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10 ans après le début de la guerre en Irak
La moisson impérialiste de la mort et la destruction
Il y a dix ans de cela, sous la dénomination, la coalition dirigée par les États-Unis attaquait l’Irak. Malgré une énorme opposition publique, symbolisée par dix millions de manifestants anti-guerre à travers le monde le 15 et 16 février 2003, la campagne ‘‘choc et effroi’’ de bombardement débuta le 20 mars suivie, quelques heures plus tard, de l’invasion territoriale.
Par Niall Mulholland, Socialist Party (CIO Angleterre et Pays de Galles)
L’énorme force militaire envahissait une population qui avait souffert de 35 ans de dictature sous Saddam Hussein, de la guerre du Golfe de 1991, et de 13 ans de sanctions cruelles des Nations Unies, qui ont détruit l’économie irakienne, réduit des millions de gens à la pauvreté et couté de un demi-million à un million de vies irakiennes.
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‘‘Ravager, massacrer, usurper sous de faux noms, ils appellent cela l’empire ; et, où ils ont fait un désert, ils disent qu’ils ont donné la paix.’’ Caius Cornelius Tacitus (Tacite, 56-117), historien romain.
La fiction des armes de destruction massive
La guerre de 2003 fut « justifiée » par un torrent de propagande et de mensonges émanant de Washington et de Downing Street, relayé par la complicité de l’appareil médiatique de droite.
Le président Bush accusait alors le dictateur irakien, Saddam Hussein, de tenter d’acquérir de l’uranium pour développer des « armes de destruction massive ». Le secrétaire d’État américain, Colin Powell, annonça aux Nations Unies que l’Irak se munissait de capacité d’armes biologiques. Tony Blair, le premier ministre anglais du Labour Party, proclama que les armes de destruction massive irakiennes pouvaient être prêtes à être utilisées « dans les 45 minutes ». Saddam fut aussi accusé de soutien à Al-Qaida.
Tout ceci n’était que mensonges. Très vite après l’invasion, les forces occupantes ne purent apporter les preuves d’existence des armes de destruction massive de Saddam ou des liens entre l’ancien régime de Saddam et le « terrorisme ». En fait, ce fut l’occupation qui causa le ressentiment qui permit à la terreur d’Al-Qaida de s’installer en Irak.
A la veille du 10ème anniversaire de la guerre, l’ancien premier ministre déclarait encore à la BBC : « Quand vous me demandez si je pense aux pertes de vie depuis 2003, bien sûr. Je serais inhumain de ne pas le faire, mais pensez à ce qui serait arrivé si on avait laissé Saddam en place. »
Les commentaires habituels de Blair ne s’attachent pas à l’énorme coût humain de la guerre. Selon plusieurs études ; de 2003 à 2011, de 150.000 à 400.000 irakiens ont violemment perdu la vie. The Lancet, journal médical réputé, a estimé un chiffre encore plus gros de 600.000 morts violentes entre 2003 et 2006 seulement. Ajouté à cela, il y a des milliers d’irakiens qui sont toujours portés disparus et des milliers d’américains, d’anglais et d’autres soldats de la coalition militaire qui ont péris ou ont été sévèrement blessés.
La moisson de la mort en Irak a laissé 2 millions de veuves qui doivent, seules, rapporter le pain dans leur foyer et 4 à 5 millions d’orphelins (dont 600.000 qui vivent dans les rues). La guerre a poussé 4 millions de personnes à fuir, dont 1 million vers la Syrie. 1,3 millions d’irakiens ont dû fuir ailleurs en Irak. Depuis 2008, de ceux-ci, seule 1 personne sur 8 de a pu rentrer chez elle.
L’aventure irakienne de Bush et Blair a également eu un énorme coût pour l’économie américaine. Selon l’économiste Joseph Stiglitz, ancien chef de la Banque Mondiale, cela a prélevé 3 trillions de dollars hors de l’économie américaine. Alors qu’il y a toujours des fonds pour mener des guerres à l’étranger pour le compte des profits et des intérêts commerciaux, les travailleurs anglais et américains voient leur niveau de vie tomber dramatiquement.
Les justifications de Blair continuent
Les interviews de Blair n’arrivent pas à lui faire avouer les véritables raisons de l’invasion. A la place de la guerre d’agression impérialiste, c’est « l’intervention humaniste » et les tentatives de Blair et de Bush d’exporter la démocratie libérale de type occidentale au Moyen Orient qui est présentée.
Les classes dirigeantes internationales étaient divisées quant à l’Irak. Les pouvoirs mondiaux et régionaux étaient craintifs quant aux conséquences de l’invasion et aux gains que les États-Unis allaient se faire sur leur dos. Les néo-conservateurs de Bush ont tout de même poussé à la guerre.
Les impérialismes américain et britannique, qui avaient précédemment soutenu Saddam, ne sont pas partis en guerre pour arrêter l’oppression, introduire des droits démocratiques ou améliorer les niveaux de vie.
Pendant des décennies, le régime sadique de Saddam a tué et terrorisé les irakiens tout en profitant du soutien occidental. Après le renversement d’un autre despote favori des occidentaux, le Shah d’Iran, l’occident encouragea Saddam à envahir son voisin. Des millions de personnes périrent ou souffrirent de terribles blessures à la suite de cette guerre qui dura 8 années.
Mais Saddam, en envahissant le Koweït voisin en 1991, est allé à l’encontre des intérêts des impérialistes occidentaux. Le potentiel qu’avait Saddam de contrôler l’approvisionnement vital en pétrole a terrifié les pouvoirs occidentaux qui ont très rapidement constitué une force militaire massive.
Lors de la première guerre du Golfe, la coalition menée par les États-Unis a vite repris le petit État riche en pétrole mais fut arrêtée aux frontières irakiennes. Peu d’intérêt fut porté à l’opposition à Saddam en 1991. Les forces militaires occidentales croisèrent les bras alors qu’un soulèvement des chiites et des kurdes fut brutalement réprimé par le dictateur.
Exploitant cyniquement l’attaque terroriste atroce d’Al-Qaida du 11 septembre 2001, la Maison Blanche et Downing Street ont avidement sauté sur l’opportunité d’une intervention militaire directe pour renverser Saddam et pour imposer un régime docile pro-occidental.
S’emparer du contrôle des réserves abondantes de pétrole irakien, estimé à 9% du total mondial, était un objectif clé pour l’impérialisme américain, en tant qu’intérêts géostratégiques vitaux dans le Moyen-Orient.
Peut-être était-ce pour éviter que ces véritables intentions ne deviennent de notoriété publique que le Cabinet a insisté pour que le rapport Chilcot publié tardivement ne contienne aucune preuve évidente qui pourrait révéler de quoi discutaient Bush et Blair avant l’invasion.
Appui aux dictateurs
Avant la première guerre du Golfe et les années de sanction, le taux d’alphabétisation en Irak dépassait les 90%. 92% des irakiens avaient accès à l’eau potable et 93% bénéficiaient de soins de santé gratuits.
En 2011, après l’occupation impérialiste, 78% des adultes sont instruits et 50% de la population vit dans des bidonvilles (17% en 2000).
Plus d’un million d’irakiens sont exilés à travers l’Irak. Près de la moitié des 400.000 réfugiés dans la capitale (personnes déplacées victimes de la terreur sectaire) vivent dans la misère des bidonvilles.
Selon la Banque Mondiale, un quart des familles irakiennes vit sous le seuil de pauvreté. Moins de 40% des adultes disposent d’un emploi. Des millions de personnes manquent d’électricité, d’eau potable et d’autres services essentiels.
[/box]Bush et Blair n’ont pas été confrontés à la justice pour leurs crimes de guerre irakiens. La Cour pénale internationale, tout comme les Nations Unies, est dominée par les intérêts des Etats-Nations les plus puissants. Seuls les anciens despotes et les seigneurs de guerre des Balkans et d’Afrique, qui s’étaient confrontés à l’impérialisme, ont été poussés devant la Cour à La Haye.
Parmi toutes ses justifications pour ses massacres de guerre, Blair a demandé « Si nous n’avions pas retiré Saddam du pouvoir, pensez juste, par exemple, ce qui serait arrivé si les révolutions arabes s’étaient poursuivies à l’heure actuelle et que Saddam, qui est probablement 20 fois pire qu’Assad en Syrie, essayait d’écraser un soulèvement en Irak ?
Il est incontestable que Saddam était un tyran brutal et que son régime a massacré de nombreuses personnes dont des communistes et des syndicalistes. Mais l’ancien premier ministre n’a aucun problème avec les dictateurs en-soi. Les associés de Tony Blair conseillent aujourd’hui le despote du Kazakhstan, Nazarbayev, le boucher des travailleurs du pétrole en grève. Et l’Irak « libérée » de Blair est actuellement dirigée par le Premier Ministre Nouri al-Maliki, que même le journal de droite The Economist accuse de « tendances dictatoriales ».
L’invasion de 2003 a considérablement augmenté parmi les arabes le sentiment d’humiliation et d’injustice vis-à-vis de l’impérialisme. Cela a été un facteur important qui a conduit aux révolutions de 2011 contre les dictateurs soutenus par l’occident dans le Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Tout comme cela a semé la colère contre l’absence de droits démocratiques, le chômage de masse et la pauvreté dans ces sociétés.
Le « Printemps arabe » ne justifie pas du tout l’aventure néocoloniale de Blair mais confirme en fait nos positions dans le déroulement de la guerre en Irak : que le renversement du tyrannique Saddam était la tâche de la classe ouvrière irakienne par un mouvement de masse unifié.
Fin 2010 et début 2011, le renversement des proches alliés de l’occident, Ben Ali et Moubarak – qui étaient des dictateurs soi-disant « imprenables » tout comme Saddam – a montré que c’est aussi une voie d’action possible pour les masses irakiennes.
« Résoudre le conflit israélo-palestinien ? »
John Prescott, Vice-Premier ministre du Royaume-Uni (Labour) en 2003, aujourd’hui Lord Prescott, a admis récemment à la BBC que l’invasion de l’Irak en 2003 « ne pouvait être justifiée ». Il a déclaré avoir soutenu l’invasion parce qu’il croyait que George Bush avait un plan pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Bush et Blair ont proclamé que la défaite de Saddam Hussein pouvait être une impulsion pour un nouveau plan pour la paix en Israël et en Palestine. Mais comme nous l’avions prévu en 2003, l’oppression des palestiniens allait continuer sans relâche après l’invasion irakienne. Pour ses propres intérêts impérialistes géostratégiques, les États-Unis continuent de soutenir Israël, son plus proche allié dans la région, pendant que l’indépendance et l’auto-détermination palestiniennes sont plus éloignées que jamais.
Dans une interview accordée à l’édition nocturne de la BBC, Blair a consenti que « la vie quotidienne en Irak aujourd’hui n’est pas ce qu’il souhaitait qu’elle soit » quand il a mené son invasion dix ans plus tôt. Il poursuivait en disant qu’il y avait des « améliorations significatives » mais que « c’était loin d’être ce que ça devait être ».
C’est un euphémisme ! Nous nous sommes résolument opposé à l’intervention impérialiste en 2003 et prédisions très justement que cela mènerait à l’oppression et au chaos – ouvrant les portes à une conflit sectaire – et que l’impérialisme serait englué dans un long conflit.
La politique impérialiste de dé-Baasification du régime de Saddam largement basé sur les sunnites et la dislocation de l’armée irakienne, a entraîné des purges sectaires des sunnites. Cela a enflammé la résistance de ceux-ci.
L’occupation coloniale brutale, incluant la torture et l’abus systématique des civils dans les prisons comme celle d’Abu Ghraib, le siège de la ville de Falloujah et le massacre de combattants de la résistance et de beaucoup de civils dans des villes comme Haditha et Balad, ont provoqué une opposition de masse croissante – non exclusivement sunnite – contre l’occupation menée par les États-Unis. Le sentiment anti-guerre a grandi aux États-Unis, en Angleterre et partout dans le monde.
En dépit de son impressionnante machine militaire et de son trésor de guerre, la coalition fut incapable d’écraser la résistance et a recouru à la technique de « diviser pour mieux régner ». Ils ont soutenu les chiites contre les sunnites, créant une orgie de sang.
Conséquences
En 2004, selon des enquêtes du Guardian et de la section arabe de la BBC, l’administration Bush s’est tournée vers « l’option salvadorienne » – nommée ainsi suite au rôle joué par les États-Unis dans la gestion des escadrons de la mort d’extrême droite au Salvador dans les années ‘80. Les milices chiites ont été armées et financées par les États-Unis. Des centaines de milliers d’irakiens ont été tués et des millions exilés par la suite. Les sunnites furent les grands perdants de la guerre civile sectaire.
Une constitution imposée par les États-Unis a institutionnalisé les divisions sectaires et ethniques. Les élections en 2005 ont vu les partis chiites remporter la majorité au parlement et le poste de premier ministre.
Une classe dirigeante corrompue et réactionnaire et des partis politiques sectaires se battent pour les ressources naturelles irakiennes pendant que la majorité de la population vit dans la pauvreté. Bien que l’Irak dispose de 100 milliards de dollars annuels en revenus pétroliers, très peu de cet argent est alloué à la population. L’Irak est le 8ème pays le plus corrompu au monde selon Transparency International.
La Capitale Bagdad, qui héberge un cinquième des 33 millions d’irakiens, est toujours une ville en guerre, divisée par les postes de contrôle militaires et en proie aux attentats sectaires. Bagdad et le centre du pays souffrent quotidiennement de bombardements, d’assassinats et d’enlèvements.
L’héritage de Bush et de Blair comprend un quintuplement des malformations congénitales et une multiplication par quatre du taux de cancer dans et autour de Falloujah. Ce sont des conséquences de l’utilisation par les forces de la coalition de munitions radioactives appauvries en uranium.
Les politiciens occidentaux aiment différencier Bagdad à la paix relative qui règne dans la région kurde riche en pétrole et dans les provinces majoritairement chiites. Mais ce n’est qu’illusion.
Les chiites dans le sud sont relativement protégés car une communauté domine largement. Le chômage y est cependant élevé et la plupart des chiites vivent encore dans une pauvreté effroyable.
Les Kurdes
Des tensions entre les Kurdes, les Arabes et d’autres minorités sont toujours présentes dans le gouvernement régional kurde semi-indépendant. Au grand dam du gouvernement central de Bagdad, le régime kurde a conclu 50 accords pétroliers et gaziers avec des compagnies étrangères et exporte directement du pétrole en Turquie.
Après des décennies d’oppression brutale, beaucoup de Kurdes espèrent pouvoir obtenir une véritable auto-détermination. Mais le gouvernement régional kurde est entouré d’états qui ont une longue histoire dans l’oppression kurde. Les dirigeants réactionnaires kurdes se sont alliés aux États-Unis et à la Turquie, qui fut l’un des pires auteurs de leur oppression.
Un élément indicateur du conflit grandissant autour du pétrole et des territoires entre le gouvernement régional turc et le régime central irakien est l’affrontement entre les combattants peshmerga kurdes et les troupes irakiennes.
Le retrait de Saddam n’a pas transformé le monde en « un lieu sûr » comme l’avaient promis Bush et Blair. Dans les faits, le monde est devenu encore plus violent et instable. Saddam ne possédait pas d’armes de destruction massive mais, après l’invasion de 2003, les « Etats voyous », comme la Corée du Nord, ont conclu que le seul moyen d’arrêter les attaques menées par les États-Unis contre eux était d’acquérir ces armes.
Malgré la déroute de l’impérialisme en Irak, les États-Unis et la Grande-Bretagne continuent de mener des conflits partout dans le monde pour servir leurs intérêts vitaux. Tentant de maintenir une distance avec la guerre de Blair, Ed Miliband a déclaré que la guerre en Irak avait été une erreur mais il continue à soutenir les troupes britanniques en Afghanistan et ne plaide pas pour la fin des frappes de drones américains.
La guerre de 2003 et l’occupation ont eu des conséquences à long terme pour la région. Installer des forces occidentales en Irak visait à isoler et à encercler davantage l’Iran. Mais Téhéran a compris qu’elle avait une influence sur le gouvernement irakien dominé par les chiites et « l’arc chiites » a été renforcé.
En partie pour contrer l’Iran, les États réactionnaires du Golf et l’impérialisme occidental sont intervenu en Syrie, exploitant l’opposition sunnite à Assad. Le conflit syrien se répercute au Liban et en Irak, ou un « Printemps sunnite » a vu des manifestions d’opposition de masse dans les zones sunnites.
Révolution
La majorité des irakiens ne veulent pas être replongés dans les horreurs de la guerre civile. Mais pour empêcher d’autres conflits, pour en finir avec l’interférence impérialiste et pour se débarrasser des élites dirigeantes réactionnaires et corrompues, les travailleurs ont besoin d’une alternative.
L’Irak avait une gauche forte jusqu’à ce qu’elle soit écrasée par la CIA dans les années ‘60 et par le régime de Saddam par la suite.
La plus importante leçon de cette tragédie et des horreurs de la dernière décennie est la nécessité pour les travailleurs d’avoir un parti de classe indépendant pour lutter pour leurs intérêts. Un tel parti revendiquerait la nationalisation des richesses pétrolières, sous la propriété publique démocratique au bénéfice de la population.
Comme les révolutions de 2011 en Égypte et en Tunisie l’ont montré, des luttes de masse peuvent se développer contre les tyrans et, malgré les limites du mouvement, peuvent les démettre du pouvoir. Mais pour parvenir à un véritablement changement de société, les travailleurs ont besoin d’un programme socialiste dans chaque pays, régionalement et internationalement.
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Projection-débat à l’ULB : Bent
Ce mardi 28 février, à 19h, une projection aura lieu à l’ULB. Bent est un film réalisé par Sean Mathias et inspiré de la pièce de théâtre éponyme de Martin Sherman, scénariste du film. Ce film est le premier à traiter de la déportation homosexuelle. Ce chef-d’œuvre, Prix de la Jeunesse au Festival de Cannes de 1997, relate en effet un aspect peu connu de l’histoire : la traque des homosexuel-le-s pendant la période nazie.
Bien que victimes d’atrocités similaires à celles subies par les Juifs et les Roms, leur sort est toujours mal reconnu aujourd’hui. Beaucoup de gens ignorent également que nombre de survivants furent toujours sujets de persécutions, parfois arrêtés et emprisonnés, malgré la fin de la guerre, car les lois criminalisant l’homosexualité restèrent gravées dans le code pénal.
Qu’elle soit plus ou moins perçue, la persistance des discriminations et des préjugés envers les minorités sexuelles reste d’actualité. Cette soirée s’inscrit dans la mise en lumière de la haine des homosexuel-le-s dans les évènements qui font notre Histoire. Motivée notamment par le discours négationniste, dont les propos récemment tenus par le parlementaire français Christian Vanneste, "Il n’y a pas eu de déportation homosexuelle en France", l’organisation de cette soirée se veut être une réaction simple mais directe face au mépris des évidences. Ne les laissons pas reconsidérer l’histoire et profaner ainsi la mémoire des victimes de la déportation !
Le PSL soutient cette initiative car toutes les divisions nous affaiblissent ! Au cours de ce mois de mars, avec les mobilisations contre la manifestation du NSV à Louvain, contre le centre fermé de Vottem et en défense du droit à l’avortement, la lutte contre les discriminations sera mise à l’honneur dans nos activités. Cette projection abordant les discriminations homophobes s’inscrit totalement dans ce cadre.
PROGRAMME DE LA SOIREE
A 19H : LE FILM Synopsis : À Berlin, en juin 1934, Max (Clive Owen) fréquente les lieux interlopes de la capitale du Reich et vit avec Rudy, un danseur de cabaret. Le 29 juin, à la suite du meurtre brutal par des SS d’un SA dont il venait de faire la conquête, Max entame une fuite tragique avec Rudy et se retrouve à Dachau. Max, portant une étoile jaune, y rencontre Horst qui porte le triangle rose. Ensemble, ils vont tenter de supporter les conditions de vie effroyables du camp de concentration.
A 21H30 : LE DEBAT Participeront au débat :de jeunes acteurs de la Compagnie Artaban ayant joué la pièce Bent à Bruxelles il y a peu, l’historien français Mickaël Bertrand, auteur de "La déportation pour motif d’homosexualité en France. Débats d’histoire et enjeux de mémoire", un membre d’une association LGBT.
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INFOS PRATIQUES
La soirée aura lieu à l’ULB, campus du Solbosch, auditoire Lameere (UB2.252A), l’accueil commencera à 18h30. Des petits sandwiches seront disponibles à prix coûtant. Le film sera diffusé en VOSTFR.
Avec le soutien d’ATTAC-ULB (Cercle altermondialiste), du CHE (Cercle Homo Etudiant), du BEA (Bureau des Etudiants Administrateurs), du CdH (Cercle d’Histoire), du LIBREX (Cercle du Libre Examen) du CROM (Cercle de Romanes), du CSA (Cercle Salvador Allende), d’EGA-ULB (Etudiants de Gauche Actifs), des ES (Etudiants Socialistes), des Etudiants FGTB de Bruxelles, du CEL (Cercle des Etudiants Libéraux), de COMAC-ULB (Mouvement de jeunes du PTB), des JAC (Jeunes Anticapitalistes), du CPhi (Cercle culturel de Philosophie), d’Amnesty-ULB, du CD (Cercle de Droit)…
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Augmentation des prix, rébellion et pauvreté.
La flambée des prix de la nourriture a récemment causé une tempête de protestations et ce partout à travers le monde. Ces grèves et manifestations ne sont que la réaction des ouvriers et paysans face à cette envolée des prix.
Robert Bechert, Comité pour une Internationale Ouvrière, Londres (article publié le 23 avril sur socialistworld.net)
Haiti, le Cameroun, l’Egypte ou l’Indonésie ne sont que quelques uns des pays qui ont connu récemment des protestations de masses.
Si les envolées des prix sont choquantes, elles ne donnent qu’un aperçu seulement de ce qui est en train de se passer, des millions de personnes doivent en fait se battre pour arriver à nourrir leurs familles. Les médias ne cessent de nous rapporter ce qui se passe : le riz a augmenté de 75% en deux mois, le blé de 130% durant l’année dernière et en une seule journée, le riz a augmenté& mondialement de 10%.
Des millions de personnes sont forcées d’économiser simplement sur ce qu’ils consacrent à la nourriture et des millions de personnes ressentent une colère immense. Au Salvador, les pauvres mangent deux fois moins qu’il y a un an. La Banque Mondiale a estimé que 100 millions de personnes en plus ont déjà été poussé dans «l’extrême pauvreté». Même dans les pays « développés », les prix augmentent : en Grande Bretagne, un test comparatif reprenant 24 produits de consommations courants a montré que leurs prix avaient augmenté de 15% en une année.
Cette crise a même choqué les institutions capitalistes telles que le Fond Monétaire International ou la Banque Mondiale, principalement car elles en craignent les conséquences. Le président de la Banque Mondiale a déclaré que 33 pays étaient en proie à un «malaise social» à cause de la hausse des prix des denrées alimentaires. Le terme «malaise» est une sous estimation grossière de la situation : la pénurie alimentaire et l’inflation peuvent provoquer des révolutions.
Les travailleurs commettraient une erreur en se reposant sur ces gens, ou sur des philanthropes, pour trouver une solution. Bien sur, ils pourraient organiser une aide d’urgence, mais c’est fondamentalement leur système – l’économie de marché – qui est à l’origine de la crise.
Les demandes d’actions se multiplient.
Mais, quelles sont les causes de la crise ?
Clairement, un grand facteur de la crise est le chaos du marché «libre» et la spéculation qui l’accompagne. Loin d’être le fil conducteur qui guide les progrès humains, le marché aggrave l’inflation du prix de la nourriture. Comme la crise économique mondiale provenant des USA a provoqué un effondrement des possibilités de spéculations financières, les spéculateurs capitalistes se sont reportés sur la nourriture et les matières premières.
Encore inondés des super profits datant de la dernière période de croissance économique, ils se sont accaparé les stocks de nourriture. Comme les gens sont bien obligés de manger pour vivre, ils pensaient ainsi pouvoir s’enrichir encore plus en spéculant sur les prix de la nourriture et des autres matières premières. Depuis le début de l’année, le nombre d’accords financiers conclus quotidiennement sur le marché CME de Chicago (Chicago Mercantile Exchange – bourse de produits des matières premières, particulièrement au niveau de l’alimentation) a augmenté de 20%. L’Ethiopie a tenté de lutter contre cette spéculation en interdisant les accords dans « le futur » (des paris sur les prix à venir de la nourriture et des matières premières). Mais l’action d’un seul pays, a fortiori s’il est issu du monde néocolonial, n’a qu’un impact limité.
Cependant, la spéculation n’est pas la seule cause de la hausse des prix. Certaines autres causes telles que la demande croissante de nourriture, le changement climatique ou encore les «bio» carburants ont été très souvent mentionnés. Lester Brown, directeur du Earth Policy Institute à Washington a déclaré, pas plus tard qu’en avril dernier, que la surface utilisée aux USA pour produire des biocarburants ces deux dernières années aurait pu fournir à 250 millions de personnes leurs rations en grain.
L’hebdomadaire de droite « The Economist » a involontairement mentionné un autre facteur de la hausse des prix : l’offensive néolibérale depuis les années 1980. « The Economist » a expliqué que les rendements des nouvelles récoltes avaient tendance à diminuer naturellement, et que c’était seulement en produisant de nouvelles variétés que l’on pouvait maintenir ou faire progresser les rendements.
Cependant, « la plupart des recherches agronomiques sont financées par des gouvernements qui, dans les années 1980, ont commencé à réduire (…) les dépenses (…) ils ont préféré faire intervenir le secteur privé. Mais, beaucoup des entreprises privées engagées pour remplacer les chercheurs d’Etats se sont révélé n’être intéressés que par le profit. La part de l’agriculture dans les dépenses publiques dans les pays en voie de développement a chuté de moitié entre 1980 et 2004. Ce déclin a eu un impact inévitable… Entre les années 1960 et 1980, dans les pays en voie de développement, le rendement des céréales principales augmentait de 3 à 6% par année. Maintenant, la croissance annuelle est revenue à 1 à 2%, en dessous de l’augmentation de la demande. « Nous payons le prix de 15 ans de négligence » a déclaré Bob Ziegler, directeur de l’Institut international de recherche sur le riz, basé aux Philippines. » (The Economist, 19 avril 2008).
En réalité, ce n’est pas de la « négligence » mais le dogme néolibéral et la recherche de nouvelles zones où faire des profits qui s’est ajouté à cette crise alimentaire.
Qu’est ce qui peut être fait ?
Dans beaucoup de pays, des voix se font entendre pour instaurer un contrôle du prix de la nourriture, pour introduire ou défendre les subsides pour la nourriture ou encore pour une hausse des salaires. Les syndicats devraient exiger une hausse des salaires qui suit l’inflation. Les salaires devraient être liés à un indice des prix qui correspondrait réellement au coût de la vie. Cependant, de telles mesures, bien que bienvenues, ne seraient que provisoire.
Le contrôle de l’approvisionnement en nourriture doit être immédiatement retiré des mains des spéculateurs, des négociants internationaux et des grosses compagnies agroalimentaires. Le mouvement ouvrier doit exiger que ces institutions soient nationalisées pour permettre la mise en place d’un plan de distribution de nourriture, à des prix raisonnables, pour tous.
Mais une telle nationalisation devrait être contrôlée démocratiquement au rique d’être utilisée par les gouvernements pour s’enrichir eux mêmes ainsi que leurs alliés capitalistes.
Dans beaucoup de pays, le contrôle de l’importation ou de l’exportation a toujours été source de corruption et de mercantilisme. L’argentine, le Vietnam ou l’Inde ont déjà interdit certaines exportations de nourriture ou ont instauré des taxes sur celles-ci. Mais de telles mesures n’abaissent pas automatiquement le coût de la nourriture, et peuvent mener de petits fermiers à la rébellion.
Seul un contrôle et une gestion des ressources par les travailleurs combinée à une comptabilité ouverte pourra assurer la répartition équitable de la nourriture et ce sans marché noir. Les petits fermiers et les petits commerçants doivent donc se voir attribuer des revenus et une place dans la chaîne de distribution de la nourriture. Si le rationnement doit être imposé, il doit être laissé sous le contrôle démocratique des travailleurs, pas sous celui des gouvernements corrompus servant des élites.
Des mesures doivent être prises pour « booster » l’approvisionnement en nourriture. Les entreprises produisant les graines, le fertilisant,… doivent également être nationalisées sous le contrôle des travailleurs. Alors, de nouvelles récoltes pourront être développées pour répondre aux besoins et non pas pour réaliser des profits. Les engrais pourront aussi être rendus plus accessibles.
Les banques, dont beaucoup ne survivent plus que grâce aux aides de l’Etat, devraient également être nationalisées et leurs ressources employées pour fournir aux petits fermiers des crédits bon marchés.
Les grands producteurs agricoles, eux aussi, devraient encore être nationalisés. Sur cette base, il serait possible de commencer à planifier l’augmentation de la production de nourriture avec l’aide de progrès dans l’irrigation ou dans d’autres techniques, pour répondre aux besoins et non pour s’adapter au marché.
Pour sauver notre planète, le capitalisme doit être éliminé.
Fondamentalement, cela signifie contester le système capitaliste en lui-même. La crise financière a vu des banquiers courir auprès des gouvernements pour demander de l’aide. L’argument néo libéral selon lequel l’Etat ne peut intervenir dans le marché s’écroule, poignardé en plein cœur par les capitalistes eux mêmes.
Cependant, l’Etat n’est pas neutre. Dans les pays capitalistes, l’Etat agit pour protéger les intérêts des capitalistes. La nationalisation d’entreprises, voir même d’un secteur entier de l’économie, n’est pas en soi une cassure vis-à-vis du capitalisme. La propriété publique avec la nationalisation des secteurs clés de l’économie est la vraie alternative au système du marché qui produit régulièrement des convulsions.
Déjà dans un certain nombre de pays, ce sont les organisations de travailleurs, telles que les syndicats, qui ont été forcées de défendre les « norme de vie ». Le mouvement des travailleurs a la responsabilité d’agir, de prévenir la faim et d’offrir une alternative. Les travailleurs, organisés internationalement, ont la capacité de décider de l’utilisation des ressources du monde.
Cependant, ce n’est pas juste la question de la popularisation de l’alternative socialiste; c’est un but. Récemment, lors d’un discours aux Nations Unies à New York, le président bolivien, Evo Morales, a déclaré que : « pour sauver la planète, il faut éliminer le capitalisme. » C’est absolument correct, mais de tels appels verbaux doivent mener à des conclusions concrètes à moins de ne rester que du vent. Si Morales est sérieux, son gouvernement peut servir d’exemple en mobilisant les pauvres et les travailleurs pour briser le capitalisme, et montrer que cela peut être fait. Cela sera un appel aux pauvres et aux travailleurs du monde entier pour suivre le même parcours.
L’impact brutal de l’augmentation des prix de l’alimentation va, comme le craint la Banque Mondiale, ouvrir une nouvelle période de lutes révolutionnaires et de possibilités pour construire une force socialiste de masse capable de mettre fin au capitalisme, capable de mettre fin à la misère, capable de mettre fin à la pauvreté et à la faim.
Liens:
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Jouer le jeu de l’extrême-droite ? L’expérience française
De nombreuses stratégies ont été tour à tour mises en avant pour lutter contre l’extrême-droite. Une des positions ayant gagné du terrain est celle selon laquelle nous devons laisser l’extrême-droite aller au pouvoir afin de se démasquer elle-même : en menant une politique antisociale, elle va tout de suite perdre des voix, selon ce raisonnement. Nous ne sommes absolument pas partisans d’une telle aventure. Regardons plutôt ce qu’a signifié le partage du pouvoir dans les pays où des formations néofascistes ou populistes de droite sont arrivées au pouvoir.
Le FN au pouvoir : Vitrolles et Orange
A partir du début des années ‘90, plusieurs villes du sud de la France sont tombées aux mains du FN, lequel avait reçu une majorité dans leur conseils communaux. Les exemples les plus connus sont Vitrolles et Orange. Qu’est-ce qu’a signifié pour ces villes l’arrivée du FN au pouvoir ?
Orange
La bibliothèque d’Orange constitue un exemple célèbre et significatif : le maire du FN Jacques Bompard a placé de nombreux ouvrages sur liste noire. Le bibliothécaire a été licencié et l’ensemble des ouvrages contre le racisme, et même les contes africains, ont été proscrits pour cause « d’infraction au respect des normes morales ». Bompard a ensuite proposé de remplacer ces livres par des dons de membres du FN. Les subsides pour la bibliothèque ont de plus été sérieusement amputés. L’ancien bibliothécaire, M. Cannazi, a expliqué que « Au début, on se contentait d’enlever des livres de la liste de commandes de nouveaux ouvrages. Mais dans la deuxième phase, c’est la collection existante qui fut attaquée et certains livres furent supprimés. Même les fichiers de l’ordinateurs furent purgés, de sorte qu’il ne reste aucune trace ».
Bompard et son conseil municipal FN ont également menés la lutte contre d’autres formes de culture « étrangère ». Le centre culturel « Mosaïque » a été expulsé de ses locaux, une manifestation culturelle annuelle, « Coup de Soleil », a été annulée parce qu’elle contenait de la culture nord-africaine,… Dans les services communaux, le personnel a très fortement été réduit, pour être remplacé par des partisans du FN. Cela a aussi été très dur pour les militants syndicaux. La pression sur les militants a même mené Pierre Nouveau, secrétaire de Force Ouvrière à Orange, à se suicider parce qu’il n’en pouvait plus. Dans sa lettre d’adieu, il écrivit « C’est Francoeur, Schmitt et le maire qui m’ont tué ». Francoeur était un échevin FN, Schmit chef des services municipaux.
Un centre social d’Orange a dû fermer ses portes parce que les subsides furent coupés par le FN. Ce centre social servait à l’accueil à des clochards, des ex-détenus,… Le conseil municipal a commencé par une campagne contre le centre social dans le journal municipal en s’efforçait de dire qu’il fallait fermer ce centre. Trois des cinq centres sociaux de la ville ont ainsi été fermés.
A Orange, les modifications ont été jusqu’au mode de fonctionnement du conseil municipal. Le maire a averti tous les membres du conseil que, désormais, le temps de parole était limité à trois minutes par sujet, avec une seule possibilité d’intervention. Cela n’était évidemment pas d’application pour le maire et les échevins (tous membres du FN).
Vitrolles
Une mesure remarquable à Vitrolles – où Catherine Mégret, la femme de Bruno Mégret, a été maire entre 1997 et 2002 – a consisté à instaurer une prime de 5.000 francs français (à peu près 700 euros) pour chaque enfant blanc nouveau-né. La maire Catherine Mégret a cependant dû abroger cette règle après sa condamnation pour racisme. Les raisons de cette loi étaient évidentes : Catherine Mégret a expliqué à un journal allemand qu’il « n’y a pas de différences entre les races (…), mais il y a des différences entre les gènes ».
Ensuite, la mairie a essayé d’obtenir l’expulsion d’un logement tsigane. Une maison de jeunesse alternative a aussi été fermée, ainsi qu’un café local, fermé par la police. Le cinéma, lui aussi, a dû cesser ses activités après avoir projeté un film sur le Sida. Les noms de rue « à consonance étrangère » ont été remplacés : la place Nelson Mandela est ainsi devenue la place de Provence, la rue Salvador Allende est devenue la rue Mère Thérésa, et une rue a même été renommée d’après le dirigeant du FN Jean-Pierre Stirbois. En avril 1997, tous les éducateurs de rues et tous les agents de prévention ont été congédiés. 84 contractuels ont ainsi été mis à la porte par la commune, de même qu’une cinquantaine de fonctionnaires des services municipaux. Entre-temps, une politique anti-sociale a été menée avec, par exemple, une hausse de 20% du prix de l’eau. Dans les écoles, les enfants immigrés ont été refusés.
Conclusion
Les exemples de Vitrolle et d’Orange illustrent ce que désire réellement l’extrême-droite : une politique antisociale et répressive. Ceux qui veulent mener la même politique en Belgique afin de « lutter contre l’extrême-droite » de la sorte proposent donc en réalité une attaque sur le personnel communal, les bibliothèques, le secteur culturel, le travail de rue,… Une telle politique renforce la tactique de "diviser pour régner" sur laquelle l’extrême-droite se base. Qui plus est, elle forme un danger pour tous ceux qui pensent autrement, lesquels sont systématiquement harcelés, parfois même jusqu’au suicide comme ce fut le cas pour le syndicaliste d’Orange. Selon nous, une telle tactique n’est pas une option pour les anti-fascistes. Les premières victimes de la prise de pouvoir par l’extrême-droite sont toujours les jeunes et les travailleurs. La faillite des politiciens traditionnels ne va pas disparaître en laissant place à des forces encore plus antisociales.
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Pinochet sera mort sans jugement
Augusto Pinochet est mort ce 10 décembre à Santiago du Chili, celui qui dirigea d’une main de fer le Chili de 1973 à 1990 est mort sans jugement, en tout impunité.
Stéphane Ramquet
Le 4 septembre 1970, Salvador Allende avait été élu président du Chili, avec un programme clairement orienté vers les travailleurs et les paysans pauvres du pays face aux candidats de droite.
Dès son élection il réalisa une série de réformes allant dans le sens du socialisme, notamment la nationalisation de la gigantesque industrie du cuivre, l’augmentation des salaires de 40 à 60%, le blocage des prix et l’amélioration du système de santé.
Il ne s’engagea pas sur la voie révolutionnaire, mais ces réformes défiaient tout de même de plein front le capitalisme et firent trembler la bourgeoisie chilienne. Celle-ci s’allia à l’impérialisme américain pour éviter que les masses chiliennes ne finissent par sortir réellement du cadre du capitalisme.
De la même manière que la « démocratie » est défendue par la bourgeoisie lorsque celle-ci ne menace pas son pouvoir absolu, la bourgeoisie n’hésite pas à utiliser la force lorsque la « démocratie » ne penche pas en sa faveur; c’est ainsi qu’un coup d’Etat fût organisé pour éliminer ce début de socialisme.
Salvador Allende refusa d’armer les ouvriers et les paysans qui le soutenaient, organisés en milices, et appela au calme. Ce geste menna à son suicide pour échapper à la réaction, le 11 septembre 1973.
Le général Pinochet fut choisi par la bourgeoisie afin de diriger le pays et la répression contre les opposants: utilisant le stade national comme prison à ciel ouvert contenant 40.000 personnes, sa répression fera 27 500 torturés, ainsi qu’au moins 2279 assassinées ou disparus.
Pinochet menera une politique économique libérale apauvrissant le petit peuple auquel Allende avait donné l’espoir d’une vie meilleure en utilisant les Chigaco Boys (économistes américains) comme conseillers.
Des années plus tard, une fois le pays remis au pas du capitalisme, une transition « démocratique » fut opérée pour rendre le pouvoir aux partis bourgeois civils qui n’organisèrent aucune forme de condamnation à l’encontre de leur sauveur le général Pinochet protégé par son immunité de sénateur.
Le dictateur sera mort sans jugement, mais le juge le plus sévère reste l’histoire et les travailleurs chiliens sauront à terme rendre justice en achevant ce qu’il avait brisé dans l’oeuf: le Socialisme au Chili!