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  • Manifestations Blockupy en Allemagne : Répression policière dans l'antre de la bête

    ”Nous voulons montrer qu’il y a aussi une résistance contre Merkel et la Troïka dans l’antre de la bête” commentait l’un des manifestants qui avait pris part aux ”Journées d’action Blockupy” du 1er juin à Francfort, en Allemagne. 15.000 personnes étaient présentes lors de cette marche. Le jour précédent, plus de 3.000 personnes avaient participé au blocage du siège de la Banque Centrale Européenne et d’autres institutions. Ces institutions sont considérées comme un symbole de la dictature des marchés, de la politique raciste d’immigration en Europe et de l’industrie textile basée sur la course aux profits, qui a été responsable de la mort de milliers de travailleurs encore récemment au Bangladesh.

    Par Sascha Stanicic, SAV (CIO-Allemagne)

    Répression d’État

    ”Blockupy” est une alliance de différentes organisations de gauche, le Parti de Gauche (DIE LINKE), certaines structures syndicales, Attac et d’autres groupes du mouvement social qui ont été créés l’année dernière pour construire la résistance contre les politiques d’austérité en Europe et en Allemagne.

    En 2012, la ville de Francfort avait légalement interdit toutes les protestations, les manifestations et les rassemblements lors des deux jours durant lesquels les occupations et les blocages étaient censés se tenir. Même les manifestations qui n’avaient rien à voir avec Blockupy avaient été interdites. Cela a conduit à une vague de solidarité et des milliers de personnes se sont spontanément rendues à Francfort pour participer au seul évènement qui avait été autorisé : la manifestation de masse du dernier jour de la période d’actions.

    Cette année, la situation a été renversée par la police. Le camp de protestation a été autorisé et les manifestations et les blocages du 31 mai ont également pu se tenir avec relativement peu de répression policière. Le gouvernement fédéral d’État, dirigé par les conservateurs, et les dirigeants policiers avaient cependant bien retenu la leçon de l’année précédente et avaient planifié la répression pour la journée de la manifestation de masse.

    20 minutes à peine après le début de la manifestation, elle fut réprimée par la police et le contingent anticapitaliste de groupes d’extrême gauche à la tête de la manifestation a été encerclé. La police a pris pour excuse l’utilisation de pétards et le fait que des manifestations se cachaient le visages pour justifier ses actions répressives. En réalité, il est devenu clair – et cela a même été confirmé par un officier de police anonymement dans la presse – que cette répression avait été planifiée bien à l’avance. Un officier de police a d’ailleurs déclaré à un membre du SAV (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Allemagne et organisation-soeur du PSL) : ”Pensiez-vous vraiment que nous allions vous laisser simplement marcher, après la défaite que vous nous avez infligez l’année dernière ?”

    1.000 manifestants ont été encerclés pendant plusieurs heures durant lesquelles ils n’avaient pas accès aux toilettes. Les avocats ne pouvaient avoir de contact avec leurs clients et les premiers secours n’ont pas pu entrer dans la zone d’encerclement pour rejoindre les personnes blessées, au nombre de plus de 200. Le reste de la manifestation n’a pas pu avancer et est resté aux côtés de ceux qui étaient encerclés par la police, en solidarité. Ce n’est que que tard dans la soirée, quand beaucoup de manifestants étaient déjà partis prendre leur bus ou leur train pour rentrer, que la police a libéré les manifestants encerclés.

    Malgré cela, ces journées d’action ont été un réel succès. L’Allemagne ne partage pas les mêmes problèmes économiques et sociaux que la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou d’autres pays pour le moment. Cela signifie aussi que la conscience est différente et qu’il y a moins de mobilisations et de luttes qui se mettent en place. Étant donné ce contexte, les journées d’action Blockupy ont principalement mobilisé des militants de gauche. Cependant, ces actions ont permis de montrer qu’il y avait aussi une résistance sociale en Allemagne. Le plus impressionnant de tout fut la participation de 500 militants de Stuttgart qui viennent du Mouvement contre Stuttgart 21 (la nouvelle gare prévue qui soulève des manifestations de masse depuis plusieurs années).

    En même temps, la relative stabilité économique allemande est payée par des millions de travailleurs sous-payés et par la détérioration des conditions sociales. Les travailleurs du secteur de la distribution ont commencé des actions de grève pour de meilleurs salaires et contre les attaques des patrons.

    Les membres du SAV ont participé à ces journées d’action. C’est aussi le cas du Parti de Gauche (DIE LINKE) et de ses organisations de jeunes qui avaient leur propre contingent qui ont été rejoint par les membres du SAV. 350 personnes ont assisté à un meeting public de DIE LINKE dans la nuit du premier jour d’action ou sont intervenus des orateurs de Grèce, du Portugal et d’Allemagne.

    Pour beaucoup de manifestants, la répression policière arbitraire est une preuve supplémentaire de la véritable nature du capitaliste : la démocratie est accordée tant que rien ne menace les profits des banques et des grandes industries.

  • Allemagne : Protestations en solidarité avec les travailleurs du pétrole en grève au Kazakhstan

    Des membres du SAV ont organisé une protestation devant une station service ESSO à Berlin, en soutien aux travailleurs de KazMunaiGas, au Kazakhstan, qui sont maintenant en grève depuis des mois et font face à une répression féroce. Cette campagne doit être suivie par les syndicats et Die Linke !

    René Kiesel, SAV (CIO-Allemagne), Berlin

    La solidarité internationale est urgente face à l’oppression brutale et sanglante du régime kazakh, dont le meurtre d’un syndicaliste sur son lieu de travail. Leur lutte concerne leurs salaires et conditions de travail, véritablement misérables actuellement.

    La multinationale Exxon Mobil Corporation (‘Esso’) collabore avec le régime dictatorial de Nazarbayev au Kazakhstan, avec la compagnie d’Etat KazMunaiGas (pétrole et gaz) et avec ses filiales. La multinationale retire de juteux bénéfices des très piètres conditions de travail des ouvriers du pétrole et de leurs bas salaires.

    Ce premier septembre, une action de solidarité a donc pris place à Berlin, notamment pour demander la libération immédiate de l’avocat des grévistes, Natalia Sokolova, et du syndicaliste Akhzanat Aminov.

    Nous avons distribué des tracts aux passants ainsi qu’aux travailleurs du site, recevant au passage de nombreuses marques de solidarité. Les membres du SAV en Allemagne essayent aussi d’obtenir le soutien officiel des syndicats et du parti DIE LINKE (le parti de gauche) en faveur des grévistes, et d’avoir de leurs parts des déclarations de solidarité et du soutien financier pour les grévistes et leurs familles. Une réunion de DIE LINKE à Aix-La-Chapelle a notamment accepté d’envoyer un message de solidarité aux grévistes, ainsi que de collecter de l’argent pour eux.

