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Tag: Tax shift
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Le CD&V a échoué à donner au gouvernement l’illusion d’un ‘‘visage social’’
Au Rerum Novarum (événement annuel fêtant l’encyclique du même nom), le président de la CSC Marc Leemans s’en est pris au gouvernement Michel, car il protège les puissants et sabote le dialogue social. Certains militants ont même crié des slogans explicitement orientés contre le CD&V, le partenaire politique traditionnel de la CSC. Le ministre de l’Emploi Kris Peeters s’auto-proclamait jusqu’ici représenter le ‘‘visage social’’ du gouvernement. Mais il était absent de la célébration. Il faut dire que quelques semaines plus tôt à peine, le 20 avril, 10.000 manifestants de la CSC s’étaient réunis à Bruxelles pour protester contre la ‘‘Loi Peeters’’ et les autres nouvelles mesures antisociales du fédéral.Après le premier plan d’action de 2014, un vote serré a eu lieu à la CSC pour décider d’arrêter le mouvement. L’acceptation d’une maigre norme salariale avait été approuvée à condition d’organiser de nouvelles actions. Un espace avait été ouvert à la concertation et beaucoup d’espoirs étaient placés en Kris Peeters. Plus d’un an après, Marc Leemans doit lui-même reconnaître que cela n’a servi à rien. Même quand un accord est trouvé entre les patrons et les syndicats, le gouvernement s’y oppose. Leemans explique : ‘‘Chaque accord des partenaires sociaux a subi le rejet de Michel I. Concernant les fins de carrière. L’accord social. La disponibilité des chômeurs plus âgés. La flexibilité. Et, plus récemment, le grand projet des partenaires sociaux au côté des mutualités concernant l’emploi des malades et des invalides.’’
Le tax-shift (virage fiscal) avait été annoncé comme une mesure destinée à faire contribuer les plus fortunés. Ce fut au final un nouveau cadeau aux patrons, payé par les travailleurs ordinaires. La discussion sur le ‘‘travail faisable’’ a été détournée pour accroitre la flexibilité des travailleurs pour les presser comme des citrons. L’abolition de la semaine de 38 heures est au centre de ce qui est maintenant connu sous le nom de ‘‘Loi Peeters’’.
Peeters est l’un des nombreux visages antisociaux de ce gouvernement. Son comparse de parti Geens fait pareil à la Justice. La politique d’austérité conduit à une colère énorme chez presque tous les acteurs du secteur, des agents pénitentiaires aux magistrats. Est-il étonnant que de plus en plus de syndicalistes de la CSC critiquent le CD&V ? En Flandre Occidentale, l’ACV-Metea (CSC métal et textiles) a appelé le CD&V à ‘‘tirer la prise du gouvernement’’. Cette centrale syndicale a noté que les déclarations des dirigeants du CD&V à l’occasion du Rerum Novarum ont été accueillies avec dérision ‘‘parce que les politiciens au Parlement ne joignent pas les actes à la parole et les capitalistes peuvent partir en toute sécurité’’. L’ACV-Metea fait notamment remarquer que le CD&V participe à une politique qui nous ramène ‘‘à l’époque du prêtre Daens’’ (prêtre catholique flamand, désireux d’aider la classe ouvrière miséreuse des années 1880 à Alost dans leur lutte sociale contre Charles Woeste).
Contre ceux qui veulent nous ramener au temps de Woeste, nous devrons reprendre la tradition de Daens et nous organiser dans la lutte, y compris politiquement.
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Où est passé l'argent? Assez de cadeaux aux patrons et aux riches!
Utilisons les richesses dans l’intérêt de la collectivité !
