homme de paix, toute sa carrière politique et militaire en témoigne. Désavoué au sein du Likoud, il l’a quitté pour lancer une nouvelle formation « centriste », Kadima. Jusqu’il y a peu les sondages promettaient à Kadima une quarantaine de sièges, soit la position de premier parti, lors des élections de mars. Kadima avait pour ambition de négocier avec l’Autorité palestinienne une paix aux conditions d’Israël.
Mais les élections palestiniennes ont tout remis en question. La victoire du Hamas, qui a remporté la majorité des sièges au Conseil législatif (parlement) palestinien, est une gifle à la face de tous les protagonistes du conflit. Ce résultat est d’autant plus amer que ces élections ont été organisées de façon exemplaire d’après les critères de la démocratie bourgeoise. Les Etats-Unis pourraient même en tirer des leçons…
Pourtant les Palestiniens ont plus voté contre le Fatah que pour les islamistes du Hamas. Ils ont sanctionné des années de corruption, d’autoritarisme et d’échecs dans la lutte pour la libération nationale. Si on veut prendre la mesure exacte de la corruption de l’Autorité palestinienne (AP), il suffit de savoir que l’Union européenne, principal bailleur de fonds de l’AP, enquête sur la « disparition » de 700 millions d’euros. Or l’aide annuelle de l’UE à l’AP est d’1 milliard d’euros… Nous avons toujours dit que le Fatah d’Arafat et d’Abbas était plus populaire auprès d’une certaine frange de la mouvance pro-palestinienne en Europe, y compris hélas une certaine gauche, que parmi les Palestiniens. Le résultat des élections en est la parfaite illustration.
La victoire du Hamas n’a pourtant rien d’un pas en avant pour la lutte des Palestiniens. Le gouvernement israélien en prendra prétexte pour multiplier les faits accomplis. Il a déjà pris des mesures de rétorsion qui priveront l’AP de quelque 30% de ses ressources fiscales. C’est ce qui s’appelle prendre un peuple en otage pour avoir mal voté… Cette politique de rétorsions minera pourtant davantage la position du Président de l’AP, Mahmoud Abbas, que celle du Hamas. En effet, le Hamas pourrait récupérer une partie du manque-à-gagner en se tournant vers l’Iran, ce qui renforcera l’influence de ce pays dans la région. De plus, les gouvernements israélien et américain mènent une campagne d’isolement de l’AP au niveau international. Mais l’invitation des dirigeants du Hamas par la Russie ouvre déjà une brèche de taille dans ce boycottage. Pour ne rien arranger, des groupes armés liés au Fatah vont probablement reprendre l’initiative militaire contre Israël pour récupérer le terrain perdu dans l’opinion palestinienne.
Un tel scénario pourrait peser lourdement sur le résultat des élections israéliennes de mars. Le Likoud de droite, qui était en perte de vitesse, pourrait regagner du terrain voire gagner les élections en surfant sur l’inquiétude et l’incompréhension des Israéliens envers le vote des Palestiniens. Le manque d’une alternative socialiste aux partis réactionnaires, nationalistes ou religieux, se fait cruellement sentir des deux côtés.
Afin de sortir de l’impasse, il faut une unité des travailleurs dans la lutte commune contre le système capitaliste.
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Le monde comme ils le veulent.
Jean-Claude Paye, sociologue, a écrit et publié en 2004 aux éditions la dispute* le résultats de ses recherches et de ses analyses des changements intervenus dans le droit et la procédure pénale ces dix dernières années dans le monde, et plus particulièrement en Occident.
François Barzin
Ce que cet auteur annonce dans son livre est l’avènement d’une dictature mondiale, emmenée par les Etats-Unis sous couvert de lutte contre le terrorisme. L’auteur y décrit la recomposition progressive des Etats nationaux autour d’appareils policiers auxquels les divers gouvernements donnent de plus en plus de pouvoir et de prérogatives. Ces recompositions faites à l’heure de la lutte contre le terrorisme, s’intégreraient plus largement dans une structure impériale dont les Etats-Unis auraient l’exclusivité de la direction politique.
Si la perpective d’une superpuissance américaine doit être légèrement revue à la baisse, au vu de ses échecs en Irak et en Afghanistan, les lois liberticides inspirées et recommandées par les Etats -Unis aux pays européens n’en sont pas moins devenues une réalité.
