Tag: Yale

  • Nationaliser les secteurs-clés de l’économie, c’est nécessaire pour sauver des vies

    Le “marché libre”, selon la doctrine officielle, devrait entraîner de meilleures conditions de vie pour chacun. Reste alors à comprendre pourquoi sur les sept milliards de personnes qui vivent sur terre s’en trouvent plus de 2,6 milliards qui doivent vivre avec moins de 2 dollars par jour et qui souffrent de la faim…

    Par Anja Deschoemacker, membre du Bureau Exécutif du PSL et porte-parole de Gauches Communes

    Pas besoin toutefois de quitter le sol belge pour constater que le marché soi-disant libre n’est pas uniquement une menace pour l’emploi, mais aussi pour nos vies. Récemment, l’actualité a été marquée par le cas du petit Viktor souffrant d’une maladie rare – et il n’est pas le seul – et dont la vie est menacée par le prix des médicaments (19.000 euros par mois) ou encore par la catastrophe ferroviaire de Wetteren (un mort et 17 blessés). De tels secteurs économiques aussi cruciaux pour la population ou qui peuvent potentiellement mettre des vies en danger peuvent-ils être laissés dans les mains d’entreprises qui ne recherchent que le profit maximal au plus court terme ? La discussion porte sur les médicaments de Viktor, qui souffre du SHUa, une maladie rénale extrêmement rare, qui pouvaient être remboursés par l’assurance maladie. Les parents d’enfants touchés par des maladies rares et mortelles ont appelé à des mesures structurelles et non pas à une politique du ‘‘cas par cas’’. Dans ce débat, on a pu entendre que la recherche pour de tels médicaments est très onéreuse, mais les profits sont limités puisque le nombre de patients est limité. Et sans profit, pas d’investissement dans la recherche…

    En d’autres termes : c’est tout à fait normal. Le seul levier d’action des autorités publiques est de tenter de négocier pour pousser les prix vers le bas. Si la ministre Onkelinx avait refusé de rembourser le coût très élevé du médicament, c’est elle qui aurait été considérée comme la ‘‘meurtrière’’ du petit Viktor par ‘‘l’opinion publique’’, plutôt que l’entreprise Alexion qui a versé 250 millions de dollars à ses actionnaires cette année-ci !

    Le PSL défend la nationalisation du secteur pharmaceutique, sous contrôle et gestion démocratiques. C’est la seule manière d’assurer que ce secteur fonctionne pour la collectivité et non pas pour les profits. Ces dernières décennies, la connaissance et le savoir-faire développés par la collectivité ont de plus en plus été bradés au secteur privé (comme l’entreprise Alexion qui est une spin-off sortie de l’université de Yale), pour qui la population ne peut bénéficier des recherches que si elle en a les moyens. Dans des régions du monde plus pauvres, Viktor n’aurait eu une chance de survie que si sa famille était extrêmement riche.

    La catastrophe de Wetteren illustre aussi la nécessité d’un plus grand contrôle exercé par la collectivité. Le secteur du transport de marchandises a de plus en plus été sous l’emprise de ‘‘cowboys pour qui la sécurité est un coût qui encombre les profits.’’ Et si chaque accident ferroviaire peut coûter des vies, c’est encore plus le cas quand on parle du transport de produits chimiques dangereux. Alors que dans toutes les (grandes) entreprises chimiques, les syndicats jouent un rôle déterminant dans le contrôle de la sécurité sur le lieu de travail et dans l’élaboration des procédures d’urgence – des procédures qui protègent les vies du personnel et des riverains contre la soif de profit du patronat – aucun contrôle de la collectivité ne s’exerce sur le transport de ces produits.

    Malgré l’état actuel de la science, faire tout qu’il faut et qui est possible pour sauver des vies restera impossible tant que l’économie n’est pas dans les mains de la collectivité et doit uniquement tourner pour enrichir une élite de super-riches. La nationalisation des secteurs-clés de l’économie n’est pas seulement une mesure capable de sauver des emplois, ce serait aussi un pas en avant dans la construction d’une société où personne n’aurait le pouvoir de décider que les profits sont plus importants que la vie.

