Tag: Ruth Coppinger

  • La députée Ruth Coppinger parle des Gilets Jaunes au Parlement irlandais

    Notre camarade Ruth Coppinger (députée de Solidarity et membre du Socialist Party) a introduit le mouvement des Gilets Jaunes au parlement irlandais. Ce mouvement de protestation fait de blocages, d’occupations et de manifestations dans les grandes villes s’oppose à une situation et une politique qui sont également très impopulaire ailleurs dans le monde. Le mouvement des Gilets Jaunes fait tâche d’huile.

    En Egypte, la vente de gilets jaunes a même été interdite pour tenter d’empêcher toute contagion… Lorsque Macron a été élu en mai 2017, il représentait le nouveau visage du néolibéralisme. Le premier ministre irlandais avait d’ailleurs pris Macron comme exemple. Les mobilisations françaises constituent donc un avertissement au Premier ministre (“Taoiseach”) Varadkar.

    Le mouvement se poursuit en France : il faut une grève générale de 24 heures pour faire tomber le gouvernement. Mais c’est le système capitaliste lui-même qui représente un cauchemar pour la majorité de la population. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une économie démocratiquement planifiée à la place du chaos dévastateur du “marché libre”. Cela fait partie de la lutte pour une France socialiste comme tremplin vers une Europe socialiste.

  • [VIDEO] #KeepCorbyn Messages de solidarité du Parlement irlandais

    Paul Murphy AAA

    Dans les vidéos ci-dessous, les députés du Socialist Party (section du Comité pour une internationale Ouvrière en république irlandaise et parti-frère du PSL) et de l’Anti Austerity Alliance Paul Murphy et Ruth Coppinger s’expriment contre le coup d’Etat en cours au sein du Parti Travailliste britannique de la part des Blairistes pour retirer la présidence du parti à Jeremy Corbyn. Ils s’expriment également au sujet de l’impact du Brexit.

  • Ruth Coppinger, première femme candidate Premier ministre d'Irlande

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    La crise politique se poursuit en Irlande. Aucun des deux grands partis historiques du pays (le Fianna Fail et le Fine Gael) n’est parvenu à obtenir une majorité, ils se retrouvent à tenter de négocier avec des élus indépendants pour s’en sortir. Deux semaines après la première session parlementaire, une deuxième a eu lieu cette semaine dans le but d’élire le Premier ministre (le “Taoiseach”).

    La fraction AAA-PBP (Anti-Austerity Alliance – People before Profit) a présenté son propre candidat, sans illusions quant à une éventuelle nomination mais afin d’utiliser le Parlement pour défendre une alternative de gauche. C’est notre camarade Ruth Coppinger (élue de notre parti-frère le Socialist Party tous comme les deux autres députés AAA) qui a été présentée. C’est la première fois de l’histoire d’Irlande qu’une femme est ainsi présentée pour ce poste.

    Alors que l’actualité de ces derniers jours est essentiellement consacrée au scandale des Panama Papers, Ruth Coppinger a été la seule candidate à en parler au Parlement. Les autres n’étaient pas à l’aise sur cette question, ils défendent après tout le système de la course aux profits à l’origine de ces évasions fiscales.

    Prise de parole de Ruth Coppinger

    Présentation de sa candidature par Mick Barry

  • Élections irlandaises. L'establishment en déroute tandis que la gauche progresse

    Paul_AAA_01Paul Murphy et Ruth Coppinger sont réélus tandis que Mick Barry fait son entrée au Parlement

    Le gouvernement irlandais de coalition du Fine Gael et du Labour Party (Parti Travailliste) a reçu une véritable claque à l’occasion des élections générales de ce 26 février. La profonde colère de classe ressentie contre la politique d’austérité et, plus particulièrement, contre la trahison du Parti Travailliste a poussé les électeurs à infliger une cuisante et humiliante défaite à ces deux partis. Le résultat n’est pas encore connu pour certains derniers sièges, mais les résultats déjà connus montrent que le Labour a perdu au moins les trois quarts de ses sièges et n’a remporté que 6,6% des votes de première préférence (selon le principe du scrutin à vote unique transférable, NDT), soit une baisse de près de 20% par rapport à 2011. Le Fine Gael (FG) a perdu plus de 10% et plus de 20 sièges. Le paysage politique est totalement chamboulé et fragmenté, avec également la montée en puissance d’une nouvelle gauche socialiste.