Étonnement et inquiétude chez l’establishment politique et économique belge en mars : il manque plusieurs milliards d’euros dans le budget fédéral. C’est le bulletin de ce gouvernement ouvertement de droite. Celui qui chantait l’incompétence de ses prédécesseurs et la nécessité de gouverner avec des comptables ‘sérieux’. Celui qui allait appliquer une austérité dure ; faire les réformes ‘nécessaires’. Au final : des milliards envolés. L’opposition refile la patate de l’incompétence au ministre des finances N-VA Johan Van Overtveld. Mais il ne s’agit pas tant d’incompétence, mais d’approche politique. C’est tous leurs choix politiques qu’il faut changer !Par Stéphane Delcros
De quelle profondeur, ce trou budgétaire ? Tous les montants y sont passés, et jusqu’à 4 milliards d’euros d’effort budgétaire à réaliser pour atteindre le fameux équilibre en 2018, en intégrant les dépenses supplémentaires pour les politiques de sécurité et la crise des réfugiés. Le gouvernement fédéral, pour tenter de justifier ses mensonges, nous a encore ressorti le fait que certaines politiques décidées n’ont pas encore donné leurs effets, comme le tax shift. Et, à grand renfort de bidouilleries comptables et de ‘trucs’ budgétaires, il a finalement réussi à réduire la somme à 1,5 milliards d’euros ‘maximum’ (du moins, à l’heure d’écrire ces lignes). Mais ce sont clairement des manœuvres, qui ont pour but de tenter de cacher la réalité : la politique d’austérité et de cadeaux aux patrons ne permet pas de remettre l’économie sur les rails de la croissance, au contraire. Une étude récente de l’Université de Gand montrait d’ailleurs qu’à politique inchangée, la croissance moyenne par habitant resterait sous les 1% jusqu’après 2070… C’est la politique d’austérité qui mine l’économie !
Le 5 mars dernier, dans le journal De Tijd : ‘‘Peu à peu, il devient clair que le gouvernement a effectivement dépensé l’argent par milliards en réductions d’impôts pour les entreprises et les travailleurs, argent qu’ils n’ont pas. Avec un déficit de plus de 10 milliards d’euros et une dette de 107 pourcents du produit intérieur brut, il n’y a vraiment pas de place pour dépenser de l’argent supplémentaire. C’est seulement lorsque le budget est sous contrôle que le pays peut se permettre une telle chose. Le gouvernement attend les réductions d’impôts pour stimuler la croissance économique et donc apporter plus de recettes fiscales dans les coffres mais, en ce moment, on n’en remarque rien.’’ Un bel effort d’analyse. Mais si des cadeaux ont bien été massivement donnés aux entreprises, la grande majorité de la population n’a rien reçu, que du contraire : saut d’index, hausse de la TVA, attaques sur les malades de longue durée… Cette politique antisociale ne va d’ailleurs que continuer si nous ne redémarrons pas la riposte massive et organisée.
Les discussions sont en cours au sein du gouvernement concernant la réponse à apporter au(x) milliard(s) à aller chercher. Trouver de nouvelles recettes ? De nouvelles économies de dépenses ? Toucher à la sécurité sociale ? L’establishment politique veut encore essayer de s’en sortir avec une nouvelle régularisation fiscale, la réduction des dépenses publiques par la ‘modernisation’ de l’appareil d’Etat, l’extension des flexijobs… Les tensions et conflits ouverts dans le gouvernement s’accélèrent et continueront, surtout entre le CD&V et la NVA. S’il est clair qu’aucun des partis de la coalition n’en sortira complètement indemne, rappelons-nous qu’ils sont tous d’accord sur le fait que la facture sera à nouveau présentée aux travailleurs et à leurs familles.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’un budget centré sur les intérêts de la majorité de la population, en rassemblant les richesses disponibles et croissantes et en les utilisant efficacement : pour assurer l’infrastructure nécessaire ; pour garantir le meilleur fonctionnement de tous les services à la collectivité ; pour fournir à chacun un accès à un emploi décent avec un salaire permettant réellement de vivre, à un logement à prix abordables et à un enseignement de qualité, gratuit et accessible à tous ; pour assurer que les nouvelles technologies soient mises au service de la défense de notre environnement, de l’amélioration de notre qualité de vie et de l’élargissement de nos temps libres, plutôt que de grossir les rangs du chômage ou des personnes dépendantes du CPAS.
Organisons-nous pour mettre un terme à ce gouvernement des riches et à toute la politique d’austérité ! Construisons ensemble une autre société, dans l’intérêt de la collectivité !
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Contre Michel I : Lutter pour gagner! Avec une réelle alternative et des mots d’ordre clairs!
