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  • Les Etats-Unis en route vers la faillite ?

    Le 1e octobre dernier, date officielle à partir de laquelle le budget 2014 est d’application aux USA, plus d’un million de ménages ont eu une bien mauvaise surprise. Considérés comme ‘‘non essentiels’’ à la survie du pays par le gouvernement Obama, 800.000 fonctionnaires fédéraux se sont retrouvés en congé forcé et sans solde pour une durée indéterminée. Des centaines de milliers d’autres, plus ‘‘vitaux’’, ont quant à eux pu rester à leur poste… sans être payés. La raison de cette mise à l’arrêt de l’Etat fédéral ? Tout simplement l’absence d’un budget 2014 permettant le fonctionnement de l’administration…

    Par Baptiste (Nivelles), article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    Que s’est-il passé ?

    Le budget fédéral doit être avalisé par deux entités : le Congrès, à majorité républicaine, et le Sénat, à majorité démocrate, ce qui impose, de facto, un compromis entre les deux partis du big-business américain. Or, ce nouveau budget a une particularité : l’introduction de ‘‘l’ObamaCare’’ (ou Affordable Care Act), la loi sur l’assurance maladie. Cette dernière est tout ce qui reste à Obama pour encore pouvoir justifier que ses deux mandats à la présidence des Etats-Unis aient eu, quelque part, un caractère un tant soit peu progressiste par rapport à ses prédécesseurs. Bien que sans cesse aménagée en faveur des lobbys pharmaceutiques par rapport à ce que promettait Obama lors de ses campagnes électorales, cette loi est, par la même occasion, le cheval de bataille de l’ultra-conservateur ‘‘Tea Party’’, cet horrible monstre de Frankenstein du parti républicain. La stratégie du Tea Party était dès lors simple : faire pression sur les républicains pour rentrer dans un bras-de-fer sur le nouveau budget avec l’espoir de postposer, d’année en année, l’entrée en vigueur de cette loi sur l’assurance maladie. D’où le blocage du 1e octobre dernier, qui a mis en place le shutdown, une cessation organisée des agences fédérales.

    Un blocage politique sur fond de crise économique profonde

    L’absence d’un budget pour 2014 n’était pas le seul enjeu des négociations. Les politiques de guerres et les politiques de rabattement fiscal pour les plus riches qu’Obama a menées ces dernières années, en digne successeur de Bush, ont creusé les déficits budgétaires, augmentant chaque année le plafond record atteint par la dette. Cette dernière avoisine aujourd’hui les 17.000 milliards $, soit plus de 100% du PIB des USA. Or, le plafond maximal que la dette pouvait atteindre avait été fixé à 16 700 milliards $ lors d’un vote au congrès en août 2011. Pour pouvoir continuer à emprunter sur les marchés, ce qui est indispensable pour un budget en déficit, il fallait donc voter, en même temps que le budget, un relèvement du plafond de la dette. Sans cela, le budget précédent ne pourrait même pas être reconduit puisque l’Etat ne pourrait plus rien emprunter, et donc il n’aurait plus été en mesure de répondre à ses obligations élémentaires. C’est la raison pour laquelle les Etats-Unis risquaient pour la première fois de leur histoire un défaut de paiement si un accord n’était pas trouvé pour le 17 octobre.

    Ce scénario, synonyme de catastrophe financière pour tout le système capitaliste, a été écarté grâce à un accord obtenu dans les dernières heures de la nuit du 16 octobre. Tout est à présent fini ?

    Rien n’est moins sûr. Certes, un accord a bien été trouvé entre les républicains et démocrates, en échange de nouvelles concessions sur l’ObamaCare, notamment le renoncement à une taxe sur les sociétés d’assurance, mais cet accord est un compromis très minimal sur le budget et sur la dette. Le relèvement du plafond de la dette est autorisé jusqu’au 7 février et les agences fédérales fermées durant le shutdown peuvent rouvrir… jusqu’au 15 janvier ! D’ici là, un accord complet sur le budget 2014 doit être trouvé, sans quoi l’histoire recommencera de plus belle.

    Un épisode de plus dans la crise des instruments politiques de l’impérialisme…

    S’agit-il d’une étrange mise en scène calculée ? Cette situation chaotique est plutôt le reflet d’une crise des instruments politiques traditionnels de l’impérialisme américain. La façade démocratique du système s’étiole au fur et à mesure des politiques néolibérales, qui dégradent toujours un peu plus le niveau de vie de la population, et les partis du big business s’en retrouvent profondément discrédités. Face à cela, les républicains avaient cru trouver un outil miracle : le Tea Party, la droite populiste hystérique façon US, leur permettant de canaliser une partie du sentiment ‘‘anti-establishment’’ tout en tirant vers la droite les lignes politiques. Depuis, les républicains ont littéralement perdu le contrôle de leur outil populiste et se retrouvent poussés dans des stratégies aventuristes, pas forcément dans l’intérêt de la classe qu’ils représentent, à savoir les capitalistes et le big-business.

    Ce dernier épisode représente une défaite pour les républicains puisque l’ObamaCare rentrera bien en vigueur. Des règlements de compte entre les fractions ‘‘responsables’’ et les fractions ‘‘aventuristes’’ risquent fort de prendre place dans les mois qui viennent dans le camp républicain. Obama a-t-il enfin vaincu le Tea Party ? À nouveau, des concessions ont dû être réalisées, et malgré qu’il ait pris l’ascendant sur ses adversaires politiques, son impopularité restera importante tant que la crise du capitalisme nuira aux 99% de la population et que ses politiques ne feront que creuser le fossé entre riches et pauvres. En outre, l’accord actuel reste très maigre et l’essentiel devra encore être discuté en janvier prochain. La crise politique est loin d’être clôturée.

    … dont la note est à chaque fois reportée sur le dos des travailleurs et de leurs familles

    Le précédent ‘‘clash’’ financier des Etats-Unis avait eu lieu au mois de mars dernier. Le gouvernement devait élaborer un plan drastique de diminution des dépenses publiques pour le 1e mars, cette date butoir faisant suite au relèvement du plafond de la dette voté en août 2011. Faute d’accord, des coupes automatiques ont eu lieu dans les dépenses publiques de l’ordre de 85 milliards $ en 2013 et ensuite pour 1 200 milliards $ sur 10 ans ! Ces coupes se retrouvent surtout dans les budgets de la Défense, mais également dans les budgets sociaux, comme les soins de santé, l’éducation,… Selon Standard and Poor’s, les 16 jours de shutdown d’octobre ont, quant à eux, causé une perte pour l’économie américaine d’environ 24 milliards $, ce qui équivaut à une contraction de l’économie de 0,7% durant cette période. À nouveau, les travailleurs et leurs familles auront payé la note, notamment à travers le chômage économique, et ce alors que les membres du Congrès percevront bien eux l’intégralité de leur 174 000 $ annuel !

    Il est plus que temps d’avoir un parti de masse pour représenter les intérêts des travailleurs et des pauvres. Wall Street a deux partis, les démocrates et les républicains, alors que la classe ouvrière n’en a aucun. Socialist Alternative (section du CIO aux Etats- Unis) fait campagne pour la construction d’un tel parti. Lors des dernières élections locales à Seattle en 2012, notre camarade Kshama Sawant avait obtenu 29% sur base d’un programme socialiste, illustrant le potentiel qu’ont de telles idées parmi la population.

    Le capitalisme ne fonctionne pas, le socialisme doit le remplacer

    Le capitalisme est arrivé depuis longtemps dans un stade de délabrement. Il ne propose aucun avenir pour la société. La guerre de classe, le chaos économique et les crises politiques sont ses seules perspectives. Ce système doit être remplacé par le socialisme, où les secteurs clés de l’économie sont nationalisés, permettant une planification démocratique de la production et des budgets en fonction des besoins de tous, et non en fonction des lobbys privés.

  • États-Unis : après le “shutdown” – Soupirs de soulagement, mais l'austérité va continuer

    C’est avec un grand soulagement que la population des États-Unis d’Amérique, simples travailleurs comme grands patrons, a appris la fin du “shutdown” de l’administration. 800 000 employés du gouvernement retournent au travail ; la plupart seront payés pour ces deux semaines sans travail.Malgré le fait que ces évènements soient perçus à juste titre comme une défaite pour le Tea Party, les Démocrates tout autant que les Républicains prévoient de lancer de grandes attaques sur les programmes d’aide sociale tels que Medicare, Medicaid et la sécurité sociale, dans le cadre de leurs négociations “bipartisanes” quant au nouveau budget fédéral, qui doivent commencer en décembre.

    Par Bryan Koulouris, Socialist Alternative (CIO-USA)

    Pour Robert Reich, qui était secrétaire au Travail sous le président Bill Clinton, « Obama a déjà proposé une méthode pour réduire les futures dépenses de la sécurité sociale, en modifiant la manière dont les montants à payer sont ajustés en fonction de la hausse du cout de la vie – en utilisant un indice des prix au consommateur “en chaine”, ce qui veut dire que lorsque les prix augmentent, les gens sont censés économiser en se tournant vers des alternatives meilleur marché. Mais cela n’a aucun sens si l’on parle des personnes âgées, qui dépensent déjà une part énorme de leurs revenus en médicaments, soins à domicile, et appareils médicaux dont les prix augmentent plus vite que l’inflation. »

    Ces propositions de coupes budgétaires ne feront qu’encore saper l’autorité déjà mise à mal de notre système politique foireux. Qui plus est, nous devons déjà nous attendre à connaitre une crise similaire en janvier et février 2014. Un sondage Gallup effectué durant le shutdown a révélé que 60 % de la population trouve qu’il faut créer un nouveau parti aux USA – un record ! –, tandis que 26 % seulement pense que le système à deux partis fonctionne correctement. Voilà qui révèle une polarisation profonde au sein de la société américaine. L’immense vide à gauche se reflète directement par le succès des campagnes électorales locales menées par notre section américaine, Socialist Alternative.

    La droite se retrouve isolée

    Les politiciens du “Tea Party” (fraction de droite populiste à l’intérieur du parti républicain) et même certains de leurs riches sponsors avaient planifié ce shutdown gouvernemental longtemps à l’avance. Ils pensaient que c’était là leur dernière chance de battre le “Obamacare”, partie intégrale de leur bataille pour une politique ultra-austérité tout en activant leur base de droite en vue des élections de mi-mandat qui se dérouleront l’année prochaine. Au lieu de cela, ils n’ont fait que révéler au grand jour les énormes divisions au sein du parti républicain et démontrer l’ampleur de la crise politique apparemment permanente qui traverse la classe dirigeante américaine.

    Le Tea Party est une invention de vieux républicains visant à créer une organisation faussement militante et “populaire” en se servant de l’énorme colère contre les renflouements bancaires et de la grande déception envers Obama. Ils ont reçu un certain écho dans un pays fort polarisé, et ont pu organiser de grands meetings qui rassemblaient des participants essentiellement blancs, âgés, vivant à la campagne ou dans les faubourgs résidentiels (suburbs) et de “classe moyenne”. L’idéologie du Tea Party colle à celle de ces personnes qui sont déçues du déclin relatif de la puissance américaine dans le monde et se sentent souvent mal à l’aise du fait d’avoir un président noir. Cette base a dans beaucoup d’endroits fortement ébranlé les primaires républicaines (élections au sein du parti), ce qui a poussé les candidats et députés républicains à se radicaliser et à refuser tout consensus bipartisan avec le reste de la classe dirigeante.

