Tag: Turquie

  • Le textile rayé de la carte en Flandre

    Le secteur textile est en train de disparaître en Flandre, envoyant des milliers de travailleurs au chômage. Doit-on simplement accepter ces fermetures et se contenter de négocier de « bons » accords sociaux ? Ou une vraie lutte pour sauver les emplois est-elle possible ?

    Par Benoit (Gand)

    En Belgique, l’industrie textile est un secteur industriel actuellement en grande difficulté. Au premier trimestre 2007, il avait déjà connu une baisse de production de 8 % en moyenne. Ces dernières semaines, plus de 2.000 travailleurs de ce secteur ont été licenciés. En même temps, les directions ont annoncé la délocalisation de certaines productions. L’entreprise Bekaert Textiles, par exemple, a l’intention de produire ses tissus à matelas à moindre coût (lire : à de moins bonnes conditions de travail et de salaire) en Turquie et en Tchéquie.

    Ces fermetures s’expliquent par le recul des ventes dans des pays qui sont les débouchés les plus importants du textile belge : 15% en Grande-Bretagne (notamment à cause de la position très faible de la livre sterling face à l’euro) et même 30% en Espagne. De plus, il est probable que ces deux pays entrent bientôt officiellement en récession. Une baisse des investissements ou de la consommation là-bas aura également des répercussions ici sur la demande de main d’œuvre dans le secteur textile. La suite logique est une spirale négative de baisse des salaires et du pouvoir d’achat ainsi qu’une augmentation du chômage.

    « Comme au chantier naval Boelwerf et pour les mines, on laisse purement et simplement tout tomber »

    Face à la vague de licenciements de ces dernières semaines, les politiciens n’avaient visiblement pas de solution à apporter ; ils n’en ont donc rien dit. Et pourtant, c’est toute une région qui est sinistrée. La fermeture de Domo, à Zwijnaarde, a signifié la perte d’emplois pour 91 ouvriers et 47 employés. Chez Uco, à Gand, 393 personnes ont perdu leur boulot ; la production déménage en Roumanie. Chez Beaulieu, à Wielsbeke et à Ninove, 387 emplois ont volé à la trappe. Une semaine plus tard, Bekaert Textiles, à Waregem, a fermé à son tour : 281 emplois disparus. Et ce n’est pas encore fini.

    Lors de la journée d’action pour le pouvoir d’achat, les travailleurs du textile ont manifesté à Gand. Dans les discours, l’accent a été mis sur l’obtention de bons accords sociaux, mais aucune proposition claire n’est venue pour éviter les fermetures. Pourtant, le MAS pense que c’est possible en se servant des bénéfices engrangés ces dernières années pour maintenir l’emploi et mettre la production sous le contrôle des travailleurs eux-mêmes. Pour une perte de plus de 2.000 emplois, seuls 158 travailleurs devraient être recasés ? Que fait-on des années d’expérience des autres travailleurs ? Où doivent-ils aller ?

    Quel chemin suivre ?

    Les faillites placent les travailleurs dans une position délicate parce qu’il serait soi-disant impossible de continuer à faire tourner l’entreprise. Mais si l’on considère les bénéfices de Bekaert par exemple, on obtient une tout autre image. Début août, cette entreprise a annoncé une augmentation du bénéfice net de 73% en 2007 pour atteindre 126 millions d’euros. Avec cette somme, des tas d’emplois peuvent être créés en plus des emplois existants. Pourtant, les licenciements ont été « justifiés » parce qu’il n’y avait pas assez de bénéfices.

    Il existe pourtant des exemples de lutte réussie pour le maintien des emplois dans des entreprises condamnées. Ainsi, les Forges de Clabecq, une entreprise métallurgique du Brabant wallon, a été sauvée après une longue lutte acharnée à la fin des années ’90. Cette lutte, animée par une délégation syndicale très combative, s’est maintenue jusqu’à la reprise par le groupe Duferco.

    Comme le disait Roberto D’Orazio, le délégué principal FGTB, « Cela fait des années que l’on essaye de convaincre les travailleurs de ce pays que les fermetures sont inévitables. Le système mène sans interruption une campagne consciente et programmée de démoralisation. Le message est simple : regardez autour de vous, la résistance des travailleurs est un coup d’épée dans l’eau. Mais à Clabecq, cela s’est passé autrement. Dans nos esprits, il n’y avait pas de place pour l’exclusion, le chômage, la privation et l’injustice. Et finalement, notre combat a connu un une issue positive: le redémarrage de l’usine… »

  • Emeutes à Schaerbeek et Saint-Josse

    La semaine dernière, les communes de Schaerbeek et de Saint-Josse ont été témoins d’émeutes de la part de quelques centaines de jeunes d’origine turque. Dans la nuit de dimanche à lundi dernier déjà, de premiers heurts avaient été constatés, le café d’un Arménien ayant été saccagé par une dizaine d’individus armés de bâtons et de pierres, alors qu’à l’extérieur se trouvait un cortège d’au moins 300 personnes brandissant drapeaux turcs et étendards des Loups-Gris (formation d’extrême-droite ultranationaliste turque)

    Cédric Gérôme

    Mercredi soir, des centaines de manifestants se sont rassemblés à Schaerbeek et Saint-Josse ; brandissant des drapeaux turcs, des jeunes lançaient des slogans hostiles au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le feu vert récemment donné par le Parlement turc à une invasion militaire dans le Nord de l’Irak pour aller déloger les militants du PKK, ainsi que l’attaque meurtrière récente par des combattants du PKK contre l’armée turque, qui a tué douze soldats dans le Sud-Est du pays, a servi de toile de fond à ces rassemblements.

    Les droits de la minorité kurde sont allègrement bafoués en Turquie (voir précédent article). Pourtant, les militants du PKK n’ont jamais recherché le soutien des travailleurs turcs dans leur lutte, irrémédiablement acquis, selon eux, au nationalisme turc. Nous condamnons fermement les méthodes (attentats, actions terroristes diverses) pratiquées depuis des années par le PKK, qui ont largement contribué à son propre isolement pami la population turque, et ont pour effet qu’aujourd’hui, une frange significative de celle-ci approuve les autorités et l’armée turques dans leur opération militaire sur le sol irakien. Des organisations réactionnaires comme les Loups-Gris exploitent ces sentiments pour gagner une certaine audience parmi la communauté turque. Les marxistes ont toujours expliqué que les attentats et les actes de terrorisme individuel et de violence aveugle ont tendance à pousser la population dans les bras des réactionnaires et des classes possédantes.

    Cette dernière conclusion est aussi vraie ici que là-bas : saccager des cafés, incendier des voitures et briser les portes de logements sociaux sont des actes qui ne peuvent servir qu’à alimenter les discours racistes, attiser les tensions entre les différentes communautés, et donner du crédit à tous ceux qui revendiquent corps et âme davantage de répression et de policiers dans nos rues. Le gouvernement régional bruxellois, par la bouche de son ministre-président Charles Picqué (PS) a dit regretter ces agissements "qui mettent à mal les efforts visant à assurer une coexistence harmonieuse entre les différentes communautés sur le territoire de la Région de Bruxelles-capitale". De quels efforts parle-t-il ? Tous les rapports récents pointent du doigt une extension fulgurante de la pauvreté dans les communes de la capitale. Dans ces rapports, la commune de Saint-Josse n’est pas en reste : elle figure en effet parmi les entités les plus pauvres de l’ensemble du Royaume, avec un taux de chômage officiel de…40%. Faut-il dès lors s’étonner que la frustration sociale récurrente mène à de telles explosions ?

  • La menace d’invasion augmente l’instabilité régionale

    Le combat sanglant entre les troupes turques et les guérilleros séparatistes kurdes du PKK sur la frontière Turquie/Irak a énormément attisé les tensions entre les deux pays. Le Parlement turc a décidé par 509 votes contre 19 d’accepter les exigences des chefs militaires du pays pour envahir la région Kurde au nord de l’Irak. Ils veulent débusquer des unités du séparatiste et interdit Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

    Kevin Parslow, Socalist Party (section anglaise du Comité pour une Internationale Ouvrière).

    Une invasion pourrait être lancée d’un moment à l’autre, avec de graves conséquences sur la population principalement Kurde de la région. Elle saperait aussi les puissances impérialistes occupant l’Irak, alors que Bush plaide actuellement pour un retrait des troupes. Economiquement, les marchés mondiaux ont déjà réagi avec inquiétude, le prix du pétrole a ainsi récemment atteint $90 le barril.

    La minorité kurde de Turquie établie dans le sud-est du pays a, comme leurs compatriotes de Syrie, d’Iran et d’Irak, jusqu’à récemment, peu ou pas du tout de droits depuis que l’impérialisme a partagé l’ancien Empire Ottoman suite à sa chute durant la Première Guerre Mondiale.

    Les Kurdes forment la plus grande nationalité sans Etat au monde. Historiquement, en Turquie, ils n’ont eu aucune reconnaissance jusqu’à tout récemment : ils ont maintenant des droits linguistiques et d’éducation limités. Leurs droits politiques ont été sévèrement réduits et les partis politiques kurdes sont souvent exclus des élections ou sont enfermés s’ils soutiennent publiquement l’indépendance ou même l’autonomie.

    Le PKK, formé en 1978, a mené une campagne contre l’armée turque et des cibles économiques depuis 1984, mélangeant des combats de guerilla et des attaques ciblées – 17 soldats turques sont ainsi décédés dans une embuscade la semaine dernière. Mais l’incapacité du PKK à battre la puissance militaire turque a mené à des doutes sur ces tactiques et a conduit à un cessez-le-feu effectif entre 2000 et 2004.

    Mais avec des réformes limitées et aucun mouvement vers l’autonomie (le PKK a laissé tomber la revendication d’indépendance), le PKK a repris ses activités militaires. Son dirigeant, Abdullah Öcalan, est arreté depuis 1999 et est emprisonné dans une prison turque d’où il aurait apparemment appelé a un cessez-le-feu.

    Pourtant, durant ces derniers mois, le PKK a repris ses attaques sur des cibles en Turquie. L’armée turque croit qu’elles sont lancée depuis des bases au Kurdistan irakien. Les chefs militaires veulent entrer dans cette zone et tenter de battre le PKK avec le soutien du Parlement. A cause des méthodes du PKK, il y a parmi la population turque une légère approbation pour les propositions de l’armée et une grande hostilité contre les revendications nationales des Kurdes.

    La Turquie est la seconde puissance armée de l’OTAN, derrière les USA et l’armée se considère comme la gardienne de la constitution laïque turque. Elle a mené quatre coups contre des gouvernements élus depuis 1960 à des moments où l’instabilité politique et économique menaçait leur position dominante dans la société.

    Mais les militaires ont reçu un camouflet en juillet 2007 quand ils ont appelés à une élection générale après s’être opposés à la proposition de l’AKP – Parti de la Justice et du Développement, parti à l’origine islamiste avant que ses dirigeants ne prennent leurs distances avec cette idéologie – qui voulait qu’un de ses membres, Abdullah Gul, soit nommé au poste de président. L’AKP a facilement gagné ces élections principalement sur base de la croissance économique du pays et a donc pu nommer son candidat.

    La volonté de s’attaquer au PKK provient assurément en partie de la nécessité de reconstituer le prestige de l’armée dans la société. De plus, tant l’armée que le gouvernement craignent la création d’un Etat kurde indépendant dans le nord de l’Irak. Une étape importante vers ce nouvel Etat vient d’être franchie avec la signature de contrats pétroliers directements passés entre le gouvernement régional kurde irakien et les multinationales pétrolières.

    Une bonne partie de l’irak a déjà été dévastée par l’invasion américano-britannique et ses conséquences. Si la Turquie envahit elle aussi le pays, la partie de l’Irak a pour l’instant le moins souffert subira davantage de dévastations.

    Certains dirigeants kurdes irakiens veulent d’ailleurs que le PKK se retire vers la Turquie pour empêcher la catastrophe, mais d’autres veulent que le gouvernement irakien empêche physiquement l’armée turque d’envahir la région tandis que les chefs arabes estiment que c’est aux forces kurdes de défendre leur région.

    Le peuple kurde est descendu dans les rues de villes irakiennes telles qu’Irbil pour protester contre la décision prise par le Parlement turc. La plupart des Kurdes n’accepteraient pas une attaque de la part de l’armée turque. Nombreux sont ceux qui sont persuadés que l’armée turque interviendrait dans le nord de l’Irak pour des intérêts politiques et économiques sur le dos des ethnies de la région.

    Les intérêts américains

    Les relations entretenues entre les Etats-Unis et la Turquie étaient par le passé très amicales, mais se sont refroidies ces dernières années. Bien que les USA soutiennent l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne, l’hostilité du peuple turc envers l’impérialisme américain a empêché le gouvernement de permettre à Bush et Blair d’employer le territoire turc pour envahir le nord de l’Irak en 2003.

    Les tentatives actuelles des USA pour empêcher toute incursion turque en Irak n’ont pas été aidées par une note déposée devant le Congrès américain selon laquelle la mort de jusqu’à un million et demi d’Arméniens turcs entre les mains de l’Empire Ottoman entre 1915 et 1917 était un « génocide ».

    Aucun doute n’existe sur l’existence de ce massacre, mais c’est une offense criminelle de soulever ce fait en Turquie. Un nationaliste de droite turc a ainsi récemment assassiné le principal journaliste arménien turc Arat Dink. Le fils de ce dernier a d’ailleurs aussi été, avec un autre journaliste arménien, condamné à un an de prison avec surcis pour provocations contre l’histoire officielle turque.

  • Ecole d’été du CIO: Une alternative au capitalisme est nécessaire et possible !

    Plus de 300 membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, l’organisation internationale dont le MAS/LSP fait partie) venus essentiellement d’Europe mais aussi d’Amérique, d’Asie et d’Afrique se sont rassemblés début août pour une semaine de discussions et d’analyses politiques.

    Els Deschoemacker

    Un grand thème de discussion cette année a été la possibilité d’une nouvelle crise économique dans la foulée de la crise boursière de cet été et les conséquences qu’une telle crise aurait pour le capitalisme mondial. L’autre fait marquant a été la radicalisation de la lutte pour le socialisme en Amérique Latine qui peut jouer un rôle d’exemple pour les travailleurs partout dans le monde.

    Cette lutte se développe à un moment où capitalisme connaît des problèmes grandissants, sur le plan économique et politique. Les interventions impérialistes en Irak ou en Afghanistan ont mené à la misère et à l’instabilité sans apporter de victoires pour l’impérialisme. Parallèlement, des alliés-clés pour l’impérialisme américain connaissent des problèmes aigus et une instabilité croissante. C’est notamment le cas pour la Turquie et le Pakistan.

    En Europe, le mécontentement envers la politique néolibérale augmente. Là où des formations crédibles de gauche existent, elles ont obtenu des scores électoraux parfois très importants comme aux Pays-Bas ou en Allemagne. Là où il n’y a pas de telles forces crédibles, la droite a gagné du terrain dans les élections et les gouvernements. Cela peut mener à des confrontations sociales et politiques plus dures dans lesquelles la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs apparaitra plus clairement et prendra une grande importante.

    Pendant cette école d’été, nous avons eu des discussions plénières avec tous les participants mais également des commissions plus réduites permettant d’’avoir des discussions moins formelles. Ces commissions ont porté entre autres sur le rôle de la religion, notre travail jeune, le racisme et l’immigration, la position des femmes dans la société, notre travail en Afrique, la situation dans les pays de l’Europe de l’Est,…

    L’école d’été s’est clôturée avec des rapports vivants des activités des sections du CIO partout dans le monde. L’année dernière, nous avons consolidé les premières bases de la construction d’une nouvelle section au Venezuela, nous commençons également à construire en Bolivie ou en Italie ert nous avons une série d’opportunités dans d’autres pays.

    Dans la construction de nos sections nationales, nous sommes souvent confrontés à l’absence de partis politiques qui soient préparés à répondre au mécontentement existant dans la société et à lui offrir une réponse politique claire de rupture avec le capitalisme. La confusion idéologique qui a suivi la chute du stalinisme n’a certainement pas totalement disparu, malgré la croissance de la résistance active contre le néolibéralisme.

    Le manque de clarté sur les possibilités d’une alternative au système peut freiner le développement d’une résistance active et des mouvements de lutte contre les attaques auxquelles nous sommes confrontés.

    La croissance économique des dernières années était surtout basée sur une super-exploitation des travailleurs et sur une croissance du fossé entre riches et pauvres. Cette croissance économique a laissé un peu de marge de manoeuvre aux gouvernements.

    Mais une crise peut mettre fin à ces marges de manoeuvre et amener patronat et gouvernement à lancer des attaques beaucoup plus dures. Cellesci pourront mener à une résistance, pour autant qu’il y ait des perspectives pour la construction des mouvements de lutte collective. Sinon la méfiance passive et la débrouille individuelle continueront à dominer.

    Le CIO a construit des points de support partout dans le monde. Nous avons gagné une certaine autorité et du respect avec nos campagnes et nos interventions. Les possibilités pour la construction d’une alternative socialiste peuvent croître dans la prochaine période avec une ouverture plus grande pour des critiques anticapitalistes.

    Nous devons nous préparer à des changements rapides et fondamentaux dans la conscience de larges couches de la population. En même temps nous devons continuer à mener des actions et à diffuser nos idées parmi ceux qui sont déjà maintenant ouverts à la discussion sur une alternative socialiste.

    N’hésitez pas à rejoindre le MAS et donc aussi notre organisation internationale, le CIO. Ensemble avec vous, nous voulons lutter pour un monde plus juste, un monde socialiste !

  • Manifestation massive au Forum Social Européen d’Athènes

    Une politique socialiste et combative est nécessaire pour résister à la guerre, à la casse sociale et au capitalisme

    Le samedi 6 mai, plus de 100.000 travailleurs et jeunes grecs se sont rassemblés pour une manifestation de 7 kilomètres contre la guerre et l’exploitation capitaliste. Cette marche était à l’initiative du Forum Social Européen (FSE) qui s’est déroulé à Athènes du 4 au 7 mai. La manifestation avait une taille impressionante, même pour les traditions du mouvement ouvrier grec. La police, une fois de plus, a tout fait pour se ridiculiser en déclarant initialement qu’il n’y avait que 15.000 participants, chiffre doublé ensuite pour se contenter enfin de mentionner la longueur de la manifestation.

    Andros, Xekinima (organisation-soeur du MAS en Grèce)

    La foule s’est dirigée vers l’ambassade américaine pour protester contre les politiques impérialistes des Etats Unis et de l’Union Européenne au Moyen-orient, en Irak et en Iran. Ensuite, la manifestation a pris le chemin du Parlement grec pour exprimer son opposition aux politiques menées contre la classe ouvrière par le gouvernement grec et l’Union Européenne. L’atmosphère présente à cette marche était jubilatoire. Sa taille a permis aux travailleurs de sentir leur force et de donner un puissant message pour toute la société grecque. Le fait qu’étaient présent environ 9.000 activistes du reste de l’europe – en particulier de France, d’Italie, de Turquie et des Balkans (plus ou moins 2.000) – a pu donner un véritable élément d’internationalisme.

    Xekinima

    Xekinima, la section grecque de notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), a mené une campagne enthousiaste pour le succès de cette manifestation du 6 mai et a pris également part aux discussions durant le FSE. Nous avons notamment produit 10.000 affiches et 20.000 tracts appelant les travailleurs et les jeunes à prendre part à cette marche. Il y avait aussi des versions turque, italienne et anglaise du tract de Xekinima/CIO que nous avons distribué au FSM.

    En même temps, nous avons critiqué les politiques du FSE et, en général, des Forums Sociaux (Forum Social Mondial et les forums sociaux nationaux) ainsi que la direction suivie par ces forum sociaux. Les slogans du FSE – contre la guerre, le néo-libéralisme et le racisme – sont tellement généraux qu’ils permettent à n’importe qui de prendre part aux évènements organisés, comme les partis sociaux-démocrates qui supportent les politiques menées contre les travailleurs et les appliquent même lorsqu’ils sont au gouvernement !

    Les forums sociaux sont maintenant dominés, bien plus que par le passé, par les partis de la Gauche Européenne, comme le Parti Communiste en France (PCF), la Refondation Communiste en Italie (PRC) ou le Parti du Socialisme Démocratique en Allemagne (PDS). Beaucoup de ces partis sont coupables de participer, avec les sociaux-démocrates, à des gouvernements qui mènent des politiques anti-travailleurs et anti-immigrés.

    Ces caractéristiques du FSE minent ses perspectives futures et ses capacités à jouer un rôle unificateur pour les luttes de la classe ouvrière contre des politiques à caractère européen ou international. Seule une approche anti-capitaliste et des idées socialistes peuvent offrir le programme nécessaire aux activistes de toute l’Europe pour combattre la politique du capital. Xekinima et le CIO participent aux initiatives majeures des Forums Sociaux tout en critiquant ouvertement de mannière claire et constructive les orientations que nous jugeons mauvaises.

    Le reste de la gauche

    Le reste de la gauche grecque n’a pas une approche similaire. Les organisations qui prennent part au Forum Social Grec et au récent Forum Social Européen à Athènes n’évaluent pas de façon critique ces organisations, ou le font de manière trop partielle. Chaque organisation parlant au nom de Trotsky autre que la nôtre, comme l’International Socialist Tendency (le SWP britannique) ou l’USFI, le Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale (La LCR en France), tentent de créer un optimisme artificiel sur l’avenir et le rôle de ces forums sociaux.

    Les organisations critiques envers le FSE et le Forum Social Grec, comme le Parti Communiste Grec (KKE) et les groupes maoïstes ainsi que leurs alliés, choisissent de rester en dehors et d’attaquer le FSE et tout ceux qui participent à ces évènements. Ils se coupent ainsi des centaines de milliers de travailleurs qui répondent ou sont attirés par l’appel anti-guerre et anti-néo-libéral des organisations autour du FSE. Le Parti Communiste Grec, en particulier, a panniqué durant la semaine précédent le FSE et a entammé une forte campagne pour couvrir les affiches annonçant le FSE. Cela s’est avéré vain. Les groupes maoïstes et leurs alliés ont quant à eux appelé à un « contre-forum » et à une « contre manifestation » qui a rassemblé à peu près 500 personnes.

    Le journal du Parti Communiste du 7 mai avait une petite note sur la manifestation à l’appel du FSE où était déclaré qu’environ 7.000 personnes y avaient pris part.

    Perspectives

    Jusqu’au meeting du FSE à Athènes, les organisateurs étaient assez pessimistes sur l’avenir de l’initiative. Cela était essentiellement arrivé après le 3e meeting du FSE, tenu à Londres. Le Maire de londres, Ken Livingstone, et le SWP britannique étaient deux des principales forces dirigeantes de cet événement ce que beaucoup d’activistes avaient mal ressentis. Mais le meeting d’Athènes a revivé leurs espoirs.

    Une résolution est passée à la conférence du FSE à Athènes appelant à une meilleure coordination des actions au niveau européen, spécialement sur les questions de la guerre et du racisme. La résolution appelle à une semaine d’actions contre la guerre (du 22 au 30 septembre), et à une journée d’actions le 7 octobre contre le racisme et en soutien des droits des immigrés.

    Ce sont des initiatives positives, mais loin d’être suffisantes. Les organisateurs du FSE semblent éviter, de toutes les manières possibles, de voir la remontée de la lutte des classes en Europe et les actions de classe décisives que cela demande. Cela inclut entre autre les thématiques de la pauvreté qui s’accroît, de l’inégalité, de l’exploitation et des attaques sur les pensions. Bien plus encore, les organisateurs du FSE semblent éviter de proposer des moyens de lutte qui puisse stopper ces politiques. Des festivals, des journées de protestation et autres manifestations colorées peuvent être utiles, mais sans actions de lutte et sans protestations de masse de la part de centaines de millions de travailleurs et de jeunes à travers l’Europe, les capitalistes – en Europe et internationallement – vont continuer à appliquer les mêmes politiques.

    Dans les rangs des activistes, une conclusion va s’imposer avec le passage du temps : le capitalisme ne peut pas devenir « humain ». Les guerres, le racisme, la pauvreté et la famine ne seront jamais éliminés tant que le capitalisme ne sera pas tombé.

    Xekinima (CIO) a eu une excellente délégation lors de la manifestation du 6 mai à Athènes, avec plus de 400 participants de Grande-Bretagne, d’Irlande, de belgique et d’ex-Union Soviétique. Cette délégation a été remarquée tant par nos amis que par nos ennemis pour son côté éminement militant et plein de vitalité.

    La campagne de Xekinima pour renforcer le soutien au FSE et à la marche du 6 mai n’a duré que 8 jours, le FSE venait peu de temps après les vacances de Pâques grecques. Durant ces journées de mobilisations, plus de 1000 journaux de Xekinima ont été vendus, et à peu près 1.300 euros ont été récoltés pour notre fonds de lutte. Beaucoup de personnes intéressées par les idées défendues par Xekinima et le CIO ont laissé leurs coordonnées pour nous rejoindre ou nous aider dans notre travail.

    Raph Parkinson, vice-président du bureau exécutif de UNISON – syndicat du secteur public en Grande-Bretagne – et membre du Parti Socialiste d’Angleterre et du Pays de Gales, membre du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), s’est également rendu au Forum Social Européen. Raph écrit à titre personnel:

    « Des socialistes, syndicalistes, Organisations Non Gouvernementales (ONG), communautés et de jeunes activistes se sont rencontrés pour discuter d’un large pannel de problématiques au Forum Social Européen d’Athènes, entre autres des privatisations, du développement du commerce équitable, de l’Amérique Latine, de la guerre en Irak, et de la libération sociale. En comparaison au FSE tenu à Londres il y a deux ans, l’atmosphère à Athènes était plus sérieuse, mais il y avait moins de participants.

    Le point culminant était pour moi la très large manifestation du 6 mai contre la pauvreté, le chômage, la guerre et le racisme. Les membres du Parti Socialiste d’Angleterre et du Pays de Gales ont marché sous la bannière de Xekinima, la section grecque du CIO.

    Cette section était suivie par la délégation de Youth Against Racism in Europe (YRE, Jeunes contre le Racisme en Europe, campagne lancée à l’initiative du CIO) qui comprenait beaucoup d’immigrés vivant en Grèce.

    Il était fort remarquable que les manifestants du CIO et de YRE étaient très dynamiques, en chantant notamment des chants de lutte variés, et étaient bien organisés.

    Une « contre-manifestation » est sortie de la manifestation principale pour tenter d’attaquer l’ambassade américaine et a été confrontée à la police anti-émeute. D’innocents manifestants ont été gazés. Les stewards du CIO et de YRE ont maintenu à cette occasion une approche disciplinée pour défendre leurs délégations contre toutes attaques possibles.

    Les télévisions ont montré les McDonalds attaqués, mais n’ont pas montré la majorité pacifique de la manif’. En Bref, le FSE cette année fut mieux organisé, avec moins de conférences, mais des discussions plus sérieuses.

  • 1er décembre: pourquoi manifester contre le NSV?

    Le NSV est l’Union des Etudiants Nationalistes et est l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang. Ils manifestent chaque année dans une ville universitaire. Les années précédentes, à chaque fois, beaucoup plus de contre-manifestants que de manifestants étaient présents. A Gand se trouvaient 1.500 anti-fascistes contre 150 membres du NSV, et l’année précédente, à Anvers, 800 anti-fascistes étaient venus.

    Le NSV est vulgairement raciste et n’hésite pas à utiliser la violence dans les rues. En 1996, ils affirmaient encore qu’un «nègre» ne pourrait jamais égaler un occidental sur le plan intellectuel car, entre autres, «leur boîte crânienne est plus petite». L’année précédente, le NSV a manifesté contre une éventuelle adhésion de la Turquie à l’UE car elle est (la Turquie) «l’Etat héritier des hordes de cavaliers Mongols-Turcs qui depuis leur apparition aux frontières de l’Europe sont décidés à une conquête totale du monde occidental.»

    Avec son organisation étudiante, le Vlaams Belang essaie de former une nouvelle génération de «soldats du parti». Ceux-ci doivent montrer vers l’extérieur combien ils peuvent être radicaux, mais doivent également apprendre à se présenter comme les défenseurs de la politique du patronat. A Anvers, dans le NSV se trouvent plein de petits fils à papa qui sont actifs dans les quartiers des grosses villas, peut-être dans l’espoir d’avoir une carrière plus tard. Une grande partie du NSV reste cependant attachée à un discours ouvertement et violemment raciste. L’an dernier, des dizaines d’anti-racistes ont été attaqués par la manifestation raciste.

    Nous appelons à une manifestation contre le défilé du NSV à Louvain. Rendez-vous: 19h00, Louvain, Hogeschoolplein.

  • Manifestation contre le congrès économique du VB

    Le Vlaams Belang dit qu’il a des solutions pour les problèmes qui existent dans la société. Le cordon sanitaire a empêché qu’ils arrivent au pouvoir. Mais c’est une bonne situation pour la direction du Vlaams Belang: cela leur offre la possibilité de se positionner comme radicaux…

    Laura Gilles

    On le voit à travers des slogans comme: “La Turquie en Europe? Non!”,”adapter ou retourner” et “Moins de criminalité, plus de Flandres”… Le VB se profi le comme le parti qui défend les droits des travailleurs, le travail, les structures sociales et la garantie d’une politique juste pour tous.

    Mais la vérité est malheureusement différente. La politique du Vlaams Belang est basée sur la division des travailleurs. Ils opposent les différents groupes dans la société. La frustration qui vient des problèmes sociaux est utilisée pour diviser les wallons et les fl amands, les belges et les marocains, les hommes et les femmes… Par ce programme, le VB est capable de cacher leurs vrais intentions.

    Le VB est en fait contre les syndicats, qui sont là pour defender les intérêts de travailleurs. Ils dissent qu’ils veulent abolir le droit de faire grève. Mais la grève est une arme importante que les travailleurs et les jeunes ont pour se battre contre des mauvaises conditions de travail, des bas salaires ou la fl éxibilité. En plus, ils veulent diminuer la sécurité sociale, parce que pour eux, ce sont surtout des “ profi teurs professionnels “ qui en bénéfi cient. Cette argumentation est fausse. La sécurité sociale, ce n’est pas seulement des allocations de chômage, mais aussi, les soins de santé, l’aide pour les vieux… Elle a été construite par des luttes que nos parents et grands parents ont menées.

    Le Vlaams Belang ne s’en prend pas aux vrais causes des problèmes sociaux. S’il a le pouvoir, il ne fera rien contre la pauvreté, le chômage, l’éducation élitiste, le manque de logement… Au contraire, la direction du VB a une idéologie fasciste dans laquelle il n’y a pas de place pour les syndicats, les besoins sociaux, les immigrés… Les immigrés se trouvent dans les couches les plus pauvres en Belgique, 50% d’entre eux est au chômage. Il est clair que le VB ne va pas donner de solutions par son racisme.

    Nous nous battons pour plus de jobs avec des meilleures conditions de travail pour les belges et les étrangers. Nous faisons le lien entre la question de l’intégration et les questions sociales

    Le VB a son congrès économique en novembre. Il veut se présenter comme un instrument utile pour la bourgeoisie, c’est à dire capable d’appliquer les mesures d’assainissement. La mobilization contre ce congrès, nous done la possibilité de dénoncer le VB sur ses thèmes antisociaux. On appelle donc tout le monde à faire campagne avec nous et à manifester contre le VB, ce 26 novembre.

    Qu’est que tu peux faire?

  • organiser avec quelques amis un comité de mobilisation dans ton école
  • distribuer des tracts et des affi ches dans ton école ou ton quartier
  • inviter un orateur de notre organisation
  • venir à nos réunions locales et nous rejoindre !!!
  • Le néo-libéralisme mis en cause. Union européenne: une claque magistrale!

    La victoire du NON au référendum sur la constitution européenne, le 29 mai dernier en France, est une claque magistrale infligée par les travailleurs et les jeunes aux institutions capitalistes de l’Union européenne. Le taux de participation élevé (70%), les 56% de NON à la constitution sont sans appel. L’Europe capitaliste est K.O. debout ! Chirac et la classe politique et médiatique peuvent aller se rhabiller : ils ont mal mesuré le ressentiment des classes défavorisées envers les institutions européennes. Depuis des années, celles-ci incarnent, pour une masse croissante de travailleurs et de jeunes, les privatisations, la casse des services publics, les coupes dans les budgets sociaux, la compétition forcée avec les pays à bas salaire,…

    Peter Delsing

    Le NON aux Pays-Bas (63%), le 1er juin, a été le clou du cercueil. En quelques semaines, une atmosphère de crise a gagné les bourgeoisies européennes. L’eu(ro)phorie est bien loin !

