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Tag: Travail social
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Des soignants seront-ils obligés de choisir quels jeunes sauver du suicide ?

Dans l’édition de mars de Lutte Socialiste, nous avons publié le résumé d’une carte blanche signée par 83 pédopsychiatres et psychiatres belges francophones initialement publiée le 25 janvier sur le site de La Libre. Voici ci-dessous le texte dans son intégralité ainsi que la liste des signataires.
La population et le monde politique sont désormais bien conscients des retombées que peut avoir un débordement de notre système de soins sur la santé des citoyens. Les nombreuses mesures mises en œuvre pour endiguer la pandémie ont notamment pour objectif de prévenir une telle saturation des services médicaux, afin d’éviter au maximum que des patients ne se retrouvent sans soins, qu’ils souffrent du Covid ou d’une autre pathologie. Nous nous souvenons tous de ce genre de grands titres dans les médias : « On doit choisir qui soigner, comme en situation de guerre », « S’il n’y a pas de place, comment choisir quel patient ira aux soins intensifs ? », « Coronavirus et triage de catastrophe : faudra-t-il choisir qui sauver ? », « Des médecins obligés de choisir qui doit mourir »…
Ce dont la plupart des citoyens et des politiciens semblent moins conscients, c’est que le même type de problématique est en train de se jouer dans le domaine des soins en santé mentale, et ce malgré les moyens supplémentaires qui ont été accordés au secteur depuis le début de la pandémie. En tant que psychiatres et pédopsychiatres, nous observons en effet depuis plusieurs mois une flambée du nombre de demandes de prises en charge qui nous sont adressées, à tel point que nous n’arrivons plus à les assumer toutes dans les délais qu’elles nécessiteraient. Tant les services de consultations ambulatoires (consultations à l’hôpital, services de santé mentale, cabinets privés, etc.) que les hôpitaux et les structures intermédiaires (centres et hospitalisations de jour, habitations protégées, etc.) sont, pour la plupart, submergés de nouvelles demandes, bien au-delà de leurs capacités à y répondre suffisamment rapidement. A titre d’exemple, la majorité des services pédopsychiatriques hospitaliers pour adolescents comptent entre six mois et un an de délai avant qu’un jeune, chez qui l’indication d’un tel séjour est posée, ne puisse y être accueilli.
Nous en arrivons, dans le domaine de la santé psychique, aux mêmes drames que ceux dénoncés en matière somatique par les grands titres évoqués ci-dessus. Transposés par exemple à la situation des adolescents tourmentés par des idées suicidaires, ces quatre titres font froid dans le dos : « On doit choisir quels jeunes soigner », « S’il n’y a pas de place, comment choisir quel adolescent peut entrer à l’hôpital ? », « Faudra-t-il choisir quels jeunes sauver ? », « Des médecins obligés de choisir qui risque de se suicider »… Dans de nombreux lieux de soins, les psychiatres, les pédopsychiatres, les psychologues, les assistants sociaux et autres intervenants en santé mentale sont déjà contraints de poser des choix quant aux patients qu’ils peuvent prendre en charge. Et le réseau est tellement saturé qu’ils n’arrivent que rarement à proposer une réelle solution alternative.
Les conséquences psychiques de la pandémie viennent exacerber une situation de saturation qui était déjà présente, avant elle, dans de nombreux sous-secteurs de la santé mentale. Elles révèlent une problématique plus profonde qu’il convient de prendre en compte, si nous voulons éviter de « foncer dans le mur » : nous ne pouvons pas continuer à croire que les professionnels de la santé mentale ont et auront suffisamment de moyens pour prendre en charge tous les patients qui s’adressent à eux, si nous n’œuvrons pas tous, là où nous sommes, pour une société plus harmonieuse qui crée moins de souffrance psychique. La majorité des personnes qui nécessitent des soins psychiques n’est pas porteuse d’une maladie mentale, au sens médical du terme, mais est constituée de personnes écorchées par la vie ou par le fonctionnement sociétal. Nous pouvons en fait chacun, un jour, nous trouver dans une situation de détresse psychologique si intense que nous devons être aidés par des professionnels. Et ce risque est majoré si nous vivons dans un contexte familial et/ou socio-professionnel délétère. C’est donc sur ce contexte qu’il est urgent de travailler, chacun à notre mesure, citoyens et politiciens, afin qu’il charrie moins de désarroi.
Étant donné la faillite actuelle du système de soins en santé mentale, mais aussi de celle de l’aide à la jeunesse, de l’aide sociale, et du monde psychosocial dans son ensemble, faillites corrélatives à une « demande » croissante qu’il n’est plus possible d’absorber, il est urgent de se pencher sur la question de la prévention. Nous formulons le vœu d’un changement de paradigme, où prévenir vaudrait mieux que guérir et où l’on travaillerait davantage les problématiques à leur racine, afin de diminuer la souffrance psychique, au niveau des individus, des groupes, des couples et des familles, du monde de la petite enfance jusqu’à celui de nos aînés.
Les mondes professionnel et scolaire ont fait preuve de grandes capacités d’adaptation à la pandémie. A titre d’exemple, le télétravail a été déployé à une échelle qui n’avait jusqu’ici jamais été atteinte. Il est rapidement apparu que celui-ci pouvait être vecteur de bien-être professionnel, ou au contraire de burn-out, selon les modalités de son organisation : des attentes adaptées de la part de l’employeur, le droit à la déconnexion, du temps minimal en présentiel et la valorisation du travailleur sont des facteurs protecteurs essentiels à prendre en considération. Le Conseil supérieur de la santé a par ailleurs relevé dans ses études combien la reprise du travail après un burn-out peut constituer une source de mieux-être comme une source de stress et de risque de rechute, selon l’adaptation de la charge de travail à l’état de santé physique et psychologique du travailleur. Ces études et les récentes expériences de télétravail à grande échelle confirment les liens étroits qui existent entre l’organisation du travail et l’équilibre psychologique des travailleurs. S’il nous a été possible, à l’occasion de la pandémie, de bouleverser cette organisation au nom de l’intérêt pour la santé somatique des citoyens, ne devrait-il pas maintenant être envisagé d’opérer des changements organisationnels en profondeur au sein du champ professionnel, cette fois au nom de la santé psychique des travailleurs ?
