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Tag: Toulouse
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Comment transposer la dynamique du Front de Gauche en Belgique ?
Un jour d’avril, le Moustique a dévoilé sur son site que ses internautes s’étaient largement prononcés en faveur de ‘‘cette sympathique grande gueule de Jean-Luc Mélenchon’’ dans un sondage sur les présidentielles françaises. Le candidat du Front de Gauche avait obtenu 32% de soutien et arrivait en tête. Bien entendu, il ne s’agissait pas là d’un véritable sondage, mais ce résultat a illustré à quel point la dynamique de cette campagne à la gauche du PS et de verts avait débordé des frontières de l’hexagone.
Par Nicolas Croes
Dans le contexte de l’actuelle crise mondiale du capitalisme, travailleurs, jeunes, chômeurs et pensionnés à qui les gouvernements veulent faire payer la crise observent la riposte des masses de pays en pays. Un bon score aux présidentielles françaises pour un candidat refusant les plans d’austérité aurait un impact certain dans toute l’Europe, et à fortiori en Belgique.
Chez nous aussi la dynamique de la campagne du FdG a impressionné. Il y a évidemment le talent d’orateur du ‘‘tribun Mélenchon’’ et notamment la façon dont il a, pour reprendre les termes du Vif, ‘‘consciencieusement tabassé Marine Le Pen’’ dans un débat télévisé. Son audace, sa pugnacité, la confiance qu’il affiche dans son projet et l’enthousiasme que cette approche suscite sont les signes d’une nouvelle époque pour une gauche qui doit résolument sortir de l’attitude défensive héritée des années ’90 pour oser aller de l’avant.
Le FdG a aussi à son actif les plus grands succès populaires de la campagne avec les spectaculaires meetings en plein air qui ont réuni 120.000 personnes à Paris, autant à Marseille, 50.000 à Toulouse, etc. A Lille, le stade de 15.000 places n’a pas suffit et 8.000 personnes assistaient encore au meeting à l’extérieur grâce à un écran géant. Cette mobilisation est sans précédent en période électorale. Le succès fut tel que Sarkozy et Hollande ont tenté de relever le défi, en vain, malgré les moyens financiers extraordinaires à leur disposition. Durant ces meeting massifs, des militants parcouraient inlassablement la foule avec des ‘‘kits militants’’, des fardes comprenant quelques tracts du FdG, une liste de soutien à renvoyer une fois remplie au bureau national de campagne, quelques autocollants du candidat,… Au dos de la farde, on pouvait lire : ‘‘En un mot se résume tout un Etat d’esprit, un engagement, une façon de vivre : militer. Que ce mot nous parle à tous.’’
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Comment parvenir à un vrai changement ?
Le vrai ‘‘changement’’ ne viendra pas d’une victoire du PS au 2ème tour de la présidentielle, même si beaucoup souhaitent voir Sarkozy perdre. Tant que les multinationales, les banques etc. seront aux mains des grands capitalistes, l’économie continuera d’aller de crise en crise et les travailleurs resteront exploités pour le seul profit des grands patrons et grands actionnaires. Il nous faut bien plus que cette ‘’VIe république’’ à laquelle appelle Mélenchon, il faut totalement renverser le capitalisme.
Mais en parlant du socialisme, Mélenchon permet d’ouvrir ce débat, en France comme chez nous. Le FdG revendique la nationalisation des grands groupes de l’énergie (Total, Areva, EDF, GDF etc.), refuse les licenciements ‘’boursiers’’, défend la nécessité d’un ‘’secteur public bancaire’’, revendique la hausse du salaire minimum, le remboursement à 100% des dépenses de santé, la ‘’planification écologique’’ de l’économie, etc.
Prendre le pouvoir signifie d’en finir avec le capitalisme. Il faut s’en prendre aux fondements de cette société : une économie et des moyens de production confisqués, aux mains d’une poignée de riches et de grands actionnaires. Il faut les exproprier tous et planifier la production sous la gestion et le contrôle des travailleurs et de la population. Il faut se battre pour une vraie nouvelle société, basée sur les besoins de tous, une société socialiste.
Ceux qui produisent doivent décider. Par nos luttes, dans les entreprises, les lieux d’études, les quartiers, des comités de lutte doivent se créer et décider. A partir de ceux-ci, un vrai gouvernement des travailleurs pourra émerger, pour organiser l’économie et la société de manière planifiée et démocratique.
[/box]Cette tentative de transformer un soutien passif en un soutien actif, de pousser le soutien électoral à devenir un soutien militant, est incontestablement l’une des réussites de cette campagne. Cette approche a été également illustrée par le slogan de la campagne : ‘‘Prenez le pouvoir !’’ ou encore par les ‘‘résistance ! résistance !’’ massivement scandés durant les meetings.
La campagne du FdG et ses slogans, notamment ‘’prenez le pouvoir’’, appellent au renversement du pouvoir des capitalistes, des banquiers, et des politiciens à leur service. Au delà de l’élection, quel que soit le vote (pour le Nouveau Parti Anticapitaliste ou le FdG), il sera nécessaire de lutter ensemble. En France, comme en Belgique, il manque une véritable stratégie collective pour les diverses résistances, de même qu’un outil politique de masse. Après le premier tour des élections, le 1er mai est déjà une première occasion de descendre massivement en rue tous ensemble. Le mouvement qui s’enclenche autour de la campagne peut se construire et s’élargir dans toute la population avec l’objectif de préparer les luttes à venir contre l’austérité autour d’un programme de luttes et d’actions.
