Tag: Sécurité sociale

  • Un nouveau Pacte social ? Attention : danger !

    La rencontre en a surpris plus d’un : les présidents de la FGTB et du MR, Robert Vertenueil et Georges-Louis Bouchez, ont tenu ensemble une réunion au siège du syndicat à Bruxelles. Tous les deux s’accordent sur la nécessité d’un nouveau « Pacte social », Vertenueil soulignant qu’il fut l’un des premiers à se manifester publiquement à cet égard.

    Il y a peu, c’était le commissaire au Plan Philippe Donnay qui avait défendu dans la presse l’idée d’un nouveau pacte social pour la relance, avec les partenaires sociaux, autour de la sécurité sociale. C’était le cas avec le pacte social de 1944 qui avait notamment donné naissance à la sécurité sociale et à un système de concertation entre patrons et travailleurs qui aboutira notamment à la création du Conseil national du travail en 1952. Cette idée est dans l’air du temps, on en entend parler du côté des syndicats, du PS aussi. Mais ce n’est pas sans dangers.

    Le financement de la sécurité sociale a été fortement mis à mal, c’est vrai. Mais il est nécessaire de garder en tête que le pacte social pour l’après seconde guerre mondiale est le fruit d’un contexte particulier. D’une part le capitalisme était en train de perdre la moitié de l’Europe au profit du stalinisme. Le rapport de forces à l’échelle internationale devenait moins favorable aux puissances capitalistes.

    D’autre part, en 1944, le Programme du Conseil national de la Résistance avait été déterminé en France par les représentants des mouvements de résistance, un programme reposant sur d’importantes nationalisations et sur un solide système de sécurité sociale. Au Royaume-Uni, peu après, le Parti travailliste (Labour) obtenait 47,7% des voix aux élections de 1945. Les conservateurs et Churchill étaient battus à plates coutures et le Labour est arrivé au pouvoir et a appliqué un programme de nationalisation d’industries tout en instaurant le système national de soins de santé NHS.

    Ensuite, la sécurité sociale négociée avec ce pacte social n’était essentiellement qu’une coquille vide qui n’a pu réellement prendre corps que grâce aux luttes titanesques menées dans les années ‘50 et ‘60 par la classe ouvrière pour augmenter la contribution du patronat et des travailleurs eux-mêmes, au travers notamment de luttes pour des augmentations du salaire global, y compris donc les contributions à la sécu.

    Le contexte actuel est fondamentalement différent. Pour des gens comme Philippe Donnay, ce débat est un piège qui conduit droit à la destruction de l’ancien Pacte social et à la réforme globale de notre système de sécurité sociale pour qu’il soit beaucoup moins favorable aux travailleurs.

    Avec un gouvernement de provocateurs de droite, autour de la N-VA par exemple, cette casse sociale déclencherait plus rapidement une puissante résistance de la part du mouvement ouvrier. Mais le PS est engagé depuis des années dans une politique de casse sociale, puisque le parti accepte la logique du capitalisme. C’est finalement le président du PS Paul Magnette qui résume le mieux les choses lorsqu’il parle d’un plan de relance : ‘‘Soyons pragmatiques. On n’est pas ici dans des positionnements idéologiques.’’ (L’Écho, 19/05/20)

  • Assurer la sécurité sociale la plus forte possible

    Au travers de la sécurité sociale, la collectivité garantit un revenu à ceux qui se retrouvent en incapacité de travailler pour quelque raison que ce soit. Les allocations sociales doivent nous permettre de continuer à bénéficier d’un certain niveau de vie à certaines périodes d’inactivité non désirées (pour cause de maladie, de pension ou de chômage). Pour le néolibéralisme, le filet de sécurité que représente la sécurité sociale doit être réduite au minimum. L’approche a été adoptée par tous les partis classiques et, après plus de 30 ans, c’est à peine si notre sécurité sociale tient encore debout.

    • Ceci est une partie du programme plus global du PSL face à la crise du coronavirus auquel vous pouvez accéder en cliquant ici.

    L’allocation de chômage ne représente que 64 % du salaire net au départ. Après six mois, les allocations de chômage sont inférieures au seuil de pauvreté pour tous les types de ménage. Le fait qu’en cette période de crise, l’allocatio¬n de chômage technique ait été portée de 65 % à 70 % a été accueilli avec un peu de soulagement par les nombreuses personnes concernées, mais nos factures seront-elles réduites à 70% ?

    C’est tout le système du chômage technique qui doit être remis en question. Ce système repose sur la logique de socialisation des pertes et de privatisation des profits : quand tout va bien, les grandes entreprises empochent profits et dividendes mais, en temps de crise, c’est la collectivité qui paye.

    Tous les ménages les familles doivent disposer d’une garantie de revenu. Les entreprises qui ont réalisé de superbes bénéfices peuvent parfaitement assure la continuité des salaires. Quant aux petites entreprises, si elles peuvent démontrer qu’elles ne sont pas en mesure de le faire, elles doivent pouvoir bénéficier de l’assistance des autorités.

    Notre sécurité sociale serait parfaitement capable de supporter cette crise si elle n’avait pas été littéralement pillées. Le tax-shift du gouvernement Michel comprenait la diminution progressive des cotisations patronales de 32,4 % à 25 %. Pour les patrons, cela signifie une réduction du coût de la main-d’œuvre de 5,8 milliards d’euros par an. La multitude de stratagèmes pro-patronaux de cette sorte ont fait passer la sécurité sociale de 20 % du PIB en 1983 à 15,3 % aujourd’hui. Si les règles de financement de la sécu de 1983 étaient restaurées, cela signifierait 22 milliards d’euros supplémentaires par an. De quoi largement dépasser le déficit de 6 milliards d’euros prévu d’ici 2024. Dans la sécurité sociale comme dans les services publics, la réduction de moyen est organisée par les autorités pour ensuite justifier encore plus de mesures d’austérité.

    D’autre part, les prestations en nature sont très populaires auprès des patrons, car cela leur évite de verser des cotisations de sécurité sociale. En 2019, cela représentait pas moins de 6,8 milliards d’euros de masse salariale, soit 2,6 milliards d’euros de revenus en moins pour les caisses de sécurité sociale. Mais puisque certains avantages extra-légaux n’ont pas été inclus dans cette étude, la perte réelle pourrait être de l’ordre de 4 milliards d’euros. Il faut revenir sur ces avantages, en assurant que cela n’implique aucune perte pour les travailleuses et travailleurs. Ils doivent donc être reversés sous forme de salaire.

    Tout démantèlement de la sécurité sociale signifie de revenir vers l’individualisation des risques sociaux. Il y a eu une prolifération de pensions complémentaires et de fonds de pension, d’hospitalisation et d’assurances complémentaires. Ces systèmes ne sont pas neutres. Ils constituent l’interprétation néolibérale de la couverture individuelle des risques sociaux et sapent notre sécurité sociale collective.

