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  • Émeutes dans la banlieue ouvrière de Stockholm : Le néolibéralisme et la violence policière ont créé une bombe à retardement sociale

    Husby, une banlieue ouvrière de Stockholm, a connu ces derniers jours des troubles généralisés qui ont attiré l’attention du monde entier. Certaines soirées et nuits, un grand nombre de voitures ont été brulées, des actes de vandalismes et des jets de pierres ont été perpétrés, impulsés par une intervention brutale des forces de police équipées contre les émeutes.

    Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)

    Le mercredi 22 mai, Rättvisepartiet Socialisterna (la section sœur du PSL en Suède) a lancé un mouvement de protestation, à travers un réseau local, avec 500 personnes rassemblées sur la place d’Husby. Ce rassemblement a expliqué les origines de ces émeutes – les politiques de droite attaquent les conditions de vie et les services publics dans la région – en critiquant la police et en précisant que le vandalisme n’était pas la bonne voie à adopter.

    Répandu sur Stockholm

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    Lors de la manifestation de Husby le mercredi, Arne Johansson, rédacteur en chef d’Offensiv (l’hebdomadaire de Rättvisepartiet Socialisterna) et habitant de Husby, était le pricnipal orateur.

    Enzo Costa, Rättvisepartiet Socialisterna, orateur lors de la manifestation de Husby

    Banderole de Rättvisepartiet Socialisterna : "Stop à la violence policière – pour une enquête indépendante"

    “Ces événements sont une alarme politique. Ce dont Hammarkullen et d’autres quartiers ont besoin, c’est de bons emplois pour tous, d’un enseignement de qualité et gratuit et de logements abordables”, a déclaré Kristofer Lundberg, Rättvisepartiet Socialisterna – Gothenburg, lors de la manifestation qui y a pris place.

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    Les émeutes ont débuté dans la nuit du 20 mai. Depuis lors, les voitures incendiées, les actes de vandalisme dans les centres commerciaux et les attaques contre les postes de police se sont propagés dans d’autres banlieues de Stockholm. Ces zones, construites dans les années ‘70 et abritant majoritairement des travailleurs précaires dont une forte proportion d’immigrés, sont depuis longtemps attaquées par les politiques néolibérales et cela dans tous les domaines – chômage, coupes sur les allocations de chômage, pénuries de logement, privatisation des écoles et coupes budgétaires constantes dans les services publics locaux.

    A Husby, le centre de santé public a été fermé et remplacé par un centre privé plus petit. Les écoles et les centres de jeunes, entre autres, ont été fermés. Les jeunes ont été particulièrement touchés par ces mesures. 570 jeunes âgés de 20 à 25 ans (38% !) n’ont ni emploi ni études à Husby.

    Le fossé de la pauvreté s’élargit

    Un rapport récent de l’OCDE a montré que la Suède avait le plus rapide taux de croissance du fossé qui existe entre les riches et les pauvres. Elle est passée de la première place sur l’échelle de ‘‘l’égalité’’ à la 14ème place (sur les 34 pays que compte l’OCDE). Les résultats des écoles suédoises ont également chuté, passant des meilleures moyennes vers des résultats moyens ou inférieures à la moyenne.

    Ce qui a déclenché les évènements dramatiques de cette semaine est sans aucun doute l’intervention policière et le tir mortel sur un homme de 69 ans qui semblait être à l’origine d’une certaine agitation dans sa propre maison lundi dernier.

    Cette situation a soulevé de vives critiques et la colère chez beaucoup d’habitants, notamment chez les jeunes qui expérimentent souvent la brutalité et le harcèlement policiers. ‘‘Une chose comme celle-là n’arriverait jamais dans les quartiers riches’’ est un sentiment très répandu à Husby.

    Une organisation locale jeune, les Megafonen, ont organisé une petite manifestation revendiquant une enquête indépendante concernant le tir de la police ainsi que des excuses publiques pour les proches de la victime et les résidents locaux. Rättvisepartiet Socialisterna a pris part à cette manifestation et a appuyé ces revendications en y ajoutant l’exigence du contrôle démocratique sur la police.

    Lorsque les violences ont éclaté dimanche soir, la police est intervenue brutalement en proférant des insultes racistes contre les jeunes et les habitants. Des témoins crédibles affirment que la violence ne s’est intensifiée qu’après le moment ou un chien policier ait attaqué une mère venue pour éloigner son fils de 14 ans des lieux. Les habitants adultes ont également été sujets à des coups de matraques et des coups de poing dans le visage de la part des policiers. Ils ont également été victimes d’un flot d’insultes et à des termes tels que ‘‘singes’’, ‘‘imbéciles’’, ‘‘blackies’’,…

    Accuser les immigrés

    Les médias traditionnels et les politiciens ont rapidement condamné les émeutes. Le premier ministre, Fredrik Reinfeldt a souligné que les habitants de Husby devaient apprendre les règles ‘‘suédoises’’, ce qui sous-entend que ce sont les immigrés qui sont à l’origine des violences. Le chef du sous-conseil local, un conservateur, a déclaré que les habitants de Husby ne devaient être que reconnaissants et a qualifié ses jeunes de ‘‘voyous’’.

    Les médias en général n’ont aucun lien avec ces zones et ne peuvent comprendre ce qui s’y déroule. Bien sur, la population d’Husby est aussi apeurée, en colère et frustrée concernant les incendies de voitures. Tout en expliquant les origines politiques des émeutes, les militants marxistes doivent prendre positions.

    Lundi, dans la première déclaration de Rättvisepartiet Socialisterna sur ces évènements, nous écrivions : ‘‘Bien que beaucoup peuvent considérer le vandalisme comme une forme de protestation, c’est malheureusement complètement erronée, destructeur et diviseur pour la population locale. Beaucoup de ceux qui ont vu leur pizzeria vandalisée, leur voiture brulée et les 50 personnes qui ont été contraintes d’évacuer un garage en feu sont maintenant susceptibles de revendiquer simplement plus de police.’’

    Nous avons également expliqué qu’il est faux d’espérer que les simples protestations spontanées pourront transmettre un message qui pourrait inciter les dirigeants à faire des concessions.

    Les luttes de Husby

    Lors de la manifestation à Husby mercredi, Arne Johansson, rédacteur en chef de Offensiv (l’hebdomadaire de Rättvisepartiet Socialisterna) et habitant d’Husby, était le principal orateur. Il a condamné la brutalité policière et a ajouté ‘‘La solution n’est pas de brûler les voitures des autres. Ce qui est nécessaire, c’est une lutte unifiée contre le gouvernement et le conseil communal. Nous avons toujours eu un esprit de solidarité à Husby, un sentiment de fierté vis à vis de notre quartier. Nous sommes habitués à lutter ensemble pour ce que nous voulons.’’

    Dans les faits, jusqu’à ces derniers jours, Husby a été relativement épargné par les incendies de voitures et le vandalisme. Une des raisons qui permet de comprendre cette situation est qu’il y a eu beaucoup de luttes locales à Husby.

    Les habitants d’Husby ont une longue tradition de luttes pour leurs intérêts, dans lesquelles Rättvisepartiet Socialisterna a joué un rôle prépondérant. Un plan du conseil communal pour la démolition de maisons, leur restauration luxueuse et une hausse de 70% de leurs loyers a été repoussé par la lutte en 2007-2008. La même localité (Järvas Framtid) s’est également battu et est sorti victorieux d’une lutte contre la privatisation de la piscine publique et contre un plan local de changement routier qui aurait été dangereux pour les piétons. D’autres luttes, comme celle contre la fermeture du centre de santé, ont été perdues, mais ont donné à la population impliquée une expérience certaine de l’activisme et du combat collectif.

    Lors de la manifestation de rue, la population locale a été encouragée à parler et tout le monde fut invité à d’autres meetings et manifestations de campagne.

    Rättvisepartiet Socialisterna soutient les revendications mises en avant par le réseau local de la campagne :

    • Une enquête indépendante et des excuses de la police – avec la fin de la brutalité policière et l’utilisation de méthodes militaire !
    • Une action immédiate pour des emplois et des formations pour tous les jeunes – Un emploi pour tous !
    • Une réhabilitation des services publics et la rénovation des logements sociaux sous nos conditions – la fin des privatisations et des coupes budgétaires !

    Rättvisepartiet Socialisterna milite pour unir les luttes entre elles et pour la création d’un nouveau parti des travailleurs combatif qui soit le prolongement des luttes de la classe des travailleurs, armé d’un programme socialiste en réponse aux politiques de droite actuelles.

  • Kazakhstan : En défense des travailleurs du pétrole

    La bureaucratie syndicale et les groupes de ‘gauche’ attaquent la solidarité du CIO avec les grévistes

    Avec une brutalité incroyable, le régime de Nazarbayev, au Kazakhstan, a tenté de briser l’esprit de combativité des travailleurs du pétrole à Zhanaozen et Aktau, en utilisant la troupe, la police, des tirs à balles réelles, des arrestations de masse, l’imposition d’un couvre-feu et jusqu’à la torture. Le régime admet lui-même que 16 personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées en décembre. En réalité, des dizaines de personnes ont été tuées, des centaines d’autres blessées, et beaucoup sont encore ceux qui sont toujours en garde à vue ou qui sont forcés de se cacher pour éviter la persécution de l’État.

    Rob Jones, CIO-Moscou

    La manifestation des travailleurs du pétrole du 16 décembre dernier à Zhanaozen était une action tout à fait non-violente. Les diverses vidéos, y compris celles de la police, montre les travailleurs du pétrole et leurs partisans sur une place centrale, sans la moindre arme, sans même agiter de bâtons. Elles montrent d’ailleurs au contraire que lorsque l’atmosphère a commencé à s’échauffer et que des insultes ont été lancées en direction de la police, des travailleurs plus expérimentés sont directement intervenus pour calmer la situation.

    Au cours de leur longue grève de 7 mois, ces grévistes avaient déjà pu démontrer en de nombreuses reprises quels étaient leur sang-froid et leur retenue. Les représentants qu’ils avaient élus ont été arrêtés et confrontés à une violence des plus brutales. Leur avocate, Natalia Sokolova, a été condamnée à 6 ans de prison. Des travailleurs ont vu leurs logements brûlés tandis qu’un gréviste et la fille d’un autre gréviste ont été lâchement assassinés. Des milliers de travailleurs du pétrole ont été licenciés. Mais malgré toutes ces provocations, ces héroïques travailleurs ont fait tout leur possible pour maintenir les protestations disciplinées et pacifiques.

    Mais leur patron, avec le soutien plein et entier du régime, a toujours refusé de commencer de véritables négociations avec les grévistes. À plusieurs reprises, l’Etat s’est montré préparé à aller vers une confrontation violente, mais cette approche a été refreinée, par crainte de provoquer un conflit plus large encore à travers le pays. Il ne fait aucun doute que la solidarité croissante envers les grévistes, y compris au niveau international, a joué un rôle important.

    La violence et les révolutions de palais – deux faces d’une même médaille

    Mais à l’approche du 16 décembre, soldats et policiers avaient été déployés à l’avance dans la région, avec armes et balles réelles. Mis à part à Astana, la capitale, tout ce qui avait été prévu dans le pays pour célébré le 20e anniversaire de l’indépendance du pays (le 16 décembre) avait été annulé.

    Il semble que l’attaque armée contre la manifestation des travailleurs du pétrole à Zhanaozen faisait partie d’un plan plus vaste organisé par une partie de l’élite dirigeante. Les violences qui ont dégénéré hors de tout contrôle suite à la fusillade perpétrée par la police ont été utilisées comme prétexte pour démettre plusieurs personnalités clés au sein du régime et des structures du pouvoir. Un des beaux-fils de Nazarbayev, Timur Kulibayev, a été démis de sa fonction de président de ‘KazMunaiGaz’ et du fonds national ‘Samruk-Kazyn’. De plus, des rumeurs font état du possible remplacement du chef de la KNB (la police secrète) par des personnes plus fidèles au groupe Massimov-Musin. Tout indique qu’une révolution de palais s’est produite dans les sphères dirigeantes.

