Tag: Sarkozy

  • Sarko et co : Racisme, corruption, crise et lutte des classes

    ‘‘Ne jamais faire confiance à un animal blessé’’, voilà un dicton qui illustre merveilleusement les derniers actes du gouvernement Sarkozy. La situation actuelle du capitalisme français, caractérisée par une combinaison explosive de crises, a poussé la classe dirigeante à recourir à la vieille arme du racisme.

    Par Cédric Gérôme, CIO

    Depuis la fin-juillet se développe une féroce chasse aux sorcières contre les Roms, entre autres mesures répressives et racistes. Entre autres propositions du gouvernement, on trouve le retrait de la nationalité française à des personnes d’origine étrangère qui ont commis des actes criminels. Ce n’est qu’une tentative désespérée de détourner l’attention des nombreux problèmes accumulés par des années de politique en faveur des capitalistes, et surtout, d’essayer de briser les luttes de classes cruciales à venir. La clique politique au pouvoir a été secouée par une succession de scandales contribuant à faire chuter le soutien à Sarkozy dans la société à des niveaux record, dans un contexte de crise économique. Le déficit budgétaire approche des 8% du PIB, et le réduire sous les 3% comme le prévoit le gouvernement impliquerait d’arracher 100 milliards d’euros des poches des travailleurs en 3 ans. La classe dirigeante française n’a jamais rien fait de tel de toute son histoire…

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    Selon le Pôle Emploi, l’année 2009 a été la pire depuis la 2e guerre mondiale : 256.100 emplois ont été détruits et 168.200 dans le seul secteur industriel. C’est comme si une usine de 700 ouvriers fermait chaque jour… tandis que les profits des grandes entreprises françaises ont évolué en sens inverse. Les profits de 28 des 40 plus grandes entreprises françaises ont augmenté de 2,5 fois durant le premier semestre 2010 par rapport à la même période l’an dernier. Ce montant spectaculaire de profits a principalement été généré sur base d’une réduction massive de l’emploi industriel et de la super exploitation des travailleurs restants, combiné à des aides de l’Etat au secteur financier.

    La nouvelle guerre contre l’insécurité – Diviser pour mieux régner

    Dans un discours à Grenoble fin juillet, le président a annoncé qu’il mènerait “une guerre nationale” contre le crime, tout en annonçant de nouvelles mesures visant principalement les immigrés. La déclaration du Ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, “français ou voyou, vous devez choisir” (en d’autres termes : vous êtes français, ou vous êtes un voyou…et donc un immigré) résume la nouvelle ‘politique’ du gouvernement français faite d’attaques contre les Roms ou encore de quotas d’expulsions d’immigrés.

    Par la suite, le FN s’est vite manifesté pour indiquer que : “le nouveau ton du Président de la République et de son administration a seulement un mérite: il apporte une confirmation officielle du caractère criminel d’une certaine immigration, une vérité pour laquelle le Front National a été persécuté pendant trois décennies.” Si une résistance ouvrière claire et un parti pour l’organiser ne sont pas construits dans la période à venir pour battre Sarkozy, il y a un risque réel que la seule ‘opposition’ tirant avantage de cette désaffection générale et de la propagande raciste du gouvernement soit l’extrême-droite elle-même.

    Même si ce n’est pas à la même échelle, les mesures racistes initiées par le gouvernement sont des réminiscences du régime de Vichy et de l’occupation nazie pendant la seconde guerre mondiale. Des mesures spécifiques qui traitent des communautés particulières comme des citoyens de seconde classe étaient aussi des éléments de la politique du régime français pendant la guerre d’Algérie, illustrée par le tristement célèbre massacre de centaines de militants du FLN par la police parisienne en octobre 1961, alors qu’ils manifestaient pacifiquement contre un couvre-feu imposé sur les « travailleurs musulmans algériens », les « musulmans français » et les « musulmans français d’Algérie ».

    Alors qu’il prétend combattre les délinquants et les criminels, Sarkozy protège les vrais voyous ; les grands qui contrôlent l’économie et concentrent entre leurs mains une partie grandissante des richesses. Ces derniers poussent des pans entiers de la société vers la privation sociale et conduisent les secteurs les plus aliénés de la population vers les activités criminelles et la délinquance.

