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Tag: Vladimir Poutine
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Action de solidarité contre les répressions en Russie
Lundi 27 janvier 2014 – 12h30 – Bruxelles – Rond-point Schuman
A la veille du lancement des Jeux Olympiques d’Hiver de Sotchi, déjà considérés par beaucoup comme des jeux de la honte, l’Union Européenne reçoit dans quelques jours la Russie dans le cadre d’un sommet bisannuel. La LCR (Ligue Communiste Révolutionnaire), les JAC (Jeunes Anticapitalistes), le PSL (Parti Socialiste de Lutte) et EGA (Etudiants de Gauche Actifs) appellent à manifester notre solidarité contre les répressions en Russie dans le cadre d’une action à l’initiative d’associations LGBTQI (1) et d’ONG belges et russes.
- Homophobie en Russie : INTERVIEW d’Igor, militant russe pour les droits des LGBT
- ‘‘Trans, pédés, gouines’’, organisons-nous contre l’homophobie
- Les droits des LGBT en ligne de mire en Russie et en France
- Action de solidarité contre la loi homophobe en Russie
- Russie : Nouvelles attaques contre la communauté LGBT
La Russie, un exemple de répressions
Le régime autoritaire de Vladimir Poutine est bien décidé à asseoir son pouvoir en menant une bataille ferme contre les opposants politiques et en instrumentalisant les minorités. Il a adopté dernièrement une série de lois répressives et liberticides.
La loi votée en 2012, relative aux « agents étrangers » dispose que toute organisation qui reçoit des fonds de l’étranger doit s’enregistrer en tant qu’« organisation remplissant les fonctions d’un agent étranger » si elle prend part à des « activités politiques ». Cette loi vise à étouffer et rendre illégales de nombreuses organisations politiques et ONG par le biais de lourdes amendes et procès. Par ailleurs, et malgré l’amnistie prononcée dernièrement à l’occasion des 20 ans de la Constitution, la plupart des personnes inculpées dans le cadre de « l’affaire du 6 mai » reste en prison, notamment les activistes de gauche Alexeï Gaskarov et Sergueï Oudalstov.
Les personnes LGBTQI et leurs alliés ne vivent plus en sécurité depuis que la Douma russe a voté plusieurs lois homophobes visant à « protéger les mineurs de la propagande homosexuelle » ! Les organisations qui luttent contre les discriminations envers les personnes LGBTQI sont devenues illégales, trainées en justice et reçoivent de lourdes amendes. Ces lois ont accru l’homophobie et on ne compte plus aujourd’hui les nombreuses agressions contre les personnes LGBTQI et leurs défenseurs.
Les populations migrantes, internes (Caucase du Nord) et externes (ex-républiques soviétiques principalement), sont elles aussi en danger. Elles ne sont plus seulement la cible d’attaques de la part de groupes d’extrême-droite mais doivent également aujourd’hui subir la colère du citoyen lambda désemparé, avec la complicité des autorités russes qui alimentent la machine xénophobe en instrumentalisant les travailleurs migrants à des fins politiques et électoralistes. Pendant ce temps, Poutine se paie des jeux olympiques d’hiver de luxe sur le compte du contribuable et à la sueur du front de milliers de ces travailleurs migrants surexploités. Avec les récentes attaques terroristes dans la ville de Volgograd, dont le régime de Poutine est le seul responsable du fait de sa gestion du conflit dans le Nord Caucase, le climat de suspicion et la « caucasophobie » ambiante risquent de s’aggraver. Et il y a fort à parier que les populations musulmanes du Caucase paieront le prix fort en termes de répression et de mesures sécuritaires…
Après une période de croissance économique dont la récente classe moyenne a pu bénéficier en voyant une partie de ses revenus augmenter, ce qui a eu pour effet de booster la consommation interne, les investissements et la croissance ralentissent. A la crise économique, Poutine utilise les mêmes recettes européennes : les travailleurs et leurs familles paient la facture. Des coupes budgétaires drastiques sont opérées dans les services publics, dans les soins de santé actuellement, pendant que le budget de la défense représente une très grosse part des dépenses publiques.
L’Union Européenne, un exemple éternel de démocratie réelle ?
Comme en Russie, l’Union Européenne, derrière son masque de démocratie, cache en fait un programme de casse sociale et de lois réactionnaires comme réponse à la crise. Les pays de l’Union européenne traitent de manière inhumaine les populations migrantes par des politiques de traques, d’enfermement et de déportation quand celles-ci n’ont pas péri noyées dans la Méditerranée. En Espagne, un projet de loi pour restreindre le droit des femmes à l’avortement est discuté dans les assemblées nationales. En Belgique, alors qu’il y a une grande pénurie d’offres d’emploi, le droit aux allocations de chômage a été fortement restreint. Les droits à la pension dans de nombreux pays on été eux aussi attaqués. Les salaires dans les services publics ont été diminués drastiquement dans les pays les plus touchés par la crise comme en Grèce, au Portugal, en Roumanie.
Dans ce contexte, on comprend qu’il ne soit pas question des droits des LGBTQI et des minorités ethniques, du bien-être des peuples de Russie et d’Europe ou encore de la liberté d’expression lors des sommets bisannuels UE-Russie. Ce dont il s’agit, c’est bien de conclure des accords économiques au profit des 1% les plus riches. La Russie et l’Union Européenne sont au moins d’accord sur un même point : faire payer la crise du capitalisme par les 99% de la population.
Il est temps de résister au recul de nos droits fondamentaux et à ces vagues d’austérité sociales. Manifestons notre solidarité envers tous ceux qui luttent en Russie et ailleurs POUR :
- la liberté politique et syndicale
- la libération des opposants politiques
- l’arrêt des déportations des sans-papiers
- le retrait immédiat des lois homophobes
- l’égalité des droits entre les hétéros et les LGBTQI
- le droit pour toutes les femmes de disposer de leur corps
- la cessation immédiate de tous les plans d’austérité
- des services publics gratuits et de qualité
- des emplois pour tous rémunérés à hauteur du coût réel de la vie
(1)Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres, Queers, Intersexes. Pour plus d’informations sur les personnes transgenres et intersexes, rendez-vous sur le site web de l’association « Genres Pluriels » : http://www.genrespluriels.be
(2)Ou affaire « bolotnoe », du nom de la place où, le 6 mai 2012, une manifestation qui s’inscrivait dans le cadre du mouvement démocratique né de la contestation des élections frauduleuses de décembre 2011 et mars 2012 dégénérait suite à une provocation de la police. Cet événement a servi de prétexte au régime pour lancer une série d’arrestations et de procès sous des accusations montées de toute pièce (telles que « violences à l’égard de policiers » et « activité antiétatique »), semant ainsi la peur au sein des opposants de tout bord et muselant le mouvement.
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Russie : Le Président Medvedev suspend la construction de l’autoroute de Khimki
La lutte doit continuer afin de sauver l’environnement et de défendre nos droits démocratiques !
Comme nous l’avons rapporté sur ce site, un de nos camarades dirigeants en Russie, Igor Yassine, ainsi que deux autres membres du CIO, ont brutalement été attaqués par des malfrats le samedi 7 août, après une action de protestation pacifique dans le centre de Moscou contre le projet de construction d’une nouvelle grand’route à travers la forêt de Khimki, qui fait partie de la ceinture verte autour de Moscou. C’est Vinci, une multinationale française, qui a obtenu le contrat pour ces travaux.
Ces trois membres du CIO ont subi des blessures, Igor s’en sortant avec une fracture du crâne. Il n’est sorti de l’hôpital qu’il y a quelques jours.
Jeudi passé, le Président russe Dmitry Medvedev a annoncé la ‘‘suspension’’ des travaux de cette route. Comme l’écrit Igor Yassine ci-dessous, cette décision a été prise pour toute une série de raisons dont la large opposition à cette route du fait des habitants et de militants. Les actions de protestation organisées internationalement par les membres et sympathisants du CIO à la suite des attaques brutales contre Igor, d’autres membres du CIO et d’autres militants environnementaux (piquets devant les ambassades russes, actions devant les bureaux de Vinci,…) ont sans nul doute également eu un effet sur les autorités russes, ce qui illustre l’importance de telles actions de solidarité.
Igor Yassine, CIO Moscou
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Pour en savoir plus:
- Appel à des protestations internationales contre la multinationale Vinci Construction
- Canicule et incendies en Russie, soif de profits et violence d’extrême-droite – Tract des Etudiants de Gauche Actifs
- Russie : NON à la répression ! Action de protestation à Bruxelles
- Russie : NON à la répression ! Action de protestation à Bruxelles – Reportage photos (1)
- Russie : NON à la répression ! Action de protestation à Bruxelles – Reportage photos (2)
- Protestations internationales contre la répression et les attaques néofascistes à Moscou – Israël, Allemagne, Suède, Hong Kong
- Grande-Bretagne : Les protestations contre la violence et la répression brutale en Russie continuent
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Jeudi soir passé, le Président russe Dmitry Medvedev a publié une annonce vidéo sur son blog dans laquelle il a annoncé la suspension de la construction de l’autoroute Moscou-Saint-Pétersbourg, qui devrait traverser la forêt de Khimki, jusqu’à ce qu’il y ait un ‘‘débat public et d’experts plus approfondi sur la question.’’ Cette annonce a suivi de peu la nouvelle sensationnelle que Russie Unie (Yedinaya Rossiya), le parti dirigeant en Russie, s’était adressé au Président pour lui demander de mettre un terme à la construction de la route.
Qu’est-ce que cela signifie pour la forêt, pour ceux qui se sont battus pour la protéger, pour le mouvement large de protestation et pour les autorités russes ?
Il ne fait aucun doute que la décision de Medvedev marque une retraite qui lui a été forcée par ceux qui ont activement mené campagne contre la destruction de cette partie de la ceinture verte de Moscou, si nécessaire. Bien entendu, ce succès a été facilité par la participation de musiciens et militants russes connus, mais le spectacle de Yourii Shevtchouk (un des rockers les plus célèbres de Russie) sur la place Pouchkine, ou son duo avec Bono n’aurait pas remporté un tel écho s’il n’y avait pas déjà eu un tel mécontentement dans la société auparavant. La retraite du gouvernement est notre victoire ; c’est une claire victoire par les résidents et pour les militants. (1)
A l’annonce d’une nouvelle si inattendue de la part des dirigeants du pays, la dirigeante des défenseurs de la forêt, Yevgueniya Tchirikova a déclaré à la presse qu’elle était si heureuse qu’elle allait maintenant voter pour le parti au pouvoir ou pour Medvedev lui-même. Il est toutefois bien trop tôt pour célébrer la victoire finale dans le combat pour sauver la forêt.
Au moment même où la suspension des travaux a été annoncée, il est devenu très clair que la pression sur les antifascistes et sur les adversaires du régime allait s’intensifier. Des dizaines de militants antifascistes ont été arrêtés pour être interrogés. Près de 260 jeunes ont été détenus par la police dans la ville de Zhoukov, non loin de Moscou, pour avoir tenté de participer à un concert antifasciste. A Moscou, Lev Ponomorev, un des plus célèbres défenseurs des droits de l’homme en Russie, a été arrêté lors du concert place Pouchkine et condamné à trois jours de prison. Son crime est d’avoir porté un drapeau russe le long d’une des principales artères de Moscou, alors que c’était justement le Jour du Drapeau (2) !
Deux jeunes antifascistes, Alekseï Gaskarov et Maksim Solovov, sont toujours détenus et font face à des accusations qui pourraient les voir emprisonnés pour plusieurs années. Ceci contraste fortement avec l’absence d’une réponse policière contre les malfrats qui ont attaqué le camp des opposants dans la forêt, ou après la violente attaque contre trois militants du CIO à Moscou quelques jours plus tard, malgré le fait que le directeur de la compagnie sous-traitante impliquée dans le chantier de la route a semblé admettre dans la presse russe qu’il avait bel et bien payé ces brutes.
Les dirigeants s’entrechoquent
Les zigzags du parti Russie Unie et la retraite du Président Medvedev sont un signe clair que les autorités au pouvoir ont du mal à faire tenir les choses ensemble, et s’inquiètent de leur baisse dans les sondages d’opinion. Quelques semaines plus tôt, la ‘‘Jeune Garde’’, un des groupes de jeunes sponsorisés par le Kremlin, a organisé un groupe en soutien à la nouvelle autoroute, et publié toute sortes de poisons au sujet des défenseurs de la forêt. Les ‘‘Nashi’’, un autre de ces groupes de jeunes, ont tenté d’organiser une action de provocation lors du concert à Moscou. Toutefois, la pression croissante de la base, la détermination des résidents et des militants, la récente vague de chaleur et de pollution et le caractère instable de l’économie russe ont tous contribué à convaincre des parties de l’élite russe qu’il lui fallait changer de ton.
Le maire de Moscou, Yourii Louzhkov, tente maintenant d’affirmer qu’il a toujours été opposé à la construction de cette route à travers la forêt, bien qu’il ait ordonné à la police d’agir contre les opposants. En outre, les experts en construction impliqués dans le choix de l’itinéraire pour cette route avaient reçu en 2006 une autre option qui passait à travers le district de Molzhaninov, au nord de Moscou. Mais cette dernière proposition a été rejetée parce que, selon la presse, ce projet mettait à mal les intérêts de l’entreprise Inteko, qui appartient à la femme de Louzhkov, Yelena Batourina. Il a été récemment rapporté que Batourina est maintenant la troisième femme la plus riche au monde, ayant utilisé sa position pour remporter d’énormes contacts de construction de la part de la ville de Moscou.
La chose la plus remarquable dans ce nouveau revirement est peut-être le fait qu’il semble que le grand ‘dirigeant national’ Vladimir Poutine n’était même pas au courant de ce qui était en train de se passer. Selon Dmitry Peskov, son attaché de presse, Poutine n’a pas été impliqué dans la prise de décision de suspendre le chantier. Qui plus est, Poutine a déclaré que s’il n’y avait pas de ‘base économique’ pour cette décision, elle tiendrait. La position de Poutine a été clarifiée plus tard : ‘‘Il est clair que la route doit être construite (…) Il est évident qu’il y a des problèmes majeurs de transport à Moscou et dans d’autres villes. La route entre Moscou et Saint-Pétersbourg est clairement nécessaire pour l’économie’’, a-t-il déclaré.
Le désaccord entre les deux chefs d’Etat autour d’une question aussi brûlante révèle qu’il y a des problèmes dans le camp dirigeant. Poutine a vu son propre parti, Russie Unie, faire appel par-dessus sa tête directement au Président, comme si Medvedev était une sorte de juge indépendant.
Une projet risqué
Il y a un autre aspect important dans tout ceci. Dans le climat actuel d’instabilité économique et avec la hausse des actions de protestations, il a été clair que les institutions financières internationales, y compris la Banque Européenne, n’ont pas été très enclines à investir dans ce qui est perçu comme un projet risqué. La campagne internationale de protestation qui a eu lieu lors des dernières semaines a aussi sapé le soutien qui existait pour la poursuite du chantier autoroutier. Dans une telle situation, les autorités n’avaient pas d’autre alternative que de demander une ‘pause’, de sorte que les passions puissent se calmer, jusqu’à ce que la position financière s’améliore.
Mais le fait que la décision de suspendre la construction ait été prise sans qu’un plein accord n’ait été obtenu à ce sujet parmi toutes les figures dirigeantes indique que les autorités ne sont plus capables d’empêcher que les discussions normalement limitées à leurs salons privés ne deviennent publiques. Ceci démontre, une fois encore, qu’au-delà des apparences, la machine d’Etat en Russie est en réalité plutôt faible, souffrant des coups non seulement des sources extérieures, mais aussi des disputes internes. Le colosse a des pieds pourris.
Les défenseurs de la forêt ont remporté une victoire le 26 août, mais nous ne devrions pas abandonner la lutte. Il y a déjà eu des décisions de suspendre ce chantier auparavant, mais lorsque la situation a changé, la construction a repris.
La forêt de Khimki a déjà beaucoup souffert, mais si le chantier se poursuit, l’existence de cette zone naturelle va complètement cesser. Si finalement il est décidé de faire passer la route par un itinéraire alternatif, les dégâts déjà perpétrés à la forêt de Khimki resteront pour tous un témoin de la corruption et de l’autoritarisme qui existe en Russie, et des liens entre les autorités et l’oligarchie capitaliste.
Ces six dernières semaines, les militants ont été traités avec de tels degrés de répression, de pression et de corruption par les bureaucrates et par les requins de la construction qu’il est difficile de croire que la décision de suspendre la construction changera quoi que ce soit pour eux.
Les feux de forêt de cet été en Russie ont démontré à quel point l’appareil d’Etat commence à s’effondrer ; le système forestier est en ruines, et même le Ministre des Situations d’Urgence tant applaudi a été incapable d’arrêter ces incendies, de sauver les gens et de minimiser les pertes. Par conséquent, le geste d’en haut concernant la forêt de Khimki ne va pas préserver la santé de l’environnement, ni assurer nos droits et nos libertés démocratiques. Afin de remporter ces deux objectifs, nous avons besoin de poursuivre la lutte.
La campagne de la forêt de Khimki est une partie importante de la lutte qui se développe. Mais la seule garantie d’une victoire dans cette lutte est de développer une opposition sur un front plus large, pour combattre la corruption, pour une véritable démocratie et de justes salaires et conditions de travail. Au lieu de simplement faire pression sur les autorités, il nous faut prendre les choses en nos propres mains, par l’auto-organisation et l’autogestion, le contrôle et la responsabilité à un niveau local, de sorte qu’une véritable économie planifiée puisse être développée, basée sur la propriété publique démocratique.
Ce n’est que par un changement de système complet que nous pouvons nous assurer que l’état de l’environnement sera décidé en fonction des intérêts de la majorité, et que nous pouvons sauvegarder pour les générations futures le droit à des forêts et à un air pur.
Notes :
- Deux week-ends plus tôt, l’opposition a organisé un concert sur la place Pouchkine, dans le centre de Moscou, auquel 2.000 personnes avaient participé, en guise de protestation contre le début des travaux de l’autoroute. Nonobstant les tentatives de la police d’empêcher le concert (des gens sur le chemin du concert ont été fouillés à la recherche d’instruments de musique !), il y avait trop de participants pour que cet événement puisse être interrompu. Le musicien Bono était en Russie à ce moment pour un concert de U2. Il a pris un avion spécial pour la station balnéaire de Sotchi sur la Mer Noire afin d’y rencontrer Medvedev. Les médias occidentaux ont rapporté que Bono a discuté de l’affaire de la forêt de Khimki avec Medvedev, mais il semble que Bono ait été si amical qu’il a plus tard avoué avoir oublié de soulever ce problème !
- Le Jour du Drapeau, célébré le 22 août, est une fête commémorant la défaite de la tentative de coup d’Etat par de vieux généraux staliniens en août 1992. A cette occasion, les dirigeants de l’opposition avaient décidé cette année d’organiser un meeting de rue autour d’un drapeau russe géant, censé représenter la ‘‘nouvelle démocratie russe’’ bafouée par Poutine et Medvedev. La police les a, comme à son habitude, arrêtés pour divers motifs administratifs quelconques.
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Kosova. Une indépendance sous la supervision de l’Europe. Un dangereux mirage ?
La déclaration d’indépendance provoque des divisions au sein de l’Union Européenne ainsi que de la violence aux frontières du Kosovo. Pendant que l’ethnie albanaise kosovare faisait la fête avec des feux d’artifice dans les rues de Pristina, la capitale du Kosovo, les nationalistes serbes irrités arrosaient de pierres l’ambassade américaine à Belgrade. Ces deux événements étaient des réactions suscitées par la déclaration d’indépendance vis-à-vis de la Serbie du parlement kosovare le 17 février dernier.
Article de Dave Carr, publié en anglais le 20 février.
Le Kosova (ou Kosovo, comme les Serbes l’appellent) est le septième Etat indépendant à être formé depuis la dissolution de l’ancienne fédération de Yougoslavie en 1991. Mais, bien que 90% des kosovares appartiennent à l’ethnie albanaise, il existe au Kosova une importante minorité serbe d’un peu plus de 5% de la population, principalement concentrée dans une enclave, au nord, et qui reste fermement opposée à la séparation de la Serbie.
Bien que la Serbie ait déclaré qu’elle ne lancerait pas une guerre pour empêcher la sécession, la violence ayant pour cible les troupes de l’OTAN de la part de certains membres de la minorité serbe peut s’intensifier dans l’enclave tout en menaçant de s’étendre à un conflit plus large dans la région.
Le 19 février, des Serbes masqués ont incendié des postes frontières qui séparent la Serbie du Kosova. Plus tard, les forces de l’OTAN ont fermé les routes menant aux points de contrôle des frontières.
En outre, le même jour, près d’un millier d’hommes – dont certains sont suspectés d’appartenir au ministère serbe de la police intérieure – ont parcouru le nord du Kosova, où la plupart des serbes kosovares vivent, augmentant ainsi la crainte que le nord soit divisé en deux le long de la rivière Ibar.
Depuis la guerre menée par l’OTAN contre la Serbie en 1999 (précédée de trois ans de guerre civile et de conflits ethniques entre le régime nationaliste serbe de Slobodan Milosevic et l’armée de libération du Kosova – UÇK – soutenue par la population albanaise, l’ethnie majoritaire), le Kosova a été administré par les Nations Unies, tandis que les troupes de l’OTAN maintiennent l’ordre.
Les entretiens finaux sur le statut du Kosova ont commencé en 2006, mais ils n’ont pas permis d’aboutir à un accord entre la Serbie et le Kosova, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France indiquant toutefois qu’ils reconnaitraient un Kosova indépendant. En novembre 2007, les élections parlementaires ont permis à Hashim Thaci, ancien commandant de l’UÇK, de devenir premier ministre, suivi, trois mois plus tard, par la déclaration d’indépendance coordonnée par les puissances occidentales.
Mais la déclaration d’indépendance a des répercussions politiques, non seulement en Serbie – dont le gouvernement a appelé à un rassemblement de masse pour protester tout en menaçant d’appliquer des sanctions économiques et diplomatiques – mais également dans le monde entier.
La Russie et la Chine se sont énergiquement opposées à l’indépendance kosovare. La Russie a même essayé, sans succès, de faire voter par le Conseil de sécurité de l’ONU une résolution affirmant que la déclaration d’indépendance du Kosova est « nulle et vide ».
La Russie a des liens historiques avec la Serbie et veut éviter de voir une nouvelle érosion de son influence déjà amoindrie dans les Balkans, surtout pour un Etat pro-américain. Elle craint également que la déclaration d’indépendance du Kosova puisse représenter un précédent pour les mouvements sécessionnistes de certains territoires de la Fédération russe.
La Russie a tout particulièrement peur que le Kosova stimule les séparatistes de Tchétchénie, contre lesquels la Russie a mené deux guerres sanglantes.
Le Président russe Vladimir Poutine a notamment menacé, en représailles, de reconnaitre les régions dissidentes de la pro-occidentale Géorgie : l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, soutenues par la Russie. Il est également possible que les Serbes de l’ancienne République yougoslave de Bosnie-Herzégovine puissent réclamer un référendum sur l’option séparatiste.
L’Union européenne, qui envoie 2.000 policiers et fonctionnaires administratifs pour surveiller la transition du Kosova vers l’indépendance, est divisée au sujet de la reconnaissance : la Chypre, la Grèce, la Roumanie, la Slovaquie et l’Espagne s’y sont opposés, déclarant que cela stimulerait les mouvements séparatistes.
Cependant, avec le chômage et la pauvreté de masse qui sévit au Kosova, les puissances impérialistes occidentales craignent que, sans accorder une certaine indépendance, une révolte ou une guerre civile ne se développe contre le contrôle du pays par l’étranger. Elles préfèrent donc donner plus de pouvoir à leurs vassaux de l’élite politique du Kosova tout en gardant dans leurs mains le contrôle final. Le « nouveau Kosova » n’est pas un véritable Etat souverain indépendant, mais un « semi-protectorat » des puissances occidentales.
L’Union Européenne va diriger le territoire tel l’Occident l’a déjà fait, tout comme pour la Bosnie, au cours de ces 10 dernières années, y compris en donnant un pouvoir gigantesque à « Bureau Civil International » qui aura le pouvoir d’abroger des lois et de démettre des fonctionnaires kosovares (Guardian, Londres, 20 février 2008). Le Kosova est d’une importance géostratégique essentielle pour l’impérialisme, en particulier dans le cadre de l’opposition face à la Russie. Les Etats-Unis ont déjà une importante base militaire dans le territoire.
L’Alternative socialiste
Sur base capitaliste, le sous-développement du Kosova, l’exploitation et la domination par des sociétés multinationales et des élites albanaises corrompues, l’extrême pauvreté et le chômage ne peuvent être surmontés. Un Kosova capitaliste indépendant ne pourrait développer ni une industrie nationale forte, ni une réelle démocratie, ni une vraie indépendance.
Pour que le Kosova puisse devenir démocratique et économiquement viable, une transformation socialiste de la société est nécessaire, basée sur la propriété publique des secteurs primordiaux de l’économie sous le contrôle et la gestion des travailleurs. Une planification économique démocratique serait également nécessaire afin de satisfaire les besoins de la société.
Un Kosova socialiste indépendant garantirait tous les droits, notamment linguistiques et culturels, des minorités. Cela peut également impliquer l’autonomie pour la minorité serbe, si celle-ci le réclame.
C’est seulement sur cette base que les craintes des minorités d’être opprimées dans un Kosova indépendant à dominance albanaise peuvent être surmontées et qu’une vraie unité puisse être réalisée.
Ce serait un signal clair aux classes ouvrières des autres pays des Balkans qu’un Kosova socialiste indépendant veut surmonter le nationalisme dans cette région et cherche la coopération des peuples des Balkans.
Un appel devrait être lancé aux masses des travailleurs et des paysans des populations de l’ex-Yougoslavie et de l’Albanie pour emprunter un chemin socialiste et pour mettre sur pied une fédération volontaire, démocratique et socialiste des pays des Balkans.
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La Russie de Poutine fait couler du sang homosexuel
"Pédés, pervers!" "Renvoyez les tapettes dans les camps de concentration"… Voilà les cris qui ont déchaîné Moscou lors du 14ème anniversaire de la dépénalisation de l’homosexualité en Russie. Rien (ou presque) ne laissait présager que ce dimanche d’apparence ordinaire serait marqué par des violences homophobes dans la capitale ni que les visages en sang des rescapés homosexuels allaient horrifier l’Europe toute entière à la veille du sommet du G8 en Allemagne.
Tout remonte à l’année dernière, au moment où des centaines de militants LGBT (lesbiennes, gays, bi’s, trans-genres ou hétéros) se sont rassemblés à Moscou pour la première Gay Pride russe. Cette manifestation avait été interdite. Devant la ténacité des homos à faire valoir leurs droits, celle-ci a quand même eu lieu, mais fût violement réprimée (un article de notre Internationale publié sur ce site relate ces évènements).
Aujourd’hui, les plaies ayant cicatrisé, les homos ont décidé de revenir à la charge. Au programme cette année, manifester devant le bureau du maire de la ville et lui remettre une pétition pour protester contre l’interdiction de la Moscow Pride 2007.
Evidemment, les déclarations des politiciens et des religieux ne se sont pas faites attendre. Le mufti suprême de la région de Talgat Tajuddin a également déclaré: "S’ils vont dans la rue, il faudra les frapper. Tous les gens normaux le feront, qu’ils soient musulmans ou orthodoxes." Il a ajouté que le Prophète Mahomet a ordonné de tuer les homosexuels, car "leur comportement conduirait à la fin de l’espèce humaine". Selon l’évêque orthodoxe Daniel Yuzhno-Sakhalinsk, cette marche n’est qu’une "plaisanterie cynique", il a comparé l’homosexualité à la lèpre et a mis en garde la population contre "la propagande du vice".
Lors de la première Gay Pride, un député nationaliste criait fièrement: "J’ai une solution pour les homos: la Sibérie!". Depuis l’an dernier déjà, le maire de Moscou, Iouri Loujkov, affirme que toute tentative pour organiser une Gay Pride (qu’il qualifie d’"acte satanique" sic!) serait "résolument écrasée". Issu de la droite dure, Igor Artioumov a tenté de légitimer sa récente attaque contre une boîte homo de Moscou en déclarant: "Je proteste contre ces sodomites qui rampent comme des cafards!". Le président russe a lui même sous-entendu lors de sa conférence de presse annuelle que "les homosexuels nuisent à la cause nationale en ne participant pas au renouvellement des générations" etc.
Les organisateurs de la Gay Pride avaient quant à eux invité les journalistes internationaux, des VIP’s et plusieurs députés d’Angleterre, de Belgique, de France, des Pays-Bas, d’Italie, du Brésil et du Parlement européen, croyant naïvement que leur présence empêcherait que le mouvement soit à nouveau réprimé.
Mais rien à faire, la Russie de Poutine se la joue dure. Comme en 2006, la disproportion entre le dispositif policier et le petit nombre de manifestants était évidente.
La presse de droite colporta si bien les menaces homophobes que le rassemblement dégénéra en une véritable chasse aux homosexuels. Des néo-fascistes ont rué de coups les manifestants aux cris de "morts aux homosexuels". A chaque fois, les policiers ont tardé à intervenir. Le député européen Marco Cappato a été agressé par un groupe de néo-nazis alors qu’il parlait à des journalistes. "Que fait la police? Pourquoi ne nous protégez-vous pas?", a-t-il lancé aux policiers qui l’ont ensuite arreté malgrè son immunité parlementaire puis placé dans le même camion que plusieurs militants d’extrême droite.
En Russie, le climat anti-gay a en effet donné confiance aux fascistes pour entrer en jeu et laisser sortir toute leur haine, sans scrupule. Un groupe de jeunes hommes solidement bâtis se sont présentés équipés de masques chirurgicaux, destinés selon leurs termes à les protéger de la "maladie homosexuelle". D’autres, brandissant fièrement des photos d’Hitler, faisaient le salut nazi en beuglant "nous sommes pour un véritable amour (sic!)". Un homme muni d’un crucifix "venu aider les policiers" a menacé de s’en servir pour frapper tout homosexuel qui croiserait son chemin.
En plus de recevoir des coups, les homosexuels qui défendaient leurs droits ont été arreté manu militari, jetés dans un camion de la police et emmené sous les yeux de dizaines de journalistes. Plusieurs fachos ont également été interpellés (puis immédiatement relachés) pour avoir frappés des homos ou des députés. La lenteur de l’intervention des policiers leur laissait cependant tout l’espace pour asséner plusieurs coups rapportent les témoins. Selon Scott Long, un militant de Human Rights Watch, ONG de défense des droits de l’homme: "La police n’a pas vraiment essayé de séparer les deux camps et, par conséquent, des gens ont été passés à tabac. Je conseillerais aux autorités russes de protéger la liberté de rassemblement et la liberté d’expression, et de protéger les manifestants."
"Nous défendons simplement nos droits" a déclaré un jeune homosexuel qui saignait du nez après avoir reçu un puissant coup de poing au visage par un homme hurlant "les homos sont des pervers". "C’est atroce, mais cela ne me fait pas peur. C’est un endroit assez effrayant, un pays assez effrayant pour les homosexuels. Mais nous persisterons jusqu’à ce qu’ils nous permettent d’exercer nos droits", a-t-il ajouté.
"Il faut que nous nous battions pour faire valoir nos droits!" insistait Lena, toute jeune lesbienne qui avec un groupe de copines aura tenu plusieurs minutes face à des néo-nazis qui les couvraient d’insultes. "Vous êtes des animaux!", "Sales putes!" leur lançaient les crânes rasés, bavant de rage. "C’est plutôt vous les animaux!" répondaient bravement les filles. Cette scène-là s’est achevée par des crachats et quelques coups de pieds dans le dos quand elles ont finalement battu en retraite. "Mais nous reviendrons l’année prochaine, et jusqu’à ce qu’on puisse enfin s’affirmer homo en Russie !" assuraient-elles au journal français LIBERATION.
Les deux chanteuses russes du groupe TATU qui ont bâti leur célébrité en s’affichant lesbiennes étaient également présentes à la manifestation, assaillies tant par les néofascistes que par les journalistes, celles-ci ont rapidement dû fuir la mêlée. Quelque secondes après son arrivée, le leader du mouvement gay, Nikolaï Alexeïev, a été "emmené sans explication" dans un poste de police du centre de Moscou.
Un député Vert allemand, Volker Beck, déjà roué de coups lors de la première Gay Pride l’an dernier, a de nouveau été battu par des néo-nazis puis interpellé par la police. Une fois libéré, il a déclaré à la presse avoir été ensuite roué de coups par les policiers. Le député allemand a ajouté que lui et ses compagnons d’infortune s’étaient fait confisquer leur passeport au cours de leur détention. La présidente de son parti a exigé que la chancelière Angela Merkel évoque la question des droits de l’homme avec le président russe lors du sommet du G8 prévu le mois prochain en Allemagne.
Un célèbre défenseur britanique des homosexuels, Peter Tatchell, à été jeté au sol et frappé à deux reprises. Quand il s’est relevé, couvert de sang, il a été frappé une nouvelle fois à l’oeil et embarqué par deux policiers anti-émeutes qui n’étaient visiblement pas génés par les caméras filmant la scène.
Des nationalistes ont lancé des oeufs sur une député transexuelle de Rifondazione Comunista, Vladimir Luxuria, qui, tremblante, déclarait après coup: "Dès mon retour, je vais faire pression sur notre parlement pour que le président italien évoque ce grave incident avec Vladimir Poutine lors de sa prochaine visite. Malheureusement Nikolaï Alexeïev (le leader du mouvement) restera cette nuit au poste de police et il y aura un procès lundi car il est accusé d’avoir résisté à la police".
Cependant, ces réactions homophobes ne reflètent pas forcément l’opinion publique car, selon un sondage récent, 51% des russes pensent que les gays et les lesbiennes devraient avoir les même droits que les autres. Mais il est clair que les déclarations politiques ou autres propagent la haine et la violence dans le pays tout entier. Poutine est d’ailleurs arrivé au pouvoir en attisant la haine et les divisions dans son pays (Tchétchénie, terreur, assassinats politiques, magouilles financières…). Le sommet du G8 nous a montré que sa doctrine était: "diviser pour mieux régner". Tenter de faire pression sur la Russie à cette occasion n’est pas sérieux.
Que faire, alors?
Nous devons bien sûr nous organiser pour combattre le racisme sous toutes ses formes. Pour changer la donne, nous devons dépasser le chacun pour soi et rester unis: homos et hétéros, hommes et femmes, travailleurs et chômeurs, flamands et francophones, belges et immigrés… mais ce n’est qu’un début.
Aucun changement radical n’est possible tant que nos vies seront dirigées par des puissances économiques, comme le G8. Notre rôle en tant que socialistes est de prouver que c’est seulement en combattant le système capitaliste, ainsi que toutes les pourritures toxiques qui émannent de lui et en mettant sur pied une nouvelle société basée cette fois sur la solidarité et l’égalité -une société socialiste-, que ces problèmes seront réglés une fois pour toutes.
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Russie: L’héritage de Eltsine – capitalisme « sauvage » à travers l’ancienne URSS
Les masses travailleuses appauvries de l’ex-Union Soviétique assistent, écoeurées, à la floraison d’éloges pour Boris Eltsine, l’ancien président de la Russie, après son arrêt cardiaque le lundi 23 avril.
Clare Doyle, Comité pour une Internationale Ouvrière, internationale à laquelle est affilié le MAS/LSP
« Je me suis plus senti d’humeur à la célébration qu’à la tristesse à l’annonce de sa mort » a commenté un travailleur russe, victime d’une des premières privatisations de Eltsine. « Son règne s’est avéré être un cauchemar pour nous. Mais alors, je me suis rappelé que Poutine est toujours là à tenir le fouet. J’ai décidé que rendre aux travailleurs leur confiance dans la lutte pour les idées socialistes était bien plus important! ».
Nombreux sont ceux qui, à travers le monde, se rappelleront les moments plus légers de la présidence de Eltsine, quand il chancellerait ou parlait de manière incompréhensible devant les médias du monde, clairement sous l’influence de l’alcool. Mais cet homme, maintenant crédité d’avoir apporté la « démocratie et la liberté » en Russie et dans l’ex-Union Soviétique, était à peine moins qu’un dictateur.
Le démocrate envoie les tanks
Eltsine a connu la popularité durant les années Gorbatchev en semblant être le fer de lance du combat contre la règle du parti unique et ensuite contre la tentative de coup d’Etat des généraux de 1991. Cependant, près de deux ans plus tard, il envoyait les tanks contre le même bâtiment du parlement qu’il avait précédemment défendu des généraux et, une année après, il a envoyé l’armée dans la république de Tchétchénie pour écraser le mouvement contre l’oppression nationale de Moscou.
La clique de Eltsine, une fois la politique de privatisation rapides à outrance adoptée, a lutté impitoyablement contre n’importe quelle contestation de leur contrôle basé sur la corruption, qu’elle émane de bandes de voleurs rivales ou de la classe ouvrière qui essayait de contre-attaquer face à l’offensive contre leur niveau de vie. C’est pourquoi Eltsine reçoit une floppée d’éloges de la part des dirigeants capitalistes occidentaux ou des olligarques milliardaires, qui tous n’accordent que peu d’importance à ses méthodes brutales.
Sa présidence a été un cambriolage visible de tous contre la masse de la population dans la prétendue « transition vers le marché ». L’économie s’est effondrée de 50% en deux ans tandis que quelques uns des ex-membres bien-placés du « Parti Communiste », comme lui-même d’ailleurs, ont effectué le plus grand détournement d’argent de l’histoire.
La politique des bons
Des bons ont été distribués à chacun, leur donnant une « part » de l’entreprise dans laquelle ils travaillaient. Puis, en raison de la pauvreté désespérante provoquée par la montée en flèche des prix des nécessaités de base et également par manque de conviction sur ce que représentaient ces bons, la plupart des travailleurs ont vendu leurs bons à des « agents » qui, aux stations de métro ou aux coins des rues, leur offraient de l’argent comptant. Ces « agents » – parmi lesquels bon nombre de pensionnés et de jeunes sans emploi frappés par la pauvreté – travaillaient pour les futurs oligarques qui ont de cette façon assuré qu’ils obtenaient ainsi la part du lion des actifs publics les plus lucratifs.
A l ‘époque, « Démocratie Ouvrière », le journal du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) en Russie, déclarait en première page: « La politique des bons est vol! ». Nous avions expliqué le processus qui avait commencé en Union Soviétique au temps où l’économie a commencé à stagner sous la gestion pitoyable – aveugle et faite de gaspillages – d’une bureaucratie forte de 20 millions de membres. Alors que Gorbatchev pataugeait à la fin des années ‘80 dans sa recherche d’une façon de maintenir les privilèges de cette caste parasitaire face à la stagnation, ses « reformes » avaient commencé à réveiller les mouvements de masse des mineurs et d’autres travailleurs.
Cependant, les crimes de Staline, particulièrement la répression sanglante des véritables traditions d’Octobre 1917 vers la fin des années ‘20 et durant les années 30, ainsi que le train de vie luxueux des suzerains « communistes », ont mené les travailleurs des années ‘80 à regarder à l’ouest en quête d’alternative. Eltsine a exploité ce sentiment pour pousser en avant ses pions et réaliser ses objectifs.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière a plaidé énergiquement pour une « révolution politique » capable de restaurer, après des décennies de totalitarisme, la démocratie ouvrière – pour fournir en fait l’oxygène nécessaire dans une économie d’Etat planifiée. Nous avons averti maintes et maintes fois que la restauration du capitalisme dans « l’Union Soviétique » ne mènerait pas les travailleurs à connaître les conditions de vie moyennes des Etats-Unis ou de la Suède, mais plutôt aux conditions de vie latino-américaines : chômage, hyper-inflation et dictature.
Tragiquement, avec avec l’arrivée au pouvoir du « démocrate » Eltsine et l’effondrement de l’URSS à la fin de l’année 1991, les travailleurs de cette vaste région, qui souffraient depuis longtemps déjà, ont connu les trois ! La voix de ceux qui plaidaient pour une action indépendante de la classe ouvrière – contre Eltsine aussi bien que contre les généraux – était petite. Nous avons pris position contre l’ancien régime du parti unique et contre l’introduction du capitalisme par Eltsine. Nous nous sommes également opposés à l’interdiction de n’importe quel parti, excepté à caractère fasciste. Eltsine a proscrit le Parti « Communiste » – le parti des vieux dirigeants de l’URSS – mais était tout à fait disposé à permettre l’émergence d’une nouvelle version bien plus nationaliste et réellement pro-capitaliste.
Hommages
Parmi les hommages à Eltsine dans les premières heures qui ont suivi sa mort, celui du dirigeant du parti qu’il a interdit en 1991 était particulièrement aigre. Gennady Zyuganov du PCFR (Parti Communiste de la Fédération de Russie) a dit que par respect à son enseignement russe orthodoxe (!), il s’abstiendrait de beaucoup de commentaires si ce n’était un rappel de la tentative de destituer Eltsine à cause de l’amertume et des difficultés qu’il a causé à des millions de personnes. L’homme contre qui Eltsine avait envoyé ses tanks en 1993, Alexandre Rutskoi, parle de façon plus sucrée, en maintenant qu’on se rappellera de Eltsine pour avoir « donné la liberté aux gens » et avoir « établit la justice historique » !
L’oligarque en exil en Grande-Bretagne Boris Berezovsky y est aussi allé de ses commentaires. Pour lui, la mort de Eltsine à 76 ans est une « tragédie épouvantable » ! Berezovsky était un membre dirigeant de la « famille » Eltsine et a notamment aidé à transférer le pouvoir à son successeur désigné, Vladimir Poutine (avec qui, ironiquement, il est entre-temps à couteaux tirés). Eltsine avait l’espoir que sa démission et sa succession fin du millénaire passé soit honorable. Mais la succession s’est immédiatement fait remarquée par le lancement par Poutine de la deuxième guerre de Tchétchènie afin de gagner les élections présidentielles et de réduire à zéro les quelques droits démocratiques qui avaient été octroyés sous la pression des mouvements de masse du début des années ’90.
Des paroles sucrées des dirigeants occidentaux sur la mort de Boris Yeltsin sont aussi à prévoir. Les difficultés causées aux dizaines de millions de travailleurs et de pauvres de l’anciennne « Union Soviétique » par la « thérapie de choc » de l’ère Eltsine ne compte pour rien aux yeux de ceux qui voient surtout la victoire du capitalisme sur la planification d’Etat et la propriété publique.
Nonante années sont passées depuis les héroïques batailles des ouvriers et des paysans pauvres en Russie contre la tyrannie des tsars et contre le capitalisme lui-même. Mais Boris Eltsine n’a pas réussi à enterrer les véritables idées du socialisme et du communisme. Au contraire, l’expérience amère des masses de la population sous ses lois et celles du « capitalisme sauvage » (cruel et chaotique) qui a continué après lui, apporte auprès de plus en plus de personnes dans l’ancienne « Union Soviétique » et ailleurs la compréhension de nécessité urgente de rétablir ces idées et de les mettre en application entièrement !