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Tag: Région flamande
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[DOSSIER] Enseignement flamand : Renforçons la lutte !
En Flandre, le gouvernement régional est la copie conforme du gouvernement fédéral : un gouvernement de droite dure qui veut frapper fort et vite. C’est dans ce cadre que l’enseignement a été visé, et qu’une mesure hautement symbolique a notamment été annoncée : l’augmentation du minerval. La ministre de l’Enseignement Crevits a ainsi annoncé une augmentation du minerval de plus de 270 euros, jusqu’à atteindre les 890 euros par an.
Lettre ouverte de nos camarades flamands d’Etudiants de Gauche Actifs (Actief Linkse Studenten) à la communauté de l’enseignement, aux parents et à l’ensemble du personnel, enseignant ou non.
Nous savons qu’il y a parmi les étudiants, un courant en faveur des économies et du relèvement du minerval. Il est représenté par des cercles tels que le KVHV (Katholiek Vlaams Hoogstudenten Verbond) et le LVSV (Liberaal Vlaams Studentenverbond). Ces individus veulent un retour à l’enseignement élitiste d’avant la première guerre mondiale. L’émancipation de l’enseignement ne va, pour eux, pas plus loin que la question linguistique. Pour le reste, leur vision rejoint subrepticement celle de la bourgeoisie francophone d’avant-guerre. Expriment-ils une opinion qui vit parmi de larges couches d’étudiants ? C’est tout le contraire que nous pouvons déduire des diverses mobilisations, mais nous ne pouvons nier que ces organisation de droite de fils-à-papa bénéficient d’un bon accès aux médias.
Les premières actions des étudiants et lycéens contre l’augmentation du minerval et les autres mesures d’austérité dans l’enseignement étaient prometteuses. Plusieurs milliers d’étudiants ont signé la pétition contre l’augmentation du minerval. Les lycéens à Gand ont organisé leurs premières manifestations et sit-in en septembre. Ensuite, des journées d’action coordonnées avec sit-in et grèves ont suivi en octobre dans plusieurs écoles. Même dans les universités et les écoles supérieures, il y a eu des actions de protestation au début de l’année académique. Elles visaient essentiellement à attirer l’attention des médias, mais nous espérons que des actions de mobilisation des étudiants du supérieur suivront bientôt, comme cela a été le cas pour les étudiants du secondaire.
Construire la résistance d’en bas par une implication maximale
Nous ne nous faisons aucune illusion sur le caractère de ce gouvernement : il ne supporte aucune contradiction à sa politique d’austérité dure. S’il ne se donne déjà pas la peine de se concerter avec les syndicats, comment écouterait-il les étudiants et lycéens ? Pour stopper ses coupes budgétaires, il faudra donc plus que quelques manifestations, actions symboliques ou concertation pour faire connaître notre mécontentement. Cela n’empêchera pas ce gouvernement de dormir. Il nous faudra le type de résistance qui pourra imposer nos revendications. Seule une résistance de masse portée par un large front de lycéens, d’étudiants, de membres du personnel et de parents avec un programme qui se prononce contre toute mesure d’économie sur le dos des jeunes et de la population active est en mesure d’y parvenir.
Construire un tel mouvement ne se fait pas du haut vers le vas, avec quelques personnes isolées et des actions imposées d’en haut. Il est important que les étudiants et lycéens n’en soient pas réduits à de simples spectateurs d’un mouvement en leur nom, mais soient au contraire activement impliqués dans le processus de décision et la poursuite de la construction du mouvement.
C’est ainsi que le mouvement des étudiants au Québec en 2012 a pu mener un combat de longue haleine jusqu’à ce que le gouvernement soit démis et le projet d’augmenter le minerval soit annulé. Les étudiants organisaient régulièrement des assemblées générales pour lesquelles ils mobilisaient massivement et au cours desquelles les personnes présentes décidaient tant de la forme des actions que de la plateforme des revendications et du programme. Cette méthode a été instaurée par un nouveau syndicat des étudiants CLASSE, initialement contre le goût des associations d’étudiants plus anciennes comme la FECQ et la FEUQ qui, après le mouvement étudiant de 2005, avaient marqué leur accord aux mesures d’austérité dure.Même aujourd’hui, en Flandre, nous constatons dans le mouvement étudiant qu’il y a de fortes réticences à tenir des assemblées générales. Pourtant, le succès de telles assemblées, surtout quand elles sont liées à un plan d’action concret, est démontré par les comités d’action des lycéens à Gand. Tout de suite après leur première action du 10 septembre déjà, les 80 participants démarraient sur base de cette méthode avec un micro ouvert pour mener la discussion sur la poursuite du mouvement. Des comités d’action ont été mis sur pied dans différentes écoles et la manifestation qui a suivi le 8 octobre a réuni quelques 500 participants. La grève des lycéens du 22 octobre comptait 800 participants et poursuivait sur la lancée de cette méthode démocratique.
Il est nécessaire pour la dynamique d’un mouvement de stimuler la discussion et le débat. Non seulement en vue de garantir une implication la plus large possible mais aussi pour enrichir le débat et renforcer la lutte.
Contre toute la politique d’austérité
Dans une telle lutte, il faudra convaincre ceux qui ne le sont pas. C’est impossible en limitant nos revendications au minerval et aux autres mesures d’économie qui touchent directement les étudiants. L’augmentation du minerval n’est qu’une partie d’une attaque antisociale généralisée contre les droits et revenus de toute la classe des travailleurs.
Cela s’inscrit complètement dans le cadre de ce gouvernement qui veut faire payer la crise aux jeunes et aux travailleurs. Les riches restent hors d’atteinte. Nous devons faire ce lien. Une attaque contre l’un de nous est une attaque contre tous !
Ce n’est qu’en cherchant l’unité des jeunes et des travailleurs que nous pourrons construire un mouvement suffisamment fort pour contrer cette attaque généralisée. Si nous ne le faisons pas, nous laisserons l’espace à l’argumentation de droite. Si l’un doit économiser pourquoi pas l’autre ? Nous serons très vite enfermés dans une logique d’austérité dont la fin ne sera plus en vue. Une argumentation politique forte contre chaque forme d’économie sur le dos des jeunes et des travailleurs n’est pas seulement utile pour nous armer contre la droite et les partisans des économies mais aussi pour pouvoir répondre aux questions des jeunes qui doutent encore.
Depuis le début, les Etudiants de Gauche Actifs opposent l’achat de 40 nouveaux avions de chasse F35 pour un montant de 6 milliards d’euros aux mesures d’austérité du gouvernement flamand dans l’enseignement. Un seul F35 coûte environ autant que ce que doit rapporter l’augmentation du minerval ! Dans le comité d’action contre l’augmentation du minerval, il y avait au départ des contre-arguments, même Comac (l’organisation de jeunesse du PTB) estimait que la comparaison ‘‘visait trop haut politiquement’’. Entre-temps, tout le monde concède que c’est un véritable argument. C’est justement avec ce type d’exemples que l’on peut mettre en évidence que l’attaque contre l’enseignement supérieur est bien un choix idéologique.
Le mouvement doit partir des besoins à satisfaire : il nous faut plus de moyens publics, pas moins ! Nous devons combattre l’augmentation du minerval mais également réclamer plus de moyens publics pour l’enseignement, à commencer par un retour à une situation où 7% du PIB est consacré à l’enseignement. Les syndicats l’exigent depuis des années déjà, et cela est aussi systématiquement défendu par les Etudiants de Gauche Actifs.
Des gouvernements d’austérité à tous les niveaux qui touchent presque tous les travailleurs et allocataires sociaux offre le potentiel d’un mouvement généralisé. Les jeunes peuvent jouer un rôle très important pour dynamiser la protestation. Nous l’avons vu avec les Marches des Jeunes pour l’Emploi en 1982 et 1984 ou avec les grèves de lycéens contre le gouvernement Martens VI en 1986. Les jeunes vont plus facilement en rue, mais pour forcer l’establishment capitaliste à faire des concessions, nous devrons frapper là où ça fait mal, dans leurs profits, en mettant toute la société et l’économie à l’arrêt ! C’est pourquoi, des actions de grève sont si importantes et pourquoi nous devons renforcer les liens avec le mouvement ouvrier. En dénonçant directement toute la politique d’austérité, il est plus facile de faire des liens avec la protestation du mouvement ouvrier.
Propositions concrètes
Les Etudiants de Gauche Actifs appellent à un plan d’actions locales lié à des assemblées générales dans autant d’écoles, de hautes écoles, d’universités et de facultés que possible, dans toutes les villes.Les syndicats appellent à un plan d’action avec des manifestations nationales, des grèves régionales et finalement, une grève générale. Suivons le même rythme avec les lycéens et les étudiants en organisant les mêmes jours des manifestations et des grèves de lycéens et d’étudiants. La lutte des travailleurs contre le relèvement de l’âge de la pension ou le saut d’index concerne aussi la jeunesse ! Inversément, la lutte des jeunes contre l’austérité dans l’enseignement est aussi celle des travailleurs.
Ce n’est encore qu’un début, mais le potentiel pour un mouvement commun n’a pas été aussi grand depuis longtemps. Nous ne devons pas laisser une chance à ces gouvernements de droite pour jouer avec notre avenir. Prenons notre avenir en mains en construisant un mouvement qui nous débarrassera de ces gouvernements pour faire place à une alternative au centre de laquelle seront placés les besoins de la majorité de la population.
Pour cela, nous devrons prendre l’argent où il est, auprès des 1 % de super-riches. Les Etudiants de Gauche Actifs sont en faveur d’une alternative socialiste au capitalisme, le système actuel n’offre aucun avenir à la majorité des jeunes.
Photos : Grève écolière de ce mercredi 22 octobre
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[PHOTOS] Sit-in aux écoles Voskeslaan et KA Gentbrugge à Gand
Repris du site néerlandophone des Etudiants de Gauche Actifs, actieflinks.be
Après une première action de sit-in organisée cette semaine contre l’austérité dans l’enseignement flamand, ce mercredi, trois autres ont pris place hier. Ci-dessous, un reportage-photos de l’action de l’école Voskeslaan et un autre de KA Gentbrugge.
Voskeslaan:
Gentbrugge:
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Un sit-in réussi à l’école De Wingerd (Gand), d’autres à suivre aujourd’hui !
Rapport et photos repris d’actieflinks.be, le site des Étudiants de Gauche Actifs en néerlandais
En Flandre, la lutte contre l’austérité dans l’enseignement se poursuit. Hier, un sit-in a eu lieu à l’école De Wingerd, à Gand. Aujourd’hui, des actions similaires sont prévues entre autres à St Lucas, de Voskenslaan et l’Athénée Gentbrugge. Thomas, un élève de De Wingerd, nous raconte.
“Ce matin, plus de 250 élève de l’école De Wingerd ont participé à une action de sit-in contre l’austérité dans l’enseignement. L’initiative de cette action a été prise par le comité d’action de De Wingerd. Ce n’est pas la seule école qui refuse d’accepter l’austérité. Après la manifestation qui a réuni étudiants du secondaire et du supérieur le 8 octobre dernier, le lancement de groupes d’action dans différentes écoles et hautes-écoles a été décidé. Avec succès, puisque des actions doivent être menées demain à l’image de se qui s’est produit aujourd’hui à De Wingerd. J’ai entendu que cela allait se produire à St.-Lucas (qui avait déjà organisé un sit-in avec environ 200 personnes), de Voskenslaan et l’Athénée Gentbrugge. Avec ces actions, nous espérons clarifier aux yeux du gouvernement que nous n’acceptons pas la logique d’austérité et que nous allons défendre notre enseignement. Des comités d’action s’organisent aussi dans d’autres écoles.”
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Comment vaincre l’austérité dans l’enseignement supérieur?