Ce qui vaut pour le monde adulte et de l’entreprise est tout autant pertinent, voire plus encore, pour nos enfants et nos adolescents. Le monde de l’enseignement a été particulièrement impacté par la succession des différentes mesures sanitaires. Nous nous sommes permis, à cause de la pandémie, de bousculer le système éducatif jusque-là en place et de relâcher par moments la pression scolaire. Ces bouleversements ont hélas été opérés de manière assez chaotique : la charge de travail demandée aux élèves et aux professeurs n’a pas été suffisamment adaptée en fonction des différentes étapes de la pandémie, le programme scolaire n’a que peu été adapté, des élèves se sont retrouvés à certains moments avec une charge plus lourde que d’habitude, alors que d’autres se sentaient au contraire « lâchés » par leur école, etc. Si la majorité des jeunes en ont souffert, et si le décrochage scolaire a grimpé en flèche, on a aussi vu, à certains moments, que la baisse de la pression permettait à une partie des élèves de voir leur anxiété diminuer, parfois au bénéfice de leur insertion scolaire. Ceci illustre qu’à l’instar de ce qui se passe dans le monde du travail, l’équilibre des jeunes est en partie tributaire de l’organisation de l’enseignement. Et si notre société a choisi de chambouler celle-ci dans le but de préserver la santé physique des citoyens, et principalement celle des adultes, ne conviendrait-il pas qu’elle adopte maintenant des changements structurels au sein de l’enseignement, cette fois dans le but de combiner au mieux les apprentissages et l’équilibre psychique des enfants et des jeunes ?
Ces constats tirés des domaines professionnel et scolaire ne sont que des exemples parmi d’autres d’une réalité beaucoup plus vaste, celle de l’intrication entre nos conditions de vie et notre santé psychique. Or, nous avons tous, à notre mesure, les moyens d’œuvrer d’une manière ou d’une autre à améliorer ces conditions d’existence, en cherchant des leviers d’action et des façons d’être et d’être ensemble, au sein de nos liens, de nos activités, de nos domaines d’intérêt, et pour certains d’entre nous au sein de nos missions professionnelles. Dès lors, ferons-nous le choix de contribuer, chacun où nous sommes, à des changements de société à visée humaine, au sens large, comme nous avons été capables d’en réaliser d’autres à visée sanitaire, au sens strict ?
A eux seuls, les professionnels de l’aide n’arriveront pas à relever ce défi de diminuer significativement, en amont de la sphère des soins, la souffrance des individus et des groupes. L’engagement de chaque citoyen et de chaque politicien est plus que jamais nécessaire pour créer ensemble des conditions d’existence plus favorables. Ceci ne se fera pas sans une forme de radicalité, en osant de nouvelles approches et des transformations en profondeur, afin qu’à court, moyen et long termes, quand nous regarderons dans notre rétroviseur, nous puissions percevoir a posteriori la pandémie que nous traversons comme une crise qui aura catalysé des changements considérables, porteurs de renouveau.
Signataires :
- Dr Alain Ackermans, psychiatre à Etterbeek et Woluwé-Saint-Pierre.
- Dr Aurélie Adam, pédopsychiatre, Centre Hospitalier Régional de la Citadelle à Liège et Centre de Santé Mentale Universitaire de Liège.
- Dr Peterson Adam Henet, assistant en psychiatrie (UCLouvain), Hôpital Le Beau Vallon à Saint-Servais.
- Dr Dominique Alles, pédopsychiatre à Gembloux.
- Dr Sophie Barnabé, pédopsychiatre, Centre Hospitalier Régional de Verviers et ASBL La Ferme du Soleil à Soumagne.
- Dr Thierry Bastin, pédopsychiatre en cabinet privé et au Service de santé mentale Tandem, à Nivelles.
- Dr Naima Ben Addi, pédopsychiatre à Laeken, au Service de santé mentale Exil à Ixelles et au Service de santé mentale Le Monde du Dedans à Bruxelles-Ville.
- Dr Fanny Benioucef , pédopsychiatre, Cliniques de l’Europe site Sainte-Élisabeth à Uccle et Centre Chapelle-aux-champs à Woluwé-Saint-Lambert.
- Dr Céline Beudin, pédopsychiatre, Unité Les Kiwis du Centre Régional Psychiatrique Les Marronniers à Tournai.
- Dr Sylvie Boden, pédopsychiatre à Vottem.
- Dr Sevlin Boz, pédopsychiatre, Unité pour enfants et adolescents de l’hôpital Vincent Van Gogh à Charleroi.
- Dr Marie Carlens, psychiatre, Service de santé mentale de Verviers.
- Dr Elizabeth Cattier, pédopsychiatre à Court-Saint-Etienne.
- Dr Johanna Coppé, psychiatre, Centre de guidance de Louvain-La-Neuve.
- Dr Barbara Crommelinck, pédopsychiatre, Unité adolescents de l’Hôpital psychiatrique pour enfants et adolescents La Petite Maison ACIS asbl à Chastre.
- Dr Eric Dachy, pédopsychiatre à Uccle et à Bruxelles-Ville.
- Dr Isabelle Dalem, pédopsychiatre, psychopérinatalité et petite enfance au CHC Montlégia à Liège.
- Dr Mila Danailova, pédopsychiatre, Clinique Saint-Pierre à Ottignies.
- Dr Sandrine Danniau, pédopsychiatre, Centre Pediatrics à Etterbeek et Espace Dynamo à Bruxelles-Ville.
- Dr Valentine d’Aspremont, assistante en pédopsychiatre (UCLouvain), Clinique Saint-Jean à Bruxelles-Ville.
- Dr Salomé David, assistante en pédopsychiatrie (Université de Liège), Centre hospitalier universitaire de Liège, Site Brull, et Centre psychothérapeutique de jour pour enfants La Manivelle à Liège.
- Dr Éric De Doncker, pédosychiatre à Ottignies et à l’Institution Publique de Protection de la Jeunesse de Wauthier-Braine.
- Dr Aviva Depauw, pédopsychiatre, Centre pédiatrique pluridisciplinaire Riza à Bousval.
- Dr Elisabeth Dive, pédopsychiatre, Centre de guidance de Louvain-la-Neuve.
- Dr Constance Dubus, pédopsychiatre, Centre de guidance SSM-ULB à Forest.
- Dr Pascal Faveron, pédopsychiatre, Centre hospitalier neurologique William Lennox à Ottignies.
- Dr Anne Follet, pédopsychiatre à Braine-l’Alleud.
- Dr Laurence Fournier, pédopsychiatre, Centre hospitalier universitaire de Liège.
- Dr Thérèse Ghislain, pédopsychiatre à Mons.
- Dr Agnès Gigi, pédopsychiatre, Services de santé mentale d’Arlon et de Virton et Cliniques du Sud Luxembourg Vivalia à Arlon.
- Dr Vincent Gilliaux, pédopsychiatre, Hôpital de jour Les Haubans du Centre Hospitalier Régional Mons-Hainaut et Centre de consultations Le Vert à Soi à Tournai.
- Dr Valentine Godeau, pédopsychiatre, Unité La Kapeline du Centre hospitalier universitaire de Mons.
- Dr Delphine Jacobs, pédopsychiatre, Cliniques universitaires Saint-Luc à Woluwé-Saint-Lambert.