  • Simonet, Dupont, Vandenbroucke, à quand les 7% du PIB Pour l’enseignement ?

    28/04 – 14h – Gare du Nord – Manif nationale Respact

    Les étudiants de Gauche Actifs participent activement à la Campagne Respact pour une diminution des coûts des études. Celle-ci organise une manifestation nationale le 28 avril, le jour de l’ouverture du sommet européen des ministres de l’enseignement. Ceux-ci se rencontrent afin de pousser encore plus loin le processus de commercialisation de l’enseignement en Europe, le processus de Bologne.

    Tract des Etudiants de Gauche Actifs

    Affiche (PDF)

    Tract (PDF)

    Stop au processus néolibéral de Bologne

    Avec le processus de Bologne, tous les gouvernements européens ont décidé d’adopter le modèle américain pour l’enseignement supérieur afin de concurrencer celui-ci. L’enseignement américain fonctionne entièrement selon les principes du libre marché où les institutions se concurrencent entre elles pour obtenir les moyens. La conséquence est que deux sortes d’établissements existent : les institutions d’élite pour les riches (Harvard, Yale, …) où tu dois être admis et payer un droit d’inscription astronomique et les institutions pour la majorité qui offrent un enseignement de moindre qualité vu qu’ils ne disposent pas de moyens suffisants et des diplômes de moindre valeur. Dans un tel système de marché, les moyens sont surtout investis dans les formations et la recherche qui permet d’engranger d’importants profits pour le privé.

    Plus de moyens publics : 7% du PIB

    Depuis 1980, le budget pour l’enseignement (avec des hauts et des bas) diminue constamment. En 1980, le gouvernement consacrait encore plus de 7% du PIB à l’enseignement, aujourd’hui c’est moins de 5,5%. Le nombre d’étudiants a pourtant doublé depuis. Ainsi le gouvernement oblige de plus en plus les établissements à licencier du personnel, à en finir avec les services sociaux et à rechercher un financement du privé.

    Les institutions vont aussi chercher une partie du financement perdu chez les étudiants. Les minervaux des masters après masters peuvent monter jusqu’à 25.000 euros. L’introduction du crédit-études en Flandre restreint encore plus l’accès à l’enseignement supérieur. Ainsi, les établissements pourront se voir retirer leurs financements pour une partie des étudiants qui ont des difficultés à réussir en première scession. Ceux-ci peuvent ne plus être admis ou devoir payer deux fois le montant du minerval pour continuer leurs études. Cette mesure est un désastre pour les étudiants qui travaillent ou qui sont issus d’un milieu social plus faible et qui ont plus de dificultés à réussir.

    Ce sont les premières étapes vers l’introduction de droits d’inscription allant de 1500€ à 7000€ pour une première année de bachelier comme c’est le cas en Angleterre ou au Pays-Bas. Dans notre société capitaliste, on essaye de tout réduire en produits qui peuvent être vendus. Ainsi seuls ceux qui ont des parents riches, peuvent se permettre un tel système d’études.

    Ce n’est pas à nous pour payer leur crise!

    Aucun des partis traditionels n’est préparé à consacrer 7% du PIB à l’enseignement. Au contraire, ils déboursent des milliards pour sauver les actionnaires des banques et des entreprises et veulent nous présenter la facture. Des coupes dans les dépenses publiques sont déjà annoncées pour après les élections, le budget de l’enseignement ne sera probablement pas épargné. Nous devons nous préparer à lutter comme les étudiants en Italie, en France, en Espagne et ailleurs en Europe le font. C’est en descendant massivement dans la rue au côté des travailleurs qu’on pourra faire payer la crise aux responsables, les capitalistes.