    Attaques contre les grévistes

    Pourtant, les travailleurs du pétrole et leurs partisans ne cessent d’être accusés d’être responsables des tragiques évènements du 16 décembre. Ces accusations des porte-paroles du régime, qui prennent différentes formes, sont reprises telles quelles par les médias, la bureaucratie syndicale et même par certains de groupes de ‘‘gauche’’, qui agissent ainsi en apologistes du régime dictatorial de Nazarbayev.

    Le régime prétend que la ‘‘raison majeure de ces troubles de masse réside dans les actions d’un groupe de hooligans qui a profité du conflit de longue date entre les salariés licenciés et la direction de la société ‘Ozenmunaigaz’.’’ (Déclaration émise par l’Ambassade de la République du Kazakhstan en Autriche, 23 décembre 2011)

    L’ambassadeur kazakh aux Etats-Unis, Erlan Idrissov, a affirmé le 21 décembre 2011, que ‘‘la police a essayé de se comporter aussi responsablement que possible afin de protéger la vie des civils (…) A l’origine, sur la place [de Zhanaozen], seul le chef de la police avait une arme (…) Ce n’est que lorsque le vandalisme a commencé et que des menaces ont commencé à peser sur des vies innocentes – après l’incendie de la Akimat [les locaux des autorités locales] – que la police a dû recourir aux moyens nécessaires pour rétablir l’ordre.’’

    Selon une déclaration faite par le Daulbayev Askhat, le Procureur Général de la République du Kazakhstan, le 16 décembre, les perturbations ont été causées quand ‘‘un groupe de hooligans [sur la place] ont commencé à tabasser les civils et à fracasser les voitures garées près de la place." La déclaration se poursuit comme suit : ‘‘En raison des perturbations, le bureau du bourgmestre, un hôtel et le bâtiment de la société Ozenmunaigaz ont été brûlés.’’

    Ces déclarations, en réaction aux protestations qui se sont déroulées dans le monde entier, sont très manifestement destinées à tromper l’opinion internationale sur les sanglants événements qui se sont produits à Zhanaozen. Dans les premières déclarations du Procureur Général, le 16 décembre, il est affirmé que les bâtiments ont été brûlés "en conséquence des troubles’’, mais cette version a été changée deux jours plus tard pour donner l’impression que ces destructions avaient pris place avant l’intervention meurtrière de la police.

    Mais les différentes déclarations officielles du régime suffisent déjà à poser des questions très sérieuses :

    • Si ce qui s’est passé à Zhanaozen n’était qu’une émeute causée par des hooligans, pourquoi les ‘‘moyens habituels’’ de la police (balles en caoutchouc, canons à eau) n’ont-ils pas été utilisés ? Pourquoi directement recourir aux tirs à balles réelles ?
    • Si la police protégeait la population de la place de ces hooligans, pourquoi ont-ils tirés à balles réelles au sein même de la foule qu’elle était censée protéger ?
    • Si l’action de la police n’a constitué qu’une réponse à des émeutes, pourquoi l’ambassadeur du Kazakhstan aux Etats-Unis juge-t-il nécessaire de consacrer une partie importante de sa déclaration à s’en prendre aux grévistes du pétrole ?
    • Si cela n’était tout simplement qu’une émeute, pourquoi le gouvernement a-t-il interdit toute manifestation, réunion publique et grève et a été jusqu’à interdire l’utilisation de photocopieuses, de TV, de radios, de vidéos et de haut-parleurs ? C’est bien étrange, que les hooligans ont d’habitude fort peu tendance à éditer des tracts et à organiser des conférences de presse.

    Les vidéos et les témoins dissent démontrent clairement que l’attaque policière n’avait aucun fondement

    La vérité, c’est que le massacre de Zhanaozen n’était pas une conséquence d’une riposte légitime de la police face à du hooliganisme ou à des émeutes, il s’agissait bel et bien d’une attaque prédéterminées contre les grévistes du pétrole. C’était une nouvelle tentative de briser leur grève. Plusieurs vidéos démontrent que la place, juste avant l’attaque de la police, n’était occupée que par des manifestants pacifiques, sans armes, et que la police ainsi que les soldats, en marche vers la place, tiraient sur la foule de loin. Dans une vidéo particulièrement pénible à regarder – certaines scènes rappelant celles des journées de juillet 1917 à Petrograd (quand l’armée a tiré sur les manifestants et en a tué des centaines sur la perspective Nevsky) – on eut voir les manifestants fuir à travers la place alors qu’on leur tire dans le dos et que les blessés à terre sont brutalement frappés par les voyous aux ordres du régime.

    Ces films sont tellement révélateurs que même le Procureur général du Kazakhstan a été forcé de réagir. Le 27 décembre, il a annoncé qu’une enquête criminelle était lancée au sujet des "décès causés par la police à la suite d’un ordre de tirer pour tuer.’’ Nous n’avons bien entendu aucune confiance envers les possibilités que cette enquête soit honnêtement et sérieusement menée jusqu’à son terme, mais il est plus que révélateur que la responsabilité des agents de police dans ces meurtres soit reconnue d’une certaine manière. Ceci dit, tandis que ces policiers sont menacés de 5 à 10 ans de prison, l’avocate des grévistes du pétrole, Natalia Sokolova, dont le seul tort est d’avoir honnêtement défendu la cause des grévistes, a déjà été condamné à 6 ans de prison.

    Une autre confirmation qu’un ordre de tirer pour tuer a été lancé provient du ministre de l’Intérieur du Kazakhstan, rien de moins, K. Kazymov. Dans une interview réalisée le 16 décembre, il a admis qu’il avait donné l’ordre d’ouvrir le feu sur la foule. Il a essayé de justifier cet ordre en prétendant que les manifestants "étaient armés d’armes automatiques, et nous aussi". Il a confirmé que la police continuerait de tirer des citoyens kazakhs si cela était ‘‘nécessaire’’. Son interview a été publiée sur internet, accompagnée de vidéos montrant la foule courir dans tous les sens face à la police qui tire très visiblement dans le dos de manifestants désarmés et paniqués.

    Nazarbayev dénonce les ‘influences étrangères’ et les ‘criminels’

    A la lumière de tout cela, les déclarations du dictateur Noursoultan Nazarbayev selon lesquelles les troubles auraient été causés par des ‘‘groupes organisés de criminels en liaison avec des forces étrangères’’ sont particulièrement cyniques.

    Pour une bonne partie de la population du Kazakhstan, le plus grand groupe criminel organisé du pays est celui du clan Nazarbayev lui-même, protégé par un bataillon de soldats formé et équipé par les Etats-Unis. Les diverses photos font toujours apparaître des voitures blindées de confection américaines aux postes de contrôle d’Aktau et de Zhanaozen.

    Mais les déclarations de M. Nazarbayev ne sont destinées qu’à détourner l’attention du rôle de la police, du ministre de l’Intérieur, des troupes spéciales et de ceux qui, au sein du cercle présidentiel, ont planifié ce massacre. C’est pour cela qu’il blâme des personnages du régime tels que Mukhtar Ablazov, Rakhat Aliyev et Bulat Abilov.

    Ces oligarques, tous d’anciens membres de la clique dirigeante, vont sans aucun doute tenter d’exploiter l’opposition qui se développe face au régime actuel pour se construire un certain soutien public afin de défendre leurs propres politiques pro-capitalistes. Mais les divers clans sont tous résolument opposés à l’idée que les travailleurs du pétrole puissent avoir leurs propres syndicats indépendants et leur propre parti politique, pour les travailleurs et sous leur contrôle exclusif.

    Les grévistes du pétrole étaient pacifiques et disciplinés

    L’idée selon laquelle les grévistes du pétrole auraient pu être dirigés, contrôlés et manipulés par une quelconque force secrète de l’extérieur est une véritable insulte à leur détermination ainsi qu’à leur discipline. La décision d’organiser la manifestation pacifique du 16 décembre a été prise ouvertement et collectivement, lors d’un meeting de masse sur cette place. Cette décision a ensuite été publiquement annoncée et les travailleurs du pétrole ont eux-mêmes été prévenir les autorités qu’ils avaient l’intention d’organiser une telle manifestation en avertissant qu’il y avait des risques que des provocations soient organisées par des sections des forces spéciales.

    La manière très publique dont les choses ont été organisées a permis à la campagne ‘‘Campaign Kazakhstan’’ et aux sections du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) de planifier une série d’actions de solidarité et de protestation devant les ambassades du Kazakhstan et les sièges d’entreprises aux intérêts commerciaux liés au régime kazakh dans un certain nombre de pays ce jour-là (notamment en Belgique). Le caractère de solidarité a bien entendu largement cédé la place à celui de la protestation lorsque les nouvelles de ce bain de sang sont parvenues aux manifestants devant les ambassades.

    La semaine qui a suivi le massacre, diverses manifestations ont été organisées à travers l’Europe, y compris à Londres, Bruxelles, Vienne, Berlin, Moscou, Stockholm, Dublin, Athènes et ailleurs également, comme à New York, Hong Kong et Tel Aviv. Le député européen Paul Murphy (élu de la section du CIO en République irlandaise, le Socialist Party) a à la rupture de tous pourparlers entre l’Union Européenne et le gouvernement du Kazakhstan, et a aussi écrit une lettre de protestation signée par plus de 40 eurodéputés. Des communiqués de presse ont été émis dans un certain nombre de pays (lire notamment Massacre au Kazakhstan: Quand l’agence Belga se fait complice du régime) et de conférences de presse ont été organisées à Moscou et à Almaty. [Vous pouvez accéder à différents rapports des protestations sur le site socialistworld.net].

    Rompre le blocage de la presse

    La politique de l’Union Européenne, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et des Etats-Unis est directement dictée par les intérêts de ces institutions pour l’exploitation du pétrole et du gaz kazakhs. Elles ont tout d’abord ignoré ou réagi de façon bien équivoque face aux nouvelles du massacre. Dans une certaine mesure, cela s’est reflété dans la politique éditoriale d’une grande partie des médias du monde entier. Les premières heures après le massacre, par exemple, des reporters internationaux basés à Moscou ont refusé de relayé les rapports du bain de sang sans ‘‘confirmation indépendante’’ tout en relayant par contre les déclarations officielles du régime. United Press International, par exemple, a qualifié les grévistes du pétrole de ‘‘voyous’’ à trois reprises dans un article de 150 mots seulement.

    La campagne menée par le CIO et Campaign Kazakhstan a aidé à vaincre les tentatives du régime de dissimuler l’ampleur du massacre. Finalement, le poids écrasant cumulé des témoignages, vidéos et rapports de journalistes ont eu raison de cette attitude complice, et les rapports dans les médias ont commencé à être plus équilibrés.

    ‘‘An injury to one is an injury to all’’ – Ce qui en touche un nous touche tous

    Tout aussi rapidement, des syndicalistes ont réagi face à la crise, mais de façon bien différente. A Anvers, par exemple, la délégation de TOTAL a relayé les rapports en direct du CIO sur le site de leur délégation, de sorte que les travailleurs pouvaient voir par eux-mêmes l’étendue de l’horreur des événements. Bien que le site du CIO au Kazakhstan a immédiatement été bloqué par le régime après la fusillade, le site russe du CIO a continuer à fonctionner, jusqu’à ce qu’arrivent des problèmes dus aux trop grand nombre de visiteurs sur le site, dont de nombreux journalistes de médias du monde entier.

    En Suède, Gruvtolvan, le syndicat de l’industrie minière de Kiruna, a condamné sans équivoque "la violence contre les travailleurs (…) suite à l’attaque de la police et des militaires contre une manifestation dans la ville de Zhanaozen." Ils ont appelé le mouvement syndical suédois à activement soutenir les travailleurs du pétrole du Kazakhstan sous la devise "Une victoire pour les travailleurs, où qu’ils soient, est une victoire pour tous les travailleurs, partout!" Cet appel a été accompagné d’une importante donation pour les grévistes.

