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  • Le personnel de la STIB a raison : sans sécurité, pas question de travailler !

    Avec l’ouverture d’un plus grand nombre d’entreprises et de magasins cette semaine et le redémarrage partiel des écoles la semaine prochaine, les transports publics doivent également revenir à un horaire plus soutenu, ce qui ramène à la surface un grand nombre de problèmes préexistants. Ceux-ci combinés à la pandémie de Covid-19 créent des situations inacceptables pour le personnel et les usagers.

    La foule dans les bus, les trams et les métros augmente lentement depuis plusieurs semaines maintenant. Souvent, le nombre de passagers prévu a déjà été dépassé. La semaine prochaine, les écoles rouvriront également en partie. La STIB a donc voulu revenir à son cours normal, sans garantie que les bus, les trams ou les métros ne seraient pas surchargés.

    En outre, le personnel de conduite peut prendre son service en ligne sans passer par le dépôt. Au cours du service alternatif, chaque changement de conducteur était effectué au dépôt, sans voir un autre collègue et avec suffisamment de temps et d’espace pour décontaminer correctement le véhicule. Avec la prise du service en ligne, le conducteur et les passagers doivent attendre sur des quais éventuellement surchargés et/ou se rendre au dépôt avec un bus, un tramway ou un métro éventuellement surchargé. En outre, ce changement doit être effectué immédiatement, sans prendre suffisamment de temps pour décontaminer la cabine.

    Il n’est donc pas surprenant que certains membres du personnel considèrent ces circonstances comme dangereuses et s’appuient sur le droit de retrait, un droit souvent appliqué en France, qui repose sur l’obligation de l’employeur d’offrir des conditions de travail sûres. Un travailleur qui s’estime en situation dangereuse peut selon ce droit refuser de travailler sans subir aucun désavantage. En cas de danger grave et imminent, un travailleur peut donc quitter son lieu de travail. La direction de la STIB refuse de reconnaître de droit et considère ses employés comme étant en congé injustifié et, puisque les syndicats refusent de reconnaître cette action, cela ouvre la voie à des mesures disciplinaires individuelles. C’est scandaleux ! Cette attitude est irresponsable tant de la part de la direction que de la par des directions syndicales. Les dirigeants syndicaux feraient mieux de reconnaître cette action et de soumettre toute proposition d’accord au personnel afin que la base puisse décidée par un vote.

    Bien entendu, ce ne sont pas les seuls points de discorde : outre la sécurité immédiate du personnel, il est aussi question d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Dans l’horaire ajusté du confinement, il n’y avait pas de service fractionnés, mais cela revient également maintenant sur la table. De nombreux employés veulent se débarrasser de cela depuis longtemps déjà. Cette crise aurait pu être l’opportunité de le faire et d’ainsi permettre de limiter le nombre de trajets pour se rendre au travail et en revenir. En raison des services fractionnées aux heures de pointe du matin et du soir, un travailleur doit se rendre au travail et en revenir deux fois par jour. Cela comporte évidemment des risques. Celles et ceux qui habitent loin n’ont d’autre choix que de rester au dépôt entre deux quarts de travail. C’est aussi un risque.

    Une fois de plus, il est clair que des conditions de travail sûres et décentes pour le personnel des transports publics ne sont pas une priorité sous le capitalisme. Pour les voyageurs également, la sécurité des transports publics est impossible en suivant la logique d’austrité. À New York, l’une des villes les plus touchées au monde, les scientifiques estiment que le métro a joué un rôle important dans la propagation du virus.

    Se concentrer sur les intérêts des passagers et du personnel présuppose un investissement massif dans les transports publics. Comme dans d’autres secteurs essentiels, assurer la sûreté de l’environnement de travail exige davantage de moyens et de personnel. Transporter un nombre normal de passagers dans des conditions sûres nécessite en fait davantage de trajets et le contrôle du nombre maximum de passagers. En outre, des masques gratuits pourraient être distribués et du personnel supplémentaire est nécessaire pour décontaminer les véhicules et les stations de métro. L’organisation de trajets supplémentaires avec plus de personnel peut ne pas sembler évidente en ce moment. Mais du personnel ayant un savoir-faire dans le secteur des transports (les autocars par exemple) est actuellement au chômage. Pourquoi ne pas faire étudier les pénuries en fonction des possibilités ? Mais cela nécessite une planification plus globale de l’économie.

    Pour cela, nous devrons nous organiser dans des syndicats combatifs où les membres décident ensemble des revendications nécessaires et des tactiques à utiliser pour obtenir satisfaction. Cette crise du covid-19 n’a pas mis fin aux divisions de classe, nous devons donc poursuivre la lutte pour les intérêts de la nôtre. Contrairement à ce que les médias traditionnels voudraient nous faire croire, nous ne sommes pas tous dans le même bateau.

     

  • Interview d’Anja Deschoemacker sur le site lavenir.net

    Ce samedi 1er février, une septantaine de personnes ont manifesté à Bruxelles, à la station Albert, contre une nouvelle augmentation des tarifs de la STIB. Anja Deschoemacker, porte-parole de “Gauches Communes” et membre du PSL, a répondu aux question de la rédaction de L’Avenir en défendant la gratuité des transports en commun.

    Photo ci-contre: Anja Deschoemacker (Gauches Communes, PSL) et Gilles Smedt (Gauches Communes, Parti Humaniste)

  • Bruxelles : Une région marquée par les pénuries et les inégalités (4)

    Le problème de la mobilité à Bruxelles n’est pas connu que des habitants de la capitale… Des navetteurs jusqu’à la moindre personne désireuse de se rendre à bruxelles, chacun peut constater les conséquences de la mauvaise gestion de la problématique de la mobilité. Et les problèmes en manque de solution risquent de tout bloquer. Au sens propre comme au figuré.

    La région et les communes font payer l’absence de solution pour la mobilité à la population et aux travailleurs

    La déclaration d’investiture du gouvernement bruxellois de 2009 affichait la volonté de viser à la gratuité des transports publics et avait fait de la mobilité une priorité face aux embouteillages et à la pollution. Le plan Iris 2 devait faire diminuer de 20% la charge sur le réseau routier pour 2018. Cela ressemblait fort à une déclaration d’intention creuse, étant donné que le flou était entretenu quant aux moyens alloués pour atteindre ces objectifs. Et force est de constater à présent que c’est le chemin inverse qui a été suivi.

    Les heures de pointe s’étalent de plus en plus dans le temps et d’ici 2015, la charge sur le réseau routier devrait encore augmenter de 7% et les temps de déplacement de 45%. Au niveau des transports en communs, la Stib continue à « traire » ses clients, en lieu et place d’une gratuité. Année après année, les usagers subissent des hausses de tarifs incessantes (deux fois l’inflation en moyenne sous les deux dernières législatures Picqué) et les +65 ans se sont vus dernièrement retirer la gratuité de leur abonnement sur le réseau. Comble de l’ironie, cette dernière mesure était présentée en « solidarité des plus jeunes », car il s’agit pour la région de compenser la perte due à l’arrêt de la participation de la Communauté française à la réduction sur les abonnements scolaires.

    Cette année, la Stib estime l’utilisation de ses bus, trams et métros à 348 millions de voyageurs. Le réseau atteint à présent une saturation à l’heure de pointe, sans qu’il n’y ait une augmentation conséquente de l’offre mise en œuvre. Plus d’un tiers des ménages bruxellois n’ont pas de voiture et seuls 22% des bruxellois l’utilisent quotidiennement. Tous ces chiffres suffisent à illustrer que le plus gros problème de mobilité à Bruxelles réside dans le sous-investissement dans les transports publics.

    Ces assainissements se font non seulement aux frais des usagers, mais aussi sur le dos des conditions de travail et de sécurité du personnel. Durant la durée du nouveau contrat de gestion 2013-2017, 116 millions € d’assainissements sont à réaliser. Au menu : diminution des frais de fonctionnement, « réduction de l’absentéisme »… Parallèlement à ces assainissements, des investissements sont prévus pour un renouvellement d’une partie du matériel roulant usé, mais aucune mesure n’est prise pour augmenter l’offre de manière conséquente. A partir de 2017, un budget important sera consacré à l’automatisation du métro, en particulier la partie centrale de l’axe est-ouest. Dans la logique actuelle, nulle doute que cette automatisation se fera au détriment de l’emploi.

