Tag: Santa Cruz

  • Argentine : Kirchner nationalise l’entreprise de pétrole YPF

    L’annonce de la présidente péroniste de l’Argentine, Cristina Fernandez Kirchner, que 51% des parts de l’YPF seraient prises par l’Etat a rencontré un soutien massif en Argentine et a été vu comme une attaque envers la multinationale Repsol. Mais elle s’est attirée les foudres de l’impérialisme.

    Tony Saunois, CIO

    Le ministre de l’industrie espagnol, José Manuel Soria, a dénoncé cela comme un acte ”d’hostilité envers l’Espagne qui aura des conséquences”. Rajoy a parlé d’un acte ”arbitraire et hostile” qui casse le ”climat d’amitié” entre les deux pays. Le British Financial Times a reproduit ce ressentiment. Son éditorial, titré ”un acte lamentable de piraterie économique”, a mis en garde l’Argentine qu’elle pourrait être ”suspendue du G20” et prévenu Kirchner : ”Elle ne devrait pas oublier que tout acte ont des conséquences”. (FT 18/4/2012)

    Le président néolibéral du Chili, Pinera, et Camderon, du Mexique, se sont aussi joints aux critiques contre cette acte de Krichner. Même Evo Morales le président Bolivien, dans une réaction assez lâche, a argumenté que c’était une question bilatérale entre deux Etats et que son gouvernement jouissait de bonnes relations avec Repsol ! Son propre gouvernement a pourtant subi des attaques similaires de la part du Brésil lorsqu’il a pris des mesures du même type contre Petrobras, la multinationale brésilienne ! (Depuis l’écriture de cet article, Morales a annoncé la nationalisation de l’entreprise de Transport d’électricité TDE, NDLR)

    La nationalisation des parts de l’YPF est un développement significatif qui a des conséquences importantes au-delà de l’Argentine, c’est d’ailleurs ce qui se cache derrière le déversement de venin contre l’intervention d’Etat de Kirchner. La classe dominante mondiale a peur que cela puisse constituer un précédent pour d’autres gouvernements alors que la crise économique mondiale s’aggrave. ‘‘Le chant des sirènes populistes séduit à nouveau…’’ a ainsi titré Moisés Naim dans son article paru dans le Financial Times du 19 avril 2012. Ces développements en Argentine sont une anticipation de ce qui pourrait se développer dans d’autres pays alors que la crise du capitalisme s’intensifie. En ce sens ils signifient le début d’une nouvelle ère.

    L’hostilité et l’opposition internationales aux mesures similaires de Hugo Chàvez au Venezuela dans le passé (quand son gouvernement avait également agi contre Total, BP et Chevron), elles n’atteignaient pas le même niveau que les réactions actuelles consécutives à l’intervention de Kirchner. C’est que la situation mondiale est maintenant beaucoup plus critique pour le capitalisme mondial. L’idée que d’autres gouvernements puissent être forcés d’intervenir et d’aller encore plus loin dans les nationalisations de secteurs de l’économie (que cela soit sous la pression de la population ou pour défendre leurs propres intérêts) terrifie à présent la classe dominante.

    Une nouvelle politique de la classe dominante?

    L’intervention de Kirchner, en saisissant 51% des parts de l’YPF, pourrait être annonciatrice d’une nouvelle situation où les gouvernements se verraient forcés d’intervenir, par une intervention d’Etat, afin de tenter d’atténuer les effets d’une sérieuse récession prolongée ou d’un marasme économique.

    Cela remet aussi la question de la nationalisation à l’ordre du jour politique ; la classe dominante craint que la classe ouvrière se saisisse de ce mot d’ordre et exige son application. Les développements en Argentine sont en conséquences extrêmement importants internationalement.

    L’intérêt géopolitique de l’Amérique Latine et des Amériques est un élément supplémentaire important. Le déclin perceptible d’Hugo Chàvez laisse un espace que Kirchner tente de remplir. L’impérialisme États-Unien a donc été plus prudent dans sa réaction, ne voulant pas pousser Kirchner davantage dans la ‘‘camp populiste’’. Le journal espagnol El Pais a cité un haut fonctionnaire États-Unien qui, à la suite du récent Sommet des Amériques en Colombie, disait que : ‘‘Nous avons des divergences occasionnelles avec l’Argentine, mais nous ne voulons pas que cela (la nationalisation de l’YPF) compromette notre large coopération économique et sur la sécurité’’ avec l’Argentine. (El Pais 16/4/12)

    Cette re-nationalisation partielle de YPF est directement issue des conséquences désastreuses des privatisations massives menées en Argentine dans les années ’90 sous le règne du président péroniste Carlos Menem. Traditionnellement, le péronisme (un mouvement nationaliste populiste) a adopté une politique de lourdes interventions de l’Etat dans l’économie. Mais Menem avait change d’orientation et s’est dirigé vers des privatisations massives, résultat de l’adoption de la logique néolibérale qui prévalait intentionnellement. Il s’agissait à tel point d’un nouveau départ pour le péronisme qu’il a été surnommé le “Menemismo”.

    L’YPF a été privatisé en 1992. Tout comme les autres privatisations, ce fut un désastre pour les masses, mais a qui représentait d’immenses opportunités pour les capitalistes argentins et pour les multinationales telles que Repsol qui sont retournées en Amérique Latine tels de nouveaux conquistadores, en achetant des pans entiers de l’économie d’Argentine et de l’Amérique Latine.

    Ces privatisations ont véritablement été catastrophiques pour l’économie. Comme Kirchner l’a fait remarquer, le manque d’investissements et de développement dans les secteurs de l’énergie et du pétrole a eu pour conséquence que l’Argentine a dû commencer à importer du gaz et du pétrole pour la première fois depuis plus de 17 ans. Et cela malgré la découverte de champs de gaz étendus, connus sous le nom de Vaca Muerta (la ‘‘vache morte’’). ‘‘Cette politique vide, de ne pas produire, de ne pas explorer, nous a pratiquement transformés en un pays non-viable en raison de la politique du business, et non à cause d’un manque de ressources’’, était l’une des raisons invoquées par Kirchner pour prendre une part majoritaire de l’YPF. (El Pais 17/4/12)

    Récemment encore, l’Aérolinéas Argentinas privatisée, les compagnies d’électricité et quelques autres ont aussi été renationalisées, en partie pour des raisons similaires. Ce changement de politique par le gouvernement Kirchner fait suite à un net ralentissement de l’économie, à une augmentation de l’inflation, à l’introduction de coupes budgétaires ainsi qu’au développement du chômage.

    Ce qu’elle dit dans les faits, c’est que si le secteur privatisé n’assurera pas les services essentiels, alors l’Etat va intervenir et le faire. Cependant, malgré l’épanchement d’hostilité de la part des représentants du capitalisme et de l’impérialiste, Kirchner n’a pas effectué une nationalisation socialiste.

    Trotsky et le Mexique de 1938

    En mars 1938, le gouvernement populiste radical du Mexique dirigé par Làzaro Càrdenas a nationalisé les compagnies pétrolières Anglo-Américo-Néerlandaises. Trotsky argumentait que cette étape devait être soutenue et que les syndicats et la classe ouvrière devraient lutter pour un contrôle et une gestion démocratique par les travailleurs dans la nouvelle industrie d’Etat, bien que celle-ci n’ait pas été construite sur des bases socialistes. Cette approche est une leçon pour l’Argentine aujourd’hui.

    De la même manière, les marxistes britanniques revendiquaient le contrôle et la gestion démocratique par les travailleurs lors des nationalisations des houillères, des chemins de fer et d’autres secteurs de l’économie par le gouvernement travailliste d’après-guerre. Ils proposaient concrètement que les conseils de ces entreprises soient formés d’un tiers de syndicalistes de l’industrie en question, un tiers de représentants de la Confédération Syndicale (représentant la classe ouvrière au sens large) et d’un tiers de représentants du gouvernement.

    La nationalisation partielle de Kirchner a été suffisante pour provoquer la colère de la classe dirigeante. Elle ne signifie pas qu’un simple changement dans la politique du gouvernement, il s’agit d’un changement dans la politique de la dynastie Kirchner elle-même. Christina Kirchner n’a pas été partisane de la classe ouvrière et des pauvres d’Argentine. Son prédécesseur et défunt mari, Néstor Kirchner, était un partisan enthousiaste de la privatisation de l’YPF en 1992. En 1999, il a vendu 5% des parts de l’YPF à Repsol détenues en Patagonie, dans la province de Santa Cruz où il était alors Gouverneur.

    Comme Repsol augmentait sa possession de YPF jusqu’à 99%, Kirchner a alors appuyé une politique d’ « Argentinisation » et a insisté pour qu’un pourcentage reste détenu par des intérêts argentins. En conséquence, le groupe Argentin Peterson, possédé par la famille Eskenazi, a reçu 25% des parts de l’YPF. Celles-ci n’ont pas été touchées par la récente nationalisation partielle.

    Au gouvernement, les Kirchner ont amassé une fortune. Quand Nestor Kirchner a été élu président en 2003, la fortune du couple était estimée à 2,35 millions de dollars. Pendant son règne, la richesse des Kirchner a augmenté d’un étourdissant 900% en 7 ans. Au moment de la mort de Nestor en 2012, ils possédaient 18 millions de dollars avec 27 maisons, appartements, magasins et hôtels à leur nom. En 2003, la famille n’avait pas d’intérêts économiques dans la ville Patagonienne El Calafate. En 2010, les Kirchner dirigeaient 60 à 70 % de l’activité économique de la ville.

    Les mesures prises par Cristina Kirchner, qui vont être très populaires en Argentine, sont une intervention d’Etat pour essayer de résoudre la crise de l’énergie. Elles ont été prises en partie pour essayer de résoudre le déficit énergétique et l’échec de Repsol à développer l’industrie. Elles sont aussi une tentative par Kirchner d’obtenir du soutien dans un contexte d’économie déclinante et d’attaques contre la classe ouvrière. Elle a essayé d’invoquer la mémoire de la populiste radicale et nationaliste Evita Peron (en annonçant les mesures devant une image d’une Evita souriante et en présence des Madres de la Plaza, les mères des milliers de disparus sous la dictature militaire).

    Cette intervention montre comment la classe dominante peut être contrainte de changer sa politique et de soutenir l’intervention d’Etat quand elle y est forcée ou quand ses intérêts sont menacés.

    En faisant cela, Kirchner a frappé un grand coup aux intérêts de l’impérialisme espagnol et de sa multinationale Repsol. Elle a agité le spectre que d’autres coups plus forts soient frappés contre les autres pays et replacé la question des nationalisations à l’ordre du jour politique. Cela a terrifié la classe dirigeante du monde entier. La revendication de nationalisations doit maintenant être reprise par les organisations des travailleurs mondialement. En Espagne, la formation de gauche Izquierda Unida s’est opposée au gouvernement Espagnol et a défendu le droit du gouvernement Argentin à nationaliser l’YPF, ce qui est positif. Cependant, l’achat de 51% des parts de l’YPF ne constitue pas une ‘‘nationalisation socialiste’’. Kirchner elle-même a été très claire lorsqu’elle a déclaré : ‘‘Le modèle n’est pas l’étatisation, c’est clair, mais la récupération de la souveraineté et du contrôle du fonctionnement de l’économie.’’ (El Pais 17/4/12)

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections à travers le monde (dont le PSL en Belgique) s’opposent aux protestations des politiciens impérialistes et capitalistes.

    Nous soutenons toutes les mesures authentiques prises contre l’impérialisme. Nous demandons que des actions réelles soient entreprises contre la domination impérialiste de l’économie et des capitalistes nationaux qui exploitent les peuples d’Argentine. Nous soutenons donc une nationalisation socialiste démocratique du secteur de l’énergie entier.

    Pour la nationalisation de Repsol, de toutes les multinationales et de tout l’YPF en ne payant une compensation que sur base de besoins prouvés ! Le secteur de l’énergie nationalisé devrait alors être dirigé démocratiquement par la classe ouvrière d’Argentine, dans le cadre d’un plan démocratique de toute l’économie basé sur la nationalisation des grandes entreprises.

  • Comment renforcer la lutte anticapitaliste en Amérique Latine ?

    LA GAUCHE AU POUVOIR EN BOLIVIE

    Ces dernières années, nous avons assisté à une percée des régimes de gauche en Amérique Latine. Chavez, au Venezuela, a été suivi par Morales en Bolivie et, ailleurs aussi, la radicalisation s’est exprimée dans le renforcement des forces de gauche. Nous voulons analyser comment ces développements positifs peuvent être sauvegardés et étendus. Nous avons discuté avec HANNES, un membre du PSL qui a passé ces six derniers mois en Bolivie en tant qu’étudiant Erasmus.

    COMMENT ET POURQUOI UN RÉGIME DE GAUCHE EST-IL ARRIVÉ AU POUVOIR EN BOLIVIE ?

    ‘‘La Bolivie a une histoire faite d’exploitation, d’oppression, de guerres (civiles),… Le colonialisme espagnol a été suivi par le néocolonialisme, entre- autres, des Etats-Unis, avec le soutien de la politique néolibérale de la bourgeoisie bolivienne. Ces années de sang, de sueur et de larmes ont laissé des traces.

    ‘‘Entre 58 et 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté (avec moins de 2 dollars par jour) et environ la moitié d’entre eux connait l’extrême pauvreté (moins de 1 dollar par jour). Le fossé entre riches et pauvres est véritablement devenu un gouffre. Selon le Ministre du Développement économique Xavier Nogales, un riche gagne en moyenne 90 fois plus qu’un pauvre.

    ‘‘La Bolivie a un potentiel énorme avec un sol fertile, des minerais de grande valeur, du pétrole, et la deuxième plus grande réserve de gaz naturel d’Amérique Latine. Mais jusqu’à présent, ce sont les multinationales et la bourgeoisie bolivienne qui ont profité de ce potentiel. Ce n’est guère surprenant que les travailleurs et les paysans de Bolivie s’opposent à cette injustice.

    ‘‘Cette résistance n’est d’ailleurs pas nouvelle, la Bolivie jouit d’une histoire de luttes ouvrières et paysannes particulièrement riche. Ainsi, le pays a connu en 1952 une véritable révolte de la classe ouvrière et des paysans, épisode connu sous le nom de ‘‘Révolution d’avril’’. La classe ouvrière, armée, est parvenue à accomplir de grandes réformes (notamment la nationalisation de toute une série de mines) et a mis un terme au régime féodal qui opprimait les paysans. Plus tard, le pays a connu une première grande réforme agraire ainsi que l’instauration d’un enseignement de base pour les enfants des ouvriers et des paysans dans les villages.

    ‘‘Plus récemment, il n’y a même pas 10 ans, les masses se sont soulevées contre la ‘‘guerre de l’eau’’ et ont obtenu l’expulsion immédiate des grandes multinationales qui s’étaient accaparées l’approvisionnement en eau. Trois ans plus tard, c’était le triomphe de la ‘‘guerre du gaz’’ et, en 2005, un mouvement de masse encore plus grand s’est dressé pour exiger la nationalisation complète de l’industrie gazière, mouvement qui a éjecté deux présidents néolibéraux.

    ‘‘En reprenant les revendications du peuple dans leur programme, Evo Morales et son MAS (Movimiento al Socialismo) sont parvenus à remplir le vide politique. Aux élections de 2005 et 2009, le MAS a remporté des scores électoraux record. Aujourd’hui, le MAS reste toujours extrêmement populaire, mais cela peut changer. La population exige des réformes plus radicales et ne tire aucun avantage des mesures actuellement très limitées du gouvernement de Morales. Si ce gouvernement ne va pas plus loin, les masses sont prêtes elles- mêmes à lutter pour obtenir plus.

    ‘‘Cette confiance s’est reflétée, entre autres, dans la grève des fonctionnaires du 9 mai dernier. Les grévistes revendiquaient une hausse salariale de 12,5% contre les 5% promis par le gouvernement (entre 2003 et 2005, les salaires n’avaient augmenté que de 3 à 4%).’’

    QUE SIGNIFIE LE RÉGIME DU MAS POUR LA POPULATION ?

    ‘‘Après son élection, Evo Morales a procédé à la nationalisation du secteur de l’énergie. Mais cela ne consiste qu’en des joint-ventures où 20% des entreprises se trouvent toujours aux mains des multinationales, les 80% restants étant sous contrôle de l’Etat. Il n’y a donc pas de nationalisation complète sous contrôle des travailleurs, mais les revenus de l’Etat issus du secteur énergétique ont été décuplés (de 200 millions de dollars en 2006 pour 2 milliards en 2008).

    ‘‘Ces revenus ont donné l’espace nécessaire à Morales pour mettre sur pieds ses célèbres Bonos (projets sociaux). Avec ces projets, Morales a pu assurer des subsides scolaires, des pensions, des allocations pour les dépenses de soin et la gratuité de certains produits de base. Si ces Bonos sont évidement les bienvenus pour la population pauvre, ils n’ont toutefois conduit à aucun changement fondamental.

    ‘‘Pour l’instant, la réforme agraire n’a qu’à peine été concrétisée. Morales a réparti 500.000 hectares de terres des grands propriétaires en faveur de la population paysanne. Cela semble être un pas important en avant, mais les terres touchées étaient inoccupées car économiquement inintéressantes. En fait, Morales ose s’en prendre relativement fortement aux intérêts des multinationales étrangères mais, face à la bourgeoisie nationale et aux grands propriétaires terriens, il est extrêmement prudent.

    ‘‘Enfin, une nouvelle constitution a été instaurée, assurant plus de droits et d’autonomie pour la population amérindienne. Après des décennies de racisme et de discrimination, cette avancée est très importante. Une nouvelle constitution ne met pas immédiatement fin au racisme, mais c’est une aide précieuse dans le cadre de la lutte contre le racisme et les discriminations. Il n’a d’ailleurs pas été seulement question de discrimination raciste, mais aussi sexuelle ou d’orientation sexuelle.’

    COMMENT PEUT-ON SAUVEGARDER ET ÉLARGIR CES RÉFORMES ?

    ‘‘Ces réformes représentent un pas important en avant pour les marxistes et pour les mouvements sociaux en général. Les victoires électorales successives du MAS ont temporairement affaibli la droite capitaliste. Mais pour garantir que la droite ne puisse retrouver son ancienne position, le MAS doit consolider son soutien parmi la population.

    ‘‘En général, les marxistes soutiennent de façon critique les candidats du MAS. Nous défendons les réformes de ces dernières années et luttons contre la droite. Mais afin d’éviter le retour de la droite, le régime doit rapidement opérer plus de changements fondamentaux.

    ‘‘Nous ne pouvons pas abandonner la lutte contre la droite et pour une rupture avec le capitalisme à la direction du MAS. Un changement socialiste de société n’est possible qu’en se basant sur la mobilisation active de la base de la société. A la place de cela, le gouvernement du MAS a instauré par en haut des réformes limitées et a tenté d’obtenir des compromis avec le système capitaliste. Cela n’est pas tenable à long terme.

    ‘‘La frustration est déjà bien présente parmi les travailleurs et les militants qui ont porté Morales au pouvoir parce que les choses ne vont pas plus loin et qu’il n’y a eu aucune rupture fondamentale avec le capitalisme et le latifundisme (structure agraire héritée du féodalisme). Cette frustration a régulièrement entraîné des actions, une lutte qui pourrait s’accroître au cas où le gouvernement ne serait plus en état de maintenir les actuelles concessions limitées dans ce contexte de crise économique. Vouloir temporiser la situation ne conduira qu’à un recul et c’est ce processus qui se développe pour l’instant. L’instauration d’une économie démocratiquement planifiée à la place du capitalisme est une nécessité.

    ‘‘Nous avons également assisté à un renforcement de la bureaucratie à l’intérieur du gouvernement et du MAS lui-même. Lors des élections locales du 4 avril, beaucoup de candidats du MAS ont ainsi été désignés par la direction nationale et non par des élections à la base. Parmi ces candidats, certains n’ont aucun lien avec les mouvements sociaux ou la lutte des travailleurs. Des protestations ont suivi, mais la direction n’en a pas tenu compte, ce qui a conduit à une certaine désillusion. Le régime tente aussi d’éviter les mobilisations et les actions indépendantes en incorporant la direction des mouvements sociaux à l’appareil d’Etat.

    ‘‘D’autre part, des capitalistes de droite ont également été acceptés dans le parti, selon l’argument que des compromis seraient ainsi possibles. Ce pragmatisme a connu de tristes sommets quand même quelques dirigeants d’une organisation d’extrême-droite ont été acceptés dans le MAS à Santa Cruz. La direction du MAS estime que les candidats de droite dans les provinces riches en minerais sont des gages de victoire. Elle sous-estime le danger de cette stratégie. Les opportunistes de droite serviront les intérêts du monde des affaires et des grands propriétaires terriens. Pour la droite, la position que lui offre le MAS est une opportunité de se renforcer et de lutter contre les réformes. Mais par-dessus tout, cela isole le parti de sa base véritable.

    ‘‘Afin de lutter contre ces développements, les ouvriers, les paysans et les jeunes qui ont porté ce régime de gauche au pouvoir doivent se battre pour assurer un contrôle démocratique sur le MAS, sur les campagnes et sur la direction du parti. La base du MAS est déjà très fortement organisée, elle doit utiliser cette force pour s’emparer elle-même du contrôle sur son parti. A ct effet, des comités locaux de membres du MAS peuvent être érigés tandis que des syndicats et des organisations paysannes peuvent s’organiser et lutter contre la bureaucratisation et pour le contrôle ouvrier sur le gouvernement et sur l’économie.

  • Morales écrase l’opposition de droite lors du référendum révocatoire

    Quelle voie suivre pour la lutte ?

    En dépit de ce qu’en disent les médias, le référendum révocatoire du 10 août en Bolivie ne s’est pas soldé par un statu quo. Evo Morales, le gouvernement du Mouvement Vers le Socialisme (MAS – Movimiento Al Socialismo), et les mouvements sociaux ont bel et bien vaincu l’opposition de droite ; en fait, ils l’ont écrasée. Le président Evo Morales et son Vice-Président, Alvaro Garcia Linera, ont été ratifiés avec 67,41% des votes, une augmentation de près de 14% par rapport aux 53,7% de votes avec lesquels ils furent élus en 2005. Ils ont obtenu plus de 50% dans 96 des 112 provinces de Bolivie, et le soutien pour Morales à même dépassé la barre des 2/3 (66,66%), un cap important puisque la droite a sans cesse tenté d’éviter les réformes progressistes et de bloquer le passage de la nouvelle constitution en déclarant que « la démocratie, c’est 2/3 ». La participation à ces élections fut aussi très élevée : 83,33% de la population a voté.

    Dans les départements traditionnellement alliés au MAS (La Paz, Oruro et Potosi), Morales a gagné plus de 83%, et dans des endroits supposés mitigés (Cochabamba et Chuquisaca), le président a obtenu respectivement 70,9% et 53,88%. Même dans les états de l’Est contrôlés par la droite, connus comme la « media luna » (la demi-lune), Morales a remporté 52,50% de votes positifs à Pando, 49,83% à Tarija, 43,71% à Beni et, dans le bastion de l’opposition à Santa Cruz, 40,75%.

    Un « Oui » pour Morales : un vote en faveur du socialisme, contre la droite.

    La victoire impressionnante de Morales n’est pas seulement un mandat populaire pour sa présidence. Elle reflète aussi le véritable désir du peuple bolivien pour le changement fondamental que Morales a promis d’apporter. Les paysans, la population indigène, les travailleurs et les pauvres de Bolivie ont voté « oui » car ils soutiennent la nationalisation complète de l’industrie des hydrocarbures et veulent plus de nationalisations. Ils ont voté « oui » parce qu’ils veulent se débarrasser des gros propriétaires fonciers et distribuer la terre aux communautés indigènes et aux paysans pauvres. Ils ont encore voté « oui » parce qu’ils veulent plus de programmes sociaux, comme la bourse pour les enfants en âge d’aller à l’école (le bon « Juancito Pinto »), et le nouveau programme de sécurité sociale (la « Renta Dignidad ») qui a pour but de garantir un niveau de vie digne de ce nom pour chaque enfant, chaque personne âgée, et chaque personne pauvre.

    Maintenant, nous qui sommes dans les mouvements sociaux, nous avons le droit et la responsabilité de réaliser la volonté du peuple, d’élargir et d’approfondir le processus de changement, et de le transformer en une véritable lutte révolutionnaire pour le socialisme.

    Premièrement, nous devons exiger un referendum sur la nouvelle constitution écrite par l’assemblée constituante du MAS et mobiliser nos forces pour assurer qu’elle soit approuvée. Bien que cette nouvelle constitution ne soit ni socialiste ni révolutionnaire, elle satisfait de nombreuses revendications émanant des mouvements sociaux, et a beaucoup d’aspects socialistes et révolutionnaires. Elle promet « une participation réelle et vigoureuse de l’Etat et de la société dans l’économie » et « interdit et criminalise les grands propriétaires terriens ». Elle garantit aussi « le droit à la vie et à l’intégrité, à la nourriture, à l’éducation, aux soins de santé, à un habitat et à un logement décent » et « à un travail digne et stable avec un salaire correct ». Aux communautés indigènes, elle garantit « des droits collectifs à une existence libre, à une identité culturelle, à la spiritualité, à la libre détermination, à un gouvernement propre et à un territoire, au sein de l’unité de l’Etat ».

    Tout comme en ce qui concernait le référendum révocatoire, nous ne devons pas soutenir la nouvelle constitution comme une fin en soi, mais comme un outil afin d’organiser et de mobiliser les mouvements sociaux, afin de politiser les gens au sujet de la nécessité du dépassement du capitalisme et de la construction d’une société socialiste.

    L’opposition ne va pas simplement accepter sa défaite démocratique. Elle va utiliser tout le soutien dont elle peut encore jouir dans les villes de la media luna, ses groupes de choc semi-fascistes et son contrôle économique pour attaquer les mouvements sociaux et le gouvernement du MAS. A présent, ils vont attaquer avec toute l’énergie du désespoir.

    Après avoir été ratifié à Santa Cruz, le préfet Rúben Costas a donné un discours de guerre et de division, abreuvant son auditoire et sa base sociale de haine, de peur et de racisme, et les préparant à une lutte difficile. Il a traité Morales de « dictateur » et de « singe » et a qualifié le gouvernement du MAS comme étant « le plus cruel des terroristes d’Etat de l’ère moderne ». Il a ensuite annoncé la continuation du projet illégal d’autonomie de la media luna (ce qui, légalement, revient à de la sédition), a annoncé des élections pour l’assemblée législative autonome illégale (également de la sédition), a appelé à la création d’une force départementale de police parallèle (encore de la sédition), et a révélé un projet de lancement d’une agence taxatrice départementale en vue de contrôler les ressources économiques (toujours de la sédition) (La Opinion, 11 August 2008). Le reste des préfets de la media luna ont donné des discours semblables.

    Le 15 août, cette violence s’est manifestée concrètement après une action de protestation menée par Rúben Costas et par le « Comité civique pour Santa Cruz », où les membres de « l’Union des Jeunes de Santa Cruz » ont attaqué la police et ont littéralement battu le chef de la police et un de ses lieutenants.

    Le 19 août, la droite a commencé à utiliser son pouvoir économique pour faire payer aux masses leur soutien à Morales. Les dirigeants de la media luna a mis en route un plan de lockouts patronaux et de barrages routiers, demandant plus d’argent de la nationalisation des hydrocarbures (à laquelle ils se sont opposés tout du long) ; et dans un bref aperçu du futur, ils ont également émis l’idée de réduire le flux de produits alimentaires en direction des départements de l’ouest de la Bolivie.

    Mais nous autres des mouvements sociaux, nous sommes l’immense majorité en Bolivie, et nous avons le droit de créer une société socialiste si c’est ce que nous voulons. En réponse à la sédition des préfets et des « comités civiques » de la media luna et des attaques violentes de l’Union de Jeunes de Santa Cruz, nous devrions arrêter, poursuivre et incarcérer toute personne impliquée.

    Et même, plus encore, à chaque fois que la droite organise une manifestation ou une action, il est de notre devoir d’y répondre avec toute la force des mouvements sociaux. Si l’opposition attaque nos manifestations, nos leaders, nos marchés et nos habitations, alors nous devons être organisés, mobilisés et préparés à nous défendre, et à les repousser physiquement. Car si nous ne répondons pas de cette manière, alors le fascisme et la droite s’étendront et se renforceront. Mais si nous sommes organisés et mobilisés, alors nous des mouvements sociaux sommes bien plus nombreux, bien plus forts, et capables d’écraser le fascisme en Bolivie.

    Les masses sont conscientes de cela et cette pour cette raison que lorsque Morales a fait son discours à La Paz après avoir triomphé contre la révocation, des dizaines de milliers de personnes ont crié : « mano dura, mano dura » (traduit littéralement par « une main dure »), en référence aux actions que nous devrions entreprendre contre l’opposition. Malheureusement, Morales a répondu avec un discours de conciliation et d’unité avec l’opposition de droite : « …cette unité peut être réalisée en liant la nouvelle Constitution Politique de l’Etat avec les statuts autonomistes de [la droite] ». Il a encore déclaré : « Je veux profiter de cette occasion pour saluer et exprimer mon respect aux préfets qui ont obtenu la ratification au référendum ; nous respectons la légitimité dont ils bénéficient, et je les appelle à travailler de manière unifiée. Lorsque nous nous serons unis aux autorités régionales, nous pourrons facilement satisfaire à toutes les demandes des secteurs et des régions du pays » (Evo Morales, 10 août 2008, La Paz).

    Mais les préfets racistes qui se battent pour les intérêts du grand patronat, des grands propriétaires terriens, et des multinationales ne méritent pas notre respect. L’ Alternative Socialiste Révolutionnaire (ASR – Alternativa Socialista Revolucionaria, CWI-Bolivie) se bat pour l’unité de la Bolivie, mais il n’est pas possible d’unir les intérêts des grands propriétaires terriens, des patrons et des multinationales avec ceux de la classe ouvrière, des paysans, des indigènes, et de la majorité pauvre. Donner cette illusion est quelque chose d’erroné et de dangereux pour les mouvements sociaux.

    Nous avons besoin du socialisme pour unir la Bolivie, satisfaire les revendications de la population et vaincre la droite

    L’ASR lutte pour l’unité de classe entre les travailleurs, les paysans, les indigènes et les pauvres de l’ouest et les travailleurs, les paysans, les indigènes et les pauvres de l’est. Jusqu’à présent, les changements effectués par Morales et le gouvernement du MAS ont été progressistes, mais très modérés. La majorité des nationalisations sont en fait des renégociations de contrats qui impliquent le versement de centaines de millions de dollars à quelques-unes des sociétés les plus riches du monde. L’éradication des grandes propriétés n’a toujours pas encore réellement commencé. Le gouvernement n’a redistribué que 500 000 hectares appartenant aux grands propriétaires terriens, mais il s’agissait de parcelles inutilisées, alors que seules 100 familles contrôlent 25 millions d’hectares de terrain tandis que 2 millions de paysans pauvres n’en possèdent que 5 millions (Programme de développement des Nations Unies). Enfin, les programmes sociaux sont une aide, mais ils sont loin de garantir une vie digne à la majorité de pauvres. En résumé, la droite a maintenu quasi tous ses instruments de contrôle sur l’économie, tandis que le peuple bolivien reste pauvre.

    Cela est problématique pour deux raisons. D’un côté, la droite peut utiliser son pouvoir économique pour attaquer la majorité pauvre et susciter de la frustration et de la désillusion dans les mouvements sociaux. Nous observons déjà les lockouts et les barrages routiers, qui ont provoqué une nouvelle augmentation des prix des denrées alimentaires. D’un autre côté, la droite peut utiliser ses richesses pour faire des concessions dans certains secteurs ciblés et par là diviser les masses. Une proposition récente de quasi doubler le salaire minimum à Santa Cruz à presque 1.000 Bolivianos par mois (143$) en cas d’obtention de l’autonomie du département illustre bien cette stratégie.

    Pour les travailleurs, un salaire minimum de 1.000 bolivianos par mois est nécessaire. Cependant, avec un programme qui permet à la droite de continuer à profiter de la majorité des richesses de la Bolivie, le gouvernement du MAS est impuissant face au populisme de droite. Il n’a pas assez d’argent et doit se contenter de déclarer que les propositions de la droite « ne sont pas viables ».

    La même chose s’est produite avec la juste revendication de la classe ouvrière pour un système de pension financé par l’Etat qui garantirait la retraite à 55 ans (l’espérance de vie en Bolivie est de 62,5 ans), ce que le gouvernement a qualifié de « non-viable ». Si le gouvernement du MAS ne trouve pas une manière de répondre au populisme de droite et de satisfaire les justes revendications de la classe ouvrière, il court le risque de perdre le soutien des travailleurs.

    Dans le but d’avoir assez de richesses pour remplir les justes revendications des travailleurs, des paysans, des indigènes et des pauvres, nous devons contrôler démocratiquement les ressources naturelles, les forces productives, et la distribution des richesses en Bolivie. Cela nous permettrait de planifier l’économie et d’orienter la production en vue de satisfaire les besoins de base de la population, plutôt que de se concentrer presque exclusivement sur les profits destinés à l’oligarchie et aux sociétés multinationales. Ce sont là les changements dont nous avons besoin : des changements socialistes révolutionnaires.

    Pour créer le socialisme, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’une victoire lors d’un référendum révocatoire, ni même de l’approbation d’une nouvelle constitution progressiste. Nous devons également être préparés à aller mener dans les rues la lutte contre l’opposition de droite. C’est pour cela que l’ASR appelle à la création de « Comités de défense et de lutte » afin d’ouvrir un espace de débat, de lutter et d’élire des représentants pour organiser les actions sur nos lieux de travail, dans les campagnes, dans les communautés indigènes, dans les quartiers pauvres, et dans les universités. Cela permettra aussi aux bases des mouvements sociaux de mener démocratiquement la lutte et d’unifier leurs actions à une échelle locale, régionale et nationale.

    Nous avons gagné le référendum révocatoire. Mais l’opposition de droite ne mourra pas simplement parce qu’elle a perdu son soutien démocratique. Pour remporter la lutte, mettre fin à cette opposition, et résoudre les problèmes de pauvreté et d’inégalité, il nous faut utiliser notre victoire du référendum et profiter de la campagne d’approbation de la nouvelle constitution pour nous organiser en Comités de défense et de lutte, mobiliser pour mettre fin au capitalisme et créer une société socialiste démocratique contrôlée par les travailleurs, les paysans, les indigènes, et les pauvres qui ensemble forment le peuple Bolivien.


    "Sans lutte, pas de progrès. Ceux qui professent la liberté mais déprécient l’agitation, sont des gens qui désirent des récoltes sans avoir à labourer la terre, de la pluie sans avoir à subir le tonnerre et les éclairs… Le pouvoir ne cède rien qui n’ait été exigé. Il ne l’a jamais fait, et il ne le fera jamais." – Frederick Douglass


    Liens:

  • Bolivie: Référendum frauduleux sur l’autonomie à Santa Cruz

    L’opposition de droite et les riches tentent de diviser le pays.

    Le moins que l’on puisse dire au sujet du référendum sur l’autonomie qui s’est tenu à Santa Cruz, en Bolivie, c’est qu’il était unique. Le référendum était contrôlé par un collège électoral pro-autonomie, administré par une entreprise privée contractée par les « autonomistes », supervisée par des observateurs électoraux qui étaient également pro-autonomie et enfin couvert par des médias pro-autonomie. Pas besoin d’être un fin observateur pour se rendre compte qu’il s’agit là d’une fraude.

    Celso Calfullan, Santiago, CIO Chili, (article publié le 6 mai 2008).

    Mais le plus incroyable, c’est qu’après une campagne menée par tous les médias pro-autonomie, après l’intimidation, après les menaces violentes de groupes comme « Unión Juventud Cruceñista » (un groupe avec des caractéristiques fascistes), les « démocrates » de Santa Cruz n’ont pas réussi à atteindre leur objectif. Plus de 50% de la population a voté contre l’autonomie ou s’est abstenu.

    Néanmoins, les forces pro-autonomie ont déclaré que 85% des personnes avaient voté en faveur de leur proposition. Même Pinochet, l’ancien dictateur de droite du Chili, qui semble être d’une certaine inspiration aux forces pro-autonomistes en Bolivie, n’aurait pas eu le cran de sortir avec de telles conclusions après un référendum.

    Ce référendum sur l’autonomie est la première étape d’un plan réactionnaire. Le mois prochain, d’autres référendums sur l’autonomie auront lieu dans les départements de Tarija, de Beni et de Pando. L’idée sous-jacente est de stopper le gouvernement de Morales et d’empêcher les changements que le gouvernement propose.

    Le département de Santa Cruz et ces trois autres départements représentent ensemble deux-tiers du territoire bolivien, un tiers de sa population et plus de 50% du PIB de la Bolivie. Ce plan est également considéré par deux autres départements – Chuquisaca et Cochabamba – qui voudraient suivre les pas des séparatistes.

    Le racisme et la division vont de pair

    Même s’ils font de leur mieux pour l’occulter, l’attitude « diviser pour mieux régner » et le racisme des partisans de l’autonomie de Santa Cruz ressortent évidement des déclarations de ses dirigeants les plus importants. Les porte-paroles publics des « autonomistes » peuvent à peine cacher leur haine et leur mépris pour Evo Morales (qui est un indigène) quand ils l’accusent d’être un centralisateur, un autoritaire, un radical et un fondamentaliste. Leur slogan principal devrait être : « Pour une Bolivie sans indigènes ».

    Le cynisme de ces dirigeants n’a aucune limite. Rubén Costas par exemple, le préfet du département de Santa Cruz, a dit que le référendum sur l’autonomie est une réponse au centralisme du gouvernement. Il est clair que l’objectif des « autonomistes » est de créer une telle tension et une telle polémique qu’on en vienne à une confrontation ouverte, chose qui inévitablement aura des conséquences dans les autres pays de la région.

    Mais même avec le contrôle de l’économie et des médias dans les mains des « des autonomistes réactionnaires », ces derniers n’ont pas pu convaincre la majorité de la population de Santa Cruz de leur division et de leurs plans racistes.

    L’autonomie de Santa Cruz pour les intérêts de qui ?

    Plusieurs observateurs conviennent que l’idée de l’autonomie provient de quelques cent familles qui contrôlent plus de 25 millions d’hectares de terre ainsi que l’industrie agricole, le commerce domestique, les banques et les grands moyens de communication. Ces clans, ainsi que les politiciens qui ont fait partie des anciens gouvernements des ex-présidents comme Gonzalo Sánchez de Lozada, Jorge Quiroga ou Jaime Paz Zamora, sont devenus des adversaires puissants du gouvernement Morales. Ces gens possèdent cinq fois plus de terre que deux millions de paysans et ‘indigènes.

    L’institut national de la réforme agraire (Instituto Nacional de Reforma Agragia – INRA) rapporte que cinq familles détiennent à elles seules un demi-million d’hectares de terres arables. Elles ont aussi l’avantage d’être près du marché et ont donc moins à dépenser en transport que les paysans de l’ouest du pays.

    Avec l’arrivée au pouvoir d’Evo Morales, ces familles ont été confrontées à la possibilité que le nouveau gouvernement effectuerait des réformes pour redistribuer la terre en faveur des indigènes et des paysans, elles ont donc employé leur puissance pour créer un mouvement politique et social qui vise à diviser le pays afin de s’assurer que la nouvelle constitution élaborée par le gouvernement Morales ne soit pas applicable.

    Contradictions au sein du gouvernement Morales

    Malheureusement, Morales, et d’autres autour de lui, expriment plusieurs des grandes contradictions qui existent parmi le gouvernement. Le gouvernement doit être plus clair en expliquant et prenant effectivement des mesures concrètes pour mettre en application la réforme agraire. La terre doit appartenir à ceux qui la travaillent et doit garantir le droit à l’autodétermination des peuples indigènes, sans ambiguïté ou négociations vis-à-vis des propriétaires qui occupent le territoire.

    La période qui a précédé ce référendum sur l’autonomie aurait dû être le moment durant lequel le gouvernement aurait dû passer à l’offensive en prenant les premières mesures vers la réforme agraire et en expliquant aux paysans indigènes et aux pauvres les objectifs du gouvernement. Cela n’aurait au contraire pas dû être le signal pour entamer des négociations avec les propriétaires.

    La situation politique en Bolivie est trop compliquée pour compter avec l’ambiguïté. Ce n’est pas suffisant que le gouvernement affirme que le référendum était illégal quand l’opposition réactionnaire n’ s’occupe pas de la légalité, de la démocratie ou de la constitution puisqu’aucune ne sert à défendre ses intérêts. Le dialogue n’arrêtera pas la conspiration de l’oligarchie. La conspiration réactionnaire doit être brisée maintenant et avant que l’opposition de droite n’aient eu le temps de se renforcer.

    Il est clair que la majorité des Boliviens, dans les villes et dans les campagnes, est contre les tentatives de division à l’instigation des parties conservatrices et réactionnaires de la société. La majorité de la population ne peut pas être emprisonnée par une petite minorité d’oligarques.

    Nous devons démocratiser le pays

    L’unité des travailleurs et des indigènes est fondamentale pour défendre le processus bolivien. Nous ne pouvons pas accepter que la terre soit concentrée dans les mains d’un petit nombre de familles. Nous ne pouvons pas accepter que la majorité des usines soient contrôlées par un petit nombre d’employeurs. Nous ne pouvons pas accepter que les moyens de communication soient concentrés dans les mains de quelques uns. Tout ceci est injuste et totalement antidémocratique.

    La terre doit appartenir à ceux qui la travaillent. Les usines appartiennent à ceux qui produisent. Les médias doivent être au service de la totalité de la population et non pas au service d’une minorité d’oligarques.

    Il est impossible d’avancer sans marcher vers le socialisme. Les travailleurs ont besoin d’une démocratie des travailleurs, ils ont besoin d’une société socialiste.


    Pour en savoir plus

  • La Bolivie à un moment crucial

    De violentes confrontations peuvent survenir

    En novembre et décembre de l’an dernier, la Bolivie était au bord de la guerre civile. L’opposition de droite des provinces orientales riches en gaz avait déclaré l’autonomie en protestation contre la nouvelle Constitution. Ils ont appelé à une grève générale, amenés des gangs armés dans les rues et menacé de casser le pays. Les Ponchos Rojos, un mouvement indigène armé, est venu en soutien du gouvernement. Bien que, depuis lors, la menace de guerre civile s’est amoindrie, la faillite de Morales à rompre avec le capitalisme signifie que la situation pourrait entrer dans une spirale hors de tout contrôle au cours des prochains mois.

    Karl Debbaut, Comité pour une Internationale Ouvrière

    En prenant fonction l’année dernière, Evo Morales, le président bolivien, avait promis de « refondre » le pays, une demande de longue date du mouvement ouvrier et social, en réécrivant la Constitution.

    En Bolivie, le pays le plus pauvre d’Amérique Latine, la classe ouvrière, la paysannerie pauvre et la population urbaine pauvre souffrent d’une pauvreté et d’un dénuement bien plus extrêmes que n’ont à subir leurs frères et sœurs du reste du continent. Tandis que plus que la moitié de la population bolivienne vit sous le seuil de pauvreté, les 10% les plus riches reçoivent 40% des revenus du pays.

    Récemment, une inflation élevée affectant particulièrement les prix des denrées alimentaires a aggravé la pauvreté dans la région andine. Les services de santé déclarent que 30% des enfants péruviens souffrent de malnutrition chronique. Ce chiffre atteint 90% dans certains villages, principalement habité par le peuple indigène, dans le département péruvien d’Apumaric. Les enfants de quatre ans ont presque une tête de moins que la taille qu’ils devraient avoir à cet âge selon les standards de croissance. La situation est tout aussi choquante en Equateur et en Bolivie.

    Les développements politiques en Bolivie, bien qu’ils n’aient pas le même impact international, sont aussi importants que ceux au Venezuela. Les organisations indépendantes des travailleurs boliviens sont, pour des raisons historiques, plus développées qu’au Venezuela. En tant que force politique, ils sont moins influencées par les partis politiques réformistes tels que le MAS (le Mouvement pour le Socialisme, fondé en 1997) dirigé par le président Evo Morales.

    L’arrivée au pouvoir d’Evo Morales l’année dernière, en tant que premier président indigène dans un pays avec une majorité indigène, a ouvert la voie à des développements dramatiques. La grande masse du peuple attendait du gouvernement Morales qu’il dirige une rupture décisive avec le système capitaliste. Le gouvernement du MAS, arrivé au pouvoir dans un contexte de mouvements de masses puissants qui avaient balayés plusieurs présidents de droite, a réalisé certaines des attentes de la classe ouvrière et des pauvres et a présenté quelques réformes.

    La renégociation des contrats concernant le gaz avec les multinationales en mai 2006, qualifié avec erreur de « nationalisation », a été le changement le plus radical opéré par le gouvernement. Morales, cependant, a hésité devant l’exigence principale du mouvement de masse : l’exigence d’une rupture décisive avec le système capitaliste.

    Impasse

    L’impasse actuelle autour d’une nouvelle constitution illustre qu’une politique qui tente de calmer l’élite riche est extrêmement dangereuse pour le mouvement de masse. La politique gouvernementale de « un pas en avant, deux pas en arrière » a permis à l’opposition de se réorganiser tout en permettant à la mobilisation et à l’énergie des masses de s’évaporer temporairement. La faiblesse du gouvernement a incité l’agression de la classe dirigeante bolivienne et a conduit le pays au bord de la guerre civile. Pour la presse internationale et les commentateurs, le gouvernement doit engager des pourparlers et trouver un accord avec l’opposition de droite. Ils prêchent un statu quo qui est aussi insupportable pour les masses qu’il est inacceptable pour l’élite dirigeante. Pour le gouvernement Morales, le statu quo signifie l’exploitation, la pauvreté, et la discrimination pour la masse de la population au profit de l’élite dirigeante « blanche ». Pour l’élite, il représente une menace persistante à leur pouvoir économique et politique et, avec les organisations de masse des pauvres intactes, une menace continue pour leur règne.

    Le gouvernement du MAS d’Evo Morales a installé une assemblée constitutive le 6 août 2006 pour écrire une nouvelle Constitution. L’opposition de droite a immédiatement employé la concession du gouvernement – selon laquelle n’importe quelle Constitution proposée doit être acceptée par les deux tiers de l’assemblée – pour saboter des procédures.

    Après 16 mois de travail, l’Assemblée Constitutionnelle, suspendue pendant sept mois durant cette période, n’a pas réussi à trouver un accord sur un simple article de la nouvelle Constitution. Le gouvernement du MAS a tenté de conclure un accord avec les représentants politiques de l’élite bolivienne, a fait appel à l’unité nationale, a organisé des protestations de masse pour faire pression contre elle, mais a vu l’opposition se renforcer durant ce processus.

    La date limite pour les travaux de l’Assemblée Constitutionnelle était le 14 décembre 2007, la majorité composée du MAS a décidé avant cette date de rouvrir la session de l’Assemblée dans une caserne militaire près de la ville de Sucre pour approuver une ébauche de Constitution. Les partis d’opposition ont boycotté cette réunion, clamant que cette réunion était illégale. Le MAS a voté pour la nouvelle Constitution qui sera soumise à un référendum à la fin de cette année.

    Menace de guerre civile

    Le 15 décembre, deux Bolivie ont pris les rues : la Bolivie indigène, pauvre et ouvrière pour soutenir Evo Morales le jour où la nouvelle Constitution a été proposée au parlement, la Bolivie riche, propriétaire foncière et « blanche » a marché dans les rues de Santa Cruz pour célébrer la déclaration d’autonomie par cet état et trois autres (Pando, Tarija et Beni). Ces quatre états détiennent 80% des réserves de gaz et de pétrole du pays. Ils ont été soutenus par les gouverneurs de Cochabamba et de Chuquisaca.

    Les aspirations à l’autonomie ou au séparatisme de la part de l’élite riche bolivienne n’a rien à voir avec le droit à l’auto-détermination généralement soutenu par les marxistes pour les nations opprimées et les minorités. Cette demande provient de l’élite riche en vue d’essayer de saboter n’importe quelle tentative de changement social en Bolivie. Ils ont menacé Morales de garantir l’autonomie ou à faire « face à la réalité que la Bolivie aura de nouvelles frontières ».

    L’aile droite emploie la question de l’autonomie de la région la plus riche de la Bolivie, tout comme elle a employé la polémique sur la ville qui devrait être la capitale du pays, pour exposer la faiblesse du gouvernement morales et casser l’unité du mouvement social. L’opposition a déjà partiellement réussi à monter les populations pauvres de différents Etats les unes contre les autres.

    Ces six Etats avaient appelé à une « grève générale » en novembre pour protéger leurs privilèges et protester contre la nouvelle Constitution. Pendant la « grève générale », ils ont mobilisé des troupes semi-fascistes et fascistes prêtes à casser les organisations sociales et les représentants politiques des travailleurs et des pauvres.

    Il est clair que la réaction est armée jusqu’aux dents et qu’elle veut plonger le pays dans l’abîme de la guerre civile si cela est nécessaire pour protéger leurs privilèges. Dans cette défense féroce de leurs propres intérêts, ceux du capitalisme et des propriétaires terriens, le racisme et la haine historique contre le peuple autochtone refont surface. L’attitude de cette oligarchie est illustrée par cet employeur de Santa Cruz qui a demandé à un journaliste espagnol : « Viens, dis-moi,… Comment avez-vous réussi à diviser le peuple indigène ? »

    Une victoire de l’aile droite conduirait à une dictature capitaliste, à une vicieuse contre-révolution qui essayerait de casser non seulement le parti de Morales, mais aussi toutes les organisations sociales des travailleurs, des pauvres et des paysans.

    L’élite regarde comment mener sa vengeance contre la classe ouvrière et les pauvres en raison de la « guerre de l’eau », de celle du gaz, du renversement de leurs présidents et de la victoire de Morales. Si elle réussi, elle renverrait le mouvement en arrière pour des décennies.

    Les troupes réactionnaires armées de la jeunesse de Santa Cruz doivent être confrontées au mouvement des travailleurs et des indigènes. Nous les appelons à suivre l’exemple de « La Coordinadora de Juventudes Anti-Fascista » (la Coordination Anti-Fasciste) à Cochabamba, une initiative prise par la section bolivienne du CIO.

    La Coordinadora est un comité rassemblant les différentes organisations ouvrières et sociales pour organiser la défense du mouvement social, de ses sièges, des voisinages et de ses manifestations. Des comités de ce type, avec des représentants démocratiquement élus, ont besoin d’être installés partout en Bolivie.

    La coordinadora a démontré ce qui est possible. Le 4 décembre, ils ont organisé une manifestation de 10.000 personnes à Cochabamba avec l’appui de plus de 15 organisations comprenant des syndicats, la fédération des travailleurs terriens et différents groupes de jeunesse.

    Les peuples indigènes

    La reconnaissance et les droits des peuples indigènes sont des thèmes centraux en Bolivie, comme dans beaucoup d’autres pays latino-américains. La majorité indigène – majoritairement pauvre et ouvrière – a été brutalisée et opprimée durant des siècles d’impérialisme, d’exploitation par les propriétaires terriens et par le capitalisme.

    Quand la Bolivie a proclamé son indépendance et sa première Constitution en 1825, tout le monde a acquis le droit de vote. Tout le monde, excepté le peuple indigène qui représentait alors approximativement 90% de la population. La nouvelle Constitution proposée par Evo Morales reconnaît pour la première fois les droits et les langues des 36 peuples indigènes qui habitent en Bolivie.

    La détermination du peuple indigène à lutter pour un changement révolutionnaire et la conscience de cette importance a été démontrée quand Morales, en février 2007, a décidé de céder à la pression de la droite qui a exigé que les Ponchos Rojos renoncent à leurs armes. Felipe Quispe, un dirigeant Aymará, a défendu le droit d’être armé en disant : « Nous sommes en danger. Ils vont nous désarmer et c’est de l’escroquerie. Grâce à nos Mausers (fusils), Evo Morales est président. Sans nos armes, nous n’aurions pas été capables de battre l’armée à Warisata [ pendant la « guerre de l’eau »] le 10 septembre 2003. Avec ces armes, nous avons renversé Gonzalez Sánchez de Losada [ ex-président qui s’est sauvé aux USA en 2003] ».

    La nouvelle Constitution a également promis la participation « réelle et vigoureuse de l’Etat et de la société dans l’économie » ; elle interdit et punit le pouvoir des propriétaires terriens ; elle garantit le « droit à la vie, à la nourriture, à l’éducation, à la santé et au logement décent et adéquat ». En outre, elle offre le « droit de travailler à un salaire juste ».

    Tous ces éléments sont positifs mais sont, dans les conditions du capitalisme, impossibles à obtenir pour la majorité du peuple. Néanmoins, le CIO appelle au « OUI » lors du référendum sur la nouvelle Constitution. Une victoire serait une défaite pour la droite et cela donnerait plus de confiance aux masses dans leur capacité à lutter.

    Cependant, la question la plus importante demeurera non résolue car la classe régnante de la Bolivie gardera dans ses mains la richesse et les moyens pour produire cette richesse. Morales et le gouvernement du MAS mènent le mouvement des masses vers la ruelle aveugle de l’essai de parvenir à un accord avec la classe dirigeante en construisant un « capitalisme des Andes ».

    Cette expression a été inventée par Alvaro Garcia Linera, vice-président bolivien, pour signifier un capitalisme plus égal et plus juste qui favoriserait le développement social au lieu de la production pour le bénéfice d’une minorité. Cette idée tout à fait fausse prépare une défaite plus dévastatrice que la précédente. Chavez a perdu son propre référendum au sujet des changements dans la Constitution vénézuélienne. Le recours à des demi-mesures, éviter de prendre le pouvoir économique et politique hors des mains de la classe dirigeante capitaliste et de l’impérialisme, tout cela invite la contre-révolution et la défaite de la classe ouvrière et des pauvres.

    L’année prochaine, les masses boliviennes seront invitées à voter non seulement sur la Constitution, mais également sur d’autres questions. Morales a lancé l’idée d’un « referendum de rappel » pour lui-même et les neuf gouverneurs des provinces. Il espère pouvoir se débarrasser des gouverneurs pro-opposition par les urnes ou au moins employer la menace d’un référendum de rappel pour parvenir à un accord avec l’opposition au sujet de sa demande d’autonomie.

    C’est une stratégie dangereuse car elle compte sur une mobilisation quasi-permanente des masses, sans fournir aucun changement radical des conditions de travail et de vie. Elle donnera également à l’opposition différents points pour rassembler ses forces et pour leur permettre de fabriquer et employer la confusion pour faire dérailler le mouvement social. Toute ceci a lieu dans un contexte d’augmentation des prix des denrées alimentaires, de la pénurie de pétrole pour la population et du sabotage économique par l’élite dirigeante.

    Il semble que le gouvernement de Morales et les gouverneurs des provinces sont parvenu à un accord provisoire pour passer en revue la Constitution et négocier plus d’autonomie pour les régions. La menace immédiate de la guerre civile a reculé. Cependant, une confrontation violente pourrait éclater plus tard car il n’y a aucune sortie de l’impasse actuelle pour les masses ou pour l’opposition.

    Revolution

    La revendication d’une assemblée constitutive révolutionnaire doit être portée avec force en Bolivie, par l’organisation de comités de masse dans les usines, les lieux de travail, les quartiers, les localités et les organisations de la classe ouvrière et de la paysannerie.

    Les représentants à l’assemblée constitutive révolutionnaire devraient être élus par les travailleurs et les masses paysannes, soumis à la révocation et être contrôlés par les comités qui les ont élus. L’assemblée devrait plaider la réalisation de la nationalisation complète de grandes propriétés et des principales industries ainsi que l’introduction d’une économie démocratiquement planifiée. Une assemblée constitutive révolutionnaire concrétiserait la demande d’un « Gouvernement Ouvrier et Paysan », une revendication historique du mouvement ouvrier bolivien.

    Seul un programme révolutionnaire et socialiste peut réussir à changer la société de façon décisive en fonction des intérêts de la masse de la population.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop