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Tag: Vienne
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En Bref…
Chaque samedi, nous publions dans cette rubrique quelques faits marquants, des citations, des cartoons, de petites vidéos,…
Reynders et la Tunisie
Didier Reynders a quitté son poste de Ministre des Finances pour devenir Ministre des Affaires Etrangères. Que notre bon Didier avait une certaine vision de la fiscalité, personne n’en doutait, et il a su se montrer digne de la confiance que plaçaient en lui les milieux d’affaires. Il semble que sur le terrain des Affaires Etrangères, il bénéficie aussi d’une certaine expérience… en ayant porté le titre de consul honoraire de Tunisie de 2004 à 2011, en pleine dictature de Ben Ali ! Ce poste sert avant tout à « favoriser le développement de relations commerciales, économiques, culturelles et scientifiques entre l’Etat d’envoi et l’Etat de résidence » selon la convention de Vienne. Plusieurs politiciens ont dénoncé cette relation particulière avec un dictateur. Ceci dit, c’est avant tout une manière bien facile et hypocrite de s’attaquer au MR. Nous attendons des commentaires aussi acerbes de la part de Véronique De Keyser (PS) ou de George Dallemagne (CDH) concernant la mission économique belge envoyée en 2012 au Kazakhstan…
Le racisme est une "réalité structurelle" en Belgique
L’ENAR (European Network Against Racism) a publié cette semaine un rapport intitulé "le racisme et les discriminations qui y sont associées en Belgique" à l’occasion de la Journée internationale contre le racisme. Selon la coordination nationale belge de l’ENAR, les communautés noire et musulmane ainsi que les gens du voyage sont les communautés les plus vulnérables face au racisme dans notre pays. Ce rapport dénonce "le racisme lourd en raison de la couleur de la peau" que subissent les populations "noires" tout en regrettant "qu’aucun rapport officiel n’apporte de chiffre ou d’analyse spécifique sur cette forme de discrimination". Il s’agit "d’un mouvement inquiétant" initié par "une coalition de partis conservateurs." Les secteurs les plus touchés par des faits présumés de discrimination sont l’emploi, l’enseignement, le logement et les médias, selon l’ENAR.
Londres annonce une baisse d’impôt pour les plus riches
Ce 21 mars, le budget 2012-2013 a été présenté par le ministre des finances britannique. Le gouvernement de coalition conservateur-libéral-démocrate vient de réduire le taux supérieur d’imposition sur les revenus de 50 % à 45 % pour les personnes gagnant plus de 179.500 euros par an, avec l’objectif de revenir le plus vite possible à un taux unique de 40 %. Pendant ce temps, les chômeurs de longue durée sont obligés de travailler gratuitement pour pouvoir continuer à percevoir leurs allocations de chômage… Comment mieux illustrer la guerre de classe actuellement à l’œuvre en Europe et dans le monde ?
«A tout moment la rue peut aussi dire NON !»
Voici un film de combats réalisé par les métallos Wallonie-Bruxelles de la FGTB. Il s’agit de 11 minutes d’images et de paroles de métallos en colère, un vidéo-tract qui sonne comme un avertissement, sur un rock prêt à mordre du groupe français Eiffel. Cette vidéo rappelle les actions et les combats récents menés par les militants et leur détermination à ne pas plier. Accéder à cette vidéo sur le site metallos.be
Le FMI fait quelques recommandations à la Belgique…
L’encre du conclave budgétaire de mars n’est pas encore sèche que le FMI propose déjà de nouvelles attaques ! Comme nous l’avons déjà dit, nous sommes face à une avalanche d’austérité, et elle ne s’arrêtera pas sans résistance ! Pour le Fonds Monétaire International, l’âge de la pension doit être relevé et l’indexation des salaires doit être revue. Rien que ça… Le prochain cheval de bataille de la Belgique doit être de booster sa position de concurrence, souligne le FMI. Quand s’arrêtera donc cette spirale négative ? Le gouvernement, toujours selon le FMI, doit maintenant se focaliser sur une restriction des dépenses dans les pensions, les soins de santé et l’emploi dans le secteur public.
ArcelorMittal : 138 % de bonus en plus
Selon le rapport annuel 2011, les dirigeants de la multinationale ont reçu 17,2 millions de dollars de rémunérations variables liées aux performances à court terme, contre 7,2 millions en 2010 (soit 138% de plus). Le bonus personnel de Lakshmi Mittal a augmenté de 199 % à lui seul… Durant la même année, le groupe a fermé ou annoncé la fermeture de plusieurs sites, notamment à Liège, à Rodange & Schifflange au Luxembourg et à Florange en France. Comment justifier de lancer un secteur économique aussi important aux mains de tels rapaces ?
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Hongrie : En route vers la faillite et la dictature?
Les médias internationaux parlent beaucoup de la Hongrie, à la fois en raison de la politique de droite de son gouvernement et de la crise économique du pays, une nouvelle menace pour la stabilité de l’euro. Bien que le pays ne soit pas membre de l’eurozone, tout en étant membre de l’Union Européenne, l’euro a chuté suite aux rapports faisant état des problèmes économiques de la Hongrie.
par Tilman M.Ruster, SLP (CIO-Autriche)
Le danger pour la zone euro réside dans de gros investissements et des prêts élevés accordés par les banques européennes (notamment autrichiennes, allemandes et suisses), et qui embrouillent ces dernières dans la crise hongroise. Le problème, c’est que la plupart de ces prêts ont été effectués en devises étrangères. Au cours de cette crise, la monnaie hongroise a continuellement été dévaluée, ce qui rend le remboursement de ces prêts en euros ou en francs suisses presque impossible. Il ne s’agit pas uniquement de prêts octroyés à l’État ou aux entreprises, les ménages privés sont ainsi particulièrement touchés. Lorsque la monnaie hongroise était plus forte, de nombreuses banques ont accordé des prêts en euros ou en francs suisses, qui ne peuvent maintenant plus être remboursés. Beaucoup de ménages sont donc actuellement en situation d’insolvabilité. Depuis le 11 janvier, le gouvernement hongrois, le FMI et l’UE ont négocié un plan de sauvetage en prenant exemple sur le plan grec.
Le gouvernement conservateur populiste de droite du Fidesz, dirigé par Victor Orbán, a tout tenté pour empêcher que cela ne se passe. Le remboursement d’un plan de sauvetage de 2008 a été terminé en 2010. Le gouvernement nouvellement élu d’Orbán a résisté à quelques-uns des diktats de l’UE et du FMI, notamment en introduisant une taxe limitée sur les banques et une ‘‘taxe de crise’’ qui a particulièrement touché les entreprises étrangères. Ces mesures fiscales ne font pas d’Orbán un homme de ‘‘gauche’’ pour autant. Il s’agissait plutôt d’une tentative visant à défendre les intérêts nationaux de la faible classe dirigeante hongroise tout en évitant d’immédiatement devoir faire face à la colère des électeurs du Fidesz. Le gouvernement du Fidesz a tenté de maintenir son soutien populaire, y compris chez certains travailleurs, en s’attaquant aux riches. Mais cela ne change en rien son caractère capitaliste. Ainsi, la taxe sur les banques a été suivie de cadeaux fiscaux pour les riches. L’alliance entre Orbán et les capitalistes n’est pas rompue, et de moins en mois de Hongrois soutiennent le Fidesz.
Suite à cela, Orbán a tenté d’utiliser sa majorité des deux tiers au parlement afin de faire adopter de brutales mesures d’austérité, comme celles mise en vigueur en Grèce par la troïka UE, BCE et FMI, sur base nationaliste. Ces énormes attaques contre les droits des travailleurs, les retraites, les soins de santé, l’aide sociale, les chômeurs, etc. ont été encadrées par une massive propagande raciste. Par exemple, lorsque la protection de l’emploi a été effectivement abolie, le gouvernement s’est justifié en accusant le ‘‘Rom paresseux’’ de paralyser toute l’économie. En outre, la proposition récemment introduite de détenir les travailleurs sans emploi dans des camps de travail obligatoire avec un personnel de sécurité destiné à les surveiller a été présenté comme une ‘‘mesure de sécurité’’ envers les Roms, dont le taux de chômage avoisine les 50%.
Il existe une opposition à ces mesures, mais qui ne dispose pas d’une voix politique claire. Le Fidesz a d’ailleurs lui-même une base électorale assez faible. Les 53% des voix obtenus aux élections de 2010 l’ont été sans grand enthousiasme de la part de la population, seuls 47% des Hongrois étant allés voter. L’opposition parlementaire se compose de l’ancien parti stalinien et désormais social-démocrate (le parti ‘‘socialiste’’ MSzP) et des vert libéraux (LMP), derrière le slogan ‘‘la politique peut être différente’’. Le MSzP est sérieusement discrédité pour avoir fait partie du gouvernement précédent, et ne s’est toujours pas relevé du scandale qui a éclaté quand, peu de temps après avoir remporté les élections de 2006, un enregistrement du Premier ministre du MSzP, Ferenc Gyurcsány, a été rendu public. Dans celui-ci, il déclarait au cours d’une réunion privée du parti ‘‘nous avons merdé…il est évident que nous avons menti tout au long des 18 derniers mois…’’ Depuis lors, ce parti ‘‘d’opposition’’ ne constitue plus une alternative crédible aux yeux des masses en colère.
Le soutien des néo-fascistes
A l’extrême droite, il y a le parti néo-fasciste Jobbik. Pendant la crise politique de 2006, ce parti a pu jouer un rôle important. Des dizaines de milliers de personnes ont défilé pour une ‘‘Hongrie nationale’’, des bagarres de rue éclatant ça et là avec la police. Ils ont même été jusqu’à utiliser un tank qu’ils avaient réquisitionné et ont occupé le centre de télévision nationale ! Les gauchistes, homosexuels, juifs et autres minorités ont dû se cacher ou fuir Budapest. Des voix se sont élevées pour dénoncer cette tentative de coup d’état du Jobbik.
Malheureusement, beaucoup de Hongrois considèrent le Jobbik comme une force d’opposition crédible, même si son programme est identique en de nombreux points à celui du parti au pouvoir, le Fidesz. Le Jobbik se fait passer pour un parti ‘‘anticapitaliste’’, mais il accuse ‘‘les forces juives internationales’’ d’être responsables du capitalisme et de la crise du système. Actuellement, le Jobbik n’est pas un réel danger pour le gouvernement. Mais il représente par contre un danger très réel pour les opposants et les minorités du pays. Il terrorise ainsi ses ennemis grâce à sa ‘‘Garde hongroise’’, une troupe paramilitaire de voyous et de skinheads. Dans certaines régions, cette garde prétend même jouer le rôle de “police auxiliaire”. À la requête de l’aile droite des autorités locales, ils effectuent des patrouilles, de réelles tournées de terreur, en se prenant pour des ‘‘fonctionnaires’’ en mission. Les Roms, plus de 6% de la population, ont déjà été chassés de certains villages.
Une opposition populaire croissante
La plupart des syndicats n’ont pas montré beaucoup de résistance face aux attaques brutales du gouvernement. La plupart d’entre eux sont affiliés au MszP, la social-démocratie. Les syndicats du secteur public font toutefois exception sur cette question. Après les attaques contre les salaires et les emplois, des grèves se sont développées chez les pompiers et les policiers. On a aussi vu des grèves dans les transports en commun, chez le personnel des bus et les cheminots, en riposte à des attaques contre les retraites et les régimes de retraite anticipée. Le syndicat du Jobbik dans la police, qui organise au moins 10% des forces de police, se dit “prêt à passer à l’action”, mais n’a pas participé à la grève. Il a d’ailleurs volontairement été exclu de l’action par les autres syndicats.
Le gouvernement a tenté d’empêcher l’organisation de tels événements en s’attaquant aux droits démocratiques gagnés par les luttes des générations précédentes et en tentant de virer les syndicats du secteur public.
La nouvelle loi sur les médias a fait les gros titres de la presse en dehors de la Hongrie et a suscité des protestations internationales. Mais le gouvernement censurait déjà ses médias. Le 2 janvier, lors de la manifestation de masse contre la nouvelle constitution d’Orbán, la chaîne de télévision gérée par l’Etat a placé le journaliste couvrant l’évènement à un des seuls endroits de la ville où aucun manifestant ne pouvait être vu, une pratique qui est déjà devenue routinière. La nouvelle loi a permis la création d’une nouvelle commission visant à empêcher la publication de rapports critiques et d’imposer des amendes élevées aux médias d’opposition. Des passages de cette nouvelle loi ont cependant été récemment retirés par la Cour constitutionnelle. Cela illustre que, malgré tout, certains secteurs du pouvoir sont opposés aux mesures du Fidesz, qui conduisent tout droit à régime autoritaire et dictatorial.
Toutefois, des mesures gouvernementales ont été prises contre ces juges constitutionnels ‘‘rebelles’’. Dans un premier temps, le gouvernement a créé les ‘‘lois cardinales’’ distinctes de la Constitution. Elles sont contraignantes, sans être soumises au contrôle de la Cour constitutionnelle dont les membres sont élus à vie par le parlement. Au lieu de cela, ces lois sont sous l’égide d’un nouveau conseil des gardiens appelés la ‘‘curie’’ dont les juges constitutionnels ne sont qu’une partie des membres.
Le président de la Cour constitutionnelle, proche du MSzP, a été contraint de démissionner. Il est susceptible d’être remplacé par un membre du gouvernement loyal à Orbán.
Une nouvelle constitution autoritaire et nationaliste
Les implications de la nouvelle Constitution, entrée en vigueur le 1er janvier, vont beaucoup plus loin. Un conseil central de banquiers est désormais en mesure de dissoudre le parlement s’il accepte "des mesures qui mettent en danger le budget". Ce conseil est rempli de membres du Fidesz. D’autres instances publiques sont également tenues en laisse par le Fidesz et, dans certains cas, par des membres du Jobbik, et de manière agressive. Cela donne à Orbán la possibilité de garder le pouvoir, même en cas de défaite électorale, et d’installer des éléments de dictature au gouvernement. Qu’il en vienne à les utiliser dépend de nombreux facteurs, notamment du développement de la crise économique et de la résistance de la classe des travailleurs hongroise.
Le gouvernement encourage et exploite le nationalisme hongrois. Le terme de ‘‘république’’ a été supprimé de la nouvelle constitution car le Fidesz veut utiliser le terme Hongrois comme une identité générale et ne faisant pas référence uniquement à l’Etat actuel. C’est très clair quand on remarque l’inclusion dans la nouvelle constitution de références à des “Hongrois de souche” vivant à l’extérieur des frontières imposées en 1919 par les vainqueurs de la première guerre mondiale. Récemment, le démocrate-chrétien vice-Premier ministre, Zsolt Semjén, a expliqué lors d’une réunion des “Hongrois de souche” à Vienne que donner la citoyenneté hongroise à tous les Hongrois de souche améliore à l’échelle internationale l’unité juridique de la nation et donc la survie des Hongrois. Il a déclare qu’une «impulsion forte» est nécessaire pour stopper l’assimilation des Hongrois de souche à l’étranger, ce qui implique l’octroi de la citoyenneté et du droit de vote en Hongrie.
L’opposition sape le soutien au Fidesz
Mais la résistance existe. En 2011, il y a eu une vague de manifestations et de grèves. Le 2 janvier, plus de 50.000 personnes ont envahi les rues pour protester contre la nouvelle constitution. Une des causes de cette participation massive est la colère qu’engendrent les privations provoquées par les réformes d’Orbán.
Lors des précédentes manifestations, par exemple pour la liberté de presse, les questions sociales étaient toujours bien présentes en arrière-plan. Le mécontentement se voit dans les sondages, le soutien au Fidezs a chuté à 14% en janvier 2012 (qu’il faut comparer aux 53% obtenus lors des dernières élections). Seuls 40% des électeurs disent vouloir voter, encore moins qu’en 2010. Pourquoi aller voter ? Toutes les tâches parlementaires importantes ont été attribuées à des organismes non élus.
Les partis établis ne représentent fondamentalement aucune alternative face aux mesures d’austérité d’Orban. Près de 60% des Hongrois disent qu’ils ne soutiennent actuellement aucun parti. Le MszP enregistre seulement 11% de voix, tandis que le LMP a à peine fait 4%. La Coalition démocratique, une scission du MSzP dirigée par l’ex-Premier ministre, M. Gyurcsány, a été jusqu’à présent incapable de combler cette lacune et enregistre près de 2%. Dans le même temps, le Jobbik bénéficie d’une stabilité dans les sondages, à 20%. Mais quand les néo-fascistes sont apparus à la manifestation du 2 janvier, ils ont été chassés par des gens qui criaient “les nazis dehors”!
Le nouveau mouvement de protestation apporte avec lui de possibles nouvelles bases pour les partis de gauche. Au début, il s’agissait principalement d’étudiants et de quelques citoyens en colère qui sont descendus dans les rues. La classe ouvrière a participé à des manifestations depuis 2011 et a commencé à imprimer sa marque sur le mouvement. Les syndicats ont participé à la manifestation du 2 janvier. Cela illustre la pression des membres du syndicat sur leurs leaders, et c’est un bon signe!
De nouveaux mouvements et partis
Le rapport des militants du Comité pour une Internationale Ouvrière montrent que, parmi beaucoup d’autres structures, deux initiatives en particulier ont commencé à se détacher des mouvements vers la formation de partis politiques. Une formation est appelée Szolidaritas. Le nom fait référence au syndicat polonais Solidarnośc. Cela montre les origines syndicales du parti, mais reflète aussi le fait que le programme du parti reste sur une base capitaliste.
La seconde formation est appelée 4K! (Mouvement de la Quatrième République) et a été lancé fin 2011. Il prévoit d’organiser son premier Congrès en mai. Jusqu’à présent, c’est un petit groupe hétérogène d’opposition existant essentiellement sur le net. Mais avec les grandes manifestations, il est devenu un pôle d’attraction de gauche pour beaucoup de gens en Hongrie. Son profil politique n’est pas encore clair, mais il traite seulement des questions de droits démocratiques.
Le moment est venu de constituer un parti à gauche qui lutte pour les travailleurs, les chômeurs et les jeunes. Il pourrait faire en sorte que le mouvement de protestation actuel ne s’éteigne pas. Pour réussir un nouveau parti comme celui-là, le programme est important à deux égards. D’une part il y a un besoin de propositions concrètes sur la façon dont le mouvement pourrait se développer. Les grèves seraient un instrument pour frapper le gouvernement là où ça fait mal. Le gouvernement serait ainsi forcé de se comporter ouvertement en faveur des grandes entreprises. Impliquer des organisations roms dans un nouveau parti et dans les manifestations est également important. Surmonter la fracture raciste est la clé de la lutte contre le Fidesz et le Jobbik.
Plus importantes encore sont les revendications qu’un tel nouveau parti aurait à mener dans le mouvement.
La réduction des droits démocratiques et les attaques racistes contre les Roms sont des symptômes que des attaques radicales sur les salaires, l’État-providence et les conditions de vie des travailleurs ont déjà été menées. Il y a une nécessité pour un programme de lutte contre la crise, pas seulement contre Orbán. En bref, il y a un besoin évident d’un programme anticapitaliste!
Beaucoup de gens en Hongrie ont déjà perdu toute illusion d’avenir au sein du capitalisme. Certains ont des souvenirs nostalgiques du «communisme du goulasch» qui a existé jusqu’en 1989, l’économie planifiée ayant au moins assuré la sécurité sociale, mais gouvernée par une élite autoritaire stalinienne ne permettait pas de réels droits démocratiques. Les jeunes, en particulier, ne veulent pas de ça, tout comme les personnes âgées ne désirent pas vraiment un retour en arrière. Beaucoup sont à la recherche d’autres alternatives au capitalisme. Un nouveau parti, armé de l’idée d’un véritable socialisme démocratique pourrait être très fructueuse.
Avec un programme clair et des stratégies de grèves et des actions de masse permettront d’accroître la confiance des travailleurs et des syndicats. Préparé de cette manière la classe ouvrière pourrait s’employer à faire tomber le gouvernement, ayant une réelle alternative à offrir à la grande majorité des partis existants!
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1er mai : fête des travailleurs ou lutte pour le socialisme ?
Le premier mai, c’est la fête des travailleurs. Mais que peuvent donc bien aujourd’hui fêter les travailleurs ? La norme salariale de 0,3%? La cherté de la vie ? L’augmentation de la pauvreté et du nombre de travailleurs pauvres ? La destruction des services publics? Aujourd’hui plus que jamais, surtout à la lumière des brutales attaques antisociales qui tombent sur l’Europe et ailleurs, il faut renouer avec les traditions de lutte, et pas seulement de commémoration, de la fête du 1er mai.
Par Nicolas Croes
Aux sources du Premier mai Si l’origine du Premier Mai remonte aux Etats-Unis, la première journée d’arrêt total du travail pour revendiquer l’instauration des 8 heures de travail par jour est issue d’Australie. En 1856, une première journée y avait été organisée le 21 avril, et le succès de la mobilisation ouvrière fut tel que décision fut prise de l’organiser tous les ans. La révolutionnaire allemande Rosa Luxembourg commenta ainsi ces faits: ‘‘De fait, qu’est-ce qui pourrait donner aux travailleurs plus de courage et plus de confiance dans leurs propres forces qu’un blocage du travail massif qu’ils ont décidé eux-mêmes ? Qu’est-ce qui pourrait donner plus de courage aux esclaves éternels des usines et des ateliers que le rassemblement de leurs propres troupes ?’’ L’idée d’une fête des travailleurs, à la fois moment de lutte et rassemblement servant à illustrer la force potentielle du mouvement ouvrier, commença alors à faire son chemin. La date du Premier Mai fut choisie par les syndicats rassemblés dans l’American Federation of Labour (AFL) en 1886, là encore pour revendiquer la journée des huit heures, exigence qui allait devenir le socle sur lequel s’est construite la tradition du Premier Mai. D’ailleurs, avant le muguet, l’usage était de porter sur soi un triangle rouge symbolisant les trois ‘‘huit’’ – huit heures de travail, huit heures de loisir, huit heures de sommeil. Ce jour de mai 1886, quelque 340.000 ouvriers américains ont paralysé des milliers d’usines par leur action de grève. A certains endroits, la répression fut des plus féroces, et six grévistes laissèrent leur vie sous les coups de la police à Chicago, à la fabrique de faucheuses Mc Cormick.
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Préserver et défendre le Premier Mai
L’évolution qu’a connu le 1er Mai à travers les années permet de retracer l’évolution du mouvement ouvrier luimême, y compris des coups qui lui ont été portés. Certains 1er Mai sont ainsi marqués d’une pierre noire. En Italie et en Allemagne, les fascistes, arrivés au pouvoir avec la bénédiction et le soutien de la grande bourgeoisie mais soucieux de garder la classe ouvrière sous leur contrôle, joueront habilement d’un anticapitalisme démagogique en organisant des manifestations grandioses et des parades obligatoires pour ce qu’ils rebaptisent ‘‘la journée nationale du travail’’.
Aujourd’hui encore, le Front National français tente d’instrumentaliser la date du Premier Mai, et l’extrême-droite en Belgique tente aussi de le faire. Nous avons ainsi participé à une mobilisation en 2008 destinée à bloquer les néo-fascistes du groupuscule Nation qui voulaient faire un défilé de Premier mai à Charleroi.
[/box]A l’exemple des travailleurs américains, les 400 délégués du congrès de fondation de la Deuxième Internationale (l’Internationale Socialiste, qui était encore fort loin de la caricature pro-capitaliste qu’elle est aujourd’hui devenue) décida en 1889 de mener campagne partout pour l’instauration des huit heures le 1er Mai, pas seulement en mots, mais avec grèves et manifestations. Cet appel a suscité un enthousiasme gigantesque qui a littéralement frappé d’effroi les différentes bourgeoisies nationales. A Vienne, à Paris et ailleurs, la bourgeoisie prépara ses régiments à intervenir, craignant un soulèvement imminent des travailleurs. En Belgique, des exercices de tirs spéciaux pour la garde civile ont été organisés ‘‘afin d’être prêts pour le 1er Mai’’ ! Face au succès incroyable de cette journée, la date est restée et, même lorsque la journée des huit heures a été obtenue de haute lutte dans toute une série de pays, la tradition est restée de manifester le Premier Mai en souvenir des luttes passées et le regard dirigé sur les luttes du moment ou à venir.
Et aujourd’hui ?
Le Premier Mai a toujours été très intimement lié à la classe ouvrière, et a reflété ses forces et ses faiblesses, ses périodes d’avancées comme celles de recul. Au fur-et-à-mesure, et particulièrement à la fin du vingtième siècle, les manifestations syndicales et les grèves du Premier Mai sont devenues des rassemblements souvent peu combatifs.
Le Premier Mai est souvent l’occasion pour les sociaux-démocrates du PS, du SP.a et de leurs amis d’autres pays de se référer au socialisme, une fois par an, pour ensuite activement trahir cet idéal le reste de l’année. Pour nombre de bureaucrates syndicaux, c’est la journée où l’on glorifie de petites victoires, où mettre en évidence une attaque bloquée tout en évitant soigneusement d’expliquer pourquoi les autres sont passées. Mais, à travers le globe, la combativité et la volonté de lutte reviennent aujourd’hui, à des degrés divers il est vrai. Mais partout la colère cherche à s’organiser, partout de plus en plus de questions sont soulevées par les dégâts sociaux et environnementaux du capitalisme, partout se développe la recherche d’une alternative. Toutes les digues qui ont été érigées pour canaliser la colère des travailleurs, et notamment les directions syndicales, ne retiendront pas éternellement les flots du mécontentement ouvrier.
Défendre le socialisme, 365 jours par an
L’an dernier, dans les discours du premier mai, l’absence de toute réponse claire face à la crise était frappante. Comment défendre l’emploi, quelles revendications sont nécessaires et comment construire un rapport de force, toutes ces interrogations sont restées sans réponse. Les attaques contre les libéraux n’ont pas manqué, mais c’était surtout une manière pour les appareils syndicaux d’apporter un soutien au PS et au SP.a avant les élections anticipées. Pourtant, ces partis collaborent à la politique des différents gouvernements depuis des décennies ! En Irlande, au Portugal, en Espagne ou en Grèce, ce sont les partis sociaux-démocrates qui appliquent loyalement les diktats du Fonds Monétaire International (actuellement dirigé par un membre du PS français…) et frappent les populations de leurs plans d’austérité.
Le meilleur programme anticrise à défendre aujourd’hui est un programme clairement socialiste, avec pour base les besoins et les nécessités de la majorité de la population. Créer de l’emploi, c’est possible, en répartissant le travail disponible par une réduction de la semaine de travail et la protection des prépensions. La nationalisation des secteurs- clé de l’économie – notamment du secteur financier ou celui de l’énergie – peut assurer que ce soient les spéculateurs qui se retrouvent au chômage et que ces secteurs-clé soient mis au service de la majorité de la population. Voilà des revendications capables de répondre aux crises du capitalisme et de construire une société enfin au service de la majorité de l’humanité. Emprunter cette voie, c’est emprunter le chemin de la lutte.
Les patrons sont organisés au niveau international tandis que les travailleurs limitent pour l’instant leurs luttes aux frontières nationales, et sont mis en concurrence les uns avec les autres par les différentes bourgeoisies. Imaginons un instant l’impact qu’aurait une initiative européenne visant à réunir les résistances ! Un bon prochain pas à poser dans cette direction serait de propager l’idée d’une grève générale de 24h à l’échelle européenne, une bonne manière de renouer avec les principes de solidarité internationale du premier mai et de montrer de manière éclatante qui est le véritable créateur de richesses dans la société.
Lors du 1er Mai 2010, les militants du PSL étaient présents dans 17 villes, dans tout le pays, d’Anvers à Charleroi et de Liège à Ostende. Plus de 700 exemplaires de notre mensuel avaient été vendus aux différents rassemblements, manifestations syndicales, etc. Cette année encore, vous pourrez trouver des rapports et photos des différentes activités organisées le Premier Mai et auxquelles participe le PSL sur notre site internet www.socialisme.be.