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Tag: VLD
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“C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes!”
INTERVIEW
Depuis quelques temps, des sans-papiers occupent l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et revendiquent la régularisation de tous les sans-papiers. Un Comité d’Actions et de Soutien s’est formé et Jalil – membre de notre organisation étudiante "Etudiants de Gauche Actifs" – en est le porte parole-parole.
Par Pablo (EGA – ULB)
Pablo : Un mouvement sans-papiers s’est créé autour de l’occupation des sans-papiers de l’ULB. Comment cela a-t-il commencé ?
Jalil : Au début, des sans-papiers de l’UDEP (Union pour la Défense des sans-papiers) ont décidé d’occuper un bâtiment de l’ULB (n°129 Avenue Buyl) pour faire pression sur le gouvernement afin d’avoir un agenda précis sur l’accord gouvernemental qui traite des sans-papiers.
P : Pourquoi l’ULB ?
J : Pour lancer le débat sur la question des sans-papiers, avoir le soutien intellectuel et politique de la communauté universitaire.
P : Quelle a été l’implication d’EGA au départ ?
J : Les camarades d’EGA-ULB ont aidé les sans-papiers à s’installer (nettoyage, création de liens avec les autres cercles, aides logistiques,…) et très vite nous avons mis en avant la nécessité de mobiliser les étudiants et donc de créer un Comité de soutien (le CAS) démocratique et ouvert à tous (étudiants, personnels et riverains) pour organiser la mobilisation.
P : Pourquoi EGA a directement fait cause commune avec les sans-papiers ?
J : Car les personnes sans-papiers ne viennent pas dans nos pays sans raisons; ils ne quittent pas leur famille, leurs amis, leur pays sans raisons. Ils quittent tout ce qui leur est cher, car les multinationales et les gouvernements occidentaux créent la misère dans les pays du Sud. Les pays du Tiers-Monde sont obligés d’ouvrir leurs marchés aux entreprises occidentales. Les multinationales, n’ayant comme intérêt que leurs profits, jouent un rôle important dans le maintien des régimes réactionnaires dans le monde néo-colonial. Les grandes puissances n’hésitent pas à utiliser la force pour assurer leur domination économique et politique. Les différentes interventions impérialistes des Etats-Unis, de l’Europe ou de la Chine en sont des exemples. Cette politique de pillage des richesses et de surexploitation de la force de travail ne sert que les intérêts des multinationales. Les populations locales subissent l’inexistence de protection sociale, des journées de 18 heures de travail et cela dès le plus jeune âge,…
D’ailleurs, nous refusons la distinction entre les réfugiés politiques et économiques, car c’est la politique des puissances capitalistes qui engendre la misère et les conflits sanguinaires qui les poussent à fuir. D’ailleurs les émeutes de la faim qu’on a pu voir récemment dans de nombreux pays du Sud (Côte d’Ivoire, Haïti,…) illustrent bien que le capitalisme enfonce des centaines de millions de personnes dans la pauvreté (selon la Banque Mondiale). Les prix des produits alimentaires ont augmenté de 40% depuis mi-2007. L’augmentation des prix est alimentée depuis des années par différents facteurs comme les biocarburants. Mais l’explosion récente vient de l’énorme spéculation des capitalistes, qui auparavant était présente sur l’immobilier et dans les actions et qui s’est déplacée sur les produits alimentaires depuis le développement de la crise économique au Etats-Unis. En Bref, les capitalistes jouent avec la nourriture comme au casino pour engendrer des profits au détriment des masses.
EGA étant une organisation étudiante anticapitaliste se devait de se solidariser avec les sans-papiers et dénoncer ce système économique en participant au comité de soutien.
P : Quelles sont les différentes tâches de ce comité ?
J : La première était de créer une mobilisation (actuellement la question est plus de l’organiser et d’avoir un relais médiatique), la deuxième est d’élargir le mouvement aux travailleurs et au mouvement ouvrier et la troisième est de faire pression sur les autorités de l’ULB pour qu’elles donnent des moyens logistiques et n’envoient pas la police sur l’occupation (comme elles l’ont fait il y a 2 ans avec l’occupation des sans-papiers iraniens).
P : Quelles actions avez-vous menées par la suite ?
J : Nous avons organisé une manif sur le campus qui avait pour but d’informer la communauté et de faire pression sur les autorités. Au plus fort de l’action, 400 étudiants étaient présents et nous avons demandé au recteur de nous recevoir, mais ce dernier a refusé, nous avons donc décidé de bloquer l’avenue Roosevelt avec150 étudiants en protestation. Nous avons par la suite organisé la fameuse manifestation du 29 avril avec les sans-papiers du Béguinage. Malgré le fait qu’elle soit autorisée, le bourgmestre PS Thielmans a envoyé la police arrêter presque tous les manifestants (140 personnes) et a réprimé très durement cette action. Il y avait très clairement une tentative de criminalisation du mouvement, comme c’est le cas très souvent dans notre pays.
P : Tu veux dire qu’il y a une volonté politique d’étouffer les mouvements pour les régularisations ?
J : Oui, clairement.
P : Pourquoi ?
J : Parce que c’est dans l’intérêt d’une certaine couche du patronat belge et donc de leurs politiciens. En effet, la politique d’expulsions confine des dizaines de milliers de personnes – dont des milliers de familles – dans la clandestinité. Ils vivotent de petits boulots au noir sous-payés. Ils sont privés de toute protection sociale. La dérégulation du marché du travail et la politique d’expulsions conjuguent leurs effets. Des pans entiers de l’économie capitaliste basculent dans l’illégalité, ce qui exerce une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail des salariés dans la sphère légale. Les sans papiers ne pourront obtenir une victoire que s’ils parviennent à gagner le soutien d’une couche plus large de la population, notamment au sein du mouvement ouvrier organisé.
De plus, le système capitaliste, que représentent ces politiciens, essaie de diviser la population sur une base raciste : nécessité d’un permis de travail, différence de salaires, différences des pensions pour un même travail etc. Dans nos universités, les étudiants d’origine étrangère ne sont pas logés à la même enseigne que ceux originaires de l’Union Européenne. Les minervals pour un étudiant étranger à l’ULB peuvent s’élever à plus de 10.000 euros. Les réfugiés et les immigrés servent de boucs émissaires pour la crise économique. Ce ne sont pourtant pas les réfugiés et les immigrés qui attaquent tous nos acquis en matière d’enseignement (restaurants sociaux, les kots bon marché,…), qui licencient, qui ferment les entreprises, qui privatisent les services publics, qui rallongent l’âge de la pension ou qui sont la cause de la baisse du pouvoir d’achat. La réaction de Thielmans n’a donc rien d’étonnant. Elle est dans la continuation de la politique du « diviser pour régner » en criminalisant un mouvement qui recherche la solidarité avec la population belge.
P : Que s’est-il passé par la suite ?
J : Un rassemblement d’étudiants et de représentants politiques et syndicaux de 300 personnes a eu lieu dans les heures qui ont suivi notre incarcération dans la prison du Palais de Justice afin d’exiger la libération de tous les étudiants et les sans-papiers. Pour finir tous ont été libérés sauf 13 camarades sans-papiers qui ont été envoyés vers différents centres fermés en vue de leur expulsion.
Ensuite, nous avons été manifester le lendemain matin devant le siège du PS, durant la soirée devant la Fête du Progrès que le PS organisait et durant la Fête de la FGTB sur la Place Rouppe pour montrer notre opposition aux méthodes policières et répressives envers le mouvement des sans-papiers. Maintenant nous manifestons le 7 mai contre les centres fermés, pour la régularisation de tous les sans-papiers et pour la libération de nos 13 camarades enfermés.
P : Que penses-tu de l’attitude du PS par rapport au moratoire sur les expulsions et sur les ancrages durables et quelle attitude prend EGA par rapport à cela?
J :Tout d’abord, par rapport aux ancrages durables -appelés aussi attaches durables-, c’est très clairement une avancée, mais qui reste très limitée. En effet, il n’y a toujours pas de loi qui reprenne les critères de régularisation. La commission indépendante qui devrait statuer sur les demandes de régularisation reste à l’état de projet. Il n’y a rien qui annonce un changement en matière d’expulsions et de détention dans les centres fermés (même pour les enfants) et encore moins de régularisation générale des sans-papiers. Et le dossier de l’asile et des sans-papiers reste dans les mains de Annemie Turtelboom, membre du parti libéral VLD, qui fera très peu de pas en avant.
Par rapport au moratoire sur les expulsions, le PS et tous les autres partis pro-moratoires ne sont que des hypocrites. Chaque parti a eu l’occasion de faire l’exercice du pouvoir et aucun, ECOLO y compris, n’a fait cesser les expulsions ou régulariser massivement. De plus, c’est seulement quand les sans-papiers reviennent sur le devant de la scène qu’ils essayent de montrer qu’il faut quelque chose. Toutefois le PS a montré en premier son intérêt sur la question… en envoyant la police arrêter les sans-papiers, en refusant tout dialogue, ou encore en faisant de grandes promesses devant les caméras et rien concrètement.
Les Etudiants de Gauche Actifs sont socialistes, mais pas socialistes en mots comme c’est le cas pour le PS ; pour nous le socialisme n’est pas d’expulser des personnes sans-papiers ou de leur envoyer la police quand ils manifestent, pour nous les socialistes ne doivent pas promouvoir des gouvernements dictatoriaux dans les pays du Sud ou défendre les intérêts de la classe capitaliste en attaquant les acquis sociaux des travailleurs. Nous sommes des vrais socialistes et donc nous défendons l’unité des travailleurs avec ou sans-papiers, nous défendons les acquis des populations et la nécessité d’un emploi convenable pour tous. Nous combattons ce système fait de misère et d’exploitation et nous nous battons pour un monde socialiste, où l’on produit en fonction des besoins des gens et non pas pour les profits d’une minorité !
Pour en savoir plus
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Politiciens, vous êtes tous conservateurs! Pourquoi le cacher?
Le nouveau jeu à la mode parmi les politiciens est de traiter le plus souvent possible ses opposants de "conservateurs" en se présentant soi-même comme un grand "progressiste". La médaille du plus culotté revient sans aucun doute à Bart Somers. Après la lourde défaite du VLD aux élections communales, le président des libéraux flamands a annoncé un grand tournant. Fini d’essayer d’aller pêcher dans l’étang des électeurs du Vlaams Blok: l’avenir est désormais au centre et au "progressisme".
Anja Deschoemacker
Il s’agit maintenant de montrer que le VLD est le parti des" réformes" et donc du "progrès". Pourtant, le contenu des nouvelles propositions – limitation des allocations de chômage dans le temps, abolition de l’impôt progressif selon le revenu,… – reste exactement le même qu’avant. Mais l’étiquette sur l’emballage a changé, donc tout est changé…
Côté francophone, les libéraux attaquent de plus en plus souvent le "conservatisme" du PS et surtout de la FGTB qui freineraient les "réformes" du marché du travail et de la sécurité sociale. Car pour les libéraux, s’opposer, même timidement, aux "progrès" de l’arbitraire patronal et vouloir défendre les salaires et les allocations, c’est faire preuve d’un effroyable "conservatisme". Et quand il est trop difficile de s’en prendre ouvertement aux syndicats d’ici, on cherche des "conservateurs" ailleurs, comme l’a fait la bourgmestre MR de Forest, Corine de Parmentier, qui a osé dire que "ceux qui ont lâché les travailleurs belges, c’est le syndicat ouvrier allemand". Comme si c’étaient les syndicats allemands qui licenciaient et pas des patrons multinationaux…
Face à eux, Di Rupo a facile de dénoncer à propos de VW, "les conservateurs, les partis de droite qui partout dans le monde empêchent la régulation de l’économie". Ce n’est évidemment pas faux, mais c’est un peu court. Car, quelques jours avant, la grande majorité des députés socialistes du Parlement européen ont voté en faveur de la directive Bolkestein "nouvelle mouture" qui libéralise une grande partie des services. Et, chez nous, il est bien plus facile de citer vingt mesures de cadeaux au patronat votées par le PS que d’en citer UNE SEULE qui limiterait la toute-puissance des sociétés multinationales comme VW.
Si le PS, le SP.a et les sommets syndicaux avaient réellement une stratégie pour conserver nos acquis sociaux, ils mettraient en avant une véritable lutte pour conserver l’emploi à VW au lieu de limiter la perspective à négocier un "plan social" un peu moins maigre que ce que souhaite la direction de l’entreprise.
Le petit jeu des politiciens n’a rien à voir avec la réalité. Sous des formes variées, tous les partis établis mènent bel et bien une même politique conservatrice. Ce qu’ils veulent, ce n’est pas "rénover" la société mais lui faire faire marche arrière. Pour eux, le "problème" en Belgique n’est pas la pauvreté croissante, le chômage massif et les fins de mois difficiles de tant de gens, mais le fait que le patronat n’a pas encore assez les mains libres pour détricoter la protection sociale que les travailleurs avaient réussi à conquérir au fil des ans et des luttes.
Ceux qui veulent une alternative vraiment progressiste pour les élections qui viennent, nous les invitons à construire avec nous le Comité pour une Autre Politique.
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Il faut un syndicalisme de combat. Ainsi qu’un véritable parti des travailleurs
Les politiciens préparent une nouvelle vague d’assainissements…
Le patronat a préparé une grande offensive depuis plusieurs mois. Il veut diminuer ses impôts, en finir avec les prépensions, nous faire travailler plus longtemps pour le même salaire et privatiser les services publics. Toute la panoplie de la propagande a tourné à plein régime pour préparer le terrain. Mais qu’apparaît-il à la fin de cette année politique? Les différents gouvernements n’ont pas réussi à faire avaler ce programme à la population. A la moindre menace d’actions ou de grèves, patrons et gouvernements battent en retraite. Cela démontre la force potentielle des travailleurs pour défendre leurs intérêts. Une force potentielle que le patronat s’efforce de rendre inoffensive. Par un flot continu de désinformation, de chantage et d’intimidation, par l’achat de "leaders" du mouvement ouvrier,…
Bart Vandersteene
Il faut donc s’attendre à une nouvelle offensive pendant l’été et à l’automne. Et celle-ci se prépare déjà dans les médias. Récemment, Alain Destexhe (MR), avait présenté un sombre diagnostic de la situation en Wallonie, relayé maintenant par les déclarations faites à la presse de plusieurs professeurs d’universités. Ainsi, l’on peut maintenant lire que le revenu moyen des Wallons est supérieur de 2% à la moyenne européenne, alors que la richesse produite par habitant est inférieure à cette moyenne de 22,7%. Solution esquissée ? Une plus grande flexibilité des horaires et une politique plus ferme pour remettre au travail les demandeurs d’emploi. Il est également proposé de diminuer plus encore les salaires wallons, pourtant déjà inférieurs de 4% aux salaires flamands, et ce afin de rendre la Wallonie plus attractive. Pour lutter contre la misère, on va donc l’accroître…
Ces propositions d’idéologues bourgeois sont bien entendu chaudement approuvées par le MR et le patronat, ce qui n’est que peu surprenant, mais le silence du PS à cette occasion est tout simplement scandaleux, et démontre, s’il le fallait encore, qu’entre le patronat et les travailleurs, le PS a clairement choisi le camp de l’égoïsme et de l’exploitation.
Les attaques se préparent aussi au Nord du pays. Le VLD et le Vlaams Belang, les plus chauds défenseurs des intérêts patronaux, accompagnés du SP.a et du CD&V, les deux partis flamands qui sont les plus liés au mouvement ouvrier, partagent cette logique selon laquelle le marché doit prendre plus d’importance dans tous les domaines. C’est soumettre la société tout entière à la soif de profits d’une petite minorité.
Face à ces futures attaques, plus que jamais, ce dont nous avons besoin, c’est d’un syndicalisme de combat qui argumente clairement vis-à-vis des membres et qui organise efficacement la lutte. Mais cela ne suffit pas. Il nous faut aussi un parti qui puisse relayer ces revendications sur le terrain politique. La discussion doit démarrer au sein des syndicats sur la question de savoir si on peut oui ou non continuer à soutenir indéfiniment des partis et des candidats qui agissent contre nos intérêts.