Action du 10 septembre contre l’augmentation du minerval et contre l’austérité dans l’enseignement. En Flandre, la colère contre l’austérité vient de connaître un nouveau tournant lorsque les mesures du gouvernement de Geert Bourgeois (un nom particulièrement prédestiné…) ont été dévoilées. Personne n’est à l’abri : les mesures antisociales en discussion frapperont indistinctement écoliers, étudiants ou travailleurs. Mais la colère et l’indignation ne parviendront à rien arrêter sans être organisée. L’article ci-dessous est consacré à la question décisive de la construction d’un rapport de force favorable au mouvement social. Initialement écrit pour faire face à la nouvelle situation de luttes qui émerge en Flandre, essentiellement autour de l’enseignement, ce texte n’en est pas moins une précieuse source de réflexion pour l’autre côté de la frontière linguistique.
Par Mathias (Anvers)
Pour des comités d’action démocratiques !
Construire une opposition efficace passe obligatoirement par l’implication active des étudiants du secondaire et du supérieur. C’est pourquoi nous pensons crucial d’établir des comités d’action dans chaque université, dans chaque haute école de même que dans les écoles secondaires de Flandre. Ces comités peuvent assurer de libérer l’espace nécessaire à la construction d’un mouvement par la base et non par en haut, en permettant aux étudiants de démocratiquement discuter des revendications à défendre et des actions à organiser. Ces comités d’action auront aussi à élire leurs porte-paroles, leurs responsables des diverses tâches et leurs représentants. Tous les élèves, organisations étudiantes et membres du personnel opposés aux mesures doivent pouvoir s’y exprimer librement.
La puissance potentielle de tels organes démocratiques de lutte a été démontrée lors des manifestations étudiantes de 2011 au Québec. Le gouvernement de droite avait décidé d’augmenter les frais d’inscription à 1.650 dollars canadiens, soit une augmentation de 75% ! La contre-offensive étudiante fut massive.
La majorité des étudiants québécois est affiliée à l’une des quatre grandes fédérations syndicales étudiantes. Après quelques actions d’avertissement, une grève générale illimitée fut lancée. Le succès fut au rendez-vous : environ 100.000 étudiants ont fait grève cinq mois durant. À son apogée, le mouvement comprenait 215.000 étudiants grévistes et des manifestations ont réuni 310.000 étudiants au même moment dans différentes villes!
Les autorités ont tenté de briser le mouvement par une répression brutale. C’est ainsi que fut votée au parlement québécois l’infâme loi 78. Les actions organisées autour des campus universitaires étaient devenues illégales et l’amende atteignait les 1000 à 7000 dollars canadiens. En cas de rôle dirigeant dans un syndicat étudiant, cette somme pouvait même grimper jusqu’à 35 000 dollars canadiens. Les syndicats étudiants ont aussi chacun reçu une amende de 125.000 dollars canadiens.
La loi 78 interdisait à peu près toutes les formes de protestation et la police a été autorisée à utiliser jusqu’aux outils de répression les plus controversés contre les manifestations. Les actions étudiantes ont bien vite été systématiquement accompagnées de nuages de gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc ont même été tirées. Cette répression n’est toutefois pas parvenue à briser l’élan du mouvement. Il était devenu impossible de donner le moindre cours et l’année académique dû finalement être annulée. Le gouvernement subit ensuite une cuisante défaite électorale et l’augmentation des frais d’inscription fut abrogée.
Tout cela n’a été possible que parce qu’un mouvement a été construit à partir de la base, avec la possibilité pour chaque élève d’être impliqué dans la lutte, de manière démocratique. Des assemblées générales étudiantes prenaient place quotidiennement dans toutes les universités et hautes écoles, souvent avec une participation de centaines voire de milliers d’étudiants. Les développements politiques y étaient discutés, de même que les méthodes d’action à utiliser et l’organisation des activités de protestation.
Ces assemblées générales ont aussi veillé à ce que les étudiants soient impliqués dans les négociations avec le gouvernement. Et c’est une excellente chose. Au beau milieu du mouvement, la direction du syndicat étudiant de droite avait essayé de conclure un accord pourri avec le gouvernement selon lequel l’augmentation aurait été étalée non pas sur cinq ans, mais sur sept ans tandis qu’une nouvelle commission devait voir le jour pour discuter, avec participation étudiante, de la manière d’appliquer les mesures d’économie dans l’enseignement ! Toutes les revendications étudiantes avaient été balayées en d’autres termes. Cette proposition a été soumise au vote : 324.000 étudiants ont voté contre et seulement 4.600 pour ! Sans cette capacité à prendre des décisions de manière démocratique, le mouvement se serait probablement fini sur une défaite.
En Flandre, les comités d’action ont été constitués à partir des conseils étudiants du supérieur. Il faut maintenant les développer davantage pour qu’ils deviennent des organes représentatifs combatifs et démocratiques. Une première étape importante en ce sens consiste à convoquer une assemblée générale étudiante ouverte et démocratique dans les différentes villes. Les comités d’action doivent ensuite être élargis vers toutes les hautes-écoles, les universités et les écoles secondaires.
Pour un plan d’action !
Demander simplement au gouvernement de retirer ses mesures ne marchera pas. Nous ne pourrons pas nous passer de descendre dans les rues, et pas qu’une fois ! La lutte devra se baser sur un plan d’action offensif pour forcer le gouvernement à revenir sur ses intentions austéritaires.
La pétition qui a été lancée est un excellent moyen d’entrer en discussion avec les étudiants, de les informer et de les inviter à entrer en action. Des actions ludiques et orientées vers les médias peuvent être une manière de maintenir le mouvement dans le feu des projecteurs, mais nous avons absolument besoin de moments d’action qui permettent à tous les étudiants de participer et de montrer la véritable puissance du mouvement. Nous pouvons commencer par mobiliser pour des actions locales sur les campus, pour ensuite appeler à appeler des manifestations locales dans les différentes villes étudiantes. Ces manifestations peuvent à leur tour être le point de départ d’une campagne pour une manifestation nationale contre l’austérité dans l’enseignement.
Il faut dès aujourd’hui considérer la possibilité que le gouvernement maintienne ses mesures et tienne bon après la tenue d’une telle manifestation nationale. Au Québec, c’est la grève étudiante qui fut l’instrument de combat essentiel. Cela a non seulement permis de mettre à plat toute l’activité universitaire, mais aussi de dégager le temps nécessaire aux étudiants pour qu’ils s’impliquent dans les assemblées générales et les différentes actions.
Une grande manifestation centrale serait le lieu idéal pour appeler à la grève générale étudiante, pour 24 heures. Cela ne pourrait qu’accroître la pression sur le gouvernement, et elle pourrait ensuite facilement être étendue à 48 heures ou même à une semaine.
Contre l’austérité sous toutes ses formes !
Au plus le mouvement est large, au plus il est puissant, cela va de soi. Nous ne devrions donc pas nous limiter à des slogans orientés contre l’augmentation des frais d’inscription. L’austérité va avoir un effet des plus néfastes sur le personnel enseignant et non-enseignant. Le gouvernement fera tout pour diviser étudiants et personnel, nous devons faire l’inverse.
Soyons clairs : on économise dans l’enseignement depuis 30 ans, chaque économie supplémentaire est d’autant plus inacceptable ! L’enseignement a besoin d’investissements publics massifs, et c’est pourquoi il faut défendre l’augmentation du budget de l’enseignement pour qu’il représente au moins 7% du Produit Intérieur Brut, comme cela était le cas dans les années ’80.
Dans les conditions économiques actuelles, il sera très difficile d’arracher cet investissement. Les protestations étudiantes ne seront pas suffisantes pour y parvenir. C’est l’une des leçons négatives du mouvement étudiant au Québec. En considérant l’ampleur des mobilisations, les résultats ont tout de même été limités.
Le problème fondamental était que le mouvement est principalement resté limité aux étudiants. Une grève étudiante ne peut pas frapper le gouvernement et les grands patrons là où cela leur fait le plus mal : au portefeuille. Si les étudiants étaient parvenus à attirer dans leur lutte le mouvement syndical, bien plus aurait pu être obtenu. Le problème est qu’aucun syndicat étudiant n’a élaboré de plan d’action concret pour défendre un appel à une grève générale de 24 heures au Québec. Cette nécessité a pourtant été ressentie parmi les étudiants en lutte, comme cela a été illustré par la revendication du syndicat étudiant le plus à gauche, CLASSE, pour une ‘‘grève sociale’’. Mais les choses en sont restées au niveau du mot d’ordre abstrait.
Nous ne pourrons pas non plus faire l’économie d’une discussion sérieuse sur les autres mesures d’austérité que les divers gouvernements cherchent à instaurer. Les mesures antisociales dans l’enseignement sont scandaleuses, c’est vrai, mais il est tout aussi scandaleux de raboter les budgets des transports en commun ! Allons chercher l’argent là où il est : dans la poche de l’élite capitaliste au sommet de cette société !
Enseignement flamand : 500 jeunes manifestent à Gand contre l’austérité
Hier après-midi, quelque 500 jeunes ont défilé à Gand contre l’augmentation du minerval et plus globalement contre les mesures d’austérité destinées à frapper l’enseignement supérieur flamand. Ce rassemblement d’étudiants du secondaire et du supérieur illustre très clairement que le potentiel pour la construction d’un large mouvement contre l’austérité dans l’enseignement est grand. A la suite de cette manifestation, l’organisation de nouvelles actions a été décidée.
Cette action de protestation était à l’initiative des comités d’action lancés dans diverses écoles secondaires par les Étudiants de Gauche Actifs (EGA, Actief Linkse Studenten en Scholieren en Flandre). Une première action avait eu lieu le 10 septembre et un sit-in avait aussi été organisé dans une école le 23 septembre. La manifestation d’hier avait aussi reçu le soutien du comité d’action étudiant. Le ton a été donné : élèves et étudiants refusent d’accepter les attaques contre leur avenir et leur enseignement ! Directement après la manifestation, une assemblée générale a eu lieu où de nouvelles actions ont été décidée, dont un sit-in le 22 octobre, le dernier mercredi avant les vacances de Toussaint.
Louis, élève à l’école Sint Lucas :
“Tout autour de moi, je constate que les gens sont en colère. Mais cela seul ne suffit pas. Stopper l’austérité n’est possible que si nous continuons à organiser les élèves, les étudiants, le personnel et les parents dans l’action. Je soutiens par conséquent l’action de sit-in du 22 octobre.”
L’assemblée générale a également décidé de soutenir la manifestation étudiante du 29 octobre.
Koerian, porte-parole des Étudiants de Gauche Actifs (EGA) :
“L’austérité est pour tout le monde, selon le gouvernement fédéral. Mais les riches y échappent. les grands-parents devront maintenant travailler quasiment jusqu’à leur mort tandis que leurs petits-enfants seront au chômage. Les entreprises ont besoin de travailleurs qualifiés et diplômés, mais c’est à nous de payer ! Le gouvernement affirme qu’il économise pour assurer notre avenir, mais ce qu’il nous présente, c’est une société égoïste où seule l’élite peut jouir d’un avenir sans soucis. Nous voulons une société différente, et nous sommes prêts à nous battre pour y parvenir !”
Beaucoup d’étudiants étaient présents durant cette manifestation, mais aussi pas mal d’élèves du secondaire. EGA avait mené une campagne intensive le mois dernier pour construire un mouvement large des élèves et étudiants, de bas-en-haut. A cette action, nous avons été rejoints par des membres du Conseil étudiant et de Comac, le mouvement de jeunes du PTB.
Après la manifestation, les étudiants ont rallié une assemblée générale afin de discuter ensemble des suites de la lutte. Tout le monde a pu avoir l’opportunité de prendre la parole, ce que beaucoup de participant ont effectivement fait. Les nouvelles attaques annoncées par le gouvernement fédéral, notamment sur la question de l’âge de la pension, ont considérablement accru la colère des étudiants.
Les protestations de la jeunesse peuvent donner le ton pour une résistance unie et dynamique contre l’austérité sous toutes ses formes.
Reportage-photo de Geert.
Reportage-photo de Jean-Marie.
Manifestation contre l’austérité dans l’enseignement flamand : le potentiel est là
Hier, une manifestation a défilé dans les rues de Bruxelles afin de protester contre les mesures austéritaires prévues par le gouvernement flamand dans l’enseignement. Il est notamment question d’augmenter le minerval, une mesure bien évidemment des plus impopulaires. Les organisateurs de la Vlaamse Vereniging van Studenten (VVS, Association flamande des étudiants) et les conseils étudiants avaient lancé un appel pour une manifestation à la dernière minute, en espérant un millier de participants. Beaucoup plus de monde a répondu présent et le chiffre de 4.000 personnes a été annoncé en fin de manif. Ce n’est pas exagéré et c’est une claire indication du potentiel présent pour construire un plus large mouvement contre l’austérité dans l’enseignement.“Bourgeois, Crevits, van ons krijg je niets” (”Bourgeois [ministre président flamand], Crevits [ministre flamande de l’Enseignement], vous ne recevrez rien de nous”), “Bespaar niet op onderwijs, bespaar niet op onze toekomst” (pas d’austérité dans l’enseignement, pas d’austérité pour notre avenir”),… les slogans ne manquaient pas durant cette manifestation, en dépit du fait que cela faisait longtemps que des mobilisations étudiantes flamandes d’une certaine importance n’avaient pas eu lieu.
Le taux de participation a dépassé les attentes des organisateurs et des médias. Il est vrai que le thème de l’augmentation du minerval est particulièrement sensible. Mais au-delà de cette mesure spécifique, nous avons pu constater en discutant avec les étudiants que l’ouverture était grande pour l’idée de résister contre toutes les mesures d’austérité. C’est certain, notre avenir n’est pas seulement menacé par les attaques lancées contre l’enseignement. L’offensive pro-patronale est lancée sur tous les fronts, des réductions de budget aux associations de jeunesse aux économies dans le secteur culturel en passant par les attaques sur les salaires.
Il est plus que possible de parvenir à élargir le mouvement, ce potentiel doit être saisi. Les prochaines étapes de la lutte ne devraient pas être concentrées sur les négociations avec la ministre de l’enseignement ou avec le parlement. Ceux-là n’écouteront rien tant qu’ils n’auront un mouvement de masse pour leur faire face. Il nous faut un large mouvement de résistance, construit de la base, par en bas, avec des discussions collectives démocratiques concernant les prochaines étapes de la lutte, les revendications à défendre et les méthodes d’action à utiliser. C’est ainsi que nous pourrons garantir la plus large implication possible dans le respect des spécificités et positions politiques de chacun.
Ce mouvement peut être renforcer par l’élaboration d’un plan d’action. Une date a été annoncée comme rendez-vous d’une prochaine manifestation, le 17 novembre, ce qui offre l’espace nécessaire pour organiser des actions régionales dans cette perspective.
L’interdiction des tracts et des drapeaux dans le cortège, comme voulaient l’imposer certains organisateurs, fait directement penser à la logique répressive des Sanctions Administratives Communales (SAC). Cette approche est un frein pour le développement d’un mouvement de lutte ouvert et permettant la participation démocratique de chacun.
En revanche, la présence de membres du personnel de la FGTB et de la CSC a constitué un facteur éminemment positif capable de renforcer l’unité entre le personnel et les jeunes. Selon nous, c’est un élément crucial pour remporter une victoire.
Les Étudiants de Gauche Actifs (EGA, Actief Linkse Studenten en Scholieren en Flandre) étaient évidemment présents avec des pancartes et un tract expliquant nos propositions pour construire le meilleur rapport de force dans la lutte. Nous avons également participé à la délégation francophone groupée autour des JOC (Jeunes Organisés et Combattifs) et des Jeunes-FGTB. Parmi les syndicalistes présents se trouvaient également des militants du PSL, dont EGA est le groupe jeunes.
Cette manifestation a donné un aperçu de ce qui était possible, nous allons maintenant tout faire pour exploiter ce potentiel. La prochaine étape est très certainement la manifestation prévue à Gand la semaine prochaine, avec le soutient de comités actifs dans le secondaire et le supérieur.
Ce n’est qu’un début, continuons le combat !
Flandre : Bourgeois se profile comme le thatchérien par excellence
Dans la déclaration de septembre du gouvernement flamand, dirigé par Geert Bourgeois (N-VA), toutes les mesures ne sont pas détaillées concrètement, mais les grandes lignes d’une politique néolibérale dure sont toutefois expliquées. Tout le monde aura droit à une mesure qui le touchera durement, de la réduction de l’offre de services publics à des frais supplémentaires à supporter pour l’enseignement ou l’augmentation de la prime de soin. Le point de départ est que tout le monde devra se serrer la ceinture. Tout le monde ? Pas vraiment ! Les seuls qui ne doivent pas craindre d’être touchés par toutes les mesures énumérées sont les grands patrons, les spéculateurs et les banquiers. Bourgeois I épargne le bourgeois pour faire payer la crise aux travailleurs et à leurs familles.
Article de Geert Cool
La déclaration de septembre doit refléter le fort changement que la N-VA réclame. Le fait d’essayer de mettre un bel emballage autour de paroles creuses est passé à l’arrière-plan pour faire place à une froide attaque en règle du niveau de vie de la population active. Les choses vont un pas plus loin qu’auparavant, lorsque la politique d’austérité était quelque peu socialement enrobée. Il s’agit ici d’un autre type de politique, plus ouvertement néolibérale, à l’image de ce qui se prépare au gouvernement fédéral.
Le budget 2015 prévoit un effort de 1,160 milliard d’euros. Les “chiffres économiques décevants, l’impact budgétaire imprévisible consécutif à la modification des règles discutables de calcul européennes et les économies imposées à toutes les entités dans le cadre de la sixième réforme d’Etat ont entraîné une énorme dépense”, selon la déclaration de septembre. L’ambition du gouvernement flamand est un budget en équilibre, “nous sommes partisans de l’orthodoxie budgétaire.” Le fait que le Bureau Fédéral du Plan remette en question l’orthodoxie budgétaire en mettant en avant que cette trajectoire pourrait faire disparaître 47.000 emplois n’entre apparemment pas en ligne de compte…
Qui doit payer si cela tient au gouvernement flamand ? Les travailleurs et leurs familles. Les partis libéraux au gouvernement mettent toujours en avant qu’ils ne veulent pas de nouveaux impôts mais en augmentant drastiquement des taxes asociales, ils nous font effectivement payer plus. L’augmentation du minerval des étudiants ou l’augmentation de la prime de soin de 25 à 50 euros sont toutes des taxes qui assurent que nous ayons tous à payer la même chose, qu’on soit millionnaire ou simple travailleur gagnant 1500 € net par mois.La première cible du gouvernement Bourgeois, ce sont les fonctionnaires. C’est là qu’il veut sabrer. Dans son jargon de comptable, cela s’appelle une “trajectoire de réduction du personnel”. L’objectif est de faire disparaître 1950 emplois. Comment mieux assainir l’économie et créer de l’emploi que par des bains de sang sociaux ? C’est la logique qui doit avoir été pensée au gouvernement flamand. En 2015, cela devra déjà avoir rapporté 29,3 millions d’euros et pour 2019, 101,5 millions sur base annuelle. De plus, toutes les administrations doivent économiser 56,6 millions d’euros sur leurs moyens de fonctionnement. Les administrations doivent déterminer elles-mêmes où mener cette économie.
Même des institutions telles que la VRT, De Lijn et Kind en Gezin reçoivent de l’autonomie pour décider comment elles appliqueront l’austérité, à hauteur de 45,8 millions d’euros en 2015. Elles n’ont cependant pas une liberté totale. “Comme l’accord gouvernemental l’annonce, cela doit spécifiquement mener, chez De Lijn, à une augmentation du degré de couverture des coûts. Nous adaptons nos prix par rapport à l’étranger mais aussi au modèle wallon et bruxellois et nous mettons fin à la politique de la gratuité.” Cette politique de la gratuité ne reste d’application que pour les parlementaires et les ex-parlementaires… L’augmentation des tarifs s’inspirant des modèles wallon et bruxellois – tiens, le modèle N-VA consiste-t-il à appliquer docilement ce que le PS a introduit précédemment en matière d’austérité ? – signifie une augmentation drastique des prix pour un ticket qui, pour un aller simple en prévente, coûte actuellement 1,3 euro tandis qu’à Bruxelles, il est de 2 euros.Outre le personnel du secteur public, les travailleurs et leurs familles sont également durement touchés. Ce ne sont pas les ministres avec chauffeur qui auront à souffrir de l’augmentation du prix du ticket de bus mais pour les travailleurs, cela fera mal. Et ce n’est pas l’unique mesure. La prime de soin est doublée et passe de 25 à 50 euros, ce qui signifie un coût supplémentaire important pour ceux qui ont un budget serré. Une fois de plus, on nous fait miroiter qu’il s’agit d’une contribution de solidarité pour éliminer les listes d’attente dans le secteur de l’aide aux handicapés. Si cela se produisait effectivement, beaucoup ne verraient pas d’inconvénient à payer 25 euros de plus. Mais nous avons, entre-temps, souvent entendu que c’est peu crédible. La seule chose qui soit sûre, c’est que nous devrons payer le double et ce, seulement quelques années après l’introduction de cette prime de soin. De combien augmentera-t-elle encore ?
En ce qui concerne l’augmentation du minerval, la déclaration de septembre n’est pas encore concrète. A vrai dire, elle confirme que l’augmentation arrive mais ne donne pas encore de chiffre. Rien ne vient contredire non plus l’augmentation à hauteur de 900 à 1000 euros dont tout le monde parle. Bourgeois a déclaré à l’université de Gand que cela resterait en-dessous des 1000 euros. A l’issue de la leçon inaugurale à Gand, Bourgeois a déclaré à propos de la protestation étudiante : “De mon temps, les actions étaient tout de même plus spontanées.” Apparemment, les actions ludiques ont peu d’effet sur le ministre-président. Il espère que la protestation étudiante restera limitée et sera la première à encaisser une défaite pour ensuite, pouvoir attaquer durement d’autres secteurs. La seule manière d’éviter cela est de sérieusement organiser et construire notre lutte.
Le minerval n’est d’ailleurs qu’un élément. Le gouvernement veut enlever 20 millions d’euros à l’encadrement dans l’enseignement secondaire. L’enveloppe pour l’enseignement supérieur est réduite. Et le gouvernement demande aux institutions de l’enseignement supérieur de “porter un regard critique sur leurs propres processus, l’offre de formation et les effets indésirables de la flexibilisation et de rationnaliser là où c’est possible (mener l’austérité).” Plus clairement : tirez votre plan avec moins de moyens.
Même message pour les associations et le secteur culturel. “Nous demandons des économies génériques de toutes les initiatives ou interventions financées par des moyens publics. Sur l’ensemble des domaines politiques, cela a un effet d’environ 190 millions d’euros en 2015.” Seul le fonds des villes et communes est quelque peu épargné. Mais les associations, subsides ou fonds des provinces devront se débrouiller avec moins. Le gouvernement veut, entre autres, épargner en investissant dans une infrastructure sportive supra-locale. Les associations doivent aussi tirer leur plan avec moins de moyens. « Nous accordons une attention particulière à la politique de volontariat flamande”, retrouve-t-on encore dans la déclaration de septembre.
Le tsunami d’austérité ne s’arrête pas. Nous payons déjà plus cher pour l’enseignement supérieur, le ticket de bus, la prime de soin et recevrons moins de services publics. Par-dessus le marché, les allocations familiales ne seront pas indexées – quel est encore le parti qui se profilait comme le parti de la famille ? Le tarif minimum pour l’accueil des enfants est relevé. Il y aura aussi une taxe supplémentaire sur l’eau à cause de la « révision de la contribution d’assainissement supra-communale pour l’épuration des eaux usées ». Même l’énergie pourrait coûter plus cher du fait que le gouvernement veut adapter les tarifs des gestionnaires du réseau de distribution. La petite quantité d’énergie et d’eau gratuite disparaît.
En essayant de quand même prendre une mesure sociale, la déclaration de septembre signale que pour 2025 , il y aura “42.000 habitations à loyer social et 6.000 habitations modestes” en plus. A un rythme peu impressionnant de 4.200 habitations par an et encore quelques incertitudes – les rénovations sont-elles comprises ? S’agit-il d’habitations construites par l’Etat ? – il s’agit clairement de ce qu’on appelle dans la province de Bourgeois “een scheet in een netzak”: du vent ! Pour la liste d’attente de plus de 100.000 personnes, cela n’apporte aucune solution. Au lieu d’éliminer la liste d’attente, le gouvernement espère éliminer les locataires d’habitations sociales. Des contrats temporaires doivent faire en sorte que les gens sortent plus vite d’une habitation sociale.
L’énumération des mesures nous laisse présager ce que nous pouvons attendre de ce gouvernement flamand. Les médias constataient que les réactions à cette déclaration politique divergeaient : vue comme positive du côté du VOKA et d’autres organisations patronales, elle est critiquée par l’opposition. Actuellement, la voix des employeurs prédomine en effet, tant en politique que dans les médias. L’opposition à cette politique ne pourra se limiter à des paroles et actions ludiques, cela n’impressionne pas Bourgeois.Nous devrons organiser sérieusement notre lutte par la base en l’impliquant démocratiquement et en la liant à une alternative à l’agenda d’austérité. Dans ce cadre, nous devons lutter pour des réponses aux pénuries sociales sous forme d’un programme massif d’investissements publics dans les logements sociaux, dans des transports en commun décents et gratuits, pour plus de moyens pour l’enseignement, l’augmentation des allocations familiales, un accueil des enfants bon marché, …
Pour cela, nous devons aller chercher l’argent là où le gouvernement flamand ne le fait précisément pas : dans les poches des bourgeois. Cela nécessite une rupture avec le système actuel dans lequel l’appât du gain des grands employeurs, spéculateurs et actionnaires professionnels serait mis de côté au profit d’un contrôle démocratique et d’une nationalisation des secteurs-clés de l’économie.
L’accord gouvernemental flamand : analyse
Que l’accord gouvernemental de la nouvelle coalition flamande N-VA, CD&V et Open-VLD soit remplis d’attaques, de mesures antisociales et de la continuation de la politique de démantèlement des acquis du mouvement des travailleurs, ce n’était une surprise pour personne. La déclaration de politique régionale flamande est une déclaration de guerre ouverte aux travailleurs, aux jeunes et aux allocataires sociaux. L’idée de base est d’accroître le processus de privatisations et d’austérité pour ainsi faire payer la facture de la crise à la majorité de la population.
Par Tim (Bruxelles)
Le gouvernement « Bourgeois I » n’a pas volé son nom… Dans l’accord, il prétend que tout le monde devra dorénavant faire de douloureux efforts. Il est toutefois certain que ce « tout le monde » ne comprend pas les entrepreneurs, les multinationales et les super-riches : l’accord est rempli de mesures destinées à « stimuler l’entrepreneuriat ». En clair: des attaques contre la classe des travailleurs pour favoriser patrons et actionnaires.
Le gouvernement flamand se prépare à pleinement utiliser ses compétences dans ce but, notamment celles reçues dans le cadre de la 6ième réforme d’Etat. Des coupes dans les systèmes de pause-carrière, d’abord : toute une série de possibilités dans ce domaine seront abolies, seules quelques options limitées resteront en place, comme la pause-carrière destinée à prendre soin d’un membre de sa famille fort malade. D’autres attaques sont également annoncées : l’approfondissement de la politique visant à diminuer les coûts salariaux avec de nouveaux cadeaux aux entreprises et l’utilisation des nouvelles compétences régionales dans le domaine du marché de l’emploi pour renforcer les contrôles et les sanctions contre les chômeurs. Le nouveau gouvernement compte même d’introduire un système de « service à la communauté » : les chômeurs seront obligés de travailler pour leur allocation, même dans le secteur privé. La responsabilité du chômage est intégralement mise sur le dos des chômeurs à titre individuel, et la responsabilité des entreprises qui délocalisent et licencient – la cause réelle du chômage structurel que nous connaissons – est passée sous silence.
Nos services publics en ligne de mire
Des cadeaux pour les patrons, l’austérité pour le reste de la société. Les services publiques sont particulièrement ciblés : le gouvernement Bourgeois prévoit une forte restructuration de l’administration flamande avec comme but essentiel la réduction du nombre de fonctionnaires et la privatisation des tâches qualifiée de « non-centrales » pour l’administration : l’entretien, l’ICT (information et communication), le nettoyage. La diminution des effectifs au cours de la dernière législature flamande – 2.160 postes de travail perdus, soit 7,5% de l’effectif – avait déjà causé de sérieux manques de personnel dans plusieurs services à la population. Le gouvernement a été incapable de garantir la qualité du service avec la diminution du nombre de fonctionnaires, mais il prévoit maintenant de continuer sur la même voie…
L’ancien gouvernement avait déjà fortement été critiqué pour sa politique de privatisation de certaines tâches administratives, notamment pour le transfert de l’accompagnement des chômeurs par le service publique VDAB (équivalent du FOREM ou d’Actiris) vers le privé, surtout après qu’une série d’études aient démontré l’inefficacité profonde de ces fameux partenaires privés. En plus, les 22 millions d’euros qui ont étés « sauvés » par la réduction du nombre de fonctionnaires à la VDAB ont été fortement dépassés par le surcout des consultants privés qui ont repris leurs tâches : cette dépense a augmenté de 23,9 millions d’euros vers 100,5 millions entre 2005 et 2012 ! Un exemple supplémentaire pour démontrer que toute cette idée selon laquelle le secteur privé est « plus efficace » n’est qu’un mythe… C’est pourtant très précisément ce mythe qui sert d’ossature à l’accord gouvernemental des nouvelles autorités flamandes.
Economiser en cadence
Malgré sa volonté profonde de passer des coupes budgétaires et des privatisations dans l’ensemble de l’administration flamande, le gouvernement hésite fortement à en prendre lui-même la responsabilité et préfère imposer toute une série d’économies aux entités subalternes, comme les communes, les provinces, les universités, certaines administrations,… La rhétorique est à chaque fois identique : l’entité reçoit plus d’autonomie, mais devient elle-même responsable de l’application de coupes budgétaires. Ainsi, les communes recevront plus d’autonomie pour diminuer des dépenses sociales, privatiser les intercommunales (notamment concernant la récolte des déchets et la distribution de l’eau et de l’énergie) et pour briser le statut des fonctionnaires communaux. La tactique du gouvernement est celle qu’Edmund Burke – le philosophe conservateur favori de Bart De Wever – décrivait déjà sous ces termes « En rongeant une digue, même un rat peut noyer une nation » : en ouvrant toute une série de petits fronts d’austérité, le gouvernement espère que l’inondation d’austérité arrivera partout, sans qu’elle ne doivent elle-même se mouiller…
Austérité dans l’enseignement, les services publics et le bien-être
Les attaques du gouvernement sont générales, aucun domaine n’y échappe. Dans le secteur du bien-être, aucun mot n’est dit sur les énormes listes d’attente dans les institutions pour invalides, personnes âgées et autres. Tout le chapitre sur ce domaine est dédié à la proposition de stimuler « l’entrepreneuriat social ». Avec ce terme flou, le gouvernement espère augmenter les possibilités d’entreprises comme Sodexo pour jouer un rôle dans le secteur de la santé, une dynamique déjà entamé par l’ancien gouvernement à travers « Flanders Care ».
Même chose dans les transports en commun : le gouvernement affirme « irréaliste » de poursuivre la politique de « mobilité de base » de De Lijn, et prétends que l’entreprise doit augmenter ses propres revenus (en augmentant les tarifs), arrêter sa politique de «gratuité et quasi-gratuité » (fin des abonnements gratuits et bon marchés pour les séniors ou les jeunes) et réduire l’offre dans les régions les moins peuplées de Flandre.
L’enseignement reçoit aussi une belle claque : 800 millions d’euros d’économies sont annoncés, dont la moitié pour l’enseignement supérieur. Les mêmes crédos valent aussi dans ce domaine : augmenter les privatisations (par les partenariats publics-privés, notamment dans la construction de nouvelles écoles) et le nivellement vers le bas de l’allocation de base par élève dans l’enseignement libre et communautaire (une idée piquée à l’ancienne coalition Olivier de la communauté française). Pour le supérieur, le gouvernement prévoit une forte économie et donne aux universités et hautes écoles « toutes les possibilités » de décider elles-mêmes de la manière d’y faire face. Une des pistes est la libéralisation des minervals : les institutions pourront désormais choisir librement les droits d’inscriptions appliqués. Les chiffres actuellement cités impliqueraient un quasi-triplement des minervals, qui passeraient de 600 euros à 1.500 voire 1.800 euros par an ! La poursuite et l’accentuation de la « rationalisation de l’offre » dans l’enseignement supérieur est une autre piste proposée par les autorités flamandes : réduire le nombre de formations offertes par les institutions. Finalement, les moyens pour la recherche fondamentale seront fortement réduits en faveur des subsides scientifiques aux entreprises.
Quelle alternative?
Le gouvernement Bourgeois I est un gouvernement de provocation et d’attaques brutales contre le mouvement des travailleurs. Son objectif est de garantir les privilèges d’une minorité par l’appauvrissement de la collectivité.
Le gouvernement prétend que sa politique est ‘‘inévitable’’, et il pourrait bien parvenir à faire passer cette illusion parmi des couches plus larges de la population. Un front de résistance contre l’austérité est indispensable : chaque attaque doit recevoir une réponse à sa mesure avec une résistance de masse qui pointe le doigt sur les énormes richesses qui existent dans la société mais auxquelles le gouvernement ne veut pas toucher pour offrir une alternative à la politique d’austérité. Sans riposte, le gouvernement continuera tout simplement sur son chemin antisocial. Les exemples de Grèce, d’Irlande ou encore d’Espagne nous ont déjà montré jusqu’où la bourgeoisie est prête à aller.
Un front de résistance contre l’austérité pourrait fournir au mouvement des travailleurs un outil qui assurerait que les mouvements de luttes ne soient plus isolés et que des discussions soient menées concernant le programme, la stratégie et les tactiques nécessaires pour renforcer notre lutte jusqu’à la victoire.Dans tout le pays, les militants du Parti Socialiste de Lutte / Linkse Socialistische Partij (PSL/LSP) joueront leur rôle en aidant à organiser cette résistance et à construire ce front. Ils interviendront en défendant la nécessité d’un programme de rupture anticapitaliste et socialiste, seul à même, selon nous, à donner une alternative à ce système capitaliste qui sème austérité et misère. Les richesses doivent être démocratiquement gérées par toute la collectivité.
Le gouvernement Bourgeois peut bien se préparer pour la guerre de classe, nos militants – et d’autres – seront prêts à y répondre !