- Dr Florence Jacquerie, pédopsychiatre, Service de santé mentale Psycho-Etterbeek et Service d’Accompagnement en Accueil Familial Parcours d’Accueil à Ixelles.
- Dr Vincent Jadoulle, psychiatre, Centre de guidance de Louvain-la-Neuve, Service de santé mentale Safrans et Initiative d’Habitations Protégées Le Hêtre Rouge à Braine-l’Alleud.
- Dr Philippe Kinoo, pédopsychiatre, Centre de Formation et de Supervision en Institution du Centre Chapelle-aux-Champs à Woluwé-Saint-Lambert.
- Dr Beryl Koener, pédopsychiatre, Centre pédiatrique pluridisciplinaire Riza à Bousval, Centre de psychiatrie infanto-juvénile Enfance et Adolescence à Ottignies, et ASBL L’atelier du Lien à Ottignies.
- Dr Pierre Lachapelle, psychiatre à Hannut et au Centre Chapelle-aux-Champs à Woluwé-Saint-Lambert.
- Dr Michèle Laurent, pédopsychiatre, Clinique Saint-Pierre et Service de santé mentale Entre-Mots à Ottignies.
- Dr Thierry Lebrun, psychiatre, Département adolescents-jeunes adultes du Centre Chapelle-aux-Champs à Woluwé-Saint-Lambert.
- Dr Frédérique Legros, pédopsychiatre, Centre Médical Pédiatrique Clairs Vallons à Ottignies.
- Dr Caroline Lemoine, pédopsychiatre, consultation pédopsychiatrique et Centre Kâlî (hôpital pédopsychiatrique de jour pour adolescents) au sein du Centre Hospitalier Universitaire et Psychiatrique Mons-Borinage.
- Dr Damien Lerminiaux, psychiatre et pédopsychiatre, service de pédopsychiatrie du Centre Hospitalier Régional de Liège, réseau intersectoriel REALiSM en province de Liège, et IMP La Providence à Etalle.
- Dr Sophie Maes, pédopsychiatre, Unité pour adolescents du Centre hospitalier le Domaine et équipe de liaison pédopsychiatrique du Chirec à Braine-l’Alleud.
- Dr Daniel Malka, psychiatre, Centre Chapelle-aux-Champs à Woluwé-Saint-Lambert et Service de santé mentale de Watermael-Boitsfort.
- Dr Eric Mathy, pédopsychiatre, Centre de protection de l’enfant L’Accueil à Gosselies (Service d’Accueil Spécialisé de la Petite Enfance) et Centre de Guidance de Charleroi.
- Dr Florence Mathy, pédopsychiatre, Centre hospitalier universitaire de Liège et Équipe SOS enfants de l’association CRAF à Huy.
- Dr Delphine Mendola, assistante en pédopsychiatrie (Université de Liège), Centre Hospitalier Universitaire de Liège et équipe mobile MOBILEA en région liégeoise.
- Dr Muriel Meynckens-Fourez, pédopsychiatre, Centre de Formation et de Supervision en Institution du Centre Chapelle-aux-Champs à Woluwé-Saint-Lambert.
- Dr Marlène Michel, pédopsychiatre, Équipe Mobile Wei-Ji en province du Brabant wallon.
- Dr Anita Mortelmans, psychiatre à Grez-Doiceau.
- Dr Camille Noël, psychiatre, Hôpital psychiatrique pour enfants et adolescents La Petite Maison ACIS asbl à Chastre, et Service de pédopsychiatrie du Centre hospitalier universitaire Saint-Pierre à Bruxelles-Ville.
- Dr Lola Nys, assistante en pédopsychiatrie (UCLouvain), Centre hospitalier universitaire de Liège.
- Dr André Passelecq, psychiatre, Réseau de soins de santé mentale Epsylon à Uccle.
- Dr Emmanuelle Paul, psychiatre, Unité adolescents de l’Hôpital psychiatrique pour enfants et adolescents La Petite Maison ACIS asbl à Chastre.
- Dr Evelyne Peeters, psychiatre à Forest.
- Dr Eric Picard, pédopsychiatre à Saint-Gilles.
- Dr Noelle Poolen, pédopsychiatre, Service de santé mentale de Beauraing.
- Dr Sarah Quoidbach, assistante en pédopsychiatre (UCLouvain), Hôpital de jour pour adolescents Le Thipi d’Area + au sein du Réseau de soins de santé mentale Epsylon à Uccle.
- Dr Cécile Ravier, pédopsychiatre à Limal et au Service de santé mentale de Jodoigne.
- Dr Benjamin Reuter, pédopsychiatre, CHC Mont Légia à Liège.
- Dr Patricia Sadzot, assistante en pédopsychiatrie (Université de Liège), Centre hospitalier universitaire de Liège.
- Dr Mélodie Schweich, assistante en pédopsychiatrie (Université de Liège), Association Interrégionale de Guidance et de Santé en province de Liège.
- Dr Marion Seutin, pédopsychiatre, Équipe mobile MhôM à Woluwé-Saint-Pierre.
- Dr Michaël Simon, pédopsychiatre, Unité de crise du Centre Hospitalier Régional de la Citadelle à Liège.
- Dr Marie-Vincianne Soncarrieu, pédopsychiatre, Centre hospitalier le Domaine à Braine-l’Alleud et Clinique Saint-Jean à Bruxelles-Ville.
- Dr Béatrice Stockebrand, psychiatre, Service de santé mentale Namur-Astrid et Centre Médico-Psychothérapeutique Autrement Dit à Jambes.
- Dr Betul Tedik, pédopsychiatre, Centre de jour pour adolescents Pass@do de l’Hôpital de Tubize.
- Dr Emmanuel Thill, pédopsychiatre, Centre de consultations Le Vert à Soi à Tournai.
- Dr Chantal Van Cutsem, pédopsychiatre à Etterbeek.
- Dr Marie Vandorpe, pédopsychiatre, Service de santé mentale de Wavre.
- Dr Sylvie Vangyseghem, pédopsychiatre, Centre Hospitalier Régional Haute Senne à Soignies et Centre de Psychiatrie Infantile Les Goélands à Spy.
- Dr Françoise Vanhalle, pédopsychiatre à Obourg.
- Dr Valérie Van Ransbeeck, pédopsychiatre à Waterloo.
- Dr Catherine Van Veeren, psychiatre, Service de santé mentale Nouveau centre Primavera à Jette.
- Dr Jehanne Van wynsberghe, pédopsychiatre à Andenne.
- Dr Alexandra Wauthier, pédopsychiatre à Ixelles.
- Dr Laurence Weets, pédopsychiatre à Forest et à l’hôpital universitaire Erasme.
- Dr Didier Wégimont, pédopsychiatre, Unité CaKtuS de l’Intercommunale de Soins Spécialisés de Liège.