Tout comme de nombreux militants, le PSL ne ménage pas ses efforts pour faire un succès de la mobilisation du 7 octobre. Il le faut. Après tout, le gouvernement des riches ne cesse de bidouiller notre sécurité sociale, nos salaires et nos conditions de travail. Nous ne sentons pas que nous allons répéter les 150.000 manifestants du 6 novembre 2014. Nous sommes plus susceptibles d’être de 50 à 80.000. Cela reste encore beaucoup plus que tout autre mouvement social. Mais il est temps de réfléchir. De cette manière-là, on ne parviendra pas à arrêter tous ces gouvernements de droite, au fédéral et ailleurs.Par Eric Byl
Tout ce que ce gouvernement touche se transforme en attaque contre la classe des travailleurs. Le virage fiscal (Tax Shift) initialement destiné à également faire contribuer les grandes fortunes est devenu un gigantesque transfert de moyens des poches des travailleurs vers les caisses des entreprises via les accises et l’augmentation de la TVA. Cela a conduit à un record… d’acquisitions d’entreprises. Si une poignée de compagnies d’assurance juge trop élevés les taux ‘‘garantis par la loi’’ des pensions complémentaires (le deuxième pilier), financées par les patrons, le gouvernement permet de les abaisser. Mais si des milliers travailleurs dénoncent l’exploitation, les autorités estiment leur attitude ‘‘conservatrice’’. Celui qui fuit l’exploitation dans son pays elles le qualifient de ‘‘profiteur’’. Celui qui s’enfuit lorsque cette situation tourne à la guerre, elles l’accusent de faire un voyage de plaisance en mer, puisqu’en Turquie, il n’y a quand même pas de guerre, prétend la N-VA. Pendant ce temps, celui qui a commencé à enseigner il y a 20 ans devra travailler de cinq à douze ans de plus que ses collègues qui partaient en pension à l’époque. La principale garantie sur le statut du personnel des cheminots, HR-Rail, ne va pas être supprimée en 2019 comme on l’avait craint, mais peut-être déjà en mars 2016.
Ce sont là suffisamment de raisons pour descendre dans la rue. Entre autres parce l’effet de beaucoup de mesures ne va se faire sentir que maintenant. Mais cette fois-ci il n’y aura pas de mesures symboliques comme l’augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans ou le saut d’index. La direction de la CSC peut bien prétendre qu’elle reste opposée à ces mesures, en réalité, elle a accepté la situation depuis longtemps. Dans la bouche du sommet de la CSC, ‘‘négocier d’abord, mener des actions ensuite’’, semble essentiellement signifier ‘‘aucune action’’. En mobilisant puis en en y allant seule, la direction de la FGTB pourrait mettre la CSC sous pression, mais cela n’arrive pas. Se pourrait-il qu’elle ne soit que trop heureuse de se cacher derrière l’attitude de la direction de la CSC pour ne pas sortir de son coin ?
De nombreux collègues, tant de la FGTB que de la CSC, n’ont pas pardonné aux dirigeants syndicaux le fait que les sacrifices effectués durant le Plan d’action de 2014 ont été dilapidés dans des négociations interminables qui n’ont pour ainsi dire rien donné. Un nouveau plan d’action? OK, mais pas pour récupérer des miettes. A quoi peuvent bien servir les assemblées du personnel d’information avant l’action si nous dépendons des médias dominants pour les résultats ? Que les dirigeants syndicaux travaillent sur la communication externe, pourquoi pas? Mais pourraient-ils une fois également se concentrer sur la ‘‘communication interne’’ ou la ‘‘démocratie interne’’ comme nous l’appelons? Il n’y a pas de syndicaliste qui ne comprenne pas l’importance des porte-paroles, mais par porte-parole, nous entendons aussi ‘‘représentant’’, non seulement pour les médias, mais aussi et surtout pour la base, aux assemblées du personnel et aux réunions de militants.Au cours du précédent plan d’action, nous avions déjà averti que le mouvement des travailleurs ne s’utilise pas comme un interrupteur. Il faudra du temps pour reconstruire la confiance et l’enthousiasme de l’automne 2014. Nous devrions être particulièrement clairs sur le fait que nous nous rendons au combat pour gagner. La meilleure manière de le faire est de sortir avec une réelle alternative politique et des mots d’ordre clairs. Nous espérons nous tromper, mais on ne voit pas les dirigeants syndicaux organiser une lutte généralisée pour cet automne. Les militants ne doivent pas se laisser démoraliser. Au niveau sectoriel et au niveau des entreprises, des conflits durs nous attendent. Nous devons utiliser les élections sociales du printemps 2016 pour élire des syndicalistes combattifs. Ce gouvernement ne va pas s’arrêter là. A chaque victoire qu’il engrange il devient encore plus affamé de régression sociale. Les dirigeants syndicaux ont un peu dur à le comprendre, mais ils finiront par se rendre compte que ce gouvernement ne peut pas être arrêté par des arguments mais uniquement par l’action concrète.
