Tag: Toyota

  • Action syndicale à Toyota Motors Europe

    Ce jeudi 21 mai, à l'initiative de la LBC rejointe par le SETCa, une action a pris place chez Toyota Motors Europe, centre européen des services de support (marketing, finances,…) de la marque. L'objectif était de dénoncer les pratiques anti-syndicales de cette entreprise. En effet, sa direction a pris l'habitude de licencier les délégués syndicaux les plus combatifs à la veille des élections sociales. Deux délégués avaient déjà été licenciés en 2012 et cette fois, ce sont trois militants syndicaux qui ont été remerciés à la veille des prochaines élections. Une manière d'essayer d'éradiquer l'action syndicale dans l'entreprise en faisant passer le goût aux éventuels nouveaux candidats et en montrant aux syndicalistes qui restent qu'il vaut mieux ne pas trop revendiquer. Pour ce faire, la direction ne rechigne pas à sortir des centaines de milliers d'euros pour les sanctions qui sont imposées en cas de licenciement d'un délégué (préavis plus longs). Un courrier a aussi été adressé à l'ambassade du Japon afin de l’interpeler face à ces pratiques scandaleuses.

  • 14 novembre : Le mouvement ouvrier espagnol illustre quelle est sa force

    • La lutte doit se poursuivre ! Pour une grève générale de 48 heures !
    • La lutte doit aller de l’avant et s’intensifier, dans l’Etat espagnol comme en Europe !

    La grève générale du 14 novembre dernier, à l’instar de celles du 29 mars de cette année et de celle du 29 septembre 2010, a secoué toute la société de l’État espagnol. Les syndicats parlent d’une forte participation à la grève, à hauteur de 77%, un pourcentage bien plus élevé que lors des précédents mouvements de grève. La mobilisation, et la paralysie qui en est issue, a été particulièrement forte dans l’industrie et dans les transports, les plus forts bastions du mouvement ouvrier organisé.

    Déclaration de Socialismo Revolucionario (CIO-Espagne)

    De plus, bien plus de chômeurs, de jeunes, de retraités et de travailleurs précaires employés dans des secteurs moins bien organisés (tels que les services et l’hôtellerie) et incapables de faire grève car étant sous la menace d’un licenciement immédiat, ont montré leur soutien actif à la grève en participant à de gigantesques manifestations tout au long de la journée. Des millions de personnes – 5 millions selon les sources syndicales – ont défilé dans tout l’Etat, avec notamment des manifestations de plus d’un million à Barcelone et Madrid. Certains endroits ont connu les plus grandes manifestations de leur histoire, comme la région du nord de la Galice, où un demi-million de personnes ont défilé dans les principales villes. Même les données déformées de la police et de la presse capitaliste (60.000 à A Coruna et 45.000 à Ferrol) donnent l’indication d’un tournant historique.

    Dans les principaux lieux de travail de l’industrie du pays, (par exemple Telefonica, Seat, Toyota, etc.), ainsi que dans les transports (alors qu’un ”service minimum” avait été convenu), la grève générale a touché près de 100% des travailleurs. La paralysie de l’économie ainsi que le blocage des centres-villes à travers tout l’État, une des caractéristiques de cette journée du 14 novembre, sont autant de rappels que, fondamentalement, l’économie est incapable de tourner sans la permission de la classe ouvrière organisée.

    Il n’y a quasiment eu qu’un seul ”point noir” : le refus des dirigeants des syndicats nationalistes basques – ELA et LAB – de soutenir l’appel à la grève générale. Cette décision reflète un sectarisme absurde, en particulier au regard du caractère international de la mobilisation et des grèves générales ce 14 novembre. En dépit de cela toutefois, un grand nombre de membres de la base de ces syndicats sont parti en action de façon extrêmement déterminée. Dans certaines usines d’importance, comme Volkswagen à Pampelune, les travailleurs sont partis en grève malgré l’attitude de leurs directions syndicales. Tout cela illustre la volonté de la base du mouvement ouvrier et sa préparation à partir en lutte, y compris en passant sur la tête de ses ”dirigeants” si cela est nécessaire. Cette tendance est à renforcer, et deviendra de plus en plus forte dans la prochaine période de la lutte.

    Vers la démobilisation ou l’intensification?

    Le succès remporté par la grève générale et les diverses mobilisations montre clairement, une fois de plus, que notre classe n’est pas prête à accepter des conditions de vie de misère, le chômage, la perte de ses droits et la destruction des services publics. En bref, les travailleurs refusent la politique imposée par le gouvernement et la dictature des marchés.

