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Tag: Tony Saunois
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Reprise de la lutte des classes en Europe tandis que la crise de la zone euro s’approfondit
Le Comité Exécutif International (CEI) du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) s’est réuni du 17 au 22 janvier 2011, en Belgique, avec 33 pays d’Europe, d’Asie, d’Amérique Latine et d’Afrique représentés. Après le premier rapport du meeting du CEI sur la situation mondiale, voici un rapport de Finghin Kelly sur les développements cruciaux en développement en Europe.
Finghín Kelly, Socialist Party (CIO en Irlande)
L’année dernière, l’Europe a connu une forte remontée des luttes, avec des mobilisations et des mouvements considérables. L’Europe a aussi été balayée par les mouvements Occupy et des Indignés. C’est dans ce contexte et celui de la crise économique, politique et sociale que le CEI a discuté des perspectives européennes, discussion introduite par Tony Saunois et conclue par Clare Doyle, tous deux membres du Secrétariat International du CIO.
La classe dominante européenne a implanté des programmes d’austérité vicieux pour tenter de faire payer la crise du capitalisme à la classe ouvrière. Les réformes qui ont été obtenues après des années de lutte, comme les droits à la pension, à la sécurité sociale, les conditions de travail et les dépenses sociales, sont maintenant violemment attaquées. Ce processus élimine tous les acquis et conquêtes de la classe ouvrière depuis la seconde guerre mondiale. C’est une réponse aux idées réformistes de l’après-guerre, dans une période de croissance économique, qui a laissé place à un retour sur les conditions de vie et l’Etat-providence. Cela ne veut toutefois pas encore dire que les idées réformistes ne vont pas resurgir.
L’approfondissement de la crise de la zone euro, à laquelle le capitalisme est complètement incapable de répondre, est une bonne illustration de l’instabilité et de la fragilité de la position des capitalistes.
En réponse à cela et à la montée de la riposte des travailleurs contre les plans des banques et du marché, les Etats utilisent de plus en plus des méthodes autoritaires, anti-démocratiques ou celles du ”Bonapartisme parlementaire”, avec une augmentation de la répression et le minage des institutions ”démocratiques”.
Les attaques de l’austérité sont visibles partout en Europe. Les contributeurs à la discussion ont illustré la nature de l’austérité dans chaque pays ainsi que la révolte et les résistances qu’elles ont provoquées. L’austérité et la réaction à celle-ci ont particulièrement été aigües en Grèce. Les contributions des participants Grecs au CEI ont montré quelle situation explosive existe dans ce pays.
La Grèce a connu 14 grèves générales, dont deux de 48 heures, au cours des deux dernières années uniquement. Plusieurs intervenants ont vivement montré ce que l’austérité signifie pour les travailleurs grecs. Les conditions de vie se sont effondrées, avec des parts entières de la société ruinées ou appauvries, dont une partie de la classe moyenne. Le chômage est massif : celui des jeunes est maintenant proche de 50%. Des enquêtes montrent que 91% des foyers ont subi une forte baisse de leur revenu – en moyenne une diminution de 30%. Maintenant, 78% des foyers ont des difficultés à subvenir à leurs besoins. Ceci a conduit à des exemples tragiques de familles proposant leurs enfants à l’adoption.
L’émigration est un problème énorme dans beaucoup de pays ; l’Irlande, l’Espagne, le Portugal et la Grèce en particulier connaissent une émigration massive des jeunes. Non seulement cela a des conséquences sociales dévastatrices, mais cela complique les luttes de masse et peut agir comme une soupape temporaire pour le capitalisme, car les couches les plus énergiques sont alors éloignées des luttes.
Mouvements sociaux
Le CEI a entendu beaucoup de rapports des mouvements sociaux en Grèce, dont le mouvement de non-paiement d’une nouvelle taxe par foyer, et d’autres campagnes contre les péages routiers et le prix du métro et du bus après des hausses massives. Le CEI a aussi entendu des rapports du mouvement qui rejette l’implantation d’une décharge dans une ville grecque, une révolte ouverte contre les autorités.
Ces mouvements considérables ne sont pas confinés à la Grèce; le Portugal a connu sa plus grande grève générale depuis 1974. En Grande Bretagne et en Irlande du Nord, le secteur public a mené une grève historique contre les attaques du gouvernement de coalition contre les retraites. Entre 1 et 2 millions de travailleurs sont entrés en action : c’est la plus grande grève depuis la Grève Générale de 1926. La Belgique a aussi connu de grandes mobilisations et une grève générale du secteur public en décembre. Le 30 janvier, il y aura une grève générale contre l’austérité du nouveau gouvernement (ce rapport a été publié en anglais avant que celle-ci ne se déroule, NDLR).
L’Espagne a été secouée par les mouvements de masses, qui ont impliqué des millions de travailleurs et de jeunes, un mouvement qui a joué un rôle-clé dans le renversement du gouvernement Zapatero. De plus, l’Espagne a été le terrain du développement du mouvement des Indignados, qui s’inspirait des révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient et s’est à son tour exporté à travers le monde et a nourri le mouvement Occupy. Le CEI a entendu beaucoup de rapports de ces mouvements.
Ces mouvements ont été une manifestation importante de la jeunesse radicalisée qui souffre d’un chômage élevé et est touchée par l’austérité. En Espagne, le chômage est de 21%, celui des jeunes est maintenant de 50%.
Le mouvement Occupy est arrivé comme une première réponse des travailleurs et des jeunes à cette crise historique. C’est un mouvement extrêmement important et significatif qui s’est approfondi et qui a eu plus d’effet que les mouvements anticapitalistes de la dernière décennie. Ce mouvement contient des éléments des « mouvements sociaux », qui ont émergé en Amérique Latine dans les dernières décennies par des luttes construites par la base pour combattre dans l’intérêt des principaux secteurs de la société. Tout comme dans ces mouvements, la question de lier le mouvement Occupy aux luttes de la classe ouvrière organisée est décisive. Il est nécessaire de lier les mouvements sociaux aux mouvements de la classe ouvrière. Les camarades du CIO au Brésil ont connu une situation similaire et se sont battus pour la formation d’une nouvelle centrale syndicale, Conlutas, qui inclut les mouvements sociaux tout en étant basée sur la classe ouvrière.
Tendance anti-capitaliste
Ces mouvements représentent le développement d’une tendance antisystème et anticapitaliste. Dans de nombreux cas, il lui a manqué une alternative claire par laquelle remplacer le capitalisme. Une autre caractéristique significative de ces mouvements, c’est que, bien qu’ils n’aient la participation active que d’une minorité, le soutien pour ces mouvements est très large parmi la classe ouvrière.
Il y a eu une discussion sur l’atmosphère « anti-parti » de ces mouvements. Cette tendance reflète le scepticisme et même l’hostilité envers les partis politiques traditionnels. Les marxistes doivent dialoguer avec ces mouvements sur l’alternative au capitalisme, présenter le socialisme et lier les mouvements à la classe ouvrière et des communautés organisées, défendant l’idée du besoin d’un instrument politique pour la classe ouvrière pour permettre la lutte pour le socialisme.
Le développement de la conscience de différentes parties de la société, et de la classe ouvrière en particulier, a été discuté au CEI. Beaucoup de travailleurs espèrent encore que les politiques réformistes ou Keynésianistes peuvent vaincre la crise, alors que d’autres en arrivent à la conclusion que le capitalisme est dans une impasse.
La politique du “moindre mal” vue dans les élections, ou les succès des partis sociaux-démocrates dans les sondages, ont aussi été discutés. Cela ne reflète pas de grandes illusions dans ces partis mais un espoir qu’ils pourront amoindrir les effets des mesures d’austérité. Le soutien pour ces partis peut très vite s’éroder. Cela s’est vu en Irlande, où une coalition Fine Gael / Labour a été élue en février à une large majorité, dans l’espoir qu’ils « brûleraient les porteurs d’obligations ». Mais ces espoirs ont été balayés par les politiques de coupes du nouveau gouvernement de coalition.
La question du moindre mal est posée dans plusieurs pays dont la France, où le parti « socialiste » peut mettre en échec Sarkozy cette année (surtout après la perte du triple A par la France). Cette question est fortement liée au manque d’alternatives de masse à gauche des partis traditionnels. L’échec du NPA en France à se développer comme une référence massive dans un contexte de radicalisation montante est aussi décisif. En Espagne, ce même facteur a conduit à la venue au pouvoir du parti de droite PP : bien que son soutien n’ait pas beaucoup augmenté. Beaucoup se sont tournés vers lui pour porter un coup au gouvernement PSOE, qui a été massacré aux élections de novembre.
Les intervenants ont montré comment une conscience socialiste relativement faible parmi les masses de la classe ouvrière peut être un facteur-clé dans la limitation des mouvements de masse d’opposition.
C’est en train de changer et on peut s’attendre à des bonds en avant dans la conscience de classe à mesure que la lutte se développe, ce qui va augmenter de beaucoup l’attrait pour le socialisme. L’idée et le mot « socialisme » ont été entachés, non seulement par le stalinisme, mais aussi par les gouvernements « socialistes » qui en Europe du Sud ont appliqué des programmes d’austérité. Cela renforce le rôle des marxistes et socialistes authentiques d’expliquer et de populariser une alternative socialiste basée sur la propriété publique et le contrôle démocratique des principales ressources et industries de la société à travers un gouvernement des travailleurs.
Rôle des syndicats
Le rôle joué par les directions syndicales et les partis de gauche a été indentifié comme un facteur qui bride le développement de la conscience de la classe ouvrière. Là où les dirigeants syndicaux ont appelé à une grève, ils l’ont généralement fait les dents serrées et seulement après une forte pression venue d’en bas.
Dans certains cas, les syndicats ont été désertés par leurs activistes et ne sont plus des pôles d’attraction pour les jeunes et les chômeurs radicalisés. Certains des appareils syndicaux sont devenus des organisations « jaunes » ou « d’entreprise » qui agissent comme le bras droit du patronat. C’est une complication pour la lutte. C’est une tâche essentielle pour les militants de se battre pour construire des groupes d’opposition dans les syndicats et essayer de se réapproprier les syndicats. Les véritables socialistes n’adoptent pas une approche sectaire ou gauchiste des syndicats mais doivent aussi se préparer à des scissions et la formation de nouvelles organisations syndicales.
Le CEI a discuté de l’échec des nouveaux partis et formations de gauche à exploiter la situation.
Beaucoup n’ont pas réussi à attirer les secteurs radicalisés de la jeunesse et n’ont pas été actifs dans les luttes. Ils ont échoués à augmenter en nombre, bien que dans quelques cas ils aient eu quelques succès électoraux et de bons résultats dans les sondages.
Il est clair que la crise économique s’intensifie mondialement ; l’Europe et l’Euro sont au cœur de la crise. La question de l’éclatement de l’euro et d’une reconfiguration de l’UE est posée. Le CEI a discuté en profondeur et en détail de comment la crise peut se développer et des conséquences de cela.
Les dégradations de notes par les agences de notation montrent qu’elles n’ont pas confiance en les programmes d’austérité pour sortir de la crise. La question du défaut de paiement est beaucoup posée, les « marchés » et beaucoup de commentateurs capitalistes indiquent que le défaut de paiement de la Grèce et du Portugal est une possibilité immédiate. Cela serait le premier cas d’un pays occidental depuis 70 ans.
Quel futur pour l’euro?
L’éclatement de l’euro aurait de lourdes conséquences pour l’économie européenne et mondiale. Les estimations montrent qu’un million d’emplois disparaitraient rien qu’en Allemagne et que le PIB de l’Allemagne diminuerait de 25%. Les classes dirigeantes capitalistes d’Allemagne et des autres pays feront donc tout ce qu’elles peuvent pour garder l’euro. Les euros-obligations ou un plus grand rôle de la BCE sont mis en avant comme moyen de sortir de la crise par beaucoup de commentateurs capitalistes et une partie de la gauche soutient ces mesures. Beaucoup d’intervenants en ont parlé au CEI. Les différents pouvoirs capitalistes agiront pour protéger leurs intérêts nationaux. Le capitalisme allemand ne veut pas voir l’utilité des euros obligations à ce stade. Cependant, il pourrait y être amené par la pression des évènements, dans une tentative désespérée de sauver l’économie européenne du désastre. Mais même cela ne sera pas une solution à la crise, ni à long ni même à moyen terme.
Plusieurs intervenants ont aussi souligné et discuté de la tendance accrue à court-circuiter les procédés démocratiques parlementaires « normaux » et le rognage des droits démocratiques. L’année dernière, des gouvernements « technocratiques » ont été imposés en Italie et en Grèce, quand les marchés et l’UE ont perdu la foi dans la capacité des gouvernements de ces pays à mener à bien les énormes coupes d’austérité.
Le gouvernement italien qui a été intronisé était, en réalité, un gouvernement des banquiers, puisque chaque membre du cabinet a un passé dans les grandes banques ou les institutions financières ou de forts liens avec elles.
La commission européenne a aussi accru son intervention dans de nombreux pays ; ce qui se voit clairement dans les pays « programme », où des programmes d’austérité détaillés ont été planifiés par la « troïka », en conjonction avec les gouvernements nationaux. Même dans les autres pays, cette intervention a augmenté. En Belgique, la Commission a exigé que le gouvernement se réunisse un weekend pour trouver d’autres idées de coupes, parce que selon elle, les coupes n’allaient pas assez loin.
Mesures autoritaires
L’érosion de la démocratie ne s’est pas faite seulement aux niveaux des parlements et des gouvernements ; une tendance générale à l’usage de mesures étatiques autoritaires, la répression et la criminalisation des protestations, ont été discutés. Cela s’est vu dans les tentatives de mettre fin au mouvement Occupy, en Espagne et partout ailleurs.
L’érosion des droits démocratiques est évidente en Hongrie, le premier pays européen à être renfloué par le FMI pendant la crise économique. Les délégués ont rapporté les attaques au droit de grève, le nouveau code du travail et les camps de travail pour les chômeurs-longue durée. Comme dans les autres pays, les droits aux pensions et aux retraites anticipées ont été attaqués. La répression contre les Roms a empiré. Un nouvel impôt à taux unique augmente les difficultés économiques des pauvres. La liberté des médias a été rognée par de nouvelles lois. Une nouvelle constitution introduite par le gouvernement ronge beaucoup de droits démocratiques de base.
En même temps qu’une crise économique, les classes capitalistes européennes font face à une crise politique. Les réserves politiques de la bourgeoisie leur échappent parce que les partis politiques traditionnels sont discrédités par leurs politiques de coupes. Nous avons vu une série de crises gouvernementales en Europe. Tous les pays au premier plan de la crise de l’euro ont subi des changements politiques : l’Italie, l’Espagne, la Grèce, l’Irlande et le Portugal ont changé de gouvernement en 2011.
Même en Allemagne, où il y a eu quelque croissance économique, cela n’a pas donné un coup de pouce aux partis dirigeants. Par exemple, le FDP est en crise et est menacé de perdre ses représentants parlementaires.
Des évènements tumultueux dans les mois à venir
Les anciens partis des travailleurs se sont encore droitisés pendant la crise et se sont discrédités aux yeux des travailleurs. Le Labour en Grande Bretagne a dit qu’il ne reviendrait pas sur les coupes du gouvernement Con-Dem quand il reviendrait au gouvernement. En Italie, le PD (Parti Démocrate) a voté pour les coupes de Monti !
Dans un certain nombre de pays, le vide politique est partiellement rempli par les forces de droite. Le Front National en France utilise cyniquement une rhétorique populiste anti-banque pour essayer d’augmenter son soutien. L’émergence du parti néo-fasciste Jobbik en Hongrie a aussi été discutée en exemple de la façon dont l’extrême-droite peut occuper cet espace. Le danger de l’extrême-droite et la menace raciste peuvent être combattus par le mouvement ouvrier avec un clair programme de classe qui unifie les travailleurs contre les attaques néolibérales et lutte pour les emplois, le logement et des aides sociales pour tous, et pour un vrai changement de système.
Dans cette situation, la question nationale va réapparaitre. Les développements en Écosse et en Espagne ont été discutés par les intervenants de ces pays, où la crise a fait monter la question nationale et posé la question du séparatisme. Les forces du CIO, tout en défendant le droit à l’auto-détermination, opposent une alternative de lutte unifiée et socialiste pour atténuer le nationalisme bourgeois.
De cette excellente et très riche discussion, il ressort très clairement que l’Europe va connaitre des évènements tumultueux dans les mois et années qui viennent, au fur et à mesure que la crise économique et politique s’approfondit. Cela va donner au CIO d’énormes opportunités pour construire le soutien aux idées socialistes.
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NOUVELLES DU CIO : Brésil – Naissance de LSR, Liberté, Socialisme et Révolution
La lecture du poème «Vamos juntos» (Allons ensemble) de l’écrivain uruguayen Mario Benedetti, décédé récemment, a donné le ton de l’assemblée d’ouverture du Congrès d’Unification entre le Collectif Liberté Socialiste (CLS) et le groupe Socialisme Révolutionnaire (SR), qui s’est tenu au soir de vendredi 22 mai à São Paulo. L’exemple d’une unité de principe, au milieu d’un contexte de scissions et de fragmentation de la gauche, a été salué comme un important pas en avant par toutes les personnes présentes.
André Ferrari, Comité National de LSR – Liberté, Socialisme et Révolution
Outre les membres du SR et du CLS, de nombreux autres invités ont pris part à l’assemblée d’ouverture. Parmi les personnes représentées, se trouvait Conlutas (une organisation clé pour les mouvements sociaux et syndicaux), le PSOL («Parti pour le Socialisme et la Liberté», le nouveau parti de gauche large au Brésil), des intellectuels militants tels qu’Oswaldo Coggiola et Plínio de Arruda Sampaio Júnior (un catholique de gauche qui s’est radicalisé au cours des dernières années). D’autres courants et partis tels que le C-SOL (une scission du PSTU, qui participe au PSOL aux côtés de nos camarades), la Conspiration Socialiste et le PSTU (Parti Socialiste des Travailleurs Unifié – le parti moréniste) ont également envoyé des délégués.
Le vieux militant Plínio l’Arruda Sampaio a fait une apparition remarquée, saluant l’unification des deux organisations. Bien que le Comité pour une Internationale Ouvrière n’ait pas pu être représenté, une vidéo de salutations de Tony Saunois, de la part du Secrétariat International, a été diffusée lors de cette assemblée. Des salutations ont également été reçue d’autres endroits dans le pays et du monde.
Au cours des deux jours qui ont suivi l’assemblée, les membres de SR et du CLS se sont mis d’accord pour former un nouveau courant socialiste unifié, le LSR – Liberté, Socialisme et Révolution. Cette nouvelle organisation a, dès sa fondation, une présence dans huit Etats brésiliens, et intervient dans toute une série de syndicats et de mouvements sociaux, tels que ceux des sans-terre, des étudiants, des femmes et des LGBT.
Après une large discussion, le Congrès a voté l’acceptation des documents de base, afin de constituer une nouvelle organisation : une déclaration de principes, un programme, des status et une résolution approuvant l’affiliation au Comité pour une Internationale Ouvrière, et l’établissement de la nouvelle organisation en tant que sa section brésilienne.
Le Congrès a également réaffirmé son soutien à une participation active au sein de Conlutas, et l’effort de bâtir une nouvelle centrale syndicale unie pour les syndicats et les mouvements sociaux dans le pays. Elle a aussi adopté une politique de lutte en faveur de l’édification d’une aile de gauche révolutionnaire à l’intérieur du PSOL. Sur ces deux fronts, dans Conlutas et dans le PSOL, le LSR participera au sein du Bloc de Résistance Socialiste, qui associe divers groupes de gauche tels que l’Alternative Socialiste (AS), l’Alternative Socialiste Révolutionnaire (ARS) et la Réponse Socialiste.
Le LSR a aussi déclaré son soutien politique à «Terre Libre», un mouvement populaire à la fois urbain et rural, et est en faveur du respect de son autonomie, tout en désirant oeuvrer pour l’aider à se renforcer.
Les militants socialistes présents au congrès ont cherché à prendre des décisions qui reflétaient la nouvelle période historique qui a débuté, marquée par la crise capitaliste mondiale et la nécessité de réorganiser et de renforcer une nouvelle gauche socialiste cohérente, capable de répondre aux immenses défis qui se dressent devant la classe salariée et les pauvres.
Le Congrès a été marqué par l’enthousiasme des membres par rapport à l’unification de SR et du CLS, et vis-à-vis des opportunités de croissance rapide et solide pour la nouvelle organisation.
Une naissance au coeur des luttes
La classe salariée brésilienne est gravement touchée par la pire crise du capitalisme international depuis 1945, en dépit des discours triomphalistes du Président Lula. La vague de licenciements de masse dans l’industrie et d’autres secteurs de l’économie qui s’est produite au cours des derniers mois est loin d’être terminée. Il suffit de voir les menaces qui pèsent sur les travailleurs du géant minier Vale pour se rendre compte de ce qui est encore à venir. Nous allons voir de nouveaux licenciements de masse, mais aussi des tentatives de réduire les salaires des travailleurs du secteur public.
Le gouvernement et les patrons tentent à tout prix d’éviter les hausses salariales. Ils utilisent la crise comme moyen de justification. Les négociations salariales, combinées à de nouveaux licenciements et au désespoir des travailleurs qui ont été licenciésau début de l’année et qui maintenant perdent leurs allocations de chômage, peut provoquer de nouvelles mobilisations radicalisées au cours des mois qui viennent.
Toutefois, le développement d’une conscience politique quant à la route à suivre pour sortir de la crise dépend largement du rôle et de l’intervention des socialistes conscients. Les luttes en cours, la perspective de mobilisations plus nombreuses lors du prochain semestre et les élections de 2010 seront des opportunités importantes pour renforcer une alternative ouvrière et socialiste face à la crise.
Le LSR est directement impliqué dans ces luttes et ces processus. Le camarade de l’Etat de Goiás est arrivé au Congrès après avoir participé à la direction d’une mobilisation et d’une lutte victorieuse. Ici, des centaines de travailleurs sans-terre organisé par le mouvement «Terre Libre» ont occupé les bureaux de l’INCRA (Institut National de la Colonisation et de la Réforme Agraire) pendant cinq jours dans la capital d’Etat de Goiânia.
Certains membres de LSR qui font partie de l’Alternative de Lutte (un courant d’opposition au sein du syndicat de l’eau et des égouts de l’Etat de São Paulo) ont immédiatement quitté le Congrès pour se rendre à leur mobilisation en cours pour leur grève du 26 mai. Ces travailleurs luttent contre les licenciements et pour une hausse des salaires.
A l’Université de São Paulo (USP), où le personnel universitaire entrent dans leur troisième semaine de grève, les membres de LSR contribuent à la mobilisation pour la grande manifestation des universités d’Etat du 25 mai.
Vale do Paraíba, une ville de l’Etat de São Paulo, a été le théâtre d’une lutte contre les licenciements de masse chez General Motors et Embraer (un constructeur aéronautique). C’est aussi dans cette ville que des membres de LSR préparaient lors du Congrès une nouvelle lutte contre les attaques dans l’industrie agro-alimentaire de la région, dans des usines telles que celle d’InBev (maintenant Anheuseur-Busch InBev).
Plusieurs camarades étaient absents du Congrès à cause des mobilisations qui se déroulent dans leur région. Ceci comprenait les camarades impliqués dans la construction d’une grève des fonctionnaires dans la ville de Hortolândia (Etat de São Paulo). Dans cette ville, une nouvelle couche de travailleurs entrent en lutte pour la première fois. Ceci est un exemple de ce qui pourrait se passer dans d’autres régions, comme cela s’est déjà vu à Campinas, Limeira et Taubaté.
Les membres de LSR dans Apeoesp (un syndicat des enseignants de l’Etat de São Paulo), dans différentes sections de leur syndicat, sont directement impliqués dans la construction et la direction d’une grève qui commencera à partir du 29 mai.
Les membres de LSR au sein du mouvement étudiant dans plusieurs universités participent à une campagne électorale pour l’élection en juin et juillet de délégués à deux congrès étudiants nationaux différents. Dans ces deux institutions, nous défendons une politique d’opposition au gouvernement et à ses partisans au sein du mouvement étudiant. Nous revendiquons l’unité de tous les secteurs indépendants du gouvernement et dans une lutte contre la politique étudiante néolibérale.
Construire l’unité
Le parcours qui a mené à la formation de LSR fait partie d’un processus de réorganisation plus large de la gauche socialiste après la perte du PT (Parti des Travailleurs, le parti de Lula) en tant que parti de lutte des salariés.
La formation du PSOL a rassemblé la plupart des groupes de gauche qui n’ont pas capitulé et qui ne se sont pas adapté au capitalisme. Toutefois, le tournant du PSOL vers une politique plus modérée, qui menait à la répétition des erreurs du PT dans le passé, a mené à de nouvelles luttes et à de nouveaux débats au sein du PSOL. Pratiquement toutes les tendances et groupes nationaux du parti ont subi des scissions, et on a vu la formation de nouveaux courants, qui ont tiré les leçons de leurs propres expériences.
De ces expériences, ensemble avec un travail commun dans le processus de réorganisation des mouvements social et syndical, a émergé la possibilité d’un accord politique entre SR et le CLS, et le processus qui a mené à l’édification du Bloc de Résistance Socialiste.
Après trois ans de discussions, d’initatives communes et de construction de relations communes et de confiance politique, le Congrès d’Unification de SR et du CLS a résulté dans une synthèse politique et organisationnelle supérieure à celle des deux organisations précédentes. Le LSR a le potentiel de devenir un pôle d’attraction pour de larges couches de militants de gauche au sein des mouvements social et ouvrier et qui sont à la recherche d’une bannière de lutte socialiste, démocratique qui soit cohérente et propre.
L’unification était donc la conclusion d’une importante phase de lutte visant à bâtir une nouvelle gauche socialiste capable de tirer les leçons des erreurs du passé.
Une solide base politique
Les résolutions votées au Congrès donnent une solide base politique pour la constitution d’un nouveau courant uni. Le groupe LSR se présente comme une alternative socialiste et révolutionnaire, basée sur la lutte indépendante des salariés, clairement internationaliste, et qui se voue à l’édification de formations larges, afin de rebâtir les forces de notre classe.
Toutefois, au delà de cela, le processus d’unification a montré l’engagement à construire une nouvelle culture politique qui soit démocratique, franche, honnête, et tolérante en ce qui concerne le débat politique, contrairement aux méthodes bureaucratiques et sectaires qui vivent parmi la gauche brésilienne. Le nouveau courant cherche à combattre les résidus des pratiques staliniennes qui affectent même ceux qui se rangent dans le camp antibureaucratique.
Les status adoptés définissent le caractère de l’organisation, qui est démocratique, basée sur la base des membres actifs, et sur la lutte de classe. Les statuts soulignent l’importance de la construction et du renouvellement de cadres politiques, et d’une atmosphère saine et honnête en ce qui concerne le débat interne.
La décision unanime d’affilier la nouvelle organisation au Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) reflète l’engagement par rapport à la pratique internationaliste et le soutien du CIO à la fois politiquement et en tant qu’outil dans la lutte stratégique pour une Internationale révolutionnaire de masse. Les différentes trajectoires du passé n’empiètent pas sur la construction d’une internationale commune dans le présent et dans le futur, où un accord politique principiel puisse être atteint.
Le nom de la nouvelle organisation a été décidé après avoir discuté de nombreuses possibilités qui liaient entre elles les trois éléments qui exprimaient une idée du socialisme distincte du réformisme et des affreuses pratiques du stalinisme. «Liberté, Socialisme, et Révolution – LSR» a été le nom retenu par la majorité des délégués, et a été accueilli avec enthousiasme par tous les délégués et observateurs présents.
Des plans et des objectifs ont été décidés en vue de la production d’un journal mensuel appelé Offensive socialiste, que l’on espère pouvoir commencer à partir du début de l’année prochaine. Cependant, en plus de cela, on a également établi des plans en faveur d’une offensive ambitieuse dans la communication et d’autres publications, notamment via l’internet, afin d’atteindre des couches larges.
Les objectifs de croissance incluent la construction d’une nouvelle base forte dans le sud, le nord-est et dans la capitale Brasilia, de même que le renforcement de notre travail à São Paulo, Rio de Janiero, et dans le Minas Gerais. Le Congrès a aussi tracé un plan d’études politiques pour ses membres, y compirs une école nationale de cadre en conjonction avec la nouvelle école d’Amérique latine du CIO au début de l’année prochaine.
Les finances de la nouvelle organisation reflètent le caractère de classe et militant de LSR. Contrairement à ce qui est une pratique commune parmi la gauche brésilienne, nos ressources proviennent des contributions des membres et des campagnes menées parmi les travailleurs.
Le nouveau courant participera également dans la lutte politique lors du second Congrès du PSOL, à travers un document commun Placer le socialisme à l’ordre du jour – pour un PSOL capable de remplir les tâches de ce moment historique. Nous allons lutter pour un programme socialiste pour le PSOL, pour un PSOL ancré dans les luttes sociales, pour une démocratie interne et pour une politique basée sur l’indépendance de classe. De la même manière, nous allons nous efforcer de renforcer et de développer le Bloc de Résistance Socialiste, stimulant un débat stratégique quantà l’avenir du Bloc.
Notre intervention à l’intérieur de Conlutas est basée sur la construction d’une nouvelle Centrale unie avec d’autres secteurs, qui devrait prendre place dans la première moitié de 2010. Nous défendons l’idée que cette Centrale ne devrait pas être que pour les syndicats, mais également incorporer toutes les organisations de la lutte de la classe salariée, c’est-à-dire y compris les mouvements sociaux et estudiantins qui ont une orientation vers la classe salariée.
Tandis que les camarades concluaient le Congrès en chantant l’Internationale, il était clair qu’un important pas en avant avait été accompli, non seulemnt pour les trajectoires individuelles des militants, mais également pour la construction d’une alternative socialiste cohérente au Brésil.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO
Liberdade, Socialismo e Revolução – LSR est la nouvelle section brésilienne du CIO.
Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.
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