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[INTERVIEW] Le Tax Shift ne laisse pas subsister d’espoir au CD&V
La CSC doit être prête au combat!A la place d’un transfert de fiscalité du travail vers le capital, le Tax Shift a représenté une nouvelle attaque antisociale. Nous en avons parlé avec une secrétaire de la LBC (centrale flamande des employés de la CSC), Tina De Greef.
Interview réalisée par Anja Deschoemacker et publiée dans l’édition de septembre de Lutte Socialiste.
La décision prise par le gouvernement autour du Tax Shift illustre qu’il ne faut rien attendre du CD&V. Qu’en pense-t-on à la CSC?
Tina: “Différentes figures de la CSC se sont exprimées négativement sur le Tax Shift. La CNE (centrale francophone des employés de la CSC) a calculé que la sécurité sociale et l’Etat contribuent trois fois plus que le capital! Même Luc Cortebeeck, l’ancien président de la CSC, a déclaré que le CD&V ne fait pas assez la différence. L’ancien président de la LBC Ferre Wyckmans a déclaré ‘‘nous sommes encore plus trompés qu’avant’’, en ajoutant que si la manifestation du 7 octobre ne donne rien, il faudra considérer des actions plus dures.
‘‘Maintenant tout l’accent doit être mis sur la mobilisation du 7 octobre. Mais il faut tirer les leçons des actions précédentes contre ce gouvernement. Une manifestation ne va pas suffire si même le mouvement massif de l’an dernier n’a livré qu’une promesse vide. Et nous ne pouvons compter que sur notre propre force, la force du mouvement ouvrier organisé contre le gouvernement et le patronat.’’
Cet été, nous avons été témoin des tensions entre Marie-Hélène Ska (CSC) et Marc Goblet (FGTB). Ce dernier a notamment dit : ‘‘Ils (le sommet de la CSC) continuent à croire que le CD&V et Kris Peeters peuvent peser’’.
Tina: “Le plan d’action de l’année passée s’est notamment terminé sur la promesse d’un Tax Shift favorable aux travailleurs. Cette attitude s’est heurtée à une opposition historiquement grande dans les rangs de la CSC, ce qui a fait que l’accord salarial a finalement été approuvé avec une majorité extrêmement faible, mais sans qu’il ne dise qu’il fallait stopper la lutte contre le saut d’index et la politique d’austérité.
‘‘En réalité, le scepticisme était grand dans les rangs de la CSC quant au rôle progressiste possible du CD&V. Au Congrès de la CSC, le parti n’a pas été mentionné dans la liste des partis pro-austérité durant le speech de clôture. Pour beaucoup de participants, c’était ridicule. A ce même congrès, la direction nationale a essayé de marginaliser la méthode de la grève, une tentative bloquée par le congrès. C’est la preuve qu’à la base la confiance que l’on peut obtenir des choses par la concertation sociale diminue.
‘‘Qu’importe l’opinion de la direction, on ne peut nier que ce gouvernement continue ses attaques contre les travailleurs et les syndicats et que le CD&V est incapable de changer le caractère de ce gouvernement. Ne rien faire ne sera pas une option pour la CSC. Un nouveau plan d’action doit être élaboré et nous ne pouvons pas cette fois-ci nous laisser freiner par une chimère.’’
Pourtant, la CSC et Beweging.net continuent soutenir de les liens avec le CD&V.