- Dr Wingender, pédopsychiatre, Service de santé mentale L’Été à Anderlecht.
- Dr Benjamin Wolff, pédopsychiatre, Réseau Santé Kirikou en province de Namur.
- Dr Nicole Zucker, pédopsychiatre, Service de santé mentale de la ville de Bruxelles.
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Lutter contre l’injustice sociale par des services sociaux de base pour toutes et tous

En ces temps de crise, les inégalités sociales sont plus apparentes et s’accentuent. Beaucoup de gens constatent aujourd’hui à quel point le secteur social est crucial dans la société.
- Ceci est une partie du programme plus global du PSL face à la crise du coronavirus auquel vous pouvez accéder en cliquant ici.
En moyenne, les personnes vivant dans la pauvreté ou l’insécurité ont une santé moins bonne que celles qui disposent d’un revenu décent, comme le démontre l’Annuaire sur la pauvreté et l’exclusion sociale 2019. Un Belge sur cinq vit dans la pauvreté et/ou l’exclusion sociale, malgré l’existence (menacée) de la sécurité sociale. Ce groupe de la population est plus exposé au risque de décès. Encore une fois : le capitalisme tue !
De nombreux usagers des services sociaux sont confrontés à l’exclusion par la propagation du virus. Les sans-abris ont actuellement le choix entre un abri où l’hygiène est limitée et vivre dans la rue où ils peuvent être infectés et infecter d’autres. De nombreuses personnes qui arrivent à peine à joindre les deux bouts chaque mois sont menacées de ne pas pouvoir payer leur loyer en raison de la perte de leur salaire et/ou de leur emploi. La moitié des Belges ne parvient déjà pas à économiser, et la précarité est énorme, ce qui conduit une part importante de la population à habiter un logement précaire ou en inadéquation avec les besoins familiaux. En période de confinement, cela se traduit par une augmentation des tensions familiales et de voisinage ainsi que de la violence domestiques.
De nombreux travailleurs sociaux prennent aujourd’hui d’énormes risques : des travailleurs de rue arpentent les quartiers avec des moyens limités, plusieurs refuges travaillent sans le moindre équipement de protection ni les infrastructures permettant de respecter les mesures de sécurité contre la contagion du covid 19. Face au manque de moyens, les travailleurs sociaux prennent pourtant de nouvelles initiatives de solidarité audacieuses pour sauver les plus grandes victimes du système, parfois au mépris de leur propre santé…
La commercialisation du travail social et les économies budgétaires réalisées ont encore réduit les salaires de ces travailleurs et les conditions de travail se sont détériorées : les travailleurs sociaux sont toujours envoyés en mission sans moyens, leurs contrats reposent souvent sur des subventions dont la reconduction n’est pas garantie : ils ne peuvent travailler dans la continuité. Le manque est tellement énorme que des directions opérationnelles comptent aujourd’hui sur le non-remplacement du personnel malade pour équilibrer les budgets des structures, au détriment des conditions de travail du personnel restant et de la prise en charge des usagers. Ce sous-investissement a aujourd’hui des conséquences dramatiques pour le travail social et ceux qui en ont besoin. Il suffit de penser à la récente annulation de l’aide psychologique et budgétaire aux CAW (centres sociaux en Flandre), alors que la demande augmente considérablement dans ce domaine.
La situation actuelle dévoile aussi le manque de personnel nécessaire à un accompagnement de qualité des personnes fragiles ou porteuses d’un handicap dans l’adoption des comportements nécessaires à contenir l’épidémie que ce soit dans les services d’aide à la jeunesse, de santé mentale ou d’aide à la grande précarité.
La crise révèle également l’inanité des politiques de contrôle et de répression qui ont infiltré les dispositifs d’aide sociale ces dernières décennies : que faire avec les personnes en séjour illégal qui n’osent pas faire appel aux organismes officiels ou toute la population qui préfère aujourd’hui renoncer à toute allocation plutôt que de subir le contrôle permanent des CPAS, quand ces publics devraient être l’objet d’un accompagnement renforcé afin de ne pas devenir des foyers d’infection ?
La seule solution structurelle pour éviter que les gens ne s’attirent des ennuis et deviennent un danger pour eux-mêmes et les autres est de retirer la richesse de la société des mains du secteur privé marchand afin d’organiser les services publics de base. Une véritable prévention des inégalités sociales, de la pauvreté et de l’exclusion sociale peut être réalisée lorsque ces services publics de base unissent démocratiquement les utilisateurs et le personnel pour répondre aux besoins fondamentaux de chacun.
Nous exigeons :
- L’arrêt des économies budgétaires dans le secteur social.
- Que le personnel bénéficie de tous le matériel de protection dont il a besoin pour lui et pour les usagers ainsi que des infrastructures de prise en charge adéquates au besoin par réquisition des infrastructures privées.
- Une prime de risque pour l’ensemble du personnel de ce secteur. En cas de maladie, cette prime de risque doit continuer à être intégralement versée sous forme de prime de maladie.
- L’arrêt de la commercialisation du travail social.
- Des investissements publics massifs dans le secteur permettant les engagements massifs nécessaires à une prise en charge de qualité des usagers, des contrats pérennes pour les professionnels du secteur dans le public comme dans le privé et des revalorisations salariales qui reflète l’utilité sociale des travailleurs sociaux.
- La fin des procédures de contrôle et de contrainte des allocataires qui vont à l’encontre des missions premières des travailleurs sociaux.
- La régularisation de tous les sans-papiers pour protéger toute la population en lui donnant accès aux soins de santé.
- La réquisition de chambres d’hôtels ou de centres de loisir, avec indemnisation sur base de besoins prouvés, en prévoyant des espaces séparés pour de potentiels malades mis en quarantaine, afin d’y loger les sans-abris et les sans-papiers dans de bonnes conditions, dans la perspective d’un plan massif de construction de logements sociaux, y compris par la saisie de bâtiments inoccupés à des fins spéculatives, une fois la période de confinement passée.
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Anvers : G4S temporairement écarté de la gestion des personnes sans-abri

Mais le démantèlement du travail est toujours bien en marche
Depuis des mois, le personnel du secteur social, ses bénéficiaires et leurs sympathisants mènent à Anvers une lutte acharnée contre la marchandisation. Le centre de refuge pour personnes sans-abri ‘‘De Vaart’’ est devenu un dossier symbolique : la multinationale de gardiennage G4S voulait en assurer l’exploitation.
Les autorités de la ville ont tout fait pour laisser G4S l’emporter. Pourtant, laisser le travail social aux mains d’une multinationale pour qui seul compte le profit implique qu’il sera de moins en moins question de ‘‘travail social’’. C’est donc par une politique répressive que sera traitée la problématique du sans-abrisme, pourtant conséquence sociale de la politique d’austérité.
Toutefois, se faire de l’argent sur le dos des personnes sans-abri est une question sensible. Nous avons encore pu le constater avec le scandale du Samusocial à Bruxelles. Cependant, là où les dirigeants du PS empochaient tout simplement l’argent, la N-VA veut, à Anvers, sous-traiter à un partenaire privé. Le résultat est le même: on encaisse en s’en prenant aux plus faibles.
Pour G4S, ce projet était très important: cela lui aurait permis de mettre un pied dans le secteur et de poser les bases du développement d’une position solide sur ce marché qui commence à s’ouvrir aux multinationales. Le Conseil communal estimait que G4S serait plus ‘‘efficace’’: au lieu de faire en sorte que les sans-abri s’en sortent, leur idée consistait juste à les invisibiliser ; qu’on ne les voie plus dans la rue.
La contestation et l’aversion généralisée provoquée par cette soif de profit au détriment des plus faibles ont sans aucun doute joué un rôle dans le résultat final. Un partenaire local de G4S s’est retiré et tout le dossier s’est retrouvé à terre. Le CAW (Centrum Algemeen Welzijn, centre pour le bien-être général) peut de nouveau s’occuper des personnes sans-abri. Il s’agit d’une étape importante, bien que de nombreux problèmes subsistent.
L’approche de la gestion des personnes sans-abri a été changée. Les méthodes que voulaient appliquer G4S doivent maintenant être appliquées par le CAW. Du coup, des relations de confiance de longue date établies avec des usagers sont maintenant rompues. L’approche commerciale a fait son entrée dans le secteur, même sans G4S. De plus, se pose le problème de l’adaptation du statut du personnel. Les contrats à durée indéterminée peuvent désormais être brisés très facilement si le projet en question est accordé à une autre organisation ou à une entreprise. Une épée de Damoclès pèse donc sur le personnel. Enfin, la procédure des ‘‘appels d’offres’’ se poursuit pour d’autres projets. Le risque est alors que G4S ou une autre société puisse bientôt faire son entrée dans le travail social par cette voie.
La marchandisation du travail social n’a pas encore été stoppée. Mais le fait que G4S ait été repoussé constitue une défaite symbolique pour la politique de l’administration communale et pour la logique de marchandisation. Il est dès lors possible de continuer à construire la lutte sur cette base, avec une confiance renouvelée. Pourquoi ne pas commencer par une campagne de sensibilisation avec pétitions et diverses actions afin de mobiliser plus largement contre les projets susceptibles d’être sous-traités, contre la dégradation du statut du personnel et pour exiger des moyens supplémentaires pour le secteur de la santé ?
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“La marchandisation du travail social est désastreuse pour le personnel et les usagers”
Interview de Sanne Coremans déléguée FGTB à l’ASBL CAW (Centre d’aide sociale générale) à Anvers
Le conseil communal d’Anvers veut remettre des projets du secteur social aux entreprises privés. Le premier projet est celui de l’accueil des sans-abris. La ville veut que ce soit G4S qui reprenne la tâche. D’après l’échevin Fons Duchateau (N-VA) le privé est synonyme d’innovation. En réalité, la N-VA ne veut pas d’un secteur social critique envers la politique asociale menée par les autorités. Un appel d’offres a déjà été lancé pour divers projets. Nous en avons parlé avec Sanne Coremans, déléguée FGTB à la CAW (Centre d’aide sociale générale) et elle-même active dans un projet destiné à être vendu au privé.
Quel est l’effet de cette marchandisation sur le lieu de travail ?
‘‘L’impact est énorme sur le fonctionnement quotidien. Un certain abattement domine les esprits. Mais en même temps, nous essayons de lutter ensemble avec tous les projets concernés et l’ensemble du secteur social. Le 19 octobre, nous avons tenu une première assemblée générale du personnel de toutes les ASBL et de leurs composantes : la CAW, Samenlevingsopbouw (travail de quartier dans les quartiers les plus pauvres de la ville), Free Clinic et De Sleutel (aide à la toxicomanie), De Vaart (aide aux sans-abris), … Le secteur est très fragmenté et, maintenant, divers projets sont menacés par la marchandisation. Il est important de discuter ensemble de la manière de riposter de concert.
‘‘Les travailleurs sociaux aident les plus vulnérables. Cette opération de marchandisation est désastreuse pour le personnel et les clients. Le montant absolu des subventions reste plus au moins le même, mais des entreprises commerciales vont essayer de faire des profits en économisant sur le personnel et les services. Cela sera problématique pour les clients. Les appels d’offres qui existent déjà le démontrent : ils concernent d’un nombre de dossiers inférieur à ce qui est le cas aujourd’hui. Dans mon projet d’assistance du logement, c’est le cas. Où est-ce que ces centaines de gens qui n’auront plus accès à ce service doivent aller ? En plus, l’appel d’offre demande moins de tâches. G4S, qui veut reprendre l’accueil des sans-abris, ne va pas faire de travail lié à la gestion du budget de ces personnes.
‘‘La préoccupation du personnel est double : comment assurer notre fonctionnement quotidien et qu’est-ce que cela veut dire pour les usagers ? Nous avons l’impression que la ville veut surtout que les plus faibles soient hors de vue le plus vite possible afin qu’ils ne causent pas de ‘nuisance’. La mission et la profession des travailleurs sociaux change : d’une logique émancipatoire vers une logique de contrôle des problèmes sociaux. Même si les organisations actuelles ‘gagnent’ l’appel d’offre, leur fonctionnement sera mis sous pression. Les appels d’offre seront renouvelables après 3 ans et ne peuvent être renouvelés que deux fois par la suite. Dans ces conditions, c’est quoi la valeur d’un contrat à durée indéterminée ?’’
La ville ne tient pas compte des actions de protestations, l’échevin en charge déclare que G4S aura le contrat quoi qu’il arrive. Comment riposter ?
‘‘Il est vrai que la majorité communale et le conseil du CPAS sont déterminés à faire un exemple et à donner l’accueil des sans-abris à G4S, même si les négociations ne sont pas encore terminées. Mais notre lutte ne se limite pas à un seul projet. La commercialisation du secteur des soins n’est pas nouvelle et nous ne sommes pas les seuls à être touchés. Mais nous avons le sentiment que ‘De Vaart’ (l’accueil des sans-abris) est le premier grand dossier pour les travailleurs sociaux. Si cela passe, le reste suivra.
‘‘A travers les actions nous obtenons une bonne réponse : le travail social est en effet dans l’intérêt de tout le monde. Nous allons parler dans les hautes-écoles et les universités, des étudiants participent à nos actions. Le 7 octobre, nous avons fait une action devant l’hôtel de ville avec plus de 500 participants. Il y avait beaucoup d’étudiants, de travailleurs sociaux d’autres villes avec un bon groupe de Bruxelles et de syndicalistes d’autres secteurs comme la chimie, la distribution, l’alimentation,… Le réseau SWAN (Sociaal Werk Actienetwerk, qui réunit des syndicalistes, des acteurs de terrain,…) a joué un rôle important et positif dans l’unification du personnel dans le secteur. Sur cette base nous pouvons construire une solidarité plus large.