    Si une véritable organisation syndicale nationale indépendante existait au Kazakhstan, il y aurait immédiatement eu après le 16 décembre convocation de meetings, d’actions de protestations et de grèves dans tout le pays en riposte au massacre de Zhanaozen.

    Une commission indépendante internationale doit enquêter

    Malheureusement, alors que des militants syndicaux ont réagi partout à travers le monde, certains membres de la bureaucratie syndicale internationale ont adopté l’approche de renvoyer chacun dos à dos. Ainsi, la Confédération syndicale internationale (CSI) a publié une déclaration le 16 décembre, signée Sharan Burrow, secrétaire général, qui déclare : "une situation extrême de tension et de désespoir a provoqué des troubles, la panique et le chaos. La violence doit immédiatement cesser, et toutes les parties doivent reconnaître que la seule façon de résoudre des conflits est le dialogue ouvert et la négociation. Le gouvernement doit immédiatement agir pour commencer ce processus."

    Cette déclaration ignore donc la responsabilité du régime dans ce massacre, une attitude partagée par de nombreuses autres organisations, telles que Human Rights Watch, qui a publié une déclaration le 22 décembre. Dans celle-ci sont détaillés plusieurs cas de graves tortures du fait des forces gouvernementales à Zhanaozen et, ensuite, l’organisation tire la conclusion incroyable que ‘‘les autorités du Kazakhstan doivent mener immédiatement une enquête.’’ Cela n’aboutirait qu’à une enquête ignorant totalement la responsabilité écrasante du ministère de l’Intérieur et qui, dans le meilleur des cas, trouverait quelques boucs émissaires afin de laissait un peu de colère s’échapper.

    Le CIO estime qu’il est nécessaire d’organiser une commission d’enquête internationale, totalement indépendante du gouvernement, des structures étatiques et des intérêts pétroliers et gaziers, afin de faire toute la lumière sur les causes réelles du massacre et sur les véritables responsables de ces horribles évènements.

    La “gauche” et les bureaucrates syndicaux poignardent les grévistes dans le dos

    Mais si la Confédération Syndicale Internationale n’a pas ouvertement condamné le régime de Nazarbayev, elle n’a au moins pas directement attaqué les travailleurs du pétrole. De la façon la plus incroyable qui soit, les 17 et 18 décembre, des déclarations sont apparues sur des sites internet de langue russe contrôlés par des syndicats et des groupes de gauche qui, tout en condamnant la violence, se sont lancés dans des attaques contre les grévistes du pétrole, contre leurs revendications et leurs tactiques, répétant d’ailleurs bien souvent l’argumentation des patrons et du gouvernement.

    Le Mouvement Socialiste Russe [section russe du Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale, à laquelle est reliée la LCR belge, n’ayant aucun rapport avec le Mouvement Socialiste du Kazakhstan] a contribué à détourner l’attention de la responsabilité du gouvernement Nazarbayev pour ce massacre en répétant grossièrement les mensonges du régime concernant l’implication de l’oligarque Mukhtar Ablyazov. Ce faisant, ils réduisent le rôle de l’autodiscipline et de la conscience politique des travailleurs du pétrole en les réduisant à l’état de simples pions joués par les oligarques kazakhs et en donnant du crédit aux déclarations du dictateur qui blâme les influences étrangères (Ablyazov vit à Londres) pour tous les problèmes rencontrés au Kazakhstan.

    Les attaques les plus importantes proviennent toutefois de l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation (UITA) et de la Confédération du travail de Russie. Même avant les événements du 16 décembre, d’anciens fonctionnaires de l’Union Internationale des travailleurs de l’alimentation à Genève et à Moscou ont travaillé à saper le soutien à la grève. Des pressions ont ainsi été exercées sur Alexei Etmanov, le syndicaliste indépendant le plus connu en Russie, ce qui l’a conduit à revenir sur sa promesse d’organiser des actions de solidarité avec les travailleurs du pétrole par l’intermédiaire du syndicat des travailleurs de l’automobile.

    Le prétexte donné ensuite à ce désistement était que les travailleurs du pétrole avaient été manipulés par des représentants de la ‘‘gauche révolutionnaire’’ – c’est-à-dire par le Comité pour une Internationale Ouvrière. Cela a d’ailleurs été confirmé dans une déclaration de l’UITA le 9 décembre 2011 qui disait: ‘‘Avec pourtant un énorme potentiel d’organisation, dans tout ce temps, les grévistes n’ont jamais mis en place leur propre organisation, tout comme avant ils ne disposent pas de leurs propres représentants et direction élus, avec le droit de représenter les travailleurs dans les négociations avec la direction de la société et les autorités. Cela signifiait que, dès le début, différents groupes politiques ont été en mesure d’utiliser l’énergie sociale et le potentiel du mouvement ouvrier de masse dans leurs propres intérêts. S’exprimant au nom des travailleurs et réécrivant constamment les revendications des travailleurs, ils ont apporté d’énormes préjudices au mouvement, ont fait sortir le conflit du champ de la lutte syndicale et ont réduit au minimum les chances de succès, privant ainsi les habitants de Zhanaozen de leur grève.’’

    Cette déclaration fait écho aux arguments des patrons et du gouvernement et est particulièrement honteuse étant donné que les travailleurs, dès le début, ont élu leurs représentants pour les négociations, ces représentants rencontrant ensuite une répression sévère. Nous avons déjà dit que Natalia Sokolova, l’avocate des grévistes, a été condamnée à 6 ans de prison, Akzhanat Aminov a reçu une peine de deux ans avec sursis, tandis qu’un troisième a vu sa maison brûler !

    Les grévistes du pétrole luttaient pour le droit d’instaurer leurs propres syndicats indépendants

    Il convient de rappeler que la grève de la faim des travailleurs du pétrole a commencé en mai dernier après que les membres du syndicat de Karazhanbasmunai, à Aktau, ont exigé le retour de documents syndicaux de leur ancien président après qu’il ait été démis de ses fonctions par le vote des membres du syndicat. L’ancien leader syndical avait collaboré avec la direction de l’entreprise pour éviter toute véritable négociation portant sur les salaires et les conditions de travail. Il avait été jusqu’à envoyer des gros-bras armés pour qu’ils battent ses adversaires. En Juin, l’UITA avait envoyé toute une série de questions bureaucratiques aux grévistes, dont les réponses ont nécessité 60 pages de documents. Le résultat final a été de déclarer que les travailleurs avaient eu tort de démettre leur ancien dirigeant syndical, comme ils ne pouvaient changer de président qu’une fois tous les 5 ans !

    L’affirmation selon laquelle le CIO a constamment "réécrit" les revendications des travailleurs est absolument ridicule, comme toutes les autres calomnies visant à salir les grévistes. Depuis le début de la grève, le CIO a publié sur ses sites toutes les déclarations produites par les grévistes. Le 1er Juin 2011, après que la police anti-émeute ait attaqué les grévistes de la faim de Zhanaozen, le comité de grève de Zhanaozen avait publié les revendications suivantes:

    • La démission de la direction de la société “KazMunaiGaz” à Aktau;
    • La restauration du statut autonome de la société “OzenMunaiGaz”;
    • L’augmentation de 60% des salaires des médecins et des enseignants de la ville pour compenser la dureté de leur travail dans des conditions écologiques difficiles;
    • Le retour sous statut public, c’est-à-dire la nationalization, des enterprises regroupées dans la société “OzenMunaiGaz” – en particulier TOO “Burylai”, TOO “KazGPZ”, TOO “Kruz”, TOO “Zhondei”.

    En Juillet, des incendies criminels ont eu lieu contre des maisons de militants grévistes, et Zhaksylyk Turbayev a été assassiné quand il est devenu clair qu’il serait élu à la présidence du nouveau syndicat. L’avocate Natalia Sokolova et le militant syndical Akzhanat Aminov ont été arrêtés et ont été confrontés à de graves accusations. Des milliers de grévistes ont été licenciés. Lors de leur rencontre avec le député européen Paul Murphy en juillet dernier, les travailleurs ont défini leurs revendications de la façon suivante:

    • La reconnaissance des droits des travailleurs, notamment leur droit d’élire leurs propres représentants, sans interférence de qui que ce soit ;
    • La libération immédiate de Natalia Sokolova et de Akzhanat Aminov;
    • Le réengagement de tous les travailleurs licenciés aux conditions qui prévalaient avant leur licenciement;
    • L’abandon de toutes les poursuites judiciaires contre les grévistes;
    • Le commencement de véritables négociations avec les représentants élus des travailleurs.

    Les bureaucrates syndicaux soutiennent les briseurs de grève et les éléments diviseurs dans le syndicat

    En réalité, l’UITA et ses ‘‘organisation fraternelle’’ en Russie (KTR) et au Kazakhstan (la ‘‘Confédération des syndicats libres du Kazakhstan’’, CFTUK) tentent depuis le début de faire dévier la grève. Au Kazakhstan, le CFTUK dirigé par Sergei Belkin a depuis longtemps cessé d’exister en tant qu’authentique organisation syndicale. En 2009, Belkin a signé un accord avec le gouvernement destiné à stopper toutes les grèves, les protestations et les manifestations de travailleurs afin de permettre au régime de "maintenir la stabilité’’. En novembre dernier, quand le gouvernement a annoncé qu’il était temps de mener des ‘‘négociations’’ à Zhanaozen, Belkin, totalement absent depuis le début du conflit, est soudain arrivé comme ‘‘expert indépendant’’ pour aider le gouvernement et ses tentatives de briser la grève. La tactique du régime était alors d’essayer par tous les moyens de diviser les grévistes en offrant à certains d’entre eux des emplois dans une nouvelle société, tout en encourageant Belkin pour qu’il mette en place un nouveau syndicat anti-grève dans le cadre de la Confédération syndicale CFTK. Les grévistes, cependant, ont rejeté ces tactiques, insistant pour que tous les travailleurs sans exceptions soient être réintégrés dans leur ancien emploi.

    Hypocritement, l’UITA et le KTR, après avoir soutenu les activités visant à briser la grève et le syndicat anti-grève de Belkin, ont donné des conseils aux travailleurs en leur disant qu’ils devraient : ‘‘décider de suivre le chemin de la construction de leur propre syndicat indépendant, qui peut décider d’une stratégie d’action et proposer leurs revendications à tous niveaux, en s’assurant qu’ils obtiennent, ainsi que leurs familles, les moyens nécessaires pour se défendre et pour mobiliser un soutien international.’’

    Il faut construire de véritables syndicats indépendants

    Depuis le début de la grève, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) a entièrement pris ses responsabilités en soutenant, non seulement en paroles mais aussi en actes, l’appel diffusé à Zhanaozen et à Aktau sous la signature de milliers de travailleurs en novembre (soit avant les ‘‘conseils’’ de l’UITA. Dans cet appel, ils expliquent que : ‘‘notre combat démontre que vaincre l’injustice et l’arbitraire ne peut se faire qu’en unissant nos forces. Dans cette situation difficile et compliquée, le meilleur soutien et moyen d’action sera de créer une organisation syndicale indépendante et de développer des revendications capables d’unir, comme l’augmentation des salaires, l’amélioration des conditions de vie et de travail et la non-ingérence de l’employeur dans le travail du syndicat. En faisant ce travail d’unification des travailleurs, ce syndicat deviendra une solide fondation pour la création d’un syndicat national indépendant au Kazakhstan.’’

    Le CIO estime que si les syndicats tels que l’UITA et le KTR soutiennent véritablement les travailleurs du pétrole, ils devraient alors publiquement retirer tout leur soutien à la Confédération syndicale kazakh CFTK et donner un soutien pratique et moral à ceux qui tentent de construire un authentique syndicat indépendant dans ces circonstances extrêmement difficiles. Mais même si l’UITA et le KTR refusent d’agir de la sorte, le CIO va continuer à soutenir les grévistes et à les aider.