Tina: “C’est vrai. Mais la CNE/LBC a déjà depuis longtemps fait le pas de ne pas considérer le CD&V en tant que partenaire privilégié. Des similarités existent entre cette discussion dans la CSC sur le CD&V et celle dans la FGTB sur le PS. Dans le cadre du syndicalisme de concertation qui s’est développé après la Deuxième Guerre mondiale – quand le capital était bien obligé de faire des concessions au mouvement ouvrier – cela arrangeait les grands syndicats d’avoir un partenaire au gouvernement. Mais ces 30 dernières années, les concessions ne sont venues que d’un seul côté, celui des travailleurs. Au lieu de se porter garants de la défense des intérêts des travailleurs, ces partis n’ont rien fait d’autre que d’offrir un peu d’accompagnement social à la dégradation des acquis sociaux.
‘‘La base le comprend très bien, surtout après la mobilisation brillante de l’an dernier et le constat actuel suivant: nous avons été trompés et nous en payons le prix par de nouvelles mesures antisociales. Nous devons aussi constater que le CD&V est bien moins compétent dans le rôle de ‘‘l’opposition sociale au gouvernement’’ que le PS.
‘‘Si la direction des grands syndicats entretient des liens avec des partis comme le CD&V et le PS, ce n’est pas grâce à un quelconque soutien à la base mais par manque d’alternative. Dans d’autres pays, quand des alternatives de gauche crédibles se sont développées, le lien entre la base syndicale et de tels anciens partis n’a plus tenu qu’à un fil.
‘‘Le PS et, dans une moindre mesure, le CD&V ont pu maintenir leur soutien électoral chez les travailleurs grâce à l’idée du “moindre mal”. Si nous voulons plus, il nous faut avant tout compter sur notre propre force, celle de la mobilisation de la classe des travailleurs. Ensuite, il nous faut un nouvel instrument politique, un large parti de lutte acharné à défendre les intérêts de la classe des travailleurs. Cette discussion doit être saisie par tous les militants de gauche dans tous les syndicats. Le mouvement qui arrive peut offrir l’opportunité de poser des pas concrets en cette voie.’’
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TAX SHIFT : Une nouvelle attaque contre nos conditions de vie
L’objectif estival du gouvernement Michel était annoncé : le Tax Shift, une réforme du régime fiscal belge. L’idée initiale était d’alléger la fiscalité reposant sur les travailleurs et d’augmenter les prélèvements jusque-là anecdotiques sur les fortunés. Avec un tel gouvernement, un glissement fiscal ne pouvait être qu’un transfert de richesses des travailleurs vers le patronat et les nantis ainsi qu’un démantèlement des mécanismes de solidarité sous-jacents à la sécurité sociale.
Par Baptiste (Nivelles), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste
7 milliards € : c’est le montant du volet d’austérité qu’a présenté le gouvernement le 23 juillet. Ce montant comprend des ajustements budgétaires sur 2015 ainsi qu’une réforme fiscale instaurée progressivement d’ici 2018 pour un montant total de 3,7 milliards €. Au menu : augmentation de la TVA sur l’électricité, relèvement des accises sur le tabac, l’alcool, les sodas et l’essence, coupes dans les services publics (sous couvert de ‘‘meilleure gestion’’)… A quoi servira cet argent ? A une hypothétique refonte des quantités exemptées d’impôts pour les plus bas salaires et, surtout, à une baisse des cotisations sociales des employeurs, de 33% à 25%.
Les gouvernements Di Rupo et Michel jouent avec la TVA
Une mesure phare du ‘‘Tax Shift’’ consiste à relever la TVA sur l’électricité de 6% à 21%. Au total, cette ponction profondément asociale est estimée à 700 millions €. Pour un ménage moyen, cette seule mesure représenterait une perte de pouvoir d’achat de 133€ sur l’année.
Le gouvernement Di Rupo avait fait baisser la TVA à 6% sur l’électricité dans le seul but de repousser le franchissement de l’indice pivot et l’indexation des salaires. Maintenant que la TVA a été remontée, le gouvernement Michel envisage cyniquement la neutralisation de l’indice pour éviter une indexation des salaires. Un deuxième saut d’index, en d’autres termes. Pour les travailleurs, les pensionnés et les allocataires, c’est ce qui s’appelle perdre sur tous les tableaux.