    Classe ouvrière et résistance

    L’appel à une « guerre nationale contre l’insécurité » n’est rien d’autre qu’une tentative clairement affichée de semer les graines du racisme dans les rangs de la classe ouvrière et une manœuvre de diversion destinée à éclipser les batailles sociales qui vont avoir lieu dans la toute prochaine période. Ce dernier point est démontré par le fait que le gouvernement a décidé de présenter son projet de loi sur la « sécurité nationale » devant le Sénat le 7 septembre, c’est à dire le jour où les syndicats avaient décidé d’une journée d’action et de grèves nationale contre la réforme des retraites. Le 4 septembre déjà, des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté contre les mesures racistes du gouvernement et, le 7 septembre, plus de 2,5 millions de personnes sont descendues dans les rues pour défendre les fins de carrière.

    La classe ouvrière en France, ce «pays traditionnellement anticapitaliste», comme l’a commenté récemment le journal anglais le Guardian, pourrait potentiellement mettre ce gouvernement pourri à genoux, si elle a à sa tête une direction déterminée, capable de donner confiance à la masse de la population et dépasser les limites imposées par le conservatisme des dirigeants syndicaux.

    La construction d’un parti qui intervienne constamment dans la lutte des classes, sur les lieux de travail et dans les syndicats, en défendant un clair programme pour une transformation socialiste de la société est une tâche primordiale. Les luttes qui vont se développer offriront énormément d’opportunités pour la mener à bien et les membres de la Gauche Révolutionnaire (section française du CIO et courant construisant le Nouveau Parti Anticapitaliste), mettront toutes leurs forces pour aider à ce processus, dans les grandes confrontations qui vont certainement exploser dans la prochaine période.

  • France. Chômage, Précarité, Exclusion… la rue a dit NON

    Trois mois de lutte. Des milliers d’assemblées dans les universités et les lycées, des milliers de réunions d’information et de mobilisation dans les quartiers et les entreprises. Des centaines de manifestations locales. Trois millions de personnes dans les rues le 7 et le 14 mars. Et au bout de cela, une victoire incontestable : la capitulation du gouvernement Villepin, obligé d’enterrer son Contrat de Première Embauche, qu’il avait pourtant déjà fait voter en toute urgence à l’Assemblée Nationale.

    Jean Peltier

    Comment ne pas faire la comparaison avec ce qui s’est passé chez nous à l’automne 2005 quand le mouvement syndical s’est lancé dans la bataille contre le Pacte des Générations de Verhoofstadt. Une première journée de grève générale organisée par la FGTB le 7 octobre, une manifestation nationale de 100.000 travailleurs en front commun FGTB-CSC trois semaines plus tard,… puis des semaines de négociations et d’attente avant une autre journée de mobilisation FGTB fin novembre et un « atterrissage » sans gloire du mouvement. Ces mobilisations ont certes forcé le gouvernement à adoucir son projet mais n’ont pu empêcher ni le Parlement de voter le Pacte ni le gouvernement de le mettre en application.

    Comment expliquer que le mouvement syndical belge, beaucoup moins dispersé et plus massif (CSC et FGTB organisent à elles seules deux millions d’affiliés, soit près de 60% de l’ensemble des salariés actifs), n’a pas pu étouffer les mauvais coups de Verhofstadt dans l’oeuf alors qu’en France, où le mouvement syndical est éclaté en une dizaine de syndicats n’organisant plus que 7% des salariés, la mobilisation a conduit à une victoire impressionnante ?

    10 ans de résistance au néo-libéralisme

    Il existe parmi les travailleurs, et même au-delà dans la société, un fort sentiment d’opposition au néo-libéralisme, qui s’est marqué tout au long des dix dernières années. Il est apparu avec force lors de la grande grève des services publics contre le Plan Juppé de réformes des retraites (déjà !) en décembre 1995 et s’est traduit politiquement par la victoire surprise de la gauche en 1997, puis par le rejet de celle-ci en 2002 (l’échec de Jospin aux élections présidentielles et le second tour Chirac-Le Pen) après que le gouvernement de gauche ait privatisé plus que les gouvernements de droite avant lui. Il a repris lors des divers mouvements contre les mesures des gouvernements de droite – particulièrement les manifestations et les grèves contre le plan de réforme des pensions (encore !) en 2003,… – et s’est marqué à nouveau politiquement avec les défaites électorales de la droite en 2004 et surtout avec la victoire du Non au référendum sur la Constitution européenne en 2005. L’ampleur du mouvement contre le CPE s’explique en grande partie par ce climat général de résistance contre le néo-libéralisme.

    Un gouvernement de droite agressif et arrogan

    Depuis la réélection de Chirac en 2002, la France est dirigée par des gouvernements de droite particulièrement conservateurs qui disposent, grâce à un système électoral renforçant le parti dominant, d’une majorité parlementaire écrasante. Raffarin d’abord, Villepin ensuite ont, avec obstination et arrogance, imposé les mesures et les lois réclamées par le patronat. Bien qu’ils aient rencontré plusieurs fois une forte résistance, leurs mesures ont toujours été votées et appliquées. Récemment, le Contrat Nouvelle Embauche (qui permet aux patrons de petites sociétés employant moins de 20 personnes d’engager des travailleurs avec un stage de deux ans au cours duquel lequel ils peuvent licencier ceux-ci sans devoir motiver leur décision) a été promulgué sans rencontrer de fortes réactions syndicales. Mais l’extension de cette mesure à tous les jeunes de moins de moins de 26 ans – le désormais célèbre Contrat Premier Embauche (CPE) – a été la provocation de trop.

    Le CPE, un enjeu énorme

    En créant le CPE dans la foulée du CNE, le gouvernement avait une stratégie claire : précariser au maximum les jeunes sortant des études afin de mettre la pression sur les autres salariés, avec comme objectif final de précariser l’ensemble des travailleurs en liquidant les Contrats à Durée Indéterminée (CDI). Ce plan était clair. Et, malheureusement pour Villlepin, il a été très vite compris par un grand nombre de jeunes et de travailleurs. Ce qui explique qu’une fois lancé, le mouvement a pu, beaucoup plus facilement que lors de luttes passées, unir étudiants et lycéens (se voyant comme futurs travailleurs précarisés) et adultes (en tant que parents inquiets de l’avenir de leurs enfants et en tant que travailleurs menacés dans leurs conditions de travail).

    La jeunesse en pointe

    Encore fallait-il que le mouvement démarre. Ce sont les étudiants qui l’ont lancé. Plusieurs raisons expliquent cela. Ils étaient les plus directement visés par le CPE dès la sortie de leurs études. Une partie d’entre eux s’étaient déjà radicalisés l’an dernier dans la lutte des lycéens contre le plan Fillon (qui visait à « réformer » l’enseignement secondaire). Ensuite, vu leur âge, les étudiants sont beaucoup moins marqués par le poids des échecs des luttes passées que les salariés. Et il est évidemment plus facile aujourd’hui de faire une grève des cours qu’une grève en entreprise.

    Cela ne suffit pourtant pas à expliquer complètement pourquoi cette mobilisation a été la plus forte depuis au moins vingt ans (les grandes luttes étudiantes de 1986) et peut-être même depuis Mai’68. La force du mouvement étudiant a été sa capacité de s’organiser de manière démocratique et massive : réunions d’information innombrables pour expliquer les enjeux du CPE et de la lutte et mobiliser le plus grand nombre ; assemblées générales quasi-quotidiennes pour débattre les plans du gouvernement, la situation du mouvement et les actions à mener ; refus que le mouvement soit contrôlé par le syndicalisme étudiant « classique » (ultraminoritaire et fortement lié au PS) ; constitution de multiples Coordinations locales et d’une Coordination nationale pour organiser démocratiquement la mobilisation ; blocage des universités pour assurer la réussite de la grève et occupation de bâtiments transformés en lieux permanents de débats et de préparation des actions ;…

    Tout cela a donné une force énorme au mouvement étudiant, a entraîné les lycéens dans l’action, suscité une sympathie générale dans l’opinion et poussé les syndicats de travailleurs a rejoindre le mouvement.

    Syndicats : mobiliser et contenir !

    Le CPE est une attaque directe contre tous les travailleurs. Le gouvernement l’a imposé sans la moindre concertation avec les syndicats. La généralisation de ce type de contrat rendrait impossible la syndicalisation des jeunes dans les entreprises. Les syndicats avaient donc toutes les raisons de se joindre au mouvement. Mais les directions syndicales ont tout fait pour limiter le mouvement à la lutte contre le seul CPE sans élargir celle-ci contre le CNE et l’ensemble du plan gouvernemental. Et s’ils ont mobilisé fortement pour les manifestations, ils ont quasiment tous refusé de mettre en avant la perspective d’une grève générale, par peur d’un débordement qui remettrait en cause leur contrôle sur le mouvement et la politique attentiste qu’ils ont depuis des années face au gouvernement.

    La gauche : voter est mieux que manifester !

    Le Parti Socialiste et les Verts ont soutenu le mouvement mais n’ont rien fait pour le renforcer. Les dirigeants de ces partis n’ont qu’un seul objectif en tête : profiter de l’impopularité du gouvernement pour remporter les prochaines élections. Dans ce cadre, la poursuite et l’élargissement du mouvement gênait autant la gauche que la droite, ce qui explique les appels incessants du PS au gouvernement pour « sortir de la crise ».

    Une première victoire et après ?

    Confrontée à un mouvement qui continuait à grandir – 3 millions de manifestants dans les rues les 28 mars et le 4 avril, de plus en plus de travailleurs dans les manifestations, des grèves qui touchaient non seulement les services publics mais aussi le privé – et minée par les divisions et les haines entre Chirac, Villepin et Sarkozy, la droite a fini par céder et retirer le CPE.

    Pour les jeunes et les travailleurs, c’est une victoire éclatante mais qui aurait pu être plus grande encore si les syndicats avaient jeté leur poids pour remettre en cause le reste de l’arsenal des mesures gouvernementales. Le gouvernement Villepin est fortement affaibli et il serait étonnant qu’il ose encore lancer des attaques importantes d’ici aux élections présidentielles de mai 2007. Mais la droite n’est pas encore morte. Sarkozy peut encore rétablir sa position, notamment en jouant à nouveau la carte de l’insécurité. La gauche sort renforcée du conflit mais sans pouvoir crier victoire : dans un récent sondage, 67% des personnes interrogées estimaient que le PS ne ferait « pas mieux » que la droite pour résorber les problèmes de chômage et de précarité !

    Deux grands faits émergent de la lutte contre la CPE. Le premier, c’est que toute une nouvelle génération – celle qu’on disait abrutie par la téléréalité et gagnée à l’individualisme – s’est mobilisée, politisée et radicalisée. La deuxième, c’est que le néo-libéralisme n’est pas tout-puissant et qu’une mobilisation de masse peut faire reculer patronat et gouvernement.

    Nous en tirons enfin une troisième leçon : c’est que pour donner une perspective d’avenir à ces jeunes et aux travailleurs et remporter de nouvelles victoires plus complètes, il faut que tous ceux qui veulent s’opposer au néo-libéralisme et au capitalisme – pas seulement en paroles mais surtout en actes – unissent leurs forces.

  • France. Etudiants en lutte: l’avenir des jeunes plus que jamais menacé

    Rapport d’un participant

    La France est secouée par les mobilisations étudiantes et lycéennes contre la « loi sur l’égalité des chances »… d’être exploité. AJB, membre d’Etudiants de Gauche Actifs (EGA/ALS) et du Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS/LSP), est parti en France, conscient que ces luttes sont dirigées contre un ennemi commun à tous, par-delà les frontières : le néo-libéralisme et le capitalisme qui l’a engendré.

    Propos recueillis par Nicolas Croes

  • Paris: des centaines de milliers de manifestants contre le CPE
  • France. Contrat Promotion Esclave!
  • Pour une grève tous ensemble, jeunes et travailleurs. Retrait du CPE
  • Tracts, déclarations,… de la Gauche révolutionnaire
  • Peux-tu nous expliquer ce qu’est cette loi sur l’égalité des chances ?

    Il s’agit d’une attaque sans précédent, orientée contre les jeunes, mais qui concerne l’ensemble des travailleurs. Ce projet de loi est constitué de trois parties: la possibilité d’aller en apprentissage dès 14 ans, celle d’effectuer du travail de nuit dès 15 ans, et la dernière partie est le fameux Contrat Première Embauche (CPE). Selon le CPE, tout jeune pourra, jusqu’à 26 ans, être licencié sans justification durant les deux premières années qui suivent son embauche. En cas de licenciement, après trois mois d’attente, il pourra de nouveau être engagé aux mêmes conditions… De quoi apprendre à accepter n’importe quoi sous la menace constante de se retrouver sans emploi à tout moment !

