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Tag: Réduction collective du temps de travail
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La journée des 8 heures a un siècle

Affiche de Charles Van Roose, réalisée pour la Commission syndicale de Belgique, qui illustre les « trois fois huit » (8 heures de travail, 8 heures de loisir, 8 heure de repos). Il y a 100 ans, le 14 Juin 1921, le mouvement ouvrier organisé obtenait l’inscription dans la loi belge de la journée des huit heures. Il a fallu attendre 1970 pour arracher la limitation de la semaine de travail à 40 heures. La revendication de la réduction du temps de travail fut de tout temps chevillée au mouvement des travailleurs.
Par Clément (Liège)
Une tradition bien ancrée
Aux débuts du capitalisme industriel en Belgique, les ouvriers étaient totalement à la merci de leur patron : la loi Le Chapelier empêchait toute coalition ouvrière ou encore action de grève, et si celle-ci fut révisée en 1866, il restait toujours de sérieuses entraves à l’exercice du droit de grève, qui n’avait de droit que le nom. La journée moyenne de travail était alors de plus de 12 heures de travail effectif.
A cette époque, la limitation de la durée journalière de travail était déjà un enjeu majeur : l’Association Internationale des Travailleurs mena des campagnes d’agitation et d’action sur la durée du travail dès sa création en 1864. En 1889, c’est le POB (Parti Ouvrier Belge, ancêtre du PS et du Vooruit, nouveau nom du SP.a) qui se fait le porte-voix des travailleuses et travailleurs et réclame la journée des ‘‘3-8’’ (8 heures de travail, 8 heures de loisirs, 8 heures de repos) tout en mettant au point un argumentaire dont le but est de défendre au mieux la revendication et de convaincre les collègues sceptiques qui craignent des baisses de salaire.
À l’aube du XXe siècle, de premières victoires partielles sont acquises au niveau local dans des industries spécialisées : chez les typographes bruxellois en 1900, chez les diamantaires anversois en 1904 et chez les cotonniers gantois en 1905. Suite à ces victoires, les actions – tout en restant limitées tant par leur nombre que par leur ampleur – se multiplient et s’étendent à de nouveaux secteurs. En 1909 intervient la première limitation du temps de travail au niveau sectoriel : la journée de travail des mineurs sera ramenée à 9h.
Le tournant de la grande guerre
On entend parfois dire que l’inscription dans la loi de la journée de travail de huit heures est, à l’instar du suffrage universel, une sorte de ‘‘cadeau’’ octroyé par la bourgeoisie pour les efforts consentis par les travailleuses et travailleurs durant la guerre. Rien ne saurait être plus faux.
Au sortir de la première guerre mondiale, un élan de contestation se développe chez les travailleuses et travailleurs, qui ont payé le prix fort durant la grande guerre. En Russie, la révolution d’Octobre 1917 a mis à bas la vieille dictature tsariste pour instaurer le premier état ouvrier. Cet évènement fondamental eut un effet galvanisant sur les luttes des travailleuses et travailleurs à travers le monde. Une poussée révolutionnaire traverse alors l’Europe provoquant grèves et soulèvements. La classe dominante tremble.
En Belgique, le nombre de syndiqués augmente de manière fulgurante et passe de 252.177 en 1914 à 844.241 en 1920. De janvier à juin 1919, les grèves revendiquant les 8 heures se succèdent à un rythme effréné à travers toute la Belgique ; elles durent plusieurs jours voire semaines, et finissent bien souvent par des victoires. C’est d’ailleurs à cette époque que l’on assiste à l’une des premières grèves des transports en communs : en janvier, 5000 travailleurs des tramways bruxellois entrent en grève à plusieurs reprises et interrompent totalement le trafic des trams en région bruxelloise, ce qui frappera fortement l’opinion publique.
Le résultat de ces actions est sans appel : une enquête menée dans le cadre de la Conférence Internationale du Travail de 1919 démontre que dans la grande majorité des secteurs économiques, les huit heures ont été totalement ou partiellement introduites suite aux actions des travailleuses et travailleurs. Concrètement, la loi de 1921 n’instaurait pas les huit heures : elle consacrait et généralisait une victoire que les travailleuses et travailleurs avaient arrachée au patronat par une lutte farouche dans laquelle il fut bien peu question de concertation ou d’accommodation.
Au même moment où les 3-8 étaient conquises, l’industrie connaissait une augmentation de sa productivité suite à des gains technologiques, mais surtout grâce aux procédés de rationalisation du travail (généralisation du taylorisme, etc.) qui furent un moyen pour la classe capitaliste de récupérer le manque à gagner consécutif à la diminution du temps de travail. Cette augmentation de la productivité se traduisit par une augmentation parallèle du chômage, lequel fut dramatiquement aggravé par les effets de la crise de 1929. Pour le résorber et diminuer la concurrence entre ouvriers/ouvrière, la revendication d’une limitation de la durée hebdomadaire du temps de travail fut mise en avant et défendue, notamment durant les grèves de 1936 qui entraînèrent la conquête de multiples droits sociaux.
Face aux innovations du gouvernement, quelle réduction du temps de travail défendre ?
Aujourd’hui, la Belgique connaît de nouveau une période de réduction du temps de travail. La différence avec le début du 20e siècle est que cette réduction n’est pas choisie, mais bien subie. En 2019, le taux de chômage des moins de 25 ans est de 14,2% et le taux d’emplois dans la population active de 70,5%(1). Même pour ceux qui ont la chance d’avoir un travail, les temps partiels et autres flexi-job se généralisent: en 2020, 26,8% des travailleurs et travailleuses sont à temps partiel (42,5 % des femmes salariées et 11,8 % des hommes salariés).(2) Jan Denys, spécialiste des ressources humaines chez Randstad ne s’y trompe pas lorsqu’il déclare ‘‘le travail à quatre cinquièmes devient en quelque sorte le nouveau temps plein.’’ Mais qui dit temps partiel dit salaire partiel…
Pour répondre au chômage, il est vital que le mouvement des travailleurs remette en avant son alternative de classe : la réduction collective du temps de travail. Les gains productifs doivent être utilisés pour alléger le poids qui pèse sur les épaules des travailleuses et travailleurs en répartissant le travail disponible, et pour que celui-ci devienne enfin un droit. Parce que nous ne pouvons tolérer – comme c’est le cas aujourd’hui – qu’une diminution du temps de travail mette en péril la capacité des travailleuses et travailleurs à répondre à leurs besoins, nous défendons l’échelle mobile des salaires avec un revenu minimum garanti.
Il est certain que le patronat se battra bec et ongle pour empêcher que de telles mesures n’aboutissent. Au début du XXe siècle, seule la création d’un rapport de force conséquent, la ténacité des organisation des travailleuses et travailleurs et leur intransigeance sur leurs revendication ont permis d’imposer des changements fondamentaux. Même après la victoire des huit heures, la bourgeoisie tenta de récupérer ses gains en augmentant les cadences et en accentuant la pression sur les travailleuses et travailleurs. Pour empêcher une telle situation, et comme nous ne pouvons contrôler que ce que nous ne possédons pas, nous défendons également la revendication du contrôle des secteurs clefs de l’économie par les travailleuses et travailleurs.
La revendication de l’échelle mobile des heures de travail et des salaires ainsi que la nationalisation sous contrôle ouvrier des secteurs clés de l’économie sont les premiers pas à poser vers une société où l’économie serait au service des besoin de l’immense majorité de la population, où le travail serait synonyme d’émancipation plutôt que d’exploitation et où les travailleuses et travailleurs seraient maitres de leur destin en tant que classe plutôt qu’oppressés et aliénés par les desideratas d’une infime minorité de la population. Tel est ce que nous entendons par socialisme démocratique.
Notes:
1. indicators.be – Taux d’emploi https://www.indicators.be/fr/i/G08_EMP/Taux_d%27emploi
2. Le travail à temps partiel | Statbel (fgov.be) -
Temps de travail : le moyen-âge était beaucoup plus cool !

Photo : Mario Cela peut paraître incroyable, mais on prenait beaucoup plus de vacances au Moyen-Âge. En moyenne : 150 jours par an, alors que les travailleurs européens d’aujourd’hui ont généralement droit à 25 ou 30 jours de congé par an. Aux États-Unis, c’est nettement moins !
Par Jean (Luxembourg)
Il ne faudrait pas pour autant idéaliser les conditions de travail au Moyen-Age : elles étaient très rudes et il n’y avait ni sécurité sociale ni droits syndicaux. Mais le nombre de jours de congé officiels était beaucoup plus important… Tout simplement parce que le clergé avait compris qu’il fallait ménager le paysan pour qu’il soit productif. En plus de cela, chaque événement de la vie donnait droit à des congés supplémentaires. Résultat : la quantité de jours travaillés était nettement inférieure à celle de notre époque. Et même si les journées de travail étaient un peu plus longues, le nombre d’heures travaillées annuellement était sensiblement inférieur au nôtre.
Cette réalité révélée par une étude menée par l’économiste Juliet B Schor brise le mythe d’une amélioration plus ou moins constante des conditions de travail au cours des siècles.Mais d’une certaine manière, ces révélations ne sont pas si surprenantes. Dans son analyse du capitalisme, Karl Marx soulignait une différence fondamentale du capitalisme avec les modes production précédents : le capitaliste a un besoin insatiable d’accumuler un maximum de capital, afin de pouvoir réinvestir ces profits dans l’outil de production, pour progresser par rapport à ses concurrents. Pour le seigneur féodal, c’était différent : son accumulation était limitée par les capacités de ses granges. Il n’avait aucun intérêt à accumuler davantage. C’est cette différence essentielle qui explique que le temps de travail était inférieur au Moyen-Age : la classe dirigeante de l’époque n’avait aucun intérêt à presser les travailleurs comme des citrons. En d’autres termes, sous le capitalisme, l’ouvrier travaille 5 heures pour payer son salaire, et encore 3 ou 4 heures pour générer les profits attendus par son patron.
Pourtant, notre époque se caractérise par un autre paradoxe : celui du chômage de masse. Marx a également expliqué que les capitalistes avaient intérêt à organiser la pénurie d’emplois pour obliger ceux qui avaient du travail à accepter n’importe quelles conditions pour le garder. C’est le 2ème effet kiss cool du capitalisme : plus de travail mais pas pour tout le monde. Alors que les technologies modernes pourraient facilement alléger la tâche de la majorité des travailleurs et permettre de planifier plus efficacement la production en fonction des besoins, c’est tout le contraire qui se passe. Ces technologies sont utilisées pour exercer une pression accrue sur les salariés: course à la productivité, délocalisations, ‘‘uberisation’’ et disponibilité permanente requise pour ceux qui auraient échappé aux autres fléaux.
En résumé, s’il est vrai que le capitalisme a apporté d’immenses progrès à l’humanité, il apparaît de plus en plus clairement qu’il est en train de nous tuer à petit feu en même temps que la planète. Il y aurait encore beaucoup de choses à dire à ce sujet, notamment que ces lignes ont été rédigées un dimanche, car le combat contre ce système mortifère vaut bien quelques heures supplémentaires.
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La Réduction collective du temps de travail s’invite dans la campagne électorale

Le thème du climat jouera indéniablement un rôle de premier plan dans la campagne électorale, de même que celui du pouvoir d’achat. Mais la réduction collective du temps de travail (RCTT) rejoindra les thèmes majeurs du débat politique, puisque le PS, Ecolo, le PTB et Défi défendent ouvertement le principe.
Par Pietro (Bruxelles)
Il est déjà tout à fait possible aujourd’hui d’introduire une diminution du temps de travail à moins de 38 heures par semaine et d’instaurer une semaine de 4 jours, soit via une convention collective de travail (sectorielle ou au niveau de l’entreprise) ou via le règlement de travail. Une réduction des cotisations sociales est prévue pour les employeurs en guise de compensation. Mais il est bien plus intéressant pour les patrons de presser leurs travailleurs comme des citrons pour préserver et accroître les bénéfices.
Le modèle défendu par Défi et Ecolo doit s’opérer ‘‘sur une base volontaire’’… comme aujourd’hui en somme! Ecolo précise toutefois qu’il faudrait une ‘‘embauche compensatoire de minimum 50 %’’ avec des ‘‘réductions de cotisations sociales d’un montant équivalent à l’allocation de chômage moyenne d’un demandeur d’emploi complet indemnisé’’. Le PS se prononce également en faveur de la RCTT à 32h avec accès par paliers négociés via la concertation sociale pour s’adapter aux besoins des secteurs. Avec réduction des cotisations sociales pour les patrons bien entendu. Le PS ne parle par contre pas d’embauche compensatoire obligatoire mais de contrôle des heures supplémentaires, ce qui pourra clairement être détourné par les patrons via une augmentation des cadences.
Le PTB aussi se dit favorable à une telle revendication, en proposant le modèle de la semaine de 30h. Son modèle reste malheureusement dans le cadre du système, via l’implémentation par étapes, secteur par secteur, sans hélas nier la possibilité d’utiliser des subsides publics.
Le débat se la RCTT repose donc sur la manière dont la collectivité aura elle-même à payer pour cette mesure! Accepter de diminuer les cotisations sociales des employeurs revient à s’en prendre à la partie socialisée de nos salaires qui sert au financement de la sécurité sociale. Si les prétendues ‘‘charges patronales’’ l’étaient réellement, elles seraient calculées sur les dividendes et les intérêts bancaires et non sur les salaires !
La RCTT est une mesure d’urgence sociale qui s’impose contre le chômage et la trop grande charge de travail qui pèse sur les épaules des travailleurs. La dernière RCTT nationale date de 2003, où la semaine de travail est passée de 39 à 38 heures. Depuis, plus rien. Le PSL défend une RCTT à 30h semaine, sans perte de salaires, avec embauche compensatoire et sans augmentation des cadences. Nous défendons chaque pas concret correctement mis en avant : les partis qui se disent aujourd’hui favorables à la RCTT peuvent par exemple la mettre en pratique dans les services publics wallons et bruxellois après les élections de mai 2019.
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[Socialisme 2019] “La victoire des travailleurs de Lidl et la lutte contre la pression au travail”, atelier de discussion ce samedi 30 mars, de 16h00 à 18h00, lors du week-end Socialisme 2019.

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Saint-Gilles : Il nous faut 850 emplois locaux !

Pour un plan radical d’investissements publics et la semaine des 30h pour défendre la qualité de nos services publics
Depuis 4 ans, le gouvernement Michel continue d’imposer sa politique d’austérité et de cadeaux fiscaux aux entreprises. Jobs, Jobs, Jobs ? Sur toute la législature, on constate que 74,3 % du volume d’emploi salarié créé est constitué d’emplois précaires (à temps partiels ou intérimaires)(1). En mars, il y a une diminution du nombre de chômeurs complet indemnisés de 29 % à Bruxelles sur l’année 2017. Mais les demandeurs d’emploi qui ne touchent plus une allocation ont augmenté quant à eux de 59%. Au niveau des CPAS, il y a une augmentation de 49% des demandes d’allocations sur la dernière année.(2) Voici la réalité derrière la diminution du chômage de ces derniers mois : une avalanche de contrats précaires et d’exclusions de chômeurs. Cette politique vise à exacerber la concurrence entre travailleurs dans le but d’intensifier la pression à la baisse sur l’ensemble des salaires.
Par Pietro (Bruxelles)
Un sous-financement public inédit
Dans les années ‘80, la Belgique consacrait 4,5% de son PIB à l’infrastructure. En 2012, il n’était plus question que de 1,7%.(3) C’est ce manque d’investissement qui est responsable de l’effondrement récent des tunnels et des chaussées à Bruxelles. Cette politique de drastique mise à la diète des services publics n’est d’ailleurs pas seulement l’apanage des autorités fédérales et régionales. Depuis 2012, l’investissement public des communes belges a chuté de 4 à 3 milliards d’euros par an, soit une diminution de près de 30 % qui a profondément aggravé diverses pénuries sociales(4). Le sacrifice de l’emploi public par le non remplacement de l’ensemble du personnel partant en pension n’a pas seulement de conséquences pour les travailleurs du secteur qui ne parviennent plus à correctement accomplir leurs missions, mais aussi pour l’ensemble de la population avec un accès à des services publics de moindre qualité.
Diminution du temps de travail : l’hypocrisie des partis de gauche traditionnels
En octobre 2016, le ministre bruxellois de l’Emploi, Didier Gosuin (Défi), a mis à l’étude un projet visant à passer à la semaine de quatre jours au sein de Bruxelles Propreté. Il affirmait alors que cela serait de nature à créer entre 400 et 500 emplois supplémentaires. Aujourd’hui, deux ans plus tard, on attend toujours. A l’automne 2017, le bourgmestre de Saint-Josse, Emir Kir (PS), expliquait qu’il désirait lui aussi imposer une telle mesure : la semaine des quatre jours, payés cinq, devait être concrétisée en janvier 2018 et proposée à l’ensemble des employés de la commune. Il n’en est désormais plus question que pour les + 55 ans et il n’y a toujours rien de concret. En compétition avec le PTB pour sauvegarder son électorat, c’est surtout le PS qui a repris la revendication de la semaine de 4 jours. Mais il est évident que le PS, à l’instar des autres partis traditionnels, est excessivement frileux quant à sa réelle mise en œuvre, surtout si elle vise à affecter l’ensemble des emplois locaux.
Pour une réduction collective du temps de travail à 30h par semaine avec embauches compensatoires
A Saint gilles, le taux de chômage est élevé : 27%, soit 6.300 demandeurs d’emploi indemnisés, sans compter les exclus(5). Le PS de Charles Piqué, qui a choisi de gouverner avec la droite en dépit de sa majorité absolue, n’a aucune volonté de défendre l’emploi communal pour améliorer nos services et combattre le chômage.
L’emploi local à Bruxelles (les communes, les CPAS et les zones de police) compte 30.000 équivalent temps plein (ETP)(6). Avec la semaine de 30h, il serait possible de créer 8.000 emplois par embauches compensatoires dont 300 emplois locaux à Saint-Gilles. Il faut aussi nommer le personnel contractuel et transformer les articles 60 en emplois à temps plein avec un salaire minimum de 14 euros de l’heure. Dans la commune de Saint Gilles, cela correspondrait à 300 emplois décents en plus. Pour combattre les pénuries sociales, un plan radical d’investissements publics pour la création de 4 écoles, 30 crèches et 3000 logements sociaux permettrait de créer 250 emplois décents.
Il faut appliquer une politique fondamentalement différente
Si les sondages favorables au PTB se confirment, la question de majorités progressistes pourrait voir le jour à la suite des élections communales d’octobre prochain. Selon nous, un accord de majorité doit reposer sur le programme : l’introduction immédiate pour tous les employés communaux d’une semaine de 30 heures sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, la nomination de l’ensemble du personnel et le remplacement des contrats précaires par des statuts de fonctionnaire ou, au moins, des contrats à durée indéterminée avec un salaire minimum de 14 €/h, ainsi qu’un programme massif d’investissements publics pour davantage de logements sociaux, de places dans les crèches et dans les écoles. Un tel accord de majorité rentrera en confrontation directe avec les restrictions budgétaires imposées au niveau fédéral et régional par les partis traditionnels.
Dans les années ‘80, le conseil municipal de Liverpool, en Angleterre, a défendu un vaste programme d’investissements publics et de diminution du temps de travail du personnel de la ville pour créer des emplois. Mais pour faire une réalité de ce programme, il a été nécessaire d’organiser un front de résistance d’une vingtaine de municipalités de gauche contre Margareth Thatcher et de développer un sérieux rapport de force avec tous les travailleurs.
Nous voulons défendre nos propositions concrètes et mobiliser autour d’elles, mais également autour de la compréhension que la réalisation d’un tel programme nécessitera l’instauration de mesures socialistes. Cela comprend le non-paiement de la dette publique, la collectivisation des banques pour investir l’épargne dans les besoins sociaux et non pour spéculer, ainsi que la mise sous propriété publique et contrôle démocratique des secteurs stratégique de l’économie.1) http://www.plan.be/admin/uploaded/201701171620310.REP_11301.pdf
2) http://www.onem.be/sites/default/files/assets/publications/Rapport_Annuel/2017/Presentation_Presse_2017_FR.pdf
3) https://www.plan.be/admin/uploaded/201802201013240.REP_ICPIB2018_11646_F_print.pdf
4) https://www.belfius.be/publicsocial/FR/Media/Lokale%20financi%C3%ABn%202017%20Brussel%20FR_tcm_30-142222.pdf
5) http://ibsa.brussels/fichiers/publications/bru19/St-Gilles.pdf
6) https://www.belfius.be/publicsocial/FR/Media/Lokale%20financi%C3%ABn%202017%20Brussel%20FR_tcm_30-142222.pdf -
Pour un nouveau temps plein, celui de la semaine des 30 heures, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires
C’est l’organisation Femma (l’organisation féministe du mouvement ouvrier chrétien flamand) qui, en 2014, a remis au goût du jour la vieille revendication syndicale d’une diminution collective du temps de travail. Depuis, partisans et adversaires se sont exprimés et la discussion a été lancée au sein de la CSC et de la FGTB. Comment faire de cette revendication une réalité ?Par Anja Deschoemacker
Cette exigence, qui découle logiquement de la croissance de la productivité, était passée à l’arrière-plan depuis les années 1980. Les syndicats avaient alors été poussés vers la défensive, situation qu’ils connaissent encore aujourd’hui. Les salaires subirent l’assaut des sauts d’index (coalition des chrétien-démocrates et des libéraux) et plus tard de l’index-santé et de la loi salariale (coalition des chrétien-démocrates et des sociaux-démocrates). La pression au travail est devenue telle que les experts parlent aujourd’hui d’une épidémie de burnouts (épuisements professionnels). Entretemps, le nombre de chômeurs n’a cessé d’augmenter.
Les femmes, premières victimes de la diminution individuelle du temps de travail avec perte de salaire
Les emplois précaires ont eux aussi connu une fulgurante ascension, particulièrement avec les contrats à temps partiels, où les femmes sont largement majoritaires. Ce temps partiel a surtout servi au patronat dans les secteurs où cela facilite l’organisation du travail (supermarchés, horeca, etc.), mais cela rendait aussi plus facile aux travailleuses de combiner travail et vie de famille. Cependant, ces dernières en ont payé le prix fort avec des salaires à temps partiels (très peu élevés) et des pensions au ras des pâquerettes.A l’origine existaient encore parallèlement le maintien de l’allocation de chômage à temps partiel et diverses mesures pour les pensions. Toutes ces mesures sociales ont été sacrifiées une à une par l’avalanche d’austérité qui a déferlé ces dernières décennies. Les multiples attaques contre le droit aux allocations de chômage ont particulièrement frappé les femmes. Une chômeuse cohabitante retombe ainsi très vite au niveau d’une allocation équivalente à une aumône.
De nombreuses femmes ont donc été forcées d’accepter les nouvelles formes de “petits emplois” à bas salaires et mauvaises conditions de travail : les ALE et les titres services plus tard, les accueillantes,… De plus en plus d’hommes y sont également confrontés aujourd’hui, entre autres avec le travail intérimaire, l’article 60, les plans Activa, les travailleurs “occasionnels” dans l’horeca,… Rappelons que si un groupe de travailleurs doit accepter de mauvais salaires et de mauvaises conditions de travail, il y aura ensuite contagion à toute la classe des travailleurs. Une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous.
Pour des travailleurs à temps plein, la revendication des 30 heures/semaine signifie de travailler moins d’heures pour obtenir un même salaire. Pour quasiment la moitié des travailleuses et un grand nombre de travailleurs masculins (tous ceux et celles qui travaillent à temps partiel), cette revendication signifie une augmentation salariale. D’autre part, les patrons doivent être dissuadés d’offrir des emplois de moins de 30 heures/semaine en imposant des charges sociales et des salaires horaires plus élevés pour les travailleurs qui travailleraient à temps partiel involontairement.
Avec le maintien du temps de travail et de la pression de travail actuels, seuls les patrons profitent de l’augmentation de la productivité
Même si la croissance de la productivité a fortement diminué, cette dernière a augmenté de 650% dans la seconde moitié du siècle précédent. Le nombre d’heures prestées annuellement n’a toutefois diminué que de 33%. Les salaires bruts des travailleurs et des indépendants ont augmenté de 250% dans la même période. En somme : la productivité a beaucoup plus augmenté que nos salaires. Cette productivité accrue aurait dû ouvrir la voie à la diminution du temps de travail. Mais dès la moitié des années 1970, la grande majorité de la population a de nouveau été fortement touchée par une interminable série de politiques d’austérité et d’attaques contre les conditions de travail. Dans les périodes de croissance, les travailleurs n’ont pas pu regagner ce qu’ils avaient précédemment perdu. L’augmentation de la productivité n’a pas conduit à une diminution du temps de travail, mais à une augmentation du chômage, des emplois précaires,… et des profits des capitalistes !
Si cela continue ainsi, avec la robotisation, le progrès technologique sera synonyme de cauchemar au lieu d’émancipation de l’Humanité. La technologie ne peut être au service de toute la société que si les heures de travail restantes sont réparties entre tous les travailleurs disponibles et si l’augmentation de la richesse est utilisée pour satisfaire les besoins de la majorité de la population au lieu de disparaître dans les poches des rapaces capitalistes.
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Campagne ROSA : la semaine des 30 heures et l’émancipation des femmes
Le deuxième point du programme de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) est consacré à la diminution collective du temps de travail. La double tâche actuelle des travailleuses – c’est-à-dire la combinaison du travail salarié et du travail ‘‘domestique’’ non-payé – est une des causes principales de l’épidémie actuelle de dépressions, une maladie qui touche majoritairement des femmes. Nous sommes multitâches, jusqu’à l’effondrement.
L’actuel système du temps plein est tout simplement impossible pour de nombreuses femmes : 38 heures par semaine dans le cadre d’horaires toujours plus flexibles, qui sont en plus combinés au manque de soins et de services publics abordables et accessibles comme l’accueil des enfants, les écoles de quartier, l’accueil (à domicile ou pas) pour les malades et les personnes âgées, l’aide à la jeunesse,… et à l’absence de solutions pour des trajets domicile/travail qui prennent de plus en plus de temps. C’est surtout le cas pour les mères mais, de plus en plus, il y a le soin aux personnes âgées. Les listes d’attente dans le secteur des soins forcent beaucoup de femmes à faire un pas en arrière vis-à-vis de leur travail salarié.
Les 30 heures sans perte de salaire et avec embauches compensatoires libéreraient beaucoup de temps et d’énergie pour s’engager dans les soins pour nos proches, mais cela ne peut pas servir d’excuse pour opérer des coupes budgétaires dans les soins de santé officiels. A côté d’une diminution du temps de travail, l’émancipation des femmes exige un véritable élargissement des services et des soins publics.
Pourquoi le linge et le repassage ne peut pas être entièrement professionnalisés dans des ateliers de blanchisserie et de repassage où les travailleurs auraient de bons contrats à temps pleins avec de bons salaires ? Pourquoi les écoles et les lieux de travail ne peuvent-ils pas offrir des repas de qualité en prévoyant du personnel supplémentaire ? Pourquoi les écoles ne peuvent-elles pas utiliser l’accueil après l’école pour des activités sportives et autres en employant du personnel supplémentaire ? Cela permettrait à toute la société – et surtout aux femmes – de disposer de plus de temps pour respirer et cela offrirait aux enfants plus d’opportunités de développement personnel. Cela créerait aussi bon nombre d’emplois socialement utiles qui, via de réelles formations, pourraient aussi proposer un emploi à des chômeurs non qualifiés. Cela serait aussi plus intéressant du point de vue écologique que de faire tout cela individuellement : faire à manger à la maison, le linge et le nettoyage, conduire les enfants à leurs activités extra-scolaires,…
Les femmes ont tout à y gagner. Mais la lutte pour la diminution du temps de travail sans perte de salaire est une lutte que la classe ouvrière doit mener dans son intégralité pour avoir une chance d’être victorieuse. Des acquis fondamentaux ne peuvent être gagnés que par des grands mouvements de lutte généralisés. La campagne ROSA veut s’engager activement, avec d’autres organisations, dans la construction d’un tel rapport de force.
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Une étude pratique : la semaine de 30 heures dans les maisons de repos suédoises
Entre le début février 2015 et fin décembre 2016, une expérience a été menée dans les maisons de repos suédoises pour évaluer l’impact de l’introduction de la semaine des 30 heures (en journées de 6 heures au lieu de 8,25) sur les soins, la santé du personnel et les frais. L’initiative a été prise par la municipalité de Göteborg (coalition social-démocrate / vert et gauche).
Le coût supplémentaire de l’emploi de 14,8 ETP (équivalent temps plein) a été regagné pour moitié par une productivité augmentée qui découlait d’une diminution importante des congés maladie et de la durée de ceux-ci. Cet effet était plus marqué parmi les membres du personnel âgés de plus de 50 ans. La qualité des soins a augmenté, de même que l’espace aux activités supplémentaire pour les résidents.
L’évaluation est donc positive: pour un coût supplémentaire minimal, des soins de meilleure qualité ont été obtenus, pour un meilleur bien-être du personnel. Que dire d’un système qui peut se permettre de ne taxer les multinationales et les super riches qu’à peine, mais qui d’un autre côté est incapable d’assumer un petit coût supplémentaire pour les soins aux personnes âgées ? Que c’est un système que l’humanité ne peut pas continuer à accepter !
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Idées dangereuses: Réduction collective du temps de travail et nationalisations
En prêtant attention aux nouvelles dans les médias, on pourrait oublier que ce ne sont vraiment pas les moyens qui manquent dans cette société. Encore faut-il savoir où regarder : vers les Bahamas, Panama et, plus près de chez nous, le Luxembourg ou encore la Suisse, où vient encore d’émigrer Alexandre Van Damme, plus riche fortune de Belgique et plus important actionnaire individuel d’InBev. Mais, pour Charles Michel et sa clique, pas question de toucher à tout ça ! Comme le disait l’écrivain français Alphonse Allais à l’aube du XXe siècle : ‘‘Il faut prendre l’argent là où il se trouve: chez les pauvres. D’ accord, ils n’en ont pas beaucoup, mais ils sont si nombreux!’’
Malades, précaires, jeunes, travailleurs âgés,… Personne n’est à l’abri !
La conclusion du dernier budget a fait mal. Très mal. Surtout dans la sécurité sociale (1,4 milliard) et plus particulièrement dans la santé (près d’un milliard). En début d’année, la ministre Maggie De Block avait averti que des économies supplémentaires se profilaient à l’horizon dans la sécurité sociale. Bart De Wever tonnait alors qu’il n’existait plus de marge pour de nouvelles économies que là-bas. En février, le chef de la Fédération des entreprises belges (FEB) Pieter Timmermans revendiquait 1,5 milliard d’assainissement budgétaire dans la sécurité sociale dans les trois à cinq années à venir. Il n’aura pas besoin d’attendre si longtemps, tout lui est servi sur un plateau d’argent. Les employeurs ont bien des raisons de se féliciter de ce gouvernement avec lequel Noël n’en finit pas.
Les malades sont donc en ligne de mire et ils sont loin d’être seuls. Le gouvernement lorgne également vers les plus pauvres (l’enveloppe ‘‘bien-être’’ pour les allocataires sociaux doit être ramenée à 75%) et les prépensionnés tandis les employeurs devraient maintenant payer 10% des indemnités de la mutuelle aux salariées enceintes écartées. Les patrons réfléchiront maintenant à deux fois avant d’engager des jeunes femmes qui pourraient potentiellement tomber enceintes…
Tous les travailleurs sont perdants. Au moindre revers, ils se retrouvent condamnés à la pauvreté et un tel malheur est bien plus susceptible d’arriver aujourd’hui avec la flexibilisation accrue du travail consécutive à la Loi Peeters. Les choses ne seront pas simples pour les jeunes qui voudraient mettre un peu de sous de côté en prévision de telles périodes de vaches maigres : leur salaire minimum est considéré ‘‘irréaliste’’ par Michel et sa bande, qui ont donc décidé de le réduire d’un tiers !
Cela exercera bien entendu une pression à la baisse sur les salaires de tous, tout en étendant encore le secteur à bas salaires. C’est qu’il faut, pour l’establishment pro-patronal, réduire le fameux ‘‘handicap salarial’’ qui plomberait l’économie du pays. Dans le secteur public, cela s’accompagne d’une nouvelle réduction des pensions. Et après que l’armée ait été déployée à peu près partout par le gouvernement, les militaires sont ‘‘remerciés’’ par une prolongation drastique de leur carrière avant de partir en retraite (7 ans !), tout comme le personnel roulant des chemins de fer. Le gouvernement n’a pas osé parler de ce que cela pourrait signifier pour la sécurité ferroviaire…
La N-VA et l’Open-VLD ont trouvé inacceptable l’idée d’une taxe, même limitée, sur les plus-values boursières. Cette dernière ne visait pas du tout à équilibrer la nature antisociale des efforts budgétaires, mais même faire semblant de s’en prendre aux plus riches est visiblement de trop. Bart De Wever n’a pas tardé à leur faire les yeux doux en postant sur Twitter ‘‘A l’impôt sur les sociétés maintenant !’’
Mais réjouissez-vous, défend Kris Peeters, tout cela permettra de créer des emplois ! Vraiment ? Mais oui !, entonnent en chœur tous ses collègues. D’ailleurs Charles Michel ne dit-il pas que sa politique de ‘‘Jobs, jobs, jobs’’ commence à porter ses fruits ? Les faits sont plus têtus que la propagande gouvernementale.
L’échec des solutions basées sur le marché
Une semaine à peine après l’annonce des licenciements chez ING, Charles Michel annonçait : ‘‘Nos réformes portent leurs premiers fruits, nous poursuivons sur cette lancée. (…) Un, la modernisation du marché du marché du travail. Deux, la réforme de la loi de 1996 sur la compétitivité et la formation des salaires.’’ Les 70.000 emplois créés depuis 2014 seraient-ils les premiers fruits de la politique du gouvernement? Pourtant, à cette date, le bureau du plan prévoyait déjà la création de 65.000 emplois entre 2014 et 2016 à politique inchangée… Et puis au-delà du nombre de fruits, parlons de leur chair, plutôt viciée : sur les 70.000, 9.000 à peine sont des temps pleins(1) !
Pour le reste, en 2014, 5.830 travailleurs étaient concernés par un licenciement collectif et 28.534 par une faillite. En 2015, il s’agissait de 5.209 par les licenciements collectifs et de 25.339 par les faillites.(2) Et la machine s’emballe. Les statistiques du SPF Emploi parlaient début octobre de 12.000 travailleurs menacés par un licenciement collectif pour les seuls 9 premiers mois de l’année, soit plus que les deux années précédentes réunies. En septembre uniquement, plus de 4.000 postes de travail étaient concernés avec notamment Caterpillar Gosselies et Douwe Egberts Grimbergen. Sans compter les pertes chez les sous-traitants (estimées entre 4.000 et 5.000 pour la seule fermeture du site de Gosselies). Le mois d’octobre était à peine entamé qu’ING annonçait la suppression de 3.500 emplois, soit la plus importante vague de licenciements collectifs depuis 2012 et la fermeture de l’usine Ford Genk (4.300 personnes).
Les emplois décents disparaissent, la précarité se généralise
Le discours des grands employeurs et de leurs partisans est que le salut, c’est la flexi-sécurité : accroître la flexibilité du travail au maximum pour assurer le maintien de l’emploi. C’est l’idée maîtresse derrière toutes les lois travail qui ont déferlé sur l’Europe (dernièrement la Loi El Khomri en France et la Loi Peeters en Belgique) qui s’appuient presque invariablement sur quatre grands principes : abaisser les salaires, faciliter le licenciement et généraliser l’intérim, décentraliser les négociations patron-salarié (c’est-à-dire détricoter les conventions collectives de travail nationales) et, enfin, allonger le temps de travail.
L’Allemagne fut un véritable précurseur dans ce domaine avec les lois Hartz de 2003-2005. La précarité a explosé et 17% de la population frisait le seuil de pauvreté en 2015(3). 2 millions de travailleurs cumulent plusieurs emplois pour s’en sortir. 6 millions d’équivalent temps plein existent sous la forme de mini-jobs à 400 euros par mois et 27% des emplois sont à temps partiel(4). En Grèce, sur injonction de la Troïka, les prétendus ‘‘coûts’’ salariaux ont baissé de 24% entre 2010 et 2014. La marge de profit à l’exportation a augmenté de 36%, à prix unitaire égal(5) tandis que le chômage passait de 12% en 2010 à 26% aujourd’hui(6).
Il n’en va pas autrement en Belgique. Selon le dernier ‘‘Thermomètre Solidaris’’ (octobre 2016), un travailleur belge sur sept vit en dessous du seuil de pauvreté et 40% d’entre eux affirment rencontrer des difficultés à boucler leurs fins de mois. Parallèlement, la pression au travail augmente. Les épuisements professionnels et les dépressions ont été multipliés par trois entre 2007 et 2014 selon l’Inami, tandis que 64% des travailleurs déclarent subir un stress au travail.
Autre élément, selon les données de la société de services de ressources humaines SD Worx, Le premier semestre de cette année, 482.000 employés travaillaient sous le régime de 4/5e temps en Belgique, soit le double du nombre enregistré en 2000. C’est particulièrement parmi la jeunesse que ce chiffre explose : + 69% entre 2008 et 2015 chez les jeunes de moins de trente ans.(7) Les commentateurs tentent de noyer le chiffre derrière de grands discours sur la jeunesse qui privilégie ‘‘sa famille et sa vie privée’’, mais il s’agit d’une conséquence directe de l’augmentation vertigineuse des offres d’emploi à temps partiels. Quelles perspectives d’avenir avoir sous ces conditions ?
La réduction collective du temps de travail (RCTT) ans perte de salaire et avec embauches compensatoires
Tout ce qui précède plaide naturellement en faveur d’une révision radicale de la manière dont le travail est envisagé dans la société et notamment de la vieille revendication de la réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire. Ce n’est du reste pas un hasard si diverses organisations en parlent de plus en plus ces derniers temps (FGTB, MOC, PTB,… et même le PS).Selon les derniers chiffres de l’Institut du Développement Durable (IDD), la moyenne des heures de travail prestées serait actuellement de 1440 heures par an et par travailleur, soit environ 30h/semaine. Cette réduction du temps de travail est donc bien à l’œuvre, mais elle s’opère aux frais des travailleurs et au prix d’un véritable désastre social. Tandis que certains sont condamnés à la misère et aux contrôles de disponibilité de l’ONEM, d’autres sont tout simplement pressés comme des citrons alors qu’une heure de travail produit 5 fois plus de valeurs qu’il y a 30 ans.
Quelle réduction imposer ?
En France, le passage aux 35 heures de travail par semaine fut effectif à partir de l’an 2000. Selon le bureau d’études Poliargus, environ 350.000 emplois furent créés en conséquence. Mais ce bureau attire l’accent sur le fait que l’augmentation des cadences de travail et du nombre d’heures supplémentaires a considérablement amoindri l’impact de la mesure.
C’est la raison pour laquelle les divers modèles en discussion parlent d’un passage à la semaine des 4 jours ou au 32 voire 30 heures de travail par semaine, afin d’assurer que le temps gagné ainsi conduise réellement à des embauches supplémentaires et non pas à une augmentation de la charge de travail souvent déjà invivable.
Comment l’instaurer ?
C’est ici que le débat est le plus vif. Certains, comme l’économiste français Pierre Larrouturou, défendent de puiser dans les caisses de la sécurité sociale pour accorder de nouvelles réductions de charges aux employeurs afin de les convaincre. Il faudrait donc, une nouvelle fois, pomper sur le salaire indirect des travailleurs alors que la part de la valeur qui leur revient dans le Produit intérieur brut (PIB) sous forme de salaire est passée de 67% en 1980 à 57% en 2006 dans le top 15 des pays de l’OCDE. La tendance continue(8).
A l’instar de Bruno Beauraind (secrétaire général du Groupe Recherche Pour une Economie Alternative), nous trouvons inacceptable d’opposer salaire et réduction du temps de travail. Fondamentalement, ce débat est aussi celui du contrôle des richesses produites par la société.
Les plus grandes victoires sur la durée du temps de travail n’ont jamais été acquises par la concertation et la négociation. La journée des 8 heures inscrite dans la loi en 1921 a été conquise par la lutte des travailleurs dans la majorité des secteurs dès 1919. Si, à cette époque, les travailleurs avaient attendu que les représentants politiques instaurent une loi ‘‘réaliste et pragmatique’’, nous travaillerions toujours plus de 10 heures par jour au 21e siècle. Le seul élément de pragmatisme d’une revendication, c’est le rapport de force sur lequel il repose à la base de la société.
Cependant, à l’époque, la réaction des capitalistes ne se fit pas attendre : avec la rationalisation croissante de la production et la généralisation du taylorisme, ils purent récupérer leur manque à gagner en augmentant la pénibilité du travail. C’est pourquoi la nécessité d’un contrôle des travailleurs sur la manière dont est mise en place une réforme du temps de travail est indispensable.
La nationalisation sous contrôle et gestion des travailleurs
Bien entendu, l’instauration de ce type de mesure entrainera la fureur du monde patronal qui fera pleuvoir les menaces de délocalisations et de fermetures d’entreprises. La seule manière de riposter, comme dans tous les cas de licenciements collectifs, c’est de lutter pour l’expropriation des entreprises sans rachat ni indemnité et la nationalisation de celles-ci sous contrôle et gestion des travailleurs.Qu’est-ce qu’une nationalisation ?
La propriété privée des principaux leviers de commande de l’économie (finance, grande distribution, sidérurgie, grandes entreprises,…) est le fondement même de la société capitaliste. Même si toutes les richesses sont l’œuvre des travailleurs, elles ne leur reviennent pas. Pour la classe capitaliste, le seul intérêt de la production économique, c’est d’en retirer du profit.
La nationalisation vise à lui retirer le pouvoir économique. Pour peu que cela se fasse sous le contrôle et la gestion des travailleurs, cela mine les bases du règne du capitalisme. C’est donc une question de vie ou de mort pour le système d’empêcher que de tels types de nationalisations se produisent.
Nationaliser, cela implique automatiquement une sortie du système capitaliste ?
Non. La classe capitaliste peut être forcée de se tourner vers la nationalisation pour dépasser les limites et les contradictions de son propre système. C’est ce que nous avons vu avec la crise de 1929 ou encore celle de 2008. Dans ces deux cas, les autorités ont repris la main sur de grandes banques par le biais de nationalisations pour empêcher la banqueroute du système. Tout dépend de la manière dont ces nationalisations sont opérées et de leur but.
En Europe, entre 1945 et 1973, la nationalisation des secteurs stratégiques des services et de l’industrie faisait consensus. Il était normal que État intervienne dans l’économie pour assister sa classe capitaliste dans sa concurrence avec les capitalistes étrangers. Le poids du mouvement ouvrier organisé (tant sur le plan syndical que politique) a également joué un rôle important, les nationalisations représentaient alors une exigence centrale des partis de gauche. En France, François Mitterrand a procédé à la nationalisation de trente-neuf banques, de cinq groupes industriels et de deux compagnies financières en 1982. En 1983, un travailleur sur quatre travaillait dans le secteur public français. La tendance s’est ensuite inversée, en France avec le ‘‘tournant de la rigueur’’ et plus généralement avec la contre-révolution néolibérale de Reagan et Thatcher.
Dans tous ces cas, les nationalisations ne visaient pas à sortir du cadre du capitalisme.
Comment fonctionnerait une nationalisation sous contrôle et gestion des travailleurs ?
Proximus et Bpost, par exemple, sont des entreprises publiques où l’État n’est qu’un actionnaire parmi d’autres. Les autorités ne sont plus propriétaires qu’à 51% et le fonctionnement de l’activité économique est tout à fait similaire à celui des entreprises privées.
D’autres méthodes de gestion ont eu lieu par le passé, comme la ‘‘cogestion’’ entre syndicats et patrons qui s’est particulièrement développée dans les années ’70 et que le PS voudrait remettre au goût du jour. Ce fut une illusion de ‘‘démocratie sociale’’ qui a entrainé les syndicats dans la gestion capitaliste des entreprises tout en développant une corruption directe et indirecte des couches supérieures de la bureaucratie syndicale. C’est précisément ce que voulaient les patrons. En Allemagne, un scandale concernant les millions d’euros de pots-de-vin dont bénéficiaient les dirigeants du syndicat IG Metall dans le cadre de la ‘‘cogestion’’ chez Volkswagen a éclaté en 2007. La ‘‘cogestion’’ n’accroit pas le contrôle des travailleurs sur les patrons, cela augmente seulement le contrôle des patrons sur les directions syndicales.
Nous défendons que les nationalisations soient menées sous le contrôle et la gestion des travailleurs. Le principe ne doit pas être de préserver le contrôle de la classe capitaliste et de trouver des accommodations avec mais au contraire de briser son règne.
Ce contrôle des travailleurs serait exercé à partir de comités d’entreprises composés de représentants démocratiquement élus des travailleurs, des syndicats, des communautés locales et des groupes de consommateurs. Ces comités scruteraient et contrôleraient chaque aspect de l’activité d’une entreprise nationalisée. Le ‘‘secret commercial’’ serait aboli de manière à ce que chaque travailleur puisse avoir accès à l’intégralité des données nécessaires au bon fonctionnement de l’activité économique.
Ces comités détermineraient comment les ressources seraient utilisées, quels seraient les plans d’investissement,… Cette implication directe des travailleurs dans le processus de décision assurerait que le fonctionnement économique soit à leur bénéfice. Même des managers et techniciens de haut vol seraient enthousiastes à travailler dans un tel cadre qui mettrait un terme à leurs conditions d’exploitation.
Comment instaurer cela ?
Il nous faudra construire un rapport de force basé sur la force collective de la classe des travailleurs. Dans le cas d’une entreprise menacée de fermeture ou de licenciements collectifs, par exemple, commencer par l’occupation du site est un bon premier pas vers son expropriation. Les comités de grève ou de lutte peuvent au bout d’un moment devenir les comités de gestion de l’activité de l’entreprise relancée par les travailleurs eux-mêmes, débarrassés des actionnaires et des directions autoritaires.
À partir de là, toute la question est de mobiliser la solidarité active de la population et de continuer la lutte jusqu’à ce que tous les secteurs clés de l’économie soient aux mains de la collectivité.
Les nationalisations n’ont-elles pas failli dans le passé ?
Dans chacun des échecs d’une nationalisation, il manquait l’élément crucial du contrôle et de la gestion des travailleurs, comme en URSS. Le règne du capitalisme avait bien été brisé à partir de la révolution russe de 1917, mais la contre-révolution stalinienne (liée à la fois à l’isolement de la révolution russe et à l’extrême arriération économique et culturelle du pays) a substitué la dictature bureaucratique à la démocratie des conseils ouvriers et paysans.
La démocratie n’est pas une option, c’est un élément indispensable. Après la révolution russe d’Octobre 1917, Lénine ne cessait d’insister sur ce point, il exhortait les travailleurs à ‘‘prendre les choses en main’’. Par la suite, analysant les difficultés de l’économie bureaucratiquement planifiée sous le règne stalinien dans les années ’30, Léon Trotsky expliquait notamment : ‘‘une économie planifiée a besoin de démocratie comme un corps a besoin d’oxygène.’’ Les comités de travailleurs ont un rôle central à jouer dans ce cadre, ce seront les organes de masse de la démocratie populaire.
Au final, la totalité de l’économie devra être placée sous le contrôle et la gestion des travailleurs qui coopéreront pour élaborer démocratiquement une planification de l’ensemble de la production économique pour remplacer le chaos de l’économie de marché. Voilà ce que signifie le socialisme. Tout ce qui se situe en-deçà ne sera jamais qu’une victoire temporaire sous la pression des vestiges du capitalisme.
NOTES:
(1) De Standaard, édition du 7 octobre 2016.
(2) SPF Emploi, ‘‘Statistiques relatives aux pertes d’emploi en Belgique en 2015’’, http://www.emploi.belgique.be/defaultNews.aspx?id=44762
(3) Eurostat, aangehaald door http://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/moins-de-chomeurs-mais-beaucoup-plus-de-pauvres-en-allemagne_1779393.html
(4) Eurostat
(5) http://alencontre.org/europe/grece-une-economie-dependante-et-rentiere.html
(6) http://www.cadtm.org/Les-reformes-du-droit-du-travail
(7) http://www.levif.be/actualite/belgique/emploi-le-quatre-cinquiemes-temps-en-plein-essor/article-normal-561111.html
(8) http://rue89.nouvelobs.com/2013/12/22/pierre-larrouturou-nouvelle-donne-peut-tout-changer-an-deux-248408 -
La journée des huit heures fêtera-elle son centième anniversaire ?
Il y a bientôt 95 ans, le 14 Juin 1921, le mouvement ouvrier organisé obtenait l’inscription dans la loi belge de la journée des huit heures. Il a fallu attendre 1970 pour arracher la limitation de la semaine de travail à 40 heures. La revendication de la réduction du temps de travail fut de tout temps chevillée au mouvement des travailleurs.Par Clément (Liège)
Aujourd’hui, alors que le chômage atteint des proportions astronomiques, le gouvernement Michel poursuit son œuvre thatchérienne, ‘‘innove’’ et ‘‘modernise’’ le droit du travail en tentant d’imposer via sa ‘‘loi Peeters’’ l’augmentation de la durée quotidienne du travail à 9 heures et de la durée hebdomadaire à 45 heures. L’histoire des luttes des travailleurs est riche d’expériences qui doivent nous permettre de riposter et de défendre une alternative qui réponde aux besoins de notre classe sociale.
Une tradition bien ancrée
Aux débuts du capitalisme industriel en Belgique, les ouvriers étaient totalement à la merci de leur patron : la loi Le Chapelier empêchait toute coalition ouvrière ou encore action de grève, et si celle-ci fut révisée en 1866, il restait toujours de sérieuses entraves à l’exercice du droit de grève, qui n’avait de droit que le nom. La journée moyenne de travail était alors de plus de 12 heures de travail effectif.
A cette époque, la limitation de la durée journalière de travail était déjà un enjeu majeur : l’Association Internationale des Travailleurs mena des campagnes d’agitation et d’action sur la durée du travail dès sa création en 1864. En 1889, c’est le POB (Parti Ouvrier Belge, ancêtre du PS et du SP.a) qui se fait le porte-voix des travailleurs et réclame la journée des ‘‘3-8’’ (8 heures de travail, 8 heures de loisirs, 8 heures de sommeil) tout en mettant au point un argumentaire dont le but est de défendre au mieux la revendication et de convaincre les collègues sceptiques qui craignent des baisses de salaire.
À l’aube du XXe siècle, de premières victoires partielles sont acquises au niveau local dans des industries spécialisées : chez les typographes bruxellois en 1900, chez les diamantaires anversois en 1904 et chez les cotonniers gantois en 1905. Suite à ces victoires, les actions – tout en restant limitées tant par leur nombre que par leur ampleur – se multiplient et s’étendent à de nouveaux secteurs. En 1909 intervient la première limitation du temps de travail au niveau sectoriel : la journée de travail des mineurs sera ramenée à 9h.
Le tournant de la grande guerre
On entend parfois dire que l’inscription dans la loi de la journée de travail de huit heures est, à l’instar du suffrage universel, une sorte de ‘‘cadeau’’ octroyé par la bourgeoisie pour les efforts consentis par les travailleurs durant la guerre. Rien ne saurait être plus faux.
Au sortir de la première guerre mondiale, un élan de contestation se développe chez les travailleurs, qui ont payé le prix fort durant la grande guerre. En Russie, la révolution d’Octobre 1917 a mis à bas la vieille dictature tsariste pour instaurer le premier état ouvrier. Cet évènement fondamental eut un effet galvanisant sur les luttes des travailleurs à travers le monde. Une poussée révolutionnaire traverse alors l’Europe provoquant grèves et soulèvements. La classe dominante tremble.
En Belgique, le nombre de syndiqués augmente de manière fulgurante et passe de 252.177 en 1914 à 844.241 en 1920. De janvier à juin 1919, les grèves revendiquant les 8 heures se succèdent à un rythme effréné à travers toute la Belgique ; elles durent plusieurs jours voire semaines, et finissent bien souvent par des victoires. C’est d’ailleurs à cette époque que l’on assiste à l’une des premières grèves des transports en communs : en janvier, 5000 travailleurs des tramways bruxellois entrent en grève à plusieurs reprises et interrompent totalement le trafic des trams en région bruxelloise, ce qui frappera fortement l’opinion publique.
Le résultat de ces actions est sans appel : une enquête menée dans le cadre de la Conférence Internationale du Travail de 1919 démontre que dans la grande majorité des secteurs économiques, les huit heures ont été totalement ou partiellement introduites suite aux actions des travailleurs. Concrètement, la loi de 1921 n’instaurait pas les huit heures : elle consacrait et généralisait une victoire que les travailleurs avaient arrachée au patronat par une lutte farouche dans laquelle il fut bien peu question de concertation ou d’accommodation.
Au même moment où les 3-8 étaient conquises, l’industrie connaissait une augmentation de sa productivité suite à des gains technologiques, mais surtout grâce aux procédés de rationalisation du travail (généralisation du taylorisme, etc.) qui furent un moyen pour la classe capitaliste de récupérer le manque à gagner consécutif à la diminution du temps de travail. Cette augmentation de la productivité se traduisit par une augmentation parallèle du chômage, lequel fut dramatiquement aggravé par les effets de la crise de 1929. Pour le résorber et diminuer la concurrence entre ouvriers, la revendication d’une limitation de la durée hebdomadaire du temps de travail fut mise en avant et défendue, notamment durant les grèves de 1936 qui entrainèrent la conquête de multiples droits sociaux.
Face aux innovations du gouvernement, quelle réduction du temps de travail défendre ?

Depuis quelques mois, différentes organisations de gauche liégeoises se réunissent autour de la revendication de la réduction collective du temps de travail avec de nombreuses réunions et déjà deux journées publiques de réflexion, le 14 novembre et le 21 février dernier. Une plateforme a vu le jour et est officiellement lancée ce 1er mai. L’initiative regroupe les Jeunes-FGTB, les Acteurs des Temps Présents, le Centre Poly Culturel Résistance, Latitude Jeunes, Comac, Ecolo-J, les MJS et les Etudiants de Gauche Actifs. Aujourd’hui, la Belgique connaît de nouveau une période de réduction du temps de travail. La différence avec le début du 20e siècle est que cette réduction n’est pas choisie, mais bien subie. En 2014 le taux de chômage dans la population active (20-64 ans) était de 8,4% et le taux d’emplois d’à peine 67,3%(1). Même pour ceux qui ont la chance d’avoir un travail, les temps partiels et autres flexi-job se généralisent: en 2015, 465.000 travailleurs travaillent à 4/5 temps et 435.000 à mi-temps.(2) Jan Denys, spécialiste des ressources humaines chez Randstad ne s’y trompe pas lorsqu’il déclare ‘‘le travail à quatre cinquièmes devient en quelque sorte le nouveau temps plein.’’
Malgré ce constat accablant le gouvernement, par sa loi Peeters, veut nous ramener près de 100 ans en arrière. Il n’hésite pas à affirmer qu’il innove et agit dans l’intérêt des travailleurs : grâce à l’annualisation de travail, le travailleur ne pourrait-il pas choisir des périodes de travail intensif, et des périodes à un rythme plus calme ? En 1865 aussi, le ‘‘libre choix’’ des travailleurs justifiait leur exploitation brutale : payés à l’heure, ils avaient toute latitude de travailler aussi tard et aussi tôt qu’ils le souhaitaient. Cependant, leurs salaires de misère ne leur offraient que le choix entre une journée de travail insuffisante pour subvenir à leurs besoins et celui d’un travail excessif.(3) Dans la société de classe, le libre choix du travailleur ne peut être que la soumission aux diktats du patron. Etendre ou flexibiliser la journée de travail ne peut qu’aggraver le problème du chômage, renforcer la concurrence entre les travailleurs, faire pression sur les salaires et les conditions de travail et ainsi renforcer l’exploitation et l’aliénation.
Pour répondre au chômage et aux provocations du gouvernement, il est vital que le mouvement des travailleurs remette en avant son alternative de classe : la réduction collective du temps de travail. Les gains productifs doivent être utilisés pour alléger le poids qui pèse sur les épaules des travailleurs en répartissant le travail disponible, et pour que celui-ci devienne enfin un droit. Parce que nous ne pouvons tolérer – comme c’est le cas aujourd’hui – qu’une diminution du temps de travail mette en péril la capacité des travailleurs à répondre à leurs besoins, nous défendons l’échelle mobile des salaires avec un revenu minimum garanti.
Il est certain que le patronat se battra bec et ongle pour empêcher que de telles mesures n’aboutissent. Au début du XXe siècle, seule la création d’un rapport de force conséquent, la ténacité des organisation des travailleurs et leur intransigeance sur leurs revendication ont permis d’imposer des changements fondamentaux. Même après la victoire des huit heures, la bourgeoisie tenta de récupérer ses gains en augmentant les cadences et en accentuant la pression sur les travailleurs. Pour empêcher une telle situation, et comme nous ne pouvons contrôler que ce que nous possédons nous défendons également la revendication du contrôle des secteurs clefs de l’économie par les travailleurs.
La revendication de l’échelle mobile des heures de travail et des salaires ainsi que la nationalisation sous contrôle ouvrier des secteurs clés de l’économie sont les premiers pas à poser vers une société où l’économie serait au service des besoin de l’immense majorité de la population, où le travail serait synonyme d’émancipation plutôt que d’exploitation et où les travailleurs seraient maitres de leur destin en tant que classe plutôt qu’oppressés et aliénés par les désidératas d’une infime minorité de la population. Tel est ce que nous entendons par socialisme démocratique.
Notes:
1. Chiffre Eurostat: http://www.emploi.belgique.be/moduleDefault.aspx?id=21166#AutoAncher0
2. http://www.rtbf.be/info/economie/detail_emploi-le-nombre-de-quatre-cinquiemes-a-plus-que-double-en-15-ans?id=9263443
3. A ce titre voir : Topographie médicale de la Belgique du docteur Meynne -
"Du temps pour nous!" Une plateforme pour la réduction collective du temps de travail
C’est ce mercredi qu’a eu lieu la conférence de presse pour le lancement officiel de la plateforme “Du Temps Pour Nous”, dans les locaux de la FGTB.Communiqué de presse de la plateforme
«Du Temps Pour Nous !» est une plate-forme qui rassemble onze organisations de jeunes progressistes autour d’une revendication commune : la Réduction Collective du Temps de Travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire.

Quelques militants du PSL et des Etudiants de Gauche Actifs lors d’une journée de discussion sur la revendication de la Réduction collective du temps de travail, 14 novembre 2015 Il s’agit de prendre le contre-pied des propositions du Ministre Peeters pour « moderniser » le droit du travail, via un allongement de la semaine de travail (jusqu’à 45 heures), une libéralisation des règles pour les heures supplémentaires et le travail du soir ou du week-end, l’intérim à vie… De facto, une flexibilisation sans limite qui rendra la vie des travailleurs impossible et qui aura un effet négatif sur la création d’emploi. Or, avec plus d’un jeune sur quatre au chômage en Wallonie, il est temps de changer de cap !
En refusant cette forme de travail que l’on voudrait leur imposer, les jeunes prennent en main leur avenir et proposent la Réduction Collective du Temps de Travail comme alternative. En créant cette plate-forme, ils entendent démontrer que partager mieux le temps de travail permet non seulement de créer des emplois, mais également de trouver un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, de soulever la question de l’égalité Homme-Femme et de questionner l’impact écologique de notre mode de consommation et de production.
« Du Temps Pour Nous ! » c’est donc surtout l’envie de se rassembler pour proposer une alternative positive et ambitieuse. A travers son slogan « Travailler moins pour travailler tous et vivre mieux », la plate-forme entend impliquer le plus grand nombre pour que toutes et tous puissent comprendre et se saisir de la revendication. Si les citoyens ont besoin d’un projet de société, les jeunes ont besoin d’un avenir !
=>Dossier de presse (historique de la plateforme, enjeux,…)
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