    Il nous faut cependant tirer les leçons des grèves générales précédentes et nous battre pour le 14 novembre ne soit pas seulement une action symbolique de plus organisée par les directions des syndicats majoritaires (CCOO et UGT) afin de permettre à la colère de se défouler avant de rapidement organiser la démobilisation par la suite. Après la grève générale du 29 mars dernier contre la réforme du travail du Parti Populaire, cette stratégie de démobilisation a conduit à l’adoption d’une législation encore plus défavorable aux travailleurs que celle prévue avant la tenue de la grève ! Après la grève, les dirigeants syndicaux Toxo et Mendez n’avaient seulement plaidé que pour une ”amélioration” de la réforme par le Parlement Voilà où conduit la stratégie des directions syndicales qui consiste à préférer les discussions avec les politiciens capitalistes à la mobilisation de la toute la force de la classe ouvrière pour vaincre les attaques antisociales.

    Nous sommes actuellement dans une conjoncture similaire. Le jeudi, les dirigeants du CCOO et de l’UGT parlaient du grand succès de la grève pour appeler le gouvernement à modifier sa politique ou à chercher ”l’approbation du peuple” en demandant un référendum ! Nous devons bien comprendre qu’aucun changement dans la politique du gouvernement ne sera obtenu sans une lutte soutenue et croissante de la classe ouvrière et de la jeunesse, pour vraiment faire monter la pression. Un aperçu en a été donné dans les derniers développements de la lutte contre les expulsions de maisons. Les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement après la grève (l’imposition d’un moratoire sur les expulsions dans un petit nombre de cas), en dépit de leur caractère largement insuffisant, sont le produit direct de la lutte de ces dernières années, y compris des actions directes de blocage d’expulsions, de manifestation et d’occupation des banques, etc.

    C’est dans ce même esprit que nous devons poursuivre la lutte contre ce gouvernement d’austérité et de misère jusqu’à ce qu’il soit abattu. Mais il nous faut aussi lutter contre ceux qui veulent démobiliser notre mouvement quand il ne fait que commencer. Avant le 14 novembre, les initiatives locales de diverses plates-formes militantes, souvent issues du "15M" (les Indignés), ont instauré des "comités de grève” dans les quartiers et ont notamment organisé les travailleurs de la construction au niveau local.

    Ces comités doivent maintenant être utilisés pour organiser le mouvement de la base et pour nous battre pour une stratégie combative, pour vaincre la stratégie démobilisatrice des dirigeants syndicaux. Certains syndicats plus petits (comme les Cobas) ont déjà pris position en faveur de l’appel à une nouvelle grève générale, dans le cadre d’un plan d’action visant à vaincre l’austérité du gouvernement du PP et des autres gouvernements. Socialismo Revolucionario, la section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat espagnol, soutient la convocation d’une nouvelle grève générale, pour 48 heures, ainsi qu’une escalade de l’action du mouvement ouvrier avec un bon plan d’action. L’occupation partielle des travailleurs des hôpitaux de Madrid pourrait également constituer un autre élément de la stratégie de lutte, celle de l’occupation des lieux de travail, des bâtiments officiels et des ministères, pour résister aux licenciements et aux privatisations.

    Des comités démocratiques et des assemblées peuvent jouer un rôle crucial dans le cadre du "service minimum" exigé dans les principaux services essentiels (hôpitaux, etc.), où les gouvernements régionaux et central tirent parti de la législation anti-syndicale afin d’imposer des niveaux abusifs de présence pour le service minimum dans un large éventail de secteurs (par exemple, jusqu’à 50% dans les transports publics dans certaines régions!). Les énormes variations qui existent dans l’imposition du service minimum entre les différentes régions résultent de la pression des gouvernements locaux et des patrons.

    Comme le scandale des expulsions forcées de logement et les tentatives du gouvernement de calmer la situation l’ont montré, l’administration Rajoy est dans une position beaucoup plus faible que lors de la grève générale du 29 mars. La colère massive contre les expulsions et la législation hypothécaire abusive actuelle s’est étendue jusqu’à des secteurs où on ne l’attendait pas : les juges, la police, et même des personnalités au sein du PP lui-même ! Tout cela illustre la faiblesse du gouvernement.

    Le PP fera tout pour s’accrocher au pouvoir, notamment grâce à sa majorité parlementaire, mais l’affaiblissement du gouvernement se poursuivra, et ouvrira la possibilité d’une lutte victorieuse pour faire tomber ce gouvernement et pour défendre l’arrivée d’un gouvernement ouvrier orienté vers la défense de nos intérêts. Cependant, pour la réalisation de cette tâche, les travailleurs et les jeunes doivent être armés d’un relais politique sous la forme d’une gauche de anticapitaliste armée d’un programme authentiquement socialiste qui refuse le paiement de la dette et défend la nationalisation des banques et des secteurs-clés de l’économie, sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs.

    Une fois toutes ces ressources aux mains du public, les besoins de tous pourraient être garantis (un revenu de base, un travail digne, de bons soins de santé, un enseignement gratuit et de qualité, de bons logements accessibles, etc.) dans le cadre d’une économie démocratiquement planifiée.

    Le 14 novembre fut la première grève générale de la péninsule ibérique. Des grèves partielles de quelques heures ont également eu lieu en Grèce et en Italie, et des grèves et d’autres actions ont également été organisées dans des pays du nord de l’Europe comme en Belgique, en Allemagne et en France.

    Cette coordination historique des luttes est d’une grande importance, et pose la question d’une grève générale européenne de 24 heures, une grève contre l’austérité de l’Europe capitaliste qui sacrifie les travailleurs et les chômeurs pour satisfaire les diktats du marché. Cela peut poser les bases d’une lutte pour une nouvelle Europe des travailleurs, gérée dans l’intérêt de la grande majorité.

  • Venezuela : Chavez l'emporte face a la droite, mais il faut de réelles politiques socialistes

    Ils étaient des milliers à affluer vers Miraflores, le palais présidentiel à Caracas, le dimanche 7 octobre au soir afin de célébrer la victoire d’Hugo Chavez à l’élection présidentielle. Certaines scènes rappelaient fortement la défaite du coup d’État de la droite en 2002, avec des soldats de la garde présidentielle brandissant des drapeaux du haut du toit du palais présidentiel tandis que d’autres soldats rejoignaient les travailleurs, les jeunes, les chômeurs et tous ceux qui s’étaient rendus au centre-ville pour célébrer la défaite du candidat de la droite, Henrique Capriles.

    Tony saunois, Caracas.

    La victoire de Chávez, sa cinquième victoire électorale depuis 1998, a infligé une défaite à l’aile droite du Venezuela et est saluée par le Comité pour une Internationale Ouvrière et sa section vénézuélienne, Socialismo Revolucionario, ainsi que par les travailleurs et les véritables socialistes à l’échelle internationale. Une victoire de l’aile droite aurait abouti à une attaque contre la classe ouvrière vénézuélienne, aurait directement signifié de revenir sur le programme de réformes progressistes et aurait initié une politique offensive de la part de la classe dirigeante nationale et internationale destinée à célébrer une nouvelle défaite du ”socialisme”. La participation massive à ces élections (plus de 80% contre 75% en 2006, soit la participation plus élevée depuis des décennies) reflète la polarisation politique et de classe qui continue de se développer dans la société vénézuélienne.

    Au moment où plus de 98% des votes avaient été dépouillés, Chávez en avait gagné 8.133.952 (55,25%), contre 6.498.527 (44,14%), pour Capriles, le riche homme d’affaires. Chávez l’a emporté dans pas moins de 20 des 24 États du Venezuela. S’il termine ce mandat de six ans, Chavez sera à la fin au pouvoir depuis deux pleines décennies. Il deviendra alors le Président le plus longtemps en exercice au Venezuela depuis Juan Vicente Gomez (au pouvoir de 1908 à 1935!) Mais au contraire de la dictature de Gomez, Chávez a été élu avec le soutien des masses. Les politiciens capitalistes et les dirigeants des anciens partis ouvriers en Europe et ailleurs doivent regarder avec envie ces victoires électorales successives et la capacité de Chavez à mobiliser des millions de partisans. Aucun autre leader politique de ces dernières élections n’a en effet eu la possibilité d’attirer des millions de personnes lors de ses meetings électoraux ou encore d’être accueilli par des foules si importantes venant célébrer sa victoire.

    Le caractère populiste de la campagne de la droite

    Cette campagne électorale a été présentée au Venezuela comme étant "historique" et devant déterminer l’avenir du pays au travers d’un choix entre ”deux modèles distincts”. Toutefois, l’argumentation de Chávez au cours de la campagne électorale n’a pas reflété l’existence d’un tel choix et n’a pas défendu un clair programme socialiste destiné à rompre avec le capitalisme. Il n’a pas non plus préconisé cette solution dans son discours face à la foule qui l’acclamait à Miraflores.

    La campagne électorale a reflété des aspects importants et de nouvelles caractéristiques de la lutte qui s’est déroulée au Venezuela au cours de ces quatorze dernières années, suite à la première victoire de Chávez.

    L’une des caractéristiques les plus importantes de cette élection était le caractère de la campagne de la droite. Les politiques appliquées et les luttes qui se sont déroulées au cours de ces quatorze dernières années ont laissé derrières elles un puissant soutien en faveur de politiques sociales radicales et, dans une certaine mesure, en faveur de l’idée générale de ”socialisme”, maintenant profondément ancrée au sein de la conscience politique populaire.

