Tag: Publifin

  • Crise politique francophone: aux travailleurs de faire entendre leur voix

    Lorsque, le 19 juin dernier, le président du cdH Benoît Lutgen a retiré sa confiance aux gouvernements bruxellois, wallon et de la fédération Wallonie-Bruxelles (ex-Communauté française), il a justifié son geste en dénonçant les écœurants scandales à répétition qui ont frappé le PS. L’hypocrisie avait de suite sauté aux yeux (le parti ‘‘humaniste’’ ayant lui aussi été mouillé), elle fut encore illustrée à la mi-août, quand le site Cumuleo dévoila que pas moins de six des sept ministres du nouveau gouvernement wallon MR-cdH avaient ‘‘oublié’’ de déclarer certains de leurs mandats, fonctions ou professions…

    Que la collaboration avec le PS dérangeait Lutgen, issu de l’aile droite du cdH, ce n’était un secret pour personne. Ajoutez à cela les sirènes d’une participation éventuelle à une potentielle reconduction du gouvernement Michel au fédéral après 2019 et la chute du parti dans les sondages et vous aurez les principales données derrière le coup de poker de Lutgen. Sauf que, à la fin du mois d’août, il apparaissait prématuré d’avoir annoncé des majorités alternatives à tous les niveaux. Un accord se faisait toujours attendre à la région bruxelloise et à la Fédération WB et les sondages laissaient penser que Lutgen & Co passaient essentiellement pour d’opportunistes aventuriers fauteur de trouble.

    Panique généralisée

    Pas de quoi pavoiser au PS pour autant. Les sondages se suivent et confirment la chute de l’ancien géant, jusqu’à le reléguer en Wallonie en troisième position avec 16% derrière le MR et… le PTB. La colère gronde et a été illustrée par un sondage iVOX réalisé pour Sudpresse, dévoilé le 24 août. Ainsi, pour 2019 : ‘‘(…) c’est à des alliances de gauche que les électeurs PS appellent massivement, en ce compris avec… le PTB. (…) 57,5 % soutiennent une alliance avec Ecolo et 44 % avec le PTB. Toute union avec le MR est massivement rejetée. Mais une réconciliation avec le cdH l’est tout autant.’’

    Peu avant, Elio Di Rupo avait fait la une de la presse en essayant de se parer d’habits de gauche avec la sortie de son livre Nouvelles conquêtes mais le sondage susmentionné était sans appel : un tiers des électeurs du PS ne lui font tout simplement plus confiance, la moitié d’entre eux déclare vouloir modifier son vote s’il se maintient à la tête du parti et 35% assurent qu’ils ne voteront tout simplement plus pour le PS… L’avantage de ces propositions est toutefois qu’elles aideront à populariser certaines revendications essentielles pour répondre à la situation dramatique dans laquelle se trouve une certaine couche de la population.

    Le petit frère du fédéral

    L’Union Wallonne des entreprises (UEW), l’Union des classes moyennes (UCM) et la Confédération de la construction wallonne (CCW) n’ont pas masqué leur joie. Olivier Chastel leur a fait écho en expliquant ‘‘Notre priorité absolue c’est l’emploi’’, sur base de la promotion des flexi-jobs (lisez : précaires), du travail de nuit et autres e-commerce. Il n’a pas fallu longtemps pour que transparaissent dans les médias des appels à ‘‘modérer la taxation des entreprises’’, à limiter les dépenses des communes, ainsi qu’à instaurer un service minimum dans les transports en commun.

    Parmi la base syndicale et auprès d’une large couche de la population, l’inquiétude prévaut face à ce gouvernement régional qui promet les mêmes recettes indigestes qu’au fédéral. Elle doit devenir résistance. Dans celle-ci, le PTB pourrait jouer un rôle moteur. D’énormes possibilités s’ouvrent pour les travailleurs et la jeunesse pour autant qu’ils soient réunis et organisés autour d’une alternative politique combative large, ouverte et démocratique. Celle-ci devra activement mobiliser dans les quartiers, sur les lieux de travail et ailleurs afin de renforcer les syndicalistes les plus audacieux et désireux de ne laisser aucun répit aux partisans de l’austérité, d’où que viennent ces derniers. Le PSL soutiendra toute initiative allant dans cette direction.

  • Samusocial, Publifin & Co… Quelques pommes pourries? C’est tout le système qu’il faut changer!

    Le scandale du Samusocial, qui a vu le bourgmestre de la Ville de Bruxelles Yvan Mayeur présenter sa démission le 8 juin dernier, est venu s’ajouter à une liste déjà longue, très longue… Un aspect a toutefois été encore plus écœurant : on parle ici d’argent qui a été directement pris chez les plus pauvres, dans les poches d’une association qui vient en aide aux sans-abris.

    Un système à deux vitesses

    L’affaire Publifin-Nethys a, en quelque sorte, fait éclater la digue. Maintenant, l’eau arrive de toutes parts et les partis traditionnels ont bien du mal à garder la tête hors de l’eau. Il y a bien entendu la saga du Kazakhgate, qui a poussé à la démission Armand De Decker (MR) mais qui éclabousse jusqu’à Dider Reynders et Olivier Chastel. Et puis l’affaire Telenet dans laquelle a trempé le président de la Chambre Siegfried Bracke (N-VA). Ou l’Electragate autour de l’intercommunale Ores – qui gère le réseau de distribution de gaz et d’électricité de toute la Wallonie à l’exception de la province de Liège (où il s’agit de Resa, filiale de Publifin-Nethys…) – qui aurait surfacturé le prix de l’électricité pendant plus de 20 ans. Ou le scandale de l’Intercommunale de Santé Publique du Pays de Charleroi (ISPPC) où une somme de 240.000 euros aurait été détournée. Ou celui de Citydev, la société en charge du développement urbanistique de la Région de Bruxelles-Capitale, qui a été très généreuse (53.147,10 euros bruts en 2016) avec le président de son conseil d’administration Denis Grimberghs (CDH). Ou celui du CHU Brugmann. Ou celui de Sibelga. Des Cuisines bruxelloises. Etc. Etc.

    Les affaires n’en finissent plus. Il est question de juteux systèmes de jetons de présence, de réunions non-justifiées, de gestion peu transparente, de rémunération excessives, parfois purement et simplement de détournement de fond, de népotisme et de favoritisme, de passe-droits et d’autres entorses à la loi. Le petit monde bien tranquille des politiciens établis est aujourd’hui visible pour ce qu’il est : un microcosme qui repose sur la cupidité et la soif de pouvoir.

    Tout cela éclate après des années où la population a dû se serrer la ceinture et avaler les mesures d’austérité les plus ignobles sous le prétexte que les caisses de la collectivité sont vides. Et il y a de quoi ! Les grandes entreprises et les plus nantis croulent sous les cadeaux et ne paient qu’à peine un impôt. Les politiciens à la base de cette approche ont dû se dire ‘‘il n’y a pas de raisons qu’ils soient seuls à profiter de la mangeoire’’. Quand un travailleur commet une faute qualifiée de ‘‘grave’’, il peut être licencié et perdre ses droits aux allocations de chômage. Et tous ceux-là qui se sont servis sur notre dos ? Vont-ils seulement devoir rembourser tout l’argent qu’ils nous ont volé, dans le cadre de la loi bourgeoise ou non ?

    On ne nous rendra que ce que nous irons chercher !

    La CGSP-ALR (Administration locales et régionales) de Bruxelles a diffusé un tract intitulé ‘‘Pas de moyens ? Plus d’argent ? … ça dépend pour qui !’’ qui exige que ‘‘ce système d’enrichissement personnel sur le dos des usagers et du personnel des services publics doit s’arrêter immédiatement ! (…) Ce sont ces mêmes personnes qui, en réunions de négociation, osent nous répéter qu’il n’y a pas d’argent, pas de budget pour l’amélioration de nos conditions de travail!!’’ La CGSP-ALR exige à juste titre une revalorisation salariale pour tous les travailleurs, une amélioration des conditions de travail, des engagements supplémentaires et la prise en compte effective du bien-être au travail, la statutarisation de l’ensemble du personnel et la fin des contrats précaire et la transparence totale des rémunérations des mandats politiques.

    Il faudrait effectivement saisir la colère qui gronde parmi la population pour mobiliser cette dernière vers la défense et l’extension de nos services publics, de même que pour imposer une véritable transparence via l’implication centrale des travailleurs et de leurs organisations dans la gestion et le contrôle des divers services. Qui mieux que ces derniers peuvent mettre un terme au gaspillage et au managing toxique importé du privé tout en assurant que les intérêts des usagers et du personnel soient centraux ?

  • Les travailleurs de Publifin “accueillent” leur nouveau CA

    Ce jeudi, les travailleurs de Publifin ont tenu à accueillir le nouveau conseil d’administration de l’intercommunale. Un rassemblement qui a reçu le soutien de délégués d’autre secteurs et des pensionnés de la CGSP s’est tenu devant l’entrée du siège de Publifin rue Louvrex à Liège et une façon de faire comprendre aux nouveaux mandataires que les travailleurs comptent être acteurs des changements qui vont avoir lieu dans l’entreprise.

    Chaque voiture arrivant pour le CA a reçu son tract et les délégués ont mis les points sur les “i” avec chacun. Si l’ambiance côté travailleurs était plutôt détendue, dans les voitures, par contre, on a pu constater quelques visages tendus…

    En front commun, les travailleurs ont distribué des tracts et déployé des calicots pour réclamer un recentrage de l’entreprise sur ses missions de service public et sur la sauvegarde de l’emploi. Christine Plannus, déléguée principale CGSP s’est également exprimée pour revendiquer la présence de représentants des travailleurs au CA en tant qu’observateurs.

     

    Action des travailleurs de Publifin

  • Pour des intercommunales sous contrôle démocratique !

    Le conseil communal de Gand, tout comme le PS liégeois et d’ailleurs, ne semble pas sortir de l’atmosphère de crise et de scandale. Tom Balthazar du SP.a et Christophe Peeters de l’Open VLD ont reçu pendant des années de larges redevances pour leur siège au conseil d’administration de Publipart, petite-fille de l’intercommunale Publifin.

    Par Bart Vandersteene

    Selon Philippe Moureaux (PS), si les politiques ne gagnent pas assez d’argent, ils seraient dépendants des milieux d’affaires. Mais c’est tout l’inverse, les politiciens sont comme cul et chemise avec le monde des affaires. L’affaire de la banque Optima à Gand, par exemple, a révélé qu’il existe un réseau très proche entre les politiciens et les promoteurs immobiliers. On y trouve des chiffres d’affaires louches, et le développent d’un modèle d’urbanisme orienté vers les riches et à l’abri du regard la population générale. L’aura progressiste avec laquelle bourgmestre de Termont a été couronné comme le plus à gauche de Flandre a perdu de son éclat dans cette affaire.

    Comme ailleurs, les échevins gantois reçoivent une belle compensation de la communauté. Ils peuvent aisément subvenir aux besoins d’une famille, et ce même avec la hausse des prix de l’immobilier dans la ville. Ils reçoivent ainsi 8.290,12 € brut par mois en plus du remboursement de leurs frais. Pourtant, ils semblent trouver normal de recevoir une rémunération supplémentaire pour accomplir leur fonction en tant que représentants du gouvernement local dans le conseil d’administration d’une société intercommunale ou mixte. Comme si nous, en tant qu’employé ordinaire d’un département, nous pouvions attendre une rémunération en plus de notre salaire pour notre participation à une réunion de concertation avec un autre service !

    Un rejet des partis traditionnels

    Face à ces multiples scandales, le rejet par la population des partis traditionnels est de plus en plus clair. Selon un sondage iVOX révélé par les journaux Sudpresse (18/02/2017), près d’un Wallon sur deux (43,5%) affirme que l’affaire Publifin va le pousser à modifier son vote lors des prochaines élections par rapport aux dernières de 2014. C’est bien entendu l’ensemble des partis traditionnels qui y perd des plumes, le PS en tête avec 45,5% de son électorat qui ne le soutiendrait plus aux prochaines élections. Les autres partis ne sont pas en reste avec 40% pour le MR, 50% au cdH et 37,5% chez Ecolo.

    Résultat, bien que près d’un quart des Wallons n’aient pas encore fait leur choix, le PTB gagne des points (17,4%) ; il n’est plus qu’à 4 points du PS (21,3%) et devance Ecolo (13,7%) et le cdH (10,1%). Le MR perd, quant à lui, quelques plumes (20,7%). Défi (ex-FDF) se maintient (4,5%), et le PP parvient à peine à monter (6,9%), toujours selon les journaux de Sudpresse. C’est une guerre en règle entre les partis traditionnels pour gagner quelques points.

    Pour une gestion démocratique de nos services

    84% des Wallons sondés ne veulent plus qu’un élu puisse continuer à exercer plus qu’un mandat rémunéré. Seuls 12% sont encore prêt à tolérer ce système. Ça bouillonne dans les partis pour trouver une nouvelle manière de s’autoréguler. Démissions et réformes symboliques font beaucoup de bruit, mais en termes de changements en profondeur, ça ne va pas bien loin.

    Ainsi, le PS voit la nécessité d’un changement, mais jusqu’où ? Le moins possible… Les tensions internes sont toutefois vives, conscient qu’un statu quo serait fatal au parti. Notons que même après avoir été forcés à contrecœur à démissionner de l’ensemble de leurs mandats rémunérés, le salaire des élus reste bien loin du salaire moyen d’un travailleur. Ainsi, Alain Mathot – au cœur de la tourmente – n’a pu garder que ses mandats élus de député et bourgmestre. Sa rémunération est plafonnée à une fois et demie l’indemnité parlementaire. Soit, en 2015, 183.525,34 euros bruts par an.

    Le MR est, lui, favorable à des changements symboliques. Dans un courrier, le président du MR Olivier Chastel dit ceci: “Au-delà d’un mandat originaire (conseiller communal, provincial ou de CPAS), nul élu MR ne pourra détenir plus de trois mandats rémunérés, quelle que soit la structure publique ou dérivée du public dans laquelle il perçoit cette rémunération et quel qu’en soit le montant”. Quatre salaires sans qu’ils ne soient nécessairement plafonnés, voilà sa solution…

    L’ensemble des partis traditionnels, en ce compris la social-démocratie et les verts, adhèrent à la pratique d’une gestion telle que dans le secteur privé de nos intercommunales et se concentrent totalement sur la satisfaction de la cupidité des actionnaires privés. L’Open VLD utilise aujourd’hui cette crise afin de procéder à une privatisation complète de ces services intercommunaux.

    Nous croyons pourtant que des secteurs comme l’énergie et autres peuvent et devraient être gérés par la commune, mais pour servir la communauté. Ils ne devraient donc pas prendre la forme d’entreprises semi-publiques qui fonctionnent exactement avec la même cupidité et les mêmes rémunérations excessives que les entreprises privées. Ils ne devraient pas non plus être utilisés par les autorités pour construire des structures floues dont le seul but est de distribuer des postes.

    Non, nous avons besoin que l’ensemble des services publics, en ce compris les intercommunales, soient gérés démocratiquement par des représentants de l’autorité locale, les employés du service et les bénéficiaires. Les élus représentant la population, le personnel et les consommateurs devraient faire l’objet de rappel à l’ordre et ne devraient pas bénéficier de privilèges sur la base de leur fonction, mais devraient seulement avoir les intérêts de la communauté à l’esprit.

    Des revendications exigeant la transparence ou même le remboursement des rémunérations sont justifiées, mais elles ne sont pas suffisantes. D’autres priorités politiques sont indispensables: des logements abordables, des investissements massifs dans les transports en commun, du travail pour tous pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion,… Ces propositions simples et logiques nécessitent une rupture socialiste avec ce système. Voilà ce que le PSL défend.

  • [INTERVIEW] Christine Planus, déléguée principale CGSP à Publifin

    Photo: clic-gauche.be

    Depuis le début de l’affaire Nethys-Publifin, les déclarations émanant du monde politique et économique ainsi que les analyses des éditorialistes n’ont pas manqués. Les travailleurs de Publifin sont loin d’avoir bénéficié de la même couverture médiatique, même si celle-ci n’a pas été complètement inexistante.
    Voilà pourquoi il a paru important à la rédaction de Lutte Socialiste et de socialisme.be de leur donner la parole par la voix de Christine Planus, délégués principale CGSP à Publifin.

    Propos recueillis par Simon (Liège)

    Lutte Socialiste : Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

    Christine Planus : Je m’appelle Christine Planus. Je travaille au service clientèle de Publifin, précisément dans le secteur qui concerne les relations avec les fournisseurs. Depuis la libéralisation du secteur de l’énergie et la réorganisation de l’entreprise, tous les services ont été rebaptisés en anglais ainsi que les fonction des travailleurs, mais je refuse de me rappeler comment on a rebaptisée la mienne!

    Je suis éducatrice de formation et j’ai d’ailleurs été déléguée pour le Setca quand je travaillais dans le secteur social à Spa. Depuis 21 ans, je travaille dans la structure qui s’appelle aujourd’hui Publifin. Je suis déléguée CGSP depuis 18 ans et déléguée principale depuis 2009.

    LS : Depuis le début des affaires, quel est le sentiment des travailleurs ?

    CP : Sur la question du scandale des rémunérations des mandataires dans les comités de secteur de Nethys, les travailleurs ne se sentaient d’abord pas concernés. Mais en même temps, des changements vont survenir et cela suscite de l’espoir.

    La direction est aujourd’hui fragilisée et donc, le processus vers la privatisation risque d’être enrayé. Ce qui n’avait plus d’intercommunale que le nom pourrait bien se recentrer sur ses missions de services publics, c’est à dire rendre un service aux citoyen tout en rémunérant les actionnaires publics (communes et province). La course à la profitabilité pourrait s’arrêter et on pourrait reprendre une vraie vie d’entreprise publique avec des engagements, des négociations syndicales réelles,…

    En même temps, nous n’osons pas encore trop y croire, nous restons prudents. Depuis longtemps, les travailleurs sont très sceptiques vis-à-vis de la volonté d’agir du monde politique.C’est pour ça que beaucoup ne pensent pas que la commission d’enquête parlementaire va donner quelque chose, que la classe politique va être vraiment courageuse et légiférer pour favoriser une gestion saine des entreprises publiques.

    LS : Pourtant, pas mal de politiques se sont positionnés pour défendre la privatisation de la structure. Jean-Claude Marcourt notamment, s’est prononcé pour une entrée en bourse de Publifin. Vous ne craignez pas que le moment soit utilisé pour aller plus loin dans la privatisation, qu’on vous fasse du chantage à l’emploi ?

    CP : Disons qu’on a l’habitude. Ces dernières années, chaque fois qu’il y a eu un moment de crise, c’est l’argument que l’autorité nous a sorti. Le fait que Stéphane Moreau soit mis sous pression ne l’a d’ailleurs pas fait changé de discours. Auditionné par la commission d’enquête parlementaire, il a quand même redit qu’il allait falloir continuer la politique d’économie et la compression du personnel. Mais sur ce discours du chantage à l’emploi, les travailleurs seront attentifs et nous ne nous laisserons pas faire.

    Dans ce contexte, c’est d’ailleurs incroyable qu’il nie sous serment avoir été présent au sein du siège de l’entreprise le 22/02 alors que plusieurs travailleurs l’ont vu ce jour-là ! Il y a toujours un sentiment d’impunité, de se sentir au dessus des lois. Comme un enfant gâté qu’on a jamais recadré. Sur cette question-là aussi, sur le laisser-faire,il y a une responsabilité politique.

    LS : Quelle est l’attitude de la direction vis-à-vis des travailleurs et des organisations syndicales en ce moment ?

    CP : C’est la panique en ce moment ! Depuis début janvier, je ne vois plus mon autorité, alors qu’auparavant, je les voyais au moins une fois semaine pour des dossiers personnels ou du travail syndical quotidien. La directrice générale et la DRH sont aux abonnés absents. La dernière fois que je les ai vus, l’arrogance habituelle avait laissé la place à un ton plus conciliant. Ils ont eu le culot de demander que la délégation syndicale sorte un communiqué pour soutenir la direction vu le contexte. Alors que moi-même et les militants syndicaux ont été constamment sous le feu d’attaques personnelles de la part de la direction, on nous demandait de nous solidariser contre la soit-disant « cabale » qui visait Stéphane Moreau. Une demande qui m’a surprise donc, et que j’ai bien sûr refusée.

    LS : Vous avez organisé un rassemblement devant le parlement wallon le jour de l’audition d’André Gilles par la commission d’enquête. Quel était le but de cette manifestation et comment s’est déroulée la mobilisation ?

    CP : Le but était de positionner les travailleurs dans le débat qui va forcément avoir lieu sur la réorganisation de l’entreprise : les politiques vont travailler sur un autre modèle, les travailleurs ne doivent pas êtres oubliés. La mobilisation a été très facile : avant même de la lancer largement, on avait déjà remplis une bonne partie des cars. On a dû en demander un supplémentaire pour pouvoir emmener tout le monde à Namur. C’est le résultat du sentiment parmi les collègues que quelque chose peut changer et que c’est le moment de bouger mais aussi grâce au travail de terrain que la délégation mène quotidiennement. Par exemple, il y a peu de temps, je suis passée dans chaque service pour faire une information sur la réforme des pensions. Je voulais des petits groupes, maximum 20 personnes, pour que chacun se sente à l’aise pour participer et poser ses questions. Ceci, ou bien les assemblées générales régulières, c’est illustratif de ce travail concret qui permet également de mobiliser les travailleurs durant les actions.

    LS : Jusqu’à présent, quelle a été l’attention médiatique accordée aux revendications des travailleurs ?

    CP : Dans les premiers temps, elle n’était pas énorme mais il faut dire que de notre part, il y avait aussi une volonté de ne pas trop communiquer. Depuis que la publication par le journal Médor de la vidéo où l’on voit Stéphane Moreau hurler pour intimider les travailleurs, il y a quand même une attention sur l’ambiance qui règne à l’intérieur de l’entreprise. Cela a peut-être favorisé le fait que nous soyons invités sur les plateaux télé. RTL par exemple, réserve une séquence dans sa prochaine émission de débat dominicale où seuls les syndicalistes sont présents.

    Cependant, il y a une forte personnalisation du débat, une focalisation sur les personnes impliquées quand il faudrait dénoncer un système. De ce point de vue, nous, militants syndicaux, sommes conscients que nous sommes utilisés. Le tout est de tirer parti de cette exposition médiatique comme du fait que nous allons être auditionnés par la commission d’enquête, pour attirer l’attention sur nos conditions de travail et sur la nécessité de nous recentrer sur nos missions de service public.

    LS : Plus généralement, quelle est le plan d’action que la délégation propose ?

    CP : Nous avons tenu une assemblée générale au mois de janvier. Un seul point était à l’ordre du jour : le cahier de revendications dont celles d’une augmentation des barèmes de 2%,….Après pas mal de discussions avec la délégation CSC, on a réussi à déposer ce cahier de revendications en front commun.
    Une AG extraordinaire des actionnaires de Publifin doit avoir lieu à la fin de ce mois. Nous allons organiser une mobilisation pour assurer la présence des travailleurs de façon à nous positionner dans le débat sur la structure : nous voulons une gestion saine de l’entreprise où les missions de l’intercommunale et le bien-être des travailleurs sont au centre du projet.

    Pour le reste on va attendre de voir ce qui va se passer mais on va rester mobilisé et il est clair que ceux qui voudraient toucher à l’emploi, nous trouverons sur leur chemin.

  • Scandale Publifin/Nethys. C’est notre argent, pourquoi n’en avons-nous pas le contrôle ?

    Le chercheur en sciences politiques François Gemenne (ULg) n’y est pas allé de main morte en qualifiant sur la RTBF la structure Publifin-Nethys de ‘‘mafieuse’’ : ‘‘C’est un système de nature mafieuse car il fait la loi lui-même, il distribue de l’argent à tout le monde pour que personne ne pose de questions.’’ Et de l’argent, il en est effectivement beaucoup question, jusqu’à en donner le tournis. Et c’est le nôtre.

    Article tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste

    Publifin (anciennement Tecteo) est une société coopérative intercommunale ayant entre autres à charge Nethys, VOO, l’intercommunale Liégeoise de l’électricité et du gaz, les éditions de l’Avenir, etc. En bref, il s’agit d’une boîte énorme (entre pouvoir public et privé) dont le chiffre d’affaire consolidé officiel s’élèverait à 759,1 millions d’euros. Son capital est détenu à 52% par la province de Liège et à 47% par 76 communes.

    Le scandale a tout d’abord commencé par les révélations concernant la générosité de l’intercommunale vis-à-vis des 31 membres (CDH, MR et PS) de ses quatre comités de secteur : 1.340 à 2.871 euros bruts par mois pour des réunions peu fréquentes, non-obligatoires et seulement consultatives (à l’intérêt douteux, donc). Au final, le coût de ces salaires exorbitants s’élève à 2,5 millions d’euros et, au vu de l’irrégularité des réunions, représenterait un bénéfice pouvant aller jusqu’à 516 euros la minute de réunion.

    Bien que parfaitement légal, c’était déjà problématique, surtout en ces temps d’austérité. Mais les choses se sont emballées, les révélations fracassantes ont succédé aux révélations fracassantes. Il a ainsi été révélé que Daniel Weekers, le ‘‘conseiller stratégique’’ de Stéphane Moreau, CEO de Nethys et bourgmestre (PS) d’Ans, gagne 50.000 euros bruts par mois, ce à quoi s’ajoute encore diverses primes et avantages. Une belle somme, qui revient chaque année à 600.000 euros et qui équivaut à plus du double du salaire du premier ministre. Une source anonyme a expliqué au quotidien L’Echo que pour pareil rémunération, ‘‘il travaille 10 heures par semaine’’.

    Stéphane Moreau ne pouvait bien entendu pas être en reste. Toujours selon L’Echo, il toucherait quelque 80.000 euros bruts par mois, soit 960.000 euros bruts par an ! A cela s’ajoute encore, notamment, son salaire de bourgmestre de 80.000 euros. D’autre part, Nethys aurait distribué 4,4 millions d’euros à ses administrateurs, parmi lesquels huit politiques (six mandats PS, un MR et un cdH) en 2014 et 2015 seulement. Et ce ne sont là que quelques exemples…

    Et maintenant ?

    Quand le scandale de ‘‘La Carolo’’ a éclaté en 2005 à Charleroi, tous les politiciens établis ont fait part de leur indignation. Elio Di Rupo avait déclaré, la main sur le cœur : ‘‘Je ne veux plus des parvenus. Je les traquerai moi-même, j’en ai marre des parvenus. Il n’y a pas de place pour les parvenus au parti socialiste’’. Les équipes de com’ d’Elio et les autres peuvent s’économiser pas mal de boulot en reprenant aujourd’hui les déclarations de l’époque… Avec la crise économique, ce fut la même chose : tout le monde parlait de s’en prendre aux banques et au monde de la finance, de ‘‘moraliser le capitalisme’’, etc. Au final, rien n’a changé. Business as usual.

    Dans ces deux exemples, un seul constat s’impose : on ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas. En finir avec la dictature de la finance implique de lutter pour la collectivisation du secteur financier. En finir avec les pratiques de Moreau & Co (tout à fait légales jusqu’ici, à la différences de ‘‘La Carolo’’) – et assurer que les autorités publiques œuvrent réellement au bien-être de la collectivité – signifie que les propriétés d’Etat doivent être effectivement contrôlées et gérées par les travailleurs et les usagers et non tout simplement fonctionner comme des entreprises privées dans lesquelles des institutions sont simplement actionnaires.

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    Modération salariale pour les uns… et vraiment pas pour les autres

    Voici ci-dessous quelques salaires de politiciens et de CEO d’entreprises publiques. Selon nous, un représentant des travailleurs doit gagner l’équivalent du salaire des travailleurs. C’est ainsi que Paul Murphy, député membre de notre parti-frère irlandais, ou Kshama Sawant, notre camarade élue à Seattle, reversent une bonne partie du salaire qu’ils reçoivent des autorités pour des campagnes locales, des fonds de solidarité,… La meilleure manière d’éloigner les parvenus, c’est encore de supprimer les privilèges. Pour cela, il nous faut lutter pour un gouvernement pour et par les travailleurs.

    • • Premier ministre : 227.000 euros par an / Vices-Premiers : 227.000 euros / Ministres : 223.000 euros / Secrétaires d’Etat : 212.000 euros
    • Elio Di Rupo : Bourgmestre de Mons : 122.501,14 euros par an
    • Dominique Leroy : CEO de Proximus : 799,175 euros par an
    • Jan Smets : CEO de la Banque nationale : 478.514 euros par an
    • Jean-Paul Philippot : CEO de la RTBF : 295.000 euros par an
    • