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  • ELECTIONS 2009: recherche de stabilité et peur d’un bain de sang social

    Ce texte a pour objectif de mettre en lumière les processus sous-jacents qui ont conduit aux résultats électoraux des élections de 2009 en Belgique. Ce texte ne développe pas réellement les développements de la situation économique, mais nous devons être bien conscients que la crise économique est à la base de ces résultats. Une crise économique se développe en différentes étapes, il en va de même pour ses répercussions sur la conscience. De plus, la phase actuelle de la crise a des conséquences différentes pour les diverses couches de la population, ce qui produit également des réactions différentes.

    Texte du Comité National du PSL/LSP du 13 juin 2009

    Il n’y a pas, non plus d’espace dans ce texte pour une véritable évaluation des résultats électoraux pour le reste de l’UE. Le Comité pour une Internationale Ouvrière a publié une première réaction sous la forme de l’article de Robert Bechert, à lire sur le site du PSL (voir ici). Dans les jours et semaines à venir arriveront des analyses plus profondes des différentes sections. Ici, seuls quelques éléments généraux de l’analyse sont cités, ceux qui servent également à l’analyse des résultats électoraux en Belgique.

    Différents processus se croisent

    Pour le moment, la crise économique continue à s’approfondir, bien que certains commentateurs (de la FEB entre autres) mettent actuellement en avant, de façon prudente, l’idée que le «fond» de la crise serait atteint pendant ou après cet été. Ils ajoutent néanmoins de suite qu’il n’y aura pas d’amélioration rapide du marché du travail et que le chômage va continuer à grimper. La Banque Nationale s’attend à la suppression de 140.000 emplois entre fin 2008 et fin 2010. Combiné à la croissance prévue de la population active de 60.000 personnes (avec notamment deux années de jeunes quittant l’enseignement), cela signifie 200.000 chômeurs en plus. La FEB suit également cette analyse car elle ne s’attend pas une montée rapide du niveau d’investissement. De plus, aucun des optimistes n’attend de relance rapide de l’économie, mais seulement une sortie du rouge.

    Chaque mois arrive un nombre record de faillites. La petite bourgeoisie, mais aussi toute une série de PME’s – qui travaillent surtout comme sous-traitants pour des multinationales et d’autres grandes entreprises – sont fortement touchées par la crise. Le nombre de pertes d’emplois continue à monter et l’angoisse est profonde pour l’avenir d’entreprises comme Opel à Anvers. Quand on regarde les conséquences sur la région qu’a eu la fermeture de Boelwerf à Tamise (1994), conséquences qui perdurent encore aujourd’hui, nous savons déjà quels drames sont provoqués par ce type de fermetures. La direction syndicale ne met aucune stratégie en avant, aucun plan, pour éviter ce à quoi la plupart des travailleurs s’attendent maintenant: des licenciements massifs, une montée du chômage et de la pauvreté,… en d’autres termes; un appauvrissement collectif alors que l’austérité d’Etat supprime encore plus de services et d’interventions sociales.

    La presse bourgeoise parle déjà depuis des mois de l’impasse dans laquelle se trouvent les partis sociaux-démocrates en Europe. «Ils devraient toutefois pouvoir profiter de la crise», ont dit les journalistes dans leur pensée mécanique, quelques uns ont même dit que comme cela ne se produisait pas, c’était la preuve de la faillite de Marx (entre autre Frank Vandenbroucke!) Les marxistes ont toutefois une vision plus développée à ce sujet. Ils apprennent de l’histoire que les crises peuvent aussi avoir un effet paralysant sur la classe ouvrière et qu’il est possible que les travailleurs se réactive massivement seulement aux premiers signes de relance économique. Aujourd’hui, le mot paralysie est une expression trop forte, mais il y a néanmoins un élément de cela renforcé par la démotivation consciemment organisée par la direction syndicale.

    Mais les grandes claques reçues par la social-démocratie dans différents pays européens dans ces élections n’ont, en soi, rien à voir avec cela. Ces claques sont arrivées dans les pays où les partis sociaux-démocrates bourgeoisifiés ont été les architectes d’un grand nombre d’attaques contre le mouvement ouvrier au cours des dix dernières années. Le fait de gérer le capitalisme, dans une période de détérioration systématique des conditions de vie de la classe ouvrière depuis le début de la période de dépression en 1974, a de plus en plus vidé ces partis. Le Labour en Grande-Bretagne, le SPD en Allemagne, le PvdA aux Pays-Bas,… sont, tout comme le SP.a en Flandre, sanctionnés pour leur politique. Il reste à peine de quoi se souvenir encore des partis ouvriers qu’ils ont été jadis. Certains partis sociaux-démocrates échappent à une telle punition brutale dont le PSOE en Espagne et le PS en Belgique francophone.

    Dans un certain nombre de pays, la crise s’exprime dans un vote de protestation élevé, le plus souvent sous la forme de votes pour des formations populistes de droite, plus ou moins euro-sceptiques, comme l’expriment la montée de Wilders aux Pays-Bas ou celle de l’UKIP en Grande-Bretagne. Ces formations récoltent un pourcentage de voix plus important que la social-démocratie. Là où ils l’ont pu, ces populistes ont utilisé le large mécontentement qui existe contre l’Europe. Cela n’est en soi pas un nouveau phénomène: depuis le milieu des années ’80 déjà, nous observons la montée de partis (souvent néo-fascistes) qui se servent du populisme et qui se construisent sur le mécontentement social en se basant sur la dégradation générale du standard de vie et des conditions de travail – notamment des salaires, de la pression au travail,… – qui se poursuit systématiquement, y compris en période de croissance économique.

    Aujourd’hui, la palette des partis populistes est plus variée qu’il y a vingt ans. Ce sont toutes des formations petite-bourgeoises qui vivent du vide créé par la disparition des partis ouvriers en tant qu’organisations ouvrières. Le manque de luttes collectives qui stimulent la conscience de classe et qui peuvent offrir de véritables perspectives conduit à la recherche de solutions individuelles ainsi qu’à des éléments de division qui semblent d’autant plus importants que la division de la société en classes a disparu de la scène politique. Dans certains pays, les partis d’extrême-droite et néofascistes ont eu à faire face à une perte de voix comme en Flandre (le FN en France n’est également plus que l’ombre de ce qu’il a été à son sommet). Le Vlaams Belang a perdu des votes car les populistes plus «modérés» ont commencé à viser son électorat. Ces formations n’ont pas l’étiquette du fascisme et d’un racisme «indécent» et ont, à première vue, plus de chance d’être un jour réellement présentes au pouvoir. Pour la même raison, il a perdu une partie de ses votes flamingants au profit de la NVA.

    Mais cela ne doit pas nous tromper. Il est probable que le Vlaams Belang ne chute pas plus profondément. Des trois partis de la petite-bourgeoisie de droite, le Vlaams Belang est celui qui a les structures les plus fortes, le cadre le plus grand et l’implantation la plus large. Des partis comme la LDD, qui dépendent d’un dirigeant charismatique, peuvent disparaître aussi rapidement qu’ils sont arrivés comme la LPF l’a démontré aux Pays-Bas (mais la base sous-jacente à leur montée peut conduire ensuite à ce que de nouveaux phénomènes semblables arrivent). Et des partis flamingants comme la NVA ont dans le passé souvent été mis hors jeu suite à leur participation au pouvoir, quand ils se brulent les ailes avec des compromis.

    Une autre tendance importante de ces élections européennes est la victoire de partis conservateurs de centre-droit ou de droite qui sont, avec plus ou moins d’écart, redevenus les plus grands: les Tories en Grande-Bretagne, le CDU/CSU en Allemagne, l’UMP en France, le PP en Espagne, Berlusconi en Italie, le CD&V en Flandre. L’insécurité créée par la crise peut mener à la polarisation et à l’éparpillement politique (cela se développe presque partout) mais peut également pousser certaines couches de la population (y compris dans une partie de la classe ouvrière) à un désir de stabilité, de vieilles recettes, de politiciens de qui «émane la confiance». Il y a une peur des «aventures» qui se développe maintenant que les choses ne vont pas bien. Ce n’est qu’une phase, vu que ces partis n’ont pas de réponse à offrir face à la crise si ce n’est, au mieux, un accompagnement de la dégradation sociale. Mais la profondeur de la crise a comme conséquence de limiter les moyens pour un tel «accompagnement». Une fois que cela se clarifiera aux yeux de larges couches, le centre politique recommencera à se déplacer.

    Cette tendance a sans doute aussi fait des dégâts parmi les formations et les listes de gauche dans différents pays. Aussi bien en Allemagne qu’aux Pays-Bas, Die Linke et le SP ont fait des scores en-dessous des attentes. En nombre de voix, le SP se fait même dépasser par la formation de «gauche modérée» Groen-Links. En France, la percée attendue du NPA ne s’est pas produite, le NPA obtenant moins de votes que le Front de Gauche (autour le PC) et aucun élu. En Italie, où les dernières élections nationales ont mis fin à la présence conséquente de la gauche radicale au parlement depuis la Deuxième Guerre Mondiale, il n’y a cette fois-ci non plus pas eu d’élu pour la gauche radicale au Parlement Européen. A côté de cet élément objectif, il y a aussi dans ce processus des éléments subjectifs forts sur lesquels on ne peut pas s’étendre dans ce texte. L’élection de Joe Higgins en République Irlandaise – frappée par le développement rapide d’une crise économique profonde après une longue période de croissance élevée – montre qu’un parti de lutte réellement impliqué dans la directions de luttes et de mouvement de la classe ouvrière, armé d’un programme correct et socialiste conséquent, avec des revendications et des campagnes qui rejoignent la conscience et qui met une perspective en avant,… peut obtenir des victoires dans une période de crise.

    En Belgique, la bourgeoisie reçoit un puzzle compliqué

    En Flandre

    La première réaction de la presse – remarquablement unanime dans les différentes parties du pays – était claire: «La Flandre a voté flamand et à droite». Ce discours a un air de déjà-vu: cela semble être une réédition des dernières élections fédérales de 2007. Le PSL/LSP y a déjà répondu à l’époque. Tout comme en 2007 les sondages à la sortie des urnes et autres recherches sur les élections montrent que la question communautaire n’est pas vue comme un thème important par les électeurs (selon une recherche inter-universitaire faite pendant la campagne, il semble que seulement moins de 10% des électeurs flamands choisissent leur vote pour des raisons communautaires). Tout comme en 2007, ce thème était à peine présent et même encore moins durant la campagne proprement dite. Le CD&V a obtenu sa victoire en 2007 avec son image de «bon père de famille» dans un moment de recherche de stabilité et de repos après une coalition violette agitée. Il avait notamment convaincu sa base CSC avec des promesses de 2 milliards d’investissements en plus dans la politique sociale, avec une rhétorique qui tournait autour des soins de santé, de l’aide aux familles, etc. Le CD&V, aidé par son passage dans l’opposition, a beaucoup moins un profil néolibéral que les partis libéraux. Il se profile plus sur la «vieille» politique de conciliation de classes qui était dominante dans la période de croissance des années ’50-’75. Bien que ses liens avec le mouvement ouvrier chrétien soient devenus bien plus faibles et que ce dernier opère de manière indépendante beaucoup plus que par le passée, l’absence d’un vrai parti ouvrier (et donc avec la bourgeoisification de la social-démocratie) défendant réellement les intérêts de la classe ouvrière a pour conséquence que ces liens ne sont pas réellement cassés. La victoire du CD&V ne représente pas dans le paysage politique actuel un vote à droite, mais bien un vote pour un parti qui se profile au centre et lance un message «social».

    Vu l’attitude “réaliste” et plus modérée prise par le CD&V au sujet de la question communautaire, sa volonté publique d’arriver à un accord par les négociations, il est difficile de prétendre que le vote pour le CD&V ait pu être attirant pour les flamingants les plus durs. Dans ces élections, le vote flamingant – les sondages montrent depuis déjà quelque temps qu’un pourcentage stable de plus ou moins 11% de la population se déclare pour l’indépendance de la Flandre – s’est surtout dirigé vers la NVA. Même pour le Vlaams Belang, qui vient historiquement de l’aile d’extrême-droite du Mouvement flamand, le flamingantisme ne constitue pas la raison principale de sa progression électorale. Sa rhétorique anti-establishment et surtout le thème de l’immigration ont joué un rôle beaucoup plus important. Des recherches ont déjà montré que le Vlaams Belang avait même le public électoral le plus monarchiste de tous les partis flamands. Pour la LDD, le communautaire est un élément utilisé de temps à autre, mais ce n’est pas non plus le thème principal sur lequel elle cherche à gagner des votes.

    Après presque trois années de constante surenchère communautaire, la NVA – le seul parti flamand qui a un public électoral attiré par ses positions communautaires de façon si dominante – a réussi à canaliser ce vote flamand au cours de ces élections et à le tirer hors des eaux dangereuses du «flamingantisme antidémocratique», comme la presse bourgeoise l’a écrit. La NVA s’est même fait féliciter pour cela par, entre autres, Patrick Janssens et Caroline Genez (du SPa). La presse bourgeoise dit que la NVA commence à «regagner la position qu’avait la Volksunie dans le temps». La NVA se retrouve néanmoins encore bien loin de cette position: la VU a obtenu 20% des votes à son apogée et était capable de construire une stabilité relative. La NVA n’a pas pu obtenir un tel résultat après trois années de surenchère communautaire, trois années qui pourtant pouvaient faire rêver les partis de la petite-bourgeoisie de «solutions faciles». Le parti a reçu un soutien pour être soi-disant sans concession et en évitant (provisoirement) un deuxième scénario d’Egmont (compromis accepté par la VU qui lui avait fait perdre son soutien) en retirant à temps son soutien aux gouvernements fédéral et flamand. De cette manière, la NVA a retiré à la LDD l’image de «mains propres» que cette dernière ne pouvait de toute façon plus maintenir à cause de l’affaire Vijnck et des bagarres publiques autour de la formations de ses listes. Des recherches sur les élections montrent que, sur base d’une image de «politicien pur», la NVA a obtenu des postes qui n’ont rien a voir avec leur flamingantisme. La grande personnalisation de la politique dans les médias, y compris sur les chaînes publiques, et l’absence de débats vraiment contradictoires conduisent à faire des jeux tels que «l’homme le plus intelligent» (un jeu sur la chaîne publique qui s’est déroulé juste avant la campagne électorale officielle et dans lequel Bart De Wever est apparu comme une star). Cela a donné un énorme forum à des hommes comme De Wever et Dedecker. Comme Dedecker a déjà pu le voir, cet effet peu rapidement diminuer dès qu’une meilleure «figure» est trouvée. La NVA a eu une victoire électorale importante, mais un passage dans le gouvernement, où un compromis sur une réforme d’Etat doit être conclu, ou encore un scénario dans lequel la NVA est mise en avant comme responsable de l’instabilité, peuvent briser ce soutien, dont une partie reviendra alors au Vlaams Belang.

    En ce qui concerne le Mouvement flamand, il faut en plus observer la disparition du SLP (ancien Spirit). Cela confirme notre analyse du nationalisme flamand «progressiste» ou «de gauche», qui n’a plus de base dans la situation objective présente. Les figures provenant de Spirit qui se trouvaient sur d’autres listes ont à peine pu compter sur des partisans à l’exception de Bert Anciaux, qui a finalement pu encore rassembler un nombre raisonnable de votes de préférence. Dans la région de Bruxelles il a une certaine popularité malgré ses nombreux zigzags politiques. C’est d’ailleurs la seule région de Flandre où un certain sentiment d’oppression des flamands demeure, essentiellement à cause de l’expulsion sociale engendrée par les hauts prix des logements. 16. Ce qui a également été remarquable dans ces élections, c’est le sprint très tardif du SP.a pour sortir de la zone de danger de moins de 15% pour les élections régionales. Tout comme le PS en Wallonie, le SP.a a reçu l’aide consciente de la presse bourgeoise. La peur d’un «gouvernement de droite» a été mise en avant avec l’élément de «rien ne va plus aller» ni sur le plan social ni sur le plan de la réforme d’Etat. Au dernier moment, une partie de son public électoral a finalement et par désespoir accordé son vote à se parti qui s’est compromis à mort aux gouvernements. Cela a certainement joué un rôle dans le résultat plus bas que prévu de Groen (qui, contrairement au SP.a, a plus de voix au Parlement Européen comparé aux élections régionales). Groen n’a pas réussi à se présenter comme une force crédible avec de vraies réponses. Cela a peut-être aussi joué un rôle dans le fait que le PvdA n’a même pas fait un semblant de percée. Nos militants avaient fait état de discussions dans le cadre syndical inférieur, où certains pensaient cette fois-ci voter pour le PvdA (mais il était clair que cette tendance ne descendait pas parmi la base et était limité à des individus spécifiques dans l’appareil).

    Mais le parti qui a probablement le plus souffert du sprint final du SP.a au niveau régional est l’Open VLD. Alors que le «VLD flamand» maintenait un profil néolibéral bien dur, Verhofstadt a réussi à se donner une image plus social-libérale pour les européennes. Le SP.a n’a en effet réussi à sortir de la «zone de danger» des 15% qu’au niveau régional puisque sur le plan européen il fait 13,23%. Le VLD a obtenu plus de 5% de plus sur sa liste européenne que sur sa liste régionale. Il y a – sous l’influence de la bourgeoisification totale du SP.a et de l’épisode des gouvernements violets – un certain public qui vacille au niveau électoral entre le VLD et le SP.a. Une partie de cette couche que Verhofstadt a pu convaincre sur le plan européen a finalement voté pour le SP.a à cause du profil de la liste flamande et de la peur, stimulée par les médias, d’un gouvernement totalement de droite sans le SP.a. C’est un élément de plus qui illustre la bourgeoisification totale de ce parti: une bonne part des votes qui l’ont sauvé au dernier moment d’une chute totale ne provient pas du tout de la classe ouvrière. Plus de précisions sur l’analyse du VLD suivra dans la partie du texte consacrée aux résultats du MR.

    Wallonie et Bruxelles

    A la différence de Groen, en Belgique francophone, Ecolo a réussi à faire une très grande percée. Cela a constitué le phénomène le plus important de ces élections, avec le fait que la lourde punition annoncée du PS n’a pas eu lieu, surtout en Wallonie. Mais pour pouvoir estimer correctement le nouveau phénomène – la percée d’Ecolo – il faut premièrement analyser le «vieux» – la puissance durable du PS wallon. Les différences régionales pour les deux phénomènes sont d’importance.

    Malgré toute une série de scandales sur lesquels le MR a beaucoup joué et malgré des sondages terribles, le PS est redevenu le plus grand parti de Wallonie. Il a obtenu 32,77% des votes, ce qui signifie un recul de 4,14% par rapport aux élections régionales précédentes de 2004 et une légère progression par rapport à ses votes aux élections fédérales de 2007. Il faut donc replacer le combat du MR pour faire changer le «centre de gravité de la Wallonie» dans une perspective correcte: le MR n’a obtenu que 23,41%. En sièges, c’est 29 pour le PS et 19 pour le MR.

    Une des raisons de ces résultats est le fait que le MR de Reynders est puni pour son profil néolibéral dur. Des discussions à ce sujet se développent dans le MR également. C’est ce qui est ressorti de la brève période où Aernoudt pouvait se dire membre du MR. Ce n’était pas seulement Deprez (MCC, ex-PSC) mais également le FDF qui voulaient à ce moment-là une rhétorique «social-libérale». Il est probable que le MR commence à réaranger certaines choses après les élections. Le double mandat de Reynders et sa stratégie d’attaque dure contre le PS vont certainement être remis en question. Il va falloir laisser un espace pour que l’aile plus «social-libérale» puisse venir à l’avant du parti. Le très bon résultat de Louis Michel sur la liste européenne face au très mauvais résultat de Reynders à Liège en donne également l’occasion. Nous avons dit en 2007 que les ambitions de Reynders en Wallonie arrivaient trop tard, le néolibéralisme en tant qu’idée étant totalement discrédité par la crise bancaire. Aujourd’hui, ce constat reste correct et joue aussi dans la punition que le VLD a reçu. Celle-ci n’avait pas comme première base «l’affaire Vijnck», mais surtout le maintien d’une rhétorique de diminution des charges et d’autres cadeaux au patronat. «L’affaire Vijnck» n’a été que la dernière goutte qui a montré que dans ce parti, ce sont les postes qui comptent et non pas les idées. Plus important que cela, les plaidoyers du VLD pour la privatisation de De Lijn et pour la commercialisation d’une partie du secteur des soins de santé notamment étaient en retard par rapport à la conscience existante parmi les couches larges, qui ne croient plus aux recettes néolibérales d’hier.

    Pour “changer le centre de gravité en Wallonie”, une campagne anticorruption ne suffit pas. La population part de l’idée – au vu de la confiance très basse accordée aux politiciens montrée par des sondages d’opinion (seulement 17% de confiance) – que chaque personne au pouvoir magouille d’une manière ou d’une autre. Des populistes partout dans le monde se basent sur cette idée. Le scandale des remboursements de frais des parlementaires en Grande-Bretagne a ainsi été la base pour une défaite si humiliante et si profonde pour le Labour. Mais le PS échappe à ce sort. Pourquoi? Premièrement parce que l’alternative du MR fait plus peur qu’elle n’attire. Deuxièmement parce que le PS, grâce au soutien dans les journaux par des messages de panique au sujet des gouvernements sans le PS en pleine crise économique profonde, a de nouveau pu faire appel à tous ses réseaux. Dans ses bastions – où le PS fait localement des scores jusqu’à et même au-dessus de 40% (scores obtenus en Flandre uniquement par le CD&V), toutes les structures et les réseaux qui tournent autour du PS (et comme pour le CD&V en Flandre, cela représente beaucoup) ont été mis en jeu dans un dernier rush avant les élections. Le PS n’a pas obtenu une punition comme la plupart des partis sociaux-démocrates. Il y a même eu un certain élément de «bonus de chancelier» comme pour le CDU en Allemagne ou le CD&V en Flandre. La peur d’un bain de sang social sous un possible gouvernement du MR a toutefois été l’élément dominant pour le score élevé du PS.

    Cela ne change en soi rien dans notre analyse de la bourgeoisification du PS. Il est clair que, de nouveau, beaucoup de gens n’ont pas voté pour ce parti par enthousiasme, mais seulement contre une alternative de droite face au PS. Les médias ont exprimé que le PS avait du soutien parmi la population mais surtout parmi une couche importante de la bourgeoisie elle-même qui reconnaît au PS le mérite de savoir imposer l’austérité à la base de la FGTB et qui craint l’attitude provocatrice du MR contre le mouvement ouvrier. Le PS a joué de façon habile sur cette bipolarisation durant les dernières semaines avec la déclaration de Di Rupo de refuser de gouverner avec le MR. De cette manière, il a clarifié que la seule manière de garantir que le MR reste en dehors du pouvoir était un vote PS. Une autre raison est qu’avec sa campagne «antilibérale», le PS a pu mettre au travail – pour une dernière fois? – tout son réseau de maisons du peuple, etc. La FGTB a joué un rôle dans ce processus avec sa campagne «le capitalisme nuit gravement à la santé». C’était clairement une campagne de soutien à la campagne «antilibérale» de Di Rupo. Cela montre l’importance de notre revendication de «cassez les liens» entre les syndicats et les partis traditionnels. Dans les dernières deux semaines de campagne, ce ne sont d’ailleurs pas seulement la FGTB et l’ABVV qui ont exprimé la nécessité que la social-démocratie soit dans le gouvernement, mais également la CSC/MOC et l’ACV/ACW.

    A Bruxelles, le PS tient une place raisonnable par rapport à la punition annoncée dans les sondages. Il perd quand même la première place au profit du MR. Le VLD devient, lui, le plus grand parti flamand à Bruxelles. La tradition libérale est très forte à Bruxelles. Le pouvoir y était, dans le passé, occupé alternativement par les libéraux et les socialistes. Les scandales du PS ont joué, mais aussi le fait que le MR de Bruxelles a, par son lien avec le FDF, un visage plus «social». D’autre part, le fait que la coalition Olivier sortante n’a pas eu de solution pour les grands problèmes de Bruxelles – un chômage et une pauvreté colossale – a très certainement joué un rôle dans ce résultat.

    La grande percée d’Ecolo ne peut, selon nous, pas être vue comme un «virage à gauche». Ecolo est, en effet, dans son programme et sa rhétorique clairement moins «à gauche» que le PS, certainement en ce qui concerne les thèmes sociaux-économiques classiques. Ecolo profite partiellement de l’acceptation grandissante que quelque chose doit être fait face à la crise environnementale, y compris parmi les cercles gouvernementaux et dans toute sorte d’institutions internationales. Cela rend le message des verts moins utopique et plus crédible. Mais Ecolo n’a pu faire ce score que parce qu’il a pu se profiler comme la seule «alternative sociale et pas de droite» au PS. Les différences régionales sont importantes aussi dans ce processus : les résultats d’Ecolo étaient les plus forts dans le «nouvel axe économique» Bruxelles-Namur-Luxembourg, régions dans lesquelles un tas de nouveaux emplois ont été créés essentiellement dans des entreprises de haute technologie. La population y est moyenne bien plus aisée que dans les bastions du PS, souvent de vieux bassins industriels.

    Il faut aussi remarquer que le nombre de votes pour les partis flamands dans la région de Bruxelles-Capitale a encore diminué. En 2004, il y en avait encore 62.516. Aujourd’hui, cela a diminué jusqu’à 51.811. Dans les médias, notamment sur la chaîne locale flamande-bruxelloise, ils parlent de la fuite de la ville. Mais la raison principale est selon nous le fait que les flamands de Bruxelles se sentent mal à l’aise avec la rhétorique flamingante dure de tous les partis flamands. Cet élément joue aussi dans la victoire du VLD à Bruxelles, un parti qui joue relativement peu sur l’élément communautaire. Le SP.a fait mieux qu’espéré à cause de cela, tout comme Groen.

    Perspectives pour les gouvernements

    Aujourd’hui, il est difficile d’opter avec certitude pour l’un ou l’autre scénario. Il y a maintenant, dans les coulisses, des négociations animées pour mettre en place le puzzle que la classe dirigeante a reçu de la population. Comme nous l’avons dit avant les élections, il est presque exclu qu’un des partis syndicaux (sociaux- et chrétiens-démocrates) tombe dans l’opposition. La nécessité d’un sévère plan d’austérité dans le budget de 2010 et 2011 au niveau fédéral, mais certainement aussi au niveau régional, oblige au maintien de cet axe dans le gouvernement. C’est important également pour réussir une réforme de l’Etat – qui sera surtout financière, avec un changement de la loi de financement qui permettra qu’une bonne part des assainissements puissent être délégués au niveau des régions et des communautés, même si la question plus symbolique de BHV doit aussi être réglée. Cette réforme est considérée comme nécessaire par tous les partis bourgeois pour sortir du blocage actuel et de l’impasse dans laquelle se trouve tout un tas de dossiers sociaux-économiques, mais il faut au moins aussi l’axe libéral. Néanmoins, avoir un partenaire fiable dans le MR au niveau fédéral n’est pas du tout évident si ce parti ne se retrouve dans aucun pouvoir régional.

    Si, en Flandre, une tripartite est mise sur pied, cela sera probablement sans la NVA. Il y a alors la possibilité que le SP.a entre aussi au gouvernement fédéral. Pour cela, il faut premièrement obtenir un score crédible dans les élections mais surtout être préparé et avoir la capacité d’appliquer le programme de la bourgeoisie. Les deux grands syndicats et l’ACW ont déjà dit qu’ils n’accepteraient pas une tripartite de droite (CD&V, VLD, NVA), mathématiquement possible. La nécessité d’assainissements lourds au niveau régional (notamment en transférant des compétences sans transférer de moyens supplémentaires, en diminuant le nombre de fonctionnaires régionaux, en démantelant des services publics, en augmentant les revenus des régions par toutes formes de TVA,…) semble exclure une telle coalition. Seule l’idée d’arriver dans l’opposition en Flandre a poussé certaines grosses têtes du VLD à dire qu’ils se retireraient alors aussi du gouvernement fédéral. Verhofstadt, qui, à cause du grave manque de personnel politique chez les libéraux flamands, doit à nouveau jouer le «numéro un», a déjà corrigé cela. Cependant, il est clair que la stabilité du gouvernement est menacée par la punition des libéraux partout dans le pays (sauf à Bruxelles, où la première position du MR est plus la conséquence d’une punition plus forte du PS que d’une victoire électorale remarquable de la droite).

    La tripartite classique en Flandre va donc le plus probablement survivre bien que les médias mettent maintenant aussi en avant «la grande coalition» : la tripartite classique, complétée de la NVA. De cette manière, le CD&V pourrait se couvrir sur son aile flamingante et tirer la NVA avec lui. Il mettrait ainsi sous pression de façon relativement plus subtile la Belgique francophone pour arriver à un compromis au lieu d’une guerre ouverte et constante, qui n’a rien donné ces dernières années. La faisabilité de ce scénario dépend totalement de la volonté de la NVA d’appliquer le programme de la bourgeoisie (belge): une réforme d’Etat afin que les régions soient responsables du démantèlement social. Pour cela, il va falloir laisser des os à ronger à la NVA, au minimum la scission de BHV sur base négociée (c’est-à-dire avec des concessions aux francophones dans la périphérie).

    Une telle “grande coalition” serait difficilement gérable mais offre en même temps l’avantage que la chute du gouvernement fédéral devient presque impossible. Cela offre au CD&V un énorme avantage face à ses plus petits partenaires : chacun d’eux peut sortir sans que le gouvernement perde sa majorité. Que tous les partenaires soient préparés à y entrer n’est absolument pas certain, mais les avantages du pouvoir sont attractifs, également pour la NVA et certainement pour le SP.a et le VLD qui s’y sont déjà bien habitués.

    Tout compte fait, la formation d’un gouvernement régional en Belgique francophone semble plus difficile. Bien qu’une coalition avec seulement deux partis soit mathématiquement possible (ce qui est totalement exclu en Flandre par l’effritement de tous les partis traditionnels au profit des partis moyens-grands, le CD&V étant le plus grand parti avec 22%), l’éparpillement y est aussi présent mais dans un stade moins avancé. En Wallonie, le marché politique se compose aujourd’hui d’un axe fondamental, le PS, à côté duquel il y a trois partis moyens-grands dont un a voulu lancer défi au PS et le pousser de son trône, mais a échoué. Toutes les petits listes – également celles qui jouaient entièrement sur la question nationale comme des listes régionalistes en Wallonie ou Pro-Bruxsel à Bruxelles – ont fait des scores négligeables et le FN a été totalement écarté de la carte. Mais la percée d’Ecolo montre que le processus d’éparpillement a clairement bien commencé – en Flandre aussi, la montée d’Agalev (l’ancien Groen, après la Volksunie qui a précédé le Vlaams Blok) a été un des premiers signes de l’éparpillement du soutien pour les partis traditionnels.

    La formation des gouvernements à Bruxelles et en Wallonie n’est pas difficile à cause des niveaux régionaux mêmes – Ecolo et CDH, qui font maintenant une tentative de lier leur sort et leurs revendications pour être plus forts dans leurs négociations avec aussi bien le PS que le MR, se sont déclarés en faveur de formules symétriques dans toute la Belgique francophone. Mathématiquement, cela est possible avec une coalition Olivier mais également avec une coalition jamaïcaine. Mais l’entrée du MR dans le gouvernement wallon semble cependant totalement exclu. Derrière les écrans, on cherche sans doute désespérément une possibilité de lier quand même le MR, mais cela semble très difficile. Théoriquement, il serait excellent pour la bourgeoisie qu’Ecolo et le CDH se déclare d’accord de gouverner à Bruxelles avec le MR et en Wallonie et dans la Communauté francophone avec le PS. On va voir si ce scénario est possible, mais cela ne semble pas, à première vue, vraiment probable.

    Si ce sont des coalitions Oliviers sur tous les niveaux (et donc pour un développement où le «centre-gauche» va prendre toute la responsabilité du recul social en Belgique francophone, avec plus tard une punition des électeurs), la question de garantir la stabilité du gouvernement fédéral se pose. Le MR n’a pas déclaré qu’il quitterait le gouvernement fédéral s’il ne peut pas arriver au pouvoir au niveau régional – aujourd’hui aucun parti ne veut être vu comme le responsable de l’instabilité fédérale – mais il est évident que la coopération devient dès lors très difficile et que le menace que le MR s’en aille à un moment qui lui va bien serait fortement présente.

    Écarter les libéraux de tous les niveaux de pouvoir a comme seul avantage le fait qu’un des grands partis traditionnels peut potentiellement se renforcer dans l’opposition. Les désavantages à court terme semblent néanmoins plus grands. En réalité, la nécessité d’une réforme financière de l’Etat comme méthode d’assainissement fait que la disparition d’un des axes fait revenir le spectre du «malgoverno» de la fin des années ’70 – début des années ’80, avec des gouvernements qui tombent tout le temps alors que la bourgeoisie essaie de s’adapter à une nouvelle situation économique et cherche une nouvelle stratégie pour pouvoir imposer son programme. Cette période d’adaptation nécessaire mène à des divisions dans les forces bourgeoises elle-même par rapport à la stratégie à suivre. L’instabilité politique est alors inévitable, mais cela peut alors être l’occasion pour la population, qui a peur des conséquences de la crise, d’attaquer toute la caste politique.

    Nous allons probablement vers une période de formation de gouvernements régionaux un peu plus longue que d’habitude. En Flandre, il n’y a que deux coalitions qui sont mathématiquement possible: la tripartite classique ou une «grande coalition» avec la NVA (comme partenaire non-nécessaire et donc faible). En Belgique francophone, Ecolo va très probablement être présent au pouvoir à tous les niveaux, ce qui amène le risque de brûler rapidement leur soutien (cfr son passage précédent au gouvernement). Il va recevoir un tas de petites concessions sur le plan de l’économie durable, ce marché devenant potentiellement très rentable; des assainissements et l’augmentation de moyens pour l’Etat vont recevoir une couleur verte; sur la question du droit d’asile, les libéraux vont faire les difficiles après leur forte défaite, mais l’élaboration des nouveaux critères plus clairs pour les régularisations semble difficilement évitable à plus long terme,… Mais Ecolo va aussi devoir avaler des concessions dont la plus grande pour elle va être l’ajournement de la fermeture des centrales nucléaires. Peut-être que cela ne va pas se passer explicitement: les dates actuelles de fermetures peuvent être utilisées par le gouvernement belge pour avoir encore une carte en main contre Suez français. Mais en réalité, la dépendance énergétique de la Belgique et l’impossibilité en temps de crise (et donc un Etat avec des moyens limités) de construire un secteur assez fort pour les énergies alternatives vont conduire à l’ajournement de la fermeture.

    En Flandre, notre parti va devoir offrir une réponse aux thèses selon lesquelles la Flandre a voté “à droite et flamand”. La disparition des contradictions de classes sur la scène politique fait qu’il n’y a, en Flandre – par son développement historique spécifique – aucun parti qui n’est pas de droite et flamingant. La rhétorique plus modérée de la NVA, maintenant que la participation gouvernementale est en vue, ne diffère pas fondamentalement de la pratique dans laquelle tous les partis traditionnels flamands ont été impliqués dans la dernière période: utiliser de façon maximale ses propres compétences (comme par exemple une allocation familiale supplémentaire du gouvernement flamand, partie intégrante de l’idée d’une assurance de soins flamande), utiliser la dominance flamande comme un instrument dans les conflits d’intérêts pour forcer l’Etat fédéral ou encore l’imposition de conditions linguistiques, etc. Vandenbroucke (Spa), après les élections, a déclaré à propos de Bart De Wever que c’était comme s’il «s’entendait parler lui-même». La NVA va devoir se plier à moins de violences verbales et à un flamingantisme très modéré pour gagner sa place dans le gouvernement et la garder. Un scénario-Egmont reste alors une menace constante. Mais le parti peut aussi se retirer sans être vu comme le responsable de l’instabilité, comme le gouvernement flamand n’a pas mathématiquement besoin de la NVA.

    En Wallonie et ç Bruxelles, si l’Olivier devient partout la réalité, notre parti va certainement devoir offrir une réponse sur le caractère soi-disant “de gauche” des gouvernements. Nous allons devoir avertir que les résultats d’une tentative de gestion d’un capitalisme en crise sont qu’il est impossible de défendre les intérêts de la classe ouvrière. Nous devons dénoncer le rôle du PS comme la formation la plus importante pour la bourgeoisie – et le fait qu’elle utilise cyniquement les votes de la classe ouvrière. Nous devons aussi dénoncer Ecolo, formation petite-bourgeoise qui, avec sa soif de pouvoir, est une fausse alternative, et – comme en Flandre – mener la propagande autour de l’idée d’un nouveau parti des travailleurs. La seule chose que l’on peut attendre des «coalitions de gauche» est une détérioration emballée, masquée et accompagnée des conditions de vie et de travail de la majorité de la population.

    Partout, nous devons montrer l’éparpillement causé par la détérioration économique qui se développe depuis déjà le début de la dépression de ’74. Tous les partis traditionnels ont perdu une grande partie de leur crédibilité dans ce processus. La crise actuelle de l’économie mondiale a aussi mis en question le néolibéralisme comme stratégie pour la bourgeoisie ce qui cause une division dans les forces bourgeoises. Mais l’éparpillement à gauche a surtout comme base la bourgeoisification de la social-démocratie. La construction d’un vrai parti de gauche, qui défend bec et ongles les intérêts du mouvement ouvrier est la seule solution permanente face à cet éparpillement. Le discrédit ultérieur de chaque parti impliqué dans le pouvoir, combiné au développement des licenciements massifs, des faillites, du chômage structurel massif etc – et au fait que les dirigeants politiques ne savent rien y changer – vont préparer le chemin pour la pénétration de l’idée de la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs dans des couches encore plus larges de la population.

  • Différents processus se croisent

    Différents processus se croisent

    Pour le moment, la crise économique continue à s’approfondir, bien que certains commentateurs (de la FEB entre autres) mettent actuellement en avant, de façon prudente, l’idée que le «fond» de la crise serait atteint pendant ou après cet été. Ils ajoutent néanmoins de suite qu’il n’y aura pas d’amélioration rapide du marché du travail et que le chômage va continuer à grimper. La Banque Nationale s’attend à la suppression de 140.000 emplois entre fin 2008 et fin 2010. Combiné à la croissance prévue de la population active de 60.000 personnes (avec notamment deux années de jeunes quittant l’enseignement), cela signifie 200.000 chômeurs en plus. La FEB suit également cette analyse car elle ne s’attend pas une montée rapide du niveau d’investissement. De plus, aucun des optimistes n’attend de relance rapide de l’économie, mais seulement une sortie du rouge.

    1e partie du texte d’évaluation du Comité National du PSL/LSP

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    • Flandre: A droite toute?
    • Wallonie et Bruxelles: percée d’Ecolo, mais le PS se maintient
    • Perspectives pour les gouvernements
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      Chaque mois arrive un nombre record de faillites. La petite bourgeoisie, mais aussi toute une série de PME’s – qui travaillent surtout comme sous-traitants pour des multinationales et d’autres grandes entreprises – sont fortement touchées par la crise. Le nombre de pertes d’emplois continue à monter et l’angoisse est profonde pour l’avenir d’entreprises comme Opel à Anvers. Quand on regarde les conséquences sur la région qu’a eu la fermeture de Boelwerf à Tamise (1994), conséquences qui perdurent encore aujourd’hui, nous savons déjà quels drames sont provoqués par ce type de fermetures. La direction syndicale ne met aucune stratégie en avant, aucun plan, pour éviter ce à quoi la plupart des travailleurs s’attendent maintenant: des licenciements massifs, une montée du chômage et de la pauvreté,… en d’autres termes; un appauvrissement collectif alors que l’austérité d’Etat supprime encore plus de services et d’interventions sociales.

      La presse bourgeoise parle déjà depuis des mois de l’impasse dans laquelle se trouvent les partis sociaux-démocrates en Europe. «Ils devraient toutefois pouvoir profiter de la crise», ont dit les journalistes dans leur pensée mécanique, quelques uns ont même dit que comme cela ne se produisait pas, c’était la preuve de la faillite de Marx (entre autre Frank Vandenbroucke!) Les marxistes ont toutefois une vision plus développée à ce sujet. Ils apprennent de l’histoire que les crises peuvent aussi avoir un effet paralysant sur la classe ouvrière et qu’il est possible que les travailleurs se réactive massivement seulement aux premiers signes de relance économique. Aujourd’hui, le mot paralysie est une expression trop forte, mais il y a néanmoins un élément de cela renforcé par la démotivation consciemment organisée par la direction syndicale.

      Mais les grandes claques reçues par la social-démocratie dans différents pays européens dans ces élections n’ont, en soi, rien à voir avec cela. Ces claques sont arrivées dans les pays où les partis sociaux-démocrates bourgeoisifiés ont été les architectes d’un grand nombre d’attaques contre le mouvement ouvrier au cours des dix dernières années. Le fait de gérer le capitalisme, dans une période de détérioration systématique des conditions de vie de la classe ouvrière depuis le début de la période de dépression en 1974, a de plus en plus vidé ces partis. Le Labour en Grande-Bretagne, le SPD en Allemagne, le PvdA aux Pays-Bas,… sont, tout comme le SP.a en Flandre, sanctionnés pour leur politique. Il reste à peine de quoi se souvenir encore des partis ouvriers qu’ils ont été jadis. Certains partis sociaux-démocrates échappent à une telle punition brutale dont le PSOE en Espagne et le PS en Belgique francophone.

      Dans un certain nombre de pays, la crise s’exprime dans un vote de protestation élevé, le plus souvent sous la forme de votes pour des formations populistes de droite, plus ou moins euro-sceptiques, comme l’expriment la montée de Wilders aux Pays-Bas ou celle de l’UKIP en Grande-Bretagne. Ces formations récoltent un pourcentage de voix plus important que la social-démocratie. Là où ils l’ont pu, ces populistes ont utilisé le large mécontentement qui existe contre l’Europe. Cela n’est en soi pas un nouveau phénomène: depuis le milieu des années ’80 déjà, nous observons la montée de partis (souvent néo-fascistes) qui se servent du populisme et qui se construisent sur le mécontentement social en se basant sur la dégradation générale du standard de vie et des conditions de travail – notamment des salaires, de la pression au travail,… – qui se poursuit systématiquement, y compris en période de croissance économique.

      Aujourd’hui, la palette des partis populistes est plus variée qu’il y a vingt ans. Ce sont toutes des formations petite-bourgeoises qui vivent du vide créé par la disparition des partis ouvriers en tant qu’organisations ouvrières. Le manque de luttes collectives qui stimulent la conscience de classe et qui peuvent offrir de véritables perspectives conduit à la recherche de solutions individuelles ainsi qu’à des éléments de division qui semblent d’autant plus importants que la division de la société en classes a disparu de la scène politique. Dans certains pays, les partis d’extrême-droite et néofascistes ont eu à faire face à une perte de voix comme en Flandre (le FN en France n’est également plus que l’ombre de ce qu’il a été à son sommet). Le Vlaams Belang a perdu des votes car les populistes plus «modérés» ont commencé à viser son électorat. Ces formations n’ont pas l’étiquette du fascisme et d’un racisme «indécent» et ont, à première vue, plus de chance d’être un jour réellement présentes au pouvoir. Pour la même raison, il a perdu une partie de ses votes flamingants au profit de la NVA.

      Mais cela ne doit pas nous tromper. Il est probable que le Vlaams Belang ne chute pas plus profondément. Des trois partis de la petite-bourgeoisie de droite, le Vlaams Belang est celui qui a les structures les plus fortes, le cadre le plus grand et l’implantation la plus large. Des partis comme la LDD, qui dépendent d’un dirigeant charismatique, peuvent disparaître aussi rapidement qu’ils sont arrivés comme la LPF l’a démontré aux Pays-Bas (mais la base sous-jacente à leur montée peut conduire ensuite à ce que de nouveaux phénomènes semblables arrivent). Et des partis flamingants comme la NVA ont dans le passé souvent été mis hors jeu suite à leur participation au pouvoir, quand ils se brulent les ailes avec des compromis.

      Une autre tendance importante de ces élections européennes est la victoire de partis conservateurs de centre-droit ou de droite qui sont, avec plus ou moins d’écart, redevenus les plus grands: les Tories en Grande-Bretagne, le CDU/CSU en Allemagne, l’UMP en France, le PP en Espagne, Berlusconi en Italie, le CD&V en Flandre. L’insécurité créée par la crise peut mener à la polarisation et à l’éparpillement politique (cela se développe presque partout) mais peut également pousser certaines couches de la population (y compris dans une partie de la classe ouvrière) à un désir de stabilité, de vieilles recettes, de politiciens de qui «émane la confiance». Il y a une peur des «aventures» qui se développe maintenant que les choses ne vont pas bien. Ce n’est qu’une phase, vu que ces partis n’ont pas de réponse à offrir face à la crise si ce n’est, au mieux, un accompagnement de la dégradation sociale. Mais la profondeur de la crise a comme conséquence de limiter les moyens pour un tel «accompagnement». Une fois que cela se clarifiera aux yeux de larges couches, le centre politique recommencera à se déplacer.

      Cette tendance a sans doute aussi fait des dégâts parmi les formations et les listes de gauche dans différents pays. Aussi bien en Allemagne qu’aux Pays-Bas, Die Linke et le SP ont fait des scores en-dessous des attentes. En nombre de voix, le SP se fait même dépasser par la formation de «gauche modérée» Groen-Links. En France, la percée attendue du NPA ne s’est pas produite, le NPA obtenant moins de votes que le Front de Gauche (autour le PC) et aucun élu. En Italie, où les dernières élections nationales ont mis fin à la présence conséquente de la gauche radicale au parlement depuis la Deuxième Guerre Mondiale, il n’y a cette fois-ci non plus pas eu d’élu pour la gauche radicale au Parlement Européen. A côté de cet élément objectif, il y a aussi dans ce processus des éléments subjectifs forts sur lesquels on ne peut pas s’étendre dans ce texte. L’élection de Joe Higgins en République Irlandaise – frappée par le développement rapide d’une crise économique profonde après une longue période de croissance élevée – montre qu’un parti de lutte réellement impliqué dans la directions de luttes et de mouvement de la classe ouvrière, armé d’un programme correct et socialiste conséquent, avec des revendications et des campagnes qui rejoignent la conscience et qui met une perspective en avant,… peut obtenir des victoires dans une période de crise.

  • Flandre: A droite toute?

    Flandre: A droite toute?

    La première réaction de la presse – remarquablement unanime dans les différentes parties du pays – était claire: «La Flandre a voté flamand et à droite». Ce discours a un air de déjà-vu: cela semble être une réédition des dernières élections fédérales de 2007. Le PSL/LSP y a déjà répondu à l’époque. Tout comme en 2007 les sondages à la sortie des urnes et autres recherches sur les élections montrent que la question communautaire n’est pas vue comme un thème important par les électeurs (selon une recherche inter-universitaire faite pendant la campagne, il semble que seulement moins de 10% des électeurs flamands choisissent leur vote pour des raisons communautaires). Tout comme en 2007, ce thème était à peine présent et même encore moins durant la campagne proprement dite. Le CD&V a obtenu sa victoire en 2007 avec son image de «bon père de famille» dans un moment de recherche de stabilité et de repos après une coalition violette agitée. Il avait notamment convaincu sa base CSC avec des promesses de 2 milliards d’investissements en plus dans la politique sociale, avec une rhétorique qui tournait autour des soins de santé, de l’aide aux familles, etc. Le CD&V, aidé par son passage dans l’opposition, a beaucoup moins un profil néolibéral que les partis libéraux. Il se profile plus sur la «vieille» politique de conciliation de classes qui était dominante dans la période de croissance des années ’50-’75. Bien que ses liens avec le mouvement ouvrier chrétien soient devenus bien plus faibles et que ce dernier opère de manière indépendante beaucoup plus que par le passée, l’absence d’un vrai parti ouvrier (et donc avec la bourgeoisification de la social-démocratie) défendant réellement les intérêts de la classe ouvrière a pour conséquence que ces liens ne sont pas réellement cassés. La victoire du CD&V ne représente pas dans le paysage politique actuel un vote à droite, mais bien un vote pour un parti qui se profile au centre et lance un message «social».

    2e partie du texte d’évaluation du Comité National du PSL/LSP

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      Vu l’attitude “réaliste” et plus modérée prise par le CD&V au sujet de la question communautaire, sa volonté publique d’arriver à un accord par les négociations, il est difficile de prétendre que le vote pour le CD&V ait pu être attirant pour les flamingants les plus durs. Dans ces élections, le vote flamingant – les sondages montrent depuis déjà quelque temps qu’un pourcentage stable de plus ou moins 11% de la population se déclare pour l’indépendance de la Flandre – s’est surtout dirigé vers la NVA. Même pour le Vlaams Belang, qui vient historiquement de l’aile d’extrême-droite du Mouvement flamand, le flamingantisme ne constitue pas la raison principale de sa progression électorale. Sa rhétorique anti-establishment et surtout le thème de l’immigration ont joué un rôle beaucoup plus important. Des recherches ont déjà montré que le Vlaams Belang avait même le public électoral le plus monarchiste de tous les partis flamands. Pour la LDD, le communautaire est un élément utilisé de temps à autre, mais ce n’est pas non plus le thème principal sur lequel elle cherche à gagner des votes.