    Le 17 décembre, le Président du KTR, Boris Kravtchenko, a clairement tenté de blâmer le CIO pour les événements de Zhanaozen: ‘‘Nous croyons que la responsabilité de ces événement et du sang versé par les travailleurs du pétrole incombe entièrement aux dirigeants de la République du Kazakhstan. Cependant, cette responsabilité est partagée par les spéculateurs politiques, auto-désigné ‘‘comité’’ et ‘‘internationale’’, qui utilisent la protestation sociale pour leurs propres intérêts, pour réécrire les revendications des manifestants en transformant politiquement celles-ci et qui, par leurs actions provocatrices, poussent les autorités à utiliser des moyens violents.’’

    Ce que Boris Kravtchenko pense exactement du CIO n’est pas très clair. Nous avons soutenu la grève depuis sa création. Nous avons défendu que les employeurs éliminent tous les obstacles pour que des négociations sérieuses puissent commencer. Nous avons soutenu que ces négociations devraient être dirigées de façon transparente par des représentants élus des grévistes. Dès le début, nous avons été engagés dans la construction de la solidarité avec les grévistes et avons aidé à briser le blocus médiatique. Nous avons discuté avec les grévistes de leur intention d’organiser une manifestation pacifique le 16 décembre et avons convenu d’organiser une campagne internationale de solidarité autour de cet évènement.

    Les staliniens surpassent les bureaucrates syndicaux

    Une attaque encore plus vicieuse contre les travailleurs du pétrole a été lancée par le Parti communiste d’Ukraine, qui était resté silencieux sur cette question jusqu’au 4 janvier. Ce parti a finalement brisé son silence dans un article qui accuse Natalia Sokolova d’être un agent du département d’Etat américain et les travailleurs du pétrole d’être responsables de "la tentative des Etats-Unis pour déstabiliser la situation politico-économique." Ils ont continué en disant: ‘‘Les autorités du Kazakhstan ont agi durement, courageusement et de manière adéquate. Ils ont réagi fermement en instaurant l’Etat d’urgence et la police anti-émeute n’y a pas été de main morte contre les combattants bien armés qui se trouvaient derrière les travailleurs du pétrole. Ils ont montré leur courage quand le président, M. Nazarbayev, a visité la ville de Zhanaozen et a personnellement parlé aux habitants. Leur réponse a été adéquate, en agissant avec fermeté et en expliquant à ces messieurs de l’Union Européenne que ce qui se passe à Zhanaozen est une affaire interne au Kazakhstan."

    La “gauche” attaque les grévistes qui revendiquent la nationalisation

    Le 18 décembre, le site internet de gauche "RabKor" publiait un article d’Aleksei Simoyanov de l’Institut de la Mondialisation, à Moscou. Après presque sept mois de silence et à seulement 2 jours du massacre, l’auteur avait décidé de rejoindre le flot des attaques contre les travailleurs du pétrole : "Il est impossible de ne pas parler d’un certain nombre d’erreurs tactiques effectuées par les manifestants au cours de leur campagne. Aussi longtemps que les principaux slogans des manifestants étaient favorables à des meilleurs salaires, au respect des droits des travailleurs et luttaient contre la dégradation des conditions de travail, ils étaient dans une position forte. Dans les limites d’un conflit entre travailleurs et patron, les autorités avaient les mains liées, et toute pression de leur part aurait été purement illégitime. Le problème s’est compliqué quand, sous l’influence du CIO, les travailleurs ont également défendu des revendications politiques, y compris la nationalisation de la compagnie."

    Pourtant, comme cela peut être vérifié avec l’évolution des revendications des grévistes, les travailleurs du pétrole ont défendu la nationalisation de leur entreprise dès le début du litige. Ils n’ont pas eu besoin du CIO pour savoir que tant que ces entreprises restaient aux mains de capitaux privés liés au régime et aux multinationales étrangères, il n’était pas possible d’obtenir un salaire raisonnable. Le seul changement qui a été opéré avec cette revendication au cours de la grève, c’est de généraliser la revendication de la propriété publique à tout le secteur pétrolier, sous le contrôle des travailleurs. Les travailleurs du Kazakhstan ne sont d’ailleurs pas les seuls à tirer ces conclusions. En décembre, par exemple, des dizaines de milliers de syndicalistes ont défilé à Liège, en Belgique, pour exiger la nationalisation du site liégeois d’ArcelorMittal.

    Toutes les grèves sont politiques dans une certaine mesure

    Simoyanov ne fait avec son texte que démontrer sa profonde incompréhension de cette grève. La direction de l’entreprise a refusé de négocier non pas parce que les ouvriers ont soulevé la revendication de la nationalisation, mais parce qu’ils n’étaient pas prêts à mieux payer les travailleurs. La logique de son article est que les travailleurs devraient restreindre leurs luttes à des questions purement économiques et que s’ils vont plus loin, toute la pression contre eux devient ‘‘légitime’’. Suivant cette logique, les syndicats ne devraient pas exiger le limogeage des responsables antisyndicaux ou faire grève afin de faire tomber des régimes autoritaires. Suivant cette logique encore, les syndicalistes d’Europe, de Grèce, du Portugal, d’Italie et d’ailleurs qui sont en lutte par millions contre les politiques d’austérité de leurs gouvernements ne devraient pas exiger la chute de ces gouvernements ? Simoyanov pensent-il aussi que cette revendication est ‘‘illégitime’’ ?

    L’ironie est que ces critiques, en se précipitant contre les grévistes du pétrole, ont oublié de s’en prendre à la direction de l’entreprise, et finissent même au final à la droite du président Nazarbayev qui, à Aktau, a déclaré après le massacre que : ‘‘Le gouvernement, ainsi que le fonds Samruk Kazyna et la société KazMunaiGas, ont échoué à mettre en œuvre mes instructions sur la résolution rapide de ce conflit. Malheureusement, ils se sont montrés incapables de résoudre le problème."

    La caractéristique des critiques de ‘‘gauche’’ des grévistes est la manière dont ils ferment les yeux sur les bureaucrates syndicaux qui collaborent avec les régimes autoritaires ! Boris Kravtchenko est un membre du conseil consultatif du président russe Medvedev, Alexeï Etmanov est un candidat de la liste pro-Kremlin "Russie juste" et Sergei Belkin a signé une entente pour éliminer les grèves avec le régime de Nazarbayev. Ils sont en colère non pas parce que les travailleurs du pétrole ont adopté des revendications politiques – ils ne les critiqueraient pas s’ils rejoignaient le parti présidentiel. Les critiques n’arrivent que lorsque les travailleurs du pétrole déclarent qu’ils ne vont plus soutenir le parti présidentiel et lancent un appel au boycott total des élections législatives de janvier. Plutôt que de rester derrière l’un ou l’autre parti politique pro-régime et leurs conseillers dans les syndicats, les travailleurs du pétrole ont appelé à la création de leur propre, démocratique et indépendant parti des travailleurs, un instrument politique capable de représenter leurs intérêts sans devoir subir l’influence des oligarques.

    Le 16 décembre – début de la fin pour Nazarbayev

    Les événements du 16 décembre 2011 marquent un tournant dans le développement des luttes ouvrières à travers l’ancienne Union soviétique (la CEI, Communauté des Etats Indépendants). Après sept mois de lutte acharnée, les travailleurs du pétrole ont appris de nombreuses leçons. Ils ont démontré qu’ils étaient capables d’adopter une attitude pacifique et disciplinée et de rejeter les provocations destinées à les conduire à la violence. Ils sont allés plus loin que de simples exigences salariales face à un patron qui n’a aucune envie de payer plus, et ont défendu que l’entreprise devait être nationalisée, sous contrôle ouvrier, de sorte que les richesses du pays puissent être utilisées pour le peuple, plutôt que d’enrichir les oligarques et la famille présidentielle. Ils ont démontré qu’ils peuvent unir autour d’eux tous les pauvres et les exploités de la région en défendant de meilleurs salaires pour ceux qui travaillent qui travaillent dans le secteur public. Ils ont appris qu’il y a beaucoup de ‘‘dirigeants’’ et de ‘‘politiciens’’ qui inondent leurs oreilles de promesses d’amitié éternelle en échange de leurs votes, mais qui désertent aux premiers besoins. Ils ont vu que les seuls amis qu’ils ont vraiment, ce sont les travailleurs d’autres villes et d’autres pays, les seuls à avoir exprimé une véritable solidarité.

    Même après les horribles attentats de la police et de l’armée le 16 décembre 2011, et les nombreux morts, blessés et emprisonnés, les travailleurs du pétrole ont préservé leur dignité et leur discipline. Ils continuent à faire appel aux autres travailleurs pour qu’ils s’organisent en une seule fédération syndicale nationale et indépendante et pour construire un parti des travailleurs. Le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections est fier de rester à leur côté, et de rester entièrement solidaire de leur combat.

  • Kazakhstan : Protestations internationales en solidarité avec les grévistes

    Hier, à l’occasion des commémorations consacrées aux 20 ans d’indépendance du Kazakhstan, différentes actions de protestations ont eu lieu à diverses ambassades à travers le monde. Au même moment, le régime réagissait des plus brutalement aux protestations des grévistes du pétrole à l’Ouest du pays. Au moins 70 personnes ont été assassinées par le régime, et plus de 500 personnes ont été blessées.

    Des actions de solidarité ont eu lieu dans plusieurs villes du monde, essentiellement en Europe : à Vienne, à Berlin, à Londres, à Dublin, à Stockholm, à Göteborg, à Boston (USA),… à l’initiative des différentes sections du Comité pour une Internationale Ouvrière. Nous avons publié hier le rapport et le reportage-photos de l’action tenue devant l’ambassade du Kazakhstan en Belgique ainsi que notre communiqué de presse.

    Protestations à Londres

    Des partisans des grévistes kazakhs, dont des membres de la section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et Pays de Galles, le Socialist Party, se sont rendus à l’ambassade du Kazakhstan à Londres. D’autres actions sont encore à venir pour renforcer le soutien international à la cause des travailleurs et des pauvres du Kazakhstan.

    Berlin

    Le SAV (section du CIO en Allemagne) ont tenu un piquet devant l’ambassade du Kazakhstan et ont remis une lettre de protestation, notamment signée par trois parlementaires de Die Linke (parti de gauche large dans lequel sont impliqués nos camarades). Deux autres lettres ont été remises, de la part du SAV en tant que tel et de notre conseillère communale à Rostock, Christine Lehnert. L’ambassadeur a reçu les lettres, mais a appelé la police… D’autres actions de protestation sont prévues dans le centre de Berlin.

    Autriche

    Deux actions de protestation ont eu lieu hier, devant le Consulat du Kazakhstan à Graz et au Consulat honoraire de Viennes.

    Pour en savoir plus


    Actions de solidarité

    Belgique : la dictature kazakhe également à l’œuvre à Bruxelles ?

    De pacifiques supporters qui voulaient soutenir les travailleurs du pétrole au Kazakhstan et dénoncer la répression à l’œuvre dans ce pays au régime dictatorial ont implacablement été arrêtés lors du match de ce vendredi 7 octobre entre les Diables Rouges et l’équipe du Kazakhstan. Le pouvoir dictatorial du Président Nazarbayev s’étend apparemment jusqu’à Bruxelles…


  • Insurrection de masse à Jañaözen !

    Aujourd’hui, plus de 3.000 personnes se sont rassemblées pour une manifestation pacifique sur la grand’place de la ville de Jañaözen, à l’Ouest du Kazakhstan. On supposait que les travailleurs du pétrole en grève et les simples citoyens qui les soutiennent allaient pouvoir exprimer leur protestation pacifique face aux autorités du Kazakhstan. Il n’en a rien été. Actuellement, il y a au moins eu 70 morts et 500 blessés suite à la répression sanglante du régime.

    Texte traduit du site de nos camarades de Socialist Resistance (CIO-Kazakhstan)

    Alors que l’action battait son plein, un fourgon de police a foncé à toute allure dans la foule. La patience des manifestants, déjà mise à l’épreuve, a alors volé en éclats. La population, furieuse, a retourné le fourgon, a brulé les autobus de la police et le sapin de Noël qui avait été installé sur la place afin de commémorer l’indépendance du pays.

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    Actions de solidarité

    Belgique : la dictature kazakhe également à l’œuvre à Bruxelles ?

    De pacifiques supporters qui voulaient soutenir les travailleurs du pétrole au Kazakhstan et dénoncer la répression à l’œuvre dans ce pays au régime dictatorial ont implacablement été arrêtés lors du match de ce vendredi 7 octobre entre les Diables Rouges et l’équipe du Kazakhstan. Le pouvoir dictatorial du Président Nazarbayev s’étend apparemment jusqu’à Bruxelles…


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    À un moment donné, les policiers se sont enfuis. Mais à présent, des troupes se concentrent dans la ville (depuis la rédaction de cet article, on parle de la présence de tanks et d’au moins 1500 soldats dans la ville, NDLR). Les habitants déclarent que si la force devait être employée contre les grévistes, alors toute la ville sortira dans les rues (actuellement, des actions de protestation sont prévues dans tout le pays pour ce samedi, NDLR). Vers le lieu de l’action continuent d’arriver de nouvelles personnes.

    Ces événements se produisent alors même qu’aujourd’hui, dans plusieurs villes du monde (essentiellement en Europe : Vienne, Berlin, Bruxelles, Londres, Dublin, Stockholm, Göteborg, mais aussi à Boston aux États-Unis, et sans doute aussi ailleurs), sont organisées des actions de solidarité par les différentes sections du Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL est la section belge, NDLR). Ainsi, aux portes de diverses ambassades du Kazakhstan, des militants protesteront contre le traitement scandaleux des travailleurs du pétrole en grève depuis des mois.

    Une action sera également menée devant le bureau du Parti Travailliste à Londres, afin de dénoncer le rôle de conseiller qu’a accepté Tony Blair auprès du dictateur kazakh, Nursultan Nazarbayev. À Moscou, les autorités ne nous ont malheureusement pas autorisés à manifester avant la semaine prochaine. Le 15 décembre, au Parlement européen, notre député européen Paul Murphy (élu de la section du CIO en République irlandaise, le Socialist Party) est intervenu pour annoncer le lancement d’une grande campagne de solidarité avec les travailleurs du pétrole kazakhs, au moment même où le régime célèbre les 20 ans de l’indépendance du pays.

    Cela fait sept mois, jour et nuit, dans la neige hivernale comme sous la chaleur estivale, que les travailleurs du pétrole occupent la place Intimak dans le centre de Jañaözen. Ces simples citoyens demandent du pouvoir la considération et le respect des efforts des travailleurs, le respect des efforts de vos frères et sœurs, le respect des efforts de nos pères et mères.

    Cela fait sept mois, que personne de l’Ak-Orda (la ‘‘Maison Blanche’’ kazakhe) – ni président, ni ministre, pas même un seul député du Majilis (le Parlement) n’est venu négocier avec eux ! Ils ne veulent pas entendre ni voir ni résoudre les problèmes du peuple !

    Cela fait sept mois que les travailleurs du pétrole sont soutenus par le mouvement ouvrier et par les syndicats indépendants du monde entier ! Ils sont soutenus par de simples ouvriers, métallurgistes, mineurs, infirmiers, enseignants, de tout le Kazakhstan ! Les travailleurs sont soutenus par des députés du Parlement européen. La lutte de nos ouvriers est suivie par le monde entier ! La lutte des travailleurs se répand au monde entier !

    Les revendications des travailleurs sont légitimes et ont un caractère pacifique. Nous comprenons fort bien que de cette lutte dépend le destin de nos enfants et par conséquent le destin de tous les travailleurs du Kazakhstan ! Nous comprenons que de simples gens : des enseignants, des médecins et infirmiers, des ouvriers, des chauffeurs et de simples agents de police veulent vivre en tant qu’êtres humains et sont obligés de soutenir la lutte des travailleurs du pétrole. Nos enfants doivent avoir un enseignement supérieur, des jardins d’enfants, des soins de santé, tous gratuits et accessibles à tous. Tous doivent avoir accès à des logements à prix abordable ! Et pour cela, dans notre pays, il y a toutes ces richesses qui, selon la Constitution, appartiennent au peuple et non aux investisseurs-pillards et aux bureaucrates qui ne font que manger !

    Frères et sœurs ! Venez avec nous, pour que tous ensemble, nous nous attelions à la construction d’une vie meilleure dès aujourd’hui, et pas demain, comme on nous le promet sans arrêt à la télévision !

    Les travailleurs du pétrole en grève ont fait énormément de sacrifices, mais ils n’ont pu les faire et tenir jusqu’ici que grâce à l’aide de simples citoyens comme vous et nous, et non du gouvernement. Allons tous ensemble soutenir les travailleurs et leurs revendications :

    • Libération de Natalia Sokolovaïa, l’avocate des travailleurs ; reconnaissance par les autorités de la grève et du lock-out qui a suivi ; réintégration de tous les travailleurs licenciés, sans exception ; suppression de tous les chefs d’accusation contre les travailleurs et les militants du syndicat.
    • Amélioration des conditions de vie et de travail, hausse des salaires, des pensions et mise en application des coefficients sectoriels et de productivité pas seulement pour les travailleurs du pétrole, mais pour tous les travailleurs de la province de Mañstau, sans exception.
    • Enquête indépendante et révocation de tous les fonctionnaires et employeurs dont les actions ont amené à l’attisement du dissentiment social, au déchainement, aux humiliations, aux persécutions judiciaires, aux tabassages et aux meurtres bestiaux de travailleurs et de membres de leur famille par des nervis.
    • Nationalisation (restitution au peuple, en propriété étatique sous contrôle des travailleurs) des entreprises du secteur de l’extraction.
    • Formation de syndicats indépendants et création de notre propre parti politique, qui nous défende nous, et pas les millionnaires et les patrons !

    Le 16 décembre 1986, nos frères et sœurs qui étaient descendus sur les places et dans les rues d’Almaty ont obtenu l’indépendance pour nous tous. Mais les autorités ont volé sa liberté au peuple et se sont emparées de toutes nos richesses, se sont emparés de nos gisements, de nos usines et de notre production, se sont emparés du travail de nombreuses générations de nos pères et de nos grand-pères. Ça fait 20 ans que les autorités mentent en nous promettant une vie meilleure, mais ne font que continuer à nous voler et voler ! Et que ferons-nous lorsque s’épuiseront les gisements de pétrole et autres ? Est-ce pour cela que nos ancêtres ont versé leur sang afin de nous transmettre ces richesses ?

    Tous ensemble nous devons faire le choix :

    Avons-nous besoin d’un gouvernement si honteux, d’un gouvernement qui se moque du peuple ?

    Avons-nous besoin d’élections au Majilis alors qu’aucun député ne représente les travailleurs et le peuple ?

    Rejoignons les travailleurs du pétrole, arrêtons le travail, créons des syndicats, des comités de travailleurs et descendons sur la place Intimak !

    • Ensemble nous obtiendrons justice !
    • Ensemble nous deviendrons maitres de nos richesses et nous obtiendrons une vie meilleure pour nous et pour tous les habitants du Kazakhstan !
    • Ensemble nous rendrons au peuple sa liberté et à notre Patrie, son indépendance !
    • Ensemble nous obtiendrons le respect des efforts et un salaire décent pour notre travail !
    • Ensemble nous sommes une force invincible !

    Nous ne sommes pas des esclaves silencieux ! Assez enduré les humiliations et les supercheries !

  • Suède : Action de solidarité avec les grévistes du Kazakhstan

    Au Kazakhstan, sept millions de personnes utilisent le réseau de téléphonie Telia (c’est-à-dire 98% de tous ceux qui possèdent un téléphone). C’est pour cette raison qu’une action de protestation a été menée ce mercredi 31 devant les enseignes de Télia à Stockholm et Göteborg, en solidarité avec les travailleurs du pétrole en grève au Kazakhstan.

    Par Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)

    Telia est l’ancienne compagnie de télécom d’Etat suédoise (l’Etat est d’ailleurs toujours partiellement impliquée dans la compagnie). Depuis quelques années, Telia est devenue propriétaire de Kcell, la plus grande société de télécom au Kazakhstan. Sur son site et dans sa propagande, Telia parle beaucoup de son ‘‘commerce socialement responsable’’ mais, en réalité, cette entreprise collabore avec le régime dictatorial du Kazakhstan.

    Dès le début du piquet de solidarité, les managers des magasins Telia ont appelé la sécurité et la police. Malheureusement pour eux, notre action de protestation était tout à fait légale, et la police n’avait aucun pouvoir pour nous arrêter. Les managers ont dû faire avec, et regarder certains clients potentiels se détournés de leurs entrées.

    A Göteborg, une quinzaine de personnes se sont rendues à deux magasins Telia différents. A Stockholm, nos conseillers communaux, Mattias Bernhardsson et Lina Thörnblom, ont participé aux protestations. Les réactions des passants étaient très positives face à nos banderoles et pancartes ainsi qu’à la lecture de notre tract qui expliquait les raisons et le développement de la grève des travailleurs du pétrole au Kazakhstan, et qui expliquaient la nécessité de la solidarité internationale. Nous avions également une pétition, qui nous a permis de récolter une trentaine d’euros pour le fonds de solidarité des grévistes. Notre journal, Offensiv, avait une page entière consacrée au soutien apporté par les mineurs suédois aux grévistes du Kazakhstan.

    Notre tract mettait notamment en avant que même le gouvernement suédois a dû reconnaître dans son rapport de 2010 sur les droits de l’Homme que la situation au Kazakhstan “s’était détériorée ces dernières années.” Les mouvements d’opposition dans le pays sont durement réprimés et le président Nursultan Nazarbayev et sa famille encouragent un culte de la personnalité, disait encore ce rapport des autorités suédoises.

  • 8 mars Journée Internationale des Femmes: Petit état des lieux international

    Voici différents témoignages et explications de la situation des femmes au Venezuela, en Irlande, à Hong Kong, en Chine, en Inde, en Suède, en Grande-Bretagne, en Italie et en Egypte, recueillis par socialistworld.net, le site internet du Comité pour une Internationale Ouvrière.

    Comité pour une Internationale Ouvrière

    Chine: Les jeunes femmes se battent pour une meilleure vie

    Chinaworker.org

    En Chine, les jeunes femmes constituent la majorité des travailleurs dans l’industrie de la transformation et dans l’assemblage destiné à l’exportation. Dans beaucoup d’usines, elles représentent 80% du personnel. Il n’est dès lors pas surprenant de voir qu’elles ont joué un rôle clé dans plus de 40 grèves qui se sont développées dans l’industrie de l’exportation ces dernières années, des grèves pour de meilleurs salaires et pour des syndicats de base en contrepoids aux syndicats d’entreprise qui sont les seules organisations légales des travailleurs en Chine.

    Les jeunes femmes, encore plus que les hommes, quittent la campagne et rejoignent les forces de travail immigrées parce que la pauvreté et la routine abêtissante de la vie à la campagne les touchent plus spécialement et très durement. Souvent, elles sont retirées des écoles pour travailler dans la ferme de leurs parents, ou alors sont-elles poussées à trouver du travail comme immigrée, souvent à partir de l’âge de 14 ans déjà. Dans quelques régions campagnardes, 40% des jeunes quittent l’école avant d’obtenir un diplôme, contre un degré national de 5%. Les filles font généralement les deux tiers des jeunes qui quittent l’école trop tôt.

    Cela est reflété dans le taux d’analphabétisme en Chine, où 70% des 85 millions d’analphabètes sont des femmes. Malgré le fait qu’il est devenu interdit de demander des frais de scolarité dans l’enseignement primaire en 2005, cela reste une réalité dans beaucoup de régions rurales parce que les gouvernements locaux sont en faillite ou ont dépensés tous les moyens dans des projets d’infrastructure qui stimulent les données économique et qui sont de bonnes opportunités de pots-de-vin pour les bureaucrates. Beaucoup de familles des campagnes ne savent pas se permettre de payer le coût de l’enseignement et considèrent que l’enseignement est moins important pour une fille, ce qui est dû à la pression économique et au manque de moyens pour les pensions et les soins des personnes âgées.

    Les femmes sont sensées se marier et prendre des parents de leur mari, mais pas de leurs propres parents, ce qui explique aussi pourquoi il y a tant d’avortement sélectifs selon le genre du nouveau né à venir, malgré le fait que cela est interdit, avec en conséquence un déséquilibre de genre : pour 100 filles nées en Chine, il y a 119 garçons. Ce déséquilibre croissant signifie que la prostitution imposée et la traite des êtres humains connaissent une développent illimité dans quelques régions du pays. Selon un rapport récent, la Chine a aussi le taux de suicide le plus élevé au monde parmi les femmes – 25% plus haut que chez les hommes. A nouveau, il s’agit surtout de femmes des campagnes. «La moitié des suicides se produisent chez les femmes des régions rurales, qui boivent généralement des pesticides pour en finir avec leur vie», écrit le China Daily. La pauvreté, la pression financière et les mariages malheureux, forcés ou violents sont les causes les plus importantes.

    Hong Kong : Les femmes se battent contre la discrimination et l’injustice sociale

    Socialist Action, CIO Hong Kong

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    Irlande

    L’Irlande du Sud reflète l’énorme changement en attitudes sociales qui a trouvé place ces dernières années. Une recherche comportementale du « Irish Times », faite en octobre 2010, est parvenue aux constats suivant:

    • 60% des -45-ans aideraient une copine à obtenir un avortement
    • Plus de 60% pense que les mariages homosexuels doivent être permis
    • Presque la moitié pense que les couples homosexuels doivent pouvoir adopter des enfants

    Asie

    Les travailleuses dans le textile en Asie subissent des conditions de travail et de vie qui font penser à l’esclavagisme. Forcées de travailler plus de 10 heures par jour, sept jours par semaine, dans des usines sans sécurité, où les harcèlements sexuels sont monnaie courante. Elles sont souvent logées dans des logements surpeuplés. Mais des centaines et des centaines de milliers de jeunes femmes sont entrées en grève pour un salaire viable. Le mouvement a été provoqué par les prix croissants de nourriture et des produits de base. Elles sont restées debout devant le gaz lacrymogène, devant les matraques électriques, devant les canons à eau et d’autres armes d’assaut. Des milliers ont été arrêtées et des centaines ont été blessées, surtout au Bangladesh où la répression était la plus brutale. Cependant, elles ne se sont pas laissé intimidées et elles ont obtenu quelques concessions. La lutte est loin d’être finie et elle est une inspiration pour les travailleuses partout dans le monde.

    Egypte

    En Egypte des milliers de travailleuses sont entrées en grève pour leurs droits et pour la fin du régime. Le 10 février, le personnel, principalement féminin, du Centre de Recherche de la Santé des Animaux Egyptien a fait une manifestation devant la porte de leur centre, où ils demandaient la démission immédiate du directeur:

    “Elle est totalement corrompue”, disait un docteur. ”Elle utilise l’argent prévu pour l’étude et la prévention de la grippe aviaire pour construire des villas personnelles au Caire et en Alexandria”

    “La seule raison pour laquelle elle a cette position est que son frère travaille au bureau du Ministre de la Santé”, disait une autre. D’autres participants à la grève parlaient de mauvaises conditions de travail et du népotisme comme raisons pour leur protestation. A peu près 45 des 150 travailleurs ont commencé à chanter quand le directeur est arrivé en voiture, pour tout de suite repartir quand elle a vu les protestations, après quoi des cris de joie ont résonné.

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    Les femmes, et surtout les femmes de la classe ouvrière, ont beaucoup de raisons de se fâcher sur la manière dont la société est aujourd’hui gérée. Les femmes sont traitées comme des travailleurs de second rang, leurs salaires ont stagné durant les 10 dernières années parce que le patronat a utilisé la crise économique pour garder les salaires au plus bas. Pour les travailleuses et travailleurs, la crise a conduit à une augmentation sensible du temps de travail. Cela touche spécifiquement très durement les femmes, qui ont moins de temps et plus de stress pour être présentes pour leurs enfants. Beaucoup de femmes n’ont pas d’autre choix que d’accepter des boulots précaires ou dans l’économie informelle – leur nombre a doublé ces cinq dernières années.

    Le revenu médian des employées était de 8.500 HK$ en 2009, soit à peu près 30% de moins que pour les hommes. Il est d’usage dans les entreprises de moins payer les femmes pour des emplois identiques. C’est surtout le cas dans le secteur de la restauration.

    Ce n’est donc pas étonnant que le nombre de femmes qui vivent sous le seuil de pauvreté a augmenté entre 1996 et 2008 de 485.000 à 635.000 personnes. Hong Kong a le fossé entre riches et pauvres le plus extrême de toutes les économies développées, et la pauvreté augmente plus vite parmi les femmes. Les femmes sont les plus grandes perdantes de la politique pro-riche et anti-providence de Donald Tsang (chef de l’exécutif de l’administration de Hong Kong) et de ses partisans.

    La discrimination contre les femmes mariées sur le marché du travail a même encore empiré depuis la crise économique. Chaque année, la moitié des 300 plaintes qui entrent à la Commission pour l’Egalité concernant des discriminations sur base du sexe est liée à la question de la grossesse. La discrimination est souvent cachée, comme de faire travailler une femme enceinte sans air conditionné ou en utilisant des autres formes de pression et d’harcèlement.

    En 2010, une importante percée a eu lieu avec la première législation autour d’un salaire minimum à Hong Kong. Cela s’est produit après plus de dix ans de retards, avec une énorme pression sur le gouvernement et le patronat. Mais il faut beaucoup plus que ça. Le niveau du salaire minimum, 28 HK$ par heure, est toujours trop bas. Et la nouvelle loi discrimine aussi les immigrés, les personnes handicapées et les étudiants. Les patrons cherchent aussi des manières de limiter la loi et de couper dans leurs frais – en embauchant plus de travailleurs à temps partiel et en forçant les travailleurs à devenir des pseudo-indépendants.

    Les syndicats à Hong Kong doivent étayer leurs paroles sur de meilleurs salaires et une diminution du temps de travail avec des actions et avec une volonté de réellement passer à la lutte. Nous voulons un salaire minimum juste et totalement inclusif, ainsi que le droit à des négociations salariales collectives pour tous les travailleurs. Cela est lié à la nécessité de transformer les syndicats en organisations de lutte, contrôlées par leurs membres, avec des sections démocratiques au niveau du lieu de travail et avec des dirigeants qui vivent au salaire moyen d’un travailleur qualifié.

    Venezuela : Réformes sous attaque

    Denise Dudley, Socialismo Revolucionario, (CIT/CIO Venezuela)

    Lors des premières années de la Révolution Bolivarienne, des pas en avant importants ont été faits pour les ouvrières, entre autres avec la fondation d’un Ministère pour les Femmes et de différents programmes d’éducation et de santé (Missions) qui avaient pour but de tirer les femmes hors de la pauvreté et de la dépendance financière. Malheureusement, nous avons vu que ces réformes ont de plus en plus été réduites ces dernières années, partiellement en résultat de la récession de deux ans qui a conduit à des coupes budgétaires (jusqu’à 50% en moins des moyens de beaucoup de Missions).

    Le président du Venezuela, Hugo Chavez, a parlé de son gouvernement comme étant “féministe”. Cependant, le Conseil National (le Parlement) récemment élu a aboli la «Commission Femmes» mise sur pied pour combattre le sexisme et le «machismo» qui restent dominant dans la société vénézuélienne d’aujourd’hui. En plus, l’avortement reste illégal, avec un grand impact sur la vie et le bien-être de centaines de milliers de femmes.

    Il y a au Venezuela de grands obstacles pour s’organiser autour de ces questions, notamment l’extrême polarisation politique entre les défenseurs et les adversaires de Chavez. Une des conséquences est que beaucoup de gens à gauche doutent ou refusent de participer à une campagne qui pourrait être vue comme une campagne «contre» le gouvernement et faisant partie de l’aile droite organisée.

    A cette Journée Internationale des Femmes, une Conférence Internationale des Femmes est toutefois organisée à Caracas, ce qui offre un forum et une opportunité de discuter de ces questions et où on espère qu’un plan d’action va être proposé pour mener la lutte pour les droits des femmes.

    Suède : Un nouveau réseau lutte contre la politique de droite

    Elin Gauffin, Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède)

    Pour le 8 mars de cette année, un nouveau réseau a été mis sur pied en Suède sous le nom “Luttes des Femmes contre la Droite”. La première de ses tâches est l’organisation d’une manifestation à Stockholm pour la Journée Internationale des Femmes.

    Les slogans centraux de la manifestation sont: “Non aux privatisations” ; ”Abolition du RUT” (une réduction d’impôts pour les gens qui emploient du personnel domestique) ; ”Des emplois stables et sûrs” ; ”Pour la providence générale” ; ”Pas de profits sur les corps des femme” ; ”Arrêtez le sexisme” ; ”Solidarité internationale des femmes et justice globale”.

    Après plus de quatre années d’un gouvernement de droite en Suède, l’égalité a été attaquée sur beaucoup de terrains. Les diminutions d’impôts ont fait augmenter le fossé entre le revenu des femmes et celui des hommes à 1.000 Kroon par mois (100 euros). Le fossé entre hommes et femmes au niveau de l’emploi est le plus grand en 20 années, avec 230.000 plus d’hommes que de femmes ayant un emploi – un mauvais rapport pour un gouvernement qui affirme que l’emploi est sa priorité.

    Un emploi pour chacun, la providence générale et un secteur public efficace sont la base nécessaire pour parvenir à une véritable égalité, comme lorsque de bons moyens existaient en Suède pour les soins de santé, les soins aux personnes âgées et aux enfants, en résultat des luttes des femmes et des travailleurs. Aujourd’hui, tout le monde est sensé résoudre de plus en plus de problèmes sur base individuelle.

    Presque 100.000 habitants du district de Stockholm ont obtenu l’an dernier une diminution d’impôts pour employer du personnel domestique. Cela a fait augmenter la division de classe parmi les femmes. Celles qui peuvent se permettre d’employer quelqu’un pour nettoyer leur maison obtiennent une diminution d’impôts alors que ce genre d’emploi est souvent très précaire et le plus souvent très mal payé. Au lieu de ça, il faudrait libérer plus de moyens publics pour l’élargissement des soins aux enfants et aux personnes âgées pour ceux qui en ont besoin.

    Sanna Tefke, secrétaire jeune de Kommunal (syndicat des travailleurs communaux) Section 26, est membre de Rättvisepartiet Socialisterna (CIO-Suède) et l’une des initiatrices de la manifestation du 8 mars. Elle déclare: ”La privatisation des soins de santé à Stockholm a été si loin que dans beaucoup de districts, il n’y a plus de soins publiquement financés. Des millions de Kroon de l’argent des contribuables va vers les profits et les dividendes des propriétaires privés.”

    “L’initiative “Lutte des Femmes contre la Droite” était nécessaire pour en quelque sorte armer le 8 mars. Nous devons reconstruire un mouvement combatif qui puisse donner une réponse à la contre-révolution qui est menée aujourd’hui. Nous ressentons que les initiatives déjà existantes autour du 8 mars sont trop vagues et trop douces.”

    Une autre question reprise est celle de la violence masculine contre les femmes. Maria Rashidi, de l’ ”Association pour les Droits des Femmes”, nous raconte : ”Chaque jour, je rencontre une femme qui a été abusée par son mari. Les victimes de violence masculine ne sont souvent pas traitées de façon sérieuse par la police et les services sociaux. Les femmes dans une procédure d’asile sont touchées le plus fortement. Beaucoup doivent déménager tous les mois et sont exploitées comme des forces de travail bon marché. Les femmes travaillent par exemple dans des restaurants où elles font la vaisselle pour 20 SEK (2 euros) par heure et elles doivent y rester la nuit.”

    “Je reçois deux ou trois coups de téléphone par semaine de femmes qui ont été abusées comme ”nouvelle mariée par la poste”. Il faudrait avoir un accueil spécifique pour ces femmes. Le 8 mars, il est important de constater le progrès que les femmes ont obtenu, mais aussi de rappeler que, par la lutte, nous pouvons obtenir beaucoup plus.”

    Irlande : La lutte des travailleuses de Laura Ashley en inspire d’autres

    Dans le nord et dans le sud de l’Irlande, des assainissements tels que personne n’en a vu se produisent dans le secteur public, de même que des attaques contre les salaires – y compris une diminution du salaire minimum dans le sud avec 1 euro – touchent très durement les travailleuses et les femmes qui dépendent des services publics. Dans ce cadre, les travailleuses de Laura Ashley sont un exemple édifiant de femmes qui partent en contre-offensive.

    Déléguée et gréviste de Laura Ashley, Laura Waters, écrit sur ses expériences:

    “Avec 15 de mes collègues, surtout des femmes, j’ai été en grève un peu plus de trois mois. J’ai travaillé plus de huit années dans le fleuron de Laura Ashley à Grafton Street, à Dublin. En octobre, l’an dernier, nous avons appris que notre magasin allait fermer après une offre de bail de Disney Group.

    “Deux semaines avant la fermeture, nous avons tous reçu la promesse que nos emplois étaient en sécurité et que nous allions être mutées vers un nouveau magasin. Mais cela ne s’est pas produit, pas même quand Laura Ashley a été mise sous pression pour faire muter du personnel vers d’autres magasins ; la direction n’offrait que six emplois pour 22 travailleurs. La plupart d’entre nous travaillaient à temps plein, mais la meilleure nouvelle offre était un contrat de 16 heures au salaire très bas. Il n’y avait pas d’offre d’emploi semblable aux nôtres et Laura Ashley avait en plus le culot de nous offrir ces nouveaux emplois à condition de toutes passer à nouveau la procédure d’embauche.

    ”Les 22 travailleurs ont donc été confrontés à un licenciement imposé, où Laura Ashley ne voulait pas payer les primes de licenciement légalement prévues, dont il récupère pourtant 60% du gouvernement irlandais. Et cela malgré le fait que Laura Ashley est sur le point d’annoncer pour l’année passée des profits qui dépassent les 21 millions d’euros! Nous pensons aussi qu’il a obtenu une somme d’à peu près 90.000 euros pour la vente de notre magasin à Disney.

    “Pour nous, il ne restait pas d’autre option que les actions de grève afin d’éviter qu’une entreprise rapace et rentable comme Laura Ashley ne marche sur nous tous. Nous avions le sentiment qu’on devait se battre, pas seulement pour nous, mais pour tous les travailleurs qui étaient traités de cette façon.

    “Pendant notre grève de 15 semaines, il est devenu clair que la direction syndicale n’était pas représentative pour de simples travailleurs comme nous. Elle a échoué à chaque opportunité de conduire notre lutte vers une solution, alors que leur manque d’action n’avait pour effet que de tirer en longueur le conflit. La direction syndicale est totalement détachée de la lutte réelle à laquelle sont confrontés ses membres sur le terrain. Ainsi, notre indemnité de grève est de 40 euros par semaine. Je défie chaque fonctionnaire syndical de vivre avec 40 euros par semaine! Cela ne couvre qu’à peine les coûts de déplacement pour aller et revenir du piquet, ne parlons pas de l’hypothèque ou des factures des grévistes.

    “Par mon implication dans cette lutte, je me suis plus largement rendu compte de la crise, pas seulement dans le mouvement syndical, mais dans notre gouvernement et notre société en général. Tel que les choses sont pour l’instant, les simples travailleurs ne sont pas représentés par notre gouvernement, ce qui est tout de suite clarifié par leur volonté d’imposer des mesures d’austérité qui déciment les vies des simples travailleurs. Alors que les banquiers et les spéculateurs qui ont causé cette récession ont été sauvés avec des sommes massives, les simples travailleurs restent en plan, avec une lutte à mener contre l’austérité.

    “Pourquoi est-ce que nous devons continuer à payer pour la crise économique? Pourquoi les simples travailleurs doivent-ils supporter les horribles conséquences de l’austérité ? Pourquoi devons nous supporter les charges des fautes de l’élite riche ? Nous ne devons pas faire ça et c’est aussi la raison pour laquelle j’ai décidé de rejoindre le Socialist Party (CIO-Irlande). Je crois qu’il y a une alternative réelle et viable contre le système actuel. Je crois à une économie planifiée en fonction des intérêts des travailleurs, en opposition à la pauvreté et à l’inégalité créées par le capitalisme. Nous, la classe ouvrière, sommes la majorité et si nous luttons ensemble, nous pouvons vraiment faire la différence et devenir une force qui sait vraiment changer fondamentalement la société dans laquelle nous vivons.”

    Grande-Bretagne : Les femmes condamnées

    Jane James, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    L’impact des assainissements du gouvernement des Conservateurs et des Libéraux Démocrates (Con-Dem) sur les femmes va être horrible. Tous les groupes d’âge vont être touchés, des jeunes femmes – qui n’auront plus accès à l’aide prévue spécialement pour elles, comme au sujet de la contraception, et des droits pour les grossesses des teenagers – jusqu’aux femmes qui ont la perspective de la pension juste devant elles. Des refuges pour femmes abusées vont fermer, ce qui va rendre encore plus difficile pour les femmes de quitter des compagnons violents.

    Maintenant, déjà 11 milliard de livres ont été retiré du budget des allocations sociales, ce dont les femmes seront les plus grandes victimes. Le gel des allocations familiales et les coupes dans les primes pour les femmes enceintes vont ensemble coûter 2,4 milliards euros. Les familles avec les revenus les plus bas et avec des nouveau nés vont perdre 1.293 livres par an une fois ces mesures totalement appliquées.

    Les femmes constituent les trois quarts du personnel dans le secteur public en Grande-Bretagne, ce qui fait que la perte d’emploi va avoir un effet important sur elles. Malgré la haute représentation syndicale dans le secteur public, il y a peu de signes de lutte dans la plupart des cas. Les travailleuses, ensemble avec les militants syndicaux masculins, vont devoir revendiquer de l’action de leurs dirigeants.

    L’an dernier, c’était le 40e anniversaire de la Loi sur le Salaire Egal en Grande-Bretagne, ce qui a été obtenu par la lute. Cette année, les femmes vont devoir se battre pour sauver leurs emplois.

    Beaucoup de femmes plus âgées que 50 ans sont furieuses de l’augmentation de l’âge de départ en pension dans le secteur public: beaucoup d’entre elles vont devoir travailler au moins un an en plus. Beaucoup de ces femmes sont seules et n’ont pas de pension privée sur laquelle retomber. Cela vient en plus des attaques contre les pensions professionnelles, ce qui peut constituer l’occasion d’une lutte unifiée dans le secteur public.

    Cette année, beaucoup d’organisations féministes mettent en avant la victoire de la lutte pour le droit de vote. Nous soutenons aussi cette victoire, mais le Socialist Party d’Angleterre et du Pays de Galles va surtout mettre l’accent sur la nécessité pour les femmes de rejoindre la lutte contre les assainissements avec leurs syndicats et les comités anti-austérité qui sont mis sur pied partout dans le pays.

    Succès pour la campagne “Stop the Strip”

    Une campagne "Stop the Strip" à New Cross, au sud de Londres, a été mise sur pied par des gens du quartier et des membres du Socialist Party et a réussi à obtenir la fermeture d’un bar lap-dance dans le café White Hart.

    Tania Eadie, une des organisatrices, explique l’importance de cette campagne:

    “Nous avons obtenu notre objectif de faire fermer un bar lap-dance, mais il y en a au moins 300 dans le Royaume Uni. Les femmes qui travaillent dans ces bars ne le font pas parce que c’est ”chouette”. Les raisons peuvent être complexes, mais pour beaucoup c’est bien simple : elles ont besoin d’argent.

    “Il ne s’agit, pour plein de gens, pas du choix entre une vacance à l’intérieur ou à l’extérieur du pays; c’est le choix terrible entre la nourriture pour la semaine ou la facture de chauffage. Des lieux comme White Hart semblent offrir la promesse d’argent facile et rapide. En réalité ils offrent ”l’opportunité” de se faire humilier et d’être traité comme un objet sexuel. Ils offrent aussi la chance de travailler dans un environnement violent et dangereux. Il existe aussi de tels lieux, où on attend des femmes qui y travaillent qu’elles aient des relations sexuelles avec les clients.

    “Ces bars augmentent aussi le risque de violence dans un quartier. Quand nous avons eu notre manifestation de 100 personnes, plusieurs femmes nous ont raconté que la présence du lap dance bar dans le quartier leur faisait se sentir en insécurité. Ce n’est pas étonnant dans un quartier qui a le sixième plus haut taux de viols à Londres.

    “Après la manifestation de protestation, un homme qui venait du bar est venait chez nous pour nous expliquer qu’il ne s’agissait que d’un peu de fun. Le lap dance est ”normalisé”. Mais ce n’est pas normal. Ces bars traitent les femmes comme des objets, des choses à regarder. Personne de nous ne devrait accepter cela.

    “Nous avons pu faire fermer le lap dance bar du White Hart-café, mais il y a encore beaucoup de lieux similaires. Les socialistes doivent mener campagne pour les fermer, expliquer pourquoi les femmes y travaillent et mener la lutte pour de bons emplois et de véritable chances pour chacun.”

    Inde : La lutte d’une femme contre l’oppression – Irom Sharmila

    Socialist Alternative, CIO-Inde

    La lutte pour l’émancipation des femmes du sexisme et pour l’égalité sociale, politique et économique continue dans différents mouvements de lutte en Inde. Mais à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes, il faut mettre en avant la lutte exceptionnelle d’une femme contre l’Etat indien brutal et son pouvoir draconien. Avec sa lutte déterminée, elle a lancé un défi au pouvoir de l’armée indienne à elle seule.

    Irom Sharmila, une jeune femme Manipuri, se prive de nourriture depuis novembre 2000 en protestation du meurtre d’innocents par les services de sécurité sensé les protéger. Elle s’oppose aux Pouvoirs Spéciaux pour l’armée, une loi introduite pour opprimer la révolte. Sous cette loi, les agents de sécurité peuvent tirer sur n’importe qui ou les arrêter, faire des perquisitions, etc., sur base du seul soupçon de faire partie de la révolte. Souvent, ils prennent des simples personnes comme cible, où utilisent leurs pouvoirs spéciaux. Les journaux font rapport d’innombrables incidents. Des organisations des droits de l’homme ont enregistré des centaines de cas de meurtre, d’arrestation, de viol ou de torture de personnes innocentes.

    A Manipur, les gens vivent dans la peur. De l’un côté, ils ont peur des rebelles, de l’autre côté, des troupes de sécurité. Un cycle de violence a été mis en route par ces deux camps. Les gens se trouvent dans la ligne de feu entre les deux, et ont perdu dans cette belle région tout semblant de vie normale. Loin d’être une mesure effective contre la révolte, la loi sur les Pouvoirs Spéciaux renforce la révolte.

    En novembre 2000, dix personnes innocentes ont été tuées par les troupes de sécurité au Malom, un village près d’Imphal. Irom Sharmila, fille d’une famille d’Imphal, ne pouvait plus accepter cette situation. En réponse à cette tragédie, elle est entrée en jeûne en revendiquant l’abolition de la loi sur les Pouvoirs Spéciaux au Manipur. Elle a refusé de manger jusqu’à ce que cette loi soit abolie. Plus tard le même mois, elle a été arrêtée par le gouvernement, qui lui a imposé de la nourriture forcée. Dès lors, elle a été plusieurs fois libérée et à nouveau arrêtée. Depuis plus de huit ans déjà, elle insiste sur sa revendication et refuse de manger. La plupart de ces années, elle les a passées toute seule dans la prison d’Imphal.

    Alors que nous sommes inspirés par l’énorme courage et la détermination d’Irom Shamila, nous aspirons, avec Alternative Socialiste (CIO-Inde), à construire des organisations et des mouvements qui se basent sur la puissante classe ouvrière indienne. Cette classe va, suivant dans les pas des mouvements de masse dans le Moyen-Orient aujourd’hui, être capable de ne non seulement virer la loi sur les Pouvoirs Spéciaux et l’oppression militaire, mais aussi de faire disparaître tout ce système capitaliste pourri et corrompu et la grande propriété terrienne en Inde. Les femmes devront jouer un rôle vital dans ce mouvement ; sans elles, ce mouvement ne sera jamais capable de gagner.

    Italie : Un million de personnes manifestent contre le sexisme

    Christine Thomas, Controcorrente (CIO-Italie)

    Le 13 février un million de femmes (et d’hommes) ont manifesté dans 230 villes et communes en Italie. C’était une protestation spontanée provoquée par les accusations contre le président Italien Silvio Berlusconi selon lesquelles il aurait entre autres payé pour des relations sexuelles avec une prostituée mineure. Mais il s’agissait de bien plus que ça. C’était une protestation contre la façon dont son propre comportement personnel et son contrôle (direct ou indirect) sur toutes les chaînes de télévision (sauf une) et son empire médiatique dressent un portrait des femmes comme des objets sexuels qui sont là pour être guignées et contrôlées par les hommes.

    Une culture sexiste est créée, dans laquelle quelques jeunes filles pensent maintenant que leur corps est leur seule qualité à valoir quelque chose, et que c’est le seul chemin vers la réussite dans la vie. Dans ce pays, le Ministre pour l’Egalité des Chances est une ancienne modèle topless ! C’est le pays qui se trouve sur la 74 e place (sur 134) dans le classement de fossé de genre (33 places en-dessous de Kazakhstan !).

    Des dizaines de milliers de femmes qui étaient descendues dans la rue disaient qu’il fallait un changement. «Si pas maintenant, quand alors?», était le slogan central de la protestation. Pour beaucoup, ce slogan se référait aussi à la démission de Berlusconi. ”Je suis ici parce que je connais ce que cela signifie de se faire molester par un homme qui pourrait être ton grand-père”, disait une des manifestantes. ”Je suis enceinte”, disait une infirmière, ”mais je ne sais pas le dire au boulot parce que je le perdrai alors.”

    Des membres du CIO distribuaient un tract à ces manifestations avec le titre: “Nous ne sommes pas des marchandises; capitalisme = profits = inégalité”. Les protestations ont rassemblés des femmes de plusieurs classes sociales et de différents milieux, mais nous avons expliqué comment le sexisme et la dépréciation des femmes de Berlusconi sont une expression logique (même extrême) d’un système où les profits sont la chose la plus importante et où tout a son prix, un système basé sur l’inégalité de richesse et l’inégalité de genre. Seule une lutte anticapitaliste impliquant des femmes et des hommes peut poser la base pour la fin du sexisme et peut conduire à une véritable égalité permanente entre femmes et hommes.

  • Elections en Suède: nos camarades suédois gardent leurs sièges aux communales

    Les élections législatives et communales ont eu lieu le 19 septembre dernier en Suède. Aux législatives, l’Alliance du Premier ministre Fredrik Reinfeldt (libéral) a perdu sa majorité absolue et l’extrême-droite fait son entrée au Parlement, avec 20 sièges. Aux élections communales, nos camarades de Rättvisepartiet Socialisterna gardent leurs sièges communaux à Lulea (3) et à Hanige (2), à Stockholm. Nous reviendrons sur ces élections sur ce site mais, en attendant, voici quelques photos de la campagne de nos camarades suédois.

  • Protestations internationales contre la répression et les attaques néofascistes à Moscou

    Demain, nous allons mener une action au quartier général financier de la multinationale française Vinci, qui se trouve à Bruxelles (voir notre appel pour cette action). A la base de cette action se trouve la répression dont sont victimes les militants opposés à la destruction d’une partie de la forêt autour de Moscou, particulièrement nécessaire pour se protéger de la chaleur et du smog. Ces bois sont coupés pour faire place à une autoroute à péage pour riches construite par la multinationale Vinci. Les opposants subissent la répression et les attaques des néofascistes, comme trois de nos militants en Russie qui ont été attaqués. L’un d’eux a le crâne brisé et est toujours à l’hôpital. Ces derniers jours, différentes actions ont eu lieu entre autres en Suède, en Allemagne, à Hong Kong et en Israël.

    Israël

    Yonathan Dayan, Tnua’t Maavak Sozialisti / Harakat Nidal Eshtaraki

    “Vendredi dernier, nous nous sommes rendus à l’ambassade russe pour protester contre les attaques qu’ont dû subir nos camarades après avoir participé à une grande action de protestation contre la destruction des bois à Moscou. La multinationale Vinci veut détruire le “poumon vert” de la ville. Une trentaine de militants ont mené campagne devant l’ambassade, une lettre de protestation y a été donnée et les passants ont reçu nos tracts à ce sujet."

    Allemagne

    Nos camarades ont protesté devant l’ambassade russe à Berlin et ont distribué des tracts aux passants. Mais tant l’ambassade que le siège de Vinci ont refusé notre lettre de protestation.

    Suède

    En Suède, des actions ont été menées à Stockholm et Göteborg. Dans la capitale, l’ambassade a tout d’abord appelé la police, pensant que nous étions des manifestants géorgiens. Nous avons remis une lettre de protestation de notre conseiller communal Mattias Bernhardsson.

    Hong Kong

    Ce 9 août, des militants de Socialist Action se sont rendus au Consulat de Russie à Hong Kong. Là aussi, une lettre de protestation a été remise, en solidarité avec les actions de nos camarades.

  • Une semaine de ‘Protestation et de solidarité’ tenue à travers l’Europe

    Faisons de la manifestation de la Confédération Européenne des Syndicats du 29 Septembre une "journée d’action" décisive pour la mobilisation des travailleurs

    A la suite de l’appel lancé par 16 députés européens de la Gauche Unitaire Européenne / Gauche Verte Nordique (GUE/NGL), et initié par Joe Higgins et le Socialist Party (CIO-Irlande), des protestations et des activités ont pris place dans plusieurs pays européens la semaine dernière. Même si ces actions étaient de taille restreinte, elles ont activement pointé la direction dont nous avons besoin : des actions de protestation de masse au niveau européen pour résister aux attaques des gouvernements et des patrons du continent.

    Par Paul Murphy, CIO

    A l’initiative du Socialist Party, 500 personnes ont défilé dans les rues de Dublin ce samedi 26 juin, mobilisées autour des slogans "Stop au renflouage des banques – Opposons-nous aux coupes d’austérité du Fonds Monétaire International et de l’Union Européenne – Pour la fin de la dictature des marchés." Plutôt cette semaine, une protestation à Belfast, devant les locaux de la Commission Européenne, avait reçu le soutien officiel du syndicat des pompiers, d’un syndicat des enseignants (INTO – région du nord), du syndicat de la fonction publique (PCS) et de l’association des enseignants et lecteurs (ATL). Environ 150 personnes étaient présentes à cette action.

    En Grèce, des protestations ont été organisées par Syriza, avec également un meeting qui a réuni des centaines de personnes le vendredi soir à Athènes. En Angleterre, le réseau national des délégués syndicaux (National Shop Stewards Network) a organisé un meeting le samedi 26 juin au soir, sur le thème de la solidarité internationale. En Suède, des militants de 4 organisations socialistes et syndicats (de l’Alliance de Septembre), se sont réunis devant les bureaux de la Commission Européenne à Stockholm. Ils avaient une bannière déclarant "Non à l’Europe du grand capital" et ont donné une lettre de protestation à la Commission Européenne.

    A Lisbonne, l’après-midi du 26 juin, des militants du Bloc de Gauche ont distribué 200.000 tracts concernant la crise économique. Un peu plus de 80 personnes ont protesté à Bruxelles lors d’une manifestation organisée par le Front des Gauches, avec le soutien de Synaspismos (Grèce) et de la Federazione Comunista del Belgio (Italie). Cette protestation s’est déroulée dans un quartier habité par plusieurs communautés du Sud de l’Europe et a reçu les applaudissements et le soutien de plusieurs habitants. Les membres du CIO en Autriche (Sozialistische Linkspartei) ont organise une protestation devant la Chambre de Commerce de Salzburg le mercredi 23 juin et avaient une banderole longue de 35 mètre clamant "Protestation et solidarité internationales" utilisée lors d’une manifestation le vendredi.

    Au Danemark, le meeting annuel de l’Alliance Rouge-Verte s’est déroulé à Copenhague le mercredi 23 juin, avec la participation de centaines de personnes. Finn Sørensen, le vice-président d’un syndicat de Copenhague, a attaqué les déclarations selon lesquelles la crise grecque est conséquente au fait que les travailleurs grecs vivent au-dessus de leurs moyens. Il a insisté sur la responsabilité de l’Union Européenne, du gouvernement grec et des spéculateurs. Un puissant message de solidarité a été envoyé aux travailleurs grecs du Danemark. En Italie, la semaine de protestation a été relayée par les camarades de Controcorrente, qui sont intervenus dans la grève générale du 25 juin.

    L’Europe regarde en direction de la Grèce

    Les niveaux différents de protestations dans les divers pays reflètent les différents niveaux de lutte et les situations qui existent dans les divers pays européens. Cependant, avec les mesures budgétaires draconiennes du gouvernement Tory/Libéral en grande Bretagne et avec l’annonce des attaques vicieuses d’Angela Merkel en Allemagne, ainsi que les mesures d’austérité annoncées en France, il est maintenant très clair que c’est toute l’Europe qui se dirige vers la Grèce. Au cours de ces derniers jours seulement, il y a également eu des grèves générales ou des grèves générales partielles en France, en Italie et au Pays Basque en Espagne.

    Cette semaine d’action initiée par le Comité pour une Internationale Ouvrière a mis en avant le chemin à suivre pour les travailleurs partout à travers l’Europe: celui de la nécessité d’actions communes à l’échelle européenne pour vaincre les attaques antisociales qu’on cherche à nous imposer.

    Maintenant, les regards se tournent vers la "Journée d’action" annoncée par la Confédération Européenne des Syndicats pour ce 29 septembre. Les syndicats espagnols ont annoncés qu’ils partiraient en grève générale ce même jour. Le CIO plaide pour que cette journée d’action devienne une réelle journée de mobilisation des travailleurs à travers l’Europe. Là où cela est approprié, comme en Espagne, des grèves générales pourraient être organisées ce jour-là, avec des manifestations régionales et une manifestation majeure à Bruxelles.

    Dublin

    Joe Higgins, eurodéputé du Comité pour une Internationale Ouvrière (Socialist Party, CIO-Irlande)

    Clare Daily (Socialist Party, CIO-Irlande)

    Joe Higgins, eurodéputé du Comité pour une Internationale Ouvrière (Socialist Party, CIO-Irlande)

    Autriche

    Angleterre – Coventry

    Suède

    Danemark

    Belgique

  • Le syndrome de Stockholm d’Herman De Croo

    Connaissez-vous le Syndrome de Stockholm ? C’est le fait qu’après une longue cohabitation forcée, les vicitimes d’une prise d’otages en viennent souvent à éprouver plus de compréhension voire même de sympathie pour leurs gardiens ou ravisseurs que pour les policiers qui les ont libérés.

    Herman de Croo a rencontré ce Syndrome. Il pense même avoir grâce à lui trouvé la solution pour les négociations gouvernementales difficiles : simplement continuer à négocier.

    Il l’a expliqué le 6 août au Standaard : « Lors de ces négociations, il arrive quand même un moment où apparaît le syndrome de Stockholm. On mange ensemble, on demande comment vont les enfants, la tenue vestimentaire n’est pas toujours aussi formelle,… à la longue, cet espace de négociations devient un deuxième chez-soi. Ce facteur d’habitude provoque un rapprochement des différentes parties et alors il est temps de passer à la deuxième phase du processus mental : la prise de distance vis-à-vis de sa base. »

    La base est donc prévenue. Les bons négociateurs sont donc ceux qui, entre la poire et le fromage, cocufient leur électeurs et leurs militants avec le chef du parti d’en face. Notons que cela fait longtemps que les patrons jouent à ce jeu avec les permanents syndicaux…

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