    Cela a évidemment mené à des actions de protestation…

    Oui, qui ont atteint une ampleur qui n’est pas sans rappeler mai 68. Je suis arrivé à Paris ce mardi 7 mars au matin, juste à temps pour participer aux manifestations contre le CPE qui se sont déroulées partout en France et qui ont fait battre le pavé à plus d’un million de personnes à travers l’hexagone, dont 150.000 à Paris.

    Dans une ambiance peu commune on imagine.

    Il est assez difficile de se représenter ce que cela peut être quand on vient de Belgique. La grande majorité des manifestants étaient des jeunes, étudiants ou lycéens, et la combativité était très grande, même si elle variait selon les facultés. Certaines revendiquaient le retrait de la totalité du projet de loi, d’autres uniquement le retrait du CPE, au cri de «C comme chômage, P comme précarité, E comme exploitation : retrait du PCE, retrait du CPE !». J’étais déjà venu pour les mobilisations du 7 février qui avaient réuni 45.000 jeunes à Paris, et plus ou moins 400.000 dans toute la France, et ce en plein congé scolaire, ce qui rendaient impossibles les descentes d’information dans les écoles. La fac’ de Rennes était déjà occupée à ce moment.

    Qu’en est-il aujourd’hui ?

    Ce vendredi 10 mars, 42 facultés étaient occupées, sur les 80 que compte le pays. Plus de la moitié donc, et une faculté non occupée n’est pas une faculté non mobilisée!

    Que s’est-il passé après la manif’ ?

    Nous nous sommes réunis à la faculté de Jussieux. Enfin, il a tout de même fallu passer au-dessus des grilles que les vigiles avaient placées… Nous étions à peu près 200 étudiants et une cinquantaine de lycéens. Etaient présents également quelques jeunes travailleurs précaires. La majeure partie de ces jeunes les plus motivés étaient syndiqués à l’UNEF (Union Nationale des Etudiants Français) ou au syndicat SUD et organisés dans des organisations politiques comme la Confédération Nationale du Travail (CNT), la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), la Jeunesse Communiste (JC) ou encore Lutte Ouvrière (LO). Ils composaient environ 75% de l’assemblée. J’espérais retrouver des camarades de la Gauche Révolutionnaire (organisation-sœur du MAS en France), mais, dans la capitale, ils étaient principalement à Paris 8.

    A cette réunion, il a été décidé de faire des descentes dans les autres facultés le lendemain pour en bloquer un maximum. A chaque fois, les blocages ont été votés à une bonne majorité.

    Et ensuite?

    Le jeudi matin, je suis allé à une des facultés les plus mobilisées, celle de Nanterre, qui était occupée. Tout y était bloqué, y compris la fac’ de droit (ce qui n’était plus arrivé depuis au moins une quinzaine d’années). Là, j’ai rencontré l’UNI…

    L’UNI ? Qu’est-ce c’est ?

    Il n’y a pas que les organisations de gauche qui sont présentes dans les facultés, les partisans de la chasse aux pauvres du gouvernement sont aussi présents. En fait, l’UNI est un mouvement de jeunes de droite, proche de Sarkozy, qui comprend une aile d’extrême-droite. Mais bon, quand on entend Sarko dire qu’il voulait nettoyer les banlieues au Karcher, on comprend qu’une proximité puisse exister entre ses partisans et ceux de Le Pen. Mardi, ils étaient une vingtaine à avoir fait le tour des blocages en chantant la Marseillaise en faisant le salut nazi. A cela, les grévistes répondaient « Nanterre, Précaires, on est tous solidaires ! » et en chantant l’Internationale.

    Ils ont réussi à rentrer à l’intérieur d’un bâtiment occupé, aidés par une dizaine de vigiles (en tout, ils ne devaient pas être plus d’une vingtaine). Une centaine d’étudiants en droit qui voulaient avoir cours en ont profité pour rentrer aussi. Finalement, ils ont été repoussés après une lutte entre grévistes et membres de l’UNI.

    Ceux-ci en sont restés là ?

    Non. Ils ont réussi à regrouper un millier de d’étudiants, venus à l’appel de « contre le blocage », et ils ont participé à l’Assemblée Générale de la faculté. En fait, si beaucoup de jeunes sont contre le CPE et la « loi pour l’égalité des chances », beaucoup s’opposent également aux blocages. Et là, dans les discussions, la situation a été complètement retournée. Des étudiants grévistes et moi-même sommes intervenus dans l’AG contre l’UNI et les étudiants qui voulaient reprendre les cours, et le blocage a été de nouveau voté!

    Qu’as tu mis en avant ?

    L’importance d’avoir une vision globale du problème. Que la loi sur l’égalité des chances est une suite logique des attaques libérales contres les travailleurs, les jeunes et les étrangers. Que les attaques contre le travail ont commencé par des attaques contre les retraites en Allemagne, en France et, comme on le sait, il y a quelques semaines en Belgique. Le gouvernement français élu de manière quasi-illégitime (Le Pen – Chirac au second tour) ne cesse d’attaquer de manière frontale tous les acquis sociaux. On se rappelle aussi la manière dont ils ont réprimé successivement le mouvement lycéen, le mouvement étudiant contre le système « LMD », le mouvement des intermittents du spectacle, les émeutes dans les banlieues,… Aujourd’hui la réponse que le gouvernement amène passe encore par la répression policière. J’ai terminé mon intervention sur l’obligation d’ouvrir la lutte aux jeunes de banlieues qui seront les premières victimes du CPE mais aussi aux travailleurs sans attendre l’appel des bureaucraties syndicales qui se font assez discrètes dans la hantise de revoir un nouveau mai 68 ou des grèves massives comme celle de 1995.

    Comment les différentes facultés sont-elles coordonnées ?

    La coordination d’Ile-de-France, c’est à dire de Paris et de sa région, se réunit tout les deux jours. Les différentes facultés se réunissent tous les jours en Assemblées Générales, auxquelles tous peuvent participer. C’est là que sont à chaque fois élus les étudiants qui iront à la prochaine réunion de la coordination d’Ile-de-France: 7 représentants par faculté occupée, et 3 par faculté mobilisée, mais non-occupée. S’ils fonctionnent comme ça, c’est pour éviter que les facultés de droite ne bloquent tout. Et au niveau national, cela fonctionne comme ça aussi, mais les réunions sont hebdomadaires.

    A l’intérieur des fac’, des commissions ont été mises sur pied: actions, interprofessionnelle (pour aller à la rencontre des associations et des travailleurs à l’extérieur de la faculté), sécurité, mobilisation, enseignants et travailleurs (orientée vers les travailleurs de la faculté), et enfin lycéenne. Dans plusieurs facultés, des motions de soutien ont été votées par les travailleurs en solidarité avec les étudiants, et beaucoup de lycées sont bloqués et occupés également. A titre d’exemple, une école professionnelle près de Nanterre est venue donner un coup de main pour bloquer la fac’. Le niveau de conscience politique des lycéens à Paris est très élevé. J’ai pu à de nombreuses reprises le remarquer, par les discussions politiques avec ceux-ci mais aussi en écoutant les interventions dans les assemblées générales. Les AG se tiennent dans des décors surréalistes avec comme slogans sur les murs : « Arrêtez d’étudier l’histoire, faites-la », « Une seule solution, la révolution » ou une des phrases mythique du Che « Hasta la victoria siempre » (Jusqu’à la victoire, toujours).

    Des actions sont donc prévues conjointement ?

    Tout à fait, et c’est tant mieux parce que c’est vraiment nécessaire. Isolés, séparés, les étudiants ne peuvent rien. Par exemple, le jeudi après-midi, il a été décidé de faire des diffusions de tracts dans un maximum de gares de la capitale afin d’expliquer la problématique du CPE et les positions des étudiants et aussi de mettre sur pied des manifestations « sauvages » – c’est à dire non annoncées – pour le vendredi.

    C’est ainsi que 2.000 étudiants ont déboulé sur les Champs-Elysées, pour la première fois depuis mai 68! La manifestation s’avançait, au rythme de l’Internationale et de slogans comme « Etudiants, salariés, même combat ! » ou encore, « Le pouvoir est dans la rue », « Tout est a nous, rien n’est à eux… ». Nous sommes restés deux heures Place de l’Etoile, en face de l’Arc de Triomphe, qui est un grand symbole. Il y a eu là-bas quelques heurts avec la police, mais les étudiants sont partis d’eux-mêmes pour bloquer les Champs-Elysées durant quatre heures, juste avant d’aller à la Sorbonne. En fait, la Sorbonne était occupée depuis la veille au soir par 150 étudiants et un bon millier d’autres manifestaient à l’extérieur, juste séparés de leurs camarades par les CRS. Or, pendant ce temps, les autres facultés étaient toujours occupées et il y avait mille tâches à faire. Les chiffres de manifestants ne sont donc pas révélateurs du nombre d’étudiants impliqués dans ces mobilisations. Des barricades ont été élevées au Boulevard Saint-Michel et au Quartier Latin, hauts lieux des évènements de mai ‘68, dans les chants et les slogans comme le traditionnel « CRS : SS » ou encore « Police partout, justice nulle part », « La police est en colère, le pinard il est trop cher », « On veut étudier, pour pas finir policier »,…

