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Tag: Viêtnam
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Corée du Nord : Le dictateur nord-coréen brandit la menace nucléaire
Simple provoc’, ou l’annonce de millions de morts ?
Les craintes et tensions en péninsule coréenne et dans le monde ont connu un nouveau pic, pour des raisons très compréhensibles. La Corée du Nord est un régime quasi stalinien d’un genre très particulier et fondamentalement instable. Son nouveau “grand dirigeant”, Kin Jon-un, semble encore plus imprévisible que son père en ce qui concerne ces menaces d’envoyer des bombes nucléaires sur ses voisins.
Clare Doyle, secrétariat international du CIO
Considère-t-il le Sud de cette péninsule divisée comme constituant une menace majeure envers son régime dictatorial (surtout vu la différence de niveau de vie et la présence dans le Sud de quelques éléments de base de démocratie) ? Cherche-t-il à démontrer à sa propre clique dirigeante, y compris à sa tante et à son oncle, vu son jeune âge, qu’il a la carrure d’un chef ? Tente-t-il d’utiliser la menace d’une attaque nucléaire afin de contraindre ses voisins à un retour à la table des négociations ? À moins que son objectif ne soit d’obtenir la levée des sanctions internationales et une hausse de l’aide alimentaire pour sa population affamée ?
Probablement un mélange de tout cela. Nous avons ici réellement une situation dans laquelle un échange nucléaire pourrait démarrer à tout moment – délibérément ou par accident. Cela ne peut être exclu. Un tel acte engendrerait un véritable cauchemar de mort et de destruction, l’effondrement du régime nord-coréen et une crise majeure pour la Corée du Sud et pour toute la sous-région.
La première réponse des États-Unis par rapport aux menaces de la Corée du Nord a heureusement été “revue à la baisse”, selon le mot d’un commentateur de l’université Yonsei. Après avoir envoyé des bombardiers B2 survoler la péninsule, les États-Unis ont reporté leur test prévu de tir de missiles intercontinental et cherchent apparemment le “dialogue” plutôt que la “dissuasion active”.
La nouvelle équipe dirigeante chinoise semble elle aussi moins prompte que dans le passé à apporter son soutien automatique au régime nord-coréen et à ses provocations périodiques à l’encontre de l’impérialisme et du régime sud-coréen. D’un autre côté, dans le Sud, la “politique de confiance” du nouveau régime de droite implique l’acceptation que la “dénucléarisation” n’est pas la seule chose à faire avant la neutralisation de la menace quasi permanente provenant du Nord.
Un des facteurs qui joue sans doute dans les calculs du régime du Nord est la crainte que s’il devait supprimer son arsenal nucléaire, il subirait alors le même sort que les régimes irakien et autres qui ont subi le courroux de l’impérialisme.
Beaucoup d’hypocrisie
Le fait que les États-Unis et la Chine exigent le désarmement total de la Corée du Nord, alors que ces pays sont eux-mêmes armés jusqu’aux dents (notamment d’armes nucléaires qu’ils n’ont pas la moindre intention de démanteler), est le signe d’une terrible hypocrisie. Les armes nucléaires sont des dispositifs monstrueux de destruction massive. Aucun gouvernement sain d’esprit ne ferait usage de ces armes, à cause de la perspective de destruction mutuellement assurée qui en découlerait. Ces armes ne servent que de moyens de dissuasion.
Mais cela ne signifie nullement que de telles armes ne pourraient être déclenchées par un dirigeant malade ou par accident. Dans le cas de la Corée, cette nouvelle instabilité est à replacer dans le contexte qui suit la mort de Kim Jong-il, dont le “règne” a vu la majorité de la population nord-coréenne plonger dans la misère et la famine. La menace provenant du niveau de vie supérieur dans le Sud et l’“infection” causée par certains droits démocratiques durement acquis (comme le droit d’utiliser internet) – posent un risque pour le régime du Nord. C’est pourquoi Kim Jong-un aujourd’hui fait tellement de bruit au sujet de la menace extérieure et de la nécessité d’utiliser des armes nucléaires en guise d’auto-défense.
Le régime nord-coréen semble ne se soucier d’aucune loi. Avec ses 600 000 soldats postés juste derrière la frontière, il est en position d’anéantir en un clin d’?il la capitale du Sud, Séoul, qui se trouve à moins de 60 kilomètres. Il a récemment effectué un certain nombre d’attaques sur des navires sud-coréens, et pourrait cette semaine envoyer un missile qui irait jusqu’à atteindre la base militaire américaine sur l’ile de Guam.
Le soutien chinois pour Pyongyang s’amenuise
Tout affairé dans sa lutte pour l’hégémonie dans la sous-région et en interne, le parti “communiste” chinois n’est pas contre l’idée d’organiser ses propres interventions militaires dans la région – il y a eu récemment des accrochages avec le Vietnam, le Japon et les États-Unis. Mais sur sa route vers la restauration capitaliste, la Chine n’accourra plus automatiquement à l’aide de son voisin comme par le passé. Le régime nord-coréen n’a de toute façon lui non plus rien de communiste, même pas en nom. Son idéologie dominante, le “Juche”, est une invention de son premier “grand dirigeant”, Kim Il-sung, qui était au départ un dirigeant communiste dans la guerre de résistance contre l’occupation de la Corée par le fascisme japonais, pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce petit État de 25 millions d’habitants est né à la suite de la guerre dévastatrice de 1950-53 entre les forces de l’impérialisme et la Chine de Mao Zedung. Cette guerre s’est achevée sur un “match nul” qui a mené à la division de la Corée entre un Nord stalinien et un Sud capitaliste sous régime militaire pro-américain.
Aujourd’hui, le flux constant de touristes qui voyagent jusqu’à la zone démilitarisée qui divise le pays afin de jeter un ?il par-dessus la frontière apprennent de la part des guides officiels que cela fait 60 ans que les “loups communistes” du Nord menacent le Sud démocratique. Mais cela n’est pas correct. Tout d’abord, bien que les secteurs-clés de l’économie dans le Nord appartiennent au gouvernement, il n’y existe aucun élément de démocratie ouvrière pour la masse affamée et miséreuse de la population, alors que la petite clique dirigeante au somment du gouvernement et de l’armée vit dans un luxe scandaleux. Pour les capitalistes, la Corée du Nord sert d’épouvantail visant à discréditer les idées du communisme et du socialisme, alors que ce régime n’est en réalité qu’une déformation grossière de nos idées et n’a pas la moindre ressemblance d’un État ouvrier socialiste démocratique.
Deuxièmement, on voit mal de quel “Sud démocratique” on parle, vu que l’impérialisme américain y a consacré des ressources gigantesques afin de soutenir les cruelles dictatures militaires qui s’y sont succédées pendant plus de 30 ans, y compris celle de Park Cheung-he, le père de la nouvelle présidente récemment élue. Les États-Unis y maintiennent un large arsenal et des dizaines de milliers de soldats. Depuis que Pyongyang a menacé d’oblitérer Hollywood (alors qu’il est peu probable qu’il en ait la capacité), les États-Unis ont à leur tour menacé d’accroitre leurs “actifs” sur la péninsule – ce qui n’est pas du tout du gout de la Chine, qui s’acharne maintenant à réconcilier les deux camps. (En 1994, l’administration de Bill Clinton avait sérieusement considéré de lancer une invasion du Nord, mais a annulé son plan vu le cout estimé de 100 milliards de dollars et un million de morts).
Le capitalisme des chaebols
L’économie de Corée du Sud est dominée par une petite poignée de grands cartels appartenant à de riches familles, nommés les “chaebols”. Les militants syndicaux y sont constamment réprimés et emprisonnés pour le simple fait d’exprimer leur droit démocratique à s’organiser et à entrer en grève (voir notre article du 26 février 2013 sur la situation en Corée du Sud – en anglais). La lutte pour la construction d’une voix politique indépendante pour la classe laborieuse sud-coréenne devient de plus en plus pressante. À cause du régime monstrueux du Nord qui est faussement présenté comme étant communiste, beaucoup de personnes ont été détournées de nos idées, et il est très difficile de construire une force véritablement socialiste dans le pays capable de lutter contre le règne des multinationales et des banques.
Aujourd’hui, à cause de l’immense gouffre entre le niveau de vie au Nord et celui dans le Sud, la plupart des gens du Sud considèrent que la réunification de la Corée leur coutera personnellement énormément d’argent. Toute lutte visant à réunifier la péninsule dans l’intérêt de la population laborieuse doit lier la lutte contre la dictature et la folie nucléaire du Nord avec la lutte contre les chaebols du Sud. La lutte pour la planification socialiste démocratique de l’industrie, des banques et des grandes fermes sous propriété collective permettrait de jeter les bases pour la réunification longtemps attendue du peuple coréen.
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Ford Genk : Après la “Marche pour l’avenir”, la lutte doit aller de l’avant !
La fermeture de Ford a été annoncée le 24 octobre. L’incertitude et la confusion ont régné les semaines qui ont suivi. Mais le potentiel pour un combat déterminé afin de sauvegarder l’emploi était bien présent, illustré par les dizaines de milliers de personnes réunies pour la Marche pour l’avenir du 11 novembre. Mais si nous ne voulons pas que ce potentiel soit gaspillé, les syndicats doivent faire mieux que d’organiser une ‘‘promenade’’ et mettre au point un plan d’action offensif.
Par OK (Limbourg)
Après l’annonce de la fermeture, survenue en plein chômage économique pour les travailleurs, l’incertitude était grande. Comment s’opposer à cette annonce ? Certains ont suggéré qu’il valait mieux tout arrêter, d’autres ont pensé qu’il fallait reprendre le travail pour emmagasiner le plus gros ‘‘trésor de guerre’’ possible. La direction a fait une proposition de prime de départ qui a été rejetée, mais le travail a finalement repris le 15 novembre, avec la production normale de 1.000 voitures par jour.
Cette confusion a largement été aggravée du fait de l’absence de mot d’ordre clair. La manifestation du 11 novembre était une excellente occasion d’offrir une perspective à la lutte, avec la journée d’action européenne contre l’austérité du 14 novembre. L’occasion fut manquée et, pire, le travail a repris le lendemain après la période de chômage économique sans que rien ne soit mis en avant pour la lutte des travailleurs.
Les directions syndicales se sont limitées à donner pour seule perspective l’obtention de la prime de licenciement la plus élevée possible. Mais une prime, aussi conséquente soit elle, n’est pas une solution pour l’avenir des jeunes de la région. De plus, le personnel des sous-traitants passe à la trappe avec cette approche. Ces travailleurs, principalement des jeunes, se sont dès le début sentis laissés de côté, un sentiment menaçant l’unité d’action. Heureusement, les délégués syndicaux les plus combatifs ont restauré cette unité. Les revendications et les actions doivent avoir pour objectif de fermement unir les travailleurs de Ford et des sous-traitants.
Le Limbourg menace de devenir un désert social. Les dernières données affirment que la fermeture de Ford aurait pour répercussion la perte de 15.800 emplois au total ! Dans le passé, l’action du gouvernement s’est limitée à accorder la possibilité du chômage économique. A consentir à la création d’une véritable armée de chômeurs et de pauvres en somme…
Un groupe de 12 ‘‘experts’’ a été constitué pour se pencher sur un plan de relance pour le Limbourg. Après deux semaines, leur première idée est sortie : que les primes de licenciement ne soient pas payées individuellement, mais versées dans un fonds destiné à la reconversion du site. En clair, il s’agit de totalement briser la solidarité pour laisser les travailleurs à la rue sans rien en les faisant payer pour la reconversion ! Qu’est-ce que c’est que ce projet de misère ? Mais il n’y a rien d’autre à attendre de la part d’un gouvernement qui a organisé la dégressivité des allocations de chômage, rendu plus difficile de partir en retraite anticipée et qui s’est attaqué à notre pouvoir d’achat.
Luttons pour le maintien de chaque emploi !
Bien sûr, les syndicats travaillent à un bon plan social pour les travailleurs les plus âgés. Ils ont plus que mérité leur repos et leur retraite anticipée. Mais Ford a réalisé plus de 30 milliards de dollars de profit ces trois dernières années à travers le monde. L’année 2012 ne dérogera pas à la règle. Il n’y a absolument aucune raison de ne pas exiger de grosses indemnités de départ pour tous les travailleurs de Ford et les sous-traitants.
Mais cela ne règle pas une question plus fondamentale : tous les bons emplois disparaissent dans la région. Comment les jeunes générations peuvent- elles se construire un avenir ? Après la fermeture des mines du Limbourg, la présence d’une entreprise telle que Ford, qui engageait 17.000 travailleurs à l’époque, avait permis de relativement atténuer le choc. Mais aujourd’hui, il n’existe pas d’alternative.
Comment sauver l’emploi ? Les travailleurs de Ford avaient accepté de perdre 12% de leur salaire, mais ça n’a pas suffit. Faut-il en arriver aux salaires des pays de l’Est, d’Inde ou du Vietnam ? D’autre part, il est irréaliste d’attendre l’arrivée d’un repreneur, le secteur automobile mondial est en surproduction. Répartir la production entre les différents sites peut sembler positif, mais la question des pertes d’emploi restera toujours posée si on laisse le patronat décider : ce sera une répartition de la misère.
Nationalisation et reconversion
La seule solution à long terme, c’est la nationalisation du site. Divers gouvernements européens ne se sont pas gênés pour nationaliser les banques ou pour leur lancer des milliards. Si les autorités ont sauvé les spéculateurs, pourquoi ne pas sauver l’emploi et la production ? Mais si on laisse le gouvernement et les patrons décider, une nationalisation ne sera que temporaire, avant d’être bradée au privé par la suite. Pour eux, il est toujours question de nationaliser les pertes et de privatiser les profits.
C’est pourquoi nous sommes pour la nationalisation de l’entreprise, mais sous le contrôle et la gestion démocratique de la collectivité. Ainsi, les capacités du site pourraient être utilisées au bénéfice de la collectivité. Ford Genk est une entreprise puissante avec une grande richesse en termes d’expérience et de savoir-faire. L’usine est tellement flexible qu’il y est possible de construire n’importe quoi avec des modifications minimes. Pourquoi ne pas utiliser tout ce potentiel pour aider au développement d’un bon service de transport en commun, abordable et écologiquement responsable ?
Continuons le combat !
Une telle nationalisation ne tombera pas du ciel, cela dépend de la volonté de lutte des syndicats. C’est une question de rapport de forces. Les 11, 14 et 15 novembre ont été autant d’occasions manquées. Mais il n’est pas trop tard. Les syndicats doivent de toute urgence clairement défendre le maintien de chaque emploi par la nationalisation du site et construire un rapport de force avec un bon plan d’action.
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Taiwan : Les travailleurs du Textile occupent l’usine Hualon
Trois cents travailleurs du textile de l’usine de la Hualon Corporation, dans la région de Miaoli, à Taiwan, ont déclenché une grève illimitée il y a maintenant plus d’un mois, le 6 juin dernier. Depuis lors, leur usine est occupée. Ils sont entrés en lutte afin de récupérer l’argent qui avait été épargné sur leurs salaires et leurs pensions depuis plus d’une décennie.
Socialist Action, (CIO-Taiwan)
Le 25 juin, les 300 travailleurs s’étaient rendus à Taipei, la capitale, pour y protester contre l’inaction du gouvernement, sans qu’ils ne puissent à nouveau recevoir de réponse de la part des autorités. Le 26 juin, les travailleurs ont bloqué l’accès à la villa de leur patron, qui avait déclaré la faillite de l’usine mais vit toujours dans une maison luxueuse et conduit des voitures de sports européennes extrêmement chères. Les grévistes avaient alors subi une répression policière très brutale à l’extérieur de la villa, et des étudiants venus les soutenir avaient eux aussi été blessés. Les travailleurs occupent toujours leur usine afin d’empêcher que les machines ne puissant être déplacées ailleurs.
Au cours de ces 15 dernières années, les attaques antisociales de la part des propriétaires de Hualon n’ont jamais stoppé. Depuis 1997, l’entreprise a bloqué toute augmentation de salaire. En 1999, l’entreprise a stoppé de payer les bonus annuels auxquels avaient droit les travailleurs. Ensuite, en octobre 2001, la direction a commencé à opérer des coupes de salaire. Les travailleurs ont alors tenté de s’organiser, mais ont finalement été trahis par des jaunes. A ce moment, une dirigeante des travailleurs a été jusqu’à se suicider suite aux pressions exercées par le management. Ce tragique incident a été un sérieux coup porté au mouvement ouvrier local. Une travailleuse du secteur textile a ainsi déclaré à ce sujet que “…après que Chiu [la dirigeante des travailleurs] ait été poussée à la mort, plus personne n’osait se lever et riposter…”.
Il a fallu attendre que les travailleurs reprennent le contrôle de leur syndicat, tout récemment, pour qu’ils osent repartir à la contre-offensive. Trois ans après le drame, en 2004, l’entreprise a à nouveau diminué les salaries, de 30%. En 2008, la direction est repartie à l’attaque, en obligeant les travailleurs à augmenter la production jusqu’à 130% pour préserver l’entièreté de leurs salaires. Environ 50% des travailleurs sont tombé sous le seuil du salaire minimum, alors qu’il s’agit d’un droit légal.
Les plupart des travailleurs de Hualon sont des femmes, en moyenne âgées d’une cinquantaine d’années. Leurs conditions de travails sont incroyablement mauvaises. Chacun doit travailler en heures supplémentaires et les journées de 12 heures sont la moyenne afin de réaliser l’objectif de 130% de productivité. Les travailleurs n’ont que trois journées de congé par mois.
Le changement de direction n’a rien change
Après la déclaration de la faillite du patron, le vice-président du conseil local a acheté l’entreprise. Les actions des travailleurs ont alors plus encore déchaîné l’hostilité du gouvernement local. “Le gouvernement nous a totalement déçu”, a déclaré un des travailleurs. “Maintenant je comprends que le gouvernement et la loi sont du côté des patrons. Le gouvernement ne nous aidera pas et la loi est inutile. Nous, les travailleurs, ne pouvons compter que sur nous-mêmes. Si nous ne nous organisons pas pour nous battre, nous n’obtiendrons rien !”
Maintenant, la direction essaye de vendre les machines et les terres afin de rembourser les dettes, tandis que les travailleurs se retrouvent sans rien. De son côté, le patron en faillite a toujours un train de vie luxueux et il semble qu’il soit en train de lancer une nouvelle usine au Vietnam.
Nous soutenons les revendications des travailleurs selon lesquelles les capitalistes doivent rembourser l’argent des salaires et des pensions qui a été volé ces dernières années. Nous soutenons leur occupation destine à empêcher la vente des machines et des terres au bénéfice des banques.
Nous appelons les camarades du Comité pour une Internationale Ouvrière et les syndicalistes d’autres pays à envoyer des messages de solidarité aux travailleurs de Hualon et des lettres de protestation au gouvernement de Taiwan. Vous pouvez envoyer vos protestations au gouvernement taïwanais via votre consulat local et au ministère du travail à parti de son site internet : http://tinyurl.com/cj2ntko.
Envoyez également vos messages de solidarité aux travailleurs de Hualon à :- hu1152@yahoo.com.tw avec des copies à :- twsocialist@gmail.com
Envoyez s’il vous plait le message suivant en chinois dans votre email:
‘We support your struggle. The Taiwan government is showing itself to be the enemy of working people and the defender of corrupt capitalists by its shocking refusal to listen to Hualon workers and meet your demands. By solidarity and struggle you can win your rights. Demand the TW government to nationalize Hualon and guarantee workers’ jobs, pensions and owed wages. Demand the company’s books are open to public inspection and to representatives of the workers. International solidarity with Hualon workers!’
Cela signifie : ‘Nous soutenons votre lutte. Le gouvernement taïwanais se met en avant comme l’ennemi des travailleurs et le défenseur des capitalistes corrompus avec son refus choquant d’écouter les revendications des travailleurs de Hualon. Mais vous pouvez gagner l’obtention du respect de vos droits par la lutte et la solidarité. Exiger des autorités la nationalisation de Hualon pour garantir vos emplois, vos pensions et vos salaires. Exigez que les livres de compte de l’entreprise soient rendus publics pour une inspection effectuée par des représentants des travailleurs. Solidarité internationale avec les travailleurs de Hualon!’
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Comment Gustave Dache réécrit l’histoire de la grève de 60-61
Suite à la publication du livre de Gustave Dache sur la grève générale de 60-61, la LCR avait fait une critique de l’ouvrage sur son site. Voici cette réponse de la LCR et dans les liens ci-dessous celle de Gustave dache.
Par A. Henry, L. Perpette, G. Leclercq, G. Dobbeleer le Mardi, 30 Novembre 2010
Comment Ernest Mandel a empêché la victoire de la révolution socialiste en 60-61» : tel devrait être le titre du livre que Gustave Dache, militant ouvrier et vétéran carolo de la grève du siècle, a intitulé « La grève générale révolutionnaire et insurrectionnelle de 60-61 ».(1) Dache y défend l’idée que la Belgique connut à cette période une situation ouvertement révolutionnaire au cours de laquelle la classe ouvrière fut à deux doigts de s’emparer du pouvoir politique par une insurrection. L’échec, selon Dache, est dû au fait que les travailleurs furent trahis par leurs directions traditionnelles ainsi que par la gauche renardiste au sein de la FGTB, qui dévia le combat vers le fédéralisme.
Mais le livre constitue avant tout une dénonciation extrêmement violente d’Ernest Mandel et de ses partisans qui, à l’époque, pratiquaient « l’entrisme » dans la social-démocratie. Pour Dache, la révolution aurait triomphé si « le groupe Mandel » avait été révolutionnaire en pratique ; or, selon lui, il s’est avéré qu’il ne l’était qu’en théorie. Chapitre après chapitre, l’auteur martèle que « les mandélistes » ne sont en vérité et par essence que des « capitulards », des « liquidationnistes », des « réformistes », des « pseudo marxistes », de « faux trotskistes », des « suivistes » et des « opportunistes » visant pour la plupart à « faire carrière ». Ces accusations sont grotesques mais on connaît l’adage : « calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ».
Gustave Dache ayant trouvé le moyen de faire imprimer ce qu’il répète sans succès depuis 50 ans, nous sommes bien obligés de mettre un certain nombre de choses au point par écrit. Nous ne serons pas exhaustifs, cela nous entraînerait trop loin, tant l’ouvrage fourmille d’inexactitudes, de demi-vérités et de mensonges purs et simples (un chapitre entier est carrément repris d’un auteur lambertiste de l’époque, spécialiste du genre). Au-delà des querelles d’anciens combattants, notre souci est de donner une image correcte de ce que furent la grève du siècle et l’intervention de la section belge de la Quatrième Internationale dans cet événement. Car une conscience anticapitaliste se construit sur une interprétation juste des faits historiques, pas sur des mythes, des caricatures et des insultes.
1. La Belgique connut-elle une situation révolutionnaire et insurrectionnelle au cours de l’hiver 60-61 ?
Gustave Dache répond sans hésiter : « oui ». Nous ne partageons pas cette appréciation. Rappelons que, pour Lénine, une situation est révolutionnaire lorsque trois conditions sont remplies simultanément : 1°) ceux d’en bas ne veulent plus être gouvernés comme avant ; 2°) ceux d’en haut n’en sont plus capables ; 3°) les classes moyennes hésitent entre les deux camps. La deuxième condition n’a jamais été remplie en 60-61. La classe dominante resta unie et déterminée, elle ne perdit jamais le contrôle de la situation et fut loin d’épuiser toutes ses cartouches. La Belgique de 60-61 ne connut même pas une vacance temporaire du pouvoir, comme lors du Mai 68 français, quand De Gaulle disparut en Allemagne pour consulter ses généraux. Après cinq semaines, les travailleurs reprirent le travail sans avoir été battus, le gouvernement Eyskens tomba en avril, et le PSB, revenu au pouvoir, appliqua la « Loi Unique » par morceaux. Gustave Dache ne conteste pas cet enchaînement des faits. Or, celui-ci conduit à s’interroger aussi sur la première des trois conditions citées par Lénine.
Il ne s’agit pas de minimiser la portée de 60-61 mais de prendre la juste mesure de l’événement. En effet, si la majorité des travailleurs était invaincue et avait vraiment perdu toute illusion sur la social-démocratie au cours de la grève, comment expliquer qu’elle ne soit pas repartie au combat quelques mois plus tard? La classe ouvrière aurait-elle été écrasée entre-temps ? Historiquement, les situations révolutionnaires qui n’ont pas débouché sur la prise du pouvoir par les travailleurs ont toujours et nécessairement abouti à la victoire de la contre-révolution, c’est à dire à l’écrasement du mouvement ouvrier organisé. Où Dache voit-il un tel écrasement dans la période qui a suivi la grève ? Quand et comment la situation révolutionnaire prétendument ouverte par la grève générale s’est-elle refermée ?
Ici, une clarification s’impose. Dans sa préface au livre de G. Dache, Eric Byl, dirigeant du PSL, parle des « six grèves générales » qui auraient eu lieu en Grèce au cours des premiers mois de cette année… A cette aune, on comprend que 60-61 constitue pour lui une révolution ! Cependant, confondre une grève générale et un arrêt de travail généralisé de 24 heures constitue une erreur sérieuse. Le marxisme révolutionnaire parle de grève générale quand le fleuve ouvrier déborde les digues et inonde la société au point que plus personne ne sait quand et comment le faire rentrer dans son lit. C’est en ce sens, et en ce sens seulement, que toute grève générale ouvre une situation potentiellement révolutionnaire, donc potentiellement insurrectionnelle.
De plus, entre une situation potentiellement révolutionnaire, une situation pré-révolutionnaire, une situation réellement révolutionnaire, et une situation où les conditions pour une victoire révolutionnaire sont réunies, il y a encore tout un chemin à parcourir. (2) L’expérience pratique doit amener la masse des travailleurs mobilisés à se détourner successivement des directions collaborationnistes, réformistes, réformistes de gauche ou « centristes » (3), permettant ainsi le développement d’un parti révolutionnaire qui commence à être reconnu comme une direction alternative crédible à l’échelle de masse. L’expérience historique enseigne que ce processus est intimement lié à l’auto-organisation des travailleurs. C’est pourquoi le niveau de développement des organes de pouvoir des travailleurs est un bon indicateur du caractère révolutionnaire ou prérévolutionnaire d’une situation donnée, quelle qu’elle soit.
Or, que montre la grève générale de 60-61 à cet égard ? Dans plusieurs localités du Hainaut, des comités élus par les grévistes ont pris en charge le combat et même certains aspects de la vie quotidienne, tels que la circulation des véhicules, etc. Mais il s’agissait généralement de structures territoriales, formées dans les Maisons du Peuple, et pas de véritables comités de grève, élus en assemblée générale des travailleurs, au niveau des entreprises. Ces structures territoriales sont restées relativement isolées et n’ont pas commencé à se coordonner. Pourquoi sont-elles apparues dans le Hainaut ? Parce que l’appareil FGTB s’y opposait ouvertement à l’aile gauche renardiste. A Liège, où Renard assumait le mouvement, les comités étaient inexistants. Ils n’existaient pas non plus en Flandre, où les grévistes, confrontés au sabotage de la CSC, se regroupaient derrière la FGTB en tant que telle. « La Gauche » a appelé à former des comités de grève, elle a même avancé la perspective d’un congrès national de ces comités ; mais cette revendication restait très propagandiste, contrairement à ce qu’écrit Dache.
Concrètement, la seule manifestation généralisée de pouvoir des travailleurs fut la désignation, par le syndicat, des travailleurs autorisés à entrer dans les entreprises pour l’entretien de l’outil. C’est important, mais cela ne suffit pas à caractériser la situation comme révolutionnaire. Ou alors il faudrait conclure qu’une révolution pourrait se dérouler sans que l’appareil syndical perde le contrôle des masses, ce qui est absurde.
Dache prend systématiquement ses souhaits pour des réalités. Il ne tient pas compte du fait que la grève générale n’était certainement pas perçue comme « révolutionnaire » ni « insurrectionnelle » en Flandre. Il affirme que le saccage de la gare des Guillemins et les affrontements qui ont suivi, à Liège le 6 janvier, constituaient une « insurrection prolétarienne ». C’est confondre émeute et insurrection : une insurrection ne consiste pas à casser les vitres des gares mais à s’emparer des lieux du pouvoir politique et des points stratégiques, tels que les bâtiments officiels, les parlements, la radio et la TV, les centrales électriques, les nœuds de communication, les centrales téléphoniques, etc. Rien de tel ne s’est produit en 60-61. Les nombreux actes de sabotage mentionnés par Dache n’apportent pas non plus une preuve du caractère révolutionnaire de la situation. La grève du siècle a montré le potentiel révolutionnaire de la classe ouvrière, mais la situation n’a jamais été révolutionnaire. Telle est la vérité historique.
2. Le « groupe Mandel » est-il resté à la remorque de Renard ?
Dache dénonce André Renard, mais il est bien obligé d’admettre que celui-ci était vu et reconnu unanimement comme l’âme de la grève et comme son dirigeant incontesté. Partout, les grévistes réclamaient Renard, y compris et surtout dans les régions qui connurent des formes d’auto-organisation. Renard incarnait la gauche de la FGTB en lutte ouverte contre la droite social-démocrate, son autorité resta intacte jusqu’au bout et il garda le contrôle du mouvement même après l’avoir fait dévier vers l’objectif du fédéralisme.
Ce n’était certainement pas un révolutionnaire, mais ce n’était pas non plus un réformiste, et encore moins un partisan de la cogestion du capitalisme ! Il était auréolé du prestige de la Résistance, apparaissait comme un partisan du socialisme par l’action et semblait porter le combat pour les réformes de structure adoptées lors des congrès de 54 et 56 de la FGTB. C’est dire qu’il y avait pour le moins fort peu d’espace politique à gauche de Renard en 60, et qu’il convenait d’agir intelligemment. Se couper radicalement de lui, comme Dache le prône, aurait signifié se couper radicalement de la grande masse des grévistes et de toute leur avant-garde. Il n’y a aucun doute à ce sujet. Même après la grève, le prestige de Renard était tel que le Mouvement Populaire Wallon, qu’il avait fondé, compta plus de vingt mille adhérents. L’immense majorité des travailleurs radicalisés dans le combat contre la Loi Unique furent membres du MPW.
Pour autant, il est complètement faux et grossier d’affirmer, comme le fait Dache, que la section belge de la Quatrième Internationale serait restée à la remorque de Renard. Les tensions furent très vives, au contraire. En février 1959, Mandel et Yerna (qui ne fut jamais trotskyste) rompirent avec Renard parce que celui-ci avait fait volte-face dans la solidarité avec la grève des mineurs du Borinage. Une certaine réconciliation intervint par la suite, avant la grève, mais elle resta superficielle. Les désaccords étaient nombreux. Contrairement à Renard, qui ne se prononça jamais sur ce point, « La Gauche » mena campagne pour que les réformes de structure soient clairement anticapitalistes. La surenchère de Dache à ce sujet est complètement déplacée. Il prétend que notre courant défendait des réformes néocapitalistes et en veut pour preuve que « La Gauche » ne mit pas en avant l’exigence du contrôle ouvrier. Mais il se contredit en citant sa propre intervention lors d’une assemblée de travailleurs du verre au cours de laquelle, de son propre aveu, il ne dit mot de ce contrôle ouvrier, si indispensable à ses yeux !
Outre Mandel lui-même, plusieurs militants de notre courant se heurtèrent sérieusement à Renard. Ce fut notamment le cas d’Edmond Guidé, qui fit arrêter tout Cockerill à Liège dès le 20 décembre 1960 et que Renard, pour cette raison, démit sur-le-champ de son mandat syndical. Un autre membre notoire de notre organisation, Gilbert Leclercq, fut un des principaux animateurs du comité de grève de Leval, une des expériences les plus avancées en matière d’auto-organisation. Quant à la Jeune Garde Socialiste (le mouvement de jeunes du PSB à l’époque), le seul groupe qui trouve grâce aux yeux de Gustave Dache, les militant-e-s de la Quatrième Internationale y jouaient un rôle de premier plan. Surtout, « La Gauche » fut le seul courant politique à mener campagne pour la marche sur Bruxelles. On apprit par la suite, de bonne source, qu’il aurait suffi que les renardistes reprennent ce mot d’ordre pour qu’Eyskens abandonne la loi unique.
La marche sur Bruxelles était vraiment la revendication centrale pour celles et ceux qui voulaient que le combat progresse dans un sens révolutionnaire. Mais Renard n’en voulait pas. Notre camarade Lucien Perpète fut dans le collimateur pour avoir scandé ce mot d’ordre lors d’un meeting à Yvoz-Ramet. S’il faut encore une preuve pour démontrer la rupture de « La Gauche » avec Renard, il suffit de mentionner qu’à partir du 24 décembre 1960, lorsque « La Gauche » appela à créer partout des comités de grève et à les coordonner, notre journal dut se faire imprimer à Bruxelles, car Renard interdit qu’il puisse encore être tiré sur les presses du quotidien « La Wallonie », contrôlé par la Centrale des Métallurgistes.
Il est exact que certaines positions du journal « La Gauche » furent parfois floues, voire approximatives. Mais « La Gauche » était l’organe de la tendance de gauche au sein du PSB, pas de la section belge de la Quatrième Internationale. Bien qu’Ernest Mandel en fût le rédacteur en chef, elle n’exprimait pas toujours des positions marxistes-révolutionnaires, loin de là. On peut certes estimer que les trotskystes auraient dû mettre davantage l’accent sur leur apparition autonome en tant que section de l’Internationale. Mais « grise est la théorie, vert est l’arbre de la vie ». Nos camarades menaient de front le travail politique dans La Gauche, dans les JGS et la participation aux réseaux de soutien au Front de Libération Nationale pendant la guerre d’Algérie. Ils étaient si peu nombreux qu’ils durent se contenter de diffuser leurs positions via un supplément au mensuel de la section française, La Vérité des Travailleurs. Exemple de cette faiblesse: lorsque Georges Dobbeleer commença à travailler comme ouvrier à la FN en 1953, il était le seul militant trotskyste dans la région liégeoise…
On peut estimer aussi que nos camarades auraient dû claquer la porte du PSB après l’entrée de celui-ci au gouvernement, au lieu d’attendre leur expulsion en 1964. C’est notre opinion et, que nous sachions, c’était, jusqu’à présent, celle de Gustave Dache. Nous nous demandons donc pourquoi il ne l’a pas exprimée dans son ouvrage… Serait-ce pour ne pas gêner ses amis du PSL, qui, eux, sont restés dans la social-démocratie jusqu’en 1993, soit plus de 30 ans après la grève générale de 60-61?
3. Où s’arrête la critique, où commencent la calomnie et l’insulte ?
Les points abordés jusqu’ici relèvent du débat politique. Ils peuvent donner lieu à des échanges très vifs, et même à des polémiques. C’est la tradition dans la gauche en général, entre marxistes en particulier. Gustave Dache est virulent dans sa critique de la politique du Parti Communiste, sans déraper pour autant dans l’invective ou la calomnie. Mais il réserve celles-ci à notre courant. Les « mandélistes » sont sa cible principale, sinon exclusive. Deux chapitres leur sont consacrés et le ton extrêmement violent qui est utilisé ne sied pas à un débat entre révolutionnaires. Dache ne nous qualifie pas de « traîtres » mais, de toute évidence, c’est le fond de sa pensée. Ces dernières années, les accusations de ce genre ont disparu des échanges entre organisations de la gauche radicale car le PTB qui y recourait a rangé ses outrances staliniennes au placard. Il est déplorable que le flambeau soit repris par un militant qui se réclame du trotskysme ! Dache fait inévitablement penser à un article de Trotsky concernant Georges Vereecken : « Des sectaires en général et des indécrottables en particulier ». Ce titre s’applique parfaitement à son cas.
Non seulement le ton et le vocabulaire employés rendent le débat politique difficile (serait-ce le but : empêcher le débat ?), mais en plus Gustave Dache colporte un certain nombre de contre-vérités qui attentent à l’intégrité morale de militant-e-s révolutionnaires. Pour montrer à quel point les « entristes » ont mal tourné, il écrit par exemple que Georges Dobbeleer aurait « fait carrière » comme secrétaire syndical de la CGSP-Enseignement de Liège. Outre le fait qu’il n’est pas déshonorant d’être élu secrétaire syndical par ses camarades de travail, c’est une contre-vérité pure et simple : notre camarade a enseigné jusqu’à sa retraite, à 65 ans ! Est-ce cela « faire carrière » ?
D’autres affirmations calomniatrices concernent des personnes qui n’ont plus la possibilité de se défendre. Arthur Henry, par exemple, est tombé après la grève dans un guet-apens tendu par le président de l’Union Verrière (un syndicat corporatiste qui existait encore à l’époque, et dont Henry proposait le ralliement pur et simple à la Centrale Générale). Par une manœuvre, le dirigeant de l’UV fit croire que notre camarade refusait d’intégrer au personnel de l’usine de Gilly, dont il était délégué, deux militants d’une autre entreprise de la région, qui étaient victimes de la répression patronale pour faits de grève. Gustave Dache, qui était à l’époque pour le maintien du syndicat corporatiste, prend la version du dirigeant de l’UV pour argent comptant… Il omet de signaler qu’Arthur Henry démissionna de son mandat en guise de protestation contre la cabale! Il omet aussi de préciser que cet incident fut à la base de la formation de la gauche syndicale regroupée autour du bulletin « La Nouvelle Défense », qui allait conduire au renversement des délégations droitières dans plusieurs entreprises verrières de la région…
Notre dénonciateur de « mandélistes capitulards » donne tellement de leçons de marxisme, de mise en œuvre du programme de transition et de syndicalisme anticapitaliste, et il le fait avec tant de prétention, que nous sommes amenés à poser la question : qu’a-t-il gagné, lui, quelles victoires a-t-il remportées pour la classe ouvrière ? Qu’a-t-il construit sur la durée? Nous l’ignorons et aucun syndicaliste carolorégien n’a pu nous renseigner à ce sujet … Ce que nous savons, par contre, c’est que certains « capitulards mandélistes » eurent à leur actif des réalisations et des luttes exemplaires.
Le « mandéliste » André Henry dirigea les luttes du secteur verrier dans les années 70, notamment la grève avec occupation, maintien de l’outil sous contrôle ouvrier, élection de comités de grève dans les treize entreprises de Glaverbel au Pays Noir, et centralisation des comités en un comité régional de grève, dont il fut le président. Ce fut l’expérience la plus avancée de mise en pratique du Programme de transition dans l’histoire de notre pays après la deuxième guerre mondiale. Notre camarade était à ce point encombrant que la direction de Glaverbel (Philippe Bodson) lui offrit dix millions de francs belges pour qu’il abandonne le combat, ce qu’il refusa.
Louis Goire et Armand Dams, délégués de l’aciérie Thomas à Cockerill Liège, eurent à leur actif d’innombrables combats, notamment deux grèves internationalistes d’un quart d’heure pour protester contre les bombardements américains au Cambodge, durant la guerre du Vietnam. Ces délégués syndicaux furent d’ailleurs bureaucratiquement éliminés au début des années 70 par Robert Lambion, un ancien bras droit de Renard. Lucien Perpète joua un rôle très actif dans la première grève des employés de la sidérurgie liégeoise, en 1970-71. Gilbert Leclercq fut, dans sa région du Centre, le principal dirigeant de la grève nationale du secteur de la construction, en 1968. Pierre Legrève, qui échappa miraculeusement à la mort lors d’un attentat dirigé contre lui par l’extrême-droite colonialiste en raison du rôle central qu’il jouait dans le soutien au Front de Libération Nationale algérien, parviendra à renverser la bureaucratie syndicale social-démocrate dans la CGSP-Enseignement à Bruxelles et à y animer pendant deux décennies une équipe de militants syndicaux combatifs s’appuyant sur des assemblées syndicales démocratiques.
Georges Dobbeleer , outre qu’il fut condamné à trois ans de prison par contumace par la bureaucratie polonaise, pour son travail de solidarité avec les militants ouvriers indépendants, fit adopter la revendication de l’école unique au congrès national de la CGSP enseignement en 1982. Après 1960, les militants de la Quatrième Internationale jouèrent un rôle de plus en plus important dans la JGS, qui mobilisa 6.000 personnes à La Louvière contre le militarisme et l’OTAN, les 14 et 15 octobre 1961, pour le 40e anniversaire du « fusil brisé ». Etc., etc. Dache réussit le tour de force d’évoquer les suites de la grève du siècle jusqu’au milieu des années septante sans dire un mot de ces contributions de nos camarades à la lutte des classes. Craindrait-il la comparaison ?
André Henry, Lucien Perpette, Gilbert Leclercq, Georges Dobbeleer
Notes:
(1) Gustave Dache, « La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de 60-61 », ed. marxisme.be
(2) « La pensée marxiste est dialectique: elle considère tous les phénomènes dans leur développement, dans leur passage d’un état à un autre. La pensée du petit bourgeois conservateur est métaphysique: ses conceptions sont immobiles et immuables, entre les phénomènes il y a des cloisonnements imperméables. L’opposition absolue entre une situation révolutionnaire et une situation non-révolutionnaire représente un exemple classique de pensée métaphysique, selon la formule: ce qui est, est – ce qui n’est pas, n’est pas, et tout le reste vient du Malin. Dans le processus de l’histoire, on rencontre des situations stables tout à fait non-révolutionnaires. On rencontre aussi des situations notoirement révolutionnaires. Il existe aussi des situations contre-révolutionnaires (il ne faut pas l’oublier !). Mais ce qui existe surtout à notre époque de capitalisme pourrissant ce sont des situations intermédiaires, transitoires : entre une situation non-révolutionnaire et une situation pré-révolutionnaire, entre une situation pré-révolutionnaire et une situation révolutionnaire ou… contre-révolutionnaire. C’est précisément ces états transitoires qui ont une importance décisive du point de vue de la stratégie politique. Que dirions-nous d’un artiste qui ne distinguerait que les deux couleurs extrêmes dans le spectre? Qu’il est daltonien ou à moitié aveugle et qu’il lui faut renoncer au pinceau. Que dire d’un homme politique qui ne serait capable de distinguer que deux états: "révolutionnaire" et "non-révolutionnaire" ? Que ce n’est pas un marxiste, mais un stalinien, qui peut faire un bon fonctionnaire, mais en aucun cas un chef prolétarien. » Léon Trotsky, « Où va la France »
(3) Les marxistes révolutionnaires qualifient de « centristes » les courants de gauche qui oscillent entre réforme et révolution.
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Quel avenir pour Cuba ?
Ce 8 septembre, Fidel Castro a accordé une interview au magazine américain ‘‘The Atlantic’’ dans laquelle il a affirmé que ‘‘le modèle cubain ne fonctionne plus’’. Après cela, le 14 septembre, le syndicat cubain a annoncé la suppression de quelques 500.000 emplois dans la fonction publique d’ici mars 2011. Effectivement quelque chose ne fonctionne plus…
Par Pablo N. (Bruxelles)
Bien sûr, l’Ile doit faire face à une aggravation conjoncturelle de sa situation notamment due aux 3 cyclones qui ont ravagé l’économie cubaine en 2008 et à la crise internationale qui frappe aussi là-bas, bien évidemment. Mais à côté de ces éléments se trouvent des problèmes structurels comme le blocus économique imposé par l’impérialisme américain, la productivité et le marché noir.
Le régime cubain riposte par des mesures d’austérité dignes de nos politiciens néolibéraux : suppression des cantines dans les entreprises d’Etat, diminution des bourses universitaires, augmentation de l’âge de départ à la retraite, etc. Et maintenant, ce licenciement massif. Cuba fournira encore à tous ces gens les meilleurs systèmes de santé et d’éducation de tout le continent américain, mais rien ne garantit que les salaires seront les mêmes.
Au-delà de cela se pose surtout l’idée du gouvernement cubain de jeter tous ces gens dans le secteur privé en créant ainsi un embryon de marché du travail et restaurer avec patience le système capitaliste, avec en exemple la Chine ou le Vietnam. En réaction s’élèvent plusieurs voix d’intellectuels, de militants du Parti Communiste Cubain (PCC) et des Jeunesses Communistes.
Par exemple, lors du dernier congrès du PCC en 2009 (celui qui a entériné cette politique pro-capitaliste), une plateforme de ‘‘communistes et révolutionnaires cubains’’ a proposé des points programmatiques comme la constitution de conseils ouvriers contrôlant les décisions dans les centres de travail, la modification du système électoral dans le sens d’une démocratie plus participative ou encore la possibilité de construire des courants au sein du Parti.
Bref, à Cuba, rien n’est encore joué et les masses vont intervenir dans le processus actuel.
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Malaisie – Trois jours de protestations de plus 5.000 travailleurs immigrés
Plus de 5.000 travailleurs immigrés de JCY Co. Ltd., une usine électronique dans la région industrielle de Tebrau à Johor Baru, ont protesté dans les quartiers ouvriers contre la négligence de leurs patrons. Un travailleur népalais est décédé au travail le 16 août, le paton refusant de l’envoyer à l’hôpital. Un autre travailleur népalais serait également décédé le 4 août de n’avoir pas reçu de traitement suffisament tôt.
Par des correspondants du CIO en Malaisie
Les travailleurs issus du Népal, du Myanmar, du Vietnam, du Bangladesh et d’Inde se sont unis pour manifester suite à la mort de leur camarade tout en protestant également contre les bas salaires et l’absence de structures de soins dans cette entreprise de 8.000 travailleurs. La direction a fait appel à plus de 200 policiers pour contrôler les travailleurs en colère. Ces derniers avaient un programme de 4 revendications comprenant une hausse des salaires et demandaient aussi à l’ambassade népalaise d’intervenir dans les négociations.
Après trois jours, les travailleurs ont pu crier victoire. La direction a accepté de payer une compensation de 10.000 Ringgit à la famille du travailleur défunt, d’augmenter le salaire mensuel de 428 à 546 Ringgit, de mettre en place un service d’ambulance d’urgence et d’installer une clinique à l’usine.
Cette lutte a révélé que lorsque les travailleurs sont unis, ils peuvent obtenir des victoires, même si les patrons essayent d’instrumentaliser les différences de race, de pays ou de religion pour diviser les travailleurs. Ces derniers temps, de plus en plus de travailleurs immigrés sont entrés en lutte en Malaisie pour combattre pour leurs droits.
L’exploitation des travailleurs immigrés n’est que le sommet de l’iceberg. La plupart des 3 millions de travailleurs immigrés (près de 10% de la population malaisienne) ne gagne que de très petits salaires et travaille de longues heures dans des conditions de travail et de vie déplorables. Selon l’ambassade népalaise, en 2009, 183 travailleurs népalais ont perdu la vie en Malaisie, et 81 autres travailleurs sont également décédés sur les six premiers mois de cette année, la plupart pour cause de maladie ou de suicide. D’autres cas concernent des accidents de travail mortels.
Pendant ce temps, les employeurs utilisent les bas salaires des immigrés pour menacer les travailleurs malaisiens et les décourager de demander de meilleurs salaires. Les syndicats, très faibles et dont la direction bureaucratique est un frein pour les luttes, ne sont pas capables de jouer un rôle de direction pour des luttes communes entre travailleurs locaux et immigrés. Environ 90 pourcents des travailleurs ne sont pas syndiqués, et la législation malaisienne favorise beaucoup les patrons et mine les droits des travailleurs.
Même si les travailleurs ont pu obtenir une augmentation salariale, avec le haut taux d’inflation, leur salaire est insuffisant. De nombreux travailleurs sont obligés d’avoir deux emplois. Une récente étude du gouvernement a mis en lumière que sur les 1,3 million de travailleurs concernés, près de 34 pourcents gagnent moins de 700 Ringgit par mois, alors que le seuil de pauvreté est de 720 Ringgit par mois.
Seule l’unité des travailleurs peut les libérer du capitalisme. Il est nécessaire de construire des syndicats combatifs, de même qu’un parti des travailleurs de masse, pour se diriger vers une société basée sur les besoins de la majorité de la population et sur la démocratie des travailleurs, une société socialiste.