    EGA soutien la campagne électorale du Parti Socialiste de Lutte !

    Pour obtenir un enseignement gratuit et de qualité pour tous, nous avons besoin de construire des outils de lutte démocratiques et d’une lutte d’ensemble avec les travailleurs. Mais nous avons aussi besoin d’une force politique qui défende nos revendications. Les 7% du PIB pour l’enseignement est au coeur de la campagne du PSL qui a des candidats sur ses listes qui ne les défendent pas seulement en parole mais aussi de façon conséquente sur le terrain.

  • Enseignement flamand: Plan Vandenbroucke… vers la comercialisation !!!

    Vandenbroucke veut introduire la concurance entre les différents établissements de l’enseignement supérieur flamand

    Fin décembre, au moment où la plupart des étudiants étaient en examens, Vandenbroucke a lancé son nouveau plan de financement pour l’enseignement supérieur. Le ministre espérait probablement que du fait de cette période où les étudiants étaient concentrés sur leurs examens, il n’y aurait pas de contestation à son plan dans les institutions de l’enseignement supérieur flamand. Cependant, toutes les raisons pour sonner l’alarme sont là: ce plan comporte des pas dramatiques vers la commercialisation de l’enseignement supérieur, et des nouvelles mesures d’assainissement y sont prévues. Le plan a été largement contesté par la plupart des institutions et des syndicats. Vandenbroucke a alors décidé de repousser son plan, prévu pour 2007, à un an plus tard (2008).

    Tim Joosen

    Le plan Vandenbroucke est en fait la phase financière à exécuter suivant les accords de Bologne. Ce que visent ces accords, c’est la création d’un marché européen de l’enseignement, aboutissant à un enseignement à deux vitesses : d’un côté, quelques universités d’élite, possédant les plus gros budgets, engageant les meilleurs professeurs, le matériel le plus sophistiqué… et dans lesquelles seuls les « meilleurs » étudiants pourront étudier – mais surtout les plus riches, puisqu’on y demande les minervals les plus hauts ; de l’autre, des institutions de second rang, demandant des minervals moins élevés, avec moins de budget consacré à la qualité de l’enseignement, et des conditions de travail plus difficiles.

    Les années précédentes, les réformes structurelles ont été appliquées dans ce cadre de Bologne : ainsi sont apparues les années « bachelor » puis « master », les « crédits étudiants », les « semestrialisations »… Les Etudiants de Gauche Actifs avaient déjà mis en avant que ces réformes étaient les signes précurseurs d’un processus néo-libéral visant à la privatisation, à terme, de l’enseignement. Nous expliquions à ce moment-là que dès que seraient mises en place les mesures financières qu’impliquent le processus, le vrai visage de Bologne apparaîtrait aux yeux de tous. Aujourd’hui, avec le plan de Vandenbroucke, on est arrivé à cette échéance.

    Tout d’abord, le plan de Vandenbroucke est un plan d’assainissement : jusqu’en 2012, le budget de l’enseignement sera gelé ; seule est prévue une indexation. Si on regarde le coût de la vie qui augmente, et que l’on prend en compte tout ce qui n’est pas compris dans l’index (par exemple, le mazout, qui n’est pas inclus dans l’index santé, mais qui est toujours nécessaire pour chauffer les écoles en hiver), le budget consacré à l’enseignement en 2012 sera clairement bien plus maigre que celui d’aujourd’hui.

    Le plus important est l’aspect politique qui se cache derrière ce décret. Avec son plan, Vandenbroucke introduit un mécanisme de concurrence dans l’enseignement belge. Les institutions scolaires vont être obligées d’entrer en compétition les unes contre les autres, afin d’avoir la plus grosse part du budget alloué par le gouvernement. Le ministre introduit certains paramètres avec lesquels les hautes écoles et universités pourront gagner des points. Plus grand sera le nombre de points, plus grand sera le pourcentage du budget pour l’école ou l’université.

    Les paramètres que pose le ministre sont basés sur un soit disant « financement output ». Avant, le budget consacré aux écoles était plus ou moins accordé en fonction du nombre d’étudiants inscrits. Maintenant, l’argent que les écoles ou les universités recevront sera déterminé par des paramètres tels que le nombre de doctorants sortant, le succès des étudiants, etc. En outre, avec le choix de ces paramètres, Vandenbroucke s’exprime très clairement en faveur d’un enseignement élitiste. Ainsi, les institutions les plus grosses actuellement seront favorisées de manière conséquente par rapport aux plus petites. Les classes plus restreintes impliquant plus de proximité, d’échange et de suivi pour les élèves seront moins valorisées face aux classes plus larges. Par cette attitude, Vandenbroucke se met en fait en porte-à-faux avec les rapports des experts en pédagogie qui affirment tous qu’une approche plus personnelle vis à vis des étudiants et les petits groupes d’étude sont des éléments positifs pour la qualité de l’enseignement.

    Ce qui est clair, c’est que les intérêts des étudiants et la sollicitude pour un enseignement de qualité, ne sont pas des choses prises en considération dans ce décret. Au contraire, l’intention est de développer une université au top (la KUL), capable de concurrencer toutes les autres universités à l’échelle mondiale. A côté de ça, il y aura les autres universités et hautes écoles (les « écoles-poubelles »), qui percevront un bien moindre budget, et seront inévitablement de moindre qualité.

    Les résultats parlent d’eux même : sur base des différentes simulations, on se rend compte que l’université de Louvain va recevoir de 18 à 23 millions en plus. La haute école de Gand perd 3 millions, et les 3 millions qui seront ajoutés au budget de Gand seront largement insuffisants. A Anvers, l’université recevra de 9 à 10 millions de moins, et la haute école Charlemagne, quant à elle, perdrait aussi 3 millions. A Bruxelles, tout le monde y perdrait : Erasme 3 millions, la VUB 10 à 12 millions, et la KUB verrait son budget baisser de 60%, soit de 5 à 2 millions !

    Finalement, la qualité de l’enseignement se fera également en fonction du prix du minerval. Les universités américaines de prestige telles qu’Harvard, Yale, etc. demandent déjà des dizaines de milliers de dollars à l’inscription. Si une université comme la KUL devait entrer en compétition avec ce genre d’universités, alors elle n’aurait d’autre choix que d’exiger des minervals équivalents. Les autres universités flamandes limiteront à quelques milliers d’euros leur frais d’inscription, mais la qualité en pâtira.

    Vandenbroucke est suffisamment malin pour savoir qu’il n’a pas intérêt à appliquer toutes ses réformes sur tous les fronts en même temps. Ainsi, il n’est pas encore question d’augmentation de minerval pour les cours de base. Seules les années d’études considérées comme complémentaires (comme le master après master) ne seront plus financées par le gouvernement. Les universités détermineront leur prix d’entrée elles-mêmes. Déjà, cette année académique, la KUL a décidé d’augmenter son minerval pour certains masters après masters de 5000 à 9000 euros. A partir de maintenant, puisqu’on perd le financement public, toutes les universités vont être obligées de suivre. Pour la plupart des étudiants, cette 5ème année d’étude est indispensable afin d’obtenir une place garantie sur le marché du travail. Les étudiants les moins riches pourront abandonner tout espoir d’accéder à ce niveau d’étude en 2008.

    Avec toutes ces mesures, Vandenbroucke amène un enseignement adapté à la demande des entreprises. Ce seront elles qui dicteront ce que l’on doit étudier et l’orientation des recherches à effectuer. Dans le décret, toutes les formes d’éducation n’auront pas le même poids : pour celles qui seront plus intéressantes économiquement, les institutions auront plus de subsides que les autres. L’idée derrière l’accessibilité coûteuse de l’enseignement et le mécanisme de concurrence, c’est en fait que tout le système d’enseignement doit être adapté aux exigences du marché du travail.

    Nous avons une toute autre vision sur le rôle de l’enseignement. Pour nous, chacun ou chacune doit avoir le droit, et les capacités, de choisir ses études en fonction de ses intérêts et affinités. Nous voulons un enseignement qui soit accessible à tous, et où le financement public est suffisant pour l’enseignement et les recherches, mais aussi pour les services sociaux (comme les kots, les restaurants, les infrastructures médicales…).

    Ces prochains mois, les Etudiants de Gauche Actifs vont faire campagne partout en Flandre pour faire sombrer ce plan néo-libéral. Nous voulons renouer avec les traditions combatives des mouvements étudiants qui se sont éteints dans les années ’90. Le premier rendez-vous est déjà été fixé au 16 mars, jour durant lequel les syndicats et les étudiants de la VUB organisent une première manifestation à Halle, dans le fief électoral du ministre. EGA mobilisera nationalement pour cet évènement. Nous demandons l’annulation immédiate du décret, et un plan alternatif où le budget public de l’enseignement sera immédiatement augmenté à 7% du PNB. Nous luttons pour un enseignement démocratique et de qualité pour tous, et contre la logique néolibérale du marché, qui conçoit l’enseignement comme une machine à faire des travailleurs modulés en fonction de la demande et « prêts à l’emploi ». Nous faisons un appel à tous pour faire partie active du mouvement, prendre contact avec nos sections locales, et rejoindre EGA.

  • Élections américaines: Les travailleurs n’ont pas de candidat

    Élections américaines:

    LES DEVELOPPEMENTS économiques et politiques aux Etats-Unis ont de lourdes conséquences au niveau mondial. D’où l’attention particulière qui se focalise sur les élections présidentielles américaines. Bush a incarné la politique agressive de l’impérialisme américain. C’est pourquoi on envisage avec beaucoup d’anxiété l’issue du scrutin présidentiel du début novembre. Une défaite de Bush ne manquerait pas de réjouir les opprimés du monde entier. Aux Etats-Unis, une grande partie de la population pousserait un soupir de soulagement. Ils espèrent qu’un autre président accordera plus d’attention aux problèmes des travailleurs américains et de leur famille et qu’il parviendra à faire reculer la vague montante d’anti-américanisme.

    Bart Vandersteene

    Les Etats-Unis, un géant économique aux pieds d’argile!

    La guerre en Irak a semblé confirmer l’idée que le monde évoluerait vers un système unipolaire où une seule grande puissance, les Etats-Unis, jouerait le rôle de gendarme du monde. La base économique d’une telle politique n’existe pourtant pas et repose, comme nous l’avions déjà dit auparavant, sur la création de différentes bulles condamnées à éclater un jour ou l’autre.

    La croissance économique exceptionnellement longue des années nonante était essentiellement due à la stimulation de la consommation intérieure, avec un endettement colossal à la clé. Il y a d’abord eu l’effervescence boursière qui a répandu le sentiment de richesse dans la société américaine. L’Américain moyen voyait enfin le «Rêve américain» devenir réalité en achetant les actions d’entreprises de haute technologie, dont les cours montaient en flèche. Il ressort d’un sondage d’opinion paru fin 1999 que 19% des Américains croyaient alors appartenir au cercle privilégié du 1% le plus riche. Une autre tranche de 20% croyaient pouvoir y accéder un jour.

    Cette bulle a entretemps éclaté et nombre d’Américains sont retombés sur terre. Ceci n’a évidemment pas été sans conséquences pour l’économie américaine. D’un seul coup, la richesse des Américains s’est trouvé ramenée à de plus justes proportions. Nombreux sont ceux qui avaient emprunté pour pouvoir acheter ces actions. Pour différer le plus possible la crise économique, les autorités ont décidé de faire baisser les taux d’intérêt à un niveau historiquement bas de 1%. Cela signifie qu’il fallait éviter coûtequecoûte que les Américains cessent de consommer et commencent à épargner. Le taux d’épargne s’élevait à 1,3% en décembre 2003. Cela signifie que les Américains n’épargnent que 1,3% de leur revenu total. En Belgique, il se situe entre 14 et 15%. Les familles américaines ont donc accumulé des montagnes de dettes. Il y a déjà làbas des jeux télévisés où le gagnant remporte… la suppression de ses dettes.

    Outre la baisse des taux, l’Administration a encore utilisé d’autres moyens pour maintenir cette consommation aussi longtemps que possible. D’un côté, il y a eu l’énorme baisse d’impôts pour les riches ainsi que la baisse d’impôts des entreprises. Mais cela n’a créé que très peu d’emplois. Pas moins de 3 millions d’emplois ont été perdus dans l’industrie sous la présidence de Bush. Les baisses d’impôts pour les patrons ne créent pas d’emplois. Le monde entier en fait au-jourd’hui la dure expérience. Un bureau d’étude a calculé que Bush aurait tout aussi bien pu affecter l’argent de ces baisses d’impôts au recrutement de 2,5 millions d’Américains pour creuser des puits et de 2,5 millions d’autres pour les reboucher. Du moins cela auraitil donné un revenu décent à 5 millions d’Américains. L’administration a évidemment compensé le manque à gagner en recettes fiscales par des coupes sombres dans les dépenses sociales qui ont encore accru l’écart entre riches et pauvres.

    Les Etats-Unis essayent maintenant d’exporter leur crise en laissant chuter le cours du dollar. Cela rend leurs produits meilleur marché à l’exportation leur valeur est libellée en dollars. Chacune de leurs manoeuvres ne fait qu’aggraver les problèmes de l’économie mondiale. Toute cette bulle éclatera tôt ou tard.

    Kerry contre Bush/Edwards contre Bush?

    C’est toujours l’élite qui gagne

    Il semble que John Kerry sera le candidat démocrate qui fera face à Bush en novembre. Les électeurs démocrates qui ont voté pour lui n’ont pas vu dans Kerry le candidat qui avait les meilleures idées, mais bien celui qui avait le plus de chances de battre Bush.

    D’après un sondage d’opinion de la chaîne TV ABC, Kerry obtiendrait 52% des voix contre 43% pour Bush si les élections présidentielles avaient lieu maintenant. Mais toute la question est de savoir si l’élection de Kerry changerait quoi que ce soit à la politique américaine. Elle présentera sans doute une façade moins agressive, mais rien ne changera sur le fond. Kerry n’atil pas voté pour la guerre en Irak?

    John Kerry est devenu multi-millionnaire en épousant la veuve du magnat du ketchup Heinz. Comme Bush, il a étudié à l’université de Yale et, comme Bush encore, il est membre du club élitiste «Skull and Bones», une association fondée en 1832 par des esclavagistes. C’est devenu depuis lors une société secrète dont les membres sont triés sur le volet sur base de leurs liens familiaux, de leur hérédité et de leur fortune. Elle n’admet dans ses rangs que 15 nouveaux membres par an. John Kerry était l’un d’eux en 1966, Bush l’a suivi en 1968. Les heureux élus jurent fidélité éternelle à la Société et à ses membres, les «Bonesmen».

    Kerry a été sénateur du Massachusetts pendant 20 ans. On cherchera en vain dans les annales du Sénat la moindre initiative de Kerry en faveur de la population laborieuse. Bien au contraire, il n’a manqué aucune occasion de défendre l’économie de marché, la libéralisation,… Son nom est de plus en plus associé à des scandales de corruption impliquant de grosses firmes du secteur de la construction et à la défense constante des intérêts du big business.

    La majorité de la population mondiale n’a rien de bon à attendre de ces élections. Ou comme l’a écrit Michael Colby du magazine Wild Matters: «Lorsqu’on tend l’oreille, on se rend compte qu’on n’est pas seul en entendant les rires étouffés qui s’échappent de derrière le rideau qui dissimule les élites politiques aux yeux des masses. Il y a une fête qui se déroule et nous n’y avons pas été conviés. (…) Un duel Bush/Kerry est un scénario de rêve pour ces gens qu’on appelle l’élite dominante, ce club fermé de leaders économiques, politiques et militaires qui tiennent réellement entre leurs mains les rênes de la nation».

    Il a d’abord semblé que Howard Dean l’emporterait en tant que démocrate «plus radical» affichant des positions en flèche contre Bush et la guerre. Mais Dean a fini par casser sa propre image. Il est apparu comme un membre de l’élite politique et économique au même titre que les autres candidats. Mais un candidat démocrate pourratil faire la différence? Ou pour le dire autrement: les travailleurs et les jeunes américains peuventils utiliser le Parti démocrate comme instrument pour défendre leurs intérêts?

    Michael Moore répond à cette question dans son livre Mike contre-attaque: «Y atil une différence entre les démocrates et les républicains? Oui. Les démocrates disent une chose et font l’inverse serrer la main en coulisses aux salopards qui rendent ce monde plus dégoûtant et plus sordide. Les républicains ne s’embarrassent pas de fauxsemblants et donnent aux salopards une officine dans l’aile ouest de la Maison Blanche. C’est ça la différence. Tant qu’à faire, il vaut encore mieux dépouiller quelqu’un sans crier gare plutôt que de le faire après lui avoir promis protection».

    On peut dire que le Parti démocrate est en passe de devenir le cimetière des mouvements sociaux. En imposant la logique du «moindre mal» (voter pour les démocrates pour battre les républicains), ils étouffent dans l’oeuf tous les mouvements qui tentent de forcer le changement par la mobilisation. Car toute critique des démocrates affaiblit leur position électorale. Et vous ne voudriez tout de même pas qu’un républicain soit élu!

    Il faut briser ce cercle vicieux. On ne peut y arriver qu’en construisant un mouvement de masse dans la rue, un mouvement indépendant des démocrates. Un tel mouvement ne tardera pas à arriver à la conclusion qu’il lui faut son propre prolongement politique pour pouvoir remporter la lutte.

    Aussi Nader est candidat

    Lors des élections présidentielles de 2000, Nader avait obtenu 2,8 millions de voix en tant que candidat indépendant sur la liste des Verts. Après beaucoup d’hésitations Nader a décidé de se presenter en novembre 2004. Les Verts vont probablement appeler à voter pour les démocrates; il faudra donc mettre sur pied de nouveaux comités pour soutenir un candidat indépendant. Mais il y a certainement un espace aux Etats-Unis pour une politique radicale qui défende les intérêts des travailleurs et des jeunes. La moitié de la population n’ira sans doute pas voter. Ils n’ont pas le moindre espoir qu’un président démocrate puisse améliorer leurs conditions de vie ou de travail.

    Nader a beaucoup de faiblesses. Il ne choisit pas clairement entre les travailleurs et les patrons. Il a disparu de la scène depuis les dernières élections. Mais une candidature indépendante serait à même de rassembler ces forces éparses dans la société comme étape préparatoire à la création d’un nouveau parti. Les socialistes ont un rôle de catalyseur à jouer dans ce type de processus tout en avançant un programme socialiste. C’est la double tâche que s’assigne aujourd’hui Socialist Alternative, notre organisationsoeur aux Etats-Unis.


    A lire:

  • Michael Moore: Mike contre-attaque (Ed. 10-18)
  • Suzy Hendrikx: Une Bosse dans le Rêve américain
  • Thomas Friedman: Longitudes and Attitudes

    Disponible auprès du MAS/LSP:

  • Howard Zinn, Une Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours (Ed. Agone)
  • Why we need a Labor Party (brochure de Socialist Alternative)
0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop