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Brésil : Victoire pour la lutte de masse
Les gouverneurs de Sao Paulo, Rio de Janeiro et beaucoup d’autres villes ont réduit les prix des transports mais la lutte doit continuer
Suite au tsunami de luttes de masse de ces derniers jours, le gouvernement d’Etat de Sao Paulo, les préfets de Sao Paulo et Rio de Janeiro (les deux plus grandes villes brésiliennes) et des dizaines de capitales d’Etat et de villes de tout le pays ont décidé de réduire le prix des transports.
Andre Ferrari, LSR (CIO au Brésil)
La réduction des prix, de 20 centavos à Sao Paulo, dans autant de villes, représente la victoire la plus considérable pour la lutte de masse après près de 20 ans d’offensive néolibérale de la classe dirigeante contre les travailleurs et les pauvres.
Les gouvernements d’Etat intransigeants, autoritaires et répressifs ont été forcés de faire marche arrière après deux semaines de mobilisation intense, qui ont balayé tout le pays. Le 17 juin, plus de 300 000 personnes sont descendues en rue dans différentes villes. Près de 200 000 personnes ont manifesté à Sao Paulo et Rio, là où la mobilisation est le plus concentré. A Brasilia, le Congrès a été occupé, ainsi que l’hôtel de ville de Sao Paulo.
A Sao Paulo, les manifestations ont paralysé les principales grandes routes et manifesté vers Ponte Estaiada, un monument à de riches spéculateurs immobiliers. Après une répression policière brutale la semaine précédente, qui a déclenché des manifestations encore plus grandes, le 17 juin, le gouverneur d’État a décidé de ne pas aller plus loin dans la répression.
A Rio de Janeiro, cependant, il y a eu une répression très forte et de nombreuses arrestations, dont un membre du LSR (Liberté, Socialisme et Révolution, section du Comité pour une Internationale Ouvrière au Brésil). Le camarade a été accusé d’être ‘‘membre d’un gang criminel organisé’’ et relâché avec une amende. A Bell Horizon (dans l’État de Minas Gerais), où un match de football pour la Copa das Confereacoes avait lieu dans le nouveau stade moderne, il y avait plus de personnes qui manifestaient devant le stade que de spectateurs à l’intérieur.
80 000 personnes ont répondu à l’appel à une nouvelle manifestation le lendemain 18 juin à Sao Paulo, qui a complètement occupé la place Praca da Sé, dans le centre ville. Au même moment, des manifestations avaient lieu à Avenida Paulista, où il y a eu des tentatives désorganisées de prendre l’hôtel de ville et le bureau du préfet de la ville. A Rio de Janeiro, la veille, les bureaux de l’Assemblée Législative d’État a été occupée pendant des heures par des manifestants d’une telle manière que c’était clairement une authentique rébellion populaire.
Toute la journée du 19 juin, des manifestations de masse ont eu lieu. Les autoroutes étaient bloquées et fermées, les arrêts de bus étaient entravés et dans la banlieue de Sao Paulo, le MSTS (Mouvement des Travailleurs Sans Toit) ont organisé des manifestations dans les grandes rues, avec la participation active du LSR (CIO-Brésil). Des signes montraient que la lutte se radicalise et commence à exploser dans les endroits pauvres autour de la ville, incluant les travailleurs, ce qui ajoute à la pression sur le gouvernement.
Suite à l’appel à de nouvelles manifestations unifiées, à un niveau national, le 20 juin, les autorités de Sao Paulo et de Rio ont décidé d’annoncer la réduction des prix. [Cet article a été initialement publié le 20 juin, et ce jour-là, plus d’un million de personnes ont manifesté dans tout le pays, NDLR]
Divisions dans les partis au pouvoir
Cela est ressorti de débats importants et de divisions au sein des partis au pouvoir. Une réunion d’urgence a été organisée, avec Lula (l’ex-président du Brésil, qui n’a pas de fonction officielle aujourd’hui), la présidente Dilma Rouseff et le préfet de Sao Paulo, Fernando Haddad. Pendant cette réunion, la Prefectura était cernée de manifestants.
Le matin suivant, Haddad a déclaré qu’une réduction des tarifs des transports serait une position ‘‘populiste’’. Cependant, cette argumentation a fait long feu. A un match de football entre le Mexique et le Brésil, à Fortaleza, où le stade était entouré de manifestants, une conférence de presse a été organisée par Haddad et le gouverneur de Sao Paulo, Alkmin, membre du parti de droite PSDB (Parti Social Démocrate Brésilien, en opposition au gouvernement fédéral). Hadda et Alkmin ont annoncé qu’une réduction des prix serait appliquée.
On retrouve un sentiment antiparti dans beaucoup de couches du mouvement en raison du fait que le PT (Parti des Travailleurs) s’est transformé en un parti ouvertement capitaliste, et que la confédération syndicale CUT est devenue une courroie de transmission du gouvernement fédéral. Dans cette situation, des sections de la droite organisée ont attisé un fort rejet des partis, dirigé contre les partis politiques de gauche présents dans les manifestations. Le sentiment antiparti s’est souvent traduit par des attaques physiques contre ceux qui portent des bannières et des drapeaux de partis de gauche. Il est souvent arrivé que les provocateurs de droite à la base de ce type d’agissement se révèlent par la suite être des agents de police infiltrés.
Étant donné les dimensions exceptionnelles de ce mouvement de masse, toutes les forces politiques du pays – y compris des représentants du gouvernement fédéral et des fédérations patronales – ont de manière très cynique tenté de récupérer à leur compte l’idéalisme de la jeunesse qu’illustre ces mobilisations. La classe capitaliste brésilienne est entrée en lutte et elle se bat pour obtenir la direction du mouvement en reprenant certaines de ses revendications.
Dans cette situation, les partis de gauche (le P-SOL, le PSTU et le PCB), les mouvements sociaux qui ont une orientation de classe (comme le MTST et Terra Livre, avec lesquels le LSR collabore activement), différents fronts syndicaux (comme CSP-Coluntas, Intersindical et d’autres) et certains groupes anarchistes commencent à rejoindre le mouvement. Cela était particulièrement visible dans le cadre des mobilisations pour le 20 juin. Ils défendent tous le droit des partis de gauche à venir manifester librement sous leurs bannières et visent à empêcher la droite de s’attirer un soutien dans le mouvement.
Malgré les éléments contradictoires dans la conscience politique des participants au mouvement, celui-ci est tout de même parvenu à obtenir une victoire et à réduire les frais de transport. Maintenant, la question se pose de voir comment poursuivre la lutte. Aucun accord n’existe sur cette question entre les mouvements sociaux combatifs et la gauche. Les manifestations du 20 juin pourraient ainsi devenir qu’une commémoration de ce qui a été accompli plutôt qu’un pas en avant pour continuer le mouvement.
Le LSR appelle à l’organisation d’assemblées et de forums du mouvement afin d’établir un cahier de revendications et un programme destiné à approfondir les acquis déjà remportés sur les prix du transport public. Les gouvernements qui ont annoncé une réduction des coûts du transport annoncent aussi des coupes budgétaires dans les programmes sociaux. Le mouvement devrait demander que les moyens nécessaires à la satisfaction des besoins sociaux soient pris sur les comptes des entreprises privées qui exploitent le système de transport et non pas dans d’autres programmes sociaux.
Même après réduction des prix du transport, le coût des déplacements est un lourd fardeau pour les travailleurs et les étudiants. La revendication pour le transport gratuit était l’une des vieilles revendications du PT, que le parti a abandonnée en virant à droite. Cette revendication devrait être reprise. Elle devrait aussi être liée à la revendication de la municipalisation et de la nationalisation du système de transport.
Les ressources pour garantir ce système et l’améliorer en qualité devraient être trouvées en suspendant le paiement des dettes des conseils locaux et d’États au gouvernement fédéral, dettes qui sont pour l’instant utilisées pour faciliter la recherche de profits des banques et des spéculateurs.
Le mouvement a besoin de se lier à d’autres luttes
Pour continuer la lutte pour un transport public gratuit et de qualité, les mouvements doivent se lier à d’autres luttes qui ont défendu les revendications des travailleurs, des jeunes et des habitants des villes. Il faut particulièrement se lier à la campagne contre les crimes commis dans la préparation de la prochaine Coupe du Monde qui aura lieu l’année prochaine au Brésil. Des milliers de familles ont été expulsées de leurs maisons à cette fin. Des millions de réals sont dépensés dans la construction de nouveaux stades et d’autres projets d’infrastructure pour la Coupe du Monde alors qu’il y a insuffisamment d’écoles et d’hôpitaux.
Il est aussi nécessaire de soulever les revendications de la défense des droits démocratiques, de la liberté d’expression et du droit de manifester. La Coupe du Monde signifie, en réalité, la déclaration de l’Etat d’urgence. En pratique, cela signifie la criminalisation de la pauvreté et des mouvements sociaux contestataires.
Il est également nécessaire d’approfondir les actions de masse pour attirer directement à ce mouvement la classe ouvrière et reprendre les méthodes de lutte de la classe ouvrière dans ces mobilisations, comme le recours à l’arme de la grève et de la grève générale. C’est la meilleure façon d’empêcher la droite de gagner une influence dans le mouvement. La classe dirigeante brésilienne prépare en ce moment les conditions pour la tenue d’une grève générale. La question d’une grève générale de 24 heures est à poser tôt ou tard si nous voulons que le mouvement se maintienne et se renforce.
Il est urgent de construire un front uni des mouvements sociaux et politiques de gauche à court terme dans la perspective d’une lutte pour une assemblée nationale des travailleurs, des jeunes et des communautés qui pourrait discuter d’un programme de lutte et du type de plan d’action à appliquer.
Une nouvelle page s’est tournée concernant la lutte de classe au Brésil. Après une longue période, nous sommes sortis d’un désert d’années de néo-libéralisme et d’étouffement des luttes sociales. Nous ne devons pas gaspiller cette opportunité.
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Brésil : réémergence des luttes de masse dans un contexte de crise
A São Paulo, dans la nuit du 13 juin, la police militaire a brutalement attaqué une manifestation pacifique d’environ 15.000 personnes dans le centre-ville. 235 personnes ont été arrêtées arbitrairement par les forces de l’ordre, beaucoup d’entre elles juste pour leur apparence d’étudiant ou pour avoir eu du vinaigre dans leur sac à dos (c’est une manière d’atténuer les effets du gaz lacrymogène). La police anti-émeute a tiré des balles et des bombes en caoutchouc et, en plus des manifestants, beaucoup de journalistes, de photographes et de caméraman ont été blessés. Même ceux qui essayaient de soigner les blessés ont été arrêtés et leur matériel de premiers secours a été confisqué.
André Ferrari – LSR (CIO-Brésil)
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Depuis l’écriture de cet article, le mouvement est considérablement allé de l’avant et la mobilisation a atteint une ampleur jamais vue depuis 21 ans.
De plus, une importante victoire a été obtenue dans la mesure les gouverneurs de Sao Paulo, Rio de Janeiro et d’autres villes ont dû revenir sur les augmentations de prix du transport. Mais la lutte se poursuit.
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Cette répression policière s’inscrit dans le cadre d’attaques contre les mouvements sociaux et les pauvres en général. Le Brésil expérimente une nouvelle ère marquée par les signes les plus évidents de crise et de résurgence de luttes des travailleurs et des jeunes. L’année 2012 a compté le plus grand nombre de grèves depuis 16 ans. Les travailleurs du secteur public résistent aux coupes budgétaires et aux attaques contre leurs droits. Les travailleurs du secteur privé demandent également leur part de la croissance économique tant vantée. Mais les effets politiques de ces luttes ont été limités par la division du mouvement, le caractère bureaucratique des dirigeants syndicaux ainsi que par les faiblesses de l’opposition de gauche du gouvernement de Dilma Rousseff du Parti des Travailleurs (PT).
Cependant, l’année 2013 a montré une érosion croissante du soutien politique pour le gouvernement ainsi que l’émergence d’une nouvelle conscience parmi de larges secteurs de jeunes et de travailleurs. L’image du Brésil comme celle d’un pays qui se dirige vers le ‘‘sommet mondial’’ est lourdement minée par une situation de croissance très lente (moins de 1% en 2012) couplée à une haute inflation qui affecte principalement les pauvres.
Alors que le gouvernement a pris un tournant à droite dans sa politique économique (augmentation des taux d’intérêts, privatisation des ports, aéroports, champs de pétrole, …), son soutien dans les sondages est tombé de 8% depuis mars (de 65% à 57%)
L’augmentation des tarifs des transports, déclencheur de luttes dans les grandes villes
Ces dernières semaines, nous avons vu une explosion des luttes populaires, dirigées par la jeunesse enflammée par l’augmentation des tarifs des transports publics. Dans beaucoup de capitales d’État et de grandes villes, les manifestations ont pris une plus grande dimension qualitativement mais aussi quantitativement que précédemment. Dans beaucoup de celles-ci, comme à Porto Alegre, Goiânia, Teresina et Natal, l’augmentation des tarifs fut annulée après les manifestations.
A ce moment, la principale étape de la lutte est la ville de São Paulo. Avec quatre manifestations depuis le 6 juin (cet article date du 14 juin), le mouvement grandit tous les jours. La revendication immédiate est la réduction des tarifs de bus et de métros de 3,20 reals à 3 reals, mais le mouvement remet également en cause la logique du système de transport dans la ville, tourné exclusivement vers les profits d’une poignée d’employeurs. Des tarifs couteux, un surpeuplement et des conditions de pauvreté représentent un cauchemar quotidien pour les travailleurs et les étudiants qui doivent voyager tous les jours dans l’immense métropole.
Au Brésil, on estime que 37 millions de personnes n’ont pas accès aux transports publics à cause de leur coût. Dix millions de plus dépensent la majorité de leurs revenus dans leur trajet pour le boulot et les études dans un transport chaotique de pauvre qualité. Une des revendications soulevées par le mouvement est donc de disposer d’un tarif zéro pour les transports à São Paulo. L’idée est que les industries et que les couches riches de la population doivent payer la plus grande part des prix du transports et non les travailleurs et les étudiants.
Le PT a défendu le projet du taux zéro dans les années 1980, quand le parti était toujours à gauche et était basé sur les mouvements sociaux. L’actuel gouvernement PT dans la ville, dirigé par le maire Fernando Haddad, rejette aujourd’hui ce projet, refuse de revenir sur les privatisations du système de transports et agit avec une fidélité à toute épreuve pour les businessmen du transport.
Le gouvernement d’État de São Paulo, dirigé par Geraldo Alckmin du PSDB (Parti Social Démocrate Brésilien), le principal parti d’opposition de droite au PT au gouvernement fédéral, et responsable du métro de São Paulo, a également refusé de discuter de ces revendications. Alckmin promeut un processus de privatisations des nouvelles lignes de métros et est responsable de la brutale réponse répressive de la police militaire de Sao Paulo durant les manifestations.
Beaucoup de jeunes travailleurs qui ont voté pour Haddad et le PT lors des élections municipales d’octobre de l’an dernier afin d’éviter une nouvelle victoire de la droite traditionnelle, à l’époque dirigée par le candidat PSDB José Serra, sont aujourd’hui profondément déçus du PT. L’unité du PT avec le PSDB contre les revendications du mouvement et dans la politique de répression des manifestations lui coute de larges parts de sa base sociale et électorale.
Les crimes de la Coupe du Monde
Les grands évènements prévus dans le pays dans les années à venir (la Coupe du Monde en 2014 et les Jeux Olympiques à Rio en 2016) servent de prétexte pour une véritable contre-réforme urbaine dans les grandes villes. Les projets de construction liés à la Coupe du Monde causent l’expulsion de milliers de famille de leur maison pour faire place à la spéculation immobilière. Au lieu de servir les gens, les villes sont de plus en plus modelées pour servir le capital. L’espace de la ville est à vendre et tous les obstacles qui se mettent dans le chemin du profit doivent être éliminés. Tout cela sous la façade d’une modernisation et d’une paix sociale.
Les stades sont privatisés, la corruption est courante dans les projets de construction de la Coupe, la surexploitation des travailleurs du bâtiment a causé beaucoup d’accidents et de morts, les contractants complices des gouvernements profitent de façon exorbitante pendant que les droits des résidents des grandes villes sont piétinés. Aujourd’hui, le 14 juin, débute une campagne de luttes nationales des mouvements populaires pour le logement, le Front de Résistance Urbaine, au côté des Comités Populaires de la Coupe du Monde, pour dénoncer les crimes de celle-ci.
Répression et criminalisation des mouvements sociaux
Confrontée à la montée des luttes et à la nécessité d’empêcher les manifestations à la veille de la Coupe des Confédérations (qui débute le 15 juin), la répression policière contre les protestations s’est dramatiquement intensifiée. Occuper les rues – un droit démocratique de base – est ainsi interdit. Dans beaucoup de ville, la répression policière nous a rappelé la période de la dictature militaire. Les décisions de justice interdisant les manifestations, avec l’utilisation de balles et de bombes policières contre les manifestants, montrent que nous vivons une période d’attaques sérieuses contre les droits démocratiques de base de la population.
Après une forte campagne médiatique scandant que les manifestants contre l’augmentation des tarifs de transport étaient des vandales et des hooligans et donc justifiant et supportant la répression policière, l’intense répression de la manifestation du 13 juin a causé un grand émoi et même les média eux-mêmes ont dû changer de ton.
A São Paulo, dans la nuit du 13 juin, la police militaire a attaqué lâchement une manifestation pacifique et organisée d’environs 15.000 personnes dans le centre-ville. La police a arrêté d’une façon totalement arbitraire 235 personnes. La police anti-émeute a tiré des balles et des bombes en caoutchouc indistinctement. En plus des protestataires, beaucoup de journalistes, de photographes et de caméraman ont été blessés.
La répression policière s’intègre dans le cadre d’une avalanche d’attaques sur les mouvements sociaux et les pauvres en général. Dans les grandes villes, comme à São Paulo et Rio, les jeunes noirs des banlieues vivent une véritable situation de massacre. Les viols à Rio de Janeiro ont fortement augmenté dans la dernière période. La violence policière raciste, l’impunité des actions des escadrons de la mort, la violence contre les femmes, la criminalisation de la pauvreté et la répression des droits des organisations populaires, sont une réalité dans les banlieues.
Des dirigeants ruraux sans terre ont été systématiquement assassinés et récemment, deux dirigeants indigènes (des ethnies Terena et Guarani-Kaiwoas) qui se battaient contre le business agricole et le gouvernement pour la démarcation de leur terre ont également été tués.
La lutte de défense des droits démocratiques a acquis une importance centrale dans le contexte de la Coupe du Monde, avec la tentative de créer un véritable état d’urgence dans le pays, interdisant les manifestations et la liberté d’expression.
La ville pour les travailleurs, les jeunes et le peuple !
Ces luttes pour le transport public, les logements et le droit démocratique d’occuper les rues doivent être unifiées dans un grand mouvement national pour les droits des travailleurs, des jeunes et de la population à posséder et contrôler leur propre ville.
Comme résultat à cette lutte, il serait possible de reconstruire les bases pour l’unification et la réorganisation de mouvements populaires de travailleurs et de jeunes combattifs, indépendants des gouvernements et des employeurs. Une rencontre nationale des travailleurs et des jeunes pour porter un plan de lutte pourrait être construit et avancer dans la direction de construire un nouvel instrument unifié de lutte.
C’est ce pourquoi le LSR (section brésilienne du CIO) plaide dans les mouvements sociaux auxquels nous participons et à l’intérieur du PSOL (le Parti du Socialisme et de la Liberté).
Nous luttons pour :
- Une réduction immédiate des tarifs des transports ! Luttons pour les tarifs zéro – faisons payer les patrons pour les transports publics ! Nationalisation des transports publics sous le contrôle démocratique des travailleurs et des usagers ! Non au payement de la dette aux banquiers et aux spéculateurs et pour des investissements massifs dans les transports publics !
- La fin des expulsions des résidents ! Non à l’exploitation sexuelle ! Luttons contre le viol et la violence contre les femmes !
- Assurer les droits des travailleurs de la construction des projets de la Coupe du Monde ! Non à la privatisation de Maracana et à la corruption dans les sites de construction de la Coupe du Monde ! Démarcation des terres indigènes ! Non aux lois d’urgence imposées par la FIFA – Pour le droit d’organisation, d’expression et de manifestation !
- Non à la répression dans les manifestations des jeunes et des travailleurs ! Non à la criminalisation et l’utilisation croissante du système judiciaire contre la lutte sociale ! Liberté immédiate pour tous les prisonniers politiques en lutte contre l’augmentation des tarifs du transport public et d’autres mouvements. Non au massacre de la jeunesse noire dans les banlieues.
- Pour un jour national de lutte unifiée autour des revendications pour les transports publics, des logements abordables, contre les crimes de la Coupe du Monde et pour la défense des droits de manifester et contre la criminalisation et la répression des mouvements sociaux.
- Pour un meeting national des travailleurs et des jeunes pour construire un plan d’action et un forum national uni de luttes.
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AMÉRIQUE LATINE. Rompre définitivement avec le néolibéralisme
AMÉRIQUE LATINE
L’EXÉCUTIF DU Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, internationale dont fait partie le nale MAS/LSP) a porté une attention toute particulière aux perspectives et aux tâches du mouvement ouvrier au Brésil et au Vénézuela. En janvier 2005, des milliers de jeunes et de travailleurs participeront au vailleurs Forum Social Mondial (FSM) qui se tiendra de nouveau à Porto-Alegre. Certains seront en quête d’idées et d’organisations qui proposent des alternatives. Le MAS/LSP y sera présent, dans la délégation internationale du CIO.
Els Deschoemacker
Malgré les possibilités limitées pour les organisations politiques à se profiler ouvertement lors du FSM, les développements de turbulences politiques et sociales s’y reflèteront.
Vénézuela: le programme de Chavez est insuffisant pour résoudre les problèmes de la classe ouvrière
Celso du Chili: «Pour la troisième fois, les masses ont sauvé la peau de Chavez et de sa politique. Le taux de participation extrêmement élevé lors du référendum cet été, le plus élevé dans l’histoire vénézuélienne, montre le soutien public immense pour les réformes sociales. Mais le chômage gigantesque, les bas salaires et les mauvaises conditions de travail nous montrent que le réformisme de Chavez se fait dans les limites du capitalisme et n’offre pas de solutions fondamentales.
«Avant le référendum, on pouvait avoir l’impression que Chavez virait à gauche. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Le Chavisme a une nette tendance bonapartiste. Le régime balance systématiquement entre les deux classes dans la société. Quand Chavez se sent en sécurité, il emploie un langage conciliant envers l’opposition réactionnaire et il renvoie les masses à la maison. Quand il est moins sûr, il mobilise ces mêmes masses. Vis-à-vis de l’impérialisme, il tient un discours menaçant, mais il garantit pourtant aux Etats-Unis l’ininterruption de l’approvisionnement en pétrole.
«Le CIO au Vénézuéla – nos premiers membres ont été gagnés au cours de l’année passée. Nous publions un nouveau bulletin sous le nom Socialisme révolutionnaire – et menons une discussion sur la nécessité d’un programme et d’une organisation de la classe ouvrière, indépendante de Chavez et de la bourgeoisie. La question est de savoir combien de temps durera le processus révolutionnaire au Venezuela. La bourgeoisie n’a pas mis de côté son espoir de liquider Chavez. Plus longtemps cette situation perdure, plus la réaction aura de temps pour se réorganiser.
«La polarisation et le soutien immense pour la révolution bolivarienne sont toujours dominants. Les partisans de Chavez avaient obtenu, aux élections d’octobre, 270 des 334 conseils communaux et 20 des 22 régions. Mais il y avait aussi des critiques. Le syndicat UNT, par exemple, disait que les candidats bolivariens devraient être élus au lieu d’être nommés par Chavez. Cette critique montre que Chavez est testé politiquement. Ces développements vont constituer un terrain favorable pour la construction du CIO au Vénézuela.
Brésil: processus de réorganisation dans le mouvement ouvrier
André (Brésil): «Le Brésil avait peut-être bien un des partis anticapitalistes les plus importants du monde, le Parti des Travailleurs (PT) de Lula. Ce parti refuse néanmoins de rompre avec le capitalisme et se dirige ostensiblement vers un instrument de la bourgeoisie et de l’impérialisme. «Après la crise économique en 2003 et une série de scandales, Lula pouvait partiellement réasseoir sa position grâce à une croissance économique de presque 6% dans les deux premiers trimestres de 2004 à cause d’une croissance dans l’exportation. Le chômage a baissé de 13 à 11%, mais les nouveaux emplois souffrent tous de faibles rémunérations et de mauvaises conditions de travail.
«La politique de réforme néolibérale de Lula ne laisse pas de place au doute. La coopération public-privé est à l’agenda dans les universités. En préparation des réformes structurelles du marché du travail, le gouvernement travaille sur une réforme syndicale qui donne plus de pouvoir aux bureaucrates des directions syndicales. Les OGM ont été légalisés pour le marché de l’alimentation malgré des promesses contraires. Des réformes agraires promises, seulement 44% de l’objectif a été réalisé. Tous les programmes sociaux sont sous pression à cause des réelles priorités du PT, notamment le payement de la dette et des normes fiscales strictes que le gouvernement utilise. Ce n’est pas tout. Un scandale a éclaté quand le ministre de la Défense a soutenu publiquement les tortures sous la dictature. La demande de militants des droits de l’Homme pour ouvrir les archives militaires se heurtait à un «Niet!» de Lula. Sur le plan international aussi, le rôle du PT est réactionnaire. A Haïti, les troupes brésiliennes aident à soutenir un gouvernement qui a pris le pouvoir par un coup d’état et qui est soutenu par les Etats-Unis. De cette manière, Lula veut clairement construire une crédibilité envers les Etats-Unis et obtenir un siège dans le Conseil de Sécurité de l’ONU.
«Pendant que le PT progressait aux élections communales dans un grand nombre de petites villes, il perdait aussi des positions importantes dans un nombre de plus grandes villes comme Porto- Alegre et Rio de Janeiro. A Rio, dans les élections présidentielles, le PT avait encore 80%. Cette foisci, il y a obtenu son plus mauvais score. Une partie de ces positions ont été reprises par des candidats à gauche du PT, ce qui montre le potentiel pour la gauche. Mais la bourgeoisie a aussi gagné quelques coups. A Sao Paulo, par exemple, le PSDB, parti de l’exprésident Cardoso, a gagné au détriment du PT. «La politique de Lula se heurte à toujours plus de résistance. Cette année, les travailleurs des banques ont fait grève pendant un mois contre les attaques continuelles. Les dix dernières années, 400.000 des 800.000 emplois ont été perdus dans ce secteur. Le PT y mine sa propre position car il avait, dans le passé, beaucoup de soutien dans ce secteur : trois des ministres du PT sont des ex-dirigeants des travailleurs bancaires.
«La classe ouvrière tire des conclusions de sa situation. Le lancement du Psol, nouveau parti de gauche, est une expression politique d’une partie de ce processus. Une des priorités du Psol est maintenant de se faire légaliser et de construire de solides structures. Mais la pression de l’électoralisme se développe déjà. Bien que ce parti ait peut-être le programme le plus à gauche des nouveaux partis, le danger subsiste que ce parti se cantonne au simple discours engagé. Socialisme Révolutionnaire, notre organisation au Brésil était un des premiers défenseurs de la nécessité de mettre sur pied un parti de gauche comme le Psol. On doit aider à construire ce parti, mais la défense d’un programme révolutionnaire au sein de ce parti reste crucial.»