Le danger actuel de cette évolution, continuation d’une justice de classe, est la constitutionnalisation de cette justice de classe. Auparavant, la subjectivité de la justice reposait sur un rapport de force instauré dans le cadre d’un Etat de droit et d’une démocratie. Aujourd’hui ce qui nous est promis est l’impossibilité de modifier ces rapports de force, et donc la subjectivité politique et judiciaire, au nom de la lutte contre le terrorisme. Vouloir influencer le fonctionnement des institutions démocratiques pourra être considéré comme terroriste en soi, alors que cela est bien sûr l’enjeu même de la vie démocratique. Le droit à la défense devient impossible puisque c’est aux accusés de prouver qu’ils sont innocents sur base d’intentions qui leurs sont attribuées, leurs faits et gestes témoignant contre eux et non pas pour eux. Il n’y a pas de partie tierce, telles des victimes réelles d’un véritable attentat par exemple, mais seulement des accusés et un Etat juge et partie, inconcilablement opposés dans la défense de leurs intérêts respectifs.
Il ne peut plus y avoir de liberté individuelle dès lors que l’Etat peut-traîner quiconque en justice sur base de ses intentions politiques.
Qu’en est-il donc de ces lois, décisions – cadre, accords et négociations passés entre pays de l’Union, entre l’Union européenne et les Etats-Unis ? Quelle est la philosophie, la méthode et les objectifs avoués de ces lois ou de ces accords ?
Une inversion du sens de la procédure pénale
De manière générale la tendance est à la subordination du pouvoir judiciaire à celui de la police – et plus l’inverse comme précédemment – au renforcement du parquet sur le juge d’instruction, à la régression du droit de la défense devant des enquêtes policières secrètes et proactives sur lesquelles elle n’a plus aucun contrôle, les forces de police devenant généralement intouchables judiciairement, leur méthode de production de la preuve n’étant plus elle-même soumise à l’examen contraignant du pouvoir judiciaire. Cette redéfinition des pouvoirs respectifs de la police et de la justice va de pair avec la redéfinition des infractions incriminées et des personnes ou des groupes visés : les critères définissant une action terroriste ou une action criminelle sont élargies par des définitions purement subjectives ou spéculatives comme dit plus haut, telle la volonté d’intimider ou l’intimidation des populations, ou parties de celles-ci, la volonté d’influencer le fonctionnement d’autorités publiques, la « capture » d’infrastructures publiques ou privées, la simple intention de commettre un acte dit terroriste… A remarquer la notion de capture d’infrastructures publiques ou privées qui vise directement les organisations syndicales et altermondialistes dont ces « captures » sont les principaux moyens d’actions. Il faut savoir également que le conseil de l’Europe a instauré les accords Shengen 2 qui visent explicitement à l’échange d’informations sur des activistes politiques qui se rendent à des sommets internationaux pour permettre leur arrestations et leur emprisonnement éventuel dans tous les pays de l’Union.
La simple appartenance à une organisation terroriste, c’est à dire politique ou syndicale notamment, ou la participation à ses activités, même légales, en connaissance ou en méconnaissance de cause peut valoir à quiconque d’être assimilé à un terroriste. D’une inculpation ou d’une suspicion à partir d’éléments objectifs, l’on va vers une inculpation à partir d’une interprétation subjective et politique du droit de chacun.
Comme on peut le constater, le caractère vague des incriminations et leur caractère foncièrement subjectif permet de s’attaquer à n’importe qui et à n’importe quoi dès lors qu’il gène le pouvoir en place, les activistes politiques et syndicaux étant visés de façon privilégiée. Le traitement des insoumis renommés terroristes peut aller jusqu’aux gels des avoirs ou de toute les sources de revenus, sans parler de la suspension des droits civiques, des peines de prisons, amendes et autres … Les gardes à vue sont doublées, généralement, ce qui augmente les possibilités de pression de la part de la police, pour arracher des aveux, par exemple.
La collaboration automatique
Pour rendre effective ces différentes dispositions légales visant la répression du « terrorisme », les différentes autorités publiques des pays européens ont conclu des accords de collaborations automatiques et obligatoires entre leurs appareils policiers et judiciaires respectifs. Ainsi en est-il du Mandat d’Arrêt Européen. Ce contrat de collaboration impose l’extradition automatique de n’importe quel individu accusé de terrorisme par tout Etat requis par un autre Etat. Ce qui paraît être un gage d’efficacité contre le crime organisé, est en fait une remise en cause du droit d’asile. Le Mandat d’Arrêt Européen est basé sur le principe de reconnaissance mutuelle des législations pénales de chaque Etat par tout les autres, chacun étant supposé démocratique et respectueux des droits et libertés fondamentales de leurs concitoyens. Les problèmes à l’extradition entre Etats Membre ne se posant donc pas. Mais la France du massacre de Charonne n’était-elle pas démocratique, pas moins que la Belgique des tueries du Brabant wallon, ou que l’Italie anticommuniste et maffieuse de Berlusconi ? Que nous réserve l’avenir ? Peut-être verrons nous en France éclore les fleurs nauséabondes du Front national ?
Mais de toute façon, en Europe, la révision générale à la baisse des critères qui donnent droit à être accusé de terrorisme, est susceptible de remettre en cause le droit d’asile de beaucoup de personnes et d’organisations militantes dans un avenir plus ou moins proche.
L’hégémonie coulée dans le droit
L’élaboration de toute ces lois, ainsi que la philosophie sécuritaire sont impulsées par les Etats -Unis, qui ont été les premiers à remettre en cause le régime du droit international fondé sur le respect mutuel de la souveraineté de chaque Etat, mais aussi sur le principe du respect des droits humains, dont celui du droit à la défense et à la représentation juridique. Le refus de donner aux prisonniers de Guantanamo le statut juridique de prisonniers de guerre permet à la première puissance mondiale de les détenir de façon indéfinie sans inculpation et surtout dans le secret, sans droit à la défense, sans la publicité et l’objectivité des débats. La sécurité de ces personnes ne peut être assurée par aucun moyen, sinon de loin, par le biais de la pression internationale, comme au temps de Pinochet, quand amnesty international faisait campagne pour la libération des prisonniers politiques. Cette action du gouvernement américain vis à vis des « combattants illégaux » par la procédure d’exception aboutit à la suspension du droit international – de fait – par les Etats-Unis.
Malgré leurs hypocrites critiques de l’unilatéralisme américain, les pays européens, Conseil de l’Europe en tête, se sont empressés de répondre aux exigences antiterroristes des Etats-Unis, puisque ensuite la rhétorique sécuritaire a justifié la mise sous surveillance politique de leur propres populations.
Ainsi, le Conseil de l’Europe concluait des accords autorisant l’extradition quasi automatique vers les Etats-Unis de tout citoyen européen suspecté de terrorisme dans un même temps qu’il travaillait au mandat d’arrêt européen et autres dispositions liberticides, dans des conditions politiques tout à fait répugnantes et suspectes (Certaines décisions cadre trop clairement liberticides ont été prises au Conseil de l’Europe en annexe de négociations portant sur le droit de la pêche par exemple, ni vu, ni connu).
Dans le même ordre d’idées, les Etats-Unis ont imposés à L’Europe l’échange des informations personnelles sur les passagers ayant réservés auprès de compagnies aériennes pour les Etats-Unis, ceux-ci pouvant à leur guise déterminer qui peut ou non entrer sur leur territoire ( L’ Europe a par après pris les même dispositions pour son propre compte par rapport aux réservations transeuropéennes).
A ce stade nous devons avoir conscience que le Patriot act s’applique aussi à nous, comme à tous les citoyens de la planête et dès lors que nous posons le pied sur le sol américain, nous pouvons être détenu de façon indéfinie et sans inculpation. Dans ces conditions, comment imaginer une rencontre altermondialiste aux Etats-Unis, comme à Seattle en 1998 ? Les ébauches d’une démocratie planétaire, les citoyens américains, européens, les démocrates des pays du Tiers monde et l’ensemble des populations sont véritablement devenus les otages du reflux réactionnaire américain.
Il faut quand même préciser que si tout le monde peut être enlevé, extradé et emprisonné indéfiniment par les autorités américaines, a contrario, aucun citoyen américain ne peut-être traduit devant un tribunal international pour crime de guerre ou pour crime contre l’humanité, ce qui concernerait pas mal de monde dans les services de renseignements et dans les administrations américaines
La suspension du droit et du principe de légalité lui-même iront en s’aggravant, laissant de plus en plus de monde dans une anomie juridique autorisant tous les arbitraires. Le droit, comme ensemble hiérarchisé de garanties constitutionnelles, fait aujourd’hui de la procédure d’exception l’acte constituant d’un nouveau type de régime politique, celui ou le pouvoir politique décide directement de la norme à appliquer, de comment l’appliquer, et à qui l’appliquer. Pourtant l’égalité de tous devant la loi, suppose la reconnaissance de l’objectivité des actes incriminés, la constitution de parties tierces et le droit à la défense dans le temps long et posé de la procédure judiciaire. Il faut d’ailleurs dénoncer ici les appels à la rentabilité des parquets par Madame Onckelinks, qui est une façon insupportable d’instrumentaliser le pouvoir judiciaire à des fins politiques, électoralistes.
Toute organisation politique progressiste devrait se mobiliser contre toutes ces régressions, car c’est véritablement l’exercice de nos droits constitutionnels qui est menacé. Si nous jouons le rôle des victimes indolentes, il se pourrait bien que le crocodile vienne nous manger.
* La fin de l’Etat de droit, Lutte antiterroriste, de l’état d’exception à la dictature, Jean-Claude Paye, éd. La Dispute, 2004.
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La faillite de l’impérialisme. Les élections en Irak ne sauveront pas la face de Bush
La faillite de l’impérialisme.
Le 15 décembre, la majorité des Irakiens se sont rendus au bureau de vote pour élire un nouveau parlement. Ces élections avaient pour but de remplacer le parlement provisoire qui fut élu en janvier. Cette fois, il n’y a pas eu d’appel au boycott de la part des partis sunnites -la minorité sur laquelle l’ancien dictateur Saddam se reposait. Seuls quelques groupes terroristes, parmi lesquels le groupe d’Al Zarqaoui, s’opposent aux élections et brandissent la menace de nouvelles violences.
Peter Delsing
Bush se sert naturellement de ces élections afin de redorer son blason. Il parle de l’Irak comme de la “première démocratie dans le monde arabe”. Mais ces élections ont un contenu beaucoup plus ambigu que Bush ne le pense. Selon des estimations provisoires, environ 3 Irakiens sur 4 sont allés voter. Beaucoup voient sans aucun doute ces élections comme une des premières occasions où ils ont la possibilité de faire entendre leur voix après des décennies de dictature.
Il y a quand même 1 électeur sur 4 qui est resté chez lui. Cela reflète en partie le mécontentement régnant contre le gouvernement – composé majoritaiement d’une coalition de partis religieux chiites – qui n’est pas en mesure de recréer des emplois, un minimum de sécurité et des infrastructures sérieuses. Il est clair que ces problèmes, liés à une baisse du niveau de vie pour la masse de la population, ne vont pas disparaître. Ils alimentent les divisions religieuses et ethniques déjà existantes, manipulées par les politiciens bourgeois, qui risquent de s’envenimer et même, à terme, d’exploser.
Néanmoins, beaucoup d’Irakiens s’opposent au scénario d’une division ethnique et religieuse,et surtout d’une guerre civile. Ce refus a trouvé partiellement une expression dans la campagne du chiite laïc Allawi, malgré son manque de véritable réponses. On constate aujourd’hui une augmentation sensible des conflits sur base des différentes fractions armées, qui disposent de leur propre relai dans l’appareil d’état. La milice d’Al Sadr soutient la grande alliance chiite, mais se trouve de plus en plus violemment en conflit avec la milice de Badr inspirée de l’Iranien Sciri (laquelle fait pourtant partie de cette même alliance électorale!).
Le sentiment de rejet des troupes d’occupation est maintenant largement répandu. Il y a peu de doutes sur le fait que beaucoup d’Irakiens expriment, à travers ce vote, le souhait d’un retrait rapide des troupes. Même certaines franges de la coalition régnante, comme les troupes d’Al Sadr, sont activement impliquées dans les attaques contre l’occupant impérialiste. Une partition ethnique de l’Irak représente à terme une menace probable, avec les risques d’un combat sans merci pour les meilleurs morceaux. A la place d’un “modèle de démocratie”, nous allons assister à une lutte entre les différentes fractions capitalistes qui vont se partager le pouvoir et la richesse sur le dos de la masse de la population. Seule une alternative socialiste multi-ethnique pour les travailleurs et les jeunes peut endiguer un tel scénario.
Bush sous le feu des critiques
Bush doit admettre ouvertement que les raisons qui ont servi de prétextes pour envahir l’Irak – la présence d’armes de destruction massive et les liens du régime de Saddam avec le terrorisme – étaient faux. Il reconnaît aussi que “30.000 victimes irakiennes” sont tombées pendant la guerre et l’occupation. Selon un récent sondage, 70% des Américains pensent que Bush n’a aucun plan pour le retrait des troupes de l’Irak. 52% veulent que les troupes rentrent immédiatement au bercail.
Le vent qui tourne contre Bush aux USA met la pression sur son gouvernement et son parti. L’administration Bush reconnaît maintenant – en paroles – les déclarations des Nations Unies contre la torture. Ils se sont “excusés” par rapport à l’histoire de l’Allemand d’origine libanaise qui fut par erreur arrêté en tant que “terroriste”en Macédoine et maltraité en Afghanistan, après son enlèvement par la CIA. Récemment, le Sénat américain, dans lequel figurent bon nombre de Républicains, a refusé de proroger le “Patriot Act” (voté juste après les attaques d’Al Qaeda aux USA). Par les temps qui courent, les atteintes aux droits démocratiques sont même perçues par beaucoup de Républicains comme une politique invendable aux USA.
La combinaison du mouvement anti-guerre et de la lutte des travailleurs autour des questions économiques peut prendre un caractère explosif. Depuis l’ouragan Katrina, le régime de Bush est en chute libre, de sondage en sondage. Seuls 36% des Américains sont confiants quant à la politique économique de Bush. Depuis novembre 2001, la fin officielle de la dernière récession, 80% des salariés aux USA ont subi une diminution de leur salaire réel. Malgré cela, la consommation interne continue à monter, grâce à l’ouverture des robinets du crédit et le sentiment présent chez beaucoup d’Américains qu’ils vont, en dépit de la baisse des salaires, devenir “plus riches”.
Mais ils pourraient déchanter assez vite.