Tag: Salaire

  • Les prix nous étouffent : organisons notre colère !

    Manifestation du 20 juin : sa réussite servira de tremplin pour construire la dynamique à la rentrée

    Il y a tout d’abord eu des actions spontanées chez Audi, Safran Aero Boosters, Sonaca, la FN Herstal. Le constat est là : tout augmente, sauf nos salaires. Dans d’autres entreprises, également sous l’impulsion de la base, des cahiers de revendications spécifiques ont été déposés par les délégations syndicales. Puis, à l’occasion de la Journée de l’égalité salariale, le 24 mars, à côté d’une action symbolique à Bruxelles, une manifestation a été organisée en vitesse à Liège, avec une participation de 3000 personnes. De la tribune le message était clair : « Nous vous avons entendu, il nous faut un plan d’action, et pas un plan d’action en trompe-l’œil ». Quelques jours plus tard, c’était au tour des travailleurs d’Industeel à Charleroi de débrayer.

    Par un délégué syndical FGTB

    Les dates de mobilisation du front commun syndical du 22 avril et du 20 juin étaient alors déjà connues, mais il était évident que la pression était intense à la base. Le 22 avril, des milliers de militantes et de militants se sont regroupés pour des actions en entreprises, aux portes de la Fédération des entreprises de Belgique (Bruxelles), devant le siège de l’entreprise énergétique ORES (Charleroi), pour des rassemblements (à Verviers) et des manifestations (à Anvers, où les plus de 7000 manifestants soulignaient le caractère national de la mobilisation ; à Liège, plus de 6000 à partir du port pétrolier de Sclessin ; à Gand avec un millier de personnes et à Namur). D’ici au 20 juin, d’autres actions devraient encore prendre place à quelques endroits, notamment à Liège.

    Le faux dilemme du patronat : l’index ou la loi de 96

    Les médias ont relayé des témoignages de collègues se mettant en maladie car dans l’incapacité de payer le carburant pour se rendre au boulot en plus du reste. « On travaille mais on n’y arrive pas. Même en travaillant à deux on n’y arrive pas. » Pour échapper aux hausses de salaire, le patronat se réfugie derrière le mécanisme d’indexation automatique des salaires et des allocations sociales, alors qu’il fait précisément tout pour en atrophier le principe. Il n’est toutefois pas opposé à toutes les hausses de salaire : les grands patrons de Belgique se sont en moyenne augmentés de 14,4% en 2021 ! Mais il était « irresponsable » de trouver une marge d’augmentation de salaire supérieure à 0,4% dans l’Accord interprofessionnel (AIP) 2021-22 en plus de l’indexation pour les travailleurs ordinaires…

    Lors des discussions pour ce dernier AIP, les mobilisations avaient également été bien suivies en dépit des difficultés liées à la pandémie. Malgré tout, nous avons eu un AIP de misère et nous n’avons pas pu briser la loi de 1996, la « loi-prison » sur les salaires. Nous devons discuter de ce qui n’a pas marché. Pas mal de militantes et de militants ont fait un bon travail de sensibilisation et de mobilisation, qui a porté ses fruits puisque le gouvernement a été mis en difficulté. La dynamique n’a toutefois pas été poursuivie car une partie de la direction syndicale n’a pas voulu prendre d’autres initiatives en suivant la logique défendue par le PS qui affirmait que si on modifiait la loi de 1996, les plus à droite du gouvernement en profiteraient pour s’en prendre à l’indexation.

    Cette fin d’année 2022, nous aurons à nouveau des discussions pour un Accord interprofessionnel. Avec une inflation qui se situe (pour l’instant) aux alentours des 8%, nous avons eu, avec effet retard, 4 indexations. Cela signifie qu’il n’y aura probablement aucune marge d’augmentation si on se base sur les critères de la loi de ‘96.

    Avec cette attention concentrée sur l’indexation et la loi de 96, le patronat espère bien qu’on oublie un élément essentiel : ses bénéfices. Les entreprises n’ont pas manqué d’en faire dans beaucoup de secteurs ces dernières années. Et la source de ces profits, c’est notre travail. Le socle de notre réflexion doit être que la mobilisation des travailleuses et travailleurs doit servir à récupérer collectivement les fruits de NOTRE travail.

    La compétitivité est l’arme des patrons, la solidarité est la nôtre

    Une chose est sûre : ce n’est que face à un mouvement de masse en action dans la rue et dans les entreprises que ce gouvernement reculera. Nous avons jusqu’au 20 juin pour continuer à mobiliser nos collègues pour la manifestation nationale. D’ici là, l’impatience va monter. Il faut donc également prendre le temps de construire la dynamique non seulement par des assemblées du personnel régulières et des diffusions de tracts, mais aussi par des actions locales ou en entreprises. Les assemblées du personnel sont le lieu idéal pour en discuter les modalités.

    Il faudra continuer après le 20 juin, c’est évident, contre la loi de ’96 et pour la restauration de l’indexation afin qu’elle représente réellement l’augmentation du coût de la vie, et immédiatement. Et une leçon du plan d’action actuel est qu’il est bien plus facile d’enclencher une dynamique de lutte positive avec un plan d’action où les différentes dates sont connues suffisamment à l’avance. Un plan d’action qui va crescendo crée un rapport de force. C’est sur cela qu’il faut se reposer et pas sur la logique du temps parlementaire.

    Il nous faut également un programme alternatif au vieux logiciel périmé des néolibéraux. L’idée que le marché privé offre de meilleurs services et à meilleur prix est battue en brèche par la réalité. Mais on ne contrôle pas ce que l’on ne possède pas. Il faut nationaliser le secteur de l’énergie pour deux raisons : préparer la transition énergétique vers une économie décarbonnée et offrir de l’énergie verte à l’ensemble de la population à un coût abordable. Ce type d’approche permettrait également de réunir dans la rue le mouvement ouvrier organisé et la jeunesse qui se mobilise pour le climat.

    Lors de la crise sanitaire on a vu que ce système était incapable d’offrir une gestion de crise rationnelle. La guerre et l’inflation doivent nous pousser à discuter de la manière d’organiser la production de richesse sur d’autres bases que celle de la propriété privée des moyens de production. Il est grand temps de se battre pour une alternative socialiste démocratique.

    Photos de Liège, par Emily :

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    Photos de Namur, par Dominique Botte :

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  • [Crise du coronavirus] Nous avons besoin d’un salaire étudiant

    80 % des jeunes travaillent, parmi eux, ceux du secondaire travaillent en moyenne 41 jours par an et les étudiants 57 jours. Et ces chiffres ne font qu’augmenter ! Cette tendance s’explique facilement : le prix total de ce qu’il en coûte d’être jeune continue d’augmenter, contrairement aux salaires de nos parents ou aux allocations gouvernementales. Ces emplois d’étudiants ont un impact négatif sur les résultats de nos études, et pourtant nous sommes obligés de travailler de plus en plus souvent.

    Article tiré de gauche.be

    17% des étudiantes et étudiants doivent travailler pendant leurs heures de cours et 25% d’entre nous travaillent même pendant les périodes d’examens ! La pression que nos emplois exercent sur notre santé mentale et nos résultats scolaires est énorme. Le nombre croissant d’étudiants qui travaillent ne nous met pas seulement sous pression. Les jobs étudiants sont utilisés comme une main-d’œuvre bon marché, poussant les employés ordinaires hors de leur emploi ou s’assurant qu’ils obtiennent un salaire inférieur. Pourquoi un employeur opterait-il pour un travailleur alors qu’il peut choisir un étudiant moins cher, encore plus flexible et qui n’est pas organisé syndicalement ?

    Ce n’est pas la faute des étudiants et étudiantes jobistes, ils et elles ont besoin d’argent. C’est la faute d’un système dans lequel les employeurs maintiennent les coûts du travail aussi bas que possible afin de garantir leurs propres profits et faire face à la concurrence ! Ce système capitaliste est aujourd’hui dans une crise profonde, au détriment de tous les jeunes et de tous les travailleuses et travailleurs de la planète.

    Le nouveau coronavirus montre très clairement à quel point les étudiants et étudiantes sont dépendants de leur travail. Beaucoup d’entre nous ne peuvent pas payer le loyer de leur kot et/ou doivent faire une croix sur tout type de temps libre dans les mois à venir. Normalement, les étudiants ne devraient avoir qu’à se soucier de leurs études. Les étudiants qui ont perdu ou vont perdre leur emploi ont donc besoin d’une garantie de revenus. Et ceux qui travaillent encore devraient, comme le reste du personnel, avoir droit à une prime de risque. Mais nous avons surtout besoin de salaires décents, c’est-à-dire d’au moins 14 euros par heure pour tout le monde ! Mais n’oublions pas, qu’en fin de compte, étudier est un travail à plein temps. Un salaire d’étudiant, voilà ce qui serait vraiment efficace ! Et de l’argent pour cela, il y en a ! C’est pourquoi les Étudiants de Gauche Actifs proposent de nous organiser et de lutter ensemble pour les revendications suivantes :

    Une garantie de revenu pour tous les jeunes en perte de revenus !
    Minimum 14 €/h pour toutes les personnes qui travaillent !
    Étudier c’est aussi un boulot à temps plein : pour un salaire d’étudiant !

  • Québec : Grosse victoire pour les bas salariés des services publics

    Une campagne de 6 mois des travailleurs de la santé d’Alternative socialiste (section québécoise du Comité pour une Internationale Ouvrière) a permis de remettre à l’avant-plan deux revendications historiques du mouvement syndical : l’échelle mobile des salaires et le montant fixe.

    Par Bruno G., membre du SECHUM (Syndicat des Employé(e)s du Centre Hospitalier de l’Université de Montréal) et d’Alternative socialiste

    L’échelle mobile des salaires avait «disparue» de nos conventions collectives de travail au début des années 90. Ce qui a eu pour effet de creuser un écart important pour les bas salariés du public depuis deux décennies. Pour tenter de combler l’écart entre les hauts et les bas salariés, il fallait également ramener l’idée du montant fixe, soit de fixer nos demandes salariales en argent et non plus en pourcentage.

    La différence est importante. Une augmentation de 1,5% pour un salarié qui gagne 40 000$/an représente 600$. Elle constitue le double, soit 1 200$, pour une personne qui gagne 80 000$/an. Une offre acceptable pour un titre d’emploi peut ainsi être un scandale pour un autre. Une acceptation large du montant fixe par les travailleurs et travailleuses des services publics permettrait de maintenir la solidarité entre les titres d’emploi et de favoriser l’unité des alliances syndicales. Rendant encore plus difficile pour le gouvernement d’utiliser la tactique du «diviser pour mieux régner» qui est sa marque de commerce lors de chaque négociation avec les travailleurs des services publics.

    Suite à notre campagne, ces deux revendications sont dans la proposition salariale officielle de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) qui sera discutées tout l’été dans les assemblées générales de plus de 148 000 travailleurs.

    La bataille est loin d’être terminé. Nous devons maintenant défendre ces revendications dans les autres organisations syndicales nationales.

    Pour en savoir plus, nous vous invitons à vous rendre sur le site d’Alternative socialiste afin de lire le dernier article concernant cette question : Salaires dans les services publics : Une hausse juste pour tout le monde!

  • Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire !

    Tout augmente, sauf nos salaires !

    L’angoisse de la fin de mois, ça vous parle ? Le stress de la facture ? Jamais une société n’a été en mesure de produire autant de richesses qu’aujourd’hui. Mais notre bien-être décroche. La précarité progresse. Le lendemain nous donne des sueurs froides.

    Par Nicolas Croes

    Le 11 mars 2019, l’association de défense des consommateurs Test Achats publiait son ‘‘Indice Test Achats’’ pour l’année 2018(1). On pouvait y lire que la majorité des Belges (56%) rencontrent des difficultés à nouer les deux bouts et que 39% à peine parviennent à honorer leurs différentes dépenses ‘‘assez facilement’’. Les dépenses ‘‘soins de santé’’ sont difficiles, très difficiles ou impossibles pour 34% des sondés et les dépenses ‘‘culture et loisirs’’ difficiles, très difficiles ou impossibles pour 43%. Par rapport à 2018, 31% des répondants estiment que leur situation financière se dégradera en 2019.

    Le même mois, l’Institut syndical européen (ETUI) publiait une étude sur le pouvoir d’achat dans l’Union européenne. Selon celle-ci, seul le pouvoir d’achat des habitants de notre pays était en berne.(2) En mars encore, la mutualité Solidaris publiait son ‘‘Baromètre confiance et bien-être 2019’’(3) aux conclusions tout aussi alarmantes : le bien-être est en recul constant depuis 4 ans. Sans surprise, ce baromètre mettait à nouveau en lumière des inégalités qui s’aggravent dramatiquement mais aussi que plus des deux tiers des habitants jugent ces inégalités insupportables.

    Le 22 mars, les journaux du groupe Sudpresse titraient ‘‘Explosion du coût de la vie : +2,3% en 2018’’. Et ceci dans un contexte où, sur ces trois dernières années, ce sont 7,5 milliards d’euros qui ont été volés des poches des travailleurs avec le saut d’index ! Pourtant, la proposition d’Accord Interprofessionnel (AIP) n’accorderait ‘‘royalement’’ que 1,1 % de hausse salariale maximum et une aumône de 10cts brut d’augmentation du salaire minimum !

    Au moment d’écrire ces lignes, plusieurs sections de la FGTB avaient rejeté le projet d’accord et appelaient à l’organisation d’une grève générale à la fin du mois d’avril en trouvant à juste titre insultante la norme de 1,1%. La FGTB du Brabant wallon critiquait aussi les propositions en matière de mobilité, qui ne sont pas à la hauteur des revendications des milliers de jeunes mobilisés pour le climat. Le comité fédéral du syndicat devait encore se prononcer le 26 mars.

    En Wallonie, c’est la mobilisation des syndicats qui a permis d’enterrer le vote sur le projet de réforme des APE (Aides à la Promotion de l’Emploi, des subventions publiques prévues pour soutenir l’emploi dans le secteur non marchand, les pouvoirs locaux et l’enseignement). Après un plan d’action qui a connu différents points forts de mobilisation et une dernière manifestation de 12.000 personnes le 18 mars, le gouvernement MR-CDH n’a pas osé faire voter son projet de loi juste avant les élections. Cela montre la voie à suivre : celle d’une lutte organisée et allant crescendo pour défendre nous acquis et en arracher d’autres !

    Nos salaires et allocations doivent nous permettre de vivre, pas de survivre !

    • Augmentation du salaire minimum à 14 euros de l’heure (2.300 euros brut par mois) !
    • A travail égal, salaire égal : en 2017, l’écart salarial entre hommes et femmes était encore de 20 % !
    • Individualisation des droits sociaux (chômage, CPAS,…) et suppression du statut de cohabitant ! La protection sociale ne peut pas dépendre de notre situation familiale !
    • Restauration du mécanisme d’indexation des salaires et des allocations, calculé de manière à refléter réellement l’augmentation du coût de la vie !
    • Suppression de la loi de 1996 sur la ‘‘compétitivité des entreprises’’ qui entrave l’évolution salariale !
    • Augmentation de toutes les allocations sociales au-delà du seuil de pauvreté ! (1.115 euros net par mois pour un isolé)
    • Aucune pension en dessous de 1.500 euros net par mois !
    • Réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires, sans perte de salaire et réduction des cadences !

    Notes :

    1) Indice Test Achats : 823.500 Belges sont confrontés à la pauvreté, test-achats.be, article publié le 11 mars 2019
    2) Pouvoir d’achat des Belges en baisse: ‘‘Les données moyennes cachent des poches de pauvreté’’, rtbf.info, article publié le 19 mars 2019
    3) Baromètre confiance et bien-être 2019 de Solidaris, en collaboration avec la MGEN (Mutuelle générale de l’Éducation nationale, France)

  • Pour l’émancipation des femmes, luttons contre les bas salaires!

    Début novembre, le front commun syndical des services publics locaux bruxellois lançait un plan d’action avec arrêts de travail de deux heures, grèves et actions devant les conseils communaux notamment contre les bas salaires, qui sévissent tout particulièrement dans les secteurs majoritairement féminins. Deux semaines plus tôt, le personnel municipal de Glasgow (Écosse) s’était engagé dans une lutte historique contre les inégalités salariales entre travailleuses et travailleurs de même grade. C’était la plus grande grève pour l’égalité salariale depuis celle des ouvrières de Dagenham en 1968 ! À l’occasion du 8 mars et des appels à la grève de différents caractères pour cette Journée internationale de lutte pour les droits de femmes, concentrons-nous sur ces luttes exemplaires qui redonnent des couleurs au leitmotiv des syndicats : la solidarité.

    Par Emily Burns, coordinatrice nationale de la campagne ROSA

    Glasgow : 567 millions d’euros d’indemnités !

    En 2006, un nouveau système d’évaluation des emplois a été mis en place pour remédier aux inégalités salariales. ‘‘Au lieu de cela, il a enraciné la discrimination en rémunérant les emplois à prédominance féminine, tels que la restauration et le nettoyage, moins que les emplois à prédominance masculine, comme la collecte des ordures’’, ont expliqué les grévistes dans le journal Guardian, en raison d’un système ‘‘complexe qui pénalise les personnes travaillant à horaires irréguliers’’. Après 12 ans de conflit, les quelque 8.500 employées communales (dans les soins à domicile, les écoles et les crèches, les services de nettoyage et de restauration) sont entrées dans l’Histoire en octobre dernier avec une grève de 48 heures.

    La grève a débuté avec la pause de nuit du 23 octobre 2018. Dès le petit matin, les grévistes ont organisé des centaines de piquets de grève devant les écoles primaires, les crèches, les dépôts de nettoyage et les bâtiments municipaux. La participation à la grève était réellement massive. L’appel à la grève n’avait pas été lancé de manière abstraite, ces 48 heures avaient fait l’objet de plusieurs semaines de préparation avec une réelle volonté de blocage pour faire valoir leur revendication clairement énoncée : l’égalité salariale au travers d’une rémunération qui permette de vivre dignement et une sérieuse indemnisation.

    La journée s’est clôturée par une manifestation de 10.000 personnes colorées de milliers de drapeaux, de banderoles et de pancartes syndicales. Sur les trottoirs, les habitants applaudissaient le cortège, démontrant qu’ils avaient été immunisés à la traditionnelle propagande anti-grève des médias. Les femmes représentaient 90% du contingent puisqu’elles sont massives dans les secteurs à bas salaires concernés par la négociation, mais leurs collègues masculins faisaient, bien entendu, également partie du combat. Les discours ont d’ailleurs illustré cette volonté d’unité : “Fini de monter les hommes et les femmes mal payés les uns contre les autres. (…) Les conseillers municipaux qui se disent de notre côté doivent nous prendre au sérieux. (…) Je n’ai pas besoin que le directeur général nous dise que notre travail est important s’il n’est pas prêt à le valoriser vraiment” a déclaré Shona, aide-soignante et déléguée syndicale.

    Cette démonstration de force a bénéficié d’une grande solidarité : 600 éboueurs – presque exclusivement masculins – ont ainsi refusé de franchir le piquet de grève et n’ont pas rejoint leur poste de travail, en dépit des menaces de leur direction. Cette solidarité est indispensable pour renforcer la lutte. On ne se libère pas seules de l’oppression, mais collectivement et par la solidarité. Les travailleurs d’autres secteurs, qui gagnaient un salaire horaire jusqu’à 3,4€ supérieur à celui des travailleuses du même grade dans les secteurs municipaux ‘‘féminins’’ (soit 4.543€ par an), ont rejoint la lutte. Cette solidarité de classe est d’une grande importance, c’est de cette manière que l’on peut remporter l’égalité. Sans cela, les secteurs précaires et à bas salaires tendent à s’élargir et à faire pression sur les secteurs traditionnellement ‘‘mieux’’ rémunérés.

    Au final, les grévistes se partageront 567.000.000€ d’indemnités, correspondant rétroactivement à toutes ces années de différences de salaires avec leurs collègues masculins. Une fois les indemnités versées, syndicats et autorités travailleront ensemble à l’élaboration d’un système de rémunération équitable. Ce combat pourrait en inspirer bien d’autres au Royaume-Uni et ailleurs.

    Le parallèle entre le combat de Glasgow et celui du personnel des communes, des CPAS et des hôpitaux publics de Bruxelles saute aux yeux. Ces travailleuses et travailleurs sont au beau milieu d’un plan d’action crescendo pour l’augmentation de tous les barèmes de 10%, pour la réduction du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, pour le rétablissement de la prime de fin d’année et pour l’amélioration des conditions de travail pour un service public de qualité. Le secteur est majoritairement féminin.

    Tout comme à Glasgow, plusieurs revendications sont officiellement soutenues par les partis établis de gauche, sans que leur politique ne suive… Les exigences syndicales doivent être la pierre angulaire de toute négociation pour aboutir à une coalition de gauche. Sur plusieurs lieux de travail, des arrêts de travail sont prévu le 8 mars comme suite logique de cette lutte pour le respect des travailleuses et des travailleurs.

    Une grève des femmes ou une grève féministe ?

    A Glasgow, l’objectif de la grève était très clair : l’égalité salariale grâce à l’augmentation des salaires les plus bas. En Belgique, il faut nous en prendre à l’expansion constante des nouveaux secteurs à bas salaires, en plaçant par exemple le secteur des titres-services et des accueillantes d’enfants sous contrôle du secteur public. De cette manière, l’accès à ces services serait garanti à toutes celles et ceux qui en ont besoin (et pas seulement aux personnes qui peuvent se le permettre) tandis que le personnel bénéficierait d’un véritable statut, d’un bon salaire et de bonnes conditions de travail.

    En Belgique, un collectif a mis en avant la nécessité d’une grève le 8 mars contre le sexisme et c’est encourageant de voir du monde se mobiliser sur cette thématique. Cependant, l’objectif premier des initiatrices du ‘‘Collecti.e.f 8 Maars’’ se limite à ‘‘visibiliser le travail des femmes dans la société’’ et à démontrer que ‘‘quand les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête’’. Leur appel à la grève vise exclusivement les femmes. Elles ne souhaitent d’autre part pas seulement une grève du travail salarié – un instrument de pression sur les négociations salariales – mais aussi une grève de toutes les autres tâches effectuées par les femmes.

    Essayer de trouver des solutions sans l’autre moitié de la population et sans s’opposer clairement aux femmes de la classe bourgeoise ne conduira pas à des améliorations. Au contraire : les divisions vont s’accroître et l’exploitation facilitée. Cette stratégie entretient le manque de clarté concernant la source du sexisme : les hommes ou une société divisée en classes sociales par définition inégalitaire, comme le capitalisme aujourd’hui ? Les meilleurs alliés des femmes dans la lutte contre l’oppression, l’exploitation et l’austérité qu’elles subissent avec grande violence, ce sont leurs collègues. A l’inverse, comme le disait Lénine en 1918, ‘‘l’expérience de tous les mouvements de libération a montré que le succès d’une révolution dépend du degré de participation des femmes.’’

    Une ‘‘grève des tâches domestique’’ est effectivement susceptible de déclencher des discussions au sein des couples sur la répartition des tâches ménagères. Pourquoi ne serait-ce pas le cas dans une lutte commune contre l’inégalité ? Et à quoi pourrait ressembler une grève des tâches domestiques dans les familles monoparentales (soit pas moins d’un tiers des familles bruxelloises) ? A une grève de la faim des enfants ? Voulons-nous nous limiter à une solidarité intrafamiliale ou reconstruire une solidarité au niveau de l’ensemble de la société en développant des services publics de qualité et accessibles à toutes et tous ?

    Ce n’est que par des actions collective de solidarité que nous pourrons promouvoir de meilleurs services publics avec des investissements publics massifs dans les soins de santé, la garde des enfants, l’enseignement, les soins aux personnes âgées, les soins aux personnes handicapées, etc. C’est aussi de cette manière que nous pourrons exiger une augmentation du salaire minimum et une réduction collective du temps de travail (sans perte de salaire, avec embauche compensatoire et réduction des cadences) qui non seulement permettra l’indépendance économique des femmes, mais améliorera aussi l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et mettra également un terme au chômage qui oblige non seulement de très nombreuses femmes à accepter des emplois précaires.

    => Rejoignez ou soutenez la campagne ROSA !

  • Tunisie. La grève générale du secteur public paralyse le pays

    Ce jeudi, 750.000 travailleurs du secteur public ont participé à une grève nationale appelée par l’UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens) contre le gel des salaires et d’autres mesures d’austérité imposées par le FMI, en collaboration avec l’actuel gouvernement de Youssef Chahed.

    Les services publics étaient en grande partie paralysés, les écoles et les facultés universitaires fermées, tandis que les vols, les activités portuaires, les transports publics, les hôpitaux et autres services étaient également perturbés. Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées au siège de l’UGTT dans la capitale Tunis, et ont défilé sur l’avenue centrale de la capitale, l’avenue Bourguiba, en criant des slogans anti-gouvernement et anti-FMI tels que ‘‘Dégagez !’’, ‘‘Le peuple veut la chute du régime’’, ‘‘Peuple et travailleurs unis contre le FMI’’, etc.

    Des rassemblements et manifestations similaires ont eu lieu dans de nombreuses autres villes de Tunisie. Les camarades du CIO sont intervenus dans les manifestations à Tunis, en vendant leur journal et en distribuant des centaines d’exemplaires de leur tract, dont voici une traduction ci-dessous, accompagnée de quelques photos de la manifestation qui a pris place à Tunis.

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    Les politiques néolibérales adoptées par les gouvernements successifs avant et après la révolution du 17 décembre au 14 janvier étaient et sont toujours contraires aux objectifs et aux exigences de la révolution tunisienne. Elles reflètent les seuls intérêts d’une minorité qui monopolise la richesse de la nation et creuse la fracture de classe, par des choix dits “de développement” qui sont fondamentalement hostiles aux exigences de “liberté, dignité et justice sociales” de la révolution.

    Suite à l’échec des récentes négociations sociales entre le gouvernement actuel et l’UGTT sur l’augmentation des salaires dans le secteur public, la direction syndicale a été contrainte d’appeler à une grève générale du secteur public le 17 janvier pour défendre les intérêts de la classe ouvrière. Tayaar al’Amal al’Amal al Qaa’dii [section tunisienne du Comité pour une Internationale Ouvrière] affirme son soutien inconditionnel à cette grève.

    La responsabilité politique de l’échec des négociations sociales repose pleinement du côté du gouvernement actuel, qui continue de faire des choix économiques qui accentuent la marginalisation et l’exclusion sociale dans les villes et à la campagne, privant des couches croissantes de la population tunisienne des choses les plus élémentaires pour mener une vie décente.

    Nous appelons tous les travailleurs, les pauvres et les marginalisés à s’unir et à enraciner leurs revendications dans une mobilisation et une organisation soutenues contre les politiques d’appauvrissement sans fin imposées par tous les gouvernements depuis le début de notre révolution en 2011. Les intérêts de la classe ouvrière et de toutes les couches marginalisées et opprimées de la population ne peuvent être satisfaits que si nous reconnaissons nos ennemis dans la classe capitaliste qui contrôle la richesse et le pouvoir politique dans ce pays et luttons pour une alternative claire qui consacre la société “de liberté, de dignité et de justice sociale” que souhaite la majorité.

    Nous disons donc :

    • NON aux plans du FMI et au remboursement de la dette ! Nous exigeons des salaires et une couverture sociale adaptés au coût de la vie !
    • NON aux privatisations ! Pour la renationalisation des entreprises privatisées, pour la propriété publique des banques, des grandes entreprises et des grands domaines agricoles, sous contrôle démocratique !
    • Pour un vaste plan d’investissement public dans les infrastructures et le développement régional, afin d’offrir des emplois décents et bien rémunérés aux chômeurs !
    • Pour une grève générale des secteurs public et privé combinés, comme prochaine étape pour construire un plan durable de mobilisations sociales et syndicales contre le gouvernement Chahed !
    • Pour un gouvernement des travailleurs, des paysans pauvres et des jeunes !
    • Pour la solidarité et la résistance internationale des travailleurs, des marginalisés et des jeunes contre le capital et ses agents ! Pour une société socialiste !

  • les CEO du Bel20 ont déjà gagné autant qu’un Belge en une année

    Nos salaires : +0,1 %. Top managers: +25 %. Mais sur le dos de qui le gouvernement applique-t-il l’austérité ?

    Nous travaillons tellement durement que les bénéfices se portent bien et, par conséquent, les salaires des top managers augmentent fortement. Selon les spécialistes, c’est le signe que l’économie se porte bien. Le fait que nos salaires ne suivent pas et restent toujours sous le niveau d’il y a quelques années est également considéré comme positif pour l’économie. Pour les experts et spécialistes qui défendent le capitalisme, les inégalités croissantes sont positives : tant que les riches continuent à s’enrichir, ils sont satisfaits.

    Quelques chiffres : en 2016, les top managers de notre pays ont gagné en moyenne 2,08 millions d’euros par an. Cela représentait une augmentation de 26% en comparaison à 2015. Au cours de la même année, le salaire moyen d’un travailleur en Belgique était, selon l’OCDE, de 43.097 euros. Soit une baisse de 1% par rapport à l’année précédente, le salaire annuel moyen (sur la valeur de l’euro en 2016) était de 43.541 euros et toujours sur base de la valeur de l’euro en 2016, toujours sous le niveau du salaire moyen en 2014 et 2013. La coupole syndicale britannique TUC a fait un classement des augmentations salariales réelles attendues en 2018 : la Belgique est en queue de peloton avec une prévision de croissance de 0,1%. C’est beaucoup moins qu’aux Pays-Bas (+1,1%), en Allemagne (+0,9%) et en France (+0,8%). Il y a clairement un handicap salarial à notre désavantage !

    Et pourtant, on ne parle pas de mesures pour résoudre le handicap salarial. Des salaires moindres sont, en effet, bons pour “notre” position concurrentielle. Entendez : pour les profits des entreprises. Pour les top managers, on compare avec les pays voisins. Tous les journaux remarquent que les top managers en Allemagne et au Royaume-Uni gagnent plus que leurs collègues belges. On compare toujours nos salaires avec les salaires les plus bas alors que les leurs le sont avec les salaires les plus élevés.

    Au Royaume-Uni, la comparaison est faite entre les salaires moyens des travailleurs et ceux des top managers. Sur cette base, on détermine que le 4 janvier, le troisième jour ouvrable de l’année, un top manager a déjà empoché un premier salaire annuel moyen. Ce jour est appelé ‘Fat Cat Day.’

    Pour notre pays, de tels calculs divergent quelque peu. L’étude Vlerick par laquelle les salaires des managers des entreprises du Bel20 sont divulgués, indique qu’un CEO d’une entreprise du Bel20 gagne en moyenne 37 fois le salaire de ses travailleurs. En d’autres termes, il est tenu compte d’un salaire annuel moyen d’environ 56.000 euros. La CNE, syndicat chrétien francophone, a proclamé la journée d’hier de ‘CEO Jackpot Day’. Le syndicat part du salaire annuel médian de 44.374 euros en 2016. Les chiffres de l’OCDE tiennent compte d’un salaire annuel moyen de 43.097 euros. Selon De Standaard, en Belgique, le ‘Fat Cat Day’ tombe le 17 janvier. Ce journal est parti du salaire annuel brut moyen d’un travailleur à temps plein : 47.954 euros.

    Etant donné que beaucoup de travailleurs à temps partiel ne le sont pas volontairement mais n’ont pas d’autre option étant donné l’offre ou leur situation familiale (sachant que nombre de tâches de soins ne sont pas prises en charge par la communauté mais sont reportées sur la famille et en particulier, sur les femmes), il nous semble logique de partir du salaire moyen d’un travailleur comme le calcule l’OCDE. Nous voulons bien admettre que les top managers travaillent durement mais le travailleur moyen en fait tout autant. Avec une moyenne de 250 jours ouvrables sur l’année (congé payé inclus, nous supposons qu’un top manager part aussi en vacances), nous arrivons à un salaire journalier de 8.320 euros pour un top manager et de 172 euros pour un travailleur moyen. Au début du sixième jour ouvrable (après 5,2 jours), un top manager a déjà empoché un premier salaire annuel normal. C’était ce matin, autour de l’heure de la pause-café. A partir d’aujourd’hui, les managers travaillent pour leur deuxième salaire annuel.

    La CNE a baptisé la journée d’hier de ‘CEO Jackpot Day’ et soulignait que l’an dernier, cette journée ne tombait que le 10 janvier. Il faut encore préciser que le calcul de cette année est basé sur les chiffres disponibles les plus récents, c’est-à-dire ceux de 2016. A la vitesse à laquelle le fossé se creuse entre les salaires des top managers et ceux des simples travailleurs, dans quelques années, les top managers fêteront le ‘fat cat day’ en même que la nouvelle année.

    Le fossé entre les gros salaires les plus élevés et les salaires normaux est dénoncé depuis longtemps déjà. Face à cela, nous revendiquons une limite maximale à la tension salariale, il s’agit du rapport entre les salaires les plus élevés et ceux les plus bas. Il y a cent ans, les Bolcheviks introduisaient, en Russie, une tension salariale maximale d’un sur quatre. Le salaire le plus élevé ne pouvait dépasser au maximum que quatre fois le plus bas. Gagner quatre fois un salaire annuel signifie quand même la possibilité d’un grand luxe. Une telle mesure permettrait peut-être un plus grand soutien pour le relèvement des salaires et allocations les plus faibles.

    En liant la revendication d’une tension salariale maximale à celle d’une augmentation du salaire minimum à 15 euros de l’heure, on pourrait certainement compter sur un large soutien si ces revendications étaient popularisées. Ne nous contentons pas de dénoncer les énormes inégalités mais faisons des propositions pour y mettre fin. De telles propositions se heurtent directement à la logique du capitalisme et exigent la perspective d’une société socialiste.

  • Améliorer l’emploi en payant les jeunes moins chers : une nouvelle provocation de la NVA

    resistanceD’après le Soir, le parti de Bart De Wever aurait avancé une proposition à ses partenaires du futur gouvernement afin de « stimuler l’emploi ». L’idée serait simplement de payer les travailleurs de moins de 21 ans moins cher que leurs collègues ! Les jeunes devraient attendre deux ans avant de toucher un salaire normal (celui du barème en vigueur, le même que les autres travailleurs plus âgés).

    Par Nicolas P. (Bruxelles)

    Ainsi, un jeune de 16 ans toucherait 70% du salaire minimum, ensuite 82% à 18 ans, pour finalement atteindre le salaire minimum à 21 ans.

    Ce projet illustre la volonté du gouvernement de réduire les coûts pour le patronat, en attaquant les conditions de travail et les salaires de la population. Cette inégalité salariale ne se ferait ni sur base de la formation, ni de la qualité du travail, mais uniquement de l’âge. À travail égal…salaire inégal d’après la NVA !

    Encore une fois, ceci nous montre que la NVA n’est pas seulement un parti « anti-francophone » comme présenté dans les médias, mais plus fondamentalement un parti de droite radicale, plus soucieux d’aider à remplir les portefeuilles des patrons que les poches des citoyens, qu’ils soient francophones ou néerlandophones ! Le MR, seul parti francophone de cette coalition, a d’ailleurs déjà déclaré ne pas être contraire à cette proposition.

    Le schisme n’est pas linguistique, il est politique. Ce gouvernement se prépare à détruire chaque parcelle d’acquis sociaux de la population, afin de maximiser les bénéfices des actionnaires. Face à cela, les Étudiants de Gauche Actifs (Actief Linkse Studenten), s’organisent dans tout le pays et toutes les langues pour préparer la résistance à ces politiques néolibérales.

    Le PSL (Parti Socialiste de Lutte), avec EGA qui constitue son organisation étudiante, met en avant la nécessité d’un partage du temps de travail, avec une semaine de 32h, sans pertes de salaires, avec embauches compensatoires et réduction des cadences. Cette position est également défendue par la FGTB et de nombreuses organisations politiques et associatives, qui choisissent de défendre les travailleurs et leurs droits, plutôt que les capitalistes et leurs profits.

    Si toi aussi tu considères qu’un jeune peut être autre chose que de la chair à patrons, rejoins-nous !

  • Delhaize. Visite de solidarité au piquet de Herstal

    Par Cathy et Olivier V. (Liège)

    Une trentaine de personnes, travailleurs et délégués syndicaux de la CNE et du SETCA sont présents ce vendredi 13 juin devant les grilles fermées du Delhaize d’Herstal.

    Le ressenti général est d’avoir été bafoués par la Direction de Delhaize : « On l’a appris par les medias, comme vous, et on nous a interdit toute communication à la presse ». Les travailleurs dénoncent que la Direction lance son attaque à la veille des vacances, période de mobilisation difficile pour le personnel et les délégations syndicales ont refusé un agenda de négociations durant les vacances d’été qui ne permettent pas d’informer correctement leur base. « Ils comptent sur l’essoufflement du mouvement avant même que les négociations commencent », explique la représentante de la CNE.

    Suite à une initiative spontanée des travailleurs, 13 des 14 magasins susceptibles d’être fermés sont en grève, et ce jusqu’à samedi au moins. Il est possible qu’un nouveau conseil d’entreprise ait lieu mercredi prochain mais aucune information claire n’a encore été donnée par la Direction. « Nous sommes et resterons derrière le personnel, quoi qu’il décide, et transmettrons leur colère lors des négociations. Ca fait 10 travailleurs en moyenne par magasin qui perdront leur emploi et, en tant que déléguée syndicale, je peux aussi perdre le mien ! Nous resterons solidaires ».

    Ces actions spontanées des employés ne sont qu’un début, il faut maintenant organiser la résistance du personnel de la distribution, tous magasins confondus. Les attaques qui sont menées aujourd’hui contre les employés de Delhaize sont celles que subiront demain les travailleurs d’autres secteurs. Il nous faut un plan audacieux pour stopper les provocations de la Direction.

    Pour un plan d’action avec une manifestation nationale massive qui mobilise personnel et clients conscientisés des conditions de travail imposées, en tant qu’étape vers une grève de 24h de la totalité du secteur de distribution !

    « C’est de la base que ça doit partir, des travailleurs, tous secteurs confondus. N’oublions pas que nos acquis sont partis des luttes dans la rue », conclut la représentante des délégués syndicaux.

  • Delhaize. Visite de solidarité au piquet de Flagey

    Ce jeudi 12 juin, nous sommes allés à la rencontre des travailleurs du Delhaize Flagey, à Ixelles, en nous rendant à leur piquet de grève. Il n’y avait d’ailleurs pas que des membres du personnel sur place. Il y avait aussi un ancien collègue venu les soutenir, la permanente syndicale qui faisait le tour des magasins, des forces de l’ordre (sans que personne ne sache vraiment la raison de leur présence) et le directeur du magasin qui s’empressait de partir.

    Les travailleurs étaient pour beaucoup sous le choc. Le directeur du magasin venait de leur faire un petit discours moralisateur selon lequel il fallait penser à l’entreprise et que la grève faisait perdre à tout le monde beaucoup d’argent. Quel culot !

    La colère, le désarroi, l’envie de se battre, la peur de ce qui va se passer demain, étaient autant de ressentis différents qui traversaient le groupe présent.

    L’accueil a été en tout cas très chaleureux à notre égard. Et la proposition que nous avons faite d’aller faire signer leur pétition de soutien dans le quartier a été très bien accueillie.
    Nous avons recueilli les propos d’Alex, employé depuis 14 ans à Delhaize.

    Par Laure (Bruxelles), photos de Karim (Bruxelles)

    Comment avez-vous appris la nouvelle ?

    L’annonce a été prise comme une trahison. Un mois auparavant, ils nous avaient réunis dans notre magasin en nous montrant une belle petite vidéo, pour nous dire qu’il fallait alléger les coûts d’une trentaine de magasins mais qu’en même temps tout allait bien. Pour nous rassurer, il nous même parlé d’engagement !
    Et puis, un mois après, on se retrouve avec l’annonce que 14 magasins vont fermer, 2.500 licenciements plausibles, une baisse de salaire annoncée pour tout le monde et on nous dit qu’un gros paquebot qui n’avance pas trop, faut pouvoir le soulager.

    Qu’est-ce qu’ils entendent par « n’avance pas trop », l’entreprise n’est-elle pas en bénéfice ?

    Pas assez pour eux. Depuis la crise de 2008, l’entreprise fait des bénéfices donc on n’est pas soumis à un plan de restructuration ou autre, ils nous parlent dans le vent, c’est des choses qui ne sont pas concrètes.

    Les gens étaient contents de travailler chez Delhaize, on a une prime qui est pas énorme, mais c’est déjà quelque chose, on a des chèques repas, on a un treizième mois,… C’est peut-être pas grand-chose, mais pour nous, tous ces petits acquis, ça nous soulage à la fin de l’année.

    Et maintenant, on ressent l’insécurité, l’angoisse surtout avec tout ce qui s’est passé ces derniers temps, avec Carrefour, avec ArcelorMittal,… Face à tous ces plans de restructuration, ces licenciements,… les gens se sentent impuissants et ne savent pas comment réagir. L’histoire du bateau, ils l’ont sorti des milliers de fois. Mais je suis désolé, l’entreprise fait des bénéfices.

    Y a parfois des gens qui travaillent en couple dans le même magasin. Ils vont se retrouver tous les deux au chômage ! Et ceux qui ont un crédit hypothécaire sur le dos, et ceux qui ont des enfants. Il y a des gens qui sont à la fin de leur carrière, qui sont là depuis plus de 20 ans… C’est inhumain de faire ça. Alors ils nous disent qu’ils ont des plans, qu’ils vont faire ceci ou cela. Mais on y croit plus. On a vu tellement de choses que maintenant on ne croit plus en la direction, on n’a plus confiance.

    Donc face à ça, le moyen qu’on a, c’est de faire grève. Si c’est le seul moyen ? Je ne pense pas mais c’est en tout cas le seul que je vois pour qu’on se fasse entendre. Y a personne qui peut aller tout seul devant la haute direction de Delhaize, s’exprimer, montrer son mécontentement,…

    Comment vois-tu les mois à venir ?

    Delhaize a montré qu’il était visionnaire, et qu’il avait des bonnes idées. Aujourd’hui, avec tout ce qu’ils font, je ne pense pas que les gens reviendront avec le même état d’esprit au boulot. Ça leur a fait un choc. On ne viendra plus avec plaisir mais juste par besoin, parce qu’on a besoin de stabilité, et que si on n’a plus à la fin du mois de quoi se nourrir…

    Donc on est là pour l’avenir, pour soutenir les magasins qui ferment, pour les autres aussi, parce qu’on est tous touché par ces 2500 licenciements, tous on va le subir, comme les baisses de salaire.
    On est là pour représenter les clients aussi. Parce que l’entreprise a toujours mis beaucoup d’importance aux bons services rendus au client. Mais aujourd’hui, ils nous demandent de donner le meilleur service possible au client avec un minimum de personnel. Et ça n’est plus possible.
    Dans le magasin, on est passé de 120 personnes à 85 au total. Si on compte les maladies, les congés, etc. on est plus ou moins 75 au complet. On ressent déjà que la qualité des services n’est pas la même, et ils veulent encore nous retirer du personnel ?! C’est pour ça qu’on se bat aussi.

    Ça fait 14 ans que je travaille à Delhaize, j’ai vu clairement une dégradation des conditions de travail, et forcément une augmentation de la pression aussi. Par exemple, on nous demande d’être polyvalents. La polyvalence, dans une certaine mesure, c’est très bien. Ça nous permet d’apprendre plein de choses sur le magasin, de ne pas faire toujours la même chose, etc. Mais aujourd’hui, on nous demande d’être surpolyvalent et de passer d’une tache à l’autre sans avoir le temps de le faire correctement. On ne retrouve plus de satisfaction au travail, et ça devient très frustrant quand on aime le travail bien fait.

    Donc on va voir. On reste en contact avec ce qui se passe dans les autres magasins mais on attend. On a peu d’informations. Donc, il y a rien de plus pour le moment, mais c’est aussi pour ça qu’on est là aujourd’hui. Pour montrer qu’on est là, qu’on n’est pas d’accord avec le plan, qu’on est solidaire avec nos collègues et avec les autres magasins. Parce que si on n’agit pas, si on ne fait rien, alors c’est porte ouverte. Et si c’est porte ouverte, alors ils se sentent intouchables et ils font ce qu’ils veulent.

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