    A Hamburg, des militants du SAV ont aussi tenu un stand lors d’un festival et ont collecté de l’argent pour les grévistes.


    Actions de solidarité

  • In Memoriam : Gaétan Kayitare

    Militant de la classe ouvrière, internationaliste, révolutionnaire

    Sozialistische Alternative (SAV), la section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Allemagne, a très récemment souffert d’une lourde perte, avec le décès d’un membre et dirigeant de longue date du SAV, Gaétan Kayitare.

    Sascha Stanicic, SAV

    Gaétan a joué un rôle clé dans la construction du CIO en Allemagne depuis 1982 et a toujours fait de grandes contributions aux analyses politiques et aux perspectives de l’organisation.

    Gaétan, qui est décédé le 27 février, avait atteint la soixantaine. Né au Rwanda, il ne connaissait pas la date exacte de sa naissance. Il était membre du Comité National du SAV, a été permanent du parti durant de nombreuses années et a été délégué à de nombreux Congrès Mondiaux du CIO. C’était une personnalité de premier plan, et un grand militant, qui a toujours profondément marqué ceux qu’il rencontrait.

    Pour de nombreux camarades, il a été un enseignant du marxisme, au sens premier du terme. De très nombreux camarades se souviennent de leurs rencontres avec lui pour parler de théorie marxiste et de l’histoire du mouvement ouvrier. Ils sont devenus marxistes grâce à lui, mais se souviennent aussi de son sens de l’humour particulier et de son grand cœur. Gaétan détestait la société de classe de même que toutes les tendances dans le mouvement des travailleurs qui s’adaptent au capitalisme et veulent obtenir des compromis pourris. Il était un révolutionnaire de principe, ce qui pouvait parfois passer pour de l’obstination était dans la plupart des cas de la clarté politique.

    Gaétan était aussi un véritable internationaliste, qui participait régulièrement aux rencontre internationales du CIO et a visité de nombreuses sections du CIO au cours de ces trois dernières décennies. Sans surprise, la nouvelle de sa mort a très vite fait le tour du CIO et des condoléances sont arrivées des camarades français et d’autres sections. En 1998, Gaétan avait fait partie d’une délégation internationale du CIO en Ecosse, à l’époque où une lutte de faction s’était développée dans les rangs de la section écossaise du CIO.

    Gaétan n’était pas connu pour être quelqu’un de très diplomate! Il disait toujours ouvertement ce qu’il pensait. Il avait averti ces membres du CIO en Ecosse qui ont plus tard quitté nos rangs qu’ils finiraient dans le camp du réformisme. Malheureusement, la suite a démontré la justesse de son avertissement. Mais malgré son verbe tranchant, plusieurs de ceux qui avaient débattus contre Gaétan ont exprimé leur respect envers lui.

    Il souffrait depuis de nombreuses années de plusieurs maladies, et sa santé s’est constamment détériorée sur ces dernières années. Hélas, il n’a pas pris soin de lui comme il aurait dû le faire et comme de nombreux camarades le lui avaient recommandé.

    Gaétan était actif dans tous les mouvements et dans toutes les luttes à Aix-la-Chapelle, la ville où il résidait depuis les années ’70. Sans surprise, des condoléances sont arrivées le jour suivant l’annonce de son décès de syndicalistes, de membres de Die Linke et de plusieurs sociaux-démocrates.

    Gaétan était quelqu’un d’unique, un militant de la classe ouvrière, un révolutionnaire dans le meilleur sens du terme et un véritable ami.

    La section d’Aix-la-Chapelle du SAV tiendra un meeting de commémoration ce 13 mars. Les camarades qui voudraient envoyer des messages peuvent le faire à aachen@sav-online.de

    Un appel financier spécial a aussi été lance pour financer les coûts de cette commémoration et pour aider les camarades de la section à poursuivre leur travail politique après cette lourde perte.

  • La construction de nouveaux partis des travailleurs et les tâches des marxistes

    Lors de l’école d’été européenne du CIO qui s’est déroulée en Belgique à la mi-juillet, une attention particulière a été accordée à la question de la construction de nouveaux partis des travailleurs de masse. Depuis maintenant près de 20 ans, l’appel à la formation de nouveaux partis des travailleurs est une partie cruciale du programme politique de bien des sections du Comité pour une Internationale Ouvrière. Cette école d’été était un moment idéal pour partager les expériences variées de nos sections concernant cette question, pour discuter des perspectives de développement des nouveaux partis et pour tirer les leçons principales au sujet de notre double tâche : construire les forces marxistes révolutionnaires tout en participant au développement de nouveaux partis des travailleurs de masse.

    Rapport de l’école d’été du CIO par Paul Murphy, Socialist Party (CIO-Irlande)

    En introduction à la discussion, Tony Saunois (Secrétariat International du CIO) a fait le tour des principaux développements qui se sont déroulés ces dernières années. Il a expliqué que le processus de bourgeoisification des anciens partis sociaux-démocrates et ‘communistes’ a constitué un élément clé qui nous a poussés à appeler à des nouveaux partis des travailleurs de masse. C’est ce processus qui a conduit à ce que des partis tels que le Labour Party en Grande-Bretagne ou encore le SPD en Allemagne, qui avaient une base ouvrière active et une direction pro-capitaliste, deviennent de plus en plus des partis capitalistes qui avaient perdus leurs racines.

    Dans sa réponse à la discussion, Andros (de Grèce) a mis en avant que cet appel pour de nouveaux partis des travailleurs est de bien des façons la continuation de l’orientation traditionnelle du CIO vers les formations de masse de la classe ouvrière. Dans les années ’60, ’70 et ’80, cette tactique a été facilement appliquée en s’orientant vers les partis traditionnels sociaux-démocrates, y compris en y participant, et parfois vers d’autres partis. Maintenant, nous avons à appliquer cette tactique de manière différente, en particulier avec cet appel à construire de nouveaux partis des travailleurs de masse.

    Depuis la droitisation décisive des partis sociaux-démocrates, de nouvelles formations de gauche ont été créées. Cependant, à l’exception de Rifondazione Communista en Italie, aucune d’entre elles n’a été rejointe par un large nombre de travailleurs et n’est devenue un véritable parti de masse. Deux questions cruciales sont à mettre en avant pour expliquer cela : l’absence d’un programme de gauche clair, anticapitaliste et socialiste capable d’attirer les travailleurs et les jeunes dans le contexte de la crise capitaliste et la faiblesse persistante concernant l’orientation vers les luttes et les actions des travailleurs, ce qui signifie que ces partis n’ont pas été revitalisés par les luttes qui ont émergé en Europe. En raison de cela, le processus de développement de ces partis ainsi que le travail en leur sein a été compliqué. Tony a expliqué que la question des nouveaux parties des travailleurs est enracinée dans la situation objective, tout comme il n’est pas possible pour la classe ouvrière de donner naissance à des formations révolutionnaires de masse d’un coup. Généralement, au vu du niveau actuel de conscience de classe, le développement de partis des travailleurs de masse est une étape nécessaire sur la route du développement de la conscience et de partis révolutionnaires de masse.