‘‘La journée d’action du secteur non-marchand du 24 novembre est importante pour nous : les problèmes sont similaires dans tout le secteur des soins. Tous seuls, nous ne gagnerons pas. Il nous faut un mouvement large de tout le secteur. Nous devons aussi riposter contre toute la politique d’austérité. Nos clients subissent les conséquences de cette politique avec des factures d’énergie plus élevées et d’autres coûts croissants. En plus, leur soutien social est maintenant menacé. Le message est qu’ils doivent tirer leur plan. Dans le jargon néolibéral, ils ont même une ‘matrice d’autosuffisance’ pour cela. Nous ne pouvons pas accepter cela et devons riposter ensemble contre la réduction du travail social et contre l’austérité en général.’’
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Action à Liège : "Le travail social n'est pas un outil du capital"
Cet après-midi, à Jemeppe-sur-Meuse, nous étions près d’une centaine de militants présents pour interpeller le ministre Borsus (MR) sous le slogan : “Non au PIIIS et au “travail communautaire !
Les travailleurs sociaux ne sont ni des flics ni des contrôleurs !”Cette action était l’oeuvre d’une plateforme réunissant l’Association de Défense des Allocataires Sociaux (ADAS), le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM), les Étudiants de Gauche Actifs (EGA, organisation de jeunesse du PSL), les Femmes Prévoyantes Socialistes (fps), le Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (RWLP), Riposte.cte, Stop à la chasse aux chômeurs et Vie Féminine Liège-Seraing-Verviers. Des militants du PTB étaient également présents à nos côtés (voir le texte de l’appel).
Le ministre Borsus a refusé de nous écouter tant avant qu’après sa prise de parole. Il a été demandé à la police de nous refuser l’accès de la session de clôture de la journée pourtant prévue ouverte à tous…
Nous nous retrouverons tous bien plus nombreux dans la rue ce 24 novembre à Bruxelles à l’occasion de la manifestation du secteur non-marchand ! Poursuivons la lutte contre ce gouvernement et toute la politique d’austérité !
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Action ce 16/11. Non à la loi Borsus, Non au PIIS, Non au service communautaire
Les allocataires et travailleurs sociaux subissent actuellement une attaque d’une violence peu commune.
Non-content de mettre les travailleurs sous pression par une politique constante de diminution des budgets et des effectifs affectés à l’aide sociale, le gouvernement réforme aujourd’hui le PIIS (le projet individualisé d’intégration sociale) pour le rendre obligatoire et contraignant pour tous les nouveaux bénéficiaires des CPAS.
Ce-faisant, si le bénéficiaire du revenu d’intégration(quels que soient son âge, sa nationalité, sa situation personnelle) ne s’y plie pas de façon « satisfaisante », on lui retirera son seul moyen de subsistance (sanctions d’1 mois de suspension du revenu d’insertion, 3 mois en cas de récidive).
La réforme introduit également la possibilité pour le bénéficiaire de prester des heures de « travail communautaire » dans des ASBL, administrations publiques, y compris les CPAS eux-mêmes. La tentation serait donc importante de conclure un « contrat » PIIS obligeant l’usager à prester des heures gratuitement au bénéfice non pas de sa propre émancipation comme voudrait nous le faire croire le discours officiel mais des économies de budgets dans les services publics.
Ceci impacterait à coup sûr la politique d’engagement dans les institutions concernées : quel intérêt à engager du personnel si on peut affecter à certaines tâches les bénéficiaires du CPAS contraints au travail communautaire ?
Outre l’attaque nauséabonde que cela constitue sur les usagers du CPAS, cela aura des conséquences profondes sur le travail des assistants sociaux car c’est à eux, que reviendra le « privilège » d’appliquer cette politique répugnante et absurde.
Les assistants sociaux des CPAS vont voir leur charge de travail encore alourdie par la gestion des contrats PIIS quand le nombre de dossiers par AS a explosé partout et dépasse déjà la norme jugée « acceptable ». Mais le plus grave est que cette politique de « chasse aux pauvres » est un pas de plus vers la dénaturation complète de leur travail. Les travailleurs sociaux ont choisi d’exercer ce métier dans le but d’accompagner ceux qui en ont besoin, pas de les fliquer
Le travail d’accompagnement des personnes en état de fragilité sociale est déjà compromis par la surcharge de dossiers. Si nous laissons faire ce gouvernement de droite à la solde de l’intérêt des plus nantis, les travailleurs sociaux ne seront bientôt plus que de vulgaires instruments de contrôle au service d’une société malade et opprimante.
- Refusons que les AS soient définitivement transformés en agents de contrôle: Ensemble, travailleurs sociaux, étudiants en passe de le devenir et usagers, luttons contre ce gouvernement de requins, son service communautaire et son PIIS de la misère…
- Non au PIIS, non à la contractualisation! Pour un accompagnement social respectueux des choix de vie des usagers !
- Stop à la chasse aux allocataires : Les AS ne sont ni des flics ni des contrôleurs !
- Non au travail communautaire pour les bénéficiaires des CPAS : défendons le statut des fonctionnaires dans le service public !
- Des budgets à la hauteurs des besoins : les AS veulent les moyens de faire leur travail dignement et efficacement, dans le respect et dans une relation de confiance avec les personnes accompagnées.
LE RESPONSABLE DE CETTE RÉFORME (le ministre Borsu, MR) SERA À JEMEPPE LE 16 NOVEMBRE dans le cadre des journées de l’insertion du CPAS. C’est l’occasion de lui montrer notre refus de sa réforme.
Rassemblement le 16 novembre à 15h30 devant l’entrée du campus 2000 ( Léon-Eli Troclet ) de la HEPL, à l’angle de la rue du Gosson et de la rue de la Meuse.
Premiers signataires:
-Association de Défense des Allocataires Sociaux (ADAS)
-Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM)
-Étudiants de Gauche Actifs (EGA)
-Femmes Prévoyantes Socialistes (fps)
-Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (RWLP)
-Riposte.cte
-Stop à la chasse aux chômeurs
-Vie Féminine Liège-Seraing-Verviers
-…Pour rejoindre l’appel : Clément 0499/48.67.99 – caesclement@hotmail.com
=> Sur Facebook
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“La commercialisation de l’aide pour les plus faibles est inacceptable’’
Interview de Wouter Wanzeele délégué FGTB au CAW (Centre d’aide sociale générale) à Bruxelles
Le 7 octobre dernier, le personnel au CAW (Centre d’aide sociale générale) de Bruxelles a mené une grève de solidarité avec leurs collègues d’Anvers qui sont menacés d’une commercialisation de certains projets. Cette solidarité est importante : les propositions de la ville d’Anvers ne sont pas seulement limitées sur le plan local. Elles sont un bélier pour mettre en œuvre une commercialisation complète du secteur. Nous en avons parlé avec Wouter Wanzeele, délégué FGTB au CAW Bruxelles.Comment vois-tu la progression de la commercialisation dans le secteur ?
