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  • Grande-Bretagne – ‘C’est seulement le commencement’ : Une manifestation étudiante massive exprime la colère face à l’austérité

    La colère des étudiants et des jeunes face aux propositions de coupes budgétaires dans l’enseignement et à la vicieuse augmentation des minerval est impossible à ignorer suite à la manifestation du 10 novembre dernier. Plus de 50.000 manifestants étaient présents, ce qui était la plus grande mobilisation de jeunes en 30 ans, et il était clair que, pour eux, il ne s’agissait là que d’un début.

    Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Des cars étaient venus des coins les plus reculés d’Ecosse, où l’augmentation des minerval n’a pas encore été introduite, et de partout en Grande Bretagne. Les slogans se déclinaient aux accents cockney, de Liverpool, Newcastle, Birmingham et Cockney. Parmi les quelques 52,000 étudiants présents, des délégations des plus importantes universités étaient présentes, avec t-shirts, pancartes et drapeaux officiels de leur université.

    Mais on notait aussi la présence de hautes écoles qui s’étaient organisés pour venire, certains se déclarant malades, d’autres séchant simplement les cours pour participer à la manifestation, et au moins un groupe est venu à la faveur d’un voyage scolaire qui a été en quelque sorte ‘détourné’ pour aller à la manifestation.

    La pourriture Tory

    Un groupe d’étudiants issu d’une haute école de l’Est de Londres a rejoint le cortège principal en criant en bloc "Pourriture Tory (la parti des conservateurs, NDLT), nous voilà!" Autour d’eux et à bien des endroits, on pouvait voir des banderoles artisanales. Souvent, la colère contre les projets du gouvernement s’exprimait en termes haut en couleur…

    Les Tories, les conservateurs, sont clairement considérés comme les ennemis. Si la menace d’un retour au Thatchérisme ne signifiait pas grand chose pour les jeunes qui n’avaient pas connu l’impact de la politique de la Dame de Fer (Margaret Thatcher a été Premier Ministre de Grande-Bretagne de 1979 à 1990), maintenant, c’est beaucoup plus concret. Une pancarte faisait référence aux slogans des années ’80 : "David Thatcher – education snatcher" (‘‘David Thatcher – braqueur de l’enseignement, en référence à David Cameron, Premier Ministre actuel). D’autres slogans illustraient encore que le discours de la coalition gouvernementale des conservateurs et des libéraux démocrates selon lequel ‘‘nous sommes tous dans le même bain’’ ne fonctionne pas. On pouvait ainsi voir des slogans comme "Classrooms not class war" (des salles de classe, pas la guerre des classes). Nick Clegg et les libéraux-démocrates étaient particulièrement le sujet d’attaques, comme ils avaient mené campagne avant les élections contre toute augmentation du minerval étudiant. On pouvait ainsi voir des pancartes portant: "Mr Clegg – you stole my vote" (M. Clegg – vous avez volé mon vote),…

    ‘La réponse la plus dramatique’

    Six mois seulement après les élections, le Guardian a qualifié la mobilisation de "plus large et plus dramatique réponse à l’austérité du gouvernement’’. Seuls les supers-riches ne seront pas affectés par ces mesures brutales.

    Les mesures concernant les logements sociaux menacent de mettre à la rue des centaines de milliers de locataires tandis que les restrictions dans les budgets des gouvernements locaux pour l’aide sociale aux adultes pourraient signifier que des centaines de milliers de personnes âgées n’auraient plus accès aux soins qu’elles méritent.

    Mais dans tout le paquet de mesures d’austérité, les coupes dans le budget de l’enseignement sont parmi les plus brutales et cruelles : le minerval va augmenter de 3.290 livres (3.874 euros) à environ 9.000 livres (10.500 euros) et 80% des dépenses dans la prestation des cours vont être supprimées.

    Ces attaques sont particulièrement lourdes de conséquences, même si la voie vers un enseignement à deux vitesses – un pour les riches, un autre pour les pauvres – avait été déjà clairement trace par le précédent gouvernement travailliste. Le précédent gouvernement du New Labour avait chargé Lord Browne, un ancien haut cadre de la multinationale pétrolière BP, pour revoir les fonds alloués à l’enseignement supérieur. Ces propositions étaient acceptables pour les millionnaires qui soutiennent le gouvernement de Con-Dem, mais pour peu d’autres personnes. Même un journaliste du journal pourtant pro-Tory London Evening Standard avait été forcé de condamner l’approche présentée dans le rapport Browne.

    Richard Godwin avait ainsi écrit: "Les politiciens semblent avoir difficile à concevoir que l’enseignement est une valeur en soi. Selon le rapport Browne, l’enseignement n’a de la valeur que parce que cela apporte ‘‘l’innovation et la transformation économique. L’enseignement supérieur aide à produire de la croissance économique, ce qui en retour aide la prospérité nationale’’."

    L’enseignement supérieur

    Dans ce contexte, les membres du Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles) et les autres militants qui ont fait campagne pour cette manifestation n’ont pas été surpris de l’affluence massive. Une grande variété d’opinions existe quant au type d’enseignement que nous devons avoir, mais les étudiants sont ouverts à la discussion. Une jeune femme a ainsi saisi une pancarte du Socialist Party (Fight the cuts – luttons contre les coupes) en disant ‘‘Je veux celui-là, il faut se battre contre ces coupes’’ tout en ajoutant directement ‘‘Mais je ne vois pas comment payer le budget de l’enseignement". Quand nous lui avons expliqué qu’environ 120 milliards de livres (140 milliards d’euros) disparaissent chaque année dans les poches des riches à cause de la fraude fiscale, elle était encore plus heureuse de défendre les slogans combatifs.

    Beaucoup d’étudiants considéraient également à la manifestation que cela n’était qu’un premier pas, la confiance rehaussée par la large participation à la manifestation.

    Les Socialist Students (les étudiants de nos camarades du Socialist Party, l’équivalent des Etudiants de Gauche Actifs en Belgique) ont distribué environ 10.000 tracts appelant à préparer des grèves et des protestations pour le mercredi 24 novembre, quand le gouvernement discutera du minerval.

    Malheureusement, le National Union of Students (NUS, un syndicat étudiant) n’a donné aucune stratégie de campagne pour la suite. Même s’il a coorganisé la manifestation, en sachant parfaitement que des cars arrivaient de tout le pays pour la manifestation, la direction du NUS, liée aux travaillistes du New Labour, ne semble pas prête à organiser une réponse de masse face aux attaques dans l’enseignement. Le site internet du NUS espérait que la marche serait terminée en 30 minutes, sans réaliser le moins du monde que des dizaines de milliers de manifestants, cela ne disparait pas comme ça des rues…

    Encadrement

    Cela a aussi signifié que l’encadrement à la manifestation était loin d’être adéquat – particulièrement à la fin. Comme ils n’ont pas levé le petit doigt pour lutter contre les attaques introduites par le précédent gouvernement travailliste, ils se retrouvent aujourd’hui avec bien peu d’expérience dans la façon d’organiser de grandes manifestations et d’y participer. D’autre part, les structures démocratiques du NUS ont été érodées, et les liens entre la direction et la base étudiante sont très ténus. Le président du NUS, Aaron Porter, qui a déclaré qu’il n’était pas fondamentalement opposé à une augmentation du minerval, a qualifié ‘‘d’ignobles’’ certaines manifestants à la Millbank Tower. Il a appelé les étudiants à "aller de l’avant", mais la stratégie du NUS se limite à dire aux dizaines de milliers de manifestants de simplement retourner derrière leurs ordinateurs et d’envoyer des emails à leurs parlementaires et à les visiter ‘‘en personne’’. Ce n’est pas encore de la protestation virtuelle, mais on n’en est pas loin!

    Au vu de l’ampleur des attaques, de la faillite de la direction du NUS à donner la moindre stratégie pour construire le mouvement et la campagne et de l’absence quasi-totale d’encadrement à la fin de la manifestation, il n’a pas été surprenant de voir certains trouver séduisante l’idée d’une occupation du QG des tories. Le Socialist Party considère les occupations comme une action légitime et comme un moyen important de construire le mouvement contre les assainissements, au côté d’autres tactiques. Pour être pleinement efficaces, ces occupations doivent être basées sur des décisions démocratiques et être organisées et encadrées autour d’une liste de revendications claires.

    Des décisions démocratiques

    Cela préviendrait l’arrivée d’actions comme celle d’étudiants jetant des objets du toit du QG des tories, ce qui était potentiellement très dangereux. De telles actions individuelles seraient stoppées par la volonté de la majorité, comme cela a été exprimé par les centaines d’étudiants qui ont demandé en criant d’arrêter de lancer des objets dans la rue. Cette occupation n’était pas une occupation organisée mais une protestation spontanée. De Chine où il était en visite, David Cameron a déclaré: "Ceux qui attaquent la police où brisent les vitrines et sassent la propriété enfreignent la loi et, oui, je l’espère, ces gens seront poursuivit. Ils doivent l’être." Les médias ont choisi de se concentrer sur l’occupation bien plus que sur l’action de masse de ces dizaines de milliers de manifestants en rue. Certains étudiants pensent qu’avec les medias capitalistes, c’est seulement l’occupation qui a permis d’assurer un minimum de couverture médiatique. Après tout, les 125.000 Tamouls qui ont manifesté contre le massacre de leurs pairs au Sri Lanka en 2009 n’avaient quasiment rien reçu comme attention dans la presse.

    Des millions de travailleurs et de jeunes qui font face à la violence des tories vont penser que les étudiants ont été ‘‘un peu trop loin’’, mais que quelques fenêtres cassées, c’est tout de même de la petite bière en comparaison des attaques du gouvernement, qui vont affecter la vie de centaines de milliers de personnes.

    La réelle violence

    Le Socialist Party approuve la déclaration des lecteurs de l’université Goldsmiths qui dit: "La réelle violence dans cette situation ne revient pas à ceux qui brisent des fenêtres, mais à l’impact destructeur des coupes budgétaires et des privatisations qui vont suivre si le minerval est augmenté et si les coupes budgétaires sont introduites."

    Dès l’élection de ce gouvernement, plusieurs commentateurs avaient prédit que ce gouvernement serait profondément impopulaire dans les six mois. Tout comme le Socialist Party l’avait lui-aussi déclaré, cette colère allait devoir trouver une expression dans la rue. Aux attaques, les travailleurs et leurs familles vont répondre par un appel à passer à l’action.

    Les étudiants ont ouvert la voie et ont permis à la colère largement ressentie dans la société de pouvoir s’exprimer. Le prochain pas requis est de construire un mouvement de masse déterminé et capable de stopper les attaques des Con-Dem en joignant à la jeunesse la puissance des organisations de la classe ouvrière.

    Une idée du potentiel dont dispose la classe ouvrière a été illustré par la récente grève des travailleurs du métro initiée par les syndicats RMT et TSSA à Londres : la capitale était à l’arrêt.

    Les étudiants doivent continuer à développer leur propre mouvement, sur base démocratique, mais doivent aussi le relier au mouvement syndical afin de construire la force qui sera suffisamment capable de stopper le gouvernement.

    Le Socialist Party déclare:

    • Le NUS doit fixer une prochaine date pour une nouvelle manifestation si aucun changement n’est observe dans la politique du gouvernement.
    • Soutenez la proposition du Socialist Students et de la campagne Youth Fight for Jobs day pour une journée d’action le 24 novembre.
    • Aucune attaque contre le droit de protester et aucune victimisation des étudiants impliqués dans les mobilisations !
    • Les dirigeants syndicaux doivent coordonner les actions des syndicats avec les organisations étudiantes pour appeler à une manifestation commune le plus vite possible, en tant que pas vers une grève générale de 24h du service public

  • [DOSSIER] Face aux programmes d’austérité: Unité des travailleurs et résistance européenne!

    On trouve le mot ‘‘austérité’’ dans la bouche de tous les politiciens traditionnels en Europe, et nous en entendrons parler dès qu’un gouvernement sera formé chez nous. Ce n’est pas neuf, mais c’est aujourd’hui un véritable leitmotiv politique. D’ailleurs, ils nous expliquent qu’il n’y a pas d’autre solution : ‘‘C’est ça ou la faillite de l’Etat.’’ N’y a-t-il vraiment aucune alternative ?