    Pourquoi participons nous aux nouveaux partis des travailleurs ?

    Les complications rencontrées dans les nouvelles formations ont été abordées par de nombreux camarades. La réalité est que la plupart des directions de ces formations ne considèrent pas devoir présenter une opposition claire contre les partis de l’establishment. Un des camarades allemands du CIO a par exemple expliqué qu’aucun dirigeant de Die Linke ne voit le socialisme comme une alternative réelle au capitalisme. Cela peut conduire à un travail très frustrant à l’intérieur de ces partis, avec nos initiatives constamment bloquées par la bureaucratie du parti.

    Sascha, d’Allemagne, a toutefois insisté sur l’importance pour le CIO de faire partie de ces partis en raison des perspectives de ces partis. Avec sa politique actuelle, il est improbable que Die Linke se développe pour devenir un véritable parti ouvrier de masse en Allemagne. Il est toutefois possible que ces formations jouent un rôle dans la formation de nouveaux partis de masse de la classe ouvrière.

    En réalité, il y a deux partis au sein de Die Linke – un parti ouvrier réformiste et un parti social-libéral pro-capitaliste. La possibilité est réelle qu’une scission arrive à un moment donné. Il est vital que les membres du SAV (CIO-Allemagne) soient présents dans de tels développements, afin de défendre des politiques claires, de gauche et socialistes ainsi que pour tenter d’organiser une gauche forte, apte à grandir pour devenir un parti de masse. L’autre possibilité à ne pas écarter, c’est que Die Linke soit poussé à gauche par la lutte de classe, ce qui déboucherait probablement sur le départ des éléments les plus à droite du parti.

    Comme cela a été montré par l’instabilité des nouvelles formations de gauche, il n’est pas possible de créer des partis des travailleurs stables suivant les lignes des partis sociaux-démocrates ou ‘communistes’ de la période d’après guerre. Cela s’explique par la nature de la période actuelle et de la crise économique, qui ne permet pas les mêmes bases matérielles pour des réformes telles que celles que la période d’après-guerre a connue. La question des coalitions avec des parties pro-capitalistes et celle de rejoindre un gouvernement qui attaque la classe ouvrière est posée. C’est pourquoi ces nouvelles formations sont instables, avec des tensions internes et parfois des scissions.

    La réaction de la gauche face à la crise économique

    Les nouvelles formations de gauche, dans différents pays, ont des origines et des caractéristiques différentes. Le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) français, par exemple, a été lancé par une organisation se réclamant du trotskisme, la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), qui a évolué vers la droite et s’est dissoute dans une formation plus large. Le processus de construction de Die Linke en Allemagne a été initié par des syndicalistes et des responsables syndicaux de base qui ont rompu en 2004 avec le SPD (l’équivalent allemand du PS, ndt) pour former le WASG, qui s’est joint plus tard au successeur de l’ancien parti dirigeant est-allemand, le PDS, pour former Die Linke. Le Bloc de Gauche au Portugal a été initié par un rassemblement d’organisations de gauche existantes, en particulier des maoïstes, des trotskistes de la tradition du SUQI (Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale, à laquelle était liée l’ancienne LCR française) et des eurocommunistes (des réformistes avec une rhétorique communiste). Syriza, en Grèce, est une alliance d’organisations de gauche, dont la plus grande est Synaspismos, qui a émergé en tant que scission eurocommuniste du Parti Communiste Grec (KKE).

    Il existe toutefois des éléments communs à tous. Le plus marquant a été la tendance à virer non pas vers la gauche sur base de la crise économique, mais vers la droite. Marco, d’Italie, s’est référé à l’expérience de Rifondazione Communista (le PRC), qui exprime les dangers d’une telle approche et d’une participation aux gouvernements capitalistes. Le PRC, qui avait plus de 100.000 membres à son apogée, a été détruit par sa direction de droite, et les membres du CIO en Italie font campagne pour la construction d’une “gauche des travailleurs” incluant des anciens mais aussi des nouveaux militants.

    Dimitrios, de Grèce, a expliqué que l’alliance Syriza avait à un certain moment quelques 17.5% dans les sondages d’opinion, mais a chuté à 4%, largement en raison de la politique de ses dirigeants, faite de zigzags. Même quand une position réellement socialiste est prise par ses organes dirigeants, aucun des porte-paroles ou des représentants publics de Syriza ne met publiquement en avant cette position. Dimitrios a aussi critique le nouveau programme de Syriza, propose par ses dirigeants, qui est un méli-mélo de revendications qui ne met pas en évidence une claire alternative de gauche pour les travailleurs et leurs familles dans ce contexte de crise profonde.

    En conséquence, Syriza traverse maintenant une crise sérieuse. L’aile droite de Synaspismos (le plus grand groupe de Syrisa) a joué un rôle de frein pour chaque orientation à gauche. Il y a un mois, cette aile droite a scissionné et Xekinima (CIO-Grèce) a accueilli cette scission comme une opportunité pour Synaspismos et Syriza d’effectuer un virage décisif vers la gauche. Notre position a cependant été attaquée par d’autres et a généré beaucoup de débats, mais aussi d’attention pour nos arguments.

    Cédric, du CIO, a parlé des forces de gauche au Portugal. Malheureusement, le Bloc de Gauche possède beaucoup des faiblesses de ces nouvelles formations de gauche à travers l’Europe. Il n’a pas eu de réponse face à la crise et n’a lancé aucune proposition concrète capable de mobiliser les travailleurs et les jeunes. Son slogan principal se limite à dire “plus de justice dans l’économie”, ce qui ne signifie rien pour ceux qui veulent lutter. En fait, une bonne part de sa direction veut créer une prétendue “gauche moderne”, ce qui en réalité signifie une gauche qui voit la lutte de classe comme quelque chose de dépassé.

    Lise, une membre de la Gauche Révolutionnaire (CIO-France), a décrit de quelle façon le NPA a été lent à réagir et à s’orienter vers les grandes luttes des travailleurs et des pensionnés. Par exemple, la figure la plus connue du NPA, le facteur Olivier Besancenot, n’a pas été utilisée durant la grève des postiers pour effectivement intervenir afin de correctement orienter la lutte. Cela reflète aussi le fait que, à l’instar de beaucoup de nouvelles formations de gauche à travers l’Europe, le NPA est principalement concentré sur les élections, bien plus que sur la lutte de classe dans les entreprises et dans la rue.

    Le CIO et les nouvelles formations de gauche

    Actuellement, une des tâches au sein de beaucoup de ces nouveaux partis est de construire des groupes d’opposition avec d’autres pour s’opposer au virage à droite des directions. En agissant de la sorte, au Brésil, la section du CIO (Liberdade Socialismo e Revolucao) a joué un rôle important pour qu’un nouveau candidat, Plinio, plus à gauche, soit sélectionné comme candidat pour les élections présidentielles du Parti du Socialisme et de la Liberté (PSOL).

    Dans le NPA en France, les camarades du CIO ont joué un rôle vital dans le rassemblement d’un groupe d’opposition de gauche. Ils ont réussi à obtenir 30% des voix lors d’un vote de membres du parti pour leur position de gauche clairement socialiste. Au Québec, à l’intérieur de Québec Solidaire, un regroupement de gauche qui a maintenant 9% dans les sondages d’opinion, nos membres travaillent avec d’autres pour tenter de tirer le parti vers la gauche. En Grèce, nous avons également été impliqués dans de similaires initiatives et il est à espérer que nous puissions assister à un développement similaire dans Die Linke à un certain moment.

    Dans les pays où il n’y a pas encore de nouveau parti de gauche, nos membres sont impliqués dans des campagnes pour la construction de telles formations et là où nous avons des forces substantielles, nous avons un rôle crucial à jouer. C’est le cas en Grande-Bretagne, où nous avons aide à lancer la Trade Unionist and Socialist Coalition (TUSC, coalition de syndicalistes et de socialistes), qui a participé aux dernières élections.

    Dave, du Socialist Party en Angleterre et Pays de Galles, a abordé les difficultés des conditions objectives auxquelles ont fait face nos camarades du Socialist Party lors des dernières élections, caractérisées par une peur profonde du retour des Conservateurs, les Tories, ce qui a repoussé beaucoup de gens vers le Labour Party, avec en résultat de grandes pertes pour les petits partis. Il est important de maintenir la TUSC comme une arène de travail et comme étape vers la construction d’un nouveau parti des travailleurs.

    Michael, d’Irlande, a fait état de notre travail concernant la construction d’un nouveau parti des travailleurs de masse. La nature de droite de presque toute la direction syndicale irlandaise entraîne qu’il est fortement improbable qu’une initiative soit prise par un “Bob Crow irlandais” (du nom du dirigeant du syndicat des cheminots et des conducteurs en Angleterre, qui fait campagne avec nous depuis plusieurs années pour la construction d’un nouveau parti des travailleurs). Toutefois, la position clé acquise par nos camarades irlandais du Socialist Party (CIO-Irlande) parmi la gauche signifie que nous avons un rôle tout particulier à jouer dans le développement d’une nouvelle formation et que nous pouvons avoir un rôle central en son sein. La forte probabilité pour que l’Irish Labour Party, le parti travailliste irlandais, entre dans un gouvernement après les prochaines élections peut créer les circonstances favorables au lancement d’un nouveau parti. Le Socialist Party est actuellement impliqué dans des négociations pour construire une alliance de gauche pour les prochaines élections.

    Les développements dans les partis ‘communistes’

    Un des fils de la discussion était l’attention à porter vers les développement à l’œuvre dans les partis communistes, qui peuvent aussi être affectés par la crise. L’exemple d’Izquierda Unida (Gauche Unie, en Espagne, une coalition politique dont la composante la plus forte est le parti communiste) a été utilisé pour illustrer ce processus. Son nouveau dirigeant parle de guerre de classe et vire à gauche, ce qui devient plus attractif pour de nombreux jeunes et travailleurs en Espagne.

    Le Parti Communiste Portugais garde une forte base dans la classe ouvrière, possède 57.000 membres et attire toujours à lui des couches de jeunes. Il détient des positions syndicales clés, dont la direction du syndicat CGTP (le plus grand syndicat du pays, qui compte 750.000 membres). Malheureusement, son approche est très sectaire, en refusant de travailler avec d’autres et en n’ayant aucune compréhension d’une méthode transitoire, il ne fait aucun pont entre la résistance contre les coupes budgétaires actuelles et le socialisme, qu’il dit défendre. Cependant, au sein de ces parties, de grandes discussions se développent à ces sujets.

    Même le KKE (la Parti Communiste Grec), qui est formellement un parti stalinien et est extrêmement sectaire, est affecté par la crise. Nos camarades grecs ont expliqué comment cela s’est produit. Après chaque lutte de classe sérieuse, des travailleurs honnêtes de la base du parti quittent le KKE à cause de son approche extrêmement sectaire. Par exemple, le KKE organise toujours ses propres manifestations, séparées des autres, et il en va de même pour son front syndical, PAME, à la place de s’engager dans la lutte avec les travailleurs des plus grands syndicats, mais si leur direction est acquise au PASOK (les sociaux-démocrates grecs, actuellement au pouvoir).

    Notre réponse est d’appeler à un front unique d’action entre les vieux partis communistes avec de sérieuses racines dans la classe ouvrière et les nouvelles formations, ainsi qu’au développement de discussions entre ces partis. L’approche de Syriza, en Grèce, est largement correcte à cet égard, elle fait des appels répétés au KKE pour faire des actions en commun et pour avoir des discussions ensemble, même si le programme politique de Syriza est limité. Si cette alliance s’était maintenue à 17.5% des sondages tout en continuant avec cette approche, cela aurait eu un réel impact sur le KKE.

    De petits groupes vers des parties de masse

    Dans sa conclusion, Andros a expliqué que l’organisation de parties politiques de masse ne va pas nécessairement se produire d’un coup. La création du Parti Travailliste britannique a constitué un processus s’étant étalé sur plusieurs décennies. Cependant, une fois qu’un sérieux parti large basé sur la lutte de classe sera construit, il sera bien plus facile et plus rapide d’en reproduire la formation ailleurs. Les exemples de l’Europe du sud dans les années ’60 et ’70 illustrent à quelle rapidité ce processus peut également aller dans un contexte de crise tel que celui que nous connaissons. Dans plusieurs pays, de très petits groupes ont pu devenir des partis de masse dans un très court laps de temps, comme le Parti Socialiste au Portugal au cours de la Révolution des Œillets en 1974.

    La crise économique est maintenant un facteur crucial dans le développement de nouveaux partis des travailleurs, décisif pour en déterminé la nature et la rapidité. Il est encore tout à fait possible que Syriza et d’autres formations puissent prendre un grand virage à gauche sous l’impact de la crise économique. Cependant, il est également possible que le scenario du PRC italien touche ces partis à cause de la tendance à droite de leurs directions.

    Même s’il ne s’agit pas de développements linéaires, il est clair que, dans beaucoup de pays, des développements se dirigeant vers de nouveaux partis des travailleurs de masse sont en train de prendre place. Il ressort très clairement de l’expérience du CIO jusqu’à présent qu’il sera capable, avec ses sections, de jouer un rôle important dans ces développements, tout en construisant ses propres forces pour lutter en faveur d’un programme réellement socialiste.

  • NOUVELLES DU CIO: Allemagne: La conseillère communale du SAV réélue à Rostock

    "J’ai vraiment été impressionné que vous ayez vous-mêmes posé vos affiches électorales, Mme Lehnert", a déclaré un employé communal à Christine Lehnert tout en la félicitant pour avoir été réélue au conseil communal. Ce petit exemple illustre le fossé qui existe entre Christine Lehnert et les autres élus. Elle travaille toujours comme agent de voyage, est une représentant de la classe des travailleurs et décide de ses politiques pour et avec la classe des travailleurs sans avoir en tête de collectionner les privilèges.

    Par des correspondants du SAV (CIO-Allemagne)

    Cette réélection est une approbation de la politique d’opposition socialiste défendue au cours des cinq dernières années par Christine au conseil communal ou dans la rue, en participant aux protestations et aux mouvements sociaux. Il y a cinq ans, le SAV s’était présenté pour la première fois au conseil communal, gagnant 4.222 voix, soit 2.5% (à Rostock, vous pouvez émettre trois voix). Cette fois-ci, à première vue, la position du SAV s’est affaiblie puisque Christine n’a obtenu que 3.408 voix, soit 1.6%. Mais il ne s’agit que d’une perte de quelques centaines de voix, la participation électorale ayant été plus forte, de 43.6% contre 35.7% il y a cinq ans.

    A la base de cette baisse de suffrages favorables, il y a le fait que les conditions étaient plus difficiles qu’en 2004 pour le SAV. Pour une petite organisation marxiste, les élections sont plus difficiles qu’elles ne le sont pour les partis capitalistes établis. Les campagnes électorales sont la plupart du temps basées sur la passivité politique. Les marxistes représentent au contraire l’activité et la lutte collective et peuvent mobiliser du soutien pour les mouvements et pour des formes de démocratie directe beaucoup plus facilement que dans des campagnes électorales.

    Les élections de 2004 s’étaient déroulées dans le cadre de deux mouvements sociaux qui avaient facilité la campagne du SAV – même en tant que force petite et relativement neuve: les protestations de masse contre la politique néolibérale de l’agenda d’austérité 2010 et contre le plan de contre-réformes Hartz IV ainsi que le mouvement vers la construction d’un nouveau parti de gauche qui a conduit à la fondation du WASG en 2004, sans qu’il ne participe aux élections cette année-là. A la fois à Rostock et dans l’Etat régional de Mecklenburg-Poméranie Occidentale, le PDS (‘communiste’) était discrédité aux yeux de beaucoup de travailleurs et de jeunes en raison de sa participation à la gestion de la ville et aux gouvernements régionaux. Le SAV était vu comme une réponse toute prête.

    Ces facteurs n’existaient pas cette année. La crise capitaliste entraîne une croissance de la colère contre le système, mais celle-ci ne s’est pas encore reflétée dans une résistance sociale active et dans un soutien positif clair pour un modèle socialiste alternatif à cette société. De plus, la naissance de DIE LINKE de la fusion entre le PDS et le WASG a conduit beaucoup de gens qui étaient avant frustrés par la politique du PDS à soutenir cette nouvelle initiative, en espérant que ce sera différent avec cette nouvelle formation.

    Ce sentiment a été renforcé par le fait que DIE LINKE est maintenant dans l’opposition tant à Rostock qu’à l’Etat régional. DIE LINKE peut donc être vu comme un parti d’opposition au niveau fédéral, régional et local. Cela ne laisse pas beaucoup d’espace à gauche de DIE LINKE, au contraire du PDS en 2004. Nationalement, les membres du SAV sont actifs au sein de DIE LINKE et essayent de le construire comme un parti clairement socialiste. Avant cette campagne électorale, le SAV à Rostock a d’ailleurs fait une offre à la section locale de DIE LINKE pour présenter des membres sur sa liste en rejoignant DIE LINKE, ce qui n’a pas été accepté.

    Ces changements nationaux, régionaux et locaux depuis les dernières élections ont eu pour conséquence que DIE LINKE a gagné plus de voix que le PDS en 2004. Régionalement, c’est une augmentation de 373.697 voix à 406.900, alors qu’à Rostock même, le soutien est passé de 40.973 voix à 50.785. Un autre facteur à Rostock était que quelques nouvelles listes se présentaient et que le «vote de protestation» était divisé. Les voix reçues par le SAV cette année-ci étaient moins une simple expression de protestation qu’en 2004 : c’était un vote politique. La majorité de ceux qui ont voté pour le SAV l’ont fait consciemment au lieu de voter pour DIE LINKE ou d’autres forces.

    L’excellent retour durant cette campagne électorale a illustré un évident plus grand degré de popularité pour le SAV, beaucoup plus de personnes étaient d’ailleurs présentes à la soirée électorale du SAV pour montrer leur soutien.

    Cette réélection signifie que Christine Lehnert et le SAV à Rostock continueront à utiliser ce siège au conseil communal pour des activités plus importantes, comme le l’organisation et le soutien aux résistances contre les pertes d’emploi, les coupes dans les budget sociaux et les privatisations tout en argumentant pour une solution socialiste face à la crise capitaliste.

    Et il y a beaucoup à faire. Il n’y a pas plus de deux semaines, le renvoi de 40 éboueurs a été annoncé et le chantier naval local a fait faillite.

    Ces thèmes ont été mis à l’ordre du jour de la première rencontre du nouveau conseil communal de mercredi passé par Christine Lehnert. Toutes les résolutions pour sauver les emplois et soutenir la résistance des éboueurs et des employés du chantier naval ont été acceptées. Il y aura en plus une grève du secteur de l’éducation à Rostock ce 17 juin, activement soutenue par le SAV.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le SAV est la section du CIO en Allemagne.

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • NOUVELLES DU CIO : En Allemagne, Die Linke expulse des dirigeants du SAV

    Mais les arguments politiques de la droite ont été vaincus

    Après huit mois de lutte au sein de la nouvelle formation Die Linke (“La Gauche”), la Commission de Contrôle national a maintenant publié un jugement quant à la question du maintien au sein du parti des deux premiers parmi les onze membres du SAV dont l’adhésion a été remise en cause par le président du parti, Klaus Ernst.

    Par nos correspondants du SAV (CIO-Allemagne)

    Klaus Ernst a émis certaines critiques au sujet des membres du SAV, qui critiquent le programme et de la constitution de Die Linke (voir les rapports précédents sur le site de notre internationale : socialistworld.net). Mais la Commission de Contrôle a rejeté tous ces arguments. Dans le cas des porte-parole du SAV, Lucy Redler et Sascha Stanicic, il est explicitement mentionné que ni leur comportement personnel, ni la politique du SAV, ni l’attitude de ces deux personnes vis-à-vis de Die Linke ne sont des raisons suffisantes pour les expulser du parti. C’est une importante victoire pour les deux marxistes concernés, mais également pour tous les membres critiques ou en opposition au sein de Die Linke, qui pourraient être victimes de tentatives d’expulsion dans le futur.

    Lucy Redler et Sascha Stanicic se sont toutefois vus refuser le maintien de leur adhésion sur des bases qui n’avaient rien à voir avec les arguments de Klaus Ernst. L’argument à la base de leur expulsion n’est apparu qu’au cours de l’entrevue avec la Commission de Contrôle du 26 avril : la candidature de la section locale du SAV à Rostock – une ville d’Allemagne de l’Est – au cours des élections communales du 7 juin 2009. Le SAV y avait obtenu un conseiller communal avant la formation de Die Linke. Après cette formation, la section du SAV avait proposé à la section locale de Die Linke que des discussions soient organisées au sujet d’une candidature commune et l’adhésion des membres du SAV à Die Linke. Mais la section Die Linke de Rostock, une section droitière dont les membres ont déjà toute une histoire de participations au pouvoir avec le SPD – l’équivalent allemand de notre PS – n’était même pas d’accord de discuter de cette proposition. En conséquence, la section locale du SAV a décidé de mener campagne avec sa propre liste, dont le conseiller du SAV déjà élu.

    La Commission de Contrôle a justifié sa décision en tenant Sascha Stanicic et Lucy Redler comme personnellement responsables de cette décision à cause de leur position au sein du Comité Exécutif national du SAV. Dans l’opinion des porte-parole du SAV, ce jugement n’est pas en accord avec la constitution de Die Linke, qui interdit seulement à des membres de participer à des élections contre la parti, mais ne dit rien quant au soutien à donner ou pas aux candidats. La Commission de Contrôle a exigé que Lucy et Sascha s’opposent activement à la section SAV de Rostock, ce qu’ils ont refusé de faire.

    Quoiqu’il en soit, ce jugement est une victoire politique partielle pour la gauche, qui contribuera à la lutte contre la chasse aux sorcières qui risque d’être lancée dans le futur contre les marxistes et les courants d’opposition au sein de Die Linke. Les membres du SAV qui ne sont pas membres du Comité Exécutif du SAV et qui jusqu’ici n’avaient pas été autorisés à rejoindre le parti devraient maintenant pouvoir le faire. Il est aussi possible que la situation des membres de notre Comité Exécutif soit modifiée après que les élections communales à Rostock soient terminées.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le SAV – Sozialistische Alternative – est la section-soeur du PSL/LSP en Allemagne. Depuis la fondation de Die Linke, nouveau parti large de gauche, le SAV collabore au sein de ce parti pour en renforcer son aile socialiste et révolutionnaire, au même titre que nos camarades de la Gauche Révolutionnaire au sein du NPA en France

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Allemagne : 100.000 participants à la manifestation syndicale du 16 mai

    Ce 16 mai, l’Allemagne a connu une des plus grandes manifestations syndicales depuis le début de la crise économique mondiale. Près de 100.000 personnes ont répondu à l’appel de la fédération syndicale allemande, la DGB, en tant que participant à la Journée Européenne d’Action qui a aussi vu des manifestations à Prague, Madrid et Bruxelles.

    Sascha Stanicic, Sozialistische Alternative (SAV, CIO-Allemagne)

    Bien que 100.000 personnes soit un afflux massif, en réalité, un tel taux de participation est loin derrière le potentiel qui existe pour une réponse massive de la part des travailleurs face aux licenciements, fermetures d’usines, et coupes sociales prévisibles. Mais pour cela, il faudrait que la direction des syndicats donne une direction combative. Le 28 mars, deux manifestations organisées par des syndicalistes de gauche, des mouvements sociaux et des groupes socialistes, ont mobilisé près de 60.000 personnes. Elles étaient bien plus énergiques et combatives que la manif de la DGB du samedi 16.

    A la manifestation DGB, des groupes de travailleurs réclamaient une grève générale. L’atmosphère était combative parmi les contingents de la jeunesse syndicale, qui chantaient des chants ouvriers traditionnels, et appelaient même à la «révolution» et à un «changement de système». Mais les dirigeants officiels des syndicats ont détourné la manifestation à leur profit, pour appeler à un renouvellement du pacte avec le SPD (le Parti Social-Démocrate, l’équivalent de notre PS, qui fit partie du gouvernement de la grande coalition). Quelques jours seulement avant la manifestation, la DGB et le SPD avaient publié une déclaration commune.

    Les principaux politiciens du SPD, de même que ceux du Parti Vert, ont défilé sur le tout devant de la manifestation, aux côtés des dirigeants syndicaux, et les orateurs officiels se sont limités à critiquer le CDU (parti chrétien au pouvoir avec le SPD) et le FDP (parti libéral). En même temps, un appel a été fait pour voter en faveur d’un salaire minimum européen lors des prochaines élections européennes (une revendication maintenant reprise par le SPD et les Verts).

    Tandis qu’un des slogans à la manifestation était «Faisons payer la crise aux responsables», un autre appelait à un «pacte social». Dans la logique de cogestion et de défense de l’économie de marché capitaliste qui est mise en avant par les dirigeants syndicaux, ceci signifie que ce sera à la masse des travailleurs de supporter les conséquences de la crise. Ceci est reflété par le président du syndicat des métallos, Huber, qui a déclaré : «Il faut perdre le moins d’emplois possibles».

    Le gouvernements des conservateurs et des sociaux-démocrates est en train de tenter de reporter pour après les élections générales de septembre les grosses attaques qu’il voudrait infliger à la population. Mais dans les secteurs industriels, les annonces de licenciements massifs et de fermetures d’usines se suivent. Il n’est pas exclu que de grosses batailles industrielles puissent faire irruption avant même que ne se déroulent les élections. Mais ce qui est certain, c’est qu’après les élections, les luttes industrielles vont se rassembler au cours des attaques massives contre la sécurité sociale, et le potentiel pour une contre-attaque unifiée de la classe ouvrière va considérablement augmenter. La question d’une grève générale va arriver sur le devant de la scène.

    Attaques physiques des délégués syndicaux officiels contre les stands de gauche

    Le caractère de la direction syndicale a été révélé par les attaques physiques organisées par des délégués syndicaux officiels contre plusieurs stands d’organisations de gauche qui étaient présents sur la place où le rassemblement final a été tenu, y compris contre le stand de Sozialistische Alternative (SAV – CIO-Allemagne). Alors que «l’aile ouvrière» du CDU, le parti conservateur, avait la permission de tenir son propre stand, les stands des groupes politiques de gauche ont été bannis par les dirigeants syndicaux. Lorsque les activistes de gauche ont expliqué qu’ils n’étaient pas question pour eux de quitter leurs stands, ils ont été physiquement attaqués par des délégués syndicaux officiels, et les tables ont été endommagées.

    Les membres du SAV ont participé à la manifestation sous le slogan «Pour un grève générale d’un jour», et ont participé à diverses activités. De nombreux jeunes membres du SAV ont rejoint le contingent des jeunes, fort de 500 personnes – principalement des jeunes membres de Die Linke – et qui appelait à une grève dans l’enseignement. D’autres membres du SAV ont aidé à distribuer les pancartes appelant à une grève politique (c-à-d générale) et disaient «La lutte, pas les concessions!». D’autres partisans du SAV encore participaient à un petit contingent de syndicalistes d’opposition de la corporation automobile Daimler.

    Les photos de la manif peuvent être trouvées sur le lien suivant.


    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, CIO

    Le SAV – Sozialistische Alternative – est la section-soeur du PSL/LSP en Allemagne. Depuis la fondation de Die Linke, nouveau parti large de gauche, le SAV collabore au sein de ce parti pour en renforcer son aile socialiste et révolutionnaire, au même titre que nos camarades de la Gauche Révolutionnaire au sein du NPA en France

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

  • Les socialistes de gauche se préparent pour un automne chaud

    Cet été, nous avons surtout mené des campagnes parmi les jeunes, avec des interventions très réussies notamment à Dour et au Pukkelpop. A partir de septembre, notre travail lycéen et étudiant recommence avec des campagnes autour de l’antifascisme, de l’anti-sexisme, de l’écologie. Mais la rentrée sera bien sûr surtout marquée par la question du pouvoir d’achat.

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    Agenda

    • 6-7 septembre : présence active à la fête Retrouvailles à Liège
    • 13 septembre : barbecue et meeting national
    • 19 septembre : festival des sans-papiers à Bruxelles, à partir de 18h. place Flagey
    • 20 septembre : manifestation antiraciste à Cologne
    • 4 octobre : action contre un meeting FN à Molenbeek
    • 25 octobre : festival d’environnement de Résistance Internationale à Anvers
    • 6 décembre : Action nationale pour le climat
    • 5 mars 09 : manif anti-NSV à Leuven
    • 8 mars 09 : action dans le cadre de la journée internationale des femmes

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    En juin, le MAS/LSP a été présent à toutes les manifestations provinciales de la semaine d’action pour le pouvoir d’achat (à l’exception d’Arlon) et a rencontré un bon écho pour son exigence de « + de pouvoir d’achat par + de salaire ». Pendant l’automne, il y aura certainement des nouvelles actions. Le MAS y interviendra avec le slogan « Tous ensemble pour le pouvoir d’achat et l’emploi » et plaidera aussi pour un parti syndical avec et autour de tous ceux qui sont entrés en action pour le pouvoir d’achat.

    Un tel parti n’existera pas sans doute pas encore pour les élections de 2009. Le MAS a proposé un cartel avec le PTB pour une unité des forces anti-néolibérales. Si cela n’est pas réalisable, le MAS se présentera seul aux élections.

    Nous voulons relancer l’année politique avec un meeting et un barbecue à notre secrétariat national le 13 septembre. Un des orateurs à ce meeting sera Claus Ludwig, membre du SAV, notre organisation-sœur en Allemagne, et conseiller communal pour Die Linke à Cologne. L’autre orateur sera Els Deschoemacker du MAS/LSP. Ce meeting et ce barbecue marqueront le lancement d’un automne chargé d’activités et de campagnes.

    Face à la crise de la politique traditionnelle et du système économique, il nous faut une alternative. Cet automne, il y aura beaucoup de discussions au sein du MAS pour analyser la crise du capitalisme, la situation et les perspectives politiques en Belgique et pour évaluer notre fonctionnement des deux dernières années. Ces discussions, à tous les niveaux de l’organisation, du Comité National aux sections locales, aboutiront à notre congrès biennal les 12, 13 et 14 décembre.

    L’urgence d’une alternative socialiste devient chaque plus claire. Nous serons particulièrement actifs au cours des prochains mois pour engager un maximum de discussions et pour construire une force socialiste de gauche forte. Nous ne pouvons pas compter sur d’autres pour cela, nous devrons le faire nous-mêmes, chacun avec nos capacités et nos possibilités propres. Et toi aussi, tu peux y jouer un rôle important en rejoignant nos rangs !

  • Allemagne: Non aux blocages dans l’enseignement!

    8,000 écoliers en grève manifestent à Berlin

    Non aux blocages dans l’enseignement!

    Les grèves dans le secteur public secouent actuellement le paysage politique de Berlin. Ce ne sont cependant pas que les infirmières, la police, les travailleurs des transports publics et les travailleurs communaux qui sont dégoûtés de la politique d’austérité effectuée par la coalition au pouvoir, soi-disant « rouge-rouge » (SPD – l’équivalent allemand de notre PS – et Die Linke – le Parti de Gauche). Jeudi passé, une manifestation combative faite de milliers d’écoliers en colère s’est déroulée dans le centre de Berlin.

    Anne Engelhardt, CIO

    La combinaison des pressions croissantes exercées sur les écoliers pour être au top malgré la suppression d’une année d’étude (ce qui a réduit l’enseignement de 13 à 12 ans), de la pénurie de professeurs, du nombre d’écoliers dans une classe (30 en moyenne) et aussi de l’instauration d’une charge annuelle de 100 euros par écoliers pour le matériel didactique a fait de la situation des écoles à Berlin un catastrophe.

    Les écoliers ont exigé 3.000 professeurs supplémentaires, le retrait de la charge pour le matériel didactique et ont également réclamé un système scolaire différent qui évite que les écoliers se retrouvent dans des écoles secondaires sur base de la richesse de leurs parents après l’école primaire.

    Dans une étude de l’OCDE PISA (programme pour l’évaluation internationale des études) comparant différents pays et leur système d’éducation – l’Allemagne s’est avérée être l’un des principaux pays où une bonne éducation dépend de la richesse des parents.

    “Non au Super-Stress" et "Des parents riches pour chacun" étaient des revendications que beaucoup d’étudiants ont mis sur leurs banderoles et pancartes. Les membres de l’Alternative Socialiste (SAV – section allemande du CIO) ont été actifs dans la mobilisation avant la grève et ont produit une édition spéciale de leur journal Solidarität. Ils ont aussi pris la parole à la manifestation. Le rappeur Holger Bruner, membre également du SAV, a accompagné la manifestation avec de la musique militante.

    Avant la grève, des militants de "Casser les blocages à l’éducation" (alliance des écoliers en grèves) sont allés à beaucoup d’écoles différentes pour établir des comités de grève et tenir des ateliers politiques pour mobiliser le soutien. Jenny Trost, une des membres actives de cette initiative et membre du SAV, a déclaré dans son discours à la manifestation: "Construisons un mouvement contre des coupes d’austérité dans l’éducation et le secteur social. Combattons ensemble et faisons un enfer de la vie des politiciens au pouvoir et des entreprises derrière eux".

    Une conférence des écoliers va maintenant faire un bilan de la grève et va planifier les prochaines étapes de protestations pour l’automne. Si le gouvernement "rouge-rouge" ne satisfait pas leurs exigences, les écoliers sont prêts à poursuivre la lutte.


    Liens:

  • Allemagne: Des antifascistes bloquent la manifestation des néonazis

    Des antifascistes bloquent la manifestation des néonazis.

    Samedi dernier, une manifestation du groupe néonazi NPD s’est déroulée à Stolberg (près d’Aix-la-Chapelle). Le NPD avait mobilisé nationalement pour cette troisième action à Stolberg en quelques semaines de temps. A sa première manifestation, le NPD avait réussi à mobiliser quelques 800 participants et les antifascistes s’étaient retrouvés minoritaires. Mais, ce samedi, la mobilisation antifasciste a été bien plus forte.

    Geert Cool

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    Les antifascistes bloquent le passage des néonazis (à l’avant plan de la photo)
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    Le MAS/LSP a également participé à cette manifestation pour soutenir nos « collègues » antifascistes allemands, mais aussi parce que l’internationalisme est la base de nos analyses. Environ 25 militants belges sont ainsi venus à Aix-la-Chapelle pour aider le SAV (Sozialistische Alternative, l’organisation-sœur du MAS/LSP en Allemagne) à faire de cette manifestation un succès. Nous avons été chaleureusement accueillis et notre message de résistance internationale contre l’extrême-droite – mais aussi contre le capitalisme – a trouvé un écho favorable parmi les participants à cette manifestation.

    La manifestation a commencé le samedi à 9 heures du matin, ce qui n’est pas l’heure idéale pour faire venir un grand groupe de manifestants dans une petite ville des alentours d’Aix-La-Chapelle comme Stolberg. La participation à la manifestation antifasciste était d’autant plus appréciable : 1.500 antifascistes étaient présents!

    A l’avant de la manifestation se trouvaient quelques motards antifascistes, puis suivait la délégation du SAV et ensuite d’autres groupes parmi lesquels des anarchistes, des syndicalistes et des militants politiques de la nouvelle formation de gauche « Die Linke », mais aussi des verts et même des membres du SPD (l’équivalent allemand de notre parti soi-disant « socialiste »). La manifestation a commencé par quelques prises de paroles par, entre autres, Marc Treude, conseiller communal local du SAV. La délégation belge du MAS/LSP a également pu témoigner sur le podium de la nécessité de la solidarité internationale.

    Après ces petits speechs, la manifestation a suivi un parcours relativement petit dans les rues de Stolberg. La police était massivement présente et occupait littéralement la ville. Il n’était pas évident d’y accéder, les déviations étaient déjà annoncées à quelques kilomètres du centre et aucune circulation n’était admise dans la ville.

    Le NPD a organisé cette manifestation suite au décès d’un néonazi lors d’un combat en essayant de présenter le défunt comme un martyr, une victime de la violence. Pourtant il est évident que les néonazis sont eux-mêmes responsables de la violence à Stolberg et aux environs, là où ils ont une base et un conseiller communal.

    Pour cette nouvelle action du NPD, il y a de nouveau eu une mobilisation nationale, peut-être même internationale, et la direction nationale du groupe néonazi était présente au complet. Pourtant, ils n’ont pas pu compter sur 800 participants comme deux semaines plus tôt, mais sur seulement 400, bien moins que le cortège de groupes et organisations de gauche qui se trouvait en face avec 1.500 manifestants. La veille s’était aussi déroulée une manifestation à l’initiative des partis traditionnels avec 2.000 personnes. La contre-manifestation du 26 avril a surtout été le fait du SAV et de Solid (l’organisation de jeunes de « Die Linke ») avec l’objectif de bloquer la manifestation des néonazis.

    Après un petit parcours, la manifestation s’est dirigée en direction des néonazis, pour finir à 100 mètres d’eux. Les partisans du NPD n’avaient donc plus le champ libre pour continuer leur trajet et ont donc dû s’en aller. Leur haine n’a ainsi pas pu faire de percée vers le centre-ville. La manifestation antifasciste est toujours restée pacifique, c’est la force de notre nombre qui a permis de bloquer les néonazis. Mais la détermination des manifestants était frappante.

    Comme cela a déjà été mentionné, la manifestation avait commencé le samedi matin à 9 heures, mais ce n’est que vers 16 heures qu’elle s’est finalement terminée. La ville a été occupée la journée entière par les antifascistes et la police pour empêcher de laisser les néonazis se diriger vers les quartiers immigrés. Beaucoup d’immigrés étaient d’ailleurs présents dans le cortège antifasciste.

    A la petite place Olof Palme Friedensplatz, les antifascistes sont donc restés durant des heures, sous les slogans ou les speechs, notamment de Lucy Redler du SAV qui a expliqué que la lutte contre le racisme doit être liée à la lutte contre le néolibéralisme et pour une alternative socialiste à la société d’exploitation.

    En soirée, il y a encore eu un meeting à Aix-La-Chapelle qui a abordé la résistance et la lutte contre l’extrême-droite. Là, des membres du SAV, du MAS/LSP et d’Offensief (notre organisation-sœur aux Pays-Bas) ont pris la parole juste avant une soirée de hip hop politique avec Holger Burner, un chanteur assez connu en Allemagne de Hambourg, qui est aussi actif au SAV. Cette manifestation a été un premier pas important dans la résistance antifasciste.

    Il sera toutefois nécessaire de faire davantage pour éliminer l’extrême-droite. Le mouvement ouvrier doit entrer activement en résistance contre la politique néolibérale et son impact sur notre niveau de vie. Cette résistance active est en train de monter en Europe, notamment avec les importants mouvements de lutte en Grèce et au Portugal. Mais pour mener cette résistance active jusqu’à la victoire, nous avons besoin d’organisations politiques et syndicales combatives qui, selon nous, doivent adopter sur base de l’expérience des luttes un programme socialiste.



    MOBILISONS CONTRE LES NEONAZIS DE "NATION"!

    "NATION" est un groupe de néonazis francophone qui veut organiser un rassemblement ce premier mai à Charleroi. La FGTB organise une contre-manifestation. N’hésitez pas à y participer vous aussi! STOP au fascisme ! STOP au racisme ! Tout ce qui nous divise nous affaiblit!

    RDV: 13h, à Charleroi, parking des Beaux-Arts (là où la FGTB fête son premier mai).

    Ensuite: cortège en commun jusqu’à l’esplanade Jules Destrée, rue de la Montagne.

    Plus d’informations ici.

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