    Et vendredi, la Sorbonne tenait toujours bon…

    Oh oui. Nous étions 1500-2000 à protester à l’extérieur, tout en lançant de la nourriture aux occupants qui n’avaient rien mangé depuis la veille. Un groupe est rentré par derrière, un autre, dont je faisais partie, a réussi à rentrer par les toits. A l’intérieur, nous nous sommes retrouvés à environ 500. Il y avait des discussions politiques, des pièces de théâtre sur Mai 68’, sur la Commune de Paris (dont nous allons fêter le 135e anniversaire le 18 mars), de la musique,… Les flics, de l’extérieur, essayaient de voir où étaient les étudiants pour lancer des lacrymogènes à cet endroit.

    Mais finalement, le samedi, vers 4h du matin, les CRS ont chargé le bâtiment et évacué la fac’. La grande majorité des occupants a pu s’enfuir, grâce aux manifestants de l’extérieur qui ont tout fait pour aider leurs camarades de lutte. Mais il y a tout de même eu 27 arrestations. Une manifestation le lendemain a été organisée aux cris de « Libérez nos camarades ». Deux heures plus tard, tous les camarades ont été libérés.

    Et c’est ce jour là que je suis rentré en Belgique, crevé, courbaturé, mais avec un moral qui résistera à bien des coups durs avant de retomber !

    Et les actions continuent !

    Les actions continuent, et continueront encore. Dominique de Villepin, le premier ministre, vient encore de dire maintenant (dimanche 12 mars) qu’il était hors de question de retirer le projet de loi. Qu’attendre d’autre de la part d’hommes pour qui seuls comptent les profits des patrons? La « loi sur l’égalité des chances » n’est qu’un gigantesque cadeau pour eux, ils sont les seuls bénéficiaires de ce retour en arrière. Le MEDEF (la fédération patronale) appuie évidement le premier ministre tout en affirmant que le Contrat Première Embauche et le Contrat Nouvelle Embauche n’étaient pas suffisants et qu’il fallait élargir les facilités de licenciements qu’offrent ceux-ci à tous les types de contrats !

    Tout ce que tu dis est très intéressant. D’autant plus que l’on a entendu un autre son de cloche ici.

    Oui, le rôle des médias dans toute cette histoire est on ne peut plus honteux. Ils ne disent pas la vérité, où alors ils la déforment à l’avantage des partisans du projet de loi. Contrairement à ce qui a été dit, rien n’a été cassé à la Sorbonne, sauf le local des réactionnaires de l’UNI, qui a été saccagé. Des papiers ont même été collés aux murs pour ne rien abîmer tout en écrivant partout slogans, réflexions et revendications. De même, il a été dit que les étudiants avaient brûlé des livres inestimables, alors que s’il y a bien eu un feu dans la cour, seules les publications de l’UNI et des syllabi périmés ont été jetés au feu. Un autre exemple est l’histoire de cette fille handicapée (Paris 10 Nanterre), qui voulait passer le blocage au-dessus de plusieurs escaliers, et qui est tombée en se cassant le bras par accident. Directement, le gouvernement, relayé par la presse sans que personne ne cherche à savoir ce qui s’était passé, a déclaré que les étudiants jetaient des gens dans les escaliers!

    Une dernière chose importante, il a été constamment répété que la Sorbonne était occupée par des intermittents du spectacle, des travailleurs précaires, bref, tout sauf des étudiants. Je n’ai rencontré que trois participants à l’occupation qui n’étaient pas étudiants. Il y avait des étudiants d’autres facultés, c’est vrai, mais la majorité était de la Sorbonne.

  • France: Elections régionales et locales

    La Gauche Révolutionnaire présente pour la première fois une candidature dans les élections cantonales et deux candidats sur les listes d’alliance électorales de LO/LCR aux régionales. Nous reproduisons, ci dessus, un de nos tracts.

    Cet article a été repris du site de la Gauche révolutionnaire, la section française du CIO.

    Chirac, Raffarin et Sarkozy s’attaquent aux services publics d’éducation, de santé, de la Poste. Ils s’en prennent tantôt à l’éducation avec 14% d’embauches en moins cette année, ferment des classes en Zone d’éducation prioritaire (5 sur les Hauts de Rouen), mais aussi des milliers de bureaux de Poste, des dessertes SNCF… La politique antisociale de ce gouvernement concerne aussi le logement social. On le vend, on le détruit sans tenir compte des habitants. Cette politique a été menée à Rouen, par les maires successifs, depuis plus de six ans

    Rouen : logement social bradé ou détruit, ça suffit !

    Pendant des années, on a laissé se dégrader certains quartiers de Rouen. Les logements se sont vidés n’étant pas renovés et reloués. Sous Yvon Robert ou Pierre Albertini, les choses ont empiré. En 2001 et 2002, seuls 361 logements ont été rénovés sur 4194 programmés et seulement 8 logements construits !

    Aujourd’hui, Albertini met en place le Grand Projet de Ville 3. Les projets de réhabilitations d’immeubles sur les Hauts de Rouen sont abandonnés ! Les habitants ne savent plus sur quel pied danser ! De nouvelles destructions et constructions sont programmées en même temps que nombreux logements sociaux sont vendus. Ou vous achetez un appartement en mauvais état ou vous louez à un prix plus élevé…. Nous ne croyons plus leur baratin ! Il s’agit pour la mairie de se débarrasser des logements sociaux peu importent les conditions de vie des habitants concernés ! Ce n’est rien d’autre que la casse du logement social !

    Pour tous des logements décents, de vrais emplois et des services publics de qualité !

    De nombreuses personnes, privées d’emploi, précaires ou âgées perdent leur droit et l’accès aux services publics minimum. Là encore, ce sont les moins payés, les plus précaires et leurs familles habitant souvent dans des quartiers défavorisés au niveau social qui trinquent ! Pendant ce temps, les patrons font leurs profits…

    Les élections du 21 mars 2004 doivent être pour tous et toutes une occasion de montrer le rejet de cette politique antisociale. Les partis de l’ex-gauche plurielle (PS, PCF et Verts) réapparaissent à l’approche de ces élections mais ne proposent rien d’autre que de refaire la politique de cadeaux au patronat et de miettes pour les travailleurs !

    Votez Leïla MESSAOUDI, candidate de la Gauche Révolutionnaire sur le canton de Rouen 5 !

    Dans ces élections, la Gauche Révolutionnaire présente, pour la première fois, une candidature avec Leïla MESSAOUDI, 28 ans, enseignante en collège, sur le canton des Sapins, le Châtelet, Boulingrin et 4 cantons (Rouen 5) et deux candidats sur les listes d’alliance électorale de LO/LCR aux régionales.

    Les grèves du printemps dernier ont montré, que pour gagner face à ces attaques, il ne faut pas lâcher sur nos revendications. Même si la réforme des retraites est passée, aujourd’hui c’est celle de la Sécu qui se prépare.

    Contrairement à LO et la LCR, nous pensons donc qu’il ne faut pas s’arrêter à une alliance électorale. Aujourd’hui, les luttes sont peu nombreuses et isolées. La lutte des parents et des enseignants pour le maintien des 5 classes sur les Hauts de Rouen est un exemple de la résistance face aux attaques.

    Les travailleurs ont besoin d’instruments pour soutenir, coordonner et impulser ces luttes. Il manque bien aujourd’hui un véritable parti qui organise et défende sans concession les travailleurs face au patronat sur un programme sans concession, revendicatif, clairement anticapitaliste. La Gauche Révolutionnaire défend un programme clairement opposé aux politiques au service des patrons et pour une véritable alternative démocratique au capitalisme, le socialisme.

    Nous proposons à tous ceux et celles qui veulent préparer les luttes, poser les bases de la construction d’un nouveau parti des travailleurs, de soutenir nos candidatures et de mener campagne avec nous !

  • Dans tous les quartiers, le même droit à l’éducation !
  • Licenciements, précarité, privatisations: ça suffit!
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