    Le NON comme expression des contradictions de classes

    En France et aux Pays-Bas, l’extrême droite et les nationalistes ont fait campagne pour le NON : le néo-fasciste Le Pen et le conservateur de droite De Villiers en France, le populiste de droite Geert Wilders aux Pays-Bas. Mais le NON était principalement l’expression d’un rejet de l’Europe capitaliste par les victimes de la crise. En France, les mobilisations de masse contre l’abolition de la semaine de 35 heures, contre la baisse du pouvoir d’achat et contre les privatisations ont pesé lourd dans le camp du NON. L’opposition à la Constitution est devenue une question sociale : la politique antisociale de Chirac et des autres gouvernements fait partie intégrante de la politique néo-libérale imposée par l’Union européenne. Dans les grandes villes ouvrières comme Marseille, Nice ou Lille, le NON l’a emporté haut la main. Dans les villes plus nanties, avec une forte concentration petite-bourgeoise, comme Paris, Lyon, Strasbourg, le OUI l’a emporté. Dans les quartiers populaires d’Amsterdam (Amsterdam-Nord : 73%, Volewijck et Buiksloterham ; tous deux 79%) le NON l’a emporté sans bavures.

    Il est révélateur que même les commentateurs bourgeois ont été contraints de reconnaître qu’on avait voté contre la politique ‘libérale’. Les résultats de ces référendums ont confirmé l’analyse du MAS: depuis des années nous avons répété qu’une révolte de masse allait se lever contre la politique antisociale actuelle. Les mobilisations de la jeunesse annonçaient une radicalisation plus large chez les travailleurs. Quand nous avons organisé en 2001, à Gand, avec Résistance internationale, une grève et une manifestation de 2.500 lycéens et d’étudiants contre le sommet européen, certains commentateurs ont jugé qu’il s’agissait de protestations "marginales". Ils ont eu tort.

    La crise capitaliste met à mal l’Union européenne

    Toute tentative d’organiser un second referendum en France et aux Pays-Bas a fait long feu ; Cela ôterait toute crédibilité aux institutions capitalistes européennes, avec le risque de provoquer des mobilisations de rue. Ce serait une stupidité pour la bourgeoisie. La Grande-Bretagne, la Pologne et la Tchéquie ont décidé de reporter leur référendum. La victoire du NON en France et aux Pays-Bas a radicalisé les travailleurs. Ceux qui expliquent que le NON est l’expression d’un nationalisme étroit, n’ont rien compris: c’est au contraire l’expression d’une prise de conscience sociale internationale.

    L’Europe ne peut être unifiée sur base de différents états-nations. Plus la crise économique s’approfondira, plus la pression au sein de chaque bourgeoisie pour trouver une issue individuelle pèsera. En Italie, pays officiellement en récession, la Ligue du Nord – pourtant au gouvernement – a préconisé l’abandon de l’euro et le retour à la lire! L’idée derrière cela est d’améliorer la position concurrentielle des exportations italiennes en dévaluant la lire. Ceci (évidemment) au détriment des autres états concurrents européens. Une crise économique profonde, et surtout le spectre de la lutte de classes qui pourra faire chuter des gouvernements, ne manquera pas de pousser à terme l’Union européenne hors jeu.

    Les failles dans la construction européenne capitaliste se multiplient : la constitution est mise au frigo pour longtemps ; l’élargissement de l’Union (à la Turquie, à de nouveaux pays de l’Est) est remise aux calendes grecques ; le sommet de Bruxelles (en juin) a capoté sur le budget européen. Il s’agit de la crise la plus grave de la tentative d’unification capitaliste européenne. Il n’existe plus de noyau "convaincu" de pays forts qui rallient derrière eux les pays indécis, comme dans la deuxième partie des années 90, à l’époque d’une conjoncture économique meilleure. Les intérêts capitalistes nationaux regagnent du terrain. C’est la conséquence de l’aggravation de la crise du capitalisme.

    Les dirigeants capitalistes n’ont rien appris: il est temps de les mettre dehors

    En France, le nouveau premier ministre De Villepin veut inverser le cours en annonçant… de nouvelles mesures d’austérité. Il veut, par exemple, faciliter les licenciements dans les PME ("pour qu’elles embauchent plus vite") et organiser la chasse aux chômeurs.

    Les syndicats doivent riposter à ces nouvelles attaques et défendre réellement les travailleurs. On ne pourra construire un rapport de forces qu’à travers la lutte. Le MAS veut participer à cette riposte. La création d’un nouveau parti des travailleurs à caractère de masse est un élément clé de cette riposte. Nous pensons que ces partis devront adopter un programme de transformation socialiste de l’Europe. Car seule une fédération des états socialistes d’Europe pourra mener une véritable politique sociale.

  • France et Pays-Bas.

    France et Pays-Bas

    En France et aux Pays-Bas, ils ont voté respectivement à 55 % et 61 % contre la Constitution Européenne. C’était surtout un vote d’opposition des travailleurs et des jeunes. Alors que tout l’establishment politique appelait à voter pour la Constitution.

    Qui a voté contre?

    66 % des français qui gagnent moins de 1.500 euros par mois ont voté contre. Parmi ceux qui gagnent plus de 3.000 euros, il y avait une majorité de votes pour.

    Dans 18 des 25 régions françaises, la différence est claire. Ce sont les régions où les travailleurs sont traditionnellement les plus forts : Nord, Haute Normandie, Languedoc-Roussillon et les départements du sud de la France. Dans le Pas-de-Calais il y a eu 69,5% contre. Dans les banlieues des grandes villes, le camp du « Non » a récolté plus de 70%.

    Le camp du « Non » récolte en outre une majorité parmi les travailleurs à temps partiel, surtout chez les jeunes. Les 18-29 ans ont voté contre à 62 %. Ce n’est pas une coïncidence. Avec la réforme de l’enseignement, il est devenu clair que la « marchandisation » signifie: moins de moyens et prévu surtout pour un enseignement élitaire. Cela va conduire à adapter l’enseignement aux besoins du monde des entreprises, également par l’introduction des accords de Bologne pour l’enseignement supérieur. C’est notament pour ces raisons-là qu’il y a eu des grandes manifestations et grèves lycéennes en France ces derniers mois.

    79 % des travailleurs manuels, 71 % des chômeurs, 64 % des salariés du secteur public et 56 % de ceux du secteur privé ont voté contre en France. C’est donc clairement un vote des travailleurs (et aussi des agriculteurs).

    On constate un phénomène similaire aux Pays-Bas. Il y a de grandes différences à Amsterdam. Dans les parties les plus riches  le résultat est de 50-50. Dans le centre il y a 52 % pour et en périphérie même de 56 à 64 %. Dans les quartiers les plus pauvres il y a un vote pour le Non sans appel: 73% dans le Nord et 71% dans les Sud-Ouest. Dans les quartiers populaires de Volewijk et Buiksloterham il y a eu 79% de Non. 68% des néerlandais qui ont des bas revenus ont voté contre.

    Celui qui prétend qu’il n’y a plus d’opposition de classes, ou qu’elles ne ressortent plus, va avoir du mal pour expliquer la composition des votes pour le Non.

    Les médias essayent de faire passer le résultat des deux référendums comme une victoire de l’extrême-droite. Néanmoins la victoire du vote d’opposition n’est pas une victoire pour le FN de Jean-Marie Lepen en France ou de Geert Wilders aux Pays-Bas. Malgré qu’il soit omniprésent dans les média, Wilders recule en arrière-plan dans les sondage d’opinion aux Pays-Bas. Dans les sondages français, portant sur les raisons pour lesquelles les gens ont voté contre l’UE, il semble que le thème de l’éventuelle entrée de la Turquie dans l’UE a joué un rôle limité. 18 % des gens qui ont voté « Non » disent que cela les a influencé. Selon les sondages, début 2005, il y avait encore 65 % de soutien pour la constitution en France. En février, ce pourcentage a commencé à diminuer après une série de mobilisations et de grèves contre les plans d’austérité visant la suppression des 35 heures.

    La discussion sur la constitution atteignait un autre niveaux lorsque la CGT ( la deuxième plus grande fédération syndicale) a décidé -contre la volonté des dirigeants nationaux- d’appeler à voter « Non ». L’opposition à la constitution devenait alors un thème social, s’intégrant dans la lutte contre la politique néo-libérale, cristallisée sous la forme des mobilisations contre le gouvernement Raffarin (500.000 participants pour la défense des 35 heures le 5 février et plus d’un million le 10 mars). La confiance dans la politique traditionnelle et dans le patronat a atteint son point le plus bas. Moins de 21 % des travailleurs ont confiance dans leurs patrons. La popularité du président Chirac est tombée à 40 %, le chiffre le plus bas en 8 ans. En même temps, le plus grand parti d’opposition, le PS, connait une crise qui divise ses rangs entre le « camp du OUI » et le « camp du NON ».

    Aux Pays-Bas, la popularité de la coalition gouvernementale CDA (chrétiens-démocrates), VVD (libéraux) et D66 (libéraux de « gauche ») est tombée à 19 %. De plus, le pays connaît une crise économique incessante et fait partie des trois pays qui ont la plus rapide croissance de chômage dans l’UE. Le parti d’opposition PVDA (social-démocrate) et Groen-Links (vert-gauche) ont appelé à voté pour la constitution européenne. Les partisans pouvaient par conséquent compter sur le soutien de 85 % des parlementaires, ce qui est le même pourcentage de parlementaires que ceux qui en Belgique ont approuvé la constitution au parlement fédéral.

    Fin 2004, les travailleurs hollandais avaient déjà montré qu’ils n’acceptent pas sans lutte les énormes mesure austérités du gouvernement Balkenende. Le 2 octobre, 300.000 personnes ont défilé dans les rues pour protester contre la politique du gouvernement. C’était la plus grande manifestation aux Pays-Bas depuis 15 ans. Le camp du « Non » néerlandais s’est trouvé renforcé par le « Non » français. La forte augmentation du nombre de votes pour le « Non » après le résultat en France était une expression de la solidarité internationale. Après le « Non » français et néerlandais, il y a d’ailleurs une tendance similaire au G-D du Luxembourg où le camp du « Non » dans les sondages est en augmentation de 23 % à 45 % (au 9 juin). Les campagnes autour de la Constitution Européenne ont comme conséquences un renforcement de la solidarité entre les travailleurs et les jeunes des différents pays et leur résistance contre le projet européen des grandes entreprises et des riches.

  • Chirac face à la défaite?

    Les mobilisations contre le gouvernement de Raffarin fusionnent avec l’opposition à la constitution européenne. Ce 10 mars dernier, plus d’un million de personnes sont descendus dans les rues de France pour demander de meilleurs salaires et pour lutter contre l’allongement du temps de travail. Les travailleurs du secteur privé se sont joints à leurs collègues du secteur public, les “vétérans” d’un grand nombre de manifestations ont manifesté côte à côte avec de jeunes travailleurs et des lycéens qui participaient à leur première manifestation.

    Karl Debbaut

    C’était le cinquième jour de mobilisation nationale depuis le début de 2005 et le plus important depuis le printemps 2003, période ou avaient eu lieu de grandes luttes contre la réforme des pensions du gouvernement de droite dirigé par Raffarin. Selon les syndicats, la participation aux 150 manifestations à travers la France a doublé en comparaison au dernier jour d’actions nationales du 5 fevrier. Cette démonstration impressionante de la force des travailleurs a poussé le gouvernement et les patrons francais sur la défensive.

    Le gouvernement Raffarin, guidé par les stratèges de l’ organisation patronale, le MEDEF, et le président de la république, Jacques Chirac, pensaient avoir brisé la resistance des travailleurs au printemps 2003. A ce moment là, la faillite des directions syndicales à organiser une grêve générale a permi l’ application de la réforme des pensions. Le gouvernement a continué à appliquer l’ offensive patronale : semi privatisation du gaz et de l’ électricité, attaques sur les services sociaux et l’ éducation,… La Poste et la SNCF, la compagnie nationale des chemins de fer, ont été réorganisées afin de les préparer à la privatisation. Le 8 février dernier, le gouvernement en a finit avec la semaine des 35 heures, autorisant ainsi les patrons à faire travailler les travailleurs plus longtemps sans payer les heures prestées en plus des 35 heures.

    Il y a une énorme colère par rapport aux tentatives des patrons d’ allonger le temps de travail. Mais beaucoup de travailleurs n’ ont pas oublié l’expérience de l’ introduction de la semaine de 35 h par le dernier gouvernement de la gauche plurielle – une coalition compose par les sociaux démocrates, les “communistes”, les verts et des indépendants- quand cela a été utilisé pour introduire une “flexibilité” sauvage dans le secteur privé. Dans l’enterprise automobile Citroën, à Saint-Denis, la production a augmentée jusqu’à 6000 voitures sur une période de 4 jours, alors qu’ avant la même quantité était produite en 5 jours.

    Les tentatives des patrons pour allonger la longueur de la semaine de travail a mené en réalité à une coupe supplémentaire dans les salaires réels des travailleurs du privé. Les 5.2 millions de travailleurs du secteur public ont déjà souffert de la même érosion de leurs salaires. Selon la CGT, le deuxième plus grand syndicat, les revenus ont chuté en termes réels de 5-6% ces trois dernières années. Le gouvernement a offert aux travailleurs du secteur public une maigre augmentation de salaire de 0.5% à partir du 1er février 2005 et une autre de 0.5% au 1er novembre.

    Raffarin a attendu trois jours avant de répondre à la mobilisation syndicale du 10 mars. Après avoir invité les dirigeants syndicaux à reprendre les négociations sur les salaires du secteur public, il a déclaré dans son style inimitable : "Le courage aujourd’hui, c’est la réforme…La lucidité politique conduit à l’équilibre entre l’écoute et la détermination. Je montrerai dans les jours prochains, concrétement, que je sais mettre en pratique l’une (l’écoute) et l’autre (la détermination)."

    Il a aussi appellé les patrons à regarder à des initiatives concrètes pour commencer les négociations sur les salaires des travailleurs du secteur privé.

    Antoine Seillière, le patron des patrons, à la tête du Medef, a déclaré que ni le gouvernement ni la fédération patronale n’ a l’ autorité de déterminer les salaires dans le secteur privé. Il a aussi déploré que le gouvernement réagisse si rapidement à la pression de la rue.

    Raffarin et Chirac ont décidé de changer de stratégie. Ils sont inquiets par rapport au nombre croissant de travailleurs du public et du prive qui prennent part aux manifestations, et spécialement au sujet de la résistance qui se développe contre l’ Union Européenne et la Constitution Européenne. Les travailleurs francais regardent les politiques de l’ UE et celles du gouvernement francais et tirent la conclusion qu’ elles sont des “jumelles diaboliques”. Les politiques néo-libérales de privatisation, de dérégulation et d’ attaques sur les conditions de vie et de travail de millions de travailleurs sont les mêmes que ce soit en France ou en UE.

    La CGT appelle à voter NON lors du référendum sur la Constitution Européenne prévu le 29 mai prochain. En faisant cela, cela a élevé le référendum au niveau d’ une question centrale dans la mobilisation des travailleurs contre Raffarin, et cela a rajouté une pression énorme sur les partis pro-constitution dans le gouvernement et dans l’ opposition. Vu que les prochaines élections nationales prendront place dans deux ans, le référendum sera la première opportunité de frapper de plein fouet le gouvernement.

    Le soutien public à la Constitution Européenne a chuté solidement en France. On est maintenant à seulement 10 semaines du vote et le soutien est tombé à 56%, 10% de moins qu’ il y a trois mois. Un sondage publié dans le Parisien le 18 mars montre que le soutien à la Constitution Européenne ne serait que de 49%, avec 51% contre. Un autre sondage publié par Le Figaro montre que 52% sont certains de voter contre. C’ est la première fois que les opposants à la constitution sont en tête dans les sondages et cela va certainement secouer pas mal de dirigeants européens.

    La droite est divisée sur cette question, par exemple l’ ex-ministre de l’ interieur Charles Pasqua a déclaré : "La Constitution européenne n’est pas, comme on aimerait leur faire croire, l’aimable jubilé de la paix et de l’amitié entre les peuples européens. C’est au contraire l’acte fondateur de la «Nouvelle Europe» chère à Donald Rumsfeld, inféodée aux marchés financiers, coulée dans le moule atlantiste avec lequel l’adhésion de la Turquie va la faire coïncider exactement, intégrée de facto dans le «nouvel ordre mondial».

    Le Parti Socialiste a organisé un référendum interne pour décider de la position du parti. Le leader du PS, François Hollande, a mené campagne pour le oui et a gagné. Son principal concurrent était l’ ancien premier ministre, Laurent Fabius, vu généralement comme le numéro deux du parti. Le camp du non a quand même obtenu 42%. Cela ne veut pas dire que le débat interne est clôturé. De nouveaux sondages avancent l’ idée que si le scutin était réorganisé aujourd’ hui le camp du non obtiendrait 59%. Fabius et d’ autres leaders du PS continuent de mener campagne pour le non, cela en ayant comme ambition de diriger le PS dans les prochaines elections de 2007. Les tensions internes sont importantes et un futur regroupement interne ou une fracture ne sont pas à exclure. Henri Emmanuelli, leader du Nouveau Monde, une des minorités dans le PS qui s’oppose à la constitution, compare les membres du PS qui soutiennent la Constitution Européenne avec les socialistes qui ont voté pour un soutien complet aux collaborateurs du régime de Vichy du Maréchal Henri Pétain en 1940.

    La question du référendum a atteint une telle envergure que Chirac se déclare aujourd’ hui publiquement contre la directive Bolkenstein sur les services. Il disait que c’ est inacceptable. Il a aussi demandé au président de la Commission Européenne, Jose Manuel Barosso de “garder contrôle sur ses membres de la commission”. Récemment, différents membres de la commission européenne ont vexé les médias francais à cause de leur franchise néolibérale. Danuta Hübner, membre de la commission pour la politique régionale, a déclaré que “au lieu de metre fin aux délocalisations, l’ UE devrait les encourager au sein de l’ UE”. Nelli Kroes, membre de la commission pour la concurrence, ajoutait : "Les subventions de l’ UE des pays riches pour les pays pauvres devraient être stoppées”. Vladimir Spidla, membre de la commission pour les affaires sociales, avancait encore plus clairement ceci : “L’ objectif est premièrement et avant tout la flexibilité”. Peter Mandelson, récompensé par Tony Blair en obtenant le poste à la commission européenne sur le commerce, a lui rappellé aux etats membres qu’ “ ils doivent continuer a réformer leur marché du travail et leur système de sécurité sociale”.

    En France, le gouvernement et l’ élite se trouvent sur le tranchant d’un couteau. La stratégie de Raffarin est de proposer des négociations et d’ essayer de casser l’ unité croissante entre les travailleurs du public et du privé. En offrant un rien aux bureaucrates syndicaux, il va essayer de faire dérailler les mobilisations et, en même temps, essayer d’obtenir une victoire pour le camp du oui au référendum. Les travailleurs et la jeunesse en France ont montré clairement leur compréhension de la situation et l’ énergie qu’ ils ont pour combattre le capitalisme. Ces mouvements ont sauvegardé la France des plus mauvais excès du néo-libéralisme et du capitalisme, une situation décrite par le nouveau ministre des finances, Thierry Breton, comme “ le refus collectif de toute une génération…de réformer ce qu’ il faut et d’ éliminer les “déchets”.

    Le mouvement actuel en France et la possibilité d’ un vote contre la Constitution Européenne le 29 mai peuvent avoir une influence profonde sur les dévelopements politiques.

    Cela pourrait conduire à des scissions dans les partis de centre-gauche et de centre-droit, ainsi qu’ à un regroupement des forces politiques. Les travailleurs sont pour le moment retenus en arrière à cause de l’ absence de leur propre véritable force politique socialiste. Bien que beaucoup d’ occasions ont été ratées dans le passé pour construire un tel nouveau parti des travailleurs, les évènements actuels vont créer de nouvelles opportunités pour les travailleurs francais et européens pour avancer sur la route du socialisme.

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