    Compte tenu de la radicalisation de la conscience politique de gauche actuellement dominante dans la société vénézuélienne, Capriles a été contraint de présenter son programme de droite de façon populiste, en masquant son agenda de néolibéral. Cela constitue un changement significatif dans la stratégie de l’aile droite.

    La propagande et les discours de Capriles ont tenté de répondre à la détresse des pauvres et promis de défendre l’Etat-providence. Il a fait valoir qu’il ne démantèlerai pas toutes les ”missions” (le programme de réforme mis en place par Chavez en matière de santé et d’éducation). Il a appelé à la défense des syndicats ”indépendants” et a essayé de gagner le soutien des travailleurs du secteur public en promettant de mettre fin à la participation obligatoire à des rassemblements et à des manifestations Pro-Chávez (une source majeure de mécontentement). Capriles a énergiquement sillonné le pays en essayant de se présenter comme une nouvelle figure ”radicale” en opposition à l’ancienne figure "fatiguée" de Chavez afin de gagner le vote des jeunes. Il a d’ailleurs réussi à obtenir un certain succès dans ce domaine.

    Le véritable programme de la droite était bien caché au fond de son matériel, avec des plaidoyer pour une moindre intervention de l’Etat et un rôle accru de l’investissement privé dans l’économie. Lors du coup d’Etat manqué de la droite en 2002, Capriles joué un rôle dans l’attaque de l’ambassade cubaine par la droite. Si la droite l’avait remporté dans ces élections, un gouvernement Capriles aurait tenté de faire reculer les programmes de réformes de Chávez et d’introduire plus de mesures néo-libérales.

    Ces modifications dans la propagande de la droite sont le reflet de l’équilibre réel des forces politiques à ce stade. Capriles a été contraint de freiner l’extrême-droite. Amplifier les forces de l’extrême-droite ou soutenir explicitement les politiques néo-libérales ne se serait traduit que par une plus grande défaite pour Capriles.

    Un sérieux avertissement

    Malgré la victoire bienvenue de Chávez, ces élections représentent également un avertissement à partir duquel d’importantes leçons doivent être tirées pour éviter une possible future victoire de la droite. Tandis que le pourcentage de votes en faveur de Chavez a diminué de 7,6% par rapport à la dernière élection en 2006, Capriles a augmenté la part de la droite de 7,2%. Sur base d’une plus grande participation aux élections, Chávez a pu augmenter son score de voix en chiffres absolus de 824.872, mais Capriles a augmenté le vote de la droite de 2.206.061! Cela représente un sérieux avertissement. A l’exception du référendum sur la réforme constitutionnelle de 2007, ce fut le plus faible pourcentage obtenu par Chavez lors d’une élection.

    La droite n’a d’accroître son soutien électoral à chaque élection, ce qui reflète une lente mais bien réelle contre-révolution rampante. Mais le soutien aux politiques radicales de gauche reste dominante à ce stade et les masses, y compris certaines sections qui cette fois ont voté pour la droite, sont opposées à toute tentative de revenir à l’ordre ancien qui existait avant Chávez au pouvoir.

    Cependant, le fait est qu’il n’y a pas de rupture avec le capitalisme ni de véritable programme socialiste basé sur le contrôle et la gestion démocratique des secteurs clés de l’économie par la classe ouvrière et tous ceux qui sont exploités par le capitalisme. Cette situation permet à la droite d’exploiter le mécontentement et la frustration qui découlent de la détérioration des conditions sociales, de la corruption et de l’inefficacité qui accompagne la croissance de la bureaucratie chaviste ainsi que l’approche bureaucratique de bas en haut du gouvernement.

    Le plus grand pourcentage de votes jamais obtenu à ce jour par Chávez a été atteint lors des élections de 2006. A l’époque, Chavez avait pu compter sur un soutien électoral de 62%. De manière significative, cette campagne a également été la plus radicale de Chavez, avec la question du ”socialisme” dominant le débat et véritablement placée au premier plan de la campagne. Cette époque était marquée par le développement révolutionnaire qui a suivi la tentative de coup d’Etat de la droite et le lock-out patronal de 2002-03. Toutefois, depuis cette victoire, plutôt que d’avoir avancé dans la mise en place d’un programme visant à rompre avec le capitalisme et à mettre en place un véritable système de contrôle et de gestion démocratique des travailleurs, le processus révolutionnaire est au point mort et est sur la défensive.

    Le gouvernement a de plus en plus collaboré avec la classe dominante et a cherché à parvenir à un accord avec elle, d’où sa politique de ”réconciliation nationale” et les accords passés avec la fédération patronale. Ceci, avec l’émergence de ceux qui se sont enrichis sur le dos du mouvement Chaviste – la ”boli-bourgeoisie” – conduit inévitablement à un mécontentement croissant ainsi qu’à des protestations contre le gouvernement.

    Réformes et désespoir dans les quartiers les plus pauvres

    La réponse du gouvernement face à la crise économique mondiale du capitalisme qui a débuté en 2007 n’a pas été de faire avancer un programme de rupture avec le capitalisme, mais de se déplacer dans la direction opposée et de chercher à l’apaiser en se déplaçant vers la droite. Depuis, des concessions fiscales accrues ont été données aux multinationales. La compagnie pétrolière nationale PDVSA, qui a financé le programme de réforme des ”missions”, a aussi réduit son budget pour ces dernières de près de 30%.

    La répression contre les grévistes de toutes sortes a également été accrue au cours de ces dernières années. Les travailleurs du secteur public sont soumis à la loi de sécurité et de défense de la Nation qui permet l’interdiction des grèves et même de simples protestations dans le secteur public. La police d’Etat dans la ville de Barcelona a ainsi tué deux dirigeants ouvriers à l’usine automobile Mitsubishi. Le gouverneur de cet Etat est un chaviste. Des travailleurs de Toyota ont subi le même sort.

    Malgré les populaires politiques de réforme que sont les ”missions”, qui ont aidé des millions de gens pour leur santé ou encore leur enseignement, les conditions sociales dans les ”barrios” (les quartiers) plus pauvres restent catastrophiques et montrent peu de signes d’amélioration. Celles-ci ont été le terreau d’une hausse spectaculaire de la criminalité, de la violence et des enlèvements visant à soutirer de l’argent aux familles des victimes. Le Venezuela possède l’un des taux les plus élevés de meurtre dans le monde : le chiffre officiel du gouvernement fait état de 19.000 décès en 2011. Ce n’est très certainement là qu’une sous-estimation de l’ampleur du phénomène.

    Le Venezuela est actuellement l’un des pays les plus violents au monde. Dans un district majoritairement riche près de Caracas, El Hatillo, 70 enlèvements ont eu lieu jusqu’à présent cette année! L’expérience des membres du Comité pour une Internationale Ouvrière est typique. Un membre du CIO vivant dans un ”barrio” est arrivé lors d’une réunion le jour précédent l’élection pour parler de l’assassinat de son beau-frère qui s’était déroulé la veille. Un autre a expliqué qu’on avait tiré sur son propriétaire. D’autres parlent de collègues de travail qui ont été enlevés. Un autre encore a parlé d’un incident lors d’un retrait d’argent auprès d’une banque pour le travail, il a été volé cinq minutes plus tard par des jeunes armés sur une moto, un texto avait été envoyé par un employé de la banque pour les avertir du retrait, l’employé ayant touché une partie du butin par la suite. De telles attaques mettent la vie des pauvres et de la classe moyenne dans un état d’anxiété et de peur quasi permanent.

    La situation du logement reste désespérée en particulier dans les quartiers les plus pauvres. Le gouvernement, dans la période qui a précédé l’élection, a lancé un programme de logement de manière précipitées, et il prétend avoir construit plus de 200.000 nouveaux logements. Beaucoup de gens mettent en question ces chiffres. Beaucoup de ceux qui ont vu leurs cabanes emportées par de fortes pluies en 2010 restent dans des refuges. Là, les conditions de vie peuvent être si mauvaises que même des massacres des occupants ont eu lieu par d’autres occupants ou par les cartels de la drogue qui opèrent dans les barrios. Pourtant, ce qui est en cours de construction ce sont en réalités de nouveaux ghettos: des appartements minuscules dans des blocs sans facilités, construits sur n’importe quelle parcelle de terre vide ou expropriée. Une de ces nouvelle construction est isolée avec une seule route pour y aller et en sortir, avec au moins une heure de marche pour parvenir au métro le plus proche.

    La corruption, le manque de planification et de contrôle démocratique ainsi que les méthodes techniques de construction inadéquates ont souvent conduit à ce que des fissures apparaissent dans les blocs avant même qu’ils ne soient occupés!

    Ces conditions sont le terreau potentiel pour le développement de bandes armées de jeunes poussés aux vols avec violence ou aux enlèvements dans le seul but de survivre. Ils sont aussi un terreau de mécontentement sur lequel la droite peut s’appuyer, ce qui pourrait conduire à la démoralisation et l’apathie envers le gouvernement.

    Référence minimale au socialisme

    La campagne de Chávez au cours de cette élection était plus à droite que la campagne menée en 2006. C’était alors peu de temps après que Chavez ait proposé le lancement du PSUV (Parti Socialiste Unifié du Venezuela) en tant que ”parti révolutionnaire”. Chávez faisait à ce moment-là référence à Trotsky, à la révolution permanente et au programme de transition. Il parlait de la construction d’une ”cinquième internationale” des ”partis de gauche”. Mais cette fois ci, dans cette élection, rien de tout cela n’était évident. La référence au socialisme était minime, et quasiment inaudible jusqu’à la dernière semaine de la campagne. Le principal slogan de Chavez était ”Chávez au cœur de la patrie”. Il a pris un caractère très nationaliste avec des promesses de développer la ”patrie”. L’élection a été hautement personnalisée dans les deux camps. Alors que les principales avenues de Caracas étaient pleines lors de la manifestation de clôture, il était manifeste que les pancartes mettaient en vedette Chavez et la ”patrie” sans autre contenu politique. Les bannières du PSUV ou des syndicats étaient absentes. Beaucoup de travailleurs portaient des chemises des entreprises pour lesquelles ils travaillaient et, souvent, ils expliquaient qu’ils étaient là parce qu’ils y avaient été ”obligés” par leurs employeurs.

    Alors que nombreux sont ceux qui se sont ralliés avec enthousiasme à Chávez comme étant leur seul espoir et par crainte de la droite, certains ont tout simplement été mobilisés autour de slogans pour ”Hugo Chávez et la patrie”, sans autre contenu.

    Ces caractéristiques reflètent l’absence d’une force politique indépendante organisée des travailleurs et des pauvres, comme le CIO l’a déjà commenté dans des articles précédents. Ceci, et l’ approche bureaucratique de ha ut en bas du gouvernement, a sérieusement affaibli le mouvement dès sa première période, ce contre quoi le CIO a constamment mis en garde. Cette approche du haut en bas a de nouveau été remarquée durant la campagne électorale. À deux reprises, lorsque Chavez a parlé à des réunions de masse dans le pays, certains scandant "Chávez oui, mais pas…", se référant aux candidats chavistes imposés pour les prochaines élections régionales, en décembre. Chávez a répondu en disant que si les candidats imposés sont rejetés alors ils doivent aussi rejeter Chávez!

    L’absence d’un mouvement ouvrier démocratique et indépendant est l’une des plus grandes faiblesses et un des plus grands dangers de la situation présente. Il a déjà permis à l’aile droite de réaliser des gains et des avancées. Si la classe ouvrière, les jeunes et les pauvres ne construisent pas une force indépendante démocratique organisée, la menace de la droite et l’avance de la contre-révolution se développera. Il n’est pas exclu que l’aile droite obtiennent des gains lors des élections régionales du mois de décembre compte tenu des pourritures que sont certains des candidats chavistes.

    Malheureusement, suite à sa victoire, le président Chávez, en parlant à ses partisans, n’a donné aucune indication afin de prendre des mesures pour renverser le capitalisme. Il a offert le dialogue à l’opposition. "Nous sommes tous des frères de la patrie”, a-t-il tonné après avoir prié l’opposition d’accepter le résultat. Il a parlé de construire un Venezuela uni. Des deux côtés on a insisté sur ce même point vers la fin de la campagne. Comme à la clôture du scrutin, il y avait un barrage de propagande télévisée des deux côtés appelant à la paix, l’unité et la réconciliation. Chávez, comme Capriles ont appelé au ”calme” et à la ”tranquillité”, évidemment par crainte que la polarisation ne puisse entraîner des affrontements et une sorte d’explosion sociale.

    Une ”économie mixte” ou une rupture anticapitaliste ?

    Quand Chavez a salué la foule après sa victoire, il a fait deux références au socialisme. Cependant, elles ont été noyées dans les déclarations que sont les "Viva Bolivar! Viva La Patria! Viva Venezuela!" Pendant la campagne, il a fait valoir que le ”socialisme” de l’Union soviétique a échoué et qu’un nouveau type de système est nécessaire au 21ème siècle. Mais ce n’était pas là un rejet de la mascarade de socialisme qu’a constitué l’ancien régime stalinien totalitaire, ce n’était pas une déclaration destinée à favoriser l’instauration d’un programme favorable à la démocratie ouvrière. Les politiques de Chávez illustrent le fait que ce qu’il entend par ce ”nouveau type de système” est une ”économie mixte” combinant le capitalisme avec des interventions de l’État et des réformes. Les réformes que le Comité pour une Internationale Ouvrière ont soutenues sont maintenant repoussées vers l’arrière et démantelées. Elles ne pouvaient être maintenues et renforcées que sur base d’une rupture avec le capitalisme et de l’introduction d’une planification socialiste et démocratique de l’économie.