    C’est grâce au combat acharné de la classe des travailleurs que la sécurité sociale a été instaurée pour faire face à des crises comme celles d’aujourd’hui. Pour arracher le remboursement de ce qui a été pillé et imposer des contributions sociales qui nous permettent de faire face aux besoins, il faudra un même type de lutte.

    Nous exigeons :

    • Le rétablissement de la sécurité sociale et l’abolition de tous les cadeaux au patronat.
    • Déconstruction des prestations en nature pour qu’elles soient remplacées par des salaires, sans perte de revenus pour les travailleurs.
    • La garantie d’un revenu en cas de maladie et de chômage temporaire équivalente à 100 % du salaire net.
    • L’imposition de plus fortes contributions sociales au patronat.
  • Il y a deux mois, nous avons manifesté pour une sécurité sociale renforcée… et nous avions raison !


    Le 28 janvier dernier, la FGTB avait organisé une manifestation contre les économies sur la sécurité sociale. L’évènement n’était pas sans importance : les gouvernements sapent le financement de la sécurité sociale depuis des années. Si cette dernière dispose de moins en moins de moyens, c’est parce que les patrons reçoivent en cadeau une partie des cotisations de sécurité sociale. Cela a des conséquences désastreuses. Ces dernières années, une large partie de notre protection sociale nous a été retirée nous (l’âge du départ en pension a été relevé, les soins de santé se sont détériorés,…). Mais aujourd’hui, en ces temps de crise du coronavirus, l’importance de la sécurité sociale est évidente : à la fois en termes de soins que de protection contre le chômage.

    Leur politique : moins de ressources pour les soins de santé

    A l’opposé des syndicalistes qui sont descendus dans la rue pour obtenir une meilleure protection sociale, la droite n’a pas cessé de défendre sa politique de démantèlement. En 2016, Bart De Wever déclarait : “Il est clair que si nous ne faisons pas d’économies supplémentaires sur la sécurité sociale, nous n’économiserons rien. Ce n’est que là qu’il y a encore beaucoup d’argent à trouver”. Il pensait alors plus spécifiquement aux sanctions contre les malades de longue durée. Les partis de droite ont donc lancé leur offensive : les malades doivent retourner au travail le plus rapidement possible. Les travailleurs sont donc moins susceptibles de rester chez eux lorsqu’ils sont malades. La pression a augmenté sur tous les malades, à court et à long terme. Quel en est l’effet sur les travailleurs en période de pandémie ?

    Jusqu’à récemment, les moyens dont disposent les soins de santé étaient tabous pour les partis de droite. “Selon l’OCDE, la Belgique dépense plus pour les soins de santé que la moyenne européenne. Grâce à la limitation de la norme de croissance, les dépenses restent sous contrôle”, peut-on encore lire sur le site de la N-VA. Le même point de vue est partagé, entre autres, par l’Open VLD. Concrètement, cela signifie que les ressources destinées au secteur de la santé ne suivent pas le rythme de la demande croissante de soins. Les dépenses ne peuvent augmenter que de 1,5 % par an. Sous le gouvernement Di Rupo, cette norme de croissance a déjà été abaissée de 4,5 à 3 %, tandis que sous le gouvernement Michel, elle a été réduite de moitié. La crise du secteur de la santé y est bien sûr liée : la résilience du secteur à faire face à une catastrophe telle que COVID-19 est affectée par cette politique.

    S’il n’avait dépendu que de la N-VA, un nouveau gouvernement fédéral aurait été formé pour économiser 5 milliards d’euros supplémentaires sur les soins de santé. Cela figurait dans la liste des mesures que le parti a soumises au PS lors des négociations gouvernementales. De Wever pense-t-il vraiment que la majorité des Flamands veulent faire de telles économies sur les soins de santé ?

    Nos revendications : plus de moyens pour la sécurité sociale

    Les manifestants du 28 janvier exigeaient une meilleure protection sociale. Ils s’opposent à la politique de réduction des contributions des employeurs, politique responsable des déficits. Par exemple, sous le gouvernement Michel, les cotisations sociales dites “charges patronales” sont passées de 32,4 % à 25 % ce qui, selon le Bureau du plan, coûte 5,8 milliards d’euros à la sécurité sociale. De cette décision découlent des bénéfices supplémentaires pour les entreprises et une érosion des caisses de la sécurité sociale.

    En outre, il existe tout un arsenal de mesures visant à payer une partie de nos salaires sans verser la moindre cotisation de sécurité sociale. Une partie de notre salaire n’est pas considérée comme “salaire” mais une compensation ou un avantage extra-légal. Les patrons s’en servent pour rendre moins chères les augmentations de salaire. Et une partie de cela peut disparaitre en cas de chômage technique, comme c’est le cas des chèques-repas. Ces régimes sont également préjudiciables au financement de la sécurité sociale. L’une des prestations extra-légales les plus populaires est l’assurance hospitalisation : à mesure que les ressources de la sécurité sociale diminuent, une protection sociale supplémentaire sur une base privée est nécessaire. En tout cas : toutes sortes de prestations extra-légales font qu’il manque plus de 4 milliards d’euros à la sécurité sociale.

    Les cadeaux aux patrons sapent les revenus de la sécurité sociale. En outre, les dotations publiques risquent d’être réduites : la dotation d’équilibre (représentant 3 % du financement de la sécurité sociale) expire en 2020 à la suite d’une décision prise en 2017. Cela signifierait à nouveau quelques milliards de moins dans la sécurité sociale. Où ces économies seront-elles réalisées ? Sur les allocations de chômage technique ? Sur les soins ? Sur les pensions ?

    Si la crise actuelle illustre quelque chose, c’est précisément l’importance de la sécurité sociale. Dans le même temps, elle exerce une pression supplémentaire sur les caisses de la sécurité sociale. Pour que celle-ci puisse protéger efficacement la population, elle doit être dotée de ressources suffisantes. Pour cela, il faut mettre fin à la politique de cadeaux aux entreprises et au moins relever les cotisations patronales à la sécurité sociale à 32,4 % comme auparavant. Cela fait partie de notre salaire indirect, cette réduction revient à permettre au patronat de mettre de l’argent dans sa poche au lieu de contribuer à notre protection sociale. Tout ce que nous obtenons pour notre travail est un salaire et doit être considéré comme tel : sans toucher à ce que nous obtenons en net, la sécurité sociale doit recevoir plus.

    Mettre un terme à l’érosion et au démantèlement de la sécurité sociale serait une première étape importante pour assurer la protection sociale de tous les travailleurs et de leurs familles. Non seulement en cette période de grave crise des soins de santé, mais aussi à plus long terme.

    >> Lisez notre dossier sur la sécurité sociale

  • La sécurité sociale en ligne de mire – organisons notre lutte

    Notre sécurité sociale est en danger. Cela fait un bon moment que les patrons ont gardé pour eux une partie des cotisations à la sécurité sociale avec les baisses des prétendues ‘‘charges patronales’’. C’est donc une part de notre salaire indirect – canalisée vers les collègues qui ont besoin d’un soutien (maladie, pension, chômage) grâce la sécurité sociale – qui a été rabotée. L’opération ne se sentant pas directement au portefeuille, cela a pu se produire sans grandes protestations. Il n’empêche que le déficit de la sécurité sociale s’accroît. A partir de 2021, une partie du financement menace de disparaître puisque la ‘‘dotation d’équilibre’’ du fédéral ne sera plus garantie. Des attaques plus conséquentes sur la sécu sont donc inévitables. Il est temps d’organiser la résistance pour défendre et même étendre le champ de notre sécurité sociale !

    Par Geert Cool

    Qu’est-ce que la sécurité sociale ?

    La sécurité sociale est un système qui protège les travailleurs lorsqu’ils se révèlent en incapacité de travailler.

    Le mécanisme est né pour aider des travailleurs victimes du chômage (temporaire ou non), malades, invalides ou pour leur donner une pension à un certain âge. Les allocations familiales ont également été ajoutées afin de couvrir plus collectivement les coûts liés à l’éducation des enfants.
    Tous les travailleurs contribuent à la sécurité sociale et une part importante de nos salaires y est consacrée. Mais les avantages sont nombreux. Sans cette protection, la pauvreté serait largement plus répandue.

    Comment ce mécanisme a-t-il vu le jour ?

    Le 75e anniversaire de la sécu a été commémoré fin décembre, en souvenir de ce mois de décembre 1944 qui a vu la naissance de l’Office national de sécurité sociale / Rijksdienst voor Sociale Zekerheid. On en attribue souvent la paternité à Achille Van Acker (PSB), surtout dans les milieux sociaux-démocrates évidemment. Il ne s’agit pourtant que d’une partie seulement de l’histoire : chaque pas en avant vers la sécurité sociale est le fruit des luttes du mouvement ouvrier, dont certaines ont menacé l’existence même du capitalisme.

    Le système moderne de sécurité sociale a été mis en place par les travailleurs après plus de cent ans de grèves et de batailles contre le capital et l’appareil d’État. C’est par des grèves comme la grève générale de 1886 ou celles qui ont suivi la Première Guerre mondiale que le droit des travailleurs de s’organiser a été accepté, ainsi que le suffrage universel masculin et les premiers éléments de protection sociale. Au départ, ce sont les travailleurs eux-mêmes qui ont organisé leurs fonds de solidarité mutuelle. Les luttes ont forcé les patrons à payer des cotisations pour les pensions des ouvriers (1924) et des employés (1925), pour les maladies professionnelles et les allocations familiales (1927) ainsi que pour les congés annuels (1936). La grève générale de 1936, qui s’est développée spontanément à partir de la base, a arraché les congés payés.

    Après la Seconde Guerre mondiale, la bourgeoisie était inquiète de la situation sociale. La résistance armée, dans laquelle les syndicalistes et les communistes ont joué un rôle important, bénéficiait d’un large soutien. Les travailleurs qui avaient combattu le nazisme n’entendaient pas tout simplement retourner à leur situation de misère. Ils exigeaient qu’on les respecte. Par peur des mouvements – peur justifiée au vu de la grève générale autour de la question royale en 1950 ou de la grève générale révolutionnaire et insurrectionnelle de l’hiver 1960-61 – des concessions ont été arrachées. Ce n’est pas le militantisme d’Achille Van Acker qui a fait céder la bourgeoisie, mais plutôt la peur de la révolution. Le fait que la sécurité sociale ait été inscrite dans une loi a néanmoins représenté un énorme progrès pour les travailleurs et leurs familles.

    Le mouvement ouvrier a fait valoir que les risques sociaux (vieillesse, maladie, chômage,…) ne devaient pas être supportés par la famille et dépendre de la charité. Les questions sociales doivent être supportées collectivement. Tout démantèlement de la sécurité sociale représente un pas en arrière vers l’individualisation des risques sociaux. Nous en voyons les effets dans les soins de santé, la crise du secteur pousse davantage de personnes âgées à être prises en charge par leur famille (essentiellement par les femmes).

    La sécu victime d’années d’économies

    Les principaux postes de dépenses de la sécurité sociale sont les pensions, les soins de santé et les allocations de chômage (y compris la retraite anticipée). L’année dernière, le déficit était de 3,1 milliards et, en 2024, il atteindra 6,4 milliards d’euros à politique inchangée. Selon les patrons, cela s’explique par l’augmentation des dépenses. Pourtant, de sérieuses économies ont été appliquées partout : pensions, secteur des soins, malades de longue durée, prépensionnés, chômeurs, etc. Personne n’a été épargné.

    L’âge de la pension a été porté à 67 ans par le gouvernement Michel, de sorte que les travailleurs ont perdu deux ans de droit à une pension. De plus, les conditions pour obtenir une pension complète ont été durcies et la retraite anticipée est devenue pratiquement impossible à obtenir. Techniquement, elle est aujourd’hui considérée comme une allocation de chômage. L’objectif de toutes les attaques contre la retraite anticipée (par les gouvernements Di Rupo et Michel) est de nous faire travailler plus longtemps.

    Dans le domaine des soins de santé, une ‘‘norme de croissance’’ a été imposée : les dépenses ne peuvent augmenter que de 1,5% par an. La norme avait été ramenée de 4,5% à 3% par le gouvernement Di Rupo et elle fut encore réduite de moitié par le gouvernement Michel. Alors que la population vieillit en général et que la charge de travail croissante entraîne davantage de problèmes de santé, les soins de santé ont été mis au régime sec. Les conséquences ne se sont pas fait attendre, la crise des soins est générale. Aujourd’hui, 14% des familles retardent leurs soins pour raisons financières. Parmi les 25% de familles les plus pauvres, ce chiffre s’élève à 27%.

    Sous le gouvernement Michel, le nombre de malades de longue durée a fortement augmenté : en 2018, il y en avait 415.000, soit 71.000 de plus qu’en 2014. Sans vouloir s’attaquer au problème de la charge de travail insoutenable et du stress psychologique, le gouvernement a réagi en poussant les malades à long terme hors du système. La ministre Maggie De Block a décidé que les malades devaient être plus rapidement de retour au travail : des sanctions sont apparues pour ceux qui ne suivent pas un projet de réinsertion. Les syndicats ont calculé qu’en 2018, pas moins de 68% des malades de longue durée qui ont participé à un projet de réinsertion ont finalement vu leur allocation leur être retirée. Le mécanisme est une machine à exclure.