Et en Belgique ?
Des centaines de militants de la FGTB, et d’autres, se sont rendus aux meetings de Paris et de Lille. Fin mars, le président de la Centrale Générale de la FGTB et son secrétaire général ont publié un communiqué intitulé ‘‘Mélenchon, viens vite en Belgique!’’ Dans ce texte, on trouve entre autres la phrase suivante : ‘’Ici aussi, il y a de la place pour une gauche plurielle, syndicale et associative.’’ C’est tout à fait vrai. La colère gronde de plus en plus ouvertement contre le PS, à la tête de ce gouvernement d’austérité. ‘’Le PS nous a trahis, humiliés et abandonnés’’ déclaraient ainsi des militants de la CGSP dans un tract. Plusieurs délégations syndicales flamandes ont aussi écrit une lettre ouverte au président de la FGTB Rudy De Leeuw (voir notre édition précédente) afin d’exiger que les liens entre le syndicat et la social-démocratie soient brisés. Lors de la grève générale des services publics du 22 décembre, des militants de la centrale des employés de la CSC s’étaient aussi rendus devant le siège du PS pour y dénoncer la politique de droite du parti de Di Rupo.
Le débat concernant un éventuel Front de Gauche belge a aussi été stimulé par les annonces de Bernard Westphael, qui a quitté ECOLO et ouvertement déclaré qu’il veut construire un nouveau parti, proche du FdG français. Le 18 avril dernier, un de ses proches a déclaré que “plusieurs personnalités issues du monde syndical, associatif et même entreprenarial ont signé son manifeste et pourraient rapidement le rejoindre“. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? L’initiative politique que l’ancien fondateur d’ECOLO envisage correspond-t-elle vraiment à celle de Mélenchon, qui essaye de donner une expression électorale aux mobilisations sociales qui se sont produites avant la campagne électorale et qui se produiront encore à n’en pas douter ? Considère-t-il le même type de programme que celui de Mélenchon? Et qu’est-ce que ‘‘l’entreprenariat’’ en pensera ? Où alors essaye-t-il juste de surfer sur la vague qu’a provoqué la campagne de Mélenchon ? Mieux vaudrait alors l’annoncer de suite.
Nous avons besoin d’un relai politique démocratique, ouvert et capable de fédérer respectueusement les différents courants de la gauche. Le Front de Gauche français affiche ainsi systématiquement les sigles des différents courants qui le composent sans que cela ne soit vu comme un problème. Pour nous, les syndicats ont un rôle primordial à jouer dans ce processus. Ils peuvent mieux que personne rassembler tous les opposants à l’austérité, les organisations de la gauche dite radicale mais aussi de très nombreuses personnes qui ne sont pas encore politiquement engagées. Ils peuvent aussi assurer une orientation basée avant tout sur les luttes plutôt que vers les élections.
Imaginons un instant ce que donnerait une campagne de meetings organisés par les diverses centrales et délégations syndicales, avec une invitation à Mélenchon, et culminant pourquoi pas avec un meeting monstre place Schuman à Bruxelles, face aux bâtiments de la Commission Européenne, un peu à la manière du meeting de la Bastille. Ce serait une très bonne impulsion pour une campagne visant à construire un Front de Gauche en Belgique. Les élections communales peuvent être l’occasion de stimuler le débat, mais le véritable objectif devrait être 2014, ce qui laisse le temps de construire patiemment une initiative politique large de façon démocratique, avec l’implication active de centaines puis de milliers de personnes à travers tout le pays.
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Présidentielles françaises : Le volcan de la lutte des classes est prêt à entrer en éruption
Le dimanche 18 mars, anniversaire de la Commune de Paris, environ 100.000 personnes (selon la plupart des rapports des médias), chantant l’internationale, ont défilé dans les rues de Paris en réponse à l’appel du candidat du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon, pour ‘‘reprendre la Bastille’’ et commencer ‘‘une insurrection civique’’. Son discours à la manifestation était plein de références au passé révolutionnaire de la France. Mélenchon a déclaré que sa campagne électorale veut ‘‘ouvrir une brèche vers le volcan français que toute l’Europe attend’’.
Leila Messaoudi, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)
Si, en surface, la France apparait relativement calme en comparaison à la tempête de manifestations massives et de grèves générales qui se déroulent en Europe du Sud, la lave du ‘‘volcan’’ français est en fait bouillonnante. Les élections présidentielles de cette année prennent place dans un contexte de colère sociale imminente et contagieuse. En ce moment, ceci s’exprime dans un paysage électoral très polarisé, dont le rassemblement du Front de Gauche dans la capitale ce dimanche est la plus récente manifestation, et certainement la plus claire.
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Au moment ou nous publions cet article sur la France, les tueries récentes à Toulouse ont laissé le pays en état de choc. Le CIO condamne sans ambigüité ces actes terribles. Ces évènements peuvent potentiellement affecter le développement de la campagne électorale des présidentielles dans les prochains jours et semaines. L’article ci-dessous, qui aborde la question des élections, a été écrit avant ces meurtres dramatiques.
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Il est significatif que tous les candidats à l’élection présidentielle aient été vus à la télé devant ou à l’intérieur des grandes entreprises industrielles qui risquent la fermeture, entourés par les médias. Jamais auparavant les candidats à la présidence n’avaient visité si volontiers les usines de tout le pays, dans l’espoir de se montrer comme des politiciens ‘‘amis de la classe ouvrière.’’
Polarisation
Les gens qui veulent voter n’espèrent pas nécessairement de grands changements, mais beaucoup veulent utiliser ces élections pour se débarrasser du détesté Sarkozy et lui donner une bonne claque. C’est pourquoi le camp de Sarkozy essaie désespérément de remonter ses faibles scores dans les sondages, dont en essayant de jouer la carte du « peuple » contre ‘‘l’élite’’ – comme si Sarkozy ne faisait pas partie intégrante de l’élite – en multipliant les provocations racistes pour regagner des électeurs au Front National, ou en prenant un virage populiste ‘‘anti-Europe’’ et protectionniste, après avoir profilé le président en sauveur du continent et de la monnaie commune.
En 2 ans, Sarkozy a perdu de plus en plus de soutien de la population. Depuis son élection en 2007, sa base électorale s’est drastiquement rétrécie. Attirer une partie entière de l’électorat de la classe ouvrière vers sa campagne, comme il a su le faire il y a 5 ans, parait à présent infaisable. Dans un sondage début février, seuls 12% des travailleurs manuels et 17% des employés ont déclaré qu’ils voteraient pour Sarkozy au premier tour.
Le soi-disant “Président du Pouvoir d’Achat” est maintenant largement identifié comme “le président bling-bling”, ami seulement des super-riches. Les déclarations de sa femme multimillionnaire Carla Bruni selon lesquelles le couple présidentielle vit très modestement, ou de son Ministre de l’Intérieur Claude Guéant prétendant que Sarkozy vit une vie ‘‘extrêmement austère’’ ont seulement eu pour effet d’empirer l’insulte que le mode de vie de Sarkozy représente pour les millions de personnes qui ont souffert d’une série sans fin d’attaques aux conditions de vie sous son règne.
Huit millions de personnes en France sont maintenant officiellement pauvres. Depuis que Sarkozy est au pouvoir, le chômage a monté de 20 %, mais 3 millions de chômeurs ont disparu des chiffres officiels, rayés des listes et laissés sans revenus. Une grande partie de la population est inquiète pour des raisons sociales. Une enquête publiée le 23 février par La Croix, un journal chrétien, a annoncé que 79% des gens interrogés sentaient que leur pays était en crise complète dont 66% qui déclarent qu’ils devront réduire leurs dépenses en 2012.
La campagne de Francois Hollande
Dans ce contexte, le candidat du Parti Socialiste François Hollande a compris que quelque chose devait être fait pour rattraper le large mécontentement qui existe dans la société. C’est pourquoi on peut entendre parfois des choses un peu plus à gauche dans sa campagne. Hollande se décrit comme le candidat “du changement” et de l’”unité”, et essaie de mettre l’accent sur la croissance plus que sur l’austérité dans sa campagne. Il plaide pour la création de 60.000 emplois d’enseignants s’il est élu, et se dit pour l’annulation des 29 milliards de réductions d’impôts introduites par Sarkozy. Il a aussi surpris beaucoup de monde (dont sa propre équipe de conseillers) en défendant tout à coup un impôt de 75% sur ceux qui gagnent plus d’un million d’euros par an. Il a promis de séparer les banques de détail des banques d’investissement, dénoncé les revenus des banquiers, ‘‘indécents’’, et pointé le monde de la finance comme son ‘‘pire ennemi’’.
Cependant, c’est la seule face de la médaille. Quand il a visité Londres début mars, le candidat du PS, dans une interview de presse, expliqué que ‘‘la gauche a été au gouvernement pendant 15 ans durant lesquelles nous avons libéralisé l’économie, ouvert les marchés à la finance et aux privatisations. Il n’y a rien d’inquiétant.’’ Hollande défend clairement le projet de l’Union Européenne et la diminution des déficits budgétaires. Il veut assurer qu’il soit bien clair qu’il est un administrateur responsable et tranquille, sérieusement engagé à équilibrer les comptes du pays. Par exemple, sa promesse de 60.000 enseignants supplémentaires n’est pas basée sur des dépenses publiques, mais seulement sur la limitation des embauches dans d’autres secteurs, déjà en sous-effectif.
Hollande essaie, d’un côté, de se montrer plus à gauche et plus populaire, mais de l’autre, de ne pas perdre sa crédibilité devant les marchés qu’il ne veut pas s’aliéner sur cette question. C’est pourquoi les propositions les plus ‘‘gauchistes’’ de son programme électoral sont régulièrement ‘‘corrigées’’, parfois de manière complètement contradictoire, par des manœuvres plus à droite, visant à rassurer la classe capitaliste – de même que l’aile droite de son propre parti – sur ses intentions.
Les propositions d’Hollande d’augmenter les impôts des millionnaires peuvent recueillir un certain soutien, compte tenu de l’énorme colère de classe qui existe parmi les votants français contre l’élite ultra-riche. Les profits obscènes des 40 plus grosses entreprises françaises cotées en bourse (qui atteignent 73,5 milliards d’euros en 2011), ou les 24 % d’augmentation, l’année dernière, des salaires des grands patrons (déjà les plus hauts en Europe) ne peuvent que donner des arguments à de telles propositions.
En tant que socialistes authentiques, nous sommes évidemment en faveur de toute mesure qui va dans la direction d’une répartition plus juste des richesses. Mais il est important de comprendre que même si ces impôts sont mis en place (ce qui est loin d’être certain), aussi longtemps que les principaux leviers de l’activité économique restent dans des mains privées, les possesseurs de capital n’hésiteront pas à utiliser leur pouvoir économique pour amoindrir les mesures comme celle-ci, notamment en menaçant de faire fuir leurs capitaux.
C’est pourquoi les propositions de Hollande de ‘‘taxer les riches’’ serait de courte durée ou pourrait ne même pas voir la lumière du jour. Le tête-à-queue humiliant vers l’austérité entrepris par le gouvernement PS-PCF de François Mitterrand en 1983, deux ans après son entrée en fonction, est un bon exemple qui montre qu’une politique de réformes sociales qui ne touche pas à la domination de l’économie par le capital est absolument insoutenable.
Alors que 58 % de la population française considère que François Hollande ‘‘représente un changement’’, il lui est plus facile de miser sur la haine envers le président que de tenir ses promesses une fois au pouvoir, surtout dans un contexte de crise économique où la classe dominante a partout engagé une guerre de classe acharnée contre les travailleurs et les pauvres. Pas moins significativement, selon un sondage, 61% des gens qui vont voter pour Hollande expliquent leur vote par l’idée de battre Sarkozy, et seulement 39 % par le soutien au projet de Hollande !
Le bilan néolibéral du PS au gouvernement pendant les années de la “gauche plurielle” de 1997 à 2002 était celui des privatisations qui allaient encore plus loin que ce que la droite avait fait auparavant quand elle était au pouvoir. De même, l’héritage de son parti dans les administrations régionales avertit que le pendule du PS pourrait revirer à droite très rapidement.
Néanmoins, sous pression de la classe ouvrière et ses attentes qu’Hollande amènerait “quelque chose de différent”, il pourrait essayer de gagner du temps en lâchant quelques concessions et des mesures sociales limitées dans les premiers temps de sa présidence. Son but affiché de renégocier le traité fiscal européen a soulevé des inquiétudes chez les dirigeants européens sur ses possibles tournants dans cette direction, ce qui pourrait le mener à des conflits avec l’austérité ‘‘orthodoxe’’, défendue surtout par la classe dominante allemande.
En ce qui concerne les travailleurs et les jeunes, certaines couches vont voter Hollande uniquement pour frapper un coup à Sarkozy, quoi qu’ils pensent de Hollande lui-même. Pour le moment, ces couches essaient surtout de limites les conséquences de la crise pour eux-mêmes et leurs familles, et leur principale préoccupation est, qui sera le meilleur candidat contre Sarkozy ? Dans la plupart des sondages, Hollande l’emportait au premier tour aussi bien qu’au second récemment. Cependant, les sondages des principales organisations d’enquêtes d’opinion suggèrent que le fossé entre lui et Sarkozy va maintenant diminuer, certains mettant même Sarkozy devant le candidat du PS au premier tour. Un sondage récent donnait 30% à Sarkozy et 28 % à Hollande.
S’il y a une remobilisation autour de Sarkozy, elle vient bien plus de l’appareil de son propre parti (l’UMP) que d’une vraie vague d’enthousiasme dans la société. En pratique, il a gagné peu de nouveaux électeurs depuis l’annonce officielle de sa candidature. Mais ces développements, couplés avec le scepticisme parmi certaines couches envers le passé du PS et ce qui est vu assez largement comme les ‘‘vagues promesses’’ de Hollande, ont augmenté les questionnements de certains sur la force suffisante du candidat du PS pour gagner même contre Sarkozy. Bien que ce ne soit pas la plus probable, on ne peut pas écarter l’hypothèse d’une victoire de Sarkozy. Un tel scénario ouvrirait sans doute une crise énorme dans les rangs du PS ainsi qu’une nouvelle phase de confrontation de classes explosive dans le pays.
Mélenchon et le Front de Gauche
De plus, de nouveaux troubles sont apparus dans le camp de Hollande, car un autre candidat fait de plus en plus de vagues dans la campagne présidentielle et complique l’idée d’une victoire facile pour le PS au premier tour; c’est-à-dire Mélenchon.
Pour la plupart des couches radicalisées de la classe ouvrière qui ont essayé de riposte à la politique de Sarkozy pendant 5 ans, la question des élections est double. Ce n’est pas seulement celle de virer Sarkozy mais aussi de mettre en avant en même temps une vraie alternative aux politiques des capitalistes, représentés plus ou moins par les principaux candidats de l’ordre établi.
Dans ce contexte, Mélenchon, le candidat du Front de Gauche, est vu par beaucoup de travailleurs comme le seul candidat de gauche. Environ 300.000 exemplaires du programme du Front de Gauche (l’Humain d’Abord !) se sont vendus en quelques mois.
Le Front de Gauche a été formé par une alliance entre le Parti Communiste Français et le parti de Mélenchon, le Parti de Gauche, plus petit avec pour modèle ‘‘Die Linke’’ en Allemagne. la carrière de Mélenchon a d’importantes similitudes avec celle d’Oskar Lafontaine, un dirigeant de cette organisation. Mélenchon est un ancien membre du PS et un ancien Ministre délégué à l’éducation professionnelle sous le Premier Ministre Lionel Jospin entre 2000 et 2002.
Beaucoup de travailleurs – surtout ceux qui viennent de la classe ouvrière traditionnelle et d’une culture PCF – ainsi qu’une part notable de la jeunesse assistent à ses énormes rassemblements. Notamment, à ce rassemblement de dimanche, un certain nombre de délégations de travailleurs venant d’entreprises qui sont en moment en lutte étaient présents.
Le dynamisme et l’attraction de sa campagne se reflètent dans le fait que, alors que pour la première fois depuis 1974 le PCF n’a pas de candidat à lui, le candidat que ce parti soutien trouve un écho bien au-delà de l’électorat traditionnel du PCF. Alors que Mélenchon était encore à 5-6% en septembre dernier, et 3,5% il y a un an, il a reçu un soutien de 11% dans le dernier sondage d’opinion. (Un nouveau sondage, publié le 22 mars par le journal Les Echos, lui donne 13%, seulement un demi point en dessous de la candidate Marine Le Pen du Front National, NDLR). En comparaison, aux dernières élections présidentielles il y a 5 ans, la candidate du PCF Marie-Georges Buffet n’avait obtenu que 1,93% des voix.
Mélenchon combine une rhétorique républicaine influencée par la Révolution Française et un mélange d’adresses à la classe ouvrière. Il appelle le peuple à ‘‘prendre le pouvoir’’, plaide pour une ‘‘révolution citoyenne’’, une ‘‘insurrection civique’’, et d’autres slogans paraissant radicaux qui, bien que vagues, trouvent un écho positif parmi ces couches de travailleurs, de militants et de jeunes qui cherchent quelque chose à gauche, plus radical et différent de la campagne démagogique de Hollande.
Défiant l’idée que la classe ouvrière doit payer la crise du système et accepter les politiques d’austérité, s’attaquant aux marches financiers et aux medias de masse, parlant de “planification écologique”, des droits des femmes et de l’avortement, Mélenchon ouvre un certain nombre de portes au débat que la classe dominante n’a pas forcément envie de mettre en avant.
Il plaide pour un salaire minimum de 1700 € et la retraite à 60 ans, pour la nationalisation de l’entreprise de pétrole Total rentable et des autres producteurs d’énergie. Le caractère de classe des arguments de Mélenchon contre le FN, démasquant la politique pro-capitaliste de ce parti, contraste aussi avec ce qui est entendu ces dernières années de la part de la plupart des politiciens.
Dans la crise actuelle de représentation politique de la classe ouvrière, renforcée par l’échec du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) à apporter une réponse à ce problème, les socialistes authentiques ne peuvent ignorer ces développements mais doivent, au contraire, engager un dialogue fraternel avec les couches des travailleurs et des jeunes qui regardent vers la campagne de Mélenchon avec sympathie.
En même temps, il est également nécessaire de montrer les faiblesses politiques et les limites de ce programme. Alors que Mélenchon mentionne le capitalisme, et appelle à ‘‘la fin des privilèges du capital’’, ses propositions ne vont pas jusqu’à donner un vrai moyen d’en finir avec le système, et ne montrent par une représentation compréhensible de ce que l’alternative au système pourrait être. En réalité, son programme reflète une certaine tentative de s’en prendre au capital spéculatif et financier, plutôt que de défier le fonctionnement capitaliste de l’économie en tant que tel.
Se réclamant de l’héritage de la révolution française, Mélenchon tempère sa référence au drapeau rouge, à l’Internationale et à la commune de Paris avec le drapeau tricolore de la révolution bourgeoise, la République Française et la Marseillaise. D’un côté, Mélenchon parle de solidarité avec les luttes des travailleurs Grecs ou autres, mettant en avant quelques éléments de la perspective internationaliste nécessaire ; d’un autre côté, le côté ‘‘républicain français’’ de sa rhétorique, particulièrement mis en avant dans son discours à Paris dimanche dernier, pourrait être un obstacle à s’adresser en particulier aux couches immigrées de la population. Beaucoup de personnes présentes à la manifestation dimanche n’ont pas manqué de noter le contenu faible et abstrait du discours de Mélenchon.
Plutôt que de soutenir la prise des banques et des grandes entreprises par la classe ouvrière, le projet de Mélenchon soutient dans les faits une économie hybride, avec des nationalisations limitées et un secteur public plus fort. Ainsi, si nous sommes fondamentalement d’accord avec l’idée générale que la classe ouvrière devrait ‘‘prendre le pouvoir’’ et si nous sommes en faveur d’une lutte commune, s’adressant à la classe ouvrière large, à faire campagne dans ce but, malheureusement nous pensons qu’un tel slogan de la part de Mélenchon vise tout simplement à gagner du soutien pour lui-même dans les élections, plutôt que de constituer un engagement à construire une lutte sérieuse par la majorité pour défier le capitalisme et construire une société socialiste.
Cela dit, nous croyons encore qu’un bon score pour Mélenchon serait un signe positif pour la classe ouvrière et déplacerait le débat sur la manière de construire la riposte et les politiques nécessaires contre les attaques capitalistes. Si, en ce moment, l’essentiel des militants qui maintiennent la campagne de Mélenchon sont des membres du PCF et que l’autre composante du FdG, le Parti de Gauche, reste surtout une étiquette électorale, cela ne signifie pas dire que les choses vont rester ainsi. Nous devons suivre attentivement ce que va devenir ce soutien dans la période à venir. Un appel public large de Mélenchon, suivant un fort score électoral, pour rejoindre dans les faits la riposte et transformer le succès électoral du Front de Gauche en un nouveau parti de la classe ouvrière massif, trouverait surement un écho chez beaucoup de travailleurs, de jeunes, de chômeurs et de retraités, et encouragerait la continuation de ce qui reste un débat urgent dans la situation actuelle (un débat qui a d’une certaine façon été ‘‘inaudible’’ à cause du cours désastreux suivi par le NPA) : comment construire un parti politique de masse qui pourrait défendre les millions de travailleurs et non les millionnaires.
Cependant, toute nouvelle initiative dans cette direction devra tirer les leçons de l’expérience du NPA. Ce dont la classe ouvrière a besoin n’est pas une machine électorale, mais un instrument combattif et démocratique pour l’aider à construire ses propres luttes. Un instrument qui se positionnerai sans compromis du côté des travailleurs et des opprimés, défierai l’inertie des bureaucraties syndicales, et développerai un programme qui lie les luttes de la classe ouvrière avec une réelle stratégie politique pour en finir avec la dictature des 1%.
Le NPA et la campagne Poutou
Aujourd’hui, il n’y a pas un important soutien pour les organisations de gauche comme Lutte Ouvrière ou le NPA, auparavant la Ligue Communiste Révolutionnaire. Ils font ensemble 1% dans les sondages, contre presque 10% en 2002 et plus de 5% en 2007. Cela illustre l’incapacité de ces partis à construire à partir de leurs succès électoraux passés et à s’adresser à de nouvelles couches de travailleurs et de jeunes. Le NPA n’a eu aucun profil notable dans la dernière période, et refuse de proposer une stratégie réellement anticapitaliste, basée sur la lutte contre les licenciements, appelant à la nationalisation sous le contrôle ouvrier des secteurs-clés de l’économie, et défendant une société socialiste. Le retrait d’Olivier Besancenot de la candidature NPA à la présidentielle indiquait que la direction du NPA refusait de tirer les bénéfices d’une situation politique favorable.
Le candidat du NPA, Philippe Poutou, a un bon profil comme représentant des luttes de la classe ouvrière et de ses aspirations. C’est un ouvrier industriel, un syndicaliste à l’usine Ford à Bordeaux où ils ont été victorieux contre un plan de licenciements. Sa candidature pourrait être une expression des aspirations des ouvriers à en finir avec ce système, bien qu’elle ne soit pas assez offensive contre le capitalisme. Cependant, le manque d’un réel parti derrière lui, le fait que sa candidature n’est pas connue à une échelle de masse et l’absence d’une perspective sérieuse de développer le NPA comme un outil politique indépendant pour la classe ouvrière et les jeunes va obligatoirement limiter l’attrait de Poutou. (Pour une analyse plus approfondie du NPA, lisez notre article.)
Le danger du FN
Dégoûtés par les résultats désastreux des politiques pro-capitalistes des partis traditionnels, une autre partie de la classe ouvrière et de la classe moyenne va voter pour la candidate d’extrême-droite Marine Le Pen, qui a tenté de mettre de côté les liens néo-fascistes de son père, excluant quelques néo-fascistes du parti. Marine Le Pen a eu quelques succès électoraux, surtout dans le Nord désindustrialisé, en se présentant comme la ‘‘candidate des travailleurs’’, dénonçant l’élite politique (‘‘l’UMPS’’ comme elle dit) et le ‘‘système mafieux’’, et par-dessus tout, blâmant les immigrés pour la crise par une énorme campagne raciste, visant en particulier les musulmans.
Quelques sections de la classe ouvrière, des jeunes et des pauvres, surtout ceux qui ne se sentent pas représentés (les gens des quartiers pauvres, les 2èmes et 3èmes générations des familles immigrées, etc.) n’iront pas voter du tout. Le niveau d’abstention, qui augmente à chaque élection, va probablement être encore plus élevé au premier tour, alors que la situation et l’ambiance ainsi qu’une certaine pression à aller ‘‘voter utile’’ pour virer Sarkozy ou Le Pen du 2ème tour, peuvent tempérer cela dans certaines couches (notamment parmi ceux qui sont toujours influencés par le spectre de ce qui s’est passé en 2002, quand Jean-Marie Le Pen a éliminé Jospin, candidat du PS, et est allé au 2nd tour). Cependant, à cette étape, le FN n’est pas encore vu comme aussi fortement qu’en 2002 comme un moyen de rejeter la politique du gouvernement et il n’est pas probable qu’il va répéter ce résultat.
Des luttes importantes mais isolées
Alors que maintenant la champagne électorale fait les gros titres et domine la situation politique, les lutes des travailleurs ne se sont pas arrêtées.
En effet, une autre facette de la crise, c’est les luttes qui prennent place dans les usines contre les fermetures et les licenciements et dans le service public contre les coupes budgétaires. Des luttes dans beaucoup d’entreprises (comme Peugeot et Lejaby) ont fait les gros titres des journaux pendant 2 mois et les luttes locales se développent.
Le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui quittent leur emploi a un effet énorme sur le service public, surtout dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Depuis l’annonce de février des prochains budgets de l’éducation primaire, les parents et les profs luttent contre les coupes dans les écoles primaires et maternelles. Dans certaines villes, des actions continuent à être organisées pour sauver les classes et une éducation publique décente pour les enfants. Parfois, un village entier ou une ville est impliqué. Il en est de même pour les coupes dans les hôpitaux ou les fermetures de cliniques. Les grèves, dont des grèves d’une heure, se sont développées à Renault Cléon pendant deux semaines et dans d’autres usines comme à l’aciérie LME près de Valenciennes, dans le Nord de la France. Les travailleurs de la poste sont engagés dans de véritables vagues de luttes dans plusieurs endroits, certaines très longues, de plus de 50 jours, dans la région parisienne.
Malgré tout cela, il y a un manque cruel d’un quelconque lien entre les luttes pour une riposte sérieuse à l’échelle du pays. Dans la raffinerie emblématique de Pétroplus à Petit-Couronne (près de Rouen), les travailleurs ont organisé leur propre lutte depuis fin décembre avec l’implication de l’Union Locale de la CGT et un soutien important de la population locale. Tous les principaux candidats à la présidence ont rendu visite aux travailleurs. Mais le principal dirigeant de la CGT, Bernard Thibault, est venu seulement le 10 février – presque à la fin de la bataille – pour soutenir surtout de ‘‘faire pression sur les politiques’’. Alors que la situation des travailleurs de Pétroplus est similaire à celle de beaucoup d’autres dans tout le pays, la direction de la CGT n’a jamais appelé à un vrai jour de grèves national contre les licenciements, les coupes budgétaires et l’austérité.
Plus généralement, il n’y a eu aucun appel des dirigeants syndicaux à lutter ensemble, n’y d’appel à une journée nationale de manifestations. Néanmoins, un énorme potentiel existe. Le 29 février, la ‘‘journée européenne contre les plans d’austérité’’, ils étaient des dizaines de milliers dans les rues bien qu’il n’y ait pas d’appel à la grève. Il y a un vrai potentiel pour une réponse massive de la classe ouvrière française et des jeunes. Mais pour le moment, elle ne trouve pas d’expression collective.
Nous ne savons pas quels vont être les résultats de l’élection, mais ce que nous tenons pour certain, c’est que la classe ouvrière et les jeunes de France n’ont pas baissé la tête.
Les luttes continuent et à cette étape, la crise est un accélérateur pour la lutte de classe et une opportunité de s’opposer aux attaques contre les conditions de vie. Mais pour que des changements conséquents arrivent et pour stopper les attaques contre nos conditions de vie, nos emplois et nos services publics, une vraie lutte dans la rue et sur les lieux de travail devra être menée. Comme de plus en plus vont tirer cette conclusion dans la période à venir, l’audience pour notre programme socialiste va augmenter, de même que la chance de tester notre programme dans le développement concret des luttes à venir.
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Un chanteur homophobe au festival de Dour – EGA ne l’accepte pas !
Il y a quelques jours, les organisateurs du festival Couleur Café avaient été contraints d’annuler le concert de Beenie Man, réputé pour ses propos homophobes. Cette fois-ci, c’est le chanteur de reggae jamaïcain Capleton, qui aime se faire appeler « le prophète », qui est dans la ligne de mire des associations LGBT. En cause, certaines paroles de ses chansons qui appellent carrément à la crémation des homosexuels. Le chanteur homophobe s’est finalement produit sur la scène de Dour ce dimanche 18 juillet 2010 grâce au soutien d’un député CDH et d’une ministre PS. Les Etudiants de Gauche Actifs militent comme chaque année contre l’homophobie sur les différents festivals cet été.
par Pablo V. (Bruxelles)
Des organisateurs peu crédibles !
Pris à partie par les associations LGBT, les organisateurs affirment qu’ils ont pris des mesures pour que le prophète Capleton ne présente pas de chansons à caractère homophobe à Dour. ‘‘Hypocrisie, c’est de l’éthique à bas prix !’’, crient les associations. ‘‘C’est évident que pour préserver son accès aux scènes européennes et américaines, le chanteur jamaïcain signe de temps à autres de tels contrats.’’ En effet, à la suite d’annulations de différents concerts en 2005 à Lille, Toulouse, Reims, en Suisse, à San Francisco, New Orleans et West Hollywood, ‘Le prophète’ Capleton a signé une déclaration par laquelle ‘‘il se désole que ses chansons aient pu être mal interprétées.’’ Or, en décembre de la même année, il récidivait lors d’un concert en Jamaïque. La situation la plus ridicule arriva en août 2004 lorsque Virgin Records diffusait une note d’excuse officielle au nom de Beenie Man, juste avant sa tournée Américaine. Le lendemain, l’agent de Beenie Man démentait la véracité de cette note d’excuses sur les ondes d’une radio Jamaïcaine. On voit bien que les messages officiels ne sont envoyés que pour assurer un maximum d’entrées à ce genre d’évènement.
Un chanteur plus qu’homophobe !
En 14 ans, Capleton a écrit 29 chansons homophobes dont certaines appellent ouvertement au meurtre des homosexuels. En 2001, Capleton obtient un énorme succès avec Bun Out Di Chi Chi, où le refrain va comme suit ‘‘Démembrer-les avec une machette, couper, poignarder, fusiller-les.’’ Ou encore dans Woah : ‘‘Les sodomites et les pédés, moi je les flingue.’’ On peut aussi l’entendre chanter dans Hang Dem Up : ‘‘L’homosexualité est contre l’humanité ! Brûlez les gays ! Saignez-les ! Je tire sur les sodomites et les pédés. Tu devrais savoir que Capleton brûle les anormaux ! Le même feu s’applique aussi aux lesbiennes ! Etranglez et pendez tous les anormaux qui viennent ici. La terre mère dit qu’aucun ne doit survivre.’’
Des appels au meurtre qui font mouche en Jamaique !
Dans un témoignage pour Amnesty International, un homosexuel se rappelle la mort tragique de son copain en 2003 : ‘‘Il devait être 2 heures du matin, mon ami se trouvait dans une boite. Il s’amusait et dansait. À un moment, il a reçu un coup derrière la tête, et quand il se retourna, ses agresseurs lui ont tiré 3 balles au visage. Lorsqu’il s’écroula sur le sol, ils continuèrent de lui tirer dessus. Ils m’ont ensuite dit que j’étais le prochain, en ajoutant «vous devez tous mourir.»’’ En juin 2004, Brian Williamson, fondateur d’une association LGBT, se fait sauvagement assassiner à son domicile. L’autopsie révélera que 77 coups de machettes et de couteau ont été trouvés sur son cadavre, dont plusieurs au visage. En décembre 2005, un jeune gay se noie au port de Kingston en voulant échapper à un attroupement qui le poursuivait en lui criant ‘‘sale pédé’’ et en le menaçant de mort.
N’oublions pas que la Jamaïque a toujours dans son code pénal une vieille loi britannique, qui date de 1864, qui permet une peine de dix ans de prison pour les hommes qui ont (ou sont même soupçonnés) d’avoir des rapports sexuels avec un autre homme.
‘‘Out of the Closets and into the Streets !’’
En moins d’une semaine, plus de 2.700 personnes se sont indignées de la présence du Prophète au festival de Dour. Des badges contre l’homophobie ont aussi massivement été distribués par les associations à l’entrée de son concert. En effet, les demandes insistantes de nombreuse associations LGBT et des droits de l’homme (Arc-en-ciel, Tjenbé Rèd, Stop Murder Music, Amnesty…) de ne pas laisser de tels propos s’exprimer librement, sont malheureusement restées lettres mortes. Le chanteur homophobe s’est finalement produit à Dour. En effet, Carlo Antonio, l’organisateur du festival de Dour, qui est aussi député CDH à la Communauté française, a refusé de déprogrammé le chanteur homophobe. Parmi les différents sponsors de ce festival, on retrouve pêle-mêle une ministre PS (Eliane Tillieux), la banque Dexia, Belgacom, Coca-cola, RedBull et Jupiler. Cet été, on voit que certains n’hésitent pas à surfer sur la haine des homosexuels afin de récolter quelques milliers d’euros. A 120€ la place, on comprend l’acharnement des organisateurs à vouloir défendre ‘Le Prophète’ homophobe.
Le problème c’est que dans une société qui se nourrit de la division et qui n’a d’yeux que pour les bénéfices, l’homophobie ne peut pas disparaître d’un simple claquement de doigt. Nous continuerons de lutter contre toute forme de discriminations, pour les droits LGBT et pour une société basée sur les besoins de tous et non sur les profits de quelques organisateurs de festivals pour en finir avec l’homophobie ! Rejoignez-nous !
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France. Lutte contre le Contrat Première embauche: Un relent de mai 68
Les mobilisations chez les étudiants français furent rarement aussi combatives que cette dernière semaine depuis longtemps. Les étudiants de plusieurs universités se sont ainsi mis en grève afin de lutter contre le CPE (contrat première embauche), le CPE permettra aux employeurs de licencier sans aucun motif (!) Les jeunes de moins de 26 ans dans une période de 2 ans après leur engagement.
Stéphane Ramquet
Autre article sur le site de la Gauche Révolutionnaire (section française du CIO):
> Le gouvernement a fait passer le CPE en force ! Refusons ça !A cela le PS ou le PC répondent mollement au parlement et sont incapables de mener une lutte effective, l’UNEF (le syndicat étudiant) suit mollement le mouvement poussé par sa base…
Les étudiants, eux, ont parfaitement compris que la politique Chirac-Villepin-Sarkozy n’est autre que la politique des multinationales et de la richesse pour la minorité et de la précarité pour le reste.
Ainsi plusieurs milliers d’étudiants manifestaient dans le quartier latin demandant le retrait du CPE, s’ensuit alors une occupation de la Sorbonne (célèbre pour avoir accueilli les évenements de mai 68). Ni une, ni deux et sans sommations, les CRS furent envoyés afin de vider les grévistes par la force, à coups de matraque et gaz lacrimogènes.
Les étudiants de 45 universités sur 80 sont désormais en grève! Des assemblées générales se tiennent dans toutes ces fac’ en grèves afin d’élaborer la stratégie et la continuation de la lutte! A Lille 2 et à Nancy 2 des assemblées générales de 2000 étudiants ont reconduit le blocus, alors qu’ils étaient 1600 étudiants à Dijon, 1500 à Toulouse 2 et à Paris 10 Nanterre, 1000 à Jussieu…
La lutte s’amplifie chaque jour chez les étudiants, mais les étudiants ne peuvent mener cette lutte seuls! Son centre névralgique se trouve chez les travailleurs! Afin de faire pression sur le gouvernement, les manifestations ne suffisent pas, il faut couper le robinet économique et que les travailleurs se mettent en grève!
Travailleurs et Etudiants, Luttons ensemble! Pour le retrait du CPE! Occupez vos universités et usines, vers la Grève Générale!