“Il faut d’abord dire que le secteur du bien-être est très large. Il comprend l’assistance aux sans-abris, l’assistance financière, assistance aux personnes handicapées,… En bref, l’amélioration de la qualité de vie de ceux qui tombent dans l’oubli aujourd’hui. Avec la politique d’austérité, il s’agit d’un groupe en forte augmentation.
‘‘Le plus grand problème du secteur est la commercialisation et la marchandisation. De grandes parties du secteur sont déjà en mains privées, avec des petites ou grandes ASBL. Il y a déjà des pénuries à cause des économies sur le personnel et des tâches supplémentaires. Mais avec la commercialisation, ces organisations entrent en compétition l’une contre l’autre pour l’accès aux ressources publiques limitées. Cela conduit à une logique commerciale dans laquelle on parle moins des problèmes sociaux que de questions telles que la gestion des compétences.
‘‘L’austérité et la mise au point sur les chiffres mettent plus de pression sur le personnel. Cela conduit à une augmentation de problèmes comme le burn-out. Un grand nombre de travailleurs sociaux a le sentiment de ne plus faire de travail significatif et utile.’’
Le problème ne se limite donc pas à Anvers ?
“Sûrement pas. Le fait que G4S reprend l’accueil des sans-abris est bien sûr un précédent énorme. Les soins seront limités à ‘‘lit, bain, pain’’ avec moins de soins et des conditions pires pour le personnel afin que l’entreprise puisse faire davantage de profits. Mais aussi ailleurs, il y a une commercialisation.
‘‘Il y a déjà un grand nombre d’entreprises privées actives dans le secteur. Des centres d’accueil pour demandeurs d’asile, par exemple, ont été exploités par des entreprises privés comme G4S à Gand.’’
Que pouvons-nous faire ?“Les premières actions étaient très positives. Le réseau SWAN (qui réunit des syndicalistes, des acteurs de terrain,…) a été capable d’unifier non seulement le personnel du secteur, mais aussi des clients et des étudiants. Nous ne sommes qu’au début de la construction d’une relation de force. Avec les travailleurs sociaux à Bruxelles, nous avons montré l’exemple avec la grève de solidarité du 7 octobre. Espérons que d’autres suivront cet exemple.
‘‘Nous ne pouvons pas nous limiter à une position défensive contre la commercialisation d’un ou de quelques projets du travail social. Pourquoi ne pas dire clairement qu’il existe une alternative : des investissements massifs dans l’avenir de tout le monde, avec le développement de services publics qui travaillent, dans notre secteur, surtout de façon préventive et structurelle. De telle manière, nous pouvons réaliser l’objectif émancipatoire du travail social de devenir ‘inutile’. Une société dans laquelle personne ne tombe du bateau nécessite un autre système. Aujourd’hui, on nous dit toujours qu’il n’y a pas de moyens pour des logements sociaux, des centres de quartier, de l’infrastructure pour le sport et les loisirs,… Il y a pourtant beaucoup d’argent dans la société, mais nous ne l’obtiendront pas en le demandant gentiment. Il faut lutter pour un meilleur avenir pour tout le monde !’’
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Anvers. Les services sociaux menacés par la commercialisation. La résistance s'organise
Le conseil communal d’Anvers espérait sans doute pouvoir mener en silence une attaque frontale contre les services sociaux. Fin mai 2016, il a donné son feu vert à la commercialisation de ceux-ci en lançant un appel d’offre visant à laisser diverses tâches aux mains d’entreprises privées. L’accueil des sans-abri est particulièrement concerné, la société G4S essayant par tous les moyens d’en reprendre la gestion des mains des CPAS. La décision semble toutefois coincer jusqu’ici. Sous la pression des protestations ou en raison de problèmes liés au contrat ?
Ce 27 octobre, une action très dynamique a eu lieu à l’occasion d’une réunion du conseil des CPAS. Ce fut une importante étape dans le développement du mouvement contre la commercialisation du secteur du travail social. Des centaines de personnes étaient présentes, la place était d’ailleurs bien trop petite pour tous ces manifestants ! Deux grands groupes d’étudiants ont participé au rassemblement en s’y rendant en cortège à partir de l’AP Hogeschool d’Anvers Nord et de la KDG d’Anvers Sud. Les deux petites manifestations se sont ensuite rencontrées à Mechelsplein. Bien entendu, on trouvait également un grand nombre de travailleurs sociaux et de sympathisants. Des collègues avaient notamment fait le trajet à partir de Bruxelles, du Limbourg,… pour soutenir ce combat contre un dangereux précédent pour l’ensemble du secteur à l’échelle nationale. Des étudiants de Geel et de Gand avaient eux aussi fait le déplacement. A la suite d’une action dans le cadre de la journée d’action et de grèves du 7 octobre, quelques syndicalistes d’autres secteurs étaient eux aussi présents, mais de manière assez limitée.
Comme l’a expliqué la déléguée syndicale FGTB Sanne Coremans dans son discours, ce n’est encore que le début de la construction d’un mouvement de lutte et d’un rapport de force clairement orienté vers le blocage des projets du conseil communal anversois. La prochaine étape sera la journée nationale d’action et de grève du secteur non marchand du 24 novembre prochain.
Le secteur des soins de santé et l’ensemble du secteur non marchand connaissent des problèmes similaires tandis que les nouvelles attaques annoncées par le gouvernement fédéral contre les soins de santé auront de lourdes implications sur le secteur social. Ensemble, nous sommes plus forts pour résister et remporter la bataille. La grande présence des étudiants au rassemblement fut un élément très positif qui a contribué à la nature dynamique de l’action. Certains de ces étudiants ont aussi pris la parole au côté des autres orateurs du secteur.
Il faut maintenant profiter de cet élan construire le mouvement en élargissant le combat contre la commercialisation du travail social à la lutte contre toutes les politiques d’austérité.
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[INTERVIEW] CPAS : Avec l’austérité, le développement humain passe à la trappe
Tant lors de la journée d’actions et de grève des services publics le 31 mai que lors de la grève nationale appelée par la FGTB le 24 juin, le piquet de grève du CPAS de Liège était impressionnant. A côtés des traditionnels drapeaux du syndicat, on trouvait aussi une table pour présenter les tracts et informations diverses du syndicats ou des organisations politiques qui passaient au piquet, des panneaux explicatifs sur la situation actuelle et l’impact de l’austérité, des calicots faits à la main et des affichettes sur différents thèmes,… L’atmosphère au piquet était toujours très politique et combattive. Nous en avons discuté avec Boris, délégué CGSP pour le CPAS de Liège.
“La grève d’aujourd’hui (le 24 juin, NDLR) vise à montrer la grogne et le mécontentement contre les règles gouvernementales mises en place depuis 2014. Et avant aussi, autant parler de tout. Ici au CPAS, nous sommes déjà inquiets pour nos conditions de travail et beaucoup plus au niveau des pensions. On peut aussi parler de la Loi Peeters et de toutes les autres petites touches qui risquent quand même d’avoir une incidence du privé vers le public, que ce soit les 45h, la flexibilité du travail, des heures supplémentaires sûrement, etc.“Après, ce qu’on dénonce aussi, ce sont toutes les règles qui ont été prises pour l’exclusion sociale, dont celles prises par Di Rupo. Nous, au CPAS, on représente le droit résiduaire de tous les exclus sociaux. On vit donc de plein fouet les conséquences de toutes ces mesures. Tout ça représente de plus son lot de dossiers supplémentaires à gérer et donc une pression sur nos conditions de travail. Le travailleur ne peut plus garantir de faire une analyse sociale du bénéficiaire qui assure sa dignité dans l’aide qu’on lui apporte.
“Et même quand on parvient à faire partir les documents en temps et en heure, rien ne permet de garantir que tout va être fait à temps puisque tous les services sont surchargés. Mais ces retards concernent des questions vitales pour les demandeurs. Les retards créent une frustration qui peut ensuite prendre forme d’agressions verbales ou même d’agression physique sur les agents. Le développement humain et le bien-être de l’usager passent à la trappe avec l’évolution du travail social sous les coups des mesures des gouvernements successifs.“Et c’est ce qui risque d’arriver encore plus avec le ‘‘projet individualisé d’intégration sociale’’ (PIIS) du ministre Borsus (MR) qui risque de sérieusement conditionner le revenu d’intégration à un travail bénévole. Le danger si on se projette sur l’avenir, c’est également le nivellement des salaires de tous par le bas. Pour le balayage des rues, etc., pourquoi engager avec un vrai salaire alors quand il est possible de mettre en ‘‘service communautaire’’ un bénéficiaire du revenu d’intégration social qui a craint de perdre son allocation ? Ce n’est pas un fantasme, simplement une projection.
“Pour les piquets et notre action syndicale, nous concevons notre action comme un plan d’action pour un bénéficiaire. Notre job c’est d’analyser la situation d’une personne et organiser un plan d’action pour elle, c’est pareil ici. Il faut analyse de la situation et essayer d’en tirer les traits positifs et négatifs pour informer sur ces différents traits. Ici, on a voulu maximaliser l’information sur le piquet avec de nombreux panneaux, des tracts à disposition, etc. pour nous adresser à ceux qui ne vont pas nécessairement aux activités syndicales, aux manifestations et aux réunions. Quand on ne va pas vers l’information, c’est l’information qui doit bouger.
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Café syndical à Liège : “Comment renverser ce gouvernement de malheur?” Ce mercredi 29 juin, 18h30,
au Centre culturel “Le Zénith” (15, Rue Jean d’Outremeuse, 4000 Liège). Venez partager vos expériences et envisager la préparation d’un automne chaud contre Michel 1er avec des militants syndicaux et notamment GUSTAVE DACHE, vétéran du mouvement ouvrier à Charleroi. Métallo durant des années, il a été délégué à Caterpillar et à Citroën et a également très activement participé à la grande grève générale de l’hiver 1960-61.[divider]
Photos de Julie et Simon
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Plus de moyens pour les services d’aide à la jeunesse!
Par Nicolas Croes
Du 17 janvier au 5 février dernier, le personnel du Service d’Aide à la jeunesse (SAJ) et du Service de Protection judiciaire (SPJ) ont fait grève en Fédération Wallonie-Bruxelles suite à une perquisition policière menée dans les locaux du SAJ-Charleroi. Mais les raisons de cette colère sont plus larges et profondes. Nous en avons discuté avec Olivier, éducateur au sein d’une ASBL qui travaille pour le SAJ, et Marie, étudiante et future assistante sociale.
Pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est passé ?
Olivier : C’est directement le produit des mesures d’austérité et du sous-investissement chronique du secteur même si, à la base, il s’agissait d’un contrôle de police comme cela arrive souvent après des incidents survenus avec des jeunes suivis par le Service d’Aide à la Jeunesse. Les choses se sont mal passées, avec un grand manque de respect, et les délégués syndicaux ont agi en disant : ‘‘ce n’est plus possible,
les contrôles nous rendent le travail impossible.’’Les travailleurs se sont sentis mis en cause, alors qu’ils bossent dans des conditions hyperdifficiles. La situation des travailleurs sociaux se dégrade sans cesse : personnel insuffisant et insuffisamment remplacé, manque de places dans les services agréés et surcharge administrative. Le SAJ est donc directement parti en grève, et a été suivi par les autres sites, ainsi que par les SPJ qui s’occupent d’appliquer les mesures prises par le tribunal de la jeunesse.
Le personnel des SAJ s’était d’ailleurs déjà mobilisé en décembre dernier et les représentants syndicaux avaient déjà rencontré la ministre en charge de la jeunesse, Evelyne Huytebroeck (Ecolo).
Olivier : Oui. Là, la grève a été suspendue suite à diverses promesses, encore beaucoup trop faibles, mais on est aussi dans le cadre des élections… On n’a pas besoin des beaux discours, on a besoin de plus de moyens, d’autant plus que les problèmes sociaux empirent.
On demande aux familles de s’occuper de leurs enfants, mais pas mal n’en ont plus les moyens et sont dépassées. Il y a un effet ciseau : les allocations sociales ne suivent pas le coût de la vie, le chômage et le travail précaire augmentent, les problèmes s’accumulent pour les familles et, alors qu’on a besoin de plus de places d’accueil, les moyens diminuent.
Marie : Dans nos cours, on nous dit que l’État-providence, c’est terminé et que les familles doivent davantage assumer elles-mêmes leur rôle. En cas de problème, les seuls à être considérés comme fautifs sont les parents.
Aujourd’hui, dans presque tous les services d’insertion sociale, on contractualise les relations sociales. Le gouvernement répond de manière individuelle à un problème collectif avec l’argument que l’être humain doit être acteur de sa voie, qu’il doit pouvoir changer sa vie, OK. Sauf qu’autant d’exemples ‘‘individuels’’, ça s’appelle une réalité sociale. On culpabilise les gens, comme s’ils étaient les seuls responsables de leur situation. Finalement, ce dont il est question ici, c’est d’un choix de société.



