Your cart is currently empty!
Tag: Van Cauwenberghe
-
Quelle Belgique demain ?
Bi-communautaire, tri-régionale, multi-embrouillée…
Rudy Demotte, président de la Région wallonne et, depuis peu, de la Communauté française, et Charles Picqué, ministre-président de la Région bruxelloise, ont rendu public le 17 avril un texte commun qui fait pas mal de bruit.
Ils y affirment que « seule une Belgique fédérale, construite à partir de trois Régions fortes, établies sur pied d’égalité, permettra d’atteindre un équilibre institutionnel mature et satisfaisant pour tous » et, dans la foulée, proposent de remplacer la Communauté française née en 1970 par une Fédération birégionale Wallonie-Bruxelles. Serait-ce un oubli de leur part de ne pas mentionner la Communauté germanophone?
Des documents qui visent à réformer l’architecture institutionnelle du pays, il en sort quasiment toutes les semaines depuis la crise ouverte par les élections de juin dernier. Et comme une « vraie » réforme de l’État (après les zakouskis qui ont accompagné la formation du gouvernement Leterme) devrait être conclue pour juillet, il serait étonnant que ce rythme ralentisse à l’avenir. Pourquoi alors s’intéresser particulièrement à cette proposition-ci ? La réponse tient en trois points. Primo, elle est signée par les deux « ministres-présidents » francophones, par ailleurs tous deux dirigeants du PS, ce qui n’est pas rien. Deuxio, elle pourrait peser sur le bras de fer qui s’annonce dans les prochaines semaines autour de la réforme de l’État. Et tertio, si elle était appliquée, elle modifierait sérieusement les rapports de forces politiques au sein du pays.
Pour saisir l’enjeu, il faut comprendre comment fonctionne le fédéralisme en Belgique. Côté flamand, il y a une structure unique, à la fois Région et Communauté, mais (comme rien n’est jamais simple chez nous) celle-ci a choisi comme capitale Bruxelles, la ville cosmopolite par exellence avec une large majorité francophone ! Par contre, côté francophone, il y a une Région wallonne et une Région bruxelloise qui ont des pouvoirs de plus en plus larges et peuvent lever des impôts mais il y a aussi une Communauté franco-phone qui est responsable des mati-ères liées à la langue, en premier lieu l’enseignement et la culture. Mais cette Communauté ne peut pas lever des impôts et elle doit fonctionner avec de l’argent versé par les Régions et par l’Etat fédéral. Dans les faits, beaucoup de matières chevauchent allègrement les frontières entre les deux Régions et la Communauté, ce qui provoque la création de multiples « Comités de concertation » entre toutes les structures existantes. Bref, c’est confusion et maux de tête à tous les étages. Et, depuis des années, on cherche à remettre un peu d’ordre dans tout cela.
Pendant longtemps, le conflit a été vif entre régionalistes (essentiellement une aile du Parti Socialiste, autour des Happart et de Van Cauwenberghe, et de la FGTB wallonne) et communautaristes (essentiellement présents à droite, au CDH et surtout au MR). Depuis des dizaines d’années, les régionalistes perdent du terrain avec le recul économique de la Wallonie et la dernière crise politique a vu Reynders, Milquet mais aussi Di Rupo rivaliser de chants d’amour à la Belgique et, pour sauver celle-ci, de grandes déclarations sur l’unité éternelle des francophones.
Le document Demotte-Picqué semble marquer un retournement en mettant l’accent sur les deux Régions. Il y a là évidemment une solide dose de calcul politicien : les partis flamands veulent une Belgique organisée sur base des trois Communautés (et dans laquelle celle des 6,1 mill-ions de Flamands pèserait plus que celle des 3,4 millions de francophones wallons et des 1 million de Bruxellois majoritairement francophones!) et des trois régions (Flandre, Wallonie et une Bruxelles bilingue) tandis qu’une Belgique tri-régionale dans lequel les francophones seraient majoritaires dans deux Régions serait plus favorable à ceux-ci.
Mais, au-delà, la proposition des deux compères reste à ce stade très floue : veulent-ils liquider radicalement la Communauté en remettant ses compétences aux Régions et en mettant ensuite en place une structure légère pour coordonner les politiques de ces deux Régions ou sont-ils prêts à se contenter d’un lifting de façade de la Communauté ?