    Le Tea Party a reçu beaucoup de publicité de la part des médias capitalistes, qui l’ont utilisé pour orienter le débat vers la droite et pour faire passer le programme d’austérité. Mais aujourd’hui, ils sont fortement discrédités. Chaque nouveau sondage montre à quel point le Tea Party est déconnecté de la réalité et du point de vue de la grande majorité de la population concernant la plupart des enjeux de société. Le mouvement Occupy a complètement bouleversé le débat quant à la crise, en accusant les véritables responsables, qui sont non pas l’intervention gouvernementale dans l’économie, mais la classe dirigeante dans son ensemble, et les inégalités au sein de la société.

    La rhétorique du Tea Party a peut-être aidé les républicains lors des primaires dans les quartiers résidentiels, mais ce n’est pas une stratégie durable ni pour le parti républicain, ni pour ses riches mécènes. Même les frères Koch, des milliardaires ultra-conservateurs, ont fini par publier une déclaration dans laquelle ils se distancient du Tea Party et de son rôle dans le shutdown gouvernemental. Idem en ce qui concerne le célèbre pasteur de droite Pat Robertson.

    Le dernier jour avant le début du shutdown, plusieurs très grands patrons sont intervenus auprès de John Boehner et de politiciens Tea Party pour tenter de les convaincre d’arrêter leurs menaces, qui revenaient à pointer un revolver sur la tempe de l’économie américaine. D’autres membres du Tea Party ont averti à Boehner que tout geste de soumission de sa part reviendrait à mettre un terme à sa carrière politique. Mais à présent, ils tentent de contenir le conflit au sein du parti républicain, qui est passé de la “guerre froide” à la “guerre de tranchées”. On s’attend encore à de grandes batailles lors des primaires républicaines pour les élections de mi-mandat, sans doute alimentées par les nouvelles divisions qui émergeront peut-être concernant la question du budget d’État en janvier et février prochains.

    Tout cela a déjà fait énormément de dégâts aux institutions dirigeantes américaines dans la perception des travailleurs américains comme aux yeux de la population mondiale.

    Une immense colère

    C’est surtout le Tea Party qui est jugé responsable du shutdown, mais la plupart des gens sont également en colère contre tous les politiciens quels qu’ils soient. Il a été largement révélé que les députés du Congrès continuaient à recevoir leurs salaires, alors même que 800 000 fonctionnaires et employés de l’État se retrouvaient de force en congés sans solde, et que la fermeture de l’ensemble des services publics (comme les urgences hospitalières) a causé un grand nombre de morts.

    Les dirigeants syndicaux n’ont pas appelé à la moindre manifestation contre le shutdown. Ce faisant, ils ont laissé passer une immense occasion de construire le soutien aux syndicats et pour un programme d’urgence pour l’emploi qui serait financé par des taxes sur les millionnaires et sur les grandes entreprises. La colère qui vit dans la société devait pourtant bien s’exprimer quelque part. Le Tea Party a tenté de mobiliser des camionneurs pour fermer les routes qui mènent à Washington DC, afin de capitaliser sur la frustration et de la diriger contre les Démocrates : cela a été un flop complet.

    Des millions de gens ont vu Dylan Ratigan, un commentateur libéral, donner à la télévision un discours de cinq minutes extrêmement radical et apparemment improvisé, venant du cœur, qui a ensuite été partagé des centaines de milliers de fois sur Facebook.

    Ratigan disait que « Des dizaines de milliers de milliards de dollars sont extraits des États-Unis d’Amérique par un système financier, un système boursier, un système de taxation, qui a été mis en place par les deux partis. Le Congrès est vendu ! Il faut arrêter affaire d’argent dans la politique ! Le système bancaire est totalement corrompu et il nous pille ! » Il n’a évidemment pas été jusqu’à dire qu’il nous faut un nouveau parti qui représente les 99 % de la population, pour installer le socialisme démocratique, mais le fait de voir ce pétage de plomb radical autant diffusé montre bien la conscience qui est en train de se développer.

    Un écran de fumée pour couvrir la boucherie

    L’adoption du budget fédéral a été renvoyé à un “comité congressionnel” qui prendra ses décisions dans les prochaines semaines. Obama et les dirigeants du parti démocrate ont déjà affirmé être prêts à attaquer tous les grands programmes sociaux qui nous viennent du “New Deal” et de la “Great Society”, qui avaient été imposés par des mouvements de masse des travailleurs, des opprimés et de la jeunesse. Obama a même été jusqu’à dire qu’il voudrait diminuer les taxes sur les grandes entreprises. Bien que beaucoup de gens sont contents de voir les politiciens “mettre leurs différences de côtés pour se mettre au travail”, le problème est que le programme des deux partis n’est pas du tout orienté vers la défense des intérêts de la population laborieuse et des pauvres. Il se base plutôt sur une approche conflictuelle qui vise à instaurer une politique pro-capitaliste. Tout accord budgétaire bipartisan s’en prendra de nouveau aux programmes essentiels que sont Medicare et la sécurité sociale, plutôt que taxer l’incroyable richesse de notre élite super-riche. Il faut donc s’attendre à voir encore grandir la déception envers les Démocrates si ces coupes budgétaires devaient être effectuées.

    Le vide politique

    Il y a d’immenses ouvertures pour le mouvement syndical et pour la gauche pour intervenir dans ce débat. Les récents sondages, les discours radicaux à la télévision, la popularité du mouvement Occupy, les luttes déterminées menées par les travailleurs à bas salaire – toutes ces éléments indiquent une ouverture massive que la gauche doit saisir fermement.

    Socialist Alternative, section américaine du CIO, a montré l’exemple avec nos campagnes électorales extrêmement politiques et dynamiques à Seattle et à Minneapolis. Il faut que d’autres militants de la classe prolétaire se dressent et se présentent aux élections de mi-mandat de 2014, au niveau local et national.

    Il nous faut des candidats qui viennent du syndicat des enseignants, en lutte contre les coupes et la privatisation de l’enseignement ; des candidats qui soient des propriétaires de maison menacés d’expulsion par les banques et les flics, en lutte contre les saisies immobilières ; des candidats qui soient des travailleurs à bas salaire, qui se présentent contre les politiciens capitalistes ; des militants anti-sexistes, anti-racistes, anti-homophobie, pour rompre avec la politique des deux partis des patrons.

    Plus que jamais, cette crise montre à quel point Wall Street a deux partis, tandis que nous n’en avons aucun. Un pas énorme dans la construction d’un parti qui soit un parti des 99 % de la population, serait de voir deux-cent candidats indépendants se présenter pour les élections de 2014. Des candidats liés aux mouvements sur le terrain, des candidats qui refusent de se voir achetés, des candidats avec un programme de lutte pour et avec les travailleurs, les jeunes et les pauvres.

  • Etats-Unis : ‘‘Désolés, nous sommes fermés’’

    Une nouvelle illustration de plus la nécessité d’un nouveau parti représentant les 99%

    Environ 800.000 travailleurs fédéraux ont été contraints de prendre un congé sans solde. Alors que leurs familles se retrouvent sans rien, les membres du Congrès, qui touchent 174.000 $ de salaire annuels n’ont pas été affectés par le ‘‘shutdown’’, le blocage du Congrès sur le budget américain débuté le 1er octobre.

    Kai Stein, Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)

    La majorité républicaine à la Chambre des Représentants (sous-chambre du Parlement) a bloqué toute tentative du président démocrate Barack Obama de conclure un nouveau budget fédéral ou de prolonger l’ancien. D’un côté, il s’agit d’une tentative de miner les réformes très limitées et business-friendly instaurées par Obama dans les services de santé publique, de l’autre, la classe dominante américaine est confrontée à un système politique dysfonctionnel et à un parti républicain qui l’est tout autant. Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais il a été exacerbé par la récente crise du capitalisme.

    La fraction la plus vicieuse de la classe dominante s’était auparavant ralliée au mouvement conservateur populiste le ‘‘Tea Party’’ pour sauvegarder ses privilèges. Ce monstre de Frankenstein n’est toujours pas maîtrisé par les Républicains. Par conséquent, en général, les républicains n’agissent pas dans le meilleur intérêt de la classe dominante américaine.

    Une période de crise

    Une fermeture du gouvernement pendant 3 semaines pourrait faire se contracter le PIB de 0,9% selon Goldman Sachs. Mais ce que Wallstreet craint le plus, c’est que la dette du pays atteigne son plafond aux environs du 17 octobre. Sans nouvelle législation au Congrès, l’administration ne pourrait pas emprunter plus d’argent, et les Etats-Unis seraient incapables d’honorer leurs obligations et forcés à être en défaut de paiement, pour la première fois de leur histoire. Ce défaut serait un désastre pour les plus pauvres qui seraient forcés de payer le prix de la crise.

    Mais qui est responsable de l’expansion du déficit budgétaire fédéral ? Des milliards de dollars ont été dépensés en sauvetages financiers et en mesures prises depuis 2008 pour sauver le capitalisme américain, sans compter les baisses d’impôts pour les super-riches et les entreprises, ainsi que le financement de guerres sanglantes et sans issue par les administrations précédentes.

    Pour éviter d’aggraver la situation, les Républicains les plus ‘‘modérés’’ du Congrès se sont préparés à négocier avec les Démocrates et à chercher un compromis. Cependant, cela pourrait mettre en lumière des divisions bien plus tranchées au sein du parti, et mener à sa fragmentation.

    Le conte de fées que tentent de nous faire avaler les démocrates, c’est qu’il s’agit d’une répétition de la crise de 1995/96. A l’époque, la faible administration Clinton était entrée en conflit avec le Congrès, ce qui a conduit à un shutdown de 21 jours, un conflit hors duquel Bill Clinton est sorti avec une position renforcée face aux Républicains. Certains parallèles peuvent être faits, comme l’illustrent les sondages d’opinion, qui montrent une légère hausse du soutien à Obama, mais sa cote de popularité reste mauvaise. La meilleure comparaison à faire serait plutôt l’été 2011, au cours duquel l’impasse dans laquelle se trouvaient les Démocrates et les Républicains (confrontés aux réductions budgétaires consenties pour parvenir à un compromis forcé) a été révélée au grand jour.

    Le mouvement Occupy

    A la suite des soulèvements de masse au Moyen Orient et en Afrique du Nord, des mouvements de protestation ont eu lieu en Espagne et en Grèce, puis ailleurs dans le monde et notamment aux USA, où la colère des américains contre les sauvetages financiers des grandes entreprises s’est exprimée avec le mouvement anticapitaliste ‘‘Occupy’’.

    Cette colère reste d’actualité. Les sondages d’opinion démontrent que la frustration va grandissante contre le Congrès (qui dispose d’un taux d’approbation inférieur à 10%), et tout le système politique. Même les partisans les plus enthousiastes d’Obama, qui lui sont restés fidèles après le scandale de la NSA et ses ambitions guerrières en Syrie, mettent à présent en doute la capacité de leur président à tenir tête aux Républicains.

    De plus, la situation économique n’a pas augmenté le soutien pour Obama. Il y a eu un faible redressement économique, mais unilatéralement favorable aux riches. Les 1% les plus riches ont augmenté leurs revenus de 31% de 2009 à 2012, alors que ceux des 40% les plus pauvres ont diminué de 6% (Paul Krugman, New York Times, 23 septembre 2013).

    Le potentiel est là pour le développement d’un nouveau grand mouvement comme l’était celui d’Occupy mais, cette fois-ci, avec des revendications concernant des exigences socio-économiques concrètes.

    Des groupes pour les droits des immigrés se mobilisent contre les politiques anti-immigrations. Les travailleurs des fast-foods sont entrés en lutte pour bénéficier d’un salaire minimum de 15$ de l’heure et pour obtenir le droit de se syndiquer. Des travailleurs désorganisés dans des entreprises comme Walmart, connu pour sa position antisyndicale, commencent eux aussi à se rebeller. La lutte contre les expulsions et les saisies immobilières et pour des logements abordables pour tous a obtenu certaines victoires, comme l’utilisation de la législation ‘‘eminent domain’’ (une expropriation pour cause d’utilité publique) par le maire de Richmond en Californie, membre du Green Party. A Minnéapolis et ailleurs, le mouvement Occupy Homes a prouvé que des mouvements citoyens peuvent défendre les propriétaires de maisons et mettre fin aux expulsions.

    Multiplier ces luttes sur les lieux de travail et développer ces mouvements sociaux nécessite d’outrepasser l’inertie de la bureaucratie syndicale et la faiblesse des organisations de la classe des travailleurs. Lorsque la classe ouvrière américaine aura trouvé sa voix, le monde entier l’entendra.

    Lutter pour une alternative politique pour la classe ouvrière

    Comme le montre le Shutdown, ce système politique ne fonctionne pas. Wall Street a deux partis bien à lui, les Démocrates et les Républicains. La classe ouvrière n’en a aucun. Socialist Alternative (section du CIO aux Etats-Unis) fait campagne pour la construction d’un nouveau parti de masse pour se battre en faveur des intérêts des travailleurs, des pauvres et des minorités opprimées, sur base d’un programme clairement socialiste. Socialist Alternative présente aussi des candidats lors de prochaines élections locales.

    Un énorme soutien pour une candidate marxiste à Seattle

    En termes de moyens financiers, la campagne de Kshama Sawant, candidate de Socialist Alternative à Seattle, n’atteindra pas le montant de celle du conseiller municipal en place depuis 16 ans, Richard Conlin, qui a déjà dépensé 200.000 $ pour défendre son siège. La campagne menée contre lui par Socialist Alternative n’a réuni qu’un quart de ce montant, mais c’est impressionnant pour une campagne contre la politique capitaliste. De plus, ce manque d’argent est largement compensé par la manière dont par les idées défendues par Socialist Alternative résonnent parmi une couche de plus en plus grande de la classe des travailleurs et de la jeunesse.

    Le slogan de la campagne est ‘‘15 $ de l’heure et un syndicat’’. En course dans une campagne ouvertement socialiste, Kshama Sawant a récolté 29% des votes en novembre 2012 contre le représentant de Seattle à Washington, Frank Chopp. Avec 44.000 votes obtenus lors du premier tour de ces élections locales à Seattle en août 2013, Kshama Sawant et la campagne de Socialist Alternative ont montré qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’éclat unique. Un nombre encore plus grand d’électeurs montreront leur ouverture pour une candidate socialiste combative le 5 novembre prochain à Seattle.

    Une course serrée à Minneapolis

    En tant que militant contre les expulsions et les saisies immobilières, et en défense de l’enseignement, Ty Moore peut être fier de son implication. Dans son district, il fait face à 5 autres candidats pour le poste de conseiller municipal à Minneapolis. Tous cherchent l’approbation du parti démocrate. Sans couverture médiatique et dans le contexte d’une course au siège confuse, le message de Ty de lutter pour un logement décent, pour un salaire minimum de 15$ de l’heure et contre les subsides aux grandes entreprises a dû être distribué au porte-à-porte. Mais Socalist Alternative a reçu le soutien du SEIU (l’un de plus grands syndicats américains), de nombreux porte-paroles de la communauté hispanique et de militants reconnus. Bien que l’issue soit serrée, la situation démontre le potentiel pour une victoire électorale des socialistes aux Etats-Unis.

    Ouverture aux idées socialistes

    Lors des élections de l’année prochaine, plus de candidats indépendants de gauche défieront les Républicains, les Démocrates et le système bipartite. Le parti Démocrate pourrait voir émerger des voix dissonantes et des forces populistes ‘‘de gauche’’.

    Dans cette nouvelle vague d’opposition, Socialist Alternative, en solidarité avec le CIO, se prépare à jouer un rôle majeur ; assister le mouvement des travailleurs pour lui donner sa propre voix politique, casser ses liens avec le parti démocrate, et armer une telle force avec un programme socialiste pour mettre fin au capitalisme.

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