    Par Danny Byrne, Comité pour une Internationale Ouvrière

    “Laissez la relance économique se poursuivre”

    Les partis gouvernementaux ont mené une campagne électorale désastreuse. En dépit des sondages qui n’ont pas montré clairement de perspective d’un gouvernement alternatif, le soutien du FG et du Parti Travailliste a systématiquement baissé au fur-et-à mesure qu’approchait le jour du scrutin. Les partenaires gouvernementaux ont cherché à se présenter comme la seule option viable en menaçant les électeurs du chaos que représenterait n’importe quel autre choix à la «stabilité» qu’ils pouvaient seuls garantir.

    Ils n’ont cessé de répéter : «laissez la relance économique se poursuivre», selon l’idée que le gouvernement serait parvenu à extraire l’économie irlandaise du marasme et qu’il devait par conséquent être autorisé à poursuivre son travail. Ce slogan a connu un flop retentissant.

    Ainsi que l’a expliqué l’Anti Austerity Alliance (au sein de laquelle est activement engagé le Socialist Party – section du Comité pour une Internationale Ouvrière en République irlandaise et parti-frère du PSL, NDT), ce discours basé sur une reprise économique contrastait massivement avec la réalité et l’atmosphère présente dans les quartiers ouvriers du pays. Ces communautés ont été durement frappées et dévastées par les années successives de politique d’austérité durant la récession, mais la «reprise» du capitalisme irlandais leur est passée au-dessus de la tête. Tous les avantages de cette reprise ont été empochés par le 1% au sommet de la société alors que les conditions de vie de la majorité de la population stagnaient.

    Plutôt que d’inspirer la foi dans les partis au pouvoir, ce slogan et cette idée ont plutôt renforcé les sentiments d’amertume et d’injustice parmi les masses aux prises avec la lutte quotidienne pour parvenir à joindre les deux bouts et face au constat des inégalités profondément ancrées dans cette prétendue reprise économique.

    Voilà la toile de fond derrière les malheurs et misères du gouvernement aux élections. Les menaces de «la stabilité ou le chaos» n’ont en rien amenuisé l’ardente volonté de connaitre un changement. L’état d’esprit anti-establishment qui existe dans la classe ouvrière en Irlande était suffisamment enraciné que pour vivement couper court au chantage et à l’alarmisme du gouvernement.

    Une crise sans précédent de l’establishment politique

    Ces élections plongent le capitalisme irlandais dans une crise profonde, selon des lignes déjà observées dans d’autres pays européens touchés par la crise, comme l’Espagne et la Grèce. Les partis de la domination capitaliste sont en crise après avoir subi le test de la pratique et ne peuvent tout simplement plus continuer à arriver au pouvoir en alternance pour assurer la «stabilité» du système de marché.

    En Irlande, cela s’exprimait historiquement par la domination de deux partis conservateurs de droite, le Fianna Fail et le Fine Gael, aux côtés du Parti Travailliste, l’ancien parti social-démocrate. Ces partis ont érgulièrement monopolisés à eux seuls environ 90% de l’espace électoral. Mais cette fois-ci, le Fianna Fail et le Fine Gael ont obtenu moins de 50% des voix ensemble tandis que le Parti Travailliste était décimé. Les suffrages restants sont fortement dispersés, avec 30% des voix en faveur d’indépendants et de petits partis et un peu moins de 14% pour le Sinn Fein.

    Cela ouvre une grave crise politique. À l’heure actuelle, la seule majorité gouvernementale qui semble viable serait composée du Fine Gael et du Fianna Fail, une espèce de «grande coalition» à l’irlandaise. Ces deux partis ont, pour l’instant, exclu qu’un tel scénario puisse voir le jour pour des raisons politiques (ils ne veulent pas voir dominer une plus forte opposition anti-establishment). Mais la pression en faveur de ce scénario sera toutefois intense de la part de certaines couches de l’établissement, y compris au sein de ces deux partis. Diverses possibilités ont déjà circulé, comme celle d’une alternance des deux partis au poste de «Taoiseach» (Premier ministre) ou encore celle d’un gouvernement minoritaire du Fine Gael avec le soutien du Fianna Fail. De nouvelles élections pourraient également être convoquées dans ces prochains mois.

    Le Sinn Fein

    Le Sinn Fein a renforcé son soutien électoral ainsi que son nombre de sièges, mais bien en-deçà des attentes. L’an dernier, il avait dépassé les 20% dans les sondages et était même considéré capable de contester la place du Fianna Fail comme second parti du pays. Sa direction se présentait comme le potentiel leader du prochain gouvernement. Mais il s’est retrouvé avec moins de 14% des voix, soit environ 10% derrière le FF, et a même perdu un certain nombre de circonscriptions clés, y compris au bénéfice de la gauche socialiste.

    Traqué par la presse et les partis de l’établissement au sujet de questions historiques et de sécurité, le Sinn Fein a fait l’effort de courtiser les faveurs de l’establishment pour prouver qu’il pouvait être «responsable». Alors qu’il voulait se présentait comme une véritable alternative à gauche, il a limité son programme électoral à «l’espace fiscal» autorisé par les règles restrictives de la troïka européenne, excluant ainsi dans les faits l’arrivée d’un véritable changement tel que désiré par les travailleurs. Il a également courtisé les partis de l’establishment en tant que potentiel partenaire de coalition, refusant même d’exclure de conclure un accord avec le FF (une possibilité rendue impossible par la réalité des résultats électoraux).

    Sur la question clé de la nouvelle taxe qui vise à en finir avec la gratuité de l’eau, qui a déclenché un mouvement de masse au cours de ces dernières années, le Sinn Fein s’est vu exposé au grand jour et même dépouillé par la véritable gauche, en particulier par l’Anti Austerity Alliance. Les travailleurs et les jeunes les plus conscients, ceux qui ont joué un rôle actif dans le mouvement de masse contre la taxe sur l’eau et l’austérité de manière plus générale, ont eu tendance à favoriser ceux qui avaient construit le mouvement et l’avaient dirigé sur ceux qui avaient limité leurs efforts à une timide assistance parlementaire. C’est ce qu’illustrent les résultats électoraux et les gains substantiels pour l’Anti Austerity Alliance (AAA) et le Socialist Party (parti-frère du PSL, NDT) dans les circonscriptions clés que sont Dublin Ouest, Dublin Sud-Ouest et Cork North Central.

    Croissance de la gauche socialiste et remplacement du Parti Travailliste

    Paul Murphy sera en Belgique le 9 avril, à l'occasion de notre journée
    Paul Murphy sera en Belgique le 9 avril, à l’occasion de notre journée Socialisme 2016.

    La crise capitaliste actuelle a conduit à la disparition du Parti Travailliste fondé par le marxiste James Connolly, devenu depuis lors un vicieux instrument au service des patrons et des marchés. Mais la situation actuelle est aussi marquée par l’émergence d’une nouvelle gauche dans laquelle les socialistes révolutionnaires jouent un rôle clé et qui est d’ores et déjà prête pour de nouvelles percées.
    L’AAA, en alliance avec People Before Profit (PBP), a constitué le plus sérieux défi de la gauche à l’échelle nationale de l’histoire de l’Etat dans ces élections, en se présentant dans plus de 30 circonscriptions. L’alliance a remporté 4% des votes nominatifs de premier choix en ne se présentant que dans un peu moins d’un tiers des circonscriptions. Il s’agit d’un excellent résultat pour une nouvelle initiative socialiste combattive.

    Au moment décrire cet article, il semble que L’Anti Austerity Alliance a réélu avec succès les membres du Socialist Party Ruth Coppinger (Dublin Ouest) et Paul Murphy (Dublin Sud-Ouest) tout en réalisant une percée impressionnante en parvenant à faire élire un autre membre du Socialiste Party, Mick Barry, à Cork Nord-Central. Il s’en est également fallu de peu (270 voix) qu’un siège soit également conquis dans la ville de Limerick avec Cian Prendiville, ce qui aurait été le choc des élections. Cela provient de la campagne fantastique qui a été menée mais aussi de la reconnaissance du rôle de premier plan joué par le Socialist Party et l’AAA dans la construction du mouvement contre la taxe sur l’eau.

    L’alliance People Before Profit semble avoir également remporté 3 sièges au moment d’écrire cet article, ce qui signifie qu’un bloc de 6 députés pourra être constitué. Cette plate-forme sera d’une aide précieuse pour la lutte contre l’austérité du prochain gouvernement.

    Un gouvernement de coalition Fine Gael – Fianna Fail serait désastreux pour la classe des travailleurs en Irlande. Les mouvements de masse qui ont ébranlé le précédent gouvernement devront redoubler d’efforts. Le Socialist Party et l’AAA orienteront leur attention vers la construction de ces mouvements afin d’assurer l’abolition de la taxe sur l’eau et d’arracher un refinancement public massif des soins de santé, de l’enseignement, des logements et l’amélioration des conditions de vie des masses.

    Cette lutte doit nécessairement étendre ses objectifs au-delà de «l’espace fiscal» des capitalistes et de la troïka. L’économie doit être réorientée pour satisfaire les besoins de la population au lieu des profits de quelques-uns. Seules des politiques de type socialiste, basées sur la propriété publique démocratique des secteurs clés de l’économie, représente une alternative au règne des multinationales. Le soutien pour de telles politiques peut rapidement se développer avec l’aide de la nouvelle gauche socialiste combattive qui se lève pour remplacer les vendus du Parti Travailliste.

  • [VIDEO] Irlande: Meeting réussi de l'AAA-PBP

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    Vous trouverez ci-dessous la vidéo des prises de parole des députés Paul Murphy et Ruth Coppinger (membres de l’Anti Austerity Alliance et du Socialist Party) lors d’un meeting organisé par l’Anti-Austerity Alliance/People Before Profit, à Dublin tout juste après qu’une manifestation de masse de dizaines de milliers de personnes ait à nouveau protesté contre la nouvelle taxe sur l’eau. Les élections générales se dérouleront demain.

  • Le premier ministre irlandais interpellé suite aux arrestations d'activistes

    Cette semaine, au Parlement irlandais, il a à nouveau été question de l'approche très politique de la police irlandaise. Plus de 20 activistes ont jusqu’ici été arrêtés pour leur opposition à la nouvelle taxe sur l’eau profondément haïe. Un récent sondage a mis en avant que 4 Irlandais sur 10 seulement étaient disposés à payer ce nouvel impôt destiné à enterré la gratuité de l’eau dans le pays et à chercher dans les poches de la population (une nouvelle fois) de quoi payer la crise du système capitaliste. La police irlandaise – la Gardai – a été utilisée comme outil politique de répression contre les militants opposés à la politique austéritaire. Réagissant à une interpellation de notre camarade la députée Ruth Coppinger (élue du Socialist Party, parti-frère irlandais du PSL), le Premier ministre Enda Kenny a que la police ait été utilisée de façon politique. Ruth a notamment lu la lettre d’un agent de police qui expliquait qu’il ne paiera pas la taxe sur l’eau et ne voyait pas pourquoi il devait intervenir en tant que policier contre les actions de protestation. Quand la lutte des classes entre au Parlement…

  • Comment les marxistes utilisent-ils leurs positions élues pour construire un rapport de forces vers un changement réel ?

    Ce 25 mai, des élus de gauche radicale ont été envoyés aux parlements régionaux de Bruxelles et de Wallonie ainsi qu’à la Chambre, pour la première fois depuis 30 ans. Cette percée remarquable du PTB assure que, désormais, une voix différente se fera entendre tant aux Parlements que dans le débat public.

    Les élus du PTB ont annoncé vouloir être le mégaphone de leurs électeurs. Certains ont rétorqué qu’avec seulement deux députés à la Chambre, quatre au Parlement bruxellois et deux au Parlement wallon, le PTB ne parviendra à rien concrétiser, que figurer dans l’opposition ne permet pas de ‘‘peser’’ sur la politique. Comment la gauche radicale peut-elle utiliser sa position pour, avec la classe des travailleurs, renforcer la lutte anti-austérité ? Comment quelques élus peuvent-ils déterminer le ton de l’agenda politique ? En guise de contribution à cet important débat, nous avons voulu aborder quelques exemples de la manière dont le Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL est la section belge) a utilisé et utilise ses positions élues.

    À Seattle, aux Etats-Unis, Kshama Sawant a frappé fort l’an dernier en recueillant 95.000 voix et en faisant son entrée au conseil de la ville, où ne siègent que neuf élus au rôle comparable à celui d’un échevin en Belgique. Notre camarade Bart Vandersteene a plusieurs mois à Seattle et livre ici un rapport de la manière dont la position de Kshama a été utilisée dans la lutte pour l’augmentation du salaire minimum à 15 $ de l’heure.

    En Irlande, nos camarades du Socialist Party n’ont pas su répéter leur succès des élections européennes de 2009, lorsqu’ils étaient parvenus à prendre l’un des sièges en lice à Dublin. Ces cinq dernières années ont toutefois clairement illustré ce qu’un élu de gauche radicale peut faire comme différence au Parlement européen. Notre parti frère irlandais possède une vaste expérience dans ce domaine. Lors des dernières élections législatives partielles de mai, Ruth Coppinger est d’ailleurs venue rejoindre Joe Higgins au Parlement irlandais. Ces cinq dernières années, Finghin Kelly était collaborateur au Parlement européen pour le Socialist Party, il nous parle ici de cette expérience.

    Enfin, nous tenons à revenir sur un cas plus historique, celui de la lutte de Liverpool où, entre 1983 et 1987, un conseil municipal de gauche radicale était au pouvoir. Que peuvent réaliser les marxistes lorsqu’ils disposent d’une majorité dans une grande ville ? Le contraste est frappant avec, par exemple, ce que fait actuellement le SP aux Pays-Bas, devenu partenaire de coalition des libéraux à Amsterdam.

     

    Ces contributions peuvent être d’une grande utilité afin de voir comment utiliser de la façon la plus optimale les positions que le PTB a obtenues aux Parlements.


    Seattle: Comment une élue socialiste a-t-elle pu faire la différence dans la lutte pour l’augmentation du salaire minimum ?

    Par Bart Vandersteene

    “La guerre du salaire”

    Pour la première fois depuis des décennies, un élu de gauche radicale se réclamant du socialisme est arrivé au Conseil d’une ville américaine majeure. L’élection de Kshama Sawant à Seattle en novembre dernier est loin d’être passée inaperçue… Depuis lors, le plus haut salaire minimum de tout le pays y a été instauré. Nul doute que l’élection de Kshama Sawant et le rôle joué par Socialist Alternative ont été décisifs dans ce domaine.
    Les lecteurs réguliers de Lutte Socialiste ou de socialisme.be ont déjà pu à de nombreuses reprises prendre connaissance de la situation particulière qui s’est développée à Seattle. Deux permanents du PSL s’y sont d’ailleurs rendus afin de profiter de cette expérience et d’aider à construire notre organisation-sœur, Socialist Alternative, qui connaît actuellement une croissance impressionnante.

    Sans exagérer le moins du monde, nous pouvons affirmer que l’élection de Kshama Sawant a constitué un véritable tournant pour la gauche américaine. Un intense débat a éclaté concernant les initiatives que la gauche devrait prendre aux Etats-Unis pour enfin être un réel joueur sur le terrain politique.

    L’élection d’une militante se réclamant du socialisme n’est pas passée inaperçue, c’est certain, mais ce qui a véritablement frappé les esprits, c’est que six mois plus tard à peine, la ville avait déjà accepté de relever le salaire minimum jusqu’à 15 $ de l’heure, même si ce n’est pas d’un seul coup. Avec cette victoire, Kshama Sawant et Socialist Alternative sont devenus un repère pour des dizaines de milliers de militants actuellement à la recherche d’une stratégie destinée à défendre une alternative au capitalisme. Même les médias internationaux ont couvert l’événement, qui a figuré dans les pages du Guardian, de l’Indian Times de même que dans des journaux allemand, français, danois, israéliens,…

    Mais avant le vote du Conseil sur les 15 $, seuls les journalistes locaux reconnaissaient l’importance de ce qui était en train de se passer. Le Seattle Times, journal difficilement soupçonnable de sympathies de gauche, écrivait déjà en avril : ‘‘Si le conseil décide d’établir le salaire minimum à 15 $ au cours de ces prochains mois, alors Sawant pourra à juste titre en prendre le crédit et commencer à déterminer l’agenda politique de la ville.’’
    Kshama n’a pas marqué de son empreinte l’agenda politique en convainquant les huit autres conseillers à l’aide de bons arguments ; elle a forcé l’establishment politique à accorder des concessions en mobilisant l’opinion publique et en construisant un mouvement par en bas. Sa campagne électorale avait pour revendication centrale l’instauration d’un salaire minimum de 15 $ et l’approche offensive de Socialist Alternative a forcé les deux candidats à la mairie à se prononcer sur la question. Le vainqueur, Murray, a été contraint de la soutenir du bout des lèvres.

    Une semaine après sa prestation de serment au Conseil, une réunion a rassemblé 250 participants et a lancé la campagne ‘‘15 NOW’’ (15 maintenant). Ces derniers mois, des dizaines d’activités et de réunions ont eu lieu en vue de consolider et de renforcer le large soutien à la revendication des 15 $, soutenue à 68% selon un sondage réalisé en janvier. En mars, il s’agissait de 72%.

    Tout en continuant à mener campagne, Sawant et ‘‘15 NOW’’ avaient averti le maire qu’il avait jusqu’au mois d’avril pour trouver une proposition concluante, faute de quoi ‘‘15 NOW’’ allait lancer une campagne de récolte de signatures pour obtenir l’organisation d’un référendum contraignant en novembre, sur base d’une proposition de ‘‘15 NOW’’.

    Le 1er mai, le maire a annoncé qu’il avait conclu un compromis avec les représentants des entreprises, des syndicats et une majorité des conseillers. Les 15 $ de l’heure seront bien introduits, mais sur une période de 2 à 6 ans en fonction de la taille de l’entreprise. Après deux ans, le montant sera ajusté pour tenir compte l’inflation. Pour 2025, le salaire minimum devrait être de 18 $ de l’heure (actuellement, le salaire minimum fédéral est de 7,25 $).

    Plusieurs conseillers ont, en concertation avec le patronat, tenté d’affaiblir la proposition initiale de ‘‘15 NOW’’. La seule raison pour laquelle ils n’ont pas osé y aller plus franchement est la menace des prochaines élections, où ils craignaient d’être trop largement considérés comme de vulgaires hommes de paille des 1% les plus riches.

    La proposition finalement retenue n’est pas conforme à 100% à celle défendue par Kshama, mais elle reste une avancée majeure ainsi qu’une grande victoire qui indique comment une position élue peut être utilisée pour renforcer la lutte et arracher des conquêtes sociales. Le journaliste indépendant Arun Gupta avait ainsi décrit la dynamique à l’œuvre : ‘‘C’était impressionnant de voir comment Socialist Alternative combinait efficacement ses tactiques à l’intérieur et à l’extérieur du Conseil. C’était un jeu d’échecs, chaque mouvement de la mairie et des entreprises recevait une réponse de ‘‘15 NOW’’. La position de Sawant à la table des négociations a été renforcée par des manifestations et des actions.’’

    Al-Jazeera América a écrit : ‘‘La victoire de Sawant a démontré qu’être socialiste n’est plus un inconvénient pour les élections. La campagne pour les 15 $ de l’heure a en outre fourni un modèle de démocratie par la base qui va à l’encontre du processus politique contrôlé par les entreprises. Les observateurs s’attendent à ce que la loi puisse passer fin mai. Si cela se produit, la victoire – même sans être complète – confirmera la méthode de Socialist Alternative, renforcera cette organisation et créera plus d’espace pour la politique socialiste aux États-Unis’’ (21 mai 2014).

    Lors du vote final au Conseil, le 2 juin, Kshama Sawant a clôturé son discours comme suit : ‘‘Le message d’aujourd’hui est clair : si nous nous organisons en tant que travailleurs avec une stratégie socialiste, nous pouvons combler le fossé des inégalités de revenus et nous attaquer à l’injustice sociale. Les 15 $ à Seattle ne sont qu’un début. Nous avons tout un monde à gagner.’’

    Plus d’infos sur le rôle joué par Kshama Sawant et Socialist Alternative à Seattle.


    Irlande. Des élus pour renforcer la résistance de terrain contre la politique antisociale

    Par Finghin Kelly

    Joe Higgins

    Le parti-frère irlandais du PSL a remporté son premier siège au Dáil (parlement) en 1997. En 2011, le parti a gagné deux sièges aux élections législatives et, récemment, en a obtenu un de plus lors d’une élection partielle. Le Socialist Party irlandais a également eu un député européen de 2009 aux récentes élections de mai.

    Le Socialist Party est également représenté dans des conseils locaux depuis 1991. Il est à la base de l’Alliance Anti Austérité (AAA) qui vient de remporter 14 conseillers municipaux (9 d’entre eux étant membres du Socialist Party) siégeant désormais dans les trois principales villes de la république irlandaise.

    Durant toute cette période, le Socialist Party a été confronté à de nombreux défis dans l’utilisation de ses élus. Les années ’90 et le début des années 2000 furent une période marquée par un dramatique tournant vers la droite au sein du Parti Travailliste irlandais (de même que dans le reste de la social-démocratie, comme le PS en Belgique), qui s’est transformé en un parti entièrement pro-capitaliste et appliquant le néolibéralisme. Un processus similaire avait également pris place dans la majorité des directions syndicales, qui ont abandonné l’idée de mener une lutte conséquente pour défendre les intérêts de la classe des travailleurs tout autant que celle qu’une alternative au capitalisme était possible.

    Ces dernières années, le capitalisme irlandais a connu une crise profonde. Les banques irlandaises ont été renflouées par le contribuable à hauteur de 64 milliards € et un vicieux plan d’austérité a été mis en place par l’ensemble des partis traditionnels. Les conditions de vie des travailleurs se sont effondrées tandis que l’émigration et le chômage ont atteint un niveau record.

    Dans ce contexte, les principales tâches qui nous faisaient face avec nos représentants élus étaient de défendre et de populariser les idées du socialisme en tant qu’alternative à la crise, d’entrer en confrontation avec l’establishment politique capitaliste et de s’en prendre aux conséquences de leurs politiques en organisant à la rage et l’opposition des travailleurs.

    L’histoire nous a démontré que toutes les conquêtes sociales acquises par la classe des travailleurs ont été obtenues grâce à l’organisation et à la pression exercée sur la classe capitaliste et ses partis. Chaque victoire obtenue au Parlement n’a été possible que grâce à ce genre de mouvement. Nous avons donc toujours visé à utiliser nos représentants comme bras politiques du mouvement à l’extérieur de la Chambre. C’est ce qui a constitué notre force : faire d’une part entendre la voix des travailleurs et défendre les idées du socialisme à l’intérieur du Parlement et, d’autre part, avant tout utiliser ces élus afin d’aider à organiser la lutte à l’extérieur du Parlement.

    Paul Murphy

    Dans le cadre du mémorandum de la troïka, le gouvernement irlandais a instauré une taxe injuste sur chaque maison, sans tenir compte des moyens de ses occupants. Une campagne de boycott de masse a suivi, soutenue et construite par le Socialist Party. Nos élus ont été une sorte de mégaphone pour la campagne. Notre député européen, Paul Murphy, a même déchiré son formulaire de taxe au Parlement européen au cours d’un débat avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. Nos élus ont été d’une grande assistance pour la campagne. Nos ressources (bureaux, capacités d’impression, etc.) ont été utilisées pour construire une campagne nationale de masse. Le bureau de Paul Murphy à Dublin a par exemple été occupé par des volontaires de la campagne afin d’y organiser des réunions et des actions dans tout le pays, tout en servant de centrale téléphonique pour de la campagne.

    Nos élus n’ont jamais cessé leur activité dans le mouvement. En 2003, dans une campagne du même type, notre député Joe Higgins a même été emprisonné un mois après avoir défié une décision judiciaire interdisant les manifestations.

    Pour le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), il est normal que les représentants des travailleurs n’aient pas un style de vie plus aisé que celui des travailleurs. Ses représentants vivent donc avec le salaire moyen d’un travailleur. Le député européen Paul Murphy a ainsi vécu comme un jeune travailleur irlandais; en gardant 1.800 euros par mois de son salaire de parlementaire de 6.300 euros. Le reste a été donné à des travailleurs en grève, des campagnes anti-austérité, etc.

    Beaucoup d’exemples peuvent encore illustrer comment des élus peuvent efficacement aider les travailleurs en lutte. En 2005, par exemple, Joe Higgins a fait entrer au Dáil la question de l’exploitation des travailleurs turcs et kurdes chez Gama Construction. En plein boom du secteur immobilier, ils ne recevaient qu’un salaire de 2 ou 3 € de l’heure ! Ces travailleurs se sont mis en grève, et notre travail au Dáil a permis d’exercer une pression politique sur le gouvernement irlandais et de faire débarquer la thématique dans les médias, jusque-là réticents. Ce fut un point tournant pour leur lutte.

    Plus d’infos.


    Liverpool : La ville qui a défié Thatcher

    Dès le printemps 1984, la ville de Liverpool a connu un mouvement de masse dirigé par les membres de notre parti-frère anglais, alors organisés au sein du Parti Travailliste autour du journal “Militant”. À Liverpool, leur tendance était même la force dirigeante du parti travailliste.

    À ce moment-là, les administrations locales se voyaient contraintes par le gouvernement central d’exécuter d’importantes coupes budgétaires. Mais il n’en a pas été ainsi à Liverpool grâce à un conseil communal dont la direction, le programme et les tactiques avaient été élaborés par l’organisation trotskyste ‘‘Militant’’. Même si les membres de Militant étaient en minorité au conseil, ce sont leurs propositions d’actions et idées qui étaient acceptées. Ils ont défendu la nécessité d’un budget basé sur la satisfaction des besoins des habitants. Les rentrées étaient insuffisantes face aux dépenses prévues, mais une large campagne a été initiée pour contraindre le gouvernement à accorder plus de ressources aux localités.

    La majorité travailliste à Liverpool, élue en mai 1983, est revenue sur les 2.000 licenciements de travailleurs municipaux effectués par la précédente administration travailliste. Elle a aussi décidé de lancer un plan de construction de 5.000 nouveaux logements sociaux en quatre ans. Plus de logements sociaux ont été construits à Liverpool sur cette période que dans toutes les autres communes du pays ! 12.000 emplois ont ainsi été créés dans le secteur du bâtiment à un moment où le taux de chômage était à plus de 25 % à Liverpool, voire même à 90 % parmi la jeunesse de certains quartiers. Le salaire minimum des employés communaux a été relevé de 100 livres par semaine, et le temps de travail est passé de 39 à 35 heures par semaine, sans perte de salaire.

    “Better break the law than break the poors” – “Mieux vaut briser la loi au lieu de briser les pauvres”

    Avec ses 30.000 travailleurs, la ville était le plus grand employeur de la région. Mais si Liverpool avait avalé la logique d’austérité que voulait lui imposer le gouvernement, le budget pour 1984 aurait dû être de 11 % inférieur à celui de 1980-81. 6.000 emplois auraient dû disparaitre pour que le budget soit à l’équilibre.

    Le gouvernement a lancé une campagne complètement massive contre Liverpool dans les médias, campagne plus tard suivie par la direction nationale du Parti Travailliste. Plus d’une fois, Thatcher a menacé d’envoyer l’armée pour expulser les élus locaux. Dans un courrier des lecteurs dans les pages d’un journal local, un homme avait réagi en disant : ‘‘Je ne sais pas qui était Léon Trotsky, mais à en juger par le nombre de maisons qui ont été construites à Liverpool, ce devait être un fameux maçon !’’

    Le 29 mars 1984, jour où devait être voté le budget d’austérité du gouvernement, une grève générale locale de 24 heures, une des plus grandes grèves jamais vues à l’échelle d’une ville, et 50.000 personnes ont manifesté en direction de l’hôtel de ville afin d’exprimer leur soutien au conseil ! Le 9 juin 1984, le gouvernement a fait toute une série de concessions d’une valeur totale de 16 millions de livres, entre autres parce que les mineurs étaient eux aussi partis en grève. Thatcher savait qu’elle ne pouvait obtenir aucune victoire en se battant sur deux fronts à la fois, et a décidé de tout d’abord se concentrer sur les mineurs.

    Finalement, les “47” de Liverpool (les 47 conseillers travaillistes qui ont mené la lutte jusqu’au bout) ont été démis de leurs fonctions par un tour de passe-passe juridique suite à une alliance conclue entre Thatcher et la direction nationale travailliste, horrifiée par le soutien que commençaient à gagner la ‘‘Tendance Militant’’. La section locale du parti à Liverpool a été dissoute puis placée sous un contrôle hiérarchique très strict. Ce n’était que le début d’une sorte de contre-révolution politique au sein du Parti Travailliste arrivée à sa conclusion logique sous Tony Blair, le parti devenant totalement pro-capitaliste.

    Version raccourcie d’un précédent article.

  • Notre camarade Ruth Coppinger fait son entrée au Parlement irlandais!

    Nos camarades irlandais du Socialist Party viennent de remporter une importante victoire à Dublin West : Ruth Coppinger fait son arrivée au Parlement irlandais! Les élections législatives en Irlande se déroulent selon le principe du scrutin à vote unique transférable, où l’électeur ne se contente pas de choisir son candidat préféré, mais donne un ordre de préférence à l’ensemble des candidats. Ruth Coppinger a obtenu 20,6% des voix en tant que premier choix, et les transfert en tant que second et troisième choix lui ont permis d’être élue. Elle avait précédemment été conseillère municipale, une fonction pour laquelle elle avait encore récemment été élue.

    Elle vient rejoindre notre camarade Joe Higgins, également élu au Parlement dans le district de Dublin West. Joe a toutefois fait savoir il y a peu qu’il ne participerait pas aux prochaines élections législatives générales en raison de ses 67 ans, et qu’il voulait laisser la place à Ruth Coppinger, qui s’est construit au fil des ans un profil de militante combative.

    Lors des élections locales, les sociaux-démocrates du Labour ont subi une cuisante défaite, en résultat de sa participation à une coalition d’austérité avec le Fine Gael. Des listes AAA (Anti Austerity Alliance) étaient présentées pour ces élections locales, des listes soutenues par le Socialist Party et qui ont obtenu des élus à Fingal Dublin, South Dublin, Cork et Limerick. Reste encore les élections européennes, où nos camarades ont présenté la candidature de Paul Murphy pour l’un des trois sièges européens de Dublin, ce qui n’est pas une mince affaire. Ces résultats ne sont pas encore connus.

    L’élection de Ruth Coppinger à Dublin West est un grand pas en avant pour les défenseurs des idées du socialisme en Irlande. Il s’agit d’une voix qui aidera à construire la résistance contre l’austérité. Tout comme les autres élus du Socialist Party, elle utilisera sa position pour clairement faire entendre les idées socialistes ainsi que pour soutenir les luttes sociales.

    Le PSL félicite Ruth ainsi que tous les militants dont les efforts ont rendu cette victoire possible, parmi lesquels également des militants belges du PSL venus mener campagne en Irlande.

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