    La sécurité est un aspect important des conditions de travail du personnel de la Stib, comme l’a encore durement démontré le meurtre d’un superviseur à Schaerbeek en avril 2012. Suite à cet évènement, le personnel a mené une grève courageuse de 6 jours pour arracher plus de moyens pour leur sécurité au travail. Grâce à cette lutte, ils ont obtenu que les superviseurs soient à deux lors de leurs interventions, que 50 travailleurs supplémentaires soient embauchés au service de sécurité de la Stib et que la troisième voiture d’intervention soit disponible durant toutes les heures d’exploitation. Par le passé, il y avait un accompagnateur pour chaque chauffeur. Mais la course à la rentabilité des patrons de la Stib et de la région est passée par là.

    Combien couterait la gratuité de la Stib ? « C’est une décision politique » selon la Stib. Marie De Schrijver a essayé de répondre à cette question dans son article pour « Le Soir » qui couvrait notre action à Saint-Gilles : « On peut tabler sur les 165 millions € de recettes directes (2010), même si le calcul est plus nuancé. On en déduirait le prix de l’émission et la vente des titres de transports, ou encore des contrôles et portiques. Mais s’y ajouterait le coût d’une augmentation de la fréquentation. La dotation annuelle globale, qui s’élève à 400 millions €, devrait pallier cette absence de recettes ». Nous ne défendons évidemment pas l’idée selon laquelle l’introduction de la gratuité se ferait au détriment d’une partie des plus de 6.500 emplois à la Stib. Au contraire, pour nous la gratuité demandera des investissements publics massifs pour un développement gigantesque du réseau s’accompagnant de la création de nombreux emplois décents.

    En lieu et place d’un plan ambitieux pour les transports en commun, la région a concocté un plan sur le stationnement qui sera d’application dès le 1e janvier 2014. Ce plan, amené à être concrétisé par les communes, prévoit la généralisation des cartes riverains pour toutes les communes (5 € la première carte, 50 € la deuxième, etc…) permettant un stationnement dans un rayon de 1,5 km autour du domicile. Pour le reste, le plan généralise les horodateurs pour les places de stationnement en voirie tout en diminuant drastiquement le nombre de ces places. Le plan prévoit une compensation par des places « hors voirie », comme des parkings souterrains, encore plus chers, comme le parking Vinci place Flagey à Ixelles, fruit d’un PPP dans lequel la commune a investi 7 millions €.

    Initialement les horodateurs visaient à éviter les voitures « tampon » et réguler le stationnement dans les artères commerçantes. Aujourd’hui, il s’agit de véritables vaches à lait pour combler les déficits communaux, installés jusque dans les coins les plus reculés. En 2011, les horodateurs rapportaient 42 millions € au communes bruxelloises dont 15 à Bruxelles, 5 à Anderlecht et Schaerbeek, 3 à Etterbeek et 2,2 à Ixelles.

    Saint-Gilles a suivi la tendance à l’augmentation des prix à 20 € la demi-journée de stationnement et a budgétisé ainsi 4 millions € en 2012. Le PTB Saint-Gillois a mené une campagne contre ce plan parking, en revendiquant la gratuité pour la 1ere carte riverain au lieu de 5 €. Cela a été repris par le PS dans son programme électoral et appliqué dans le nouveau budget 2013. « Nous nous étions réjouis que la pression de notre campagne citoyenne ait fait plier le PS », déclarait Benjamin Pestieau au sujet du programme électoral du PS. Cela illustre pourtant les limites de la politique « des petites victoires », le PS se servant ainsi d’une revendication peu coûteuse pour emballer socialement son plan d’austérité sur le parking.

    Les revenus des taxes communales pour les 19 communes ont augmenté de près de 52 millions € entre 2009 et 2012 (pour une croissance de 17,5 millions € entre 2006 et 2009). Les revenus des horodateurs en sont la raison principale. Seul Berchem, Watermael-Boitsfort et Auderghem n’appliquent pas encore ce système de parcmètres. A défaut de résoudre structurellement les problèmes de mobilité de la capitale avec une offre en transports en commun adéquate, le gouvernement régional et les communes utilisent cette lacune pour traire un peu plus les personnes qui résident ou travaillent à Bruxelles.

    Le cynisme du gouvernement régional va jusqu’à présenter ce plan comme une avancée pour la population, puisqu’il s’agirait d’une « harmonisation », et que « tout citoyen qui cherche à se garer aura droit à un traitement juste et égal » selon les dires de Brigitte Grouwels (ministre Bruxelloise entre autre des transports, CD&V). Pour les personnes travaillant dans une commune dans laquelle ils n’habitent pas, ce traitement juste et égal consiste en un abonnement qui chiffre à 750 € l’année comme l’ont dénoncé les travailleurs de l’hôpital Brugmann en octobre 2012.

    Deux assemblées générales du personnel réunissant 400 travailleurs avaient permis de mobiliser les travailleurs du site Horta dans un plan d’action contre le plan parking de la Ville de Bruxelles. Ils ont revendiqué que le parking de l’hôpital ne soit plus réservé qu’aux cadres, qu’une carte de riverain gratuite soit mise à disposition du personnel et la gratuité pour le trajet domicile-travail via une meilleure offre en transports en commun. Malheureusement, l’absence d’initiative des directions syndicales pour élaborer un plan d’action n’a pas permis d’élargir la lutte à l’ensemble des travailleurs du service public bruxellois.

  • Rassemblement : STOP à la hausse incessante des tarifs à la Stib !

    Hier, la barre symbolique des 2€ a été dépassée, c’est une hausse annuelle de 2,5% qui se met en place pour “traire le client” comme l’avait dit en son temps le directeur de la STIB. C’est pour cela que près de 70 personnes étaient présentes aujourd’hui à l’appel de Gauches Communes, pour dénoncer la hausse des tarifs de la STIB et revendiquer la gratuité des transports publics. Gauches Communes et ses composantes (le Parti Socialiste de Lutte (PSL) et le Parti Humaniste (PH)) mais également le Parti Pirate se tenaient aux côtés de jeunes, syndicalistes et autres Bruxellois sous le slogan “STIB, transports publics gratuits !” Bien que la campagne ait été menée avec des moyens limités, le fait que 70 personnes soient présentes est révélateur d’un large mécontentement. Cette action était un bon premier pas dans une campagne à long terme de Gauches Communes contre les hausses annuelles des tarifs.

    Communiqué de presse de Gauches Communes

    Anja Deschoemacker (porte parole de Gauches Communes) a débuté ainsi sa prise de parole: « Quand le gouvernement actuel est entré en fonction il avait promis de tendre vers la gratuité mais dans les faits les prix n’ont cessés d’augmenter, les abonnements Senior ont été supprimés et les conditions de travail du personnel se sont dégradées […] seule la lutte active de la population pour combattre la hausse des tarifs permettra de faire changer les choses. Cette action n’est que le début de la campagne que Gauches Communes mène avec les jeunes et les travailleurs » .Puis, Gauches Communes a invité les participants à intervenir autour d’un micro ouvert comme Gilles Smedt (PH) sur la privatisation de la SNCB, Maxime des Étudiants de Gauche Actifs (EGA) sur les problèmes que doivent affronter les jeunes pour se déplacer et sur la question écologique ou encore Matteo (habitant de Saint-Gilles) sur l’exemple de Tallinn, ville aux transports gratuits.

    Alors que les banques sont renflouées aux frais des contribuables, les besoins de la population, notamment un service public de qualité et accessible à tous, sont dégradés par la logique d’austérité. Gauches Communes veut s’inspirer de l’exemple du Brésil, où des luttes massives ont permis d’annuler la mise en place d’une hausse des tarifs des transports en communs, pour créer la mobilisation suffisante afin mettre en place la gratuité des transports publics comme mesure sociale et écologique, partie prenante d’un plan massif d’investissements publics pour répondre aux besoins de la population.

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