    Par Baptiste (Wavre)

    C’est le gouvernement grec qui a ouvert le bal : 30 milliards d’euros à ‘‘trouver’’ d’ici 3 ans. Traduisez: prendre 30 milliard des poches des travailleurs sur les 3 années à venir. Car c’est de cela qu’il s’agit : diminution des investissements publics et privatisations, baisse des primes accordées aux fonctionnaires, baisse des pensions, recul de cinq ans (de 60 à 65 ans) de l’âge légal de départ à la retraite, augmentation de deux points de la TVA et facilités de licenciement pour les patrons. A peine élu, le gouvernement social-démocrate (Pasok) de Papandréou a franchement écourté sa lune de miel post-électorale. Enfin, il se défend en disant qu’il ne voulait pas réaliser ces attaques contre les conditions de vie et de travail, mais qu’il a été forcé par ‘‘les marchés’’ et l’Union Européenne. Cette dernière assurait pourtant quelques mois plus tôt avoir ‘‘sauvé l’économie’’ grâce aux plans de relance. Comment peut-on expliquer un tel tournant ?

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    D’où qu’ils soient, les capitalistes n’ont aucun avenir décent à proposer aux jeunes et aux travailleurs. D’où qu’ils soient, les jeunes et les travailleurs eux ont les mêmes intérêts à défendre. L’unité des travailleurs ne concerne pas seulement les travailleurs des différents secteurs dans un pays, mais concerne aussi l’ensemble des travailleurs des différentes communautés, pays etc.

    Un plan d’action est nécessaire

    Les explosions spontanées et l’absence d’une direction claire avec un plan d’action et un programme combatif ont caractérisé les protestations de masse de ces derniers mois. Cela reflète l’incapacité des directions syndicales nationales à assumer leur rôle de direction de la colère du mouvement ouvrier, en Grèce comme ailleurs en Europe. Il est à ce titre remarquable qu’un grand nombre des dernières protestations de masse et des différentes actions sont le résultat d’une grande pression de la base, sans initiative des dirigeants syndicaux nationaux. Ces derniers ne semblent ainsi vouloir que des actions "symboliques", au lieu de préparer une lutte sérieuse pour défendre nos intérêts. Une telle logique est néfaste et tend à faire baisser la pression et à freiner le développement d’un mouvement ouvrier combatif.

    Pourtant nous avons vu dans la dernière période plusieurs exemples qui démontrent clairement qu’une lutte menée avec une direction combative peut apporter la victoire. En Belgique, il suffit de penser aux luttes à Bayer et à InBev notamment, où sans même recourir à la grève, un syndicalisme de lutte a permis de faire reculer complètement la direction sur ses plans d’assainissements ; contrairement à une logique de concertation qui ne permet au mieux qu’un aménagement de ces assainissements. Néanmoins, lutter entreprise par entreprise comporte également des limites pour la défense des acquis sociaux à une échelle plus large ; il est évident que ça ne peut suffire à mettre en échec les politiques d’austérité des gouvernements. Pour le réaliser, c’est d’un plan d’action national dont nous avons besoin. C’est-à-dire un plan où par exemple une grève générale de 24h ne serait pas une simple démonstration de force sans suite mais une étape dans l’organisation des travailleurs sur leur lieu de travail autour d’un programme, d’un plan qui vise à construire un rapport de force sur base de la colère présente, avec une alternative claire et combative aux politiques d’austérité.

    Le mouvement ouvrier doit prendre sa lutte en main !

    Les directions syndicales ne semblent pas aller dans le sens d’un tel plan d’action. Si ces dirigeants sont pour le moins passifs à cet égard, c’est en conséquence de leur acceptation de la logique du système, ils ne voient pas d’alternative à opposer au capitalisme. C’est là aussi le résultat de décennies de néolibéralisme, et les liens entretenus avec les partis traditionnels (FGTB/ABVV-PS/SPa, CSC/LBC-CDH/CD&V) illustrent d’ailleurs cette acceptation. La solution ne réside dès lors pas (seulement) dans la dénonciation des directions syndicales actuelles et/ou leur remplacement. Pour ne pas tomber dans le même travers, il faut assurer un relais politique au syndicalisme de lutte, qui mette clairement en avant une alternative socialiste au capitalisme. Avec un tel prolongement politique indépendant des partis traditionnels, nous pouvons faire des pas en avant et faire pression dans la mise en place d’un plan d’action, et non plus continuer à attendre que le sommet syndical veuille bien le comprendre.

    Des victoires ne peuvent être obtenues que par la lutte, mais ces victoires resteront toujours partielles sous le capitalisme. L’actualité démontre que ce système cherchera toujours à revenir sur les acquis sociaux car son fonctionnement même (la recherche de la rentabilité maximale, la compétitivité, la soif de profits à n’importe quel prix) est en contradiction avec ce dont ont besoin les travailleurs et leur famille : des conditions de vie et de travail décentes. C’est pourquoi le PSL (et l’internationale dont nous faisons partie, le Comité pour une Internationale Ouvrière – CIO) lutte pour le socialisme, un système où les richesses sont produites et réparties en fonction des besoins (et non des profits) à travers une économie démocratiquement planifiée.

    Ce tournant n’en est en fait pas réellement un, tout comme ils n’ont ni mis fin à la crise et ni sauvé le capitalisme avec les plans de relance. Certes, ces plans ont eu un effet : certaines faillites ont pu être évitées, certains secteurs économiques ont été quelque peu stimulés, etc. Mais de la même manière que casser un thermomètre ne fait pas baisser la fièvre d’un malade, injecter de l’argent dans un système économique en crise profonde ne résout pas ses problèmes. Cela marque juste une pause, et ajoute un élément compliquant : qui va payer pour tous ces plans de relance ? Que ce soit des gouvernements de droite (Angleterre, France, Italie), chrétiens-démocrates (Allemagne) ou soi-disant ‘socialistes’ (Grèce, Espagne, Portugal), tous sont d’accord: ce sera aux travailleurs et à leur famille de raquer une deuxième fois pour la crise. Car fondamentalement, tous ces politiciens sont gagnés au capitalisme et leur programme n’a pour but que de « satisfaire les demandes du marché », c’est à dire les demandes des traders, spéculateurs, et capitalistes qui n’ont pas d’autre intérêt que d’accroître leurs parts de profits. Si la Grèce a ouvert le bal, ce n’est que parce qu’il s’agissait du maillon faible de la zone euro, et il est clair que les travailleurs des autres pays ne seront pas épargnés par les attaques. Ainsi, Angela Merkel veut assainir 80 milliards d’euros d’ici 2014, tandis que la coalition ConDem en Grande-Bretagne compte assainir 7 milliards en un an. Dans des pays comme la Roumanie, les mesures prennent une ampleur hallucinante avec notamment une baisse des pensions de 15% et une baisse des salaires dans le public de 25%. Ainsi, chaque pays a son plan quinquennal de l’austérité, tous accueillis sur un tapis rouge par les fameux ‘‘marchés’’. Le fait même que les différents gouvernements européens appliquent l’austérité démontre à quel point leur campagne idéologique sur le thème ‘‘les grecs sont des paresseux’’ était un concentré d’hypocrisie et n’avait pour but que de diviser les travailleurs entre eux pour mieux régner et mieux tous les traiter de fainéants par la suite.

    Durant les derniers mois, lors des divergences entre les gouvernements européens sur le sort à réserver à la Grèce, il ressortait de leur part la crainte d’une contagion d’une faillite grecque à d’autres maillons faibles de la zone euro, comme le Portugal et l’Espagne. En réalité, une autre crainte était très présente parmi les classes dirigeantes: celle de la contagion de la colère et de la lutte contre l’austérité. N’ayant explicitement aucune confiance en une réelle relance de l’économie et aucune perspective d’avenir à proposer aux jeunes et aux travailleurs, le recours à la tactique de diviser pour mieux régner est une nécessité pour elles.

    Résistance et riposte !

    Ceux qui nous gouvernent ont raison de craindre la colère des masses contre l’austérité. Après 30 années de néolibéralisme et son lot quotidien de précarisation des conditions de vie et de travail, la colère était déjà latente dans la société. Que la politique de ces 30 dernières années aboutisse à une crise avec des millions de pertes d’emplois et une austérité généralisée, c’est largement plus qu’une goutte d’eau dans un vase déjà plein. La Grèce a montré la voie, avec des protestations massives contre les assainissements, suivies par des manifestations importantes notamment au Portugal et en Espagne. Quelques sondages indiquent la température présente parmi les travailleurs en Grèce: à la question ‘‘comment vous sentez-vous ?’’, 91% de la population sondée a répondu ‘‘en colère’’. En outre, il ressort que 81% d’entre eux s’attendent à une explosion sociale dans la prochaine période et 50% ont déclaré qu’ils allaient prendre part à une révolte dans la période à venir. Enfin, 48% de la population est favorable aux nationalisations, et un tiers refuse de payer la dette du pays. Si la période estivale marque une certaine pause sociale après les 6 grèves générales des derniers mois, la détermination de lutter contre les mesures d’austérité reste bien présente, et s’est d’ailleurs illustrée lors de la grève des camionneurs de 6 jours en juillet. Pour le reste, le message est sans équivoque : ‘‘on revient en septembre!’’

    Comment est-il possible qu’avec une telle colère et de telles protestations de masses, il n’y ait pas eu une victoire à la clef ? Si de la vapeur peut entraîner un moteur en présence d’un piston, cette vapeur ne sert strictement à rien si elle relâchée dans l’air par une soupape. De la même manière, la colère ne peut amener des victoires que si elle est canalisée et dirigée de manière adéquate, c’est-à-dire si elle a une direction politique combative : c’est exactement ce qui manque dans les protestations de masses contre l’austérité, que ce soit en Grèce ou ailleurs. Des explosions de colère spontanées, non coordonnées, ne permettent pas d’aboutir à une victoire. Ces explosions comportent même le danger d’incidents contre-productifs car cela permettrait au gouvernement d’instrumentaliser ces derniers pour briser la confiance des travailleurs dans leur capacité à obtenir des victoires. Faute d’un véritable plan d’action et d’un programme combatif, la colère ne peut conduire à une victoire réelle, tout au plus à un aménagement de l’austérité avec le danger d’une démoralisation des travailleurs.

    29 septembre: Pour une grève générale européenne de 24heures!

    L’internationalisme et le CIO

    Ci dessus: Joe Higgins, député européen du CIO

    Cette force que représente une telle unité des travailleurs, le patronat l’a comprise depuis bien longtemps et s’en méfie terriblement. Ainsi, lors de chaque confrontation sociale, les capitalistes recourent au ‘‘diviser pour mieux régner.’’ Qu’il s’agisse de monter des travailleurs d’une telle entreprise contre une des travailleurs d’une autre, de monter les uns contre les autres les travailleurs de différents secteurs, de différents pays : peu importe, les capitalistes ont un besoin quasi vicéral de casser notre unité.

    Si cette politique perdure, c’est hélas parce qu’elle a déjà porté ses fruits, avec le développement par exemple des discriminations dans la société. Aujourd’hui, les classes dirigeantes comptent remettre le couvert en mettant notamment en scène des ‘‘travailleurs grecs fainéants’’ et des ‘‘travailleurs allemands égoïstes.’’ La seule manière pour contrer cette rhétorique et les germes de nationalisme qu’elle comporte, c’est que le mouvement ouvrier occupe le terrain et démontre son unité. Les travailleurs partout en Europe ont les mêmes besoins et ces intérêts ne doivent pas les opposer à d’autres travailleurs mais aux capitalistes et à leurs profits.

    Dans ce sens, nous pensons que si un parti révolutionnaire est nécessaire pour la transformation socialiste de la société, ce parti révolutionnaire doit être construit mondialement, au sein d’une internationale : c’est à cette tâche que s’attelle le PSL/LSP au sein du Comité pour une Internationale Ouvrière. Au mois de juin, nous avons notamment pris part à l’initiative d’une semaine d’action partout en Europe en soutien aux travailleurs grecs, afin de répondre par la solidarité entre travailleurs au ‘‘diviser pour mieux régner’’ des capitalistes.

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    Nous devons nous opposer à la dictature des marchés et à leur chaos, en défendant une transformation socialiste de la société. Dans ce cadre, le CIO défend la nécessité d’un plan d’action au niveau européen afin de construire un rapport de force vers une journée de grève générale européenne de 24h, dans un premier temps. Nous devons lutter ensemble avec des revendications telles que la nationalisation des secteurs clés de l’économie, sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs afin d’aboutir à une planification socialiste de la production dans une fédération européenne socialiste démocratique. En Belgique, faute de gouvernement, il n’y a pas encore d’agenda d’austérité. Mais si il y a bien quelque chose sur lequel tous les partis autour de la table des négociations sont d’accord, c’est qu’il y aura des économies à réaliser (on a d’abord parlé de 22 milliards d’euros sur 4 ans, maintenant de 25 milliards) et que celles-ci seront ‘‘impopulaires’’. C’est pourquoi nous devons nous préparer à faire de la manifestation européenne du 29 septembre un succès sur le plan de la mobilisation et de saisir cette occasion pour mettre en avant la nécessité d’un plan d’action.

    Aujourd’hui, la grève générale est de retour à l’agenda quasi partout en Europe, 6 de ces grèves ont notamment eu lieu en Grèce au cours des derniers mois. Cette ré-émergence marque la nouvelle période de lutte dans laquelle nous rentrons : face à l’ampleur de l’offensive des capitalistes européens, une action décisive pour les mettre en échec pose quasi instinctivement la question d’une grève générale, à l’échelle européenne. De fait, c’est toute la classe ouvrière qui est touchée et qui doit répondre.

    Sans forcément que les travailleurs en aient conscience au début, une grève générale illimitée tend à poser la question du pouvoir dans la société : des comités de grèves se mettent en place, des comités de quartier,… les travailleurs se retrouvent à gérer démocratiquement les tâches qui incombent au fonctionnement de la société, le patronat et les capitalistes se retrouvant dans leur plus simple apparat : celui de parasites. S’il n’y a pas forcément la conscience qu’un tel développement est possible au début d’une grève, l’Histoire prouve que la lutte est la meilleure école pour la compréhension du fonctionnement de la société et permet de tirer des conclusions révolutionnaires.

    Cette situation est ce que les marxistes appellent une ‘‘situation de double pouvoir’’ car elle met clairement en confrontation les capitalistes et les travailleurs. C’est dans ce sens que Trotsky considère la grève générale comme une des méthodes de lutte les plus révolutionnaires.

    Néanmoins, l’Histoire démontre également qu’il n’y a pas d’automatisme entre grève générale et situation de double pouvoir. Une grève générale n’est potentiellement une arme révolutionnaire que si elle est préparée politiquement parmi les travailleurs : c’est le plan d’action basé sur un programme défendant une alternative au capitalisme qui manque à l’heure actuelle. Une des tâches aujourd’hui est ainsi de poser la question de comment organiser la grève générale sur les lieux de travail, à travers des comités démocratiques et avec un programme combatif offrant une alternative au capitalisme.

    Enfin, il n’y a pas non plus d’automatisme entre double pouvoir et révolution socialiste. Une grève générale illimitée n’est en elle-même pas suffisante pour les travailleurs pour prendre le pouvoir, c’est là le rôle d’une organisation capable de donner la direction politique et la stratégie la plus juste pour donner l’assaut final contre le capitalisme. Cette organisation, le parti révolutionnaire, c’est ce que nous voulons construire avec le PSL/LSP.

  • Dévastations sans précédent causées par les inondations au Pakistan : les pauvres souffrent le plus. Appel à la solidarité des travailleurs !

    Socialisme.be et Socialistworld.net, le site du Comité pour une Internationale Ouvrière, vous invitent à répondre de toute urgence à l’appel à la solidarité en faveur des victimes des récentes inondations au Pakistan. Des militants de la Fédération Progressiste des Travailleurs du Pakistan et de la campagne TURCP (Campagne pour les Droits Syndicaux) luttent héroïquement pour organiser l’aide, malgré qu’ils aient eux-mêmes été affectés par ce désastre. Pour effectuer une donation, voyez qui accompagne cet article.

    Par Khalid Bhatti, Trade Union Rights Campaign (TURCP) et secrétaire général du Mouvement Socialiste du Pakistan (CIO-Pakistan)


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    Appel à la solidarité des travailleurs! De la part de la Progressive Workers Federation (PWF) et de la Trade Union Rights Campaign Pakistan (TURCP)

    Nous invitons tous nos frères, nos sœurs et nos camarades dans le mouvement syndical international à montrer leur solidarité et à soutenir les personnes affectées par les inondations, particulièrement des syndicalistes, des travailleurs et des paysans.

    Nous avons un besoin urgent de ressources afin d’aider nos frères et sœurs. Parmi les millions de personnes touchées par les inondations se trouvent 200 membres de la campagne TURCP (Trade Union Rights Campaign – Pakistan) et de la Progressive Workers Federation ainsi que leurs familles. Leurs maisons, leurs champs et tout se qu’ils possédaient a été emporté. Ils ont besoin de nourriture, d’eau potable, de médicaments, de tentes et d’autres objets d’utilité quotidienne. Nous tentons de les aider, selon nos moyens, mais nous avons un besoin urgent de votre aide, de votre solidarité et de votre soutien. Nous invitons tous les syndicats, les sections syndicales locales, les travailleurs et les syndicalistes à soutenir notre campagne. Chaque euro récolté sera consacré à l’aide pour les personnes touchées par le désastre.

    Syed Fazalabbas Secrétaire Général de la Progressive Workers Federation, Organisateur en chef pour le syndicat United Workers Union (TP: +92 321 426 2167)

    Malik Muhammad shabir Président de la Progressive Workers Federation, secrétaire général du PTV, le syndicat central des employés

    Khalid Bhatti Secrétaire financier de la Progressive Workers Federation, organisateur national de la campagne TURCP (TP: +92 333 433 1755)

    Rukhsana Manzoor Secrétaire financier de la campagne TURCP

    Vous pouvez envoyer vos donations au n° de compte du PSL 001-2260393-78 avec mention “Pakistan”.

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    En savoir plus:

    • Pakistan – rapport de l’utilisation de l’aide
    • Témoignage – Crise humanitaire à Khyber Pakhtoonkhwa
    • Témoignage – Situation après les inondations dans la vallée de Swat

    14 millions de personnes affectées, plus de 1.500 morts, des milliers menacés de personnes menacées par la faim – l’incompétence du gouvernement a empiré les choses

    Selon les Nations Unies, 6 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide, tout simplement afin de pouvoir survivre. Sans vivres ni aide, leur vie est en danger. L’Organisation des Nations Unies estime qu’elle va lancer une des plus grandes campagnes de son histoire en termes de nombre de personnes à secourir. La situation actuelle dépasse les 5 millions de personnes qui ont été aidées après le tsunami dans l’Océan Indien, et les quelques 300.000 foyers détruits au Pakistan rivalisent avec le nombre de logements détruits par le tremblement de terre dévastateur de Haïti.

    Mais selon les chiffres du National Disaster Management Authority (NDMA), la catastrophe connue par le Pakistan est plus grande qu’initialement estimé. Il semblerait que le nombre de personnes affectées dépasse les 11 millions et que le total des maisons détruites ou endommagées s’élève à 750.000. Au total, 8.604 villages ont été affectés. Les plus grands dégâts ont touché les 8 districts de la province de Khyber Pakhtoonkhwa et les 7 districts de la province de Punjab. Mais 4 districts de la province de Sindh et quelques endroits du Cachemire, du Balûchistân et du Gilgit-Biltistan ont aussi été atteints.

    Des centaines de milliers de personnes, y compris des enfants, des personnes âgées et des femmes, vivent en plein air faute de tentes. Ils font face à un temps très chaud et humide ainsi qu’à des pluies torrentielles. Ces pluies ajoutent l’insulte aux blessures, des milliers de personnes ont dû rester dans les eaux des jours durant suite à l’inondation, sans toutefois pouvoir boire une goutte d’eau potable ou avoir accès à de la nourriture. Les infrastructures ont également été affectées, des ponts, des écoles, des hôpitaux et des routes ont été emportés par les eaux.

    Ce désastre est sans précédent. A côté des pertes immédiates de vies humaines et la dévastation de propriétés publiques ou privées, l’impact global de la catastrophe peut être bien plus grand qu’actuellement envisagé. A court terme, la pénurie alimentaire, l’inondation des champs et les hauts prix de l’alimentation vont attaquer chaque pauvre et chaque travailleur.

    Une réponse très faible

    La destruction causée par les inondations est visible presque partout dans le pays. Plus de 1.500 personnes ont perdu la vie, des centaines de milliers de personnes sont maintenant sans-abri et des biens ainsi que de la nourriture pour une valeur de plusieurs milliards de roupies ont été détruits. Le gouvernement affirme que cette destruction est la conséquence d’un désastre naturel, mais le fait est que le niveau de destructions n’aurait pas été si élevé si les dirigeants et les autorités concernées avaient tenté quelque chose pour améliorer la situation.

    Le Pakistan est au beau milieu de la plus grande catastrophe de son histoire. Cependant, ce qui est le plus marquant, c’est la réponse totalement inadéquate de l’Etat. Il semble bien que malgré les désastres répétés, les institutions étatiques ont bien peu appris de leur expérience. Le National Disaster Management Authority (NDMA) qui a spécifiquement été créé pour faire face aux désastres naturels et aux situations d’urgence a totalement failli à sa mission. Il y a un manque criant de préparation et de planification. La réponse du NDMA face à la présente catastrophe est en soi devenue un désastre national. Cette institution a été instaurée dans la suite du tremblement de terre de 2005 et a été dirigée au début par un général, et actuellement par un ancien général. On se demande comment une institution aussi cruciale peut espérer faire relever les défis sans équipement ou machines de sauvetage et en étant caractérisée par le manque de moyen et d’entraînement.

    La capacité du gouvernement à agir face aux désastres n’a cessé de diminuer, que cela soit vis-à-vis du tremblement de terre, du cyclone dans les régions côtières, les éboulements et la formation du lac dans la région d’Attabad à Gilgit, ou encore du crash aérien de Margla. Il y a une absence complète de sensibilité aux victimes ou de vision quant à la manière de prendre en main leurs problèmes. Le message indubitablement donné à la population est qu’elle doit se tenir prête à se defendre d’elle-même. De l’autre côté, les travailleurs et les pauvres ont démontré un sens remarquable de la solidarité, qui a survécu désastre après désastre.

    Le service météorologique avait prévenu les autorités concernées que des pluies torrentielles étaient attendues pour cette saison des moussons. Le service météo avait même prévenu que ces pluies allaient causer des inondations importantes. On se demande donc pourquoi les autorités concernées n’ont pris aucune mesure de précaution après avoir reçu ces informations. Mais la raison est simple à comprendre : ils s’attendaient à ce que les victimes ne soient que des pauvres et des travailleurs et non l’élite du Pakistan. Maintenant, le Premier Ministre a lui-même admis que le gouvernement a fait l’erreur de ne pas informer la population de la possibilité d’inondations. Beaucoup de mesures auraient pu être prises pour minimiser les dégâts. Mais les bureaucrates, assis dans leurs bureaux confortables avec air conditionné, n’ont montré qu’indifférence et attitude pathétique face aux pauvres et aux travailleurs. Les “efforts” de nos dirigeants, des principaux partis politiques, du grand capital et d’autres institutions de l’Etat n’ont concerné que la défense de leurs propres intérêts. Les gouvernements fédéral et provinciaux ont commence très tard à venir en aide aux victimes, avec un planning totalement inefficient. La bureaucratie a une nouvelle fois fait la preuve de son incapacité et de son manque d’intérêt quant au sort du peuple. La faillite de la bureaucratie civile et des politiciens a une nouvelle fois poussé les personnes affectées à regarder en direction de l’armée pour leur aide. L’armée est la principale force impliquée dans le travail de secours et a donc été capable d’améliorer son image et sa réputation.

    Les profits avant le peuple

    Le grand capital, les industriels, les banques et les traders se préparent à utiliser ce désastre pour servir leurs intérêts. Ils ont augmenté le prix de la nourriture, y compris ceux des fruits et des légumes de tous les jours. Tout le pays est touché par une inondation d’augmentation des prix. Le prix du sucre, par exemple, est passé de 62 roupies 74 pour un kilo, mais le prix des légumes a augmenté de presque 100%! Le prix du thé a augmenté de 30% et le prix du lait ou du lait en poudre a aussi augmenté. La banque centrale a augmenté ses taux d’intérêt pour rendre les prêts plus chers. Les entreprises de transports ont augmenté les prix des camions et des autres moyens de transporter la nourriture. Dans quelques régions affectées, les gens ont été forcés de payer 300 ou même 400% de plus pour véhiculer leurs biens. Pour le transport de passagers, la situation est identique. D’autres augmentations sont encore à craindre comme la période sainte du Ramadan a commencé. Les prix de certaines denrées pourraient même être plus chers qu’en Angleterre ou dans d’autres pays européens! Le gouvernement a totalement perdu le contrôle des prix. L’économie de marché libre tourne uniquement pour le grand capital, alors que des millions de travailleurs et de pauvres sont en train de souffrir. L’échec du gouvernement à contrôler les prix et les super profits d’une minorité de riches va rendre la vie des victimes encore plus misérable. La soif de profits va encore augmenter les prix de l’alimentation, même des familles de la classe moyenne vont éprouver des difficultés pour faire face à leurs frais de cuisine. Une fois de plus, il vient d’être démontré que le capitalisme est un système basé sur le profit et non sur les besoins de la population. Sous le capitalisme, le peuple va continuer à souffrir de misère et des désastres naturels ou de la main de l’homme. Les moyens existent en suffisance pour venir en aide aux personnes affectées, mais une redistribution équitable et juste de ces moyens est nécessaire. Cela est impossible sur base capitaliste. Nous avons besoin du socialisme pour donner l’accès aux ressources. Une économie socialiste démocratiquement planifiée est nécessaire pour lutter contre ce genre de désastres et pour les prévenir. La nationalisation des grandes industries, des banques, des compagnies d’assurance et d’autres secteurs importants de l’économie sous contrôle démocratique des travailleurs est une urgente nécessité.

    La menace des maladies

    En plus des morts et de la destruction, la population va avoir à faire face à un autre danger; celui des épidémies. Au vu de la situation concrète dans les régions affectées, le développement de maladies liées à la pollution de l’eau est un réel problème. Les rapports font état de milliers de patients souffrant de diverses maladies conséquentes à l’impureté de l’eau dans différent districts de Sindh. Des rapports de Khyber Pakhtunkhwa suggèrent que plus de 100.000 personnes, principalement des enfants, souffrent de diarrhée et de gastroentérite. Les maladies de peau se développent aussi en conséquence de l’ingestion d’eau non-potable. De telles maladies s’étendront aux autres régions. Si le gouvernement, et particulièrement les services de soins de santé, échouent à donner les soins adéquats, une nouvelle crise va arriver. De l’eau potable et de bonnes installations sanitaires sont nécessaires pour stopper le développement de ces maladies.

    Des comités locaux de travailleurs et de paysans

    Les travailleurs, les pauvres et la population rurale ne doivent pas faire confiance aux institutions de l’Etat et du gouvernement. Il est nécessaire de construire des comités ouvriers et paysans pour gérer l’approvisionnement des communautés et le travail de reconstruction. Ces comités doivent être responsables des personnes affectées, de leur approvisionnement et de leur secours, et également être responsables devant elles et fonctionner de façon transparente et démocratique. Des représentants par district doivent aussi être nommés pour coordonner le travail au niveau des différents districts.

    La Progressive Workers Federation et la Trade Union Rights Campaign ont déjà lancé des comités de travailleurs à une échelle nationale. Beaucoup de syndicats locaux et nationaux ont rejoint ces comités. Nous nous occupons actuellement de campagnes d’approvisionnement dans différents endroits du pays et appelons tous les syndicats et les mouvements sociaux à se joindre pour aider les personnes affectées, dont l’écrasante majorité est composée de travailleurs et de pauvres.

  • Construire le CIO : diffuser les idées socialistes à travers le monde

    La crise capitaliste conduit à un intérêt croissant pour les idées et les campagnes socialistes du CIO

    A la mi-juillet s’est déroulée, à Gand, l’école d’été du CIO. Cette semaine très réussie a réuni plus de 400 participants. La dernière session de discussion était consacrée à la construction du Comité pour une Internationale Ouvrière, dans cette période de crise mondiale économique et politique.

    Rapport de l’école d’été du CIO par Michael O’Brien, Socialist Party (CIO-Irlande)

    La session a débuté par un montage vidéo consacré aux récents mouvements de protestations qui ont pris place sur tous les continents, et auxquels le CIO a activement participé, et en a même initié certains. Niall Mulholland, du Secrétariat International du CIO, a introduit la discussion, en résumant les expériences de différentes sections au cours de l’année écoulée, en parlant de leurs percées mais également des défis auxquelles elles ont dû faire face.

    La plupart des sections du CIO ont connu une croissance de leurs effectifs pendant l’année passée. Malgré l’ampleur de la crise et l’absence d’une alternative claire pour les travailleurs, Niall a souligné qu’il serait une erreur de faire un lien automatique entre le déclenchement d’une récession et le fait que des jeunes et travailleurs y répondent en tirant immédiatement des conclusions socialistes. En général, la conscience politique tend à être en retard sur les évènements. La précédente période de domination idéologique néolibérale, les obstacles pratiques que constituent les directions syndicales de droite et l’absence d’une alternative politique de gauche à une échelle de masse ont été autant d’éléments qui ont constitué un frein pour le développement d’une réponse militante plus active de la part des travailleurs et des jeunes. Cela étant dit, les évènements poussent clairement une grande partie de la jeunesse et des travailleurs à entrer en opposition face au système, et il existe une couche qui se radicalise de plus en plus et qui est attentive aux idées du socialisme et du Comité pour une Internationale Ouvrière.

    Toutes les sections du CIO ont fait l’expérience d’une accélération du rythme de leur activité ces derniers mois, car les sujets sur lesquels se battre et faire campagne ne manquent pas. L’année dernière a aussi vu un renouveau de l’activité du CIO dans des endroits comme l’Espagne, le Portugal et Taïwan. ControCorrente, en Italie, a rejoint le CIO, le Mouvement pour le Parti Socialiste fait campagne pour construire le CIO au Québec,…

    Niall s’est particulièrement concentré sur le développement du CIO en dehors de l’Europe. Le CIO est actif dans des pays tels que la Malaisie ou encore la Bolivie. Au Brésil, la section du CIO a obtenu un grand succès lors de sa fusion avec un autre groupe de gauche pour former Liberté, Socialisme et Révolution. Des discussions et une collaboration avec d’autres groupes de gauche voient le jour dans des pays variés, y compris en Turquie.

    Les socialistes rencontrent des situations difficiles

    Niall a aussi fait état que, dans certaines parties du monde comme au Sri Lanka et au Nigéria, la période à laquelle les socialistes sont confrontés est actuellement très difficile à cause des guerres, de l’oppression nationale, d’une généralisation extrême de la pauvreté et d’un recul des luttes de masse. Les sections du CIO au Sri Lanka (le Parti Socialiste Unifié) et au Nigéria (le Mouvement Socialiste et Démocratique) ont accompli le miracle de maintenir leurs forces, construites à travers des années en développant leur politique et leur programme, ce qui les place dans une bonne position pour une croissance substantielle lorsque la situation leur sera plus favorable.

    Un des développements les plus frappants cette année a été celui rencontré par le CIO au Pakistan avec le Mouvement Socialiste du Pakistan, qui a récemment pu tenir une école de cadres rassemblant plus de 100 personnes. Etant donné la pauvreté énorme au Pakistan et le manque d’infrastructures, la construction d’une organisation socialiste dans ces conditions relève de l’exploit. Cette section a aussi vu la fédération syndicale qu’elle a lancée, la Fédération Progressiste des Travailleurs du Pakistan, augmenter son nombre de membres pour atteindre les 500.000 membres.

    Niall a aussi évoqué les différentes activités dans lesquelles les sections européennes du CIO ont été impliquées, ce qui a été développé plus en détail dans la discussion. Le rôle pratique qu’une organisation internationale comme le CIO peut jouer a été démontré par la semaine de solidarité et d’action initiée par Joe Higgins, notre député européen, et soutenue par le groupe de la Gauche Européenne du Parlement Européen en juin, contre les attaques d’austérité qui pleuvent sur la classe ouvrière grecque. En conséquence, les sections du CIO ainsi que d’autres partis de gauche ont organisé des protestations, des piquets de grève et des meetings dans toute l’Europe.

    Avec la croissance numérique du CIO se présente le défi de développer politiquement et organisationnellement des camarades expérimentés pour qu’ils participent et mènent des luttes dans leur quartier, leur lieu de travail ou d’étude.

    Dans la discussion qui a suivi, le camarade Brett des Etats-Unis a fait état d’une série d’interventions que Socialist Alternative (CIO-USA) a fait dans les luttes récentes, notamment avec une grève des infirmières à Philadelphie, avec le mouvement anti-guerre contre l’envoi de troupes en Afghanistan par Obama et avec le « Grassroots Education Movement », qui a été mis en place en réponse à la privatisation à venir de l’éducation.

    Christel, de ControCorrente (CIO-Italie) a parlé du travail avec les postiers en lutte contre la privatisation. Suite à l’initiative d’un jeune camarade dans la petite ville d’Abruzzo, une manifestation contre l’extrême droite de Forza Novo a eu lieu.

    Gary a parlé du travail du Socialist Party en Irlande du Nord, où les problèmes du sectarisme compliquent pas mal l’activité de nos camarades. Néanmoins, les effets des coupes sociales se font ressentir et notre parti a récemment été à l’initiative d’une manifestation réussie à Belfast, avec le soutien de nombre de syndicats. Ce genre de travail a créé les bases pour le développement de nouvelles sections du Socialist Party.

    Kyriakos, de Xekinima (CIO-Grèce), a décrit le travail des camarades dans l’alliance de gauche Syriza, ainsi que notre travail dans d’autres secteurs, et particulièrement parmi la jeunesse. Xekinima a traversé une période de croissance rapide dans les années récentes et développe ses efforts pour former plus de cadres.

    Greg, du Socialist Party (CIO-Angleterre & Pays de Galles), a montré des chiffres prouvant la croissance dans le nombre de nouvelles adhésions ces derniers mois, particulièrement remarquable parmi les syndicalistes. Une nouvelle dynamique a permis au parti de refonder des sections dans plusieurs villes. Le week end ‘‘Socialisme 2010’’ en novembre, les campagnes contre les coupes budgétaires dans les quartiers et les syndicats seront les principaux axes de travail du parti.

    Ioshe du Mouvement de Lutte Socialiste (CIO-Israël) a parlé de la participation des membres du CIO dans les mouvements de protestation contre l’attaque contre la flotille d’aide humanitaire à Gaza, ainsi que contre les colonies en Cisjordanie. Les camarades ont aussi gagné de nouveaux membres suite à leur participation aux campagnes pour les droits des LGBT en Israël.

    La lutte pour le socialisme en Inde, en France et en Belgique

    Vishwa, de la Nouvelle Alternative Socialiste (CIO-Inde) est intervenu sur le travail des camarades contre les activités des compagnies minières, qui se sont vues offrir par le gouvernement les ressources naturelles indiennes et qui tire du profit de l’exploitation effrénée des travailleurs et de l’environnement. Le livre du CIO, Le Marxisme dans le monde d’aujourd’hui, a été traduit dans une quatrième langue en Inde, afin d’apporter aux idées socialistes un profil encore plus grand dans le sous-continent.

    Alex de la Gauche Révolutionnaire (CIO-France), a décrit comment la section française a participé au Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), où les camarades font campagne pour que celui-ci adopte un programme socialiste. Le CIO en France mène également des campagnes antiracistes et pour les droits des écoliers.

    Bart du Linkse Socialistiche Partij / Parti Socialiste de Lutte (CIO-Belgique) a décrit comment le CIO développe la formation socialiste de ses membres après une croissance significative du parti. Alors qu’il n’y a pas eu de lutte généralisée en Belgique depuis une certaine période, il y a eu quelques mouvements importants de la jeunesse et des luttes industrielles isolées auxquelles les membres du CIO ont apporté leur soutien.

    Pour clore l’école d’été 2010, Tony Saunois du Secrétariat International a souligné qu’il s’agissait de la plus grande école d’été depuis plus de 20 ans, ce qui est une autre indication des progrès que le CIO a fait pendant l’année passée. Avec cette croissance arrive aussi le défi de former des cadres – ce qui peut être fortement accéléré dans le contexte de la crise économique et l’augmentation du tempo de la lutte des classes, ce qui permettra à de nouveaux membres du CIO d’acquérir rapidement, à plus ou moins court terme, une expérience vitale.

    Tony a aussi souligné l’importance de l’appel de la Confédération Européenne des Syndicats pour des actions à l’échelle européenne le 29 septembre prochain contre les coupes sociales et les plans d’austérité. A cette date, une grève générale aura également lieu en Espagne. Le CIO en Europe participera aux grèves et aux manifestations qui se tiendront ce jour ci, là où ce sera possible.

    L’école d’été se conclut sur les notes de l’Internationale, chantée dans plus de douze langues, alors que les participants se préparent pour les luttes futures. A cette date, il y aura également une grève générale en Espagne. Le CIO, à travers l’Europe, va participer aux grèves, manifestations et diverses initiatives qui auront lieu ce jour-là, partout où cela nous sera possible.

    Cette école d’été du CIO a été clôturée par l’Internationale, chantée dans une douzaine de langues différentes, avec un grand enthousiasme de la part des participants, qui sont prêts pour les luttes à venir.

  • La construction de nouveaux partis des travailleurs et les tâches des marxistes

    Lors de l’école d’été européenne du CIO qui s’est déroulée en Belgique à la mi-juillet, une attention particulière a été accordée à la question de la construction de nouveaux partis des travailleurs de masse. Depuis maintenant près de 20 ans, l’appel à la formation de nouveaux partis des travailleurs est une partie cruciale du programme politique de bien des sections du Comité pour une Internationale Ouvrière. Cette école d’été était un moment idéal pour partager les expériences variées de nos sections concernant cette question, pour discuter des perspectives de développement des nouveaux partis et pour tirer les leçons principales au sujet de notre double tâche : construire les forces marxistes révolutionnaires tout en participant au développement de nouveaux partis des travailleurs de masse.

    Rapport de l’école d’été du CIO par Paul Murphy, Socialist Party (CIO-Irlande)

    En introduction à la discussion, Tony Saunois (Secrétariat International du CIO) a fait le tour des principaux développements qui se sont déroulés ces dernières années. Il a expliqué que le processus de bourgeoisification des anciens partis sociaux-démocrates et ‘communistes’ a constitué un élément clé qui nous a poussés à appeler à des nouveaux partis des travailleurs de masse. C’est ce processus qui a conduit à ce que des partis tels que le Labour Party en Grande-Bretagne ou encore le SPD en Allemagne, qui avaient une base ouvrière active et une direction pro-capitaliste, deviennent de plus en plus des partis capitalistes qui avaient perdus leurs racines.

    Dans sa réponse à la discussion, Andros (de Grèce) a mis en avant que cet appel pour de nouveaux partis des travailleurs est de bien des façons la continuation de l’orientation traditionnelle du CIO vers les formations de masse de la classe ouvrière. Dans les années ’60, ’70 et ’80, cette tactique a été facilement appliquée en s’orientant vers les partis traditionnels sociaux-démocrates, y compris en y participant, et parfois vers d’autres partis. Maintenant, nous avons à appliquer cette tactique de manière différente, en particulier avec cet appel à construire de nouveaux partis des travailleurs de masse.

    Depuis la droitisation décisive des partis sociaux-démocrates, de nouvelles formations de gauche ont été créées. Cependant, à l’exception de Rifondazione Communista en Italie, aucune d’entre elles n’a été rejointe par un large nombre de travailleurs et n’est devenue un véritable parti de masse. Deux questions cruciales sont à mettre en avant pour expliquer cela : l’absence d’un programme de gauche clair, anticapitaliste et socialiste capable d’attirer les travailleurs et les jeunes dans le contexte de la crise capitaliste et la faiblesse persistante concernant l’orientation vers les luttes et les actions des travailleurs, ce qui signifie que ces partis n’ont pas été revitalisés par les luttes qui ont émergé en Europe. En raison de cela, le processus de développement de ces partis ainsi que le travail en leur sein a été compliqué. Tony a expliqué que la question des nouveaux parties des travailleurs est enracinée dans la situation objective, tout comme il n’est pas possible pour la classe ouvrière de donner naissance à des formations révolutionnaires de masse d’un coup. Généralement, au vu du niveau actuel de conscience de classe, le développement de partis des travailleurs de masse est une étape nécessaire sur la route du développement de la conscience et de partis révolutionnaires de masse.

    Pourquoi participons nous aux nouveaux partis des travailleurs ?

    Les complications rencontrées dans les nouvelles formations ont été abordées par de nombreux camarades. La réalité est que la plupart des directions de ces formations ne considèrent pas devoir présenter une opposition claire contre les partis de l’establishment. Un des camarades allemands du CIO a par exemple expliqué qu’aucun dirigeant de Die Linke ne voit le socialisme comme une alternative réelle au capitalisme. Cela peut conduire à un travail très frustrant à l’intérieur de ces partis, avec nos initiatives constamment bloquées par la bureaucratie du parti.

    Sascha, d’Allemagne, a toutefois insisté sur l’importance pour le CIO de faire partie de ces partis en raison des perspectives de ces partis. Avec sa politique actuelle, il est improbable que Die Linke se développe pour devenir un véritable parti ouvrier de masse en Allemagne. Il est toutefois possible que ces formations jouent un rôle dans la formation de nouveaux partis de masse de la classe ouvrière.

    En réalité, il y a deux partis au sein de Die Linke – un parti ouvrier réformiste et un parti social-libéral pro-capitaliste. La possibilité est réelle qu’une scission arrive à un moment donné. Il est vital que les membres du SAV (CIO-Allemagne) soient présents dans de tels développements, afin de défendre des politiques claires, de gauche et socialistes ainsi que pour tenter d’organiser une gauche forte, apte à grandir pour devenir un parti de masse. L’autre possibilité à ne pas écarter, c’est que Die Linke soit poussé à gauche par la lutte de classe, ce qui déboucherait probablement sur le départ des éléments les plus à droite du parti.

    Comme cela a été montré par l’instabilité des nouvelles formations de gauche, il n’est pas possible de créer des partis des travailleurs stables suivant les lignes des partis sociaux-démocrates ou ‘communistes’ de la période d’après guerre. Cela s’explique par la nature de la période actuelle et de la crise économique, qui ne permet pas les mêmes bases matérielles pour des réformes telles que celles que la période d’après-guerre a connue. La question des coalitions avec des parties pro-capitalistes et celle de rejoindre un gouvernement qui attaque la classe ouvrière est posée. C’est pourquoi ces nouvelles formations sont instables, avec des tensions internes et parfois des scissions.

    La réaction de la gauche face à la crise économique

    Les nouvelles formations de gauche, dans différents pays, ont des origines et des caractéristiques différentes. Le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) français, par exemple, a été lancé par une organisation se réclamant du trotskisme, la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), qui a évolué vers la droite et s’est dissoute dans une formation plus large. Le processus de construction de Die Linke en Allemagne a été initié par des syndicalistes et des responsables syndicaux de base qui ont rompu en 2004 avec le SPD (l’équivalent allemand du PS, ndt) pour former le WASG, qui s’est joint plus tard au successeur de l’ancien parti dirigeant est-allemand, le PDS, pour former Die Linke. Le Bloc de Gauche au Portugal a été initié par un rassemblement d’organisations de gauche existantes, en particulier des maoïstes, des trotskistes de la tradition du SUQI (Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale, à laquelle était liée l’ancienne LCR française) et des eurocommunistes (des réformistes avec une rhétorique communiste). Syriza, en Grèce, est une alliance d’organisations de gauche, dont la plus grande est Synaspismos, qui a émergé en tant que scission eurocommuniste du Parti Communiste Grec (KKE).

    Il existe toutefois des éléments communs à tous. Le plus marquant a été la tendance à virer non pas vers la gauche sur base de la crise économique, mais vers la droite. Marco, d’Italie, s’est référé à l’expérience de Rifondazione Communista (le PRC), qui exprime les dangers d’une telle approche et d’une participation aux gouvernements capitalistes. Le PRC, qui avait plus de 100.000 membres à son apogée, a été détruit par sa direction de droite, et les membres du CIO en Italie font campagne pour la construction d’une “gauche des travailleurs” incluant des anciens mais aussi des nouveaux militants.

    Dimitrios, de Grèce, a expliqué que l’alliance Syriza avait à un certain moment quelques 17.5% dans les sondages d’opinion, mais a chuté à 4%, largement en raison de la politique de ses dirigeants, faite de zigzags. Même quand une position réellement socialiste est prise par ses organes dirigeants, aucun des porte-paroles ou des représentants publics de Syriza ne met publiquement en avant cette position. Dimitrios a aussi critique le nouveau programme de Syriza, propose par ses dirigeants, qui est un méli-mélo de revendications qui ne met pas en évidence une claire alternative de gauche pour les travailleurs et leurs familles dans ce contexte de crise profonde.

    En conséquence, Syriza traverse maintenant une crise sérieuse. L’aile droite de Synaspismos (le plus grand groupe de Syrisa) a joué un rôle de frein pour chaque orientation à gauche. Il y a un mois, cette aile droite a scissionné et Xekinima (CIO-Grèce) a accueilli cette scission comme une opportunité pour Synaspismos et Syriza d’effectuer un virage décisif vers la gauche. Notre position a cependant été attaquée par d’autres et a généré beaucoup de débats, mais aussi d’attention pour nos arguments.

    Cédric, du CIO, a parlé des forces de gauche au Portugal. Malheureusement, le Bloc de Gauche possède beaucoup des faiblesses de ces nouvelles formations de gauche à travers l’Europe. Il n’a pas eu de réponse face à la crise et n’a lancé aucune proposition concrète capable de mobiliser les travailleurs et les jeunes. Son slogan principal se limite à dire “plus de justice dans l’économie”, ce qui ne signifie rien pour ceux qui veulent lutter. En fait, une bonne part de sa direction veut créer une prétendue “gauche moderne”, ce qui en réalité signifie une gauche qui voit la lutte de classe comme quelque chose de dépassé.

    Lise, une membre de la Gauche Révolutionnaire (CIO-France), a décrit de quelle façon le NPA a été lent à réagir et à s’orienter vers les grandes luttes des travailleurs et des pensionnés. Par exemple, la figure la plus connue du NPA, le facteur Olivier Besancenot, n’a pas été utilisée durant la grève des postiers pour effectivement intervenir afin de correctement orienter la lutte. Cela reflète aussi le fait que, à l’instar de beaucoup de nouvelles formations de gauche à travers l’Europe, le NPA est principalement concentré sur les élections, bien plus que sur la lutte de classe dans les entreprises et dans la rue.

    Le CIO et les nouvelles formations de gauche

    Actuellement, une des tâches au sein de beaucoup de ces nouveaux partis est de construire des groupes d’opposition avec d’autres pour s’opposer au virage à droite des directions. En agissant de la sorte, au Brésil, la section du CIO (Liberdade Socialismo e Revolucao) a joué un rôle important pour qu’un nouveau candidat, Plinio, plus à gauche, soit sélectionné comme candidat pour les élections présidentielles du Parti du Socialisme et de la Liberté (PSOL).

    Dans le NPA en France, les camarades du CIO ont joué un rôle vital dans le rassemblement d’un groupe d’opposition de gauche. Ils ont réussi à obtenir 30% des voix lors d’un vote de membres du parti pour leur position de gauche clairement socialiste. Au Québec, à l’intérieur de Québec Solidaire, un regroupement de gauche qui a maintenant 9% dans les sondages d’opinion, nos membres travaillent avec d’autres pour tenter de tirer le parti vers la gauche. En Grèce, nous avons également été impliqués dans de similaires initiatives et il est à espérer que nous puissions assister à un développement similaire dans Die Linke à un certain moment.

    Dans les pays où il n’y a pas encore de nouveau parti de gauche, nos membres sont impliqués dans des campagnes pour la construction de telles formations et là où nous avons des forces substantielles, nous avons un rôle crucial à jouer. C’est le cas en Grande-Bretagne, où nous avons aide à lancer la Trade Unionist and Socialist Coalition (TUSC, coalition de syndicalistes et de socialistes), qui a participé aux dernières élections.

    Dave, du Socialist Party en Angleterre et Pays de Galles, a abordé les difficultés des conditions objectives auxquelles ont fait face nos camarades du Socialist Party lors des dernières élections, caractérisées par une peur profonde du retour des Conservateurs, les Tories, ce qui a repoussé beaucoup de gens vers le Labour Party, avec en résultat de grandes pertes pour les petits partis. Il est important de maintenir la TUSC comme une arène de travail et comme étape vers la construction d’un nouveau parti des travailleurs.

    Michael, d’Irlande, a fait état de notre travail concernant la construction d’un nouveau parti des travailleurs de masse. La nature de droite de presque toute la direction syndicale irlandaise entraîne qu’il est fortement improbable qu’une initiative soit prise par un “Bob Crow irlandais” (du nom du dirigeant du syndicat des cheminots et des conducteurs en Angleterre, qui fait campagne avec nous depuis plusieurs années pour la construction d’un nouveau parti des travailleurs). Toutefois, la position clé acquise par nos camarades irlandais du Socialist Party (CIO-Irlande) parmi la gauche signifie que nous avons un rôle tout particulier à jouer dans le développement d’une nouvelle formation et que nous pouvons avoir un rôle central en son sein. La forte probabilité pour que l’Irish Labour Party, le parti travailliste irlandais, entre dans un gouvernement après les prochaines élections peut créer les circonstances favorables au lancement d’un nouveau parti. Le Socialist Party est actuellement impliqué dans des négociations pour construire une alliance de gauche pour les prochaines élections.

    Les développements dans les partis ‘communistes’

    Un des fils de la discussion était l’attention à porter vers les développement à l’œuvre dans les partis communistes, qui peuvent aussi être affectés par la crise. L’exemple d’Izquierda Unida (Gauche Unie, en Espagne, une coalition politique dont la composante la plus forte est le parti communiste) a été utilisé pour illustrer ce processus. Son nouveau dirigeant parle de guerre de classe et vire à gauche, ce qui devient plus attractif pour de nombreux jeunes et travailleurs en Espagne.

    Le Parti Communiste Portugais garde une forte base dans la classe ouvrière, possède 57.000 membres et attire toujours à lui des couches de jeunes. Il détient des positions syndicales clés, dont la direction du syndicat CGTP (le plus grand syndicat du pays, qui compte 750.000 membres). Malheureusement, son approche est très sectaire, en refusant de travailler avec d’autres et en n’ayant aucune compréhension d’une méthode transitoire, il ne fait aucun pont entre la résistance contre les coupes budgétaires actuelles et le socialisme, qu’il dit défendre. Cependant, au sein de ces parties, de grandes discussions se développent à ces sujets.

    Même le KKE (la Parti Communiste Grec), qui est formellement un parti stalinien et est extrêmement sectaire, est affecté par la crise. Nos camarades grecs ont expliqué comment cela s’est produit. Après chaque lutte de classe sérieuse, des travailleurs honnêtes de la base du parti quittent le KKE à cause de son approche extrêmement sectaire. Par exemple, le KKE organise toujours ses propres manifestations, séparées des autres, et il en va de même pour son front syndical, PAME, à la place de s’engager dans la lutte avec les travailleurs des plus grands syndicats, mais si leur direction est acquise au PASOK (les sociaux-démocrates grecs, actuellement au pouvoir).

    Notre réponse est d’appeler à un front unique d’action entre les vieux partis communistes avec de sérieuses racines dans la classe ouvrière et les nouvelles formations, ainsi qu’au développement de discussions entre ces partis. L’approche de Syriza, en Grèce, est largement correcte à cet égard, elle fait des appels répétés au KKE pour faire des actions en commun et pour avoir des discussions ensemble, même si le programme politique de Syriza est limité. Si cette alliance s’était maintenue à 17.5% des sondages tout en continuant avec cette approche, cela aurait eu un réel impact sur le KKE.

    De petits groupes vers des parties de masse

    Dans sa conclusion, Andros a expliqué que l’organisation de parties politiques de masse ne va pas nécessairement se produire d’un coup. La création du Parti Travailliste britannique a constitué un processus s’étant étalé sur plusieurs décennies. Cependant, une fois qu’un sérieux parti large basé sur la lutte de classe sera construit, il sera bien plus facile et plus rapide d’en reproduire la formation ailleurs. Les exemples de l’Europe du sud dans les années ’60 et ’70 illustrent à quelle rapidité ce processus peut également aller dans un contexte de crise tel que celui que nous connaissons. Dans plusieurs pays, de très petits groupes ont pu devenir des partis de masse dans un très court laps de temps, comme le Parti Socialiste au Portugal au cours de la Révolution des Œillets en 1974.

    La crise économique est maintenant un facteur crucial dans le développement de nouveaux partis des travailleurs, décisif pour en déterminé la nature et la rapidité. Il est encore tout à fait possible que Syriza et d’autres formations puissent prendre un grand virage à gauche sous l’impact de la crise économique. Cependant, il est également possible que le scenario du PRC italien touche ces partis à cause de la tendance à droite de leurs directions.

    Même s’il ne s’agit pas de développements linéaires, il est clair que, dans beaucoup de pays, des développements se dirigeant vers de nouveaux partis des travailleurs de masse sont en train de prendre place. Il ressort très clairement de l’expérience du CIO jusqu’à présent qu’il sera capable, avec ses sections, de jouer un rôle important dans ces développements, tout en construisant ses propres forces pour lutter en faveur d’un programme réellement socialiste.

  • Ecole d’été 2010 – Crise économique: aucune solution sur base capitaliste

    Aujourd’hui, nous ne parlons pas seulement d’une crise économique, notre environnement est également en jeu. Et si nous analysons les développements actuels, c’est pour nous préparer pour le futur, pour nous préparer à intervenir. Il est vrai qu’il est difficile de déterminer exactement la façon dont les choses peuvent se dérouler, mais il est très clair qu’un certain nombre de pays font face à l’imminence d’une explosion sociale. La crise a déjà entraîné une diminution du niveau de vie de millions de personnes et des dizaines de millions connaissent l’insécurité, la peur du lendemain.

    Vers une plus grande instabilité

    La crise économique mondiale est parfaitement illustrée par la crise que traverse l’Europe. Newsweek et Times (deux magasines américains) ont consacré tous les deux et au même moment leur première page à l’Europe. Il y était notamment dit que le grand secret de l’Europe était que son secteur bancaire était plus touché que Wall Street et que les banques européennes sont tout aussi voraces que les américaines quand il s’agit de jouer avec des actifs toxiques.

    Les commentateurs bourgeois ne peuvent plus maintenant se permettre de parler d’un éventuel progrès, ils ne parlent que d’assainissements. La perte de confiance des classes dirigeantes et de leurs partisans, un peu partout dans le monde, est un élément important qui dans un certain sens exprime le cul-de-sac dans lequel se trouve le capitalisme. Toutefois, nous savons que le système capitaliste ne disparaitra pas de lui même, cela ne pourra arriver que par l’intervention consciente de la classe des travailleurs. Mais la division au sein même des élites dirigeantes est un élément important. Les tensions augmentent (comme les tensions commerciales entre différents pays ou encore les tensions entre différents niveaux de pouvoir). Au niveau international, de façon générale, nous allons vers une période caractérisée par de plus en plus d’instabilité.

    En 1938, Trotsky a publié le ‘‘Programme de transition, L’agonie du capitalisme et les tâches de la IVe Internationale’’ dans lequel il disait notamment que la bourgeoisie ferait tout pour éviter la déroute. C’est encore tout à fait vrai aujourd’hui, et on peut d’ailleurs le voir à la façon dont la bourgeoisie se défend.

    Le pouvoir le plus puissant que le monde ait jamais connu – l’impérialisme américain – est embourbé depuis 10 ans en Afghanistan. Ce que l’impérialisme américain espère, c’est de gagner assez de traitres à ses côtés pour pouvoir aboutir à une situation de ‘calme’ comme en Irak mais, même là, il n’est pas question de victoire. Tout comme Tacite le disait de l’empire romain, c’est une paix de désolations (‘‘ils firent un désert et le nommèrent paix’’). En Irak, la guerre civile a été temporairement gagnée par les chiites. Le pays est divisé sur base communautaire, mais ces délimitations peuvent voler en éclat à tout moment. Au lieu d’un Saddam Hussein, on peut en voir émerger une dizaine.

    Quant à la catastrophe de BP, où l’actionnariat est majoritairement américain, elle constitue une parfaite illustration de l’incapacité du capitalisme à gérer l’environnement. La détérioration de la planète est inévitable dans le système capitaliste. Les problèmes ne vont faire qu’empirer, y compris en termes de guerre. Si ce système continue ses méfaits, nous connaîtrons d’autres guerres pour les ressources, comme la guerre pour le pétrole au Moyen-Orient. Déjà aujourd’hui, il y a de plus en plus de conflits autour de l’approvisionnement en eau potable. On estime actuellement à 50 millions le nombre de réfugiés sur la question de l’eau, et ils seraient issus de 27 pays. Dans ce cadre, le sommet de l’ONU au sujet des changements climatiques de Copenhague a été un échec total.

    D’une politique de stimulants à une politique d’austérité

    L’incapacité du capitalisme à faire la moindre mesure progressive peut se voir concernant la crise économique. Dans un premier temps, on a tenté de se limiter à des plans de relance mais, puisque ces programmes de sauvetage n’ont plus d’effet, dans un deuxième temps, on passe maintenant à des plans d’austérité, à des attaques contre les travailleurs. Lors du dernier G20 à Toronto, les partisans des plans de relance étaient minoritaires, l’optique générale est maintenant de passer à des plans d’austérité très durs. Après ce sommet, seul Obama était en faveur de plans de relance. S’il n’avait pas adopté cette position, il aurait eu des problèmes et se serait retrouvé en minorité, y compris au sein de son parti. Mais le fait même qu’il ait été mis en minorité à Toronto illustre que l’impérialisme américain a perdu sa capacité d’imposer sa volonté.

    A certains moments les assainissements sont très brutaux, comme en Roumanie, à d’autre c’est plus léger. Le gouvernement britannique veut par exemple réduire le déficit budgétaire de 40 à 50% dans les 5 prochaines années. Les conséquences de ce genre de politique ont été illustrées, en Irlande notamment. Il y a quelques semaines, des milliers de personnes y ont manifesté: des parents d’handicapés mentaux qui s’occupent de leur enfant déficient à la maison. Ils avaient une institution où ils pouvaient déposer leur enfant une ou deux nuits pour souffler un peu, et une des premières conséquences des coupes budgétaires était, entre autres, la suppression de cette institution. Angela Merkel a déclaré que l’Allemagne devait donner l’exemple pour le reste de l’Union Européenne avec son plan d’austérité. Ces assainissements vont très certainement empirer la situation dans les autres pays, et pas seulement en Allemagne.

    Essai après essai, les entreprises veulent augmenter leur profitabilité, avec l’aide des gouvernements. Dans les environs de Venise, une commune a été jusqu’à interdire de faire des châteaux de sable. La raison est toute simple: les amendes rapportent de l’argent. Cela indique à quel point de désespoir se retrouvent parfois confrontées les autorités. Ce n’est certes pas un élément de ce type qui va déclencher une révolution, mais il suffit parfois d’une étincelle, aussi absurde soit-elle. Le doute qui subsiste dans l’esprit de la bourgeoisie est de savoir jusqu’où elle sera capable d’attaquer les travailleurs sous l’argument "Vous êtes obligés d’accepter les coupes, sinon c’est la Grèce qui vous attend". Cette menace est même utilisée aux Etats-Unis.

    La Grèce est le maillon faible du capitalisme européen. La situation qui s’y développe est un test pour la bourgeoisie et pour la classe ouvrière, mais aussi pour le CIO: comment une de ses sections peut-elle réagir et adapter son intervention dans une telle situation. La grève du 5 mai était la plus grande depuis 25 ans, de même que la taille des manifestations. L’attaque du Parlement avait été le fait de travailleurs du service public. Il y a aussi eu des mouvements de masse dans les secteurs de l’enseignement, des hôpitaux,… En fait, tous les secteurs les plus importants, du privé ou du public, ce sont mis en action durant cette période. A Athènes, il y a eu des mobilisations contre le gouvernement chaque semaine. Nous sommes dans une phase où les commentateurs ont peur que l’expérience grecque rate son coup à cause d’une trop grande mobilisation. Les jeunes, les travailleurs et les commentateurs font le parallèle avec l’Argentine du début de ce siècle. Mais le gouvernement tient bon, parce que les directions syndicales n’ont aucune idée de la manière de réagir, aucune réelle stratégie ni alternative.

    Nos slogans sont "abolition de la dette – nationalisation du secteur financier", tout en appelant à des actions communes pour rassembler les grévistes. La lutte est actuellement en pause, mais le sentiment général est que les luttes recommenceront en septembre. Nous devons aussi renforcer la revendication de nationalisation sous le contrôle démocratique de la population du secteur financier. C’est une revendication qui avait suscité un grand enthousiasme quand Joe Higgins en avait parlé lors d’un grand meeting de la formation large de gauche grecque Syriza. Nous sommes les seuls à accorder autant d’attention à cela. Une banque publique ou des mesures visant à rester dans le cadre de la compétition entre banques sont des mesures insuffisantes.

    De sombres perspectives économiques

    Tous ces budgets d’austérité seront incapables de solutionner quoi que ce soit. Les capitalistes se réfèrent à la Suède ou au Canada au début des années ‘90, et ils caricaturent ce qui y a été réalisé. A l’époque, le capitalisme était en croissance, différence fondamentale avec aujourd’hui. Les éléments actuels de rémission du capitalisme sont avant tout circonstanciels et non structurels, on ne parle pas de croissance des moyens de productions.

    De toute façon, avant même de discuter de cette soi-disant reprise économique, de sa nature et de sa durée, il faut bien se rendre compte que, pour l’écrasante majorité des travailleurs et des jeunes, la reprise économique n’a pas ouvert de meilleures perspectives d’avenir. Cela est tout au plus considéré comme un évènement temporaire. Même dans les pays où la reprise a été plus importante, quand on regarde les chiffres, on se rend compte qu’il s’agit pour beaucoup d’un écran de fumée. Ainsi, dans les médias, on s’est moqué de la reprise économique allemande comme d’un conte de fée. Cette année sera certes un record en termes d’exportations des automobiles allemandes, mais les ventes au sein même du pays vont reculer de 30% pour cette année. La fragilité de la reprise est notamment illustrée par l’utilisation de la capacité de production de l’économie allemande, qui se situe sous les 80% alors que la moyenne était précédemment de 84%. De plus, aucune certitude n’existe quant à la durée de cette reprise économique. Nous devons regarder tous ces chiffres avec beaucoup de prudence. Par exemple, selon les chiffres, le pays qui a connu la plus forte progression de sa production industrielle est Singapour (+64% en une année), mais ce n’est que le reflet de l’ampleur de la chute connue l’année d’avant! Aucun commentateur bourgeois n’a en fait de réelle confiance dans le système. Le dernier rapport du FMI a d’ailleurs revu à la baisse ses prévisions économiques.

    Le mieux auquel s’attendre, c’est une stagnation avec un chômage de masse. Mais nous nous dirigeons vers une nouvelle récession, et très probablement vers une nouvelle crise bancaire. Les Etats réinterviendront encore avec l’argent de la collectivité (comme ils l’ont déjà fait), mais une nouvelle crise bancaire combinée à une récession aurait un grand effet. Le résultat serait une nouvelle dégradation importante du niveau de vie des masses, mais l’impact politique serait également énorme. Ce serait une défaite gigantesque pour la classe capitaliste et cela provoquerait une remise en question encore plus grande du système capitaliste, avec la recherche d’une alternative.

    La dette publique a remplacé la crise des dettes financières. Mais quelle classe sociale est responsable de cette dette publique? D’un pays à l’autre, les conditions sont différentes, mais c’est généralement une conséquence du renflouement des banques. C’est encore une conséquence du fait que l’Etat a dû garantir la faillite financière et immobilière. Nous devons expliquer que la crise n’est pas provoquée par les pensionnés grecs ou par les travailleurs des services publics. Il y a 3 ans, en 2007, tous les Etats avaient un déficit d’à peine plus de 1%. Depuis lors, la moyenne est montée de 1.7% à plus de 8%, malgré l’absence d’augmentation des pensions par exemple.

    Les plans d’austérité vont encore aggraver les conséquences de la crise. Les keynésiens classiques ont raison de dire que le problème fondamental, c’est la demande insuffisante. Le prix Nobel d’économie Paul Krugman a raison d’affirmer que les capitalistes sont repartis vers la politique de Hoover en 1929: liquider les acquis des travailleurs. Il a aussi raison quand il indique que les politiques actuelles vont poser les bases d’une seconde crise, beaucoup plus profonde.

    En cas d’augmentation des dépenses publiques: qui va payer ? Si on fait payer les bourgeois, ils vont se retirer et arrêter d’investir. L’idée générale est de s’en prendre aux travailleurs et à leurs familles, mais il faut s’attendre à ce qu’un tsunami de résistance accompagne le tsunami d’austérité. De plus, malgré toutes les coupes, les déficits des budgets des Etats seront encore plus profonds à la fin de l’année qu’au début et les milliards retirés de l’économie par les plans d’austérité vont peser sur elle. La Chine est le seul pays à avoir connu une bonne reprise sur base des investissements d’Etat, mais cette reprise se place dans le contexte d’une grosse surchauffe de l’économie.

    Remontée de la lutte des classes

    Quant aux travailleurs, l’impact de la crise les frappe de plein fouet. Ceux qui retrouvent un emploi après l’avoir perdu connaissent des conditions de travail bien pires. En Grèce, la possibilité d’un effondrement complet des conditions de travail n’est pas à exclure. En Espagne, 90% des emplois disparus concernaient les couches de travailleurs précaires, mais une bonne partie de la population connait ces conditions. Tous les regards se portent vers le sud de l’Europe, et l’atmosphère combative qui y existe est inspirante. En Angleterre, certains Tories (les conservateurs) ont même été jusqu’à dire qu’ils allaient faire des manifestations contre leur propre gouvernement suite à l’annonce d’attaques contre les budgets des écoles! Tout a été utilisé pour décrédibiliser le mouvement qui se développe en Grèce. Mais toute cette propagande capitaliste a ses limites. Jusqu’ici, les capitalistes se basaient beaucoup sur l’idée que les richesses se répartiraient, que ‘‘demain sera meilleur’’. Cette idée est en train d’être réduite en morceaux.

    Aujourd’hui, les protestations se généralisent. Grèce, Portugal, Espagne, France,… les luttes se développent, mais les directions syndicales jouent un rôle de frein. Lors d’une grande manifestation à Bologne, en Italie, le dirigeant syndical local a notamment dit "personne ne remet en cause qu’il doit y avoir des coupes budgétaires, mais il faut les faire autrement". Avec des dirigeants pareils, on n’est pas encore sortis de l’auberge. Quand Rosa Luxembourg décrivait le rôle des dirigeants sociaux-démocrates durant la première guerre mondiale, elle était particulièrement virulente. Mais que dirait-elle aujourd’hui? L’attitude des dirigeants syndicaux actuels est de compliquer la situation. En Belgique, cela a laissé une certaine ouverture pour approfondir la crise communautaire et aux USA cela s’exprime avec le Tea Party. En Hongrie et en Grèce, l’extrême-droite se renforce. Des questions comme l’immigration commencent à devenir des questions clés, auxquelles nous devons apporter une attention toute particulière.

    Le mouvement de résistance ne se développe pas partout de la même manière. En Grande-Bretagne par exemple, les mesures mises en avant par le gouvernement actuel sont les plus dures depuis 1922, ce qui avait jeté les bases pour la grande grève générale de 1926. Nous en sommes encore loin aujourd’hui. Le niveau de conscience des masses a fortement chuté depuis la chute du mur. Avant, une grève générale posait très rapidement la question du pouvoir et de la confrontation avec l’Etat capitaliste. D’une certaine manière, toutes les grèves générales font cela. Mais l’absence actuelle d’un facteur subjectif de masse, même sous la forme d’un parti réformiste très confus, complique les choses.

    Le capitalisme est incapable de résoudre les problèmes qu’il engendre. Il connaît sa plus grande crise, mais la conscience des masses n’est pas à la hauteur de la situation. Cela ne signifie toutefois pas dire qu’on ne peut pas vaincre la bourgeoisie, comme en France, en 1995, quand le premier ministre Alain Juppé avait connu une défaite avec son ‘‘plan Juppé’’.

    Nouveaux partis des travailleurs, ouverture pour les idées socialistes

    Un des points cruciaux pour reconstruire la conscience des masses est la création et le développement de nouvelles formations politiques larges capables d’orienter des couches larges de la population dans les luttes afin qu’elles puissent apprendre de leur expérience pratique de lutte. Mais il existe le danger de l’électoralisme. Le point le plus important est de maintenir une orientation claire vers les entreprises et le monde du travail. Ces nouvelles forces peuvent se développer très vite, mais également s’effondrer très vite, comme l’illustre l’exemple de Rifondazione Comunista en Italie. Cette formation avait un grand potentiel, qui a beaucoup souffert de sa participation au gouvernement capitaliste de Prodi ainsi qu’à des coalitions locales. Aujourd’hui, l’état général de l’opposition est tel qu’il n’est pas impossible que Berlusconi remporte d’autres victoires malgré les scandales, les conséquences de la crise économique, les attaques contre les travailleurs,…

    L’espace laissé vacant par le mouvement ouvrier se rempli d’autre chose, et nous avons eu différents exemples dans plusieurs pays. Nous pouvons comprendre ces développements au vu de la pourriture des anciens dirigeants politiques. En Italie, il y a le Mouvement Violet. Vu la chute du PRC, il est quasiment inévitable de voir même des couches syndicales développer un état d’esprit antiparti et antipolitique. On peut également voir se développer des tendances au terrorisme, comme en Grèce où l’on assiste à des attentats contre des commissariats ou des banques. L’absence de formulation d’une riposte face à la crise par les directions syndicales est à dénoncer dans ces actes. Les camarades grecs ont ainsi parlé de dirigeants syndicaux qui appelaient à faire grève, mais qui étaient incapable de participer aux actions car les travailleurs les attaquaient dès qu’ils les voyaient pour leur mollesse.

    Pour l’instant, ce sont surtout les organisations d’extrême droite ou populistes de droite qui connaissent une petite poussée. Même si des organisations de gauches de masses existaient, avec le racisme latent dans la société, ces organisations auraient de toute façon connu une poussée dans un premier temps. La question nationale refait également son apparition (Ecosse, Belgique, Pays Basque,…)

    Les choses ne se développent pas qu’en Europe. Au Moyen-Orient, face à la corruption des régimes en place, de plus en plus de travailleurs sont ouverts à nos idées. En Russie, une opposition se développe contre Poutine. Au Kazakhstan également, avec une petite organisation, nous avons pu lancer une organisation ouvrière de masse, Kazakhstan 2012. En Chine, de gigantesques usines existent, avec des conditions de travail véritablement horribles. Des filets ont par exemple été fixés sous les fenêtres d’une usine Foxconn où 12 travailleurs se sont suicidés cette année. L’Etat est bien conscient du problème et essaye de créer de nouveaux syndicats "patronaux", pour tenter d’étouffer la contestation. Mais les grèves continuent de se développer.

    Dans toute une série de pays, de grands mouvements ont déjà pris place. Plusieurs syndicats ont déjà appelé à une grève générale en septembre. Dans d’autres pays, on parle surtout de manifestation ou de journée d’action (de la part des directions syndicales), d’où l’importance de la manifestation du 29 septembre à l’appel de la Confédération Européenne des Syndicats. Il est important de voir comment nous allons intervenir dans ces évènements et comment cadrer cela dans les évènements qui forment la conscience et la combativité de la classe ouvrière. Nous ne devons pas seulement intervenir pour construire le mouvement mais aussi pour voir quel élément mettre en avant et pourquoi. Il est important de comprendre que les attaques antisociales peuvent provoquer différents types de réactions à différents moments.

    Cette crise économique et sociale a aussi son impact politique avec la chute du soutien des partis au pouvoir en Allemagne, en France, en Italie ou même au Japon. La semaine dernière, des élections se sont déroulées pour le parlement japonais. Le premier ministre, élu depuis juillet seulement, a reçu une raclée électorale de grande ampleur, parce qu’il a commencé à parler d’assainissements et du doublement d’une taxe. Quant aux conservateurs britanniques, ils avaient banni le terme "austérité" de leur vocabulaire pendant la campagne, mais ce n’était qu’une opération de communication. Dans différents pays, il y a de grands changements d’état d’esprit très rapide, et une des conséquences de ce processus est que cela mine le soutien des gouvernements en place. Du point de vue des mouvements futurs, l’intervention des camarades de Chypre était intéressante, avec un gouvernement de centre-gauche qui essaye de prendre des mesures également contre les riches, mais qui est de suite bloqué au Parlement. Ce qui est encore possible, ce sont des gouvernements élus sur base de populisme,… mais qui peuvent provoquer des mouvements sociaux importants. C’est entre autres le cas de la Grèce, où le gouvernement est en place depuis 9 mois seulement, élu sur base du moindre mal et de la promesse de ne pas appliquer l’austérité, et a suscité des mouvements sociaux de grande ampleur.

    Ce que le capitalisme nous propose, c’est un monde où chacun est en lutte contre chacun. Notre tâche est de préparer la classe ouvrière pour prendre le pouvoir et s’émanciper. En ce sens, la moindre erreur théorique se paye très cher dans la pratique. Mais nous avons réussi à démontrer ce que nous sommes capables de faire. Dans une telle période, un petit groupe avec des idées claires et qui est enraciné dans les masses peut avoir un impact énorme. A la fin des années ’80, dans des circonstances spécifiques, nous avons pu diriger un mouvement de masse contre la Poll Tax en Angleterre, un mouvement qui a rassemblé 18 millions de personnes, et nous étions à l’époque quelques milliers dans le pays. Cette école d’été a pour vocation de nous préparer à cela. A travers son expérience de lutte, la classe ouvrière va arriver à la conclusion que la seule façon de sortir de ce système, c’est la voie vers le socialisme.

  • Une semaine de ‘Protestation et de solidarité’ tenue à travers l’Europe

    Faisons de la manifestation de la Confédération Européenne des Syndicats du 29 Septembre une "journée d’action" décisive pour la mobilisation des travailleurs

    A la suite de l’appel lancé par 16 députés européens de la Gauche Unitaire Européenne / Gauche Verte Nordique (GUE/NGL), et initié par Joe Higgins et le Socialist Party (CIO-Irlande), des protestations et des activités ont pris place dans plusieurs pays européens la semaine dernière. Même si ces actions étaient de taille restreinte, elles ont activement pointé la direction dont nous avons besoin : des actions de protestation de masse au niveau européen pour résister aux attaques des gouvernements et des patrons du continent.

    Par Paul Murphy, CIO

    A l’initiative du Socialist Party, 500 personnes ont défilé dans les rues de Dublin ce samedi 26 juin, mobilisées autour des slogans "Stop au renflouage des banques – Opposons-nous aux coupes d’austérité du Fonds Monétaire International et de l’Union Européenne – Pour la fin de la dictature des marchés." Plutôt cette semaine, une protestation à Belfast, devant les locaux de la Commission Européenne, avait reçu le soutien officiel du syndicat des pompiers, d’un syndicat des enseignants (INTO – région du nord), du syndicat de la fonction publique (PCS) et de l’association des enseignants et lecteurs (ATL). Environ 150 personnes étaient présentes à cette action.

    En Grèce, des protestations ont été organisées par Syriza, avec également un meeting qui a réuni des centaines de personnes le vendredi soir à Athènes. En Angleterre, le réseau national des délégués syndicaux (National Shop Stewards Network) a organisé un meeting le samedi 26 juin au soir, sur le thème de la solidarité internationale. En Suède, des militants de 4 organisations socialistes et syndicats (de l’Alliance de Septembre), se sont réunis devant les bureaux de la Commission Européenne à Stockholm. Ils avaient une bannière déclarant "Non à l’Europe du grand capital" et ont donné une lettre de protestation à la Commission Européenne.

    A Lisbonne, l’après-midi du 26 juin, des militants du Bloc de Gauche ont distribué 200.000 tracts concernant la crise économique. Un peu plus de 80 personnes ont protesté à Bruxelles lors d’une manifestation organisée par le Front des Gauches, avec le soutien de Synaspismos (Grèce) et de la Federazione Comunista del Belgio (Italie). Cette protestation s’est déroulée dans un quartier habité par plusieurs communautés du Sud de l’Europe et a reçu les applaudissements et le soutien de plusieurs habitants. Les membres du CIO en Autriche (Sozialistische Linkspartei) ont organise une protestation devant la Chambre de Commerce de Salzburg le mercredi 23 juin et avaient une banderole longue de 35 mètre clamant "Protestation et solidarité internationales" utilisée lors d’une manifestation le vendredi.

    Au Danemark, le meeting annuel de l’Alliance Rouge-Verte s’est déroulé à Copenhague le mercredi 23 juin, avec la participation de centaines de personnes. Finn Sørensen, le vice-président d’un syndicat de Copenhague, a attaqué les déclarations selon lesquelles la crise grecque est conséquente au fait que les travailleurs grecs vivent au-dessus de leurs moyens. Il a insisté sur la responsabilité de l’Union Européenne, du gouvernement grec et des spéculateurs. Un puissant message de solidarité a été envoyé aux travailleurs grecs du Danemark. En Italie, la semaine de protestation a été relayée par les camarades de Controcorrente, qui sont intervenus dans la grève générale du 25 juin.

    L’Europe regarde en direction de la Grèce

    Les niveaux différents de protestations dans les divers pays reflètent les différents niveaux de lutte et les situations qui existent dans les divers pays européens. Cependant, avec les mesures budgétaires draconiennes du gouvernement Tory/Libéral en grande Bretagne et avec l’annonce des attaques vicieuses d’Angela Merkel en Allemagne, ainsi que les mesures d’austérité annoncées en France, il est maintenant très clair que c’est toute l’Europe qui se dirige vers la Grèce. Au cours de ces derniers jours seulement, il y a également eu des grèves générales ou des grèves générales partielles en France, en Italie et au Pays Basque en Espagne.

    Cette semaine d’action initiée par le Comité pour une Internationale Ouvrière a mis en avant le chemin à suivre pour les travailleurs partout à travers l’Europe: celui de la nécessité d’actions communes à l’échelle européenne pour vaincre les attaques antisociales qu’on cherche à nous imposer.

    Maintenant, les regards se tournent vers la "Journée d’action" annoncée par la Confédération Européenne des Syndicats pour ce 29 septembre. Les syndicats espagnols ont annoncés qu’ils partiraient en grève générale ce même jour. Le CIO plaide pour que cette journée d’action devienne une réelle journée de mobilisation des travailleurs à travers l’Europe. Là où cela est approprié, comme en Espagne, des grèves générales pourraient être organisées ce jour-là, avec des manifestations régionales et une manifestation majeure à Bruxelles.

    Dublin

    Joe Higgins, eurodéputé du Comité pour une Internationale Ouvrière (Socialist Party, CIO-Irlande)

    Clare Daily (Socialist Party, CIO-Irlande)

    Joe Higgins, eurodéputé du Comité pour une Internationale Ouvrière (Socialist Party, CIO-Irlande)

    Autriche

    Angleterre – Coventry

    Suède

    Danemark

    Belgique

  • Quel que soit le gouvernement: il y aura des assainissements ! Préparons la résistance !

    Les patrons n’ont pas fait de mystère concernant leurs intentions. Quelques jours à peine avant les élections, la Fédération des Entreprises Belges a annoncé: “Notre pays devra, tôt ou (trop) tard, opter pour des mesures s’inspirant du modèle allemand. De sa propre initiative et à temps, ou contraint et forcé par les marchés financiers, et donc trop tard.”

    Par Els Deschoemacker

    Le modèle allemand, c’est le pire plan d’austérité depuis la deuxième guerre mondiale, rien de moins! L’Europe connaît une véritable surenchère d’assainissements. Partout, les milliards d’euros mis sur la table par les gouvernements afin de sauver les institutions financières et les spéculateurs doivent maintenant être extraits des poches des travailleurs et leurs familles. Un bien joli coup pour les banques, mais au détriment de nos intérêts.

    Les gros investisseurs et les marchés financiers imposent leurs vues, ce sont ces maîtres du chantage qui déterminent notre politique économique. Quant aux “élus du peuple”, ils sont derrière eux, en fidèles exécutants. A quoi peuvent encore bien servir des élections quand tous les politiciens traditionnels soutiennent la même politique ?

    L’instabilité frappe la sphère politique européenne, mais même si les dernières élections ont connu de grands changements, il semble que le nom de la famille politique au pouvoir importe peu. En Angleterre, ce sont les conservateurs et les libéraux-démocrates qui attaquent les budgets de l’enseignement, des soins de santé et d’autres services publics importants. En Allemagne, ce sont les chrétiens-démocrates, en coalition avec les libéraux. En Grèce, en Espagne et au Portugal, ce sont les sociaux-démocrates.

    En Belgique, il n’en ira pas différemment. Une coalition est en préparation, avec de nombreux partis pour obtenir une majorité. Au moment de réaliser ce journal, sa composition était encore incertaine, mais une chose était claire dès le début: quel que soit le gouvernement que nous aurons avec ces partis pro-capitalistes, même les “plus à gauche”, tous sont prêts à assainir 22 milliards d’euros d’ici 2015.

    Elio Di Rupo et Bart De Wever ont endossé leur costume “d’hommes d’Etat”. Chacun est prêt à réaliser un grand compromis qui devrait se traduire par une combinaison de réductions structurelles de nos soins de santé, de nos retraites et de nos salaires. Une réforme d’Etat comprenant un transfert de compétences du niveau fédéral vers les régions devrait faciliter l’application de ces économies. De leur côté, les marchés financiers veilleront à faire pression contre la moindre hésitation. Nous refusons cette dictature financière, nous n’avons pas à être pressés comme des citrons ! La seule manière de contrôler efficacement les “marchés financiers”, c’est de les nationaliser et de les placer sous le contrôle du mouvement ouvrier organisé. Cela ne tombera pas du ciel, il faudra lutter, tant sur le plan syndical que politique.

    Beaucoup de travailleurs partagent une grande indignation et regardent l’avenir avec une méfiance non moins grande. On nous dit aujourd’hui que les assainissements sont nécessaires afin de soutenir l’économie, mais que se passera-t-il quand les économies deviendront concrètes et qu’en plus il n’y aura pas de reprise en termes d’emploi et de pouvoir d’achat ? L’opposition face aux plans d’austérité peut rapidement grandir. Dans plusieurs pays européens, l’automne sera certainement très chaud. En Belgique aussi, il sera nécessaire de répondre par des actions de masse contre chaque mesure destinée à nous faire payer la crise. Organisons l’indignation, la colère et l’opposition, dès aujourd’hui.

    Nous avons besoin d’un plan d’action national et européen pour unifier les travailleurs européens et leurs familles dans la lutte contre l’agenda d’austérité. La manifestation syndicale européenne du 29 septembre prochain peut être un premier pas dans cette direction, mais ce rendez-vous doit être utilisé pour informer et mobiliser la base afin de construire un rapport de force. Le PSL veut bien entendu contribuer à cela, et nous vous invitons à nous rejoindre.

  • Une “Semaine de Protestations et de Solidarité” du 21 au 26 juin

    Afin de soutenir la Semaine de Protestation et de Solidarité, la fraction de la Gauche Unitaire Européenne / Gauche Verte Nordique (GUE/NGL) au Parlement Européen va coopérer avec des partis politiques, des mouvements sociaux et des activistes pour protester partout en Europe contre les attaques sur les salaires, les pensions, le standard de vie et les services publics. En Belgique aussi, une manifestation se déroulera ce samedi 26 juin.

    Une réponse collective et une démonstration de solidarité face aux attaques qui défèrlent sur l’Europe est nécessaire afin de réagir contre les tentatives visant à diviser les travailleurs ainsi que pour donner aux travailleurs la confiance de riposter contre les politiques destinées à leur faire payer la crise.

    Ces protestations et actions sont organisées autour des revendications suivantes :

    • Les travailleurs, pensionnés, chômeurs, étudiants, jeunes et ceux qui sont socialement exclus ne doivent pas payer pour la crise – il faut la faire payer aux super riches et aux banquiers ;
    • Solidarité avec les travailleurs en Grèce, pour l’unité des travailleurs en Europe;
    • Pas d’assainissements, de baisses de salaires, de chômage ni d’augmentation de l’âge d’accès à la retraite;
    • Pas de privatisation des services publics;
    • Stop au sauvetage des banques – nationalisation des banques et des institutions financières dans les intérêts des travailleurs.

    Actions planifiés par les partis de la GUE/NGL pour la Semaine de Protestation et de Solidarité

    Irlande

    Ce samedi 26 juin, une manifestation aura lieu à Dublin, à 13h. Le cortège partira de la Central Bank pour aller vers les bureaux de l’Union Européenne et pour ensuite finir à l’Anglo-Irish Bank.

    Ce jeudi 24 juin, au soir, une manifestation se déroulera à Belfast au bureau de la Commission européenne.

    Grèce

    Ce mardi 22 juin, une journée d’action aura lieu partout en Grèce, pour la sécurité sociale et pour défendre le système de pension. Des protestations prendront place partout dans le pays, aux bureaux de la sécurité sociale de chaque ville et avec de grandes manifestations à Athènes et à Thessalonique.

    Ce vendredi 25 juin, un Festival international aura lieu, avec de la musique et des speechs d’orateurs internationaux et de syndicalistes.

    Ce dimanche 27 juin sera une journée de protestation partout en Grèce contre la privatisation des chemins de fer. De nouveau, des protestations prendront place dans toutes les villes, surtout à Athènes et à Thessalonique.

    Portugal

    Ce samedi 26 juin, dans l’après-midi, une action est prévue à Lisbonne, où 200.000 tracts sur la crise sont distribués avec une contribution de Francisco Louçã et des membres du parlement.

    Suède

    Le Parti de Gauche organise cette semaine un concert et un festival pour attirer l’attention sur la Semaine de Protestation.

    Danemark

    L’eurodéputé Søren Søndergaard organise un meeting public concernant l’appel à la solidarité européenne.

    Autres événements:

    Angleterre & Pays de Galles

    La réunion du Réseau National de Déléguées se déroulera dans le cadre de la solidarité internationale et en solidarité avec les autres actions européennes.

    Belgique

    Le Front des Gauches planifie une action à Bruxelles, ce samedi 26 juin à 13h30, Place Van Meenen, à Saint Gilles (Bruxelles) – Près de la Gare du midi, arrêt Horta

  • En Grèce, au Portugal, en Espagne… Ce n’est pas aux travailleurs de payer pour la crise !

    Manifestation ce 26 juin à Saint Gilles

    Une Semaine de Protestation et de Solidarité a été lancée dans différents pays européens par 16 eurodéputés de la Gauche Unitaire Européenne / Gauche Verte Nordique (GUE/NGL). Des partis politiques, des mouvements sociaux et des activistes vont protester dans différents pays (Danemark, Irlande, Suède, Grèce, Portugal, Angleterre et Pays de Galles) contre les attaques sur les salaires, les pensions, le niveau de vie et les services publics. En Belgique aussi, une manifestation se déroulera ce samedi 26 juin.

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    • Tract du Front des Gauches
    • Europe – Initiative pour une "semaine de protestations et de solidarité"
    • Agenda de la semaine d’action
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      Manifestation de solidarité et de protestation

      Ce samedi 26 juin, 13h30

      Place Van Meenen, à Saint-Gilles (Hôtel de ville)

      Cette manifestation se place dans le cadre de la semaine de protestation et de solidarité initiée par 16 eurodéputés de la Gauche Unitaire Européenne. Cet appel est relayé par le Front des Gauches, avec le soutien de Synaspismos-Bruxelles et de la Federazione Comunista del Belgio.

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