Cotisations sociales : le gouvernement signe un chèque en blanc pour le patronat.
L’entrée en vigueur de la réduction des cotisations sociales de 33% à 25% va nous coûter 1,3 milliard €. Le gouvernement justifie cette mesure en prétextant qu’elle va permettre une création d’emplois… Comme avec les intérêts notionnels ?! Plus personne ne croit encore à cette fable. 1,3 milliard € de salaire indirect disparaissent, c’est 1,3 milliard € de financement en moins pour nos services publics au profit du patronat.
Le gouvernement Michel prétend également que sa réforme fiscale permettra aux salaires nets les plus bas de croître. Cette hypothétique hausse des revenus est insuffisante pour combler l’augmentation des différentes taxes à la consommation. Et à quoi bon avoir du net en plus quand tous les services coûtent plus chers, faute d’un financement public suffisant ? C’est nous reprendre d’une pleine main tout et plus que ce qu’on nous a donné avec les bouts des doigts de l’autre.
Mais où sont passées les taxations des fortunés ?
Le CD&V se défend avoir obtenu un volet social, avec une taxe sur la spéculation par exemple, au montant ‘‘symbolique’’ de 25 millions €. Cela ne compensera en rien le manque à gagner de la baisse des charges patronales. Cette pseudo taxe sur la spéculation est, au mieux, un cache-sexe pour tenter de sauvegarder la caution soi-disant sociale du CD&V.
Plutôt que de récupérer les richesses qui disparaissent dans les poches des 1% les plus riches, le gouvernement envisage d’organiser d’ici 2017 une opération de régularisation de capitaux issus de la fraude (DLU). Alors que le SwissLeaks a révélé qu’une partie seulement de la fraude fiscale en Belgique s’élève à plus de 6 milliards €, cette régularisation ne permettrait de récupérer que 250 millions €. Avec cette 4e DLU en 15 ans, le travail des inspecteurs fiscaux est sans cesse plus consacré à la régularisation des anecdotiques fraudeurs repentis plutôt qu’à enquêter sur les grandes fraudes. Plus qu’un aveu de faiblesse dans la lutte contre la fraude fiscale, c’est un choix conscient.
Reprenons la lutte contre ce gouvernement de droite
Une fois aux mains de Michel et sa bande, une idée initialement progressiste (renforcer la charge fiscale portant sur les plus riches) a finalement été transformée en une nouvelle attaque contre nos acquis. Et à peine la réforme fiscale annoncée, l’Open VLD a déclaré vouloir s’attaquer à présent à l’évolution des salaires par ancienneté. Il ne faut s’attendre à aucune accalmie : ils veulent briser toutes nos conquêtes sociales !
La rentrée n’a pas encore commencé que nous avons déjà toutes les raisons de repartir au combat contre ce gouvernement. La manifestation nationale du 7 octobre est une bonne occasion pour relancer un plan d’action afin de défaire ce gouvernement antisocial et mettre fin aux politiques néolibérales et leur cortège d’austérité.
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Un virage fiscal qui nous envoie droit dans le mur…
La revendication d’un ‘‘tax Shift’’ visant à faire passer une partie de l’imposition du travail vers le capital est initialement issue du mouvement syndical, en réponse au large écho de l’appel à faire quand même un peu payer les plus nantis. Les inégalités sont croissantes, une situation rejetée au point que jusqu’à 85% de la population belge se déclare favorable à un impôt sur les fortunes. Le gouvernement et les patrons ont cependant récupéré cette idée d’un transfert d’impôts pour la transformer en une caricature au seul avantage des plus riches.
Par Geert Cool, article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste
Au moment d’envoyer ce journal à l’imprimeur, le gouvernement ne disposait pas encore d’un accord sur le sujet. Les grandes lignes étaient toutefois déjà connues. L’exemple néerlandais était présenté dans un grand enthousiasme ; une augmentation de la TVA permettant une réduction d’impôts à hauteur de 4 à 5 milliards d’euros. Concrètement, tous les Néerlandais ont eu à payer plus chers les biens qu’ils achètent tandis que le gouvernement néerlandais s’est attaqué aux budgets des municipalités, qui ont dû décider elles-mêmes si elles aller économiser ou trouver de nouvelles sources de revenus.
Le gouvernement Michel veut réduire les ‘‘cotisations patronales’’. Derrière ce terme, c’est d’une partie de notre salaire indirect, la partie qui est socialisée et reversée à la collectivité, dont il est question. En mission au Japon, le Ministre fédéral de l’Emploi Kris Peeters (CD&V) a affirmé que le gouvernement réduirait ‘‘considérablement’’ le coût salarial pour les entreprises, en déplaçant la fiscalité sur le travail vers d’autres sources de recettes. Ceux à qui va profiter ce virage fiscal sont donc connus : les patrons, qui recevront ainsi le cadeau de plusieurs milliards d’euros. Kris Peeters y a aussi ouvertement vanté les cadeaux fiscaux pour les entreprises : ‘‘si vous cherchez des certitudes sur le traitement fiscal de votre activité économique (…) voyez nos pratiques de ruling. Elles vous permettent de régler avec l’administration fiscale votre décompte fiscal final.’’
Comme à chaque fois, les largesses dont bénéficie le monde des affaires seront financées en allant piller dans nos poches, à l’instar des Pays-Bas, avec une augmentation de la taxe la plus antisociale qui soit (puisqu’elle n’a pas de caractère progressif en fonction du revenu) : la TVA. Notre sécurité sociale est également dans le collimateur du gouvernement. Pour ce dernier, c’est aux travailleurs d’assurer la ‘‘compétitivité’’ (lire: profits) des entreprises.
Au cours de ces dernières années, les inégalités ont explosé, en Belgique comme ailleurs. Sept personnes disposent dans notre pays d’une fortune (immobilier compris) de plus d’un demi-milliard de dollars. Plus de 20.000 personnes (0,2% de la population) disposent chacune de plus de 5 millions de dollars (4,4 millions d’euros). Ce sont ces gens qui possèdent des entreprises comme ABInBev ou Albert Frère. Le virage fiscal sera tout à leur avantage. Notre économie serait parait-il renforcée dès lors qu’ils deviennent encore plus riches.
Il est toutefois généralement admis que l’inégalité croissante est problématique tant politiquement qu’économiquement. Même les services du FMI ont dû reconnaitre dans une note (qui ne constitue pas une position officielle du FMI) que la bonne vieille théorie néolibérale du ‘‘ruissellement’’ selon laquelle la richesse s’écoule du sommet à la base de la société est une ineptie totale. L’inégalité croissante conduit à la crise. Ce rapport va jusqu’à conclure que le progrès technologique est aujourd’hui entravé car sa gestion actuelle conduit à une plus grande inégalité. Les chercheurs du FMI défendent donc l’instauration d’une fiscalité plus équitable. Reste que le FMI continue de maintenir son couteau sous la gorge de la Grèce pour forcer l’application d’une politique rejetée par son propre personnel.
Le capitalisme est un système très flexible quand il s’agit de la défense des intérêts de l’élite. L’imprécision de cette revendication syndicale d’un virage fiscal a permis que l’exigence soit vidée de son contenu progressiste pour en faire une nouvelle opération d’austérité. Pour stopper ce gouvernement des riches, nous devons construire un rapport de force avec l’objectif de voir instaurée une nouvelle société, une société socialiste axée sur les besoins et les souhaits de la majorité de la population.
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Tax shift : ne nous laissons pas à nouveau tondre la laine sur le dos !
Selon les mots des ministres de l’Emploi Kris Peeters (CD&V) et des Finances Jan Van Overtveldt (N-VA), la période estivale, débarrassée de contrôles et d’ajustements budgétaires, correspond au moment idéal pour conclure un ‘‘Tax Shift’’. Cette grande réforme fiscale, dont l’importance devrait atteindre 5 à 10 milliards d’euros, prétend avoir pour objectif de ‘‘rééquilibrer’’ le poids de la fiscalité que chacun doit supporter afin de stimuler l’emploi et le pouvoir d’achat. Qu’en est-il réellement ?Par Baptiste (Nivelles)
Lors du plan d’action contre le gouvernement fin 2014, une énorme colère s’était exprimée contre les politiques d’austérité brutales du gouvernement Michel. Ces dernières visent à toujours faire payer à la majorité de la population pour mieux assurer les profits du 1% le plus riche. Michel & Co avaient alors agité le Tax Shift pour prétendre qu’il existait également un contenu social dans le projet du gouvernement et que l’effort serait équitablement réparti entre les différentes classes sociales.