On pourrait se dire que tout cela n’est qu’amusement pour politiciens coupés des vrais problèmes. Mais les conséquences pourraient être bien plus profondes. Adapter l’enseignement, la formation, la culture,… à des situations régionales différentes n’est pas scandaleux en soi. Mais la communautarisation de l’enseignement il y a vingt ans a été de pair avec une baisse du financement de l’enseignement; côté francophone, deux vagues de rationalisation dans les années ’90 ont coûté plus de 6.000 postes d’enseignant. Parmi les syndicalistes de Bruxelles, certains plaident en faveur de la régionalisation de l’enseignement. A Bruxelles, la communautarisation a eu comme effet néfaste de créer deux systèmes sous-financés en compétition. Si ces syndicalistes plaident en faveur de la régionalisation, ce n’est pas pour diviser encore plus, mais dans le souci d’avoir un même sys-tème pour tout l’enseignement à Bruxelles. Mais si cela se fait en pleine crise économique et avec des caisses publiques largement vidées par des années de réductions d’impôts accordées au patronat, régionaliser l’enseignement risque bien de se passer de la même manière que la communautarisation dans le passé.
C’est bien là le vrai problème – et c’est évidemment celui que Demotte et Picqué, en adeptes pas honteux pour un sou de la politique néolibérale, n’abordent pas.
Trouver une solution aux « problèmes communautaires » qui soit satisfaisante pour la population implique non seulement que la population puisse donner son avis sur la réforme de l’Etat qu’elle voudrait mais surtout que la « régionalisation » ne casse pas les conditions de travail, ne diminue pas les services rendus par le secteur public, ne mette pas les travailleurs des diverses régions en concurrence,… et qu’au contraire des moyens importants soient mis en œuvre pour améliorer les conditions de vie et de travail. Or, c’est bien tout le contraire que la « fédéralisation » du pays à la sauce néolibérale de privatisations et de compétitivité nous a apporté depuis trente ans.
Lien:
- Brochure du MAS/LSP sur la question communautaire: La question nationale en Belgique – une réponse des travailleurs est nécessaire !
-
PS: De “OK Patron” à “OK Corall”
Règlements de comptes au PS… Vous avez vos pop corns?
Jean Peltier
On s’amuse dans les colonnes du « Soir ». Van Cauwenberghe et Janssens s’en prennent à Di Rupo qui nomme comme ministres des « petits jeunes » (qu’il sait ambitieux et qu’il espère reconnaissants) en dédaignant royalement les parlementaires chevronnés et expérimentés (eux, par exemple). Philippe Moureaux flingue Laloux qu’il veut voir démissionner et reproche à Di Rupo sa mollesse envers ceux qui manquent d‘éthique (suivez son regard vers Anne-Marie Lizin). Demotte et Picqué glorifient les Régions et descendent en flamme la Communauté française actuelle, en sérieux décalage avec Di Rupo qui n’a pas cessé de vanter ces derniers mois la primauté de la solidarité communautaire francophone. Y a pas à dire, c’est fête tous les jours au PS…
Il faut dire que les sondages se suivent en répétant le même message : le PS continue à reculer tant en Wallonie qu’à Bruxelles. Et Di Rupo, qu’on a effectivement connu plus flamboyant par le passé, semble incapable d’inverser la tendance. Dès lors, les couteaux s’aiguisent et les prétendants à une éventuelle succession commencent à s’agiter. Il n’y a qu’une seule question que ces messieurs-dames ne (se) posent pas : si, au-delà des « affaires », c’était la politique néo-libérale que le PS mène au pouvoir depuis vingt ans qui faisait fuir peu à peu son électorat ouvrier et populaire ?
Pour en savoir plus:
-
Pourqoui MAS/LSP collabore à l’initiative Een Andere Politiek, mais plus à Une Autre Gauche
A sa réunion du 20 juin, le Bureau exécutif du MAS/LSP a décidé de proposer aux membres et militants de quitter « Une Autre Gauche », et ce au moins jusqu’à la conférence du 21 octobre. Auprès de la majorité de nos membres, cette décision est accueillie avec enthousiasme et provoque un sentiment de libération. Pour d’autres, elle soulève plusieurs questions. Ces questions peuvent porter à la fois sur le pourquoi de la décision comme sur la manière de prendre celle-ci. Nous espérons clarifier ces deux aspects avec ce texte.
Le Bureau Exécutif du MAS/LSP
Pour un Nouveau Parti des Travailleurs à la gauche du PS, du SP.a, d’Ecolo et de Groen ! le 21 octobre en résultat de la conférence d’ « Une Autre Politique »
Le MAS/LSP mobilise pour le 21 octobre avec « Une Autre Politique » en Flandre, à Bruxelles et en Communauté germanophone. Par contre, nous sommes arrivés à la conclusion qu’« Une Autre Gauche » n’est pas une aide, mais bien un obstacle dans la formation d’un nouveau parti des travailleurs. En Wallonie, nous allons donc mobiliser pour le 21 octobre avec nos propres forces ou avec d’autres formations démocratiques.
A sa réunion du 20 juin, le Bureau exécutif du MAS/LSP a décidé de proposer aux membres et militants de quitter « Une Autre Gauche », et ce au moins jusqu’à la conférence du 21 octobre.
Auprès de la majorité de nos membres, cette décision est accueillie avec enthousiasme et provoque un sentiment de libération. Pour d’autres, elle soulève plusieurs questions. Ces questions peuvent porter à la fois sur le pourquoi de la décision comme sur la manière de prendre celle-ci. Nous espérons clarifier ces deux aspects avec ce texte.
Nous n’attendons d’Une Autre Gauche que peu ou pas de réponses sur le contenu; le contraire serait une première. La réponse à cette décision – dans le style caractéristique d’UAG – prendra certainement la forme d’accusations, d’attaques sur les aspects formels. On nous présentera comme une secte fanatique de partisans de l’un ou autre gourou,… On prétendra que le MAS/LSP n’est intéressé que par sa propre construction et est fondamentalement anti-démocratique, on recherchera un agenda secret derrière chaque chose dite et/ou écrite,…
Nos membres qui militent depuis quelque temps connaissent ces accusations loufoques. Ils savent qui les met en avant, quels intérêts elles servent et ils savent aussi à quel point les organisations (ou parfois ex-organisations) de nos accusateurs ont décliné au fil des ans et peuvent être elles-mêmes antidémocratiques. Par contre, des membres et sympathisants qui n’ont que peu ou pas du tout d’expérience dans la prise de décision au sein du MAS/LSP pourraient peut-être être amenés à douter. Bien que ce texte soit principalement destiné à un usage interne, nous pensons qu’il doit aussi être accessible aux observateurs et, pourquoi pas, également aux adversaires. Ceux-là vont probablement penser qu’ « il n’y a pas de fumée sans feu ». C’est pour cela que nous voulons clarifier la manière dont de telles décisions sont prises au MAS/LSP.
Comment se prennent les décisions nationales au MAS/LSP ?
Selon nos statuts, une telle décision peut être prise par le Bureau Exécutif (BE – élu par le Comité National). Cette décision ne peut être renversée que par le BE lui-même ou par un organe supérieur : soit par le Comité National (CN – élu par le congrès), ou bien par le Congrès National organisé tous les deux ans. Le prochain CN est prévu pour la fin août et le congrès pour décembre. Le BE propose de ne pas attendre ces dates, mais de décider le plus vite possible (nous expliquerons plus loin dans le texte – dans le passage sur le contenu – la raison de cette position). Formellement, un tiers du CN (33%) peut revendiquer une réunion d’urgence du CN pour changer ou confirmer la décision du BE. Un tiers du CN ou un quart (25%) des sections peut en plus revendiquer un congrès exceptionnel. En bref : le BE élu peut prendre cette décision, mais les membres possèdent divers instruments pour renverser cette décision. Le MAS/LSP est en plus la seule formation de gauche en Belgique qui reconnaît le droit de former des tendances et des fractions permanentes.
Tout cela est cependant essentiellement formel. Car, pour le MAS/LSP, la démocratie ne se limite pas à un certain nombre de petits règles mises sur papier dans des statuts. Les statuts ne sont qu’un dernier recours. Le plus souvent, si on doit les utiliser, c’est parce que la discussion démocratique a déjà fait faillite. Une direction marxiste démocratiquement élue ne peut pas laisser les choses en venir à ce point sur une question tactique comme celle-ci. Dès le moment où elle constate qu’une partie raisonnable du CN n’est pas d’accord avec la proposition ou exprime de graves doutes, elle va suspendre la décision et réunir un CN exceptionnel. De la même manière, elle va tenir compte de l’existence d’un courant représentatif à la base. Elle va laisser se dérouler pleinement la discussion pour que chaque argument, chaque tendance de pensée soit profondément comprise. S’il faut finalement quand même décider majorité contre minorité, la direction va s’assurer que la minorité soit représentée par une délégation sélectionnée par elle-même (la minorité, donc) à chaque niveau de l’organisation dans l’attente du moment où la pratique va clarifier les diverses hypothèses théoriques. C’est selon nous la seule façon de travailler qui est à la fois démocratique et tout de même efficace.
Pourquoi un nouveau parti des travailleurs ?
La discussion formelle sera peut-être la chose sur laquelle se jettent nos adversaires dans UAG mais le plus important reste la raison du contenu de notre décision. Le MAS/LSP abandonne-t-il l’idée d’un nouveau parti des travailleurs ? Rejetons-nous l’unité à gauche ? Le MAS/LSP ne s’intéresse-t-il à l’unité que dans la mesure où il peut la contrôler? Etc, etc.
Le MAS/LSP a lancé l’appel pour un nouveau parti des travailleurs – « qui puisse réunir tous les courants qui s’opposent aux attaques néolibérales du patronat et des politiciens » – depuis 1995 déjà. Bien longtemps avant que quiconque mette en avant cette orientation. Pourquoi ? Parce que nous voudrions un nouveau PS vu que l’ancien n’est plus satisfaisant? Parce que nous pensions que la révolution n’était plus à l’ordre du jour et qu’il suffirait de s’opposer au néolibéralisme ?
Bien sûr que non. Le MAS/LSP est une organisation socialiste avec un programme révolutionnaire. Et cela parce que nous sommes convaincus que le capitalisme aujourd’hui, contrairement au 19e siècle, ne peut plus jouer aucun rôle progressiste et ne vit plus que par une exploitation à outrance de l’homme et de l’environnement et parce que nous sommes convaincus aussi que seule une société dans laquelle la production est orientée en fonction des besoins de tous et non pas des profits de quelques-uns, une société socialiste donc, peut offrir une issue à l’humanité.
Pourquoi donc réunir « tous les courants qui s’opposent au néolibéralisme » ? Parce que le MAS/LSP est convaincu que la dégénérescence de la social-démocratie en un pur instrument du patronat fait que les travailleurs et leurs familles n’ont plus d’instrument politique, même déformé. La mainmise de la social-démocratie sur la direction de la FGTB et celle de la démocratie-chrétienne sur la direction de la CSC font que l’action – quand elle est encore possible – est extrêmement inefficace, mène à la passivité et à la démoralisation et donc à un recul de la conscience collective des travailleurs. Il suffit de regarder la façon dont la lutte contre le Pacte des générations a été freinée et comment, parallèlement, l’extrême-droite monte dans les sondages.
Tout ce qui peut faire remonter cette conscience constitue un pas en avant important. L’existence d’un instrument politique dans lequel les travailleurs puissent se reconnaître, avec lequel ils puissent tester et clarifier des idées dans la pratique et qui puisse leur donner en même temps un prolongement politique pour leurs luttes sur leur lieu de travail serait un pas en avant de géant. C’est cet instrument que le MAS/LSP, avec beaucoup de travailleurs, veut construire.
Quelle unité ?
C’est aussi ce qu’«Une Autre Politique » (UAP) autour de Jef Sleeckx, Lode Van Outrive et Georges Debunne essaie de réaliser : la création d’un nouveau parti politique qui rassemble tous les courants qui sont prêts à s’engager dans la lutte contre la politique néolibérale. Leur position est la suivante : chaque courant qui y est prêt est le bienvenu et peut garder sa propre identité ! Ils approchent la diversité non comme une menace mais comme un enrichissement. Ils veulent marcher ensemble et en même temps ouvrir le débat. Plus que ça : ils ne veulent pas bétonner le programme de ce futur parti mais laisser l’élaboration de ce programme aux travailleurs qui rejoignent le parti. En bref : ils ne veulent pas d’ultimatums, pas de programme mâché et imposé par le haut, pas de limitations à la liberté de discussion, mais un parti qui dès le début est structuré démocratiquement et dans lequel les travailleurs eux-mêmes élaborent un programme.
Le MAS/LSP approuve à 100% cette orientation et respecte le fait que ces trois personnes sont toujours prêtes, à leur âge, à mettre en jeu leur autorité et leur réputation au service du mouvement ouvrier. Bien sûr, le MAS/LSP ne cachera pas son programme au sein de ce parti et nous ferons nos propres propositions socialistes révolutionnaires. Sans doute aurons-nous des divergences d’opinion avec Jef, Lode et Georges sur beaucoup de questions mais, tout comme eux, nous voulons entrer dans le débat au lieu de le paralyser. Pour le MAS/LSP, le défi n’est pas le MAS/LSP ou un nouveau parti des travailleurs (NPT), mais le MAS/LSP et un nouveau parti des travailleurs. Donc, non, le MAS/LSP n’abandonne pas le moins du monde l’idée d’un NPT, ni de l’unité de la gauche, ne se replie pas sur lui-même et est certainement prêt à coopérer même si nous ne contrôlons pas cette coopération, comme tous les participants sérieux à Une Autre Politique sont prêts à en témoigner.
Une Autre Gauche est malheureusement presque le contraire d’UAP. Un programme élaboré par les travailleurs et leurs familles y est qualifié de « populiste ». l’idée mise en avant est celle d’un programme pré-mâché et « anti-capitaliste » qui est imposé à toute personne qui veut être impliquée dans UAG : « rejoins, et tais-toi ! ».
Le MAS/LSP n’a pas de problèmes avec les intellectuels, tant qu’ils sont prêts à mettre leur intelligence au service du mouvement ouvrier et tant qu’ils sont prêts à parler dans une langue compréhensible de tous. Mais, dans UAG, on appelle une langue compréhensible une « discussion de café». On préfère parler par énigmes à consonances intellectuelles sans cohérence. Et ceux qui plaident le plus pour des « ultimatums anticapitalistes » sont justement ceux qui vont prochainement se présenter à nouveau aux élections communales sur des listes de Groen ou d’Ecolo ou qui travaillent pour un parti européen dont plusieurs membres participent à l ‘application de mesures néolibérales.
Le MAS/LSP a déjà mis plusieurs fois cette contradiction en lumière. Beaucoup de travailleurs qui ne croient pas qu’on puisse sortir du cadre du capitalisme ne vont pas se reconnaître dans le terme « anticapitaliste » tout en refusant résolument de soutenir des partis comme Ecolo ou Groen !, qui jusqu’ici ont appliqué des politiques néolibérales et qui vont sans aucun doute vouloir répéter cela à l’avenir. De l’autre côté, des « anticapitalistes » d’UAG se mettront sans aucun scrupule sur des listes d’Ecolo ou de Groen ! Que feront-ils alors, au cas où ils auraient des élus si demain Tobback offre à Groen ! ou Van Cauwenberghe à Ecolo quelques postes d’échevins tout en annonçant en même temps ne plus pouvoir respecter les conventions collectives du personnel communal ? Vont-ils dire qu’ils n’étaient pas avertis ?
La division et le nationalisme
UAP veut lutter contre la division parmi les travailleurs, créée et stimulée par le patronat et les politiciens. De là, la volonté de rassembler tous ceux qui veulent lutter contre la politique néolibérale, indépendamment du fait d’être athée, chrétien ou musulman, belge ou immigré, avec ou sans papiers, flamand, wallon ou bruxellois. Cela ne signifie pas du tout que UAP est insensible aux diverses spécificités et frustrations, pertinentes ou injustifiées. UAP veut mener des actions anticapitalistes, mais sans faire de l’anticapitalisme une condition. UAP veut attirer des gens de la CSC en leur garantissant le droit de maintenir leur propre identité, UAP veut lutter contre les contradictions communautaires en mettant sur pied une formation nationale, même si cela signifie perdre du temps en traductions, etc.
UAG, par contre, a cependant déjà décidé que seuls les « anticapitalistes » sont les bienvenus et on peut y entendre que des Flamands à Bruxelles qui ne parlent pas le français sont des « imbéciles », qu’une langue compréhensible est équivalente à « des discussions de café », que la « gauche flamande » est « populiste sous la pression de l’extrême-droite », et même qu’il est normal que le LSP, comme organisation flamande et donc « catholique », soit « antisémite »,… On pourrait répondre qu’il s’agit de déclarations d’individus et pas d’UAG en elle-même. Mais ce sont toutefois des déclarations provenant de dirigeants auto-proclamés ou de personnes qui pouvaient compter sur leur approbation tacite. Se taire quand il faut parler est parfois plus audible que des cris.