    Capriles est clairement en train d’attendre son heure et a maintenant l’intention de consolider sa base dans l’après campagne électorale. Chávez est préparé à poursuivre ses politiques de conciliation et de travail avec les sections de la classe dominante qui sont prêtes à collaborer avec lui. Une telle politique va de plus en plus pousser son gouvernement a entrer en confrontation avec les travailleurs et les pauvres. Le mécontentement social va augmenter. Il est urgent qu’un mouvement ouvrier socialiste, démocratique et indépendant se construise avec un programme de rupture anticapitaliste. Si cela n’est pas fait, alors, face à la désintégration sociale et à l’aliénation, la menace de la droite ne peut que se développer.

    L’approfondissement de la crise économique capitaliste mondiale aura un lourd impact sur le Venezuela. Une baisse significative du prix du pétrole, principal produit d’exportation du Venezuela, d’une valeur de 60 milliards de dollars l’an dernier, peut menacer de saper les politiques de Chávez. On ne peux pas exclure que Chávez pourrait être repoussé vers la gauche et introduire des mesures plus radicales qui empiètent sur le capitalisme. Toutefois, cela est loin d’être certain et elles ne représenteraient pas en elles-même une transformation socialiste. Pour rompre avec le capitalisme et construire une véritable alternative socialiste démocratique, il est encore nécessaire et urgent de construire un mouvement ouvrier socialiste indépendant, démocratique et politiquement conscient.

  • Kazakhstan : Attaque armée contre des journalistes

    Non aux attaques brutales contre la liberté de presse ! Solidarité !

    Des journalistes désirant couvrir la grève des travailleurs du pétrole qui se déroule actuellement dans le pays ont été brutalement attaqués. C’est un nouvel épisode violent qui s’ajoute à la longue liste de harcèlements dont ont été victimes les travailleurs, les militants de l’opposition et tous ceux qui veulent populariser leurs luttes. Le caméraman Asan Amilov et le journaliste Orken Zholmergenov, du portail d’infomation Stan TV, étaient à Aktau (à l’Ouest du Kazakhstan) dans le cadre d’un reportage sur la lutte des travailleurs du pétrole, qui entrent maintenant dans leur sixième mois de grève.

    Socialist Resistance (CIO-Kazakhstan)

    Alors qu’ils sortaient d’un bâtiment, quatre gros bras ont subitement jailli hors d’une voiture et ont commencé à les battre avec des battes de baseball, à tel point que l’une de ces battes s’est brisée. A un moment, alors que les coups s’abattaient toujours sur les deux journalistes, l’un des assaillants a sorti un pistolet à air comprimé et a tiré dans le dos d’Orken et dans la jambe d’Asan. Ils sont alors repartis vers leur voiture pour partir, non sans emporter avec eux un bloc-note et une vidéo consacrés à la cause des grévistes.

    Les deux journalistes ont été emmenés à l’hôpital, mais les médecins ont refusé de les soigner avant l’arrivée de la police. A leur arrivée, les agents de police se sont tout d’abord préoccupés d’isoler les journalistes des personnes qui avaient commencé à s’amasser autour d’eux.

    Envoyez immédiatement des lettres de protestation aux ambassades du Kazakhstan à travers le monde revendiquant une enquête immédiate pour connaître l’identité des attaquants en se référent à leur voiture, une Toyota Prado blanche, immatriculée au n°708. Voici les coordonnées de l’ambassade du Kazakhstan en Belgique: Ambassadeur Yerik Utembayev, Avenue Van Bever 30, 1180 Uccle – kazakstan.embassy@swing.be – Tél. : 02/374.95.62. – Fax : 02/374.50.91.

    Le département de police de la ville devrait être bombardé d’emails à aktau_uvd@mail.kz. Il est aussi possible de sonner à la direction de la police d’Aktau au n° +7 7292 474801.

    Envoyez également vos lettres de protestation à : KazakhstanSolidarity@gmail.com


    Concert de solidarité avec les travailleurs du Kazakhstan

    Un concert de soutien aux opposants à la dictature avec Urban Dub Project, les Dirty Bees et Freddy’Loco, accompagné de Kevin Batchelor des Skatalites.

    Ce vendredi 25 Novembre, au Cinex à Namur

  • 5e journée d’action en France: Rapport de Lille et Valenciennes

    Ce samedi 16 octobre avait lieu en France une nouvelle journée de mobilisation afin de contester la réforme des retraites du gouvernement Sarkozy. Ce fut de nouveau un succès, l’ensemble des manifestations regroupait 3 millions de jeunes, travailleurs et retraités. Ceux-ci ont tout à fait conscience que seul un plan d’action conséquent pourra faire plier l’intransigeance de Sarkozy et consorts, d’ailleurs nombreux sont les travailleurs qui exigent une grève générale afin d’obtenir le retrait de la réforme.

    Par Michael (Bruxelles)

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    Plus d’infos

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    En effet, seule la construction d’un mouvement aboutissant à une grève générale reconductible pourra stopper les mesures d’austérité antisociales que les gouvernants et patrons tentent d’imposer sous couvert de la crise. Face à la faiblesse des directions syndicales, les travailleurs doivent s’organiser en comités de grèves dans leur entreprises et en comités de lutte locaux afin de propager le mouvement. C’est pour aider nos camarades de la Gauche Révolutionnaire, notre section-soeur en France, à diffuser ses idées que le PSL a envoyé des délégations à Paris, Lille et Valenciennes. Voici le rapport de notre intervention à Valenciennes et à Lille.

    La manifestation de Valenciennes regroupait environ 4500 personnes, ce qui est moins que le mardi 12 octobre. En effet, contrairement à ce qu’avançaient les directions syndicales, il est plus difficile de mobiliser un jour de week-end, les travailleurs préférant passer celui-ci avec leurs enfants. Néanmoins, de nombreuses familles étaient présentes, ainsi que des lycéens. Ceux-ci s’intègrent de plus en plus nombreux dans le mouvement et c’était eux, ainsi que les délégations d’usine, qui étaient les plus combatifs, mettant en avant dans leurs slogans la nécessité d’une grève générale.

    Les travailleurs du secteur privé étaient bien plus nombreux que ceux du public. Hormis les cheminots et les pompiers, nous avons pu voir des délégations des entreprises L.M.E. (laminoirs), Toyota, P.S.A. Peugeot, ALSTOM ainsi que de l’entreprise Wattiez qui se battent également afin de sauver leurs emplois. En effet, ils ont été rachetés par un grand groupe, S.P.I.E. Batignolles, qui laisse couler leur boite afin de justifier un plan de licenciement qui ramènerait le personnel de 58 à 14 travailleurs.

    Il est intéressant de noter également la présence d’une importante délégation de l’association C.A.P.E.R. qui regroupe d’anciens travailleurs du secteur de l’amiante. Ceux-ci savent bien que de nombreux ouvriers ne peuvent déjà pas profiter de leurs retraites à cause de la pénibilité de leur travail. Si l’âge de la retraite est repoussé, cette situation s’aggravera encore et l’espérance de vie des ouvriers se verra encore diminuée, alors qu’elle est déjà inférieure au reste de la population.

    L’état d’esprit des manifestants était très combatif, appelant de leurs voeux une grève générale. Les plus anciens, voyant le mouvement se développer, se rappellent mai 68…

    La Gauche Révolutionnaire était la seule organisation politique à militer activement et les militants présents, dont les camarades du PSL, ont reçu beaucoup de soutien pour leurs propositions de construction du mouvement de lutte.

    Notre délégation s’est ensuite rendue à Lille, mais elle est malheureusement arrivée en retard et n’a pas pu être présente pendant toute la durée de la manifestation. Là aussi les manifestants étaient moins nombreux que le mardi 12 octobre: 14.000 personnes, dont un important et combatif bloc lycéen. L’état d’esprit des manifestants montre que le mot d’ordre de grève et de manifestation pour ce mardi 19 octobre sera massivement suivi.

    Nous enverrons de nouveau des délégations du PSL dans ces villes et nous publierons sur ce site de nouveaux rapports sur ce mouvement qui, espérons-le aussi pour nos retraites en Belgique, se développera jusqu’à la victoire.

  • France : Deuxième journée de manifestations et de grèves contre les attaques sur les retraites – Rapport de la manifestation de Valenciennes.

    Après la réussite de la journée du 7 septembre, les directions syndicales avaient donné rendez-vous ce jeudi 23 pour une nouvelle démonstration de mécontentement et de colère des travailleurs contre les attaques du gouvernement sur les retraites.

    Rapport et photos par Nico M. (Bruxelles)

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    Quelques militants du PSL sont allés à Valenciennes soutenir l’intervention de la Gauche Révolutionnaire, section française du CIO, un courant construisant le Nouveau parti Anticapitaliste (NPA). Nous y avons vendu une trentaine d’exemplaires de leur journal L’Egalité. Clairement, entre le 7 et le 23, les rangs des manifestants ont grossi : de 2.000 manifestants début septembre, ils étaient plus de 7.000 ce jeudi dans les rues de Valenciennes, ce qui donne un aperçu de la réussite de cette nouvelle journée. De plus, plusieurs délégations d’entreprises privées telles que TOYOTA, PSA, et de la chimie étaient également sorties. Une délégation lycéenne était aussi présente.

    La combativité était bien là tout au long du cortège, de même que la volonté de se battre pour le retrait pur et simple de la réforme était partout. De nombreux slogans avançaient aussi la nécessité d’une grève générale pour faire plier le gouvernement. Après ces deux journées d’actions, la question d’organiser une grève générale reconductible pour faire reculer Sarkozy se pose.

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