    Ce qui nous amène aux allocations de chômage. Outre la suppression progressive de la retraite anticipée, le système de chômage avec allocation d’entreprise (RCC), les contrôles sur les chômeurs ont été renforcés et le nombre de sanctions a augmenté. Le nombre de personnes émargeant au CPAS a explosé : en 2018, 143.866 personnes dépendaient d’un revenu d’intégration, contre un peu moins de 100.000 en 2014. Le nombre de ‘‘chômeurs inscrits à titre obligatoire sans droit aux allocations de chômage’’ (tels que les personnes ayant un revenu d’intégration) a augmenté de 17,5% en 2019 par rapport à 2018. Derrière la baisse officielle du taux de chômage, on trouve une augmentation du nombre de personnes dépendante des CPAS.

    Nos droits et notre protection sociale ont souffert des économies réalisées dans tous les domaines. Il est donc bien compréhensible que les travailleurs ressentent qu’ils en ont moins pour leur argent. Nous devons toutefois bien prendre garde à ne pas nous tromper de coupable. Notre sécurité sociale ne s’est pas dégradée en raison des demandeurs d’asile ou des chômeurs : une bonne partie des fonds ont été donnés en cadeau aux patrons ! La sécurité sociale n’est pas impayable, mais il y a effectivement un problème si ses moyens diminuent sans cesse.

    La question fondamentale du financement

    Les moyens alloués à la sécurité sociale ont été réduits alors que les besoins augmentaient. Selon le gouvernement, c’était nécessaire pour maîtriser le déficit. Ce déficit résulte des cadeaux aux employeurs. Si les chômeurs sont soumis à un contrôle strict, cela ne s’applique pas aux grandes entreprises qui ont reçu des milliards en cadeau pour ‘‘préserver l’emploi’’ et qui font pourtant comme bon leur chante sans être inquiétées.

    Une mesure particulièrement coûteuse a été la réduction des prétendues ‘‘cotisations sociales patronales’’ de 32,4 à 25%. ‘‘Prétendues’’ car il s’agit en réalité de nos salaires indirects qui sont directement payés par les patrons à la sécurité sociale. Notre salaire indirect a donc été considérablement réduit. Selon le Bureau du plan, il s’agit de 5,8 milliards d’euros !
    Des mesures telles que le tax shift ou le saut d’index ont été présentées comme autant de nécessités pour renforcer la position concurrentielle des entreprises. Entretemps, les économistes s’accordent à dire que le ‘‘handicap salarial’’ par rapport aux pays voisins a été éliminé. Des mesures telles que le tax shift ne conduisent en outre pas à une augmentation des investissements dans la production. Ce cadeau a servi à augmenter les marges bénéficiaires, comme l’a constaté la Banque nationale en décembre. Depuis 2016, date à laquelle les ‘‘cotisations patronales à la sécurité sociale’’ sont tombées à 25%, les marges de profit en Belgique sont nettement supérieures à la moyenne de la zone euro.

    En outre, les possibilités pour les patrons de se soustraire aux cotisations de sécurité sociale sont de plus en plus nombreuses. Il suffit de penser aux flexi-jobs, qui représentent aujourd’hui environ 55.000 emplois. Ce système a été présenté comme un moyen de lutter contre le travail au noir, mais il est surtout utilisé pour convertir des emplois existants en emplois précaires. Même la Cour des comptes a dû admettre que 35% des flexi-jobs ne sont pas des emplois nouvellement créés. En plus, le gouvernement Michel a étendu la mesure des flexi-jobs à d’autres secteurs que celui de l’hôtellerie et de la restauration.

    Nous avons également assisté à une forte augmentation des avantages extra-légaux : voitures de société, chèques-repas,… qui permettent de verser une partie du salaire sous forme d’avantages en nature en évitant de payer des cotisations à la sécurité sociale. Cela semble intéressant pour les travailleurs ayant un salaire plus élevé : au-delà d’un plafond de 57.602,62 euros brut par an (un salaire net d’environ 2.500 euros par mois), les droits à la pension n’augmentent pas. Il semble alors plus intéressant d’opter pour des avantages supplémentaires en nature. La seule façon d’y répondre est d’exiger que ce plafond soit relevé.

    A la demande des syndicats, le gouvernement a fait étudier les effets de 11 prestations extra-légales : elles représenteraient une masse salariale de 6,8 milliards d’euros. Cela signifie un manque à gagner pour la sécurité sociale de 2,6 milliards d’euros. Certains avantages communs (comme l’assurance hospitalisation et les fonds de pension) n’ont pas été inclus dans l’étude, ce qui signifie que le montant total perdu par le système de sécurité sociale dépasse sans aucun doute les 4 milliards d’euros.

    Les cotisations de sécurité sociale représentent 72,9% de ses revenus. Si des milliards en disparaissent, cela aura bien entendu des conséquences. Les revenus des cotisations de sécurité sociale sont en retard par rapport à l’augmentation de la masse salariale. Si le montant de tous les salaires payés augmente, le revenu de la sécurité sociale devrait suivre la même trajectoire de croissance. Mais ce n’est pas le cas. Selon les prévisions pour 2020, la différence augmenterait par rapport à 2015 : la masse salariale augmenterait de 17%, les cotisations sociales de 9,5%.
    Les cadeaux aux patrons font que la communauté, c’est-à-dire nous, contribue pour une plus grande part pour combler le vide. Une partie de ce financement provient d’un ‘‘financement alternatif’’ avec une part des revenus de la TVA et du précompte mobilier, une autre partie est payée directement par le Trésor public. Cela inclut la ‘‘dotation d’équilibre’’, qui représente aujourd’hui 3% du financement de la sécurité sociale. Toutefois, cette dotation, qui vise à maintenir l’équilibre entre les dépenses et les recettes de la sécurité sociale, expire en 2020 en raison d’une décision du gouvernement Michel datant de 2017. Si la dotation d’équilibre n’est pas renouvelée, plusieurs milliards d’économies viendront à nouveau frapper la sécurité sociale alors qu’elle est déjà bien mal en point.

    Il est temps de se battre

    Si le mouvement ouvrier ne réagit pas, la sécurité sociale menace de fondre comme neige au soleil. De nombreux travailleurs ont le sentiment qu’ils obtiennent moins en retour de ce qu’ils paient, notamment puisqu’une partie importante de nos revenus est consacrée à la protection contre les risques sociaux. Avec les attaques contre les fins de carrière, cela se comprend. Aujourd’hui, il est parfois difficile de convaincre les collègues de se battre pour défendre la sécurité sociale à cause du déclin de la protection sociale et de la proportion de plus en plus grande versée par les travailleurs dans le total des cotisations à la sécu.

    Nous ne pouvons répondre à cela que par des revendications offensives : davantage de protection sociale et d’argent pour la sécurité sociale et pour les besoins de la communauté en général. Allons chercher l’argent là où il est : chez les patrons et les ultra-riches.
    Les manières de renforcer la sécurité sociale ne manquent pas : en augmentant les salaires, par un salaire minimum de 14 euros de l’heure par exemple, et en considérant tous les avantages comme des salaires (ce qui se traduit par une recette plus élevée pour la sécurité sociale et donc une meilleure protection) ; en rendant le travail plus humain (avec une réduction du temps de travail sans perte de salaire, avec embauche compensatoire et réduction de la charge de travail ; en augmentant les moyens par la suppression des cadeaux aux patrons et en permettant ainsi aux nantis de contribuer à la collectivité.

    A ce titre, défendre un impôt sur la fortune est important, ne fut-ce que pour remettre en question la logique de ces dernières années où les riches payent de moins en moins. Même la nouvelle dirigeante du FMI, Kristalina Georgieva, a fait remarquer : ‘‘A l’extrémité supérieure de la distribution des revenus, les impôts peuvent être augmentés sans affecter la croissance économique.’’ Un impôt sur la fortune ne viserait naturellement pas les travailleurs qui ont un salaire normal, mais la poignée d’ultra-riches. Il y a maintenant 29 milliardaires dans notre pays. À l’échelle mondiale, les 500 personnes les plus riches ont vu leur richesse augmenter de 1.200 milliards de dollars l’an dernier, soit une hausse de 25% en un an ! Si notre protection sociale est mise à rude épreuve, nous savons immédiatement pourquoi : un gigantesque transfert de ressources est à l’œuvre vers les ultras-riches. Cela ne conduit pas à des investissements productifs mais à des dividendes records et au capitalisme de casino.

    La concentration de la richesse dans une petite couche supérieure n’est pas un défaut du système, c’est dans l’ADN du capitalisme. Pour faire une réalité de nos revendications tout à fait légitimes et offrir une vie décente et toutes et à tous, nous devons affronter le capitalisme. Les patrons ne lâcheront rien sur base de nos bons arguments : il faut construire une relation de force. C’est ainsi que la sécurité sociale est née : la peur de la révolution ouvrière a fait céder la bourgeoisie. La défense et l’expansion de la sécurité sociale ne se feront pas autrement. Mais toute conquête sociale sous le capitalisme n’est que temporaire : les patrons saisissent chaque espace pour revenir sur ce qu’ils ont dû céder. En fin de compte, il faut renverser ce système et construire une société socialiste où, les travailleurs et leurs familles décideront ensemble démocratiquement de la manière d’utiliser les ressources disponibles dans l’intérêt de la collectivité.

  • La casse sociale, ça se combat !

    Prochain rendez-vous : le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes

    La sécurité sociale est née de la lutte acharnée des générations précédentes de travailleurs. Sans Sécu, il y aurait trois fois plus de personnes pauvres en Belgique. La sécurité sociale a pour but de couvrir les risques de la vie, ainsi que les charges de maternité et familiale en s’appuyant sur le principe de solidarité, afin que cela ne retombe pas uniquement sur le dos des individus et de leurs familles. Elle a, entre autres, créé les bases d’une plus grande indépendance des femmes.

    Par Emily, organisatrice nationale de la Campagne ROSA

    Ce système est cependant sous pression depuis plusieurs décennies et même asphyxié depuis le début de la crise de 2008. Des droits, comme les allocations de chômage, ont été fortement entamé et les attaques contre le statut de ‘‘cohabitant’’ l’ont rendu encore plus problématique. Ce statut a été introduit en 1980 et visait à réaliser des économies en limitant les allocations suite à l’augmentation du nombre de femmes sur le marché du travail. La dégradation de ce statut par les gouvernements Di Rupo puis Michel ont imposé à de plus en plus de personnes (tout particulièrement des femmes et des jeunes) de dépendre encore plus de leurs partenaires ou de leurs parents. Ce qui limite sévèrement les choix qu’elles peuvent faire.

    Individualisation des allocations sociale et augmentation de leur montant au-delà du seuil de pauvreté !

    A politique inchangée, le déficit de la sécurité sociale s’élèvera à 6,4 milliards d’euros d’ici 2024. Ce n’est pas le fruit du hasard, cela fut organisé de manière très consciente. Et l’idée selon laquelle la régionalisation de la sécu la renforcerait n’est qu’un mythe. Les allocations familiales, qui relèvent désormais de la compétence régionale, ont diminué dans toutes les régions !

    Pour des allocations familiales qui couvrent les coûts réels de l’éducation d’un enfant

    Les cotisations patronales sont passées de 33% à 25% mais les emplois sont toujours plus précaires (temporaires, à temps partiel, bas salaires). Cela pousse de plus en plus de travailleurs – et encore plus les femmes et les jeunes – dans la pauvreté. De plus, ça limite la possibilité de nombreux travailleurs et travailleuses de rentrer en action contre les politiques antisociales, ce qui réduit à son tour la force de frappe des syndicats pour de bonnes conditions de travail et une sécurité sociale qui permette une réelle sécurité. Ce cercle vicieux, il faut le briser. En Belgique, le salaire minimum ne permet pas de vivre dignement (9,65€ brut/h). Les 10% d’emplois les moins bien rémunérés sont occupés à 70% par des femmes. A l’occasion de la Journée pour l’égalité salariale, participez à la désormais traditionnelle Marche contre le sexisme le samedi 14 mars à Gand organisée par la Campagne ROSA (15h, Hôtel de Ville de Gand).

    Pour un salaire horaire brut de minimum 14€

    La sécurité sociale a été obtenue par la lutte mais, sous le capitalisme, tout acquis reste précaire et temporaire. La FGTB a eu raison d’organiser le 28 janvier une manifestation pour la défendre. La période précédant les élections sociales est l’occasion de discuter de l’importance de ce combat lors de réunions du personnel. Afin de nous défendre contre les attaques antisociales du prochain gouvernement, quelle que soit sa composition, il faudra un plan d’action au moins aussi conséquent que celui de l’automne 2014, en combinaison d’un programme de progrès social offensif.
    La sécurité sociale a été acquise par la lutte, mais sous le capitalisme, tout ce qui a été acquis reste vulnérable et temporaire. Défendre et étendre la protection sociale exige de se battre. Pour assurer que cet acquis soit permanent, il faudra instaurer un autre système : une société socialiste dont le socle sera de satisfaire les besoins de la majorité de la population.

    Mobilisons vers le 8 mars

    La Marche Mondiale des Femmes, dont font partie les syndicats et des organisations féministes (telles que la Campagne ROSA), mobilise pour une grande manifestation nationale le dimanche 8 mars à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes (14h, place de la Monnaie, Bruxelles). Cette journée est la suite logique de la mobilisation du 28 janvier. Combattre l’oppression des femmes passe par leur indépendance financière. Lutter pour une sécurité sociale de qualité est, à ce titre, aussi une revendication féministe ! Organisons une véritable mobilisation de terrain.
    Pour une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires et pour des investissements publics massifs dans les services publics afin de prendre en charge le travail domestique non rémunéré et permettre aux parents de concilier vies familiale et professionnelle.

  • Manifestation réussie en défense de la sécu, un premier pas qui en exige d’autres !

    Manifestation de ce 28 janvier. Photo : Liesbeth.

    La manifestation à l’initiative de la FGTB ce 28 janvier fut un succès. En mobilisant environ 20.000 personnes, les affiliés de la FGTB ont démontré qu’ils veulent se battre pour la sécurité sociale. Autour de nous, les déficits sociaux nous assaillent de toutes parts, tout particulièrement à la suite de la dernière législature, durant laquelle le gouvernement Michel a mis les bouchées doubles. Quel que soit le nouveau gouvernement fédéral, le système de sécurité sociale est en danger. A politique inchangée, le déficit de la sécurité sociale s’élèvera à plus de 6 milliards d’euros !

    La sécurité sociale a été imposée par la lutte acharnée du mouvement ouvrier. Ce n’est que lorsque les capitalistes et leurs représentants politiques ont craint pour la survie de leur système et donc de leurs profits que de réelles concessions ont pu être arrachées. Pour mettre les capitalistes à genoux, nous ne pouvons compter que sur notre propre force et surtout celle de notre nombre et de notre place au cœur du processus de production : sans notre travail, tout rien ne tourne !

    Il était donc important d’occuper les rues aujourd’hui. Pour l’instant, il ne s’agit encore que de la seule FGTB, mais la sécurité sociale concerne tous les travailleurs et leurs familles. Nous ne pouvons accepter le prétexte selon lequel il n’y a pas encore de réel gouvernement fédéral pour ne rien faire. Nous devons augmenter la pression pour bloquer chaque nouvelle attaque contre la sécurité sociale. Et ça, c’est impossible en restant les bras ballants. Il faut agir dès maintenant !

    Dans le tract distribué par le PSL lors de la manifestation, nous avons expliqué que cette manifestation ne devait en aucun cas rester un événement unique. « Il faut préparer la suite, en front commun syndical si possible. Cette unité doit s’étendre à la jeunesse également. Le message à envoyer aux formateurs est clair : il nous faut une autre politique, ou alors c’est un plan d’action au minimum aussi conséquent que celui de 2014 que vous trouverez face à vous. Et nous saurons mobiliser l’enthousiasme que nous ressentons tous pour l’extraordinaire lutte de masse en France contre la contre-réforme des retraites de Macron et de son gouvernement. »

    Des réunions du personnel peuvent par exemple expliquer que plus aucun espace n’existe aujourd’hui pour le syndicalisme de concertation. Pour sauver nos conquêtes sociales, nous devons corriger les erreurs du passé et les dégâts de cette stratégie qui a consisté à « reculer sans trop perdre » pendant 30 ans qui a laissé de plus en plus de travailleuses et travailleurs sur le bords de la route.

    Est-ce normal de vivre dans la pauvreté en travaillant ? Ou après avoir travaillé toute sa vie ? Ou d’être sans emploi alors qu’il y a tellement à faire que certains en sont malades ? Il nous fait un salaire minimum horaire de 14 euros ; une pension minimale de 1.500 euros net par mois ; la semaine des 32 heures avec maintien du salaire, embauche compensatoire et réduction de la charge de travail,… L’argent ne manque pas, mais il faut aller le chercher là où il est.

    De plus, nous savons très bien qu’aucune conquête sociale n’est véritablement acquise en restant dans les limites du capitalisme. Les capitalistes et leurs pantins politiques tentent systématiquement de reprendre ce qu’un combat acharné les a forcés à céder. C’est pourquoi nous devons cibler le coeur-même de cette société capitaliste où 2153 milliardaires détiennent plus d’argent que 60% de l’humanité (étude annuelle d’Oxfam) ! Nous avons besoin d’une autre société, une société où nous aurons réellement notre mot à dire, y compris sur la manière dont les choses sont produites et dont les richesses sont utilisées. Seule une société socialiste où les secteurs-clé de l’économie sont nationalisés et démocratiquement gérés par les travailleuses et les travailleurs le permettra.

    Prochaine étape : 8 mars RDV à BXL, 14h, Place de la Monnaie

    Les femmes sont au premier rang des victimes des attaques contre la sécurité sociale. Ce n’est pas un hasard s’il s’agira du thème de la manifestation nationale du 8 mars à Bruxelles organisée par la Marche Mondiale des Femmes. Cette Journée internationale de lutte pour les droits des femmes est idéale comme prochaine étape pour une mobilisation de masse, n’hésitez pas à y participer avec vos couleurs syndicales !

    reportage-photos de Liesbeth:
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  • Notre sécurité sociale en danger. Protégeons-là avec une lutte sérieusement organisée

    L’enjeu de cette manifestation n’est pas des moindres : c’est un avertissement au patronat et à ses partis politiques. Le gouvernement Michel, un gouvernement anti-travailleurs, a vidé les caisses. Comment assurer la fin de l’offensive contre la sécu ?

    Tract du PSL

    La FGTB a eu raison de prendre l’initiative de cette mobilisation. L’offensive contre la sécu n’est pas neuve, pensons au Plan global, au Pacte des générations ou encore à toutes ces portes dérobées qui ont permis aux patrons de verser de moins en moins à la sécu. Le gouvernement Michel est allé un cran plus loin en diminuant de 33% à 25% le taux de base de cotisation patronale à la sécurité sociale. Cette mesure – à elle seule – représente un manque à gagner pour la sécu de 5,8 milliards d’euros ! Résultat ? A politique inchangée, le déficit de la sécu s’élèvera à 6,4 milliards d’euros en 2024. Ce déficit a été délibérément construit par les autorités et il servira de prétexte pour réduire notre protection sociale.

    Impayable la sécu ? Quelle blague ! Elle a germé dans l’entre-deux guerres et est officiellement née en décembre 1944, dans un pays ravagé par la Deuxième guerre mondiale ! Et ce qui était alors possible ne le serait plus aujourd’hui ? Ce qui a imposé sa création à l’époque, c’est la peur qu’inspirait le mouvement ouvrier.

    Nous avons encore toutes et tous en tête les mobilisations contre le gouvernement Michel. En 2014, le gouvernement a vacillé, il était à deux doigts de chuter. Même s’il a pu se rétablir en profitant de l’indécision au sommet des syndicats et en instrumentalisant le choc consécutif aux attentats terroristes, il a été forcé de retirer son projet de pensions à point après une manifestation dont l’affluence avait pris tout le monde de court.

    La manifestation de ce 28 janvier ne doit pas être un événement unique. Il faut préparer la suite, en front commun syndical si possible. Cette unité doit s’étendre à la jeunesse également. Le message à envoyer aux formateurs est clair : il nous faut une autre politique, ou alors c’est un plan d’action au minimum aussi conséquent que celui de 2014 que vous trouverez face à vous. Et nous saurons mobiliser l’enthousiasme que nous ressentons tous pour l’extraordinaire lutte de masse en France contre la contre-réforme des retraites de Macron et de son gouvernement.

    À l’occasion des élections sociales, nous pouvons organiser des réunions du personnel pour expliquer qu’il faut acter que plus aucun espace n’existe aujourd’hui pour le syndicalisme de concertation. Pour sauver nos conquêtes sociales, nous devons corriger les erreurs du passé et les dégâts de cette stratégie qui a consisté à « reculer sans trop perdre » pendant 30 ans qui a laissé de plus en plus de travailleuses et travailleurs sur le bords de la route.

    Est-ce normal de vivre dans la pauvreté en travaillant ? Ou après avoir travaillé toute sa vie ? Ou d’être sans emploi alors qu’il y a tellement à faire que certains en sont malades ? Il nous fait un salaire minimum horaire de 14 euros ; une pension minimale de 1.500 euros net par mois ; la semaine des 32 heures avec maintien du salaire, embauche compensatoire et réduction de la charge de travail,… L’argent ne manque pas, mais il faut aller le chercher là où il est.

    De plus, nous savons très bien qu’aucune conquête sociale n’est véritablement acquise en restant dans les limites du capitalisme. Les capitalistes et leurs pantins politiques tentent systématiquement de reprendre ce qu’un combat acharné les a forcés à céder. C’est pourquoi nous devons cibler le coeur-même de cette société capitaliste où 2153 milliardaires détiennent plus d’argent que 60% de l’humanité (étude annuelle d’Oxfam) ! Nous avons besoin d’une autre société, une société où nous aurons réellement notre mot à dire, y compris sur la manière dont les choses sont produites et dont les richesses sont utilisées. Seule une société socialiste où les secteurs-clé de l’économie sont nationalisés et démocratiquement gérés par les travailleuses et les travailleurs le permettra.

    8 mars RDV à BXL, 14h, Place de la Monnaie

    Les femmes sont au premier rang des victimes des attaques contre la sécurité sociale. Ce n’est pas un hasard s’il s’agira du thème de la manifestation nationale du 8 mars à Bruxelles organisée par la Marche Mondiale des Femmes. Cette Journée internationale de lutte pour les droits des femmes est idéale comme prochaine étape pour une mobilisation de masse, n’hésitez pas à y participer avec vos couleurs syndicales !

    Contactez la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) pour en parler dans vos délégations, en réunion du personnel,…

  • Accord d’été. Nouvelle offensive contre nos conditions de vie et notre protection sociale

    Photo : Socialisme.be

    Fin juillet, les travailleurs ont reçu une nouvelle pilule difficile à avaler. Ils payent à nouveau les conséquences de ne pas avoir poursuivi le mouvement de grèves larges et populaires de fin 2014. L’élite dirigeante, les patrons et le gouvernement veulent continuer sur leur voie. Le portefeuille des patrons a notamment déjà profité du saut d’index de 2%. Cette fois-ci, c’est le jackpot pour les grandes entreprises et les PME qui bénéficieront d’une baisse spectaculaire de l’impôt des sociétés, qui passera officiellement de 33,99% à 29% l’année prochaine, puis à 25% d’ici 2020. L’imposition des entreprises a par ailleurs déjà sérieusement été mise à mal, le gouvernement perd des milliards d’euros chaque année en raison du mécanisme de la déduction des intérêts notionnels et d’autres mesures.

    Un dossier de Peter Delsing issu de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Des cadeaux pour les riches

    Cela n’arrêtera pas l’arrogance des plus riches. Récemment, nous avons pu lire que les grandes entreprises ont placé l’équivalent de près de la moitié de la richesse produite annuellement en Belgique dans des paradis fiscaux. Selon le journal Le Soir, 853 entreprises ont planqué l’an dernier 221 milliards d’euros dans des pays connus pour leurs taxes très faibles ou inexistantes. La même année, le Produit intérieur brut (PIB) belge était de 466 milliards d’euros!

    Les 60 milliards d’euros qui partent en moyenne chaque année vers le Luxembourg ne devraient bientôt plus être déclarés (Le Soir, 14/8/17). L’Union européenne néolibérale considère que cette évasion fiscale effectuée par les grandes entreprises est ‘‘légale’’. Nous vous conseillons de ne pas faire la même chose avec votre salaire… Ces derniers ne bénéficient pas des mêmes avantages ou des largesses juridiques de Monaco & Co. Selon leur logique, nos salaires doivent diminuer, tout comme les pensions et les allocations de chômage.

    Nous en sommes presque arrivés au point où les entreprises pourraient elles-mêmes décider combien elles acceptent de payer d’impôts. Pendant ce temps, c’est à la classe des travailleurs de combler les trous. Après des décennies de modération salariale néolibérale, il n’est pas surprenant qu’ ‘‘un tiers des Belges’’ ne soit plus en mesure d’épargner (De Morgen, 27/3/17). L’article cite notamment le récent accord salarial convenu entre patrons et syndicats qui ne permet que des augmentations salariales allant jusqu’à 1,1%. Mais la stagnation reste de mise, de même que la tendance au déclin du pouvoir d’achat de la population.

    Budget : la sécurité d’emploi et les contrats de travail compromis, mesures honteuses favorables aux plus riches

    Cet accord budgétaire est une nouvelle illustration de l’offensive menée contre la classe des travailleurs. Le PSL a toujours prévenu qu’un gouvernement de type thatchérien tel que celui-ci n’arrêterait pas ses attaques antisociales sans être bloqué par le mouvement ouvrier.

    Le gouvernement veut s’en prendre au statut des fonctionnaires, qui deviendrait l’exception plutôt que la règle. Il s’agit d’une attaque frontale contre la sécurité d’emploi et les conditions de travail, y compris au niveau de la pension. Cela a entrainé des commentaires acerbes de la part de la vice-présidente de la CGSP Chris Reniers et du président de la CSC Marc Leemans. ‘‘Cela va conduire à un hiver difficile’’, a prévenu Leemans. Avec cette mesure, le gouvernement veut à nouveau s’en prendre aux services publics, et à des secteurs pilier de la résistance sociale tels que les cheminots. Un intérimaire ou un travailleur avec un contrat à durée déterminée devra y réfléchir à deux fois avant de partir en grève. C’est ce que veulent les fondamentalistes néolibéraux au gouvernement, y compris le CD&V, prétendument l’aile sociale de l’équipe Michel. Ils veulent un mouvement des travailleurs endommagé qui accepte leurs diktats de plus en plus tout droit sortis du 19ème siècle.

    Le nombre d’intérimaires en Belgique est passé de 20.000 à la fin des années 1970 à pas moins de 417.000 aujourd’hui, jobs étudiants non inclus (La Libre, 5/8/17). Les entreprises recrutent d’abord de nouveaux employés en tant qu’intérimaires. Mais de plus en plus d’entreprises disposent en permanence d’un grand nombre d’intérimaires. Les contrats intérimaires ne sont pas limités dans le temps alors que les contrats à durée déterminée ne peuvent être renouvelés qu’une fois. La fédération fédérale Federgon – qui représente, entre autres choses, les entreprises actives dans les ressources humaines – figure parmi les forces qui poussent le gouvernement à créer une sorte de ‘‘contrat intérimaire à durée indéterminée’’. C’est une façon de créer une couche de travailleur en précarité constante qui sera utilisée pour briser les salaires et les conditions de travail. Les syndicats doivent aller chercher ces travailleurs précaires et les organiser pour limiter autant que possible l’utilisation abusive des contrats d’intérim.

    Depuis les années ’80, la classe dirigeante n’a pas manqué d’imagination pour augmenter le taux d’exploitation et ses bénéfices : modération salariale, contrats de travail précaires, charge de travail accrue, plus de possibilités pour le travail de nuit et le week-end (également dans l’e-commerce grâce à cet accord d’été), réduction de l’imposition des entreprises et des contributions patronales à la sécurité sociale,… Marx expliquait que les profits viennent du ‘‘travail non rémunéré’’. Regardons la mesure visant à permettre de gagner un revenu complémentaire de 500 euros par mois non imposable et non soumis aux cotisations sociales dans certains secteurs. Pour certains, comme les pensionnés, c’est une manière de joindre les deux bouts ou d’avoir un peu d’argent de poche. Mais de cette façon, on crée toute une industrie qui ne contribue pas aux pensions, aux allocations de chômage,… Il en va de même pour l’extension des emplois flexibles de l’horeca vers le commerce et les pensionnés. Des emplois de 8 ou 10 euros nets, sans brut ! La sécurité sociale gémit, mais les patrons s’en mettent plein les poches.

    Pourtant, on entend certains patrons se plaindre de la taxe minimale sur les transactions boursières que prend le gouvernement ou de la taxe de 0,15% sur les comptes-titres au capital supérieur à 500.000 euros. On parle de 750 euros! Ce n’est pas vraiment un bain de sang quand on sait que 10% de la population belge possède la moitié de la richesse totale du pays. Ceux qui se plaignent ne veulent visiblement même pas dépenser de l’énergie pour répartir leurs actifs sur plusieurs banques afin de contourner la mesure. Ils ne se plaindront pas des jobs à 8 euros de l’heure chez nous! Ce gouvernement veut également réduire les pensions, déjà très basses en Belgique, en réduisant les allocations de chômage et les prépensions au minimum salarial après un an (et non à hauteur du dernier salaire).

    En raison de cette expansion néolibérale du taux d’exploitation (le ratio entre la main-d’œuvre payée et non rémunérée), la classe dirigeante a partiellement réussi à rétablir ses profits, mais au détriment d’une croissance économique stagnante, d’une faible croissance de l’investissement et de la productivité et d’un énorme fardeau de dettes. En tant que militants syndicaux, activistes et intellectuels critiques, nous devons développer notre argumentaire idéologique aussi efficacement que possible si nous voulons mener à bien la lutte contre la dégradation sociale. Les revendications qui visent à faire payer les plus riches, la réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, le refinancement des budgets publics, l’opposition à la marchandisation des soins de santé, un enseignement gratuit et de qualité,… tout cela s’oppose aux diktats du ‘‘marché libre’’ et de l’Union européenne. Cela exige de rompre avec la logique du profit.

    Après un accord d’été glacial, vers un automne chaud ?

    À la naissance de ce gouvernement, les dirigeants syndicaux ont fait quelque chose qu’ils n’avaient plus fait de mémoire d’homme. Ils ont dévoilé un plan de mobilisations et de grèves crescendo qui a suscité un large enthousiasme auprès de larges couches de la population, non seulement parmi la base syndicale, mais aussi chez les jeunes, les artistes, les ASBL,… La droite peut bien dédaigner le mouvement ouvrier, il reste la seule force capable de réunir une masse aussi immense.

    C’est ce que nous avons vu avec la manifestation de 150.000 personnes de novembre 2014. Les grèves provinciales et la grève générale nationale qui ont suivi ont fait vaciller le gouvernement. Son isolement social s’approfondit lorsqu’il n’est plus en mesure de manipuler l’opinion publique avec le racisme et la division. Les sondages démontraient alors qu’une large majorité de la population voulait faire payer les riches, s’opposait à la pension à 67 ans, voulait défendre la sécurité sociale,… Le mouvement a-t-il été bien connu et suivi par toutes les couches de travailleurs? Non, mais les secteurs solides ayant une tradition d’information et de mobilisation montraient la voie aux autres lieux de travail qui n’étaient pas encore dans cette étape.

    Les dirigeants syndicaux ont pensé à une éventuelle chute du gouvernement, ont ressenti le pouvoir potentiel de la classe des travailleurs, mais ont fait marche arrière. Le soutien de couches larges de la population et des militants dans les entreprises ne peut pas être arbitrairement activé ou désactivé. Cela joue sur la loyauté des gens. Un délégué ne peut pas non plus se permettre d’agir de la sorte dans son travail quotidien. Cela soulève la méfiance envers les méthodes bureaucratiques et les décisions discutées et décidées au sommet.

    Ce sont les syndicalistes actifs qui sont les plus à même de décider et de voter des objectifs et de la durée d’un plan d’action. Ce gouvernement n’a pas le droit d’adopter des mesures qui n’ont même pas été discutées durant la période électorale. C’est de la fraude électorale. Vaincre ce gouvernement aurait été possible avec un large mouvement de grève visant à le renverser, de préférence reposant sur des assemblées démocratiques du personnel dans les entreprises pour stimuler et organiser l’implication de tous, combinées si possible à des comités reliant les militants de différentes entreprises. Cela aurait placé au centre du débat la nécessité d’une alternative politique qui intègre toutes les personnes impliquées dans le mouvement. Qu’importe le gouvernement qui aurait suivi, il aurait été dans une position bien plus difficile pour imposer sa politique après une telle victoire des grévistes. C’était l’approche défendue par le PSL au cours du mouvement.

    La vice-présidente de la CGSP Chris Reniers a déclaré au sujet des nouvelles mesures: ‘‘Nous allons réagir durement. Très durement. Cet accord d’été témoigne de tant de mépris pour les services publics que nous ne pouvons pas rester au balcon. Il y aura des grèves. Oui, ce sera dur.’’ Il s’agira de créer un mouvement unique entre secteurs public et privé. Ensemble, nous sommes les plus forts, comme cela a été montré fin 2014. Cela nécessite un plan d’action clair et bien planifié. Avec un calendrier qui ne s’y prend pas des semaines à l’avance, mais des mois. Les réunions régionales de militants et les réunions d’information sur les lieux de travail seront d’une grande importance. Non aux attaques contre notre statut, nos pensions et nos contrats de travail! Pour la pension à 67 ans! Non à la flexibilité, pour des emplois décents et bien rémunérés! Couplons ces revendications aux discussions sur un projet de société alternatif, une société socialiste démocratique et sur les instruments politiques dont nous avons besoin pour l’atteindre.

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