Pourtant ce gouvernement est bien incapable de s’en cacher : c’est celui rêvé par les riches. Les attaques contre nos conquêtes sociales ont été lancées tous azimuts dès sa formation. Au vu des déclarations provocantes des différents ministres dans la presse, que ce soit sur l’emploi, les services publics ou encore l’immigration, ce gouvernement de droite ne s’arrêtera pas tant que la route ne lui sera pas barrée. Si cela ne tient qu’à eux, aucun doute ne persiste que la réforme fiscale annoncée ira dans le sens de servir les riches au détriment des autres.
D’ailleurs, tout le camp patronal est en train de se positionner sur le sujet depuis plusieurs semaines. Les fédérations patronales Agoria et FEB veulent que la réforme serve à améliorer la sacro-sainte compétitivité des entreprises en ‘‘allégeant les charges sociales’’. Ce ‘‘cout du travail’’, comme il est souvent présenté, n’est autre que notre salaire indirect, le ciment, la condition sine qua none à l’existence de notre sécurité sociale. Réduire en substance ces cotisations reviendrait à poursuivre encore un peu plus le démantèlement d’une de nos conquêtes! Sur ce terrain, les fédérations patronales ont à nouveau reçu l’aide idéologique de leurs institutions; Commission européenne en tête, elles ne cessent de rappeler à quel point ces charges salariales représentent un cout trop élevé, au point d’être un handicap pour l’économie. Quel cynisme alors que le fossé entre les plus pauvres et les plus riches ne cesse de se creuser !
Ne soyons pas dupes, nous n’avons aucune confiance à avoir en ce gouvernement, y compris en ses composantes soi-disant plus sociales comme cherche à se profiler le CD&V. N’importe quelle mesure présentée comme favorable aux travailleurs – telle que diminuer les impôts sur les salaires – est systématiquement détournée en une attaque antisociale. Le gouvernement l’a une fois de plus démontré, par l’entremise du thatchérien Van Overtveldt. Débarrassé de la pression du plan d’action syndicale, il a alors déclaré exclure toute augmentation de taxes sur les revenus du capital pour compenser une diminution de la fiscalité sur le travail. À partir de là, l’enjeu de la réforme fiscale ne peut constituer qu’à reprendre d’un côté aux travailleurs ce qui leur aura été rendu d’un autre, le tout en donnant un coup de canif aux mécanismes de solidarité d’une sécurité sociale pourtant déjà insuffisante.
Augmentation de la TVA, taxes ‘‘écologiques’’ (augmentation des accises sur le diesel, taxe kilométrique pour les voitures,…) : les formes de taxation socialement les plus injustes sont envisagées pour mieux préserver les grandes fortunes, les plus-values boursières, l’évasion fiscale et les cadeaux fiscaux dont jouissent le grand patronat et les nantis. Au mieux, une taxation symbolique sera imposée à certains revenus du capital pour vendre une réforme soi-disant équilibrée, alors qu’en réalité s’agira qu’un nouveau transfert de richesses des poches des travailleurs vers celles des capitalistes.
La raison d’être de ce gouvernement constitue à casser tout ce qui peut l’être parmi les conquêtes du mouvement des travailleurs. Tant que ce gouvernement tiendra debout, de nouveaux objectifs asociaux seront énoncés. Pour que cela cesse, une seule solution : nous devons repartir à l’offensive avec un plan d’action bien élaboré et construit comme fin 2014 avec pour objectif d’anéantir ces plans néolibéraux. Se contenter d’une accalmie de ce gouvernement est illusoire. En dernière instance, nous devons nous battre pour faire chuter ce gouvernement et lutter pour une alternative politique au délabrement capitaliste et à sa brochette de politiciens !