UAG veut que les francophones forment un « front » pour « ne pas être pris au dépourvu par les Flamands ». Les francophones qui ne sont pas d’accord ne peuvent simplement pas parler car « ils ne font que répéter ce que d’autres ont dit avant eux ». Le nationalisme bourgeois imprègne les murs d’UAG. Que penser de la position suivante entendue à la dernière AG : « un parti national n’a plus de sens en Belgique, on pourrait tout aussi bien proposer un parti européen » ? Des « dirigeants » d’UAG plaident pour « une structure confédérale », c’est-à-dire deux formations différentes avec une sorte de déclaration de solidarité (SP.a et PS peuvent encore apprendre quelque chose). A Bruxelles, « UAG-national » veut une initiative francophone aux côtés d’une initiative néerlandophone. Qu’une large majorité à Bruxelles ne soit pas d’accord, on s’en fiche.
Des « recommandations » antidémocratiques
Le MAS/LSP aurait pu mettre tout ça de côté si UAG, à quelques exceptions près, représentait plus qu’une petite poignée de membres de la gauche radicale, des ex-membres de ces organisations qui se déclarent aujourd’hui « indépendants » et des individualistes éperdus qui veulent en réalité une nouvelle organisation de la petite gauche, dans laquelle ils seraient à la direction avec une base qui se tait et écoute.
A la dernière Assemblée Générale d’UAG, quelques « recommandations » ont été votées: les organisations politiques soutenant UAG doivent parler dès maintenant par l’intermédiaire d’un porte-parole, ne peuvent pas avoir ensemble une majorité dans n’importe quel organe et doivent remettre leurs propositions au secrétariat avant les assemblées. Ce ne serait pas difficile à accepter si le nombre de membres des organisations concernées se laissait compter sur les doigts des deux mains. Mais, pour le MAS/LSP qui a une implantation réelle et qui est capable d’organiser des luttes et pas seulement de se limiter à des commentaires, c’est inacceptable et franchement honteux. N’importe quel « indépendant » – vrai ou supposé – aurait ainsi autant de poids que tous les membres de nos districts de Bruxelles, Hainaut et Liège réunis. Pour justifier cette mesure antidémocratique, il est fait référence dans UAG au Bloc de Gauche au Portugal. Là, quelques dirigeants de trois organisations de la petite gauche, désespérés parce que leurs organisations rétrécissaient depuis des années déjà, ont préparé (sans que leur base en soit informée pendant un premier temps, selon Miguel Portas) un projet de fusion avec des recommandations comparables, mais bien plus démocratiques.
A une réunion publique à Liège, quelques participants d’UAG ont voulu qu’un parlementaire européen du Bloc de Gauche mette cela en avant comme méthode à suivre. Le parlementaire en question ne s’est pas laisser abuser et a montré les caractéristiques spécifiques et la réalité particulière du Portugal. « Le Bloc de Gauche est une expérience intéressante pour apprendre, pas pour la copier », a-t-il dit, une remarque qui n’a été retrouvée dans aucun rapport des discussions qui ont suivi cette soirée…
On peut dire que les mesures votées à la dernière AG ne sont que des « recommandations ». Mais combien de temps faudra-t-il avant que ces recommandations deviennent loi ? Dans UAG, c’est en fait une méthode familière. Un tract à l’occasion du 1er mai, élaboré en commun par 30 personnes d’UAG et d’UAP, est sèchement réécrit par quelques « initiateurs » d’UAG » (qui revendiquent apparemment des droits de propriété intellectuelle sur l’initiative). Une réunion d’UAG-Bruxelles, où une majorité plaide pour rassembler UAP et UAG à Bruxelles, est quittée par une minorité qui déclare la réunion illégitime. Ce qui est décidé un jour prend une toute autre signification le lendemain. Des rapports de réunion se lisent comme des énigmes, notamment parce que les positions défendues par les intervenants n’y sont pas reprises. Quand la Sainte-Alliance qui « dirige » UAG a une majorité, on passe au vote ; quand elle est en minorité, elle quitte la salle. Sur le site web www.uneautregauche.be on a pu lire des bordées d’injures et on peut y dire n’importe quoi. UAG a fonctionné avec une succession de manoeuvres bureaucratiques où même les sommets syndicaux pourraient prendre de la graine.
Quelques uns, au sein du secrétariat et du Parti Humaniste entre autres, nous disent : « Mobilisons systématiquement pour les mettre en minorité ». Numériquement, pour le MAS/LSP, cela n’est aucunement un problème, mais nous faut-il descendre à ce niveau pour pouvoir faire de la politique au sein d’UAG ? Cela, nous le refusons. Les jeux de pouvoir bureaucratiques ne sont pas le terrain favori du MAS/LSP. Notre force est dans le mouvement réel et c’est sur cela que nous voulons nous concentrer. Certes, il faut parfois accepter des manoeuvres bureaucratiques parce que c’est la seule façon d’entrer en contact avec la base. C’est par exemple le cas dans pas mal de centrales syndicales, c’était aussi le cas dans les années ’80 quand nous travaillions encore dans le SP. C’est avec cette idée en tête que nous n’avons pas déjà quitté UAG le 1er mai. Maintenant, après les faits, nous pensons que c’était une erreur : dès la première manœuvre, nous aurions pu déceler qu’UAG allait rester une initiative morte-née.
Nous sommes partis de l’idée que nous pouvions accepter les manoeuvres bureaucratiques parce qu’un parti national plus large allait être créé le 21 octobre. Cela aussi était une erreur. UAG essaie de se présenter comme le seul partenaire francophone d’UAP et, de cette façon, former une minorité de blocage pour imposer à UAP sa propre approche politique et probablement boycotter une formation nationale. Le MAS/LSP est numériquement plus fort que le reste d’UAG mis ensemble. A notre propre initiative, nous pouvons mobiliser un bon nombre de francophones pour la conférence du 21 octobre et nous pouvons y assurer que UAP ne se fasse pas prendre en otage par UAG. Si, au contraire, nous restons dans UAG, nous risquons d’être englués dans d’incessants combats qui n’ont ni intérêt ni lien réel avec les questions qui se posent vraiment aux travailleurs et qui ne sont utiles ni pour nous, ni pour UAP. La seule réponse correcte à des jeux de pouvoir au sein d’UAG est une mobilisation francophone forte pour la conférence du 21octobre.
Le MAS/LSP veut s’engager dans la construction d’une formation plus large et anti-néolibérale, une formation des travailleurs, pour les travailleurs. Pour ce but, nous sommes en faveur de l’unité. UAP est un moyen approprié pour atteindre des couches larges de jeunes et de travailleurs. UAG ne l’est malheureusement pas à cause de sa composition et surtout de son programme erroné et de ses méthodes antidémocratiques.
Mais nous restons plus que jamais prêts à travailler en commun avec ceux qui – dans et en dehors d’UAG – veulent construire une nouvelle formation de gauche d’une façon ouverte et honnête, ceux qui, en d’autres mots, se sentent plus proches du modèle d’UAP que du monstre d’UAG, et qui veulent éventuellement tester cette coopération dans les élections communales.
Autres documents:
> Remarques du Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) sur le PV de l’Assemblée générale du 6 mai
> Réponse du MAS au Secrétariat fédéral sur sa participation au sein d’UAG. 8 juin 2006
> En réaction aux réactions après l’AG de Een Andere Politiek. Jean Peltier, 20 mai 2006
-
La démocratie vue par Anne-Marie Lizin
Qui oserait encore dire qu’Anne-Marie Lizin est "proche du peuple"? C’est pourtant l’argument que beaucoup avançaient lors de "l’affaire Lizin", en mars dernier: la sénatrice-bourgmestre de Huy (PS) avait essayé d’influencer la décision d’une juge dans une affaire de garde d’enfants. Mais aujourd’hui, non contente de révéler son clientélisme coutumier, Mme Lizin nous apprend comment être un bon dirigeant démocrate.
Stéphane Delcros
Lors d’une consultation populaire (non-contraignante), 27,4% de la population hutoise s’étaient déplacé pour dire non -à 95%- au projet d’aménagement du parc des Récollets. Qu’importe, la bourgmestre décide d’approuver le projet de construction: après tout, si 73% ne se sont pas déplacé pour voter, c’est qu’ils sont pour!
Même si le ministre-président wallon Van Cauwenberghe (PS) a très vite critiqué la décision de sa "camarade" Lizin, personne n’est dupe: ce que la Hutoise fait à découvert -tant en matière de démocratie que de clientélisme-, la majorité des politiciens traditionnels le fait, de manière plus voilée.
Après Arena et sa douche à 10.000 euros, le PS a donc une nouvelle fois bien du mal à cacher le camp qu’il a choisi.