      Après presque trois années de constante surenchère communautaire, la NVA – le seul parti flamand qui a un public électoral attiré par ses positions communautaires de façon si dominante – a réussi à canaliser ce vote flamand au cours de ces élections et à le tirer hors des eaux dangereuses du «flamingantisme antidémocratique», comme la presse bourgeoise l’a écrit. La NVA s’est même fait féliciter pour cela par, entre autres, Patrick Janssens et Caroline Genez (du SPa). La presse bourgeoise dit que la NVA commence à «regagner la position qu’avait la Volksunie dans le temps». La NVA se retrouve néanmoins encore bien loin de cette position: la VU a obtenu 20% des votes à son apogée et était capable de construire une stabilité relative. La NVA n’a pas pu obtenir un tel résultat après trois années de surenchère communautaire, trois années qui pourtant pouvaient faire rêver les partis de la petite-bourgeoisie de «solutions faciles». Le parti a reçu un soutien pour être soi-disant sans concession et en évitant (provisoirement) un deuxième scénario d’Egmont (compromis accepté par la VU qui lui avait fait perdre son soutien) en retirant à temps son soutien aux gouvernements fédéral et flamand. De cette manière, la NVA a retiré à la LDD l’image de «mains propres» que cette dernière ne pouvait de toute façon plus maintenir à cause de l’affaire Vijnck et des bagarres publiques autour de la formations de ses listes. Des recherches sur les élections montrent que, sur base d’une image de «politicien pur», la NVA a obtenu des postes qui n’ont rien a voir avec leur flamingantisme. La grande personnalisation de la politique dans les médias, y compris sur les chaînes publiques, et l’absence de débats vraiment contradictoires conduisent à faire des jeux tels que «l’homme le plus intelligent» (un jeu sur la chaîne publique qui s’est déroulé juste avant la campagne électorale officielle et dans lequel Bart De Wever est apparu comme une star). Cela a donné un énorme forum à des hommes comme De Wever et Dedecker. Comme Dedecker a déjà pu le voir, cet effet peu rapidement diminuer dès qu’une meilleure «figure» est trouvée. La NVA a eu une victoire électorale importante, mais un passage dans le gouvernement, où un compromis sur une réforme d’Etat doit être conclu, ou encore un scénario dans lequel la NVA est mise en avant comme responsable de l’instabilité, peuvent briser ce soutien, dont une partie reviendra alors au Vlaams Belang.

      En ce qui concerne le Mouvement flamand, il faut en plus observer la disparition du SLP (ancien Spirit). Cela confirme notre analyse du nationalisme flamand «progressiste» ou «de gauche», qui n’a plus de base dans la situation objective présente. Les figures provenant de Spirit qui se trouvaient sur d’autres listes ont à peine pu compter sur des partisans à l’exception de Bert Anciaux, qui a finalement pu encore rassembler un nombre raisonnable de votes de préférence. Dans la région de Bruxelles il a une certaine popularité malgré ses nombreux zigzags politiques. C’est d’ailleurs la seule région de Flandre où un certain sentiment d’oppression des flamands demeure, essentiellement à cause de l’expulsion sociale engendrée par les hauts prix des logements. 16. Ce qui a également été remarquable dans ces élections, c’est le sprint très tardif du SP.a pour sortir de la zone de danger de moins de 15% pour les élections régionales. Tout comme le PS en Wallonie, le SP.a a reçu l’aide consciente de la presse bourgeoise. La peur d’un «gouvernement de droite» a été mise en avant avec l’élément de «rien ne va plus aller» ni sur le plan social ni sur le plan de la réforme d’Etat. Au dernier moment, une partie de son public électoral a finalement et par désespoir accordé son vote à se parti qui s’est compromis à mort aux gouvernements. Cela a certainement joué un rôle dans le résultat plus bas que prévu de Groen (qui, contrairement au SP.a, a plus de voix au Parlement Européen comparé aux élections régionales). Groen n’a pas réussi à se présenter comme une force crédible avec de vraies réponses. Cela a peut-être aussi joué un rôle dans le fait que le PvdA n’a même pas fait un semblant de percée. Nos militants avaient fait état de discussions dans le cadre syndical inférieur, où certains pensaient cette fois-ci voter pour le PvdA (mais il était clair que cette tendance ne descendait pas parmi la base et était limité à des individus spécifiques dans l’appareil).

      Mais le parti qui a probablement le plus souffert du sprint final du SP.a au niveau régional est l’Open VLD. Alors que le «VLD flamand» maintenait un profil néolibéral bien dur, Verhofstadt a réussi à se donner une image plus social-libérale pour les européennes. Le SP.a n’a en effet réussi à sortir de la «zone de danger» des 15% qu’au niveau régional puisque sur le plan européen il fait 13,23%. Le VLD a obtenu plus de 5% de plus sur sa liste européenne que sur sa liste régionale. Il y a – sous l’influence de la bourgeoisification totale du SP.a et de l’épisode des gouvernements violets – un certain public qui vacille au niveau électoral entre le VLD et le SP.a. Une partie de cette couche que Verhofstadt a pu convaincre sur le plan européen a finalement voté pour le SP.a à cause du profil de la liste flamande et de la peur, stimulée par les médias, d’un gouvernement totalement de droite sans le SP.a. C’est un élément de plus qui illustre la bourgeoisification totale de ce parti: une bonne part des votes qui l’ont sauvé au dernier moment d’une chute totale ne provient pas du tout de la classe ouvrière. Plus de précisions sur l’analyse du VLD suivra dans la partie du texte consacrée aux résultats du MR.

  • Qui va profiter des “solutions” des partis traditionnels ?

    Les manchettes des journaux l’affirment clairement : la situation économique du pays est mauvaise et ce n’est pas près de s’arranger ! Petite sélection : “Chômage triplé au port d’Anvers” (première page du Standaard, 8 avril) ; “Plus d’un millier de faillites pour le mois de mars” (Le Soir, 2 avril, p 24) ; “Un quart des ouvriers au chômage” en mai en comptant le chômage temporaire (première page du De Standaard, 26 mars); “La tempête sociale ne faiblit pas” (Le Soir, le 27 mars, p 5).

    Par Anja Deschoemacker

    Les chiffres évoqués en disent long: entre février 2008 et février 2009, il y a eu 23,5% d’heures prestées en moins dans le travail intérimaire et 86,1% de chômeurs temporaires en plus…

    “Comment en finir avec la crise?” devrait donc être une question cruciale pour les élections. Au lieu de cela, tous les partis traditionnelles gardent lèvres closes sur ce qu’ils nous préparent… Pas fous, on ne gagne pas les élections en parlant d’attaques sociales contre la sécurité sociale, la législation du travail, les services publics,…!

    “Horreur budgétaire”

    C’était le titre de la première page du De Standaard le 24 mars, après la fuite qui a rendu public le rapport du Haut Conseil des Finances. Sur base de ce rapport, le gouvernement fédéral actuel a tracé la voie pour obtenir un budget en équilibre en 2015, l’idée étant de patienter jusqu’à la relance de l’économie, même si personne ne sait quand elle arrivera.

    Le HCF préconisait d’y arriver pour 2013 et avait calculé qu’il faudrait pour y parvenir “assainir” d’à peu près 4 milliards d’euros par an – plus que lors du Plan Global 1993 (qui nous avait alors valu entre autres l’introduction de la norme salariale et de l’index-santé aux conséquences tellement néfastes pour le pouvoir d’achat des travailleurs et des allocataires) Par la suite, Verhofstadt et ses gouvernements ont, pendant des années, contourné une partie de leurs difficultés budgétaires en "soldant" les biens publics, comme les bâtiments et les entreprises publiques. Aujourd’hui, cette "solution" est bien moins évidente à appliquer : que reste-t-il encore à vendre ? Dès lors, il va falloir saigner à vif.

    Quelles solutions proposent les partis traditionnels ?

    Le MR et ses frères libéraux du VLD de l’autre côté de la frontière linguistique restent scotchés aux recettes néolibérales : l’introduction de l’intérim dans les services publics, la limitation de l’allocation de chômage dans le temps combinée à la chasse aux chômeurs, le démantèlement de la législation du travail (afin de comprimer les coûts salariaux et aussi de faciliter les licenciements), etc.

    En face, le PS fustige à grands cris “l’ultra-libéralisme”. Mais cela manque un peu de crédibilité de la part d’un parti qui est au pouvoir depuis plus de 20 ans – et qui a l’ambition d’y rester encore au moins 10 de plus…- dont les 9 dernières années avec les libéraux.

    “Pas question d’un plan d’austérité”, déclare Di Rupo dans Le Soir (28/3), pour dire ensuite que la politique du MR – et surtout la mauvaise gestion financière de Reynders, considéré de plus en plus largement comme le pire Ministre des Finances – a "réduit à néant" les effets de l’austérité de la fin des années ‘80 et des années ’90 appliquée par une coalition socialiste et sociale-chrétienne. En d’autres mots : le PS est fier de ses "acquis" durant cette période, comme le Plan Global et les énormes diminutions de charges patronales qui menacent aujourd’hui de couler la sécurité sociale. Le PS est prêt à faire de nouveau un tel "effort" – mais quand il n’y aura plus d’élections en vue.

    Au moins le PS dit-il encore quelque chose contre la politique néolibérale défendue bec et ongle par le MR et le VLD. Ce n’est même plus le cas du SP.a. qui tient les propos les plus contradictoires : il reproche au gouvernement le déséquilibre budgétaire (qui devrait atteindre 4,5% pour cette année) tout en l’exhortant à dépenser plus…

    Et le CD&V, au fait ? Il se tait le plus possible. Il était revenu au pouvoir en promettant une réforme d’Etat audacieuse mais, l’affaire provisoirement terminée en pétard mouillé, le parti a choisi de ressortir son profil passé de père de famille "responsable" – sévère, mais juste – qui applique ce que nécessite "l’intérêt général". Pour eux, un plan d’austérité ne se conçoit pas comme une mesure unilatéralement prise par le gouvernement, mais comme une concertation avec les partenaires sociaux, suivant l’exemple du Plan Global de ‘93.

    Coincé entre le MR et le PS engagés dans une lutte à couteaux tirés pour le leadership dans la partie francophone, le CDH ne se fait presque pas entendre, sauf à travers le plaidoyer de Milquet en faveur de l’extension du chômage économique aux employés.

    En Flandre, beaucoup de gens expriment leur dégoût des partis traditionnels en votant pour une opposition de droite. Mais le Vlaams Belang, la Lijst Dedecker et la NVA défendent en réalité des mesures d’austérité encore plus dures. Les écolos de Groen! ont semblé un moment vouloir jouer un rôle d’opposition de gauche mais, à la première occasion qui leur a été donnée d’entrer au gouvernement, leur radicalisme a vite montré ses limites.

    En Wallonie, le mécontentement social est aujourd’hui largement capté par Ecolo, à qui les sondages annoncent une grande percée et qui pourrait atteindre 20% et dépasser le CDH. Il n’est plombé ni par des participations gouvernementales impopulaires, ni par des "affaires" à la mode Van Cau et Lizin. Il n’hésite pas devant une solide touche de radicalisme – il faut "libérer l’économie de la dictature de la finance" affirme leur programme électoral. Mais les mesures concrètes proposées dans leur "New Deal Vert" – mieux encadrer l’activité des banques, interdire les parachutes dorés, réorienter l’économie vers l’énergie renouvelable et le développement durable,… – restent tout à fait acceptables par le patronat.

    Ce paysage politique n’offre pas de choix !

    Ce rapide panorama montre clairement l’absence d’un parti qui ne pense pas d’abord aux profits des entreprises quand on parle de résoudre la crise mais qui considère comme une priorité les intérêts de la grande majorité de la population et veut apporter des solutions à leurs problèmes. Taper du poing sur la table pour défendre l’emploi, exiger des salaires et des conditions de travail corrects, imposer les entreprises qui ont amassé des fortunes incroyables, défendre la sécurité sociale et les services publics, nationaliser les secteurs-clés de l’économie sous le contrôle des travailleurs et de la population,… tout cela est aussi étranger aux socialistes et aux Verts qu’aux autres.

    Sans parti pour les représenter, les travailleurs et les allocataires sociaux (qui représentent ensemble la majorité écrasante de la population) n’ont face à eux que les jeux des politiciens traditionnels : une petite poussée communautaire, une gesticulation contre le changement climatique, un zeste de proposition sur le droit d’asile,… Mais une réponse générale partant de la division la plus fondamentale de la société – la division en classes sociales aux intérêts opposés – reste totalement absente de cette lutte électorale.

    Il faut un nouveau parti pour les travailleurs

    Dans une situation de crise profonde – cette crise sera peut-être même pire que celle des années ’30 – cela est dramatique. Quel que soit les combinaisons qui sortiront des urnes, cela ne changera rien au fait que le patronat et les partis à son service se préparent à saigner nos droits et notre niveau de vie.

    Pour le moment, notre seul moyen de défense réside dans la préparation de la résistance syndicale: les militants combatifs doivent augmenter la pression sur les directions syndicales. Mais sans instrument politique pour prolonger cette lutte, la défense sera presque la seule option.

    Le PSL/LSP défend depuis longtemps déjà la nécessité de construire un parti de lutte pour les travailleurs et leurs familles. Nous continuerons à populariser cette idée avec nos propres listes LSP du côté néérlandophone et aux régionales à Liège, Mons et Nivelles, et en coopération aux élections européennes en Belgique francophone avec la LCR (liste LCR-PSL) ainsi qu’avec le PC et le PH à Bruxelles (liste PC-PSL-LCR-PH). Ces collaborations ne vont pas conduire à la naissance d’un tel parti large, mais les électeurs auront au moins l’opportunité de voter pour un programme qui défend réellement les intérêts de la grande majorité de la population contre les partis des patrons.

  • Manifestation antifasciste à Louvain: l’extrême-droite n’a aucune solution face à la crise!

    Hier, deux manifestations se sont déroulées dans la ville de Louvain. D’un côté ont défilé 300 militants du NSV, l’organisation étudiante du Vlaams Belang, dont peu d’étudiants de Louvain, mais beaucoup d’individus tels que des membres bien connus de groupuscules néonazis comme Blood&Honour. De l’autre côté, une contre-manifestation combative a réuni environ 1.000 jeunes et travailleurs, principalement de Louvain.

    Geert Cool

    Manifestation anti-NSV non-violente

    Cette manifestation anti-NSV a été soutenue par une plate-forme de différentes organisations. À côté des Etudiants de Gauche Actifs (Actief Linkse Studenten) et de Blokbuster figuraient des groupes de comités de soutien pour les sans-papiers, des organisations étudiantes de l’ULB, les Syndicalistes contre le fascisme (Syndicalisten tegen fascisme), des militants et délégations de la FGTB,… Un groupe de Comac (l’organisation de jeunes du PTB) et une délégation d’autonomes (anarchistes) étaient également présents à la manifestation.

    Dans le contexte d’une crise économique, nous devons construire une opposition active contre la politique asociale qui laisse de côté un nombre sans cesse plus préoccupant de personnes. Cela n’a rien à voir avec les polémiques communautaires, mais tout avec l’opposition entre les intérêts du travail et ceux du capital. Les capitalistes sont responsables de la crise de leur système et essayent maintenant de nous la faire payer. En réponse, nous devons nous organiser pour une lutte collective.

    Nous devons aussi aborder la question d’une alternative politique face aux politiciens néolibéraux. L’extrême-droite n’a aucune réponse à offrir vis-à-vis de la crise économique. Le Vlaams Belang et le NSV continuent à s’en prendre aux francophones, comme si les travailleurs et chômeurs wallons étaient responsables de la crise capitaliste. Avec un ancien patron du port d’Anvers comme président, le Vlaams Belang ne risque pas de défendre les intérêts des travailleurs qui risquent de perdre leur emploi ou l’ont déjà perdu.

    Nous voulons construire une relation de forces pour parvenir à un changement. Le Parti Socialiste de Lutte défend la nécessité d’une alternative socialiste contre le capitalisme, une société où seraient centraux les besoins de la majorité de la population et non pas les bénéfices d’une petite minorité. Une manifestation comme celle d’hier peut être une excellente occasion d’organiser les jeunes et les travailleurs et de diffuser nos positions.

    Emeutes

    Dans un tract diffusé au début de la manifestation, nous avons écrit : “Pour lutter contre l’extrême-droite, nous devons rechercher le soutien des couches larges de la population dont les intérêts sont directement opposés à ceux-ci des néofascistes. Nous ne les persuaderons pas de nous rejoindre dans la lutte contre l’extrême-droite en livrant dans les quartiers une confrontation «gauche contre droite». Notre méthode d’action ne peut pas nous isoler des couches plus larges.”

    La manifestation anti-NSV en elle-même s’est déroulée sans violence, le défilé combatif attirant de plus en plus de jeunes à mesure de son parcourt. À la fin de la manifestation, des incidents isolés ont eu lieu, auxquels les média ont bien entendu accordé une attention surdimensionnée. La majorité des manifestants, tant lors du parcours que par la suite, se sont clairement distanciés de ces excès violents. Ainsi, des manifestants, tant organisés que non-organisés, ont rappelé à l’ordre et hué quelques individus masqués qui ont causé des dégâts sur le trajet. Le quotidien flamand Het Niewsblad a écrit à juste titre : «A cause de certains radicaux, le message que les manifestants voulaient donner n’est plus qu’à peine entendu, c’est regrettable.»

    Une certaine ambiance avait aussi été créée à l’avance, laissant lourdemment sous-entendre une possible violence. La ville a pris des mesures extrêmes pour effrayer tout le monde – comme d’interdire les terrasses, les dépôts de poubelles et les transports en commun dans le centre-ville. Le fait que les média choisissent systématiquement d’opter pour un journalisme-spectacle en accordant une attention uniquement aux éventuelles émeutes n’améliore bien entendu pas les choses. La population de Louvain a été poussée dans la peur.

    Les néonazis du NSV

    Au vu du défilé du NSV, il est certain que des actions comme ce genre de contre-manifestation sont nécessaires. Si nous laissons les rues à ce type d’individus, la ville serait alors dangereusement pour chaque non-conformiste, basané,…

    La manifestation du NSV a commencé avec un certain retard, il fallait attendre les autocars de manifestants d’autres villes. Parmie eux, une délégation de Blood&Honour. Cette organisation a plusieurs fois été dans les média en raison de ses conceptions néonazies et de ses activités violentes (trafic d’armes, entre autres). Chris Moorkens, un des leaders de B&H, était présent alors qu’il est en résidence surveillée. On pouvait aussi voir des militants de Voorpost et de Vlaams Belang Jongeren.

    Le Vlaams Belang manifeste chaque année main dans la main avec des néonazis. Malgré les nombreux appels et organisations qui soutenaient la manifestation du NSV, seulement 300 personnes étaient présentes. Pourquoi les média n’ont-il pas accordé d’attention à cela ou aux liens entre les mandataires du Vlaams Belang et les néonazis.

    L’an prochain, la manifestation anti-nsv sera à Anvers

    Ces dernières années, les rangs des manifestants anti-NSV sont devenus plus grands avec les manifestations réussies à Gand l’an dernier et maintenant à Louvain. Sur cette base, nous mènerons une forte campagne pour également faire de la manifestation antifasciste d’Anvers une réussite claire en termes de mobilisation.

    Les étudiants néofascistes d’Anvers sont d’ores et déjà frustrés, une réunion antifasciste à l’université a été troublée peu de temps avant la manifestation anti-NSV…

  • La Flandre se droitise-t-elle définitivement ?

    Liste Dedecker à 16%, Vlaams Belang à 15%,…

    La liste Dedecker connaît une forte croissance au nord du pays. Dans les sondages de ces derniers mois, elle est au coude à coude avec le Vlaams Belang et le dépasse même: le Vlaams Belang est à 15% tandis que la liste Dedecker fait 16%, loin devant les socialistes et les Verts. Le Belang est donc détrôné du Top 3 des grands partis flamands (qui réunit maintenant le CD&V, l’Open VLD et la LDD). Si ce score se confirme aux régionales de juin, la LDD aurait ainsi doublé ses voix par rapport au score réalisé aux fédérales de juin 2007.

    Jean-Marie Dedecker, l’ancien entraîneur de l’équipe nationale de Judo, est célèbre depuis longtemps pour son caractère bien trempé. Sa liste ne tient d’ailleurs en majeure partie que sur son aura ainsi que sa rhétorique anti-establishment. Ses attaques contre la gestion politique actuelle font écho à la colère et au ressentiment largement présents dans la population.

    Quoiqu’en disent les nombreux discours sur la Flandre riche et dynamique, tout le monde n’en profite pas : le chômage atteint 6,8% et est en augmentation rapide, particulièrement parmi les jeunes ; 11% des Flamands (soit 647.000 personnes) vivent en dessous du seuil de pauvreté, l’emploi précaire et à temps partiel a fortement augmenté ces dernières années,… Et la crise est déjà en train de mettre à mal la « réussite flamande ». Les partis traditionnels n’ont aucune solution concrète à proposer, une aubaine qu’exploitent le Vlaams Belang et la Liste Dedecker. Mais hors de question pour eux de s’attaquer à la politique socio-économique des partis établis, ils vont eux-mêmes beaucoup plus loin dans les attaques contre les acquis du mouvement ouvrier. Il ne reste plus donc qu’à se démarquer par la surenchère communautaire, l’anti-élitisme et l’exacerbation de la haine raciste.

    Au niveau électoral, le Vlaams Belang a perdu beaucoup de voix au profit de la liste Dedecker. Cela démontre que les voix du VB n’étaient pas un vote d’adhésion totale à ses idées extrémistes, ce que nous avons toujours expliqué. Depuis les années ‘90, la part d’électeurs flottants (ceux qui font du «shopping électoral» et votent souvent de façon différente d’élection en élection) a augmenté, particulièrement en Flandre. Dans les partis traditionnels, cela a renforcé les stratégies de communication orientées vers «l’homme de la rue» qui privilégient les hommes plutôt que les idées et les programmes. Tout cela a ouvert la voie au populisme. Ce populisme est un élément plus important pour le VB que son programme politique radical.

    La liste Dedecker affirmait encore l’an dernier vouloir gouverner avec le Vlaams Belang. Cette année, leur préférence va vers le CD&V et l’OpenVLD, soit les deux plus grands partis flamands. Une participation gouvernementale ne changerait rien au programme bleu foncé de la Liste Dedecker, mais l’exercice du pouvoir à long terme conduira inexorablement au déclin électoral de celle-ci, qui a un programme socio-économique encore plus agressif vis-à-vis des travailleurs et des allocataires sociaux que celui des partis traditionnels (elle veut encore augmenter les baisses de charge pour les patrons, limiter les allocations de chômage dans le temps, ne plus indexer les salaires que sur base du net et non du brut,…) . Une bonne performance de la LDD pourrait par contre mener à une nouvelle droitisation du Vlaams Belang et à la radicalisation de certains groupuscules néofascistes liés au Vlaams Belang comme Voorpost, le NSV, la NSA,…

    Et en Belgique Francophone ?

    Le danger du populisme de droite n’existe pas qu’au nord du pays. Le mécontentement contre la politique traditionnelle existe aussi et est illustrée par le fait qu’un parti-fantôme comme le FN (sans structure, sans véritables militants, sans travail réel,…) arrive tout de même à dépasser les 5% sans rien faire. Le problème qui se pose à un populiste de droite est qu’il doit se faire remarquer au maximum tout en s’assurant un soutien populaire avec des propositions unilatéralement favorables aux riches ! Dedecker parle ainsi le moins possible de son projet socio-économique et attaque le plus possible les autres partis. Ce ne sont pas les occasions qui manquent en Wallonie après les différents scandales qui ont récemment égratigné les partis établis (et pas seulement le PS).

    On a beaucoup parlé de Rudy Aernout et de son LiDé, mais il s’y est pris comme un manche. Lui qui était déjà plus vu comme un technocrate que comme le « bon pote avec qui boire une chope » (ce qui est un peu l’image de Dedecker) a ouvertement parlé en long et en large de son programme socio-économique de droite avec des attaques contre les chômeurs (qui tombent mal à un moment de crise économique) saupoudrées de blagues douteuses sur la misère des gens. Et en termes d’anti-establishment, là aussi, il a fait fausse route et n’a pas mis longtemps avant de rejoindre le MR.

    Aernout a pu bénéficier d’une large couverture médiatique, mais ses méthodes malhabiles et ouvertement opportunistes ne lui ont apporté qu’un extrêmement faible 0,4% d’intentions de vote dans le premier sondage où il était question de lui. Cela ne signifie aucunement que le danger est écarté. Tant qu’aucune force de gauche ne saura orienter le mécontentement de la population vers une lutte active et collective contre les vrais responsables de la misère (les patrons, les actionnaires et les politiciens traditionnels), une force populiste aura toujours un espace pour se développer.

  • Pour des actions de masse qui renforcent le mouvement

    Dans le cadre des actions contre la guerre dans Gaza, il y a eu parfois des dégradations et des confrontations avec la police. Après la grande manifestation du 11 janvier, des voitures ont été démolies par des petits groupes en marge des manifestants. Ceci ne renforce pas la résistance contre la guerre mais isole le mouvement et offre un prétexte à certains médias pour blâmer tous les manifestants. Nous rejetons ce genre d’« actions » et plaidons pour des actions de masse pacifiques qui se tournent vers des couches larges de la population pour les convaincre et les impliquer dans le mouvement.

    Par Sven (Louvain)

    Le 26 mars, nous organisons la manifesta-tion annuelle contre le NSV. Nous essayons de mettre en place une large unité pour cette manifestation, avec toutes les forces qui veulent lutter pour une alternative de gauche pour faire barrage à la croissance de l’extrême-droite. Malheureusement il y a toujours des groupes pour penser qu’une action ludique ou symbolique serait meilleure parce que toute manifes-tation porterait en elle un risque de violence. Nous n’avons en soi pas de problème avec les lancers des ballons ou d’autres actions ludiques mais ce n’est pas cela qui va faire obstacle au NSV quand il va essayer le 26 mars de mettre en pratique sa politique violente, ce qui rendrait Leuven dangereux pour tout immigré, homosexuel(le), non conformiste,… Seule une mobilisation massive peut empêcher cela.

    On ne peut pas répondre à l’argument selon lequel des petits groupes pourraient procéder à des destructions en marge des manifestations en n’organisant plus de manifestations. Manifester est une méthode d’action qui, à travers toute l’histoire du mouvement ouvrier, a joué un rôle important dans le renforcement de l’action collective et de la solidarité. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons un problème avec les destructions qui minent la solidarité entre les manifestants et qui empêchent une extension de l’action.

    Dans une manifestation contre l’extrême droite, comme celle contre le NSV, nous voulons montrer l’isolement dans lequel se trouvent ces organisations. Malgré le poids électoral du Vlaams Belang et les ressources dont il dispose (pour faire sa propagande mais aussi pour organiser un service d’ordre musclé et violent comme le groupe Voorpost de Luc Vermeulen), il y a chaque année trois à cinq fois plus de monde dans la manifestation antifasciste que dans celle des fascistes. En réalité, le NSV se compose principalement de membres d’organisations telles que Voorpost et le VB, avec très peu d’étudiants.

    En organisant le même soir une contre-manifestation, nous voulons montrer quelles sont les forces réelles sur le terrain et limiter l’espace que le NSV voudrait occuper. Pour chercher – et trouver – un large soutien à la résistance contre l’extrême-droite parmi les étudiants de Leuven, il est important que la manifestation soit pacifique.

    Lors des manifestations contre la guerre à Gaza, nous avons vu comment des politiciens et des médias ont utilisé les incidents dans le but non seulement d’isoler les manifestants, mais aussi de limiter le droit de manifester. La ville d’Anvers a voulu exiger de la Ligue Arabe Européenne qu’elle lui donne une liste de 100 personnes responsables du service d’ordre avant d’autoriser une manifestation (avec l’intention de rendre celles-ci personnellement responsables en cas d’incidents). Cette idée a été immédiatement reprise à Gand, où elle a été, à juste titre, rejetée par les organisateurs de la manifestation “Gand pour Gaza”. Une telle remise en cause du droit de manifester est, entre autre, le résultat des incidents et des dégradations.

    La construction d’une opposition de gauche doit se faire en mettant en avant un projet politique, pas en semant le désordre dans la ville (même si ce n’est le fait que d’une petite minorité). Nous n’avons pas besoin de telles provocations (rappelons qu’au cours des manifestations anti-mondialisation, il y a même eu plusieurs exemples de policiers infiltrés qui étaient à l’origine d’actions provocatrices).

    Construire le projet politique d’une opposition de gauche qui puisse convaincre de larges couches n’est peut-être pas aussi excitant que de jouer au chat et à la souris avec la police. Mais c’est par contre beaucoup plus radical et plus efficace pour développer une force capable de changer la société. C’est pour cela que nous lançons cet appel : faisons de la manifestation anti-NSV à Louvain le 26 mars une démonstration massive et combative contre le racisme, contre l’extrême-droite et contre la misère et le chaos du capitalisme.


    LE 26 MARS, MANIFESTATION CONTRE LE NSV A LOUVAIN, participez vous aussi!

  • Pourquoi nous nous retirons du front pour la manifestation du 7 mars

    Après une dernière discussion avec les représentants du Comité des Opprimés Immigrés (COI) et l’Initiative Femme de la Fédération des Associations Kurdes en Belgique (Fek-bel) nous avons décidés, le dimanche 25 janvier, de nous retirer du front qui s’était formé autour de la Journée Internationale des Femmes. Notre propre campagne et nos activités pour la Journée Internationale des Femmes sont en plein préparation.

    Déclaration de la commission femmes et du Bureau Exécutif du PSL/LSP

    L’année dernière, le Parti Socialiste de Lutte (ex-MAS) avait pris avec le groupe iranien/afghan 8 March Organisation l’initiative d’une manifestation à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes qui combinait une protestation aux ambassades américaine et iranienne ainsi qu’au parlement européen. Au cours des dernières semaines avant cette manifestation, nous sommes également rentrés en contact avec le COI et l’Initiative Femmes du Fek-bel et nous avions décidé de combiner leur manifestation et la nôtre. La collaboration s’est faite très facilement parce que ces organisations – qui sont très différentes de nous tant sur le plan idéologique que sur le plan de la pratique politique – partageaient avec nous la volonté de remettre en avant la Journée Internationale des Femmes. Sur le programme à défendre, il y avait aussi un grand accord. Nous partageons ensemble l’opinion qu’un changement de législation ne suffit pas pour aboutir à une véritable libération des femmes et qu’il faut en finir avec ce système capitaliste qui vit de la division qu’il sème au sein du mouvement ouvrier.

    Cette année, il était évident de poursuivre cette collaboration, ce qui a déjà conduit à l’organisation d’un séminaire commun à l’occasion de la Journée Internationale contre la Violence contre les Femmes en novembre 2008. La préparation d’une nouvelle manifestation commune était déjà avancée, dont le fait d’inviter d’autres groupes pour élargir le front. C’est à ce sujet qu’un vrai problème est apparu.

    Concrètement, le COI et Fek-bel ont aussi invité Secours Rouge, un groupe avec lequel ils travaillent régulièrement autour de certains projets concrets, mais avec lequel le PSL /LSP ne peut pas et ne veux pas se lier. Nous n’avons malheureusement pas pu convaincre ces organisations du fait que la collaboration avec ce type de groupes ne fait pas progresser la construction d’un front plus large, mais rend justement cette tâche impossible.

    Secours Rouge est une organisation peu connue et bien petite qui a reçu une attention médiatique l’an dernier, surtout du côté francophone, quand deux de ses membres (entre autres l’ancien membre des CCC Bertrand Sassoie) ont été arrêtés dans le cadre d’une enquête sur un groupe terroriste italien. Finalement, cette enquête n’a été qu’un pétard mouillé et ils ont été libérés par manque de preuves. Il s’agissait probablement d’une tentative de l’Etat pour tester les nouvelles lois anti-terroristes en pratique.

    Les membres de Secours Rouge ont néanmoins défendu le terrorisme individuel dans les médias et Bertrand Sassoie a défendu les attentats qu’il avait commis dans les années ’80 avec les CCC. Le fait que deux pompiers – qu’on ne peut pas vraiment prendre pour de ‘grands oppresseurs’ des travailleurs et d’autres couches de la population – aient perdu la vie n’est pour eux qu’un détail déplorable sur lequel ils refusent jusqu’à ce jour de prendre leurs responsabilités.

    Nous voulons clairement affirmer ici que le PSL/LSP s’oppose aux lois anti-terroristes introduites un peu partout dans le monde après les attentas d’Al Qaida le 11 septembre 2001. Comme nous l’avons toujours clairement expliqué, toutes les lois qui limitent la liberté d’expression et renforcent l’appareil d’Etat vont finalement être utilisées contre le mouvement ouvrier. L’introduction de telles lois illustre justement que la classe dirigeante se prépare à une lutte de classes plus intense. Il y a toutefois pour nous encore une grande différence entre ce point de vue et la défense réelle de groupes et individus qui recourent à la méthode du terrorisme individuel.

    Nous sommes d’accord avec le COI et Fek-bel pour dire que les Etats capitalistes ont presque tous pris l’habitude de décrire chaque mouvement de résistance comme “terroriste” et qu’ils ne font pas de différences entre les réels mouvements de résistance des peuples et des groupes de la population opprimés d’un côté et des individus ou des petits groupes isolés de l’autre. Le PSL/LSP fait cette différence, bien que nous nous opposons également à cette méthode contre-productive dans le premier cas lorsqu’il s’agit d’attentats terroristes qui font part d’un mouvement de résistance plus large comme dans le cas de la résistance kurde ou palestinienne contre des Etats qui refusent le droit à l’indépendance de ces peuples et qui empêchent activement cette indépendance avec l’utilisation brutale de la violence.

    Le PSL/LSP n’a jamais fait un secret de notre rejet du terrorisme individuel. Notre Internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière – CIO, a dans le passée refusé de façon conséquente de défendre les attentats terroristes de l’IRA, de l’ETA ou de l’OLP, entre autres, y compris quand ces organisations bénéficiaient encore d’un soutien plus large dans leur population. Il peut encore y avoir une certaine compréhension de ces actions au vu de l’oppression brutale à laquelle les catholiques d’Irlande du Nord, les Basques ou les Palestiniens ont été confrontés, ce qui n’est pas du tout le cas de mouvements terroristes comme les CCC ou la RAF, surtout actifs au cours des années ’80 du siècle précédent.

    Ces organisations pouvaient encore surfer sur une résistance plus générale dans la société à cette époque, mais ils ne faisaient pas partie de cette résistance. Il s’agissait de groupes isolés constitués d’éléments petit-bourgeois qui voulaient donner une leçon au mouvement ouvrier, qui voulaient par leur activité individuelle et isolée impulser une révolution à la classe ouvrière. Le mouvement ouvrier – le plus souvent considéré par ces organisations comme une masse ignorante qui doit être poussée à plus de radicalisme par l’action de ces ‘intellectuels radicaux et éclairés’ – n’a aucune raison de défendre ces individus et/ou organisations.

    On peut estimer que “la fin justifie les moyens”, mais seulement si ces moyens font effectivement approcher la fin. Nous ne considérons pas le terrorisme individuel comme un moyen à envisager, nous ne défendons la violence dans la lutte que lorsqu’il s’agit d’une décision collective organisée et contrôlée par les couches larges de la population opprimée en réponse à une oppression violente. Nous ne sommes pas des pacifistes et nous défendons le droit, en Palestine par exemple, d’une population opprimée de s’opposer contre cette oppression y compris avec le recours à la violence. L’article suivant (en anglais) développe notre appel et le programme que nous avons défendu durant la dernière guerre à Gaza.

    Non seulement le terrorisme individuel est incapable d’atteindre le but d’un changement de société, mais cela fait en plus obstacle à ce processus de changement de société. La révolution n’est pas une affaire d’intellectuels individuels, c’est une affaire de masses. Les masses sont mises de côté par ces organisations et reçoivent le message que ces ‘dirigeants’ autoproclamés vont se charger de tout – des ‘dirigeants’ qui ne veulent pas passer pas le processus laborieux de se faire accepter en tant que direction par les masses sur base de mérites montrés dans la pratique. Cette méthode pousse les couches larges directement dans les bras de la classe dirigeante et discrédite et diabolise les courants plus radicaux du mouvement ouvrier tout en offrant une excuse à la classe dirigeante pour élargir fortement son appareil de répression.

    Nous regrettons qu’un bon projet autour de la Journée Internationale des Femmes tombe à l’eau avec cette affaire. Le refus du COI et de Fek-bel d’arrêter la collaboration avec Secours Rouge dans ce front revient pour nous à un choix entre la peste et le choléra : ou nous nous retirons, ce qui fait que la manifestation aura le caractère d’une manifestation de la communauté immigrée seulement; ou nous restons, mais la construction d’une plateforme plus large pour aujourd’hui et demain est mise en péril. Au moment où le mécontentement et la colère contre le système capitaliste commence à augmenter aussi parmi des couches plus larges de la population et qu’il devient toujours plus clair qu’il y a encore du chemin à faire pour atteindre l’émancipation de la grande majorité des femmes, nous ne voulons pas faire obstacle à la construction d’un front plus large autour des droits des femmes en collaborant avec des groupes qui utilisent et défendent des méthodes indéfendables.

    Vous pouvez trouver ci-dessous la lettre que nous avons écrite au COI et à Fek-bel sur cette question, lettre dans laquelle nous motivons notre décision.


    Aux participants au front pour une manifestation pour la Journée Internationale des Femmes

    Chers,

    Lors de la dernière réunion, les représentants du PSL/LSP ont été un peu surpris et ne savaient pas très bien que faire de la situation. Après discussions avec nos membres et au sein de nos structures dirigeantes, nous ne pouvons néanmoins rien faire d’autre que de retirer les accords faits au cours de la dernière réunion concernant la collaboration avec Secours Rouge/Bloc ML, pour nous au moins.

    Tout le monde est au courant qu’il y a des grosses différences, aussi bien sur le plan de la pratique politique que sur le plan idéologique, entre les organisations qui participent à ce front. Cela n’est pas un problème pour nous. Nous avons toujours été en faveur de la collaboration en action si on peut de cette façon faire progresser (une partie de) la lutte du mouvement ouvrier. Suivant cette logique, nous avons fait des alliances autour de listes électorales, des coopérations dans la lutte contre le Vlaams Belang ou dans le mouvement anti-guerre, etc. Les seules conditions que nous avons mises en avant étaient d’arriver à un accord entre participants sur base d’un bon cahier de revendications et/ou de slogans corrects tout en garantissant la liberté à chaque participant de défendre ses propres idées et son programme propre.

    Dans quelques cas néanmoins, la coopération devient un élément qui n’aide pas à faire progresser la lutte, mais crée justement de nouveaux obstacles pour avoir un soutien plus large. Avec ce ‘soutien plus large’ nous ne voulons pas dire un soutien plus large parmi la direction syndicale ou chez les partis sociaux-démocrates, ni parmi les organisations féministes bourgeoises, ni parmi la gauche officielle, etc., mais parmi les couches de militants syndicaux combatifs et d’autres personnes activement impliquées dans la lutte contre la politique asociale du gouvernement. Nous pensons qu’une coopération avec des organisations comme Secours Rouge/Bloc ML en est un exemple.

    Le PSL/LSP a toujours adopté une position de principe contre le terrorisme individuel, que cette méthode soit utilisée par qui que ce soit. Ce n’est pas un point de vue moraliste, le PSL/LSP n’est pas une organisation pacifiste. Nous défendons le droit de résister à la violence, si nécessaire par la violence, mais sous le contrôle et avec la participation du mouvement ouvrier et des couches pauvres et opprimées de la population. C’est quelque chose de totalement différent du terrorisme individuel, où des groupes plus ou moins petits décident en lieu et place de cette population large de la manière dont la lutte va se dérouler. Des groupes qui recourent au terrorisme individuel se mettent à la place des masses et de la lutte des masses, bien que celle-ci soit la seule capable de mener à un changement de société.

    Le terrorisme individuel est en plus un facteur très divisant pour le mouvement ouvrier. Cela peut, pour un moment restreint, enthousiasmer de petits groupes de radicaux, mais cela démoralise les couches larges et les pousse dans les bras du pouvoir établi. Les actions des CCC – dont Secours Rouge/Bloc ML ne veut se distancer et qu’ils défendent pleinement jusqu’à aujourd’hui – ont dans une large mesure agit en ce sens. Le résultat a été un renforcement encore jamais vu et indéfendable de l’appareil d’Etat. Après les actions des CCC, renforcées par les attentats totalement distincts de la Bande de Nivelles, on a vu des ‘robocops’ débarquer dans les rues pour la première fois en Belgique. Ces actions ont constitué l’excuse rêvée pour libérer plus de moyens pour la gendarmerie, une force spéciale d’intervention rapide a été mise sur pied, etc.

    Plus important encore, deux pompiers sont morts. La direction syndicale a aussi été capable de jouer sur l’aversion de ce qu’ils appelaient ’le radicalisme de gauche’ (que nous appelons de l’aventurisme criminel) pour limiter l’influence de figures explicitement de gauche au sein du mouvement syndical. Nous connaissons l’excuse des CCC : leur attentat était annoncé et, si ces pompiers étaient cependant présents, c’était parce que la police n’a pas fait son travail. Si on pose premièrement des bombes pour faire ensuite confiance à l’appareil d’Etat pour protéger les travailleurs qui pourraient être présents sur les lieux, il ne faut pas ensuite se plaindre que cet appareil d’Etat saute sur l’opportunité de discréditer les terroristes aux yeux de la population. Avec les terroristes des CCC, tout le mouvement à gauche de la social-démocratie a été d’un coup discrédité et diabolisé.

    Nous ne voulons pas être présents dans une plateforme au côté d’individus et de groupes qui rendent impossible à cette la plateforme d’atteindre également des couches plus larges avec le message que l’on veut mettre en avant. Les objectifs du PSL/LSP pour cette campagne autour de la Journée Internationale des Femmes est justement d’aller vers les couches larges pour clarifier que cette lutte est nécessaire. Le programme que nous défendons sur la question des droits des femmes a pour objectif de s’en prendre à la division qui, à cause de la position de la femme dans la société et de la constante propagande sexiste de la bourgeoisie, existe aussi dans le mouvement ouvrier. Nous voulons mettre fin à cette division en essayant d’arriver à un programme commun et une lutte commune des hommes et des femmes du mouvement ouvrier et des autres couches opprimées de la société pour mettre fin à la discrimination des femmes et pour le socialisme.

    Nous sommes d’avis que la coopération avec Secours Rouge/Bloc ML fait obstacle à cet objectif – mettre à l’agenda de façon plus large la lutte pour les droits des femmes – et nous ne sommes donc pas préparés à une collaboration. Nous demandons aux autres partenaires de la plateforme de poursuivre sans Secours Rouge/Bloc ML – nous pouvons éventuellement continuer la discussion là-dessus en vue de coopérations ultérieures au 8 mars 2009. Si, par contre, vous décidez de coopérer avec Secours Rouge/Bloc ML, le PSL/LSP se retire de cette coopération. Nous avons longuement construit un parti socialiste révolutionnaire en Belgique (et dans le monde avec le CIO) qui peut, au travers d’une approche transitoire, obtenir une réelle implantation dans les masses larges de la classe ouvrière. Plusieurs de nos membres ont obtenu le respect de leurs collègues en tant que délégué syndical ou jouent un rôle important dans leur quartier. Nous refusons de mettre cela en jeu pour une petite poignée d’aventuriers.

    Pour le PSL/LSP, Anja Deschoemacker

  • Après les actes de vandalisme néo-nazi à l’encontre d’EGA à L’ULB…

    Après les actes de vandalisme néo-nazi à l’encontre d’EGA à L’ULB…

    Une pièce bombardée de peinture, garnie de croix gammées et de phrases injurieuses, une partie de notre matériel détruit (spécialement nos tracts de solidarité avec les sans-papiers),… Voilà l’état dans lequel EGA a retrouvé le lieu où il entrepose son matériel à l’université en ce début d’année. On pourra remarquer la lâcheté de leur geste puisqu’ils ont profité de l’absence de nos membres et de la communauté universitaire pour pouvoir s’introduire dans le local afin de le souiller de leur propagande réactionnaire.

    EGA-ULB

    Les néo-fascistes sont coutumiers de tels actes de vandalisme, d’intimidation et de violence. Mais jusqu’ici, c’était plutôt dans les universités en Flandre que ceux-ci avaient une certaine confiance pour passer à l’acte. Pourtant, il y a quelques semaines, des militants du groupuscule néo-nazi francophone NATION avaient pénétré sur le campus pour mener une campagne de provocation raciste contre les sans-papiers qui occupent le gymnase et placarder des affiches nauzéabondes.

    Ce n’est pas une coincidence que cela soit EGA, le cerle étudiant marxiste sur l’université, qui a été ciblé au vu de notre attitude conséquente contre le racisme et l’extrême-droite. Nous sommes aux côtés des sans-papiers dans le comité de soutien (CAS) depuis le premier jour de l’occupation à l’ULB. Nous avons joué un rôle déterminant dans le blocage du meeting raciste de Dewinter par 300 antifascistes à l’université de Gand et récemment encore, nous avons lancé un appel pour une contre-manifestation pacifique nationale, le 12 mars à Louvain, contre la marche fasciste du NSV, le cercle étudiant qui sert de lieu de formation aux futurs dirigeants du Vlaams Belang.

    Le NSV organise une manifestation chaque année, au cours de laquelle il n’hésite pas à recourir à la violence envers les immigrés et les jeunes de gauche. Une manifestation à laquelle Nation a participé au cours des dernières années. Il y a 3 ans, à Louvain, des manifestants fascistes avaient envahi l’appartement et agressé quelqu’un qui avait crié un slogan antifasciste de son balcon. En nous mobilisant en beaucoup plus grand nombre qu’eux, nous pouvons briser leur confiance et mettre les néo-fascistes dans la défensive. Une campagne active à l’ULB et une forte mobilisation pour la manif à Louvain est le meilleur moyen d’empêcher le développement de leur présence sur notre campus.

    La crise du capitalisme entraine des vagues de licenciements et une paupérisation croissante des travailleurs et des jeunes. Le Gouvernement a déboursé des milliards d’euros pour sauver les intérêts des banquiers et des capitalistes, mais il n’est pas question pour eux de nationaliser pour sauvegarder les emplois et de mettre à disposition des moyens suffisants pour l’enseignement. Le sous-financement public a mis fin à la politique de services sociaux, de restos et de kots bon marché et a entrainé une augmentation des coûts des études depuis les années 80. Le pillage néolibéral des richesses collectives des 30 dernières années a créé un terreau favorable pour le développement des idées racistes.

    C’est pourquoi nous manifesterons également le 26 mars pour une opposition anticapitaliste contre la politique néolibérale qui alimente l’extrême-droite.

    • TOUT CE QUI NOUS DIVISE NOUS AFFAIBLIT !
    • MANIFESTE AVEC NOUS LE 26 MARS A LOUVAIN !
    • PARTICIPE A CETTE CAMPAGNE POUR EN FAIRE UN SUCCES !
    • REJOINS LES ETUDIANTS DE GAUCHE ACTIFS !
  • Le nouveau FN – Le même vieux racisme

    Suite au renvoi de l’ancien président à vie du Front National, le Dr. Féret, le parti néofasciste avait fièrement prétendu être intégralement rénové. Le nouveau président était alors Michel Delacroix, une figure également controversée chez laquelle on avait trouvé des armes il y a quelques années à peines. Aujourd’hui, Delacroix réapparait à nouveau dans les médias pour avoir chanté une chanson antisémite nauséabonde.

    Le film dans lequel nos deux néonazis en herbe se sont amusés en souvenir des camps de la mort a été divulgué dans le cadre du divorce de Delacroix. Cette chansonnette, Delacroix l’a poussée en compagnie de Luc Vankeerbergen, moins connu du côté francophone, un membre du conseil du CPAS de Malines pour le compte du Vlaams Belang. Cela confirme bien que les liens entre le Front National belgicain et le Vlaams Belang nationaliste ne sont pas aussi distendus que ce que l’on pourrait croire…

    Pour les élections, les deux partis d’extrême-droite se seraient même arrangés pour se répartir les communes bruxelloises selon le taux de francophones et de néerlandophones, histoire de ne pas se déranger mutuellement. Patrick Sessler, un des leaders du FN, a d’ailleurs été très actif au Vlaams Belang. Sessler a aussi été prit en train de faire le salut nazi sur la tombe du dictateur fasciste espagnol, Franco.

    Ce qui les rassemble, au-delà des petites amitiés, c’est leur nationalisme et leur haine des étrangers. C’est ainsi que Vankeerbergen et Delacroix se sont retrouvé à chanter une petite chanson sur la Shoah sur l’air de «L’eau vive» de Guy Béart: "Ma petite juive est à Dachau, elle est dans la chaux vive. Elle a quitté sont ghetto pour être brûlée vive." Le parlementaire du FN Cocriamont avait déjà avoué auparavant qu’il était négationniste (visiblement, l’existence et la taille des camps d’extermination et de concentration sont des sujets de dispute entre les deux zozos).

    Le Front a mit Delacroix à la porte, mais il reste toujours parlementaire. Au Vlaams Belang, Vankeerbergen a tout de suite suivi le même chemin.

    Le "renouveau" du FN est juste une utopie, à balancer à la poubelle au plus vite de même que ce parti. Il s’agit bien évidement toujours de la même clique de racistes et de négationnistes qui, il y a peu, considéraient encore Féret comme un Fuhrer. L’exclusion de Daniel Féret était une condition pour tenter de débuter la formation d’un noyau actif, d’un parti de cadre comme il en existe déjà un en Flandre.

    Cela ne prend cependant pas. Le FN rénové n’arrive pas plus à s’imposer que le vieux FN. Mais le Front ne frappe pas que par son racisme et ses "accidents". Il frappe surtout et avant tout par sa totale incapacité à offrir une réponse sérieuse aux problèmes sociaux auxquels est confrontée une large couche de la population.


    Liens:

    Fascisme hier et aujourd’hui: De la moisissure sur un système pourri

    Manifestation de Résistance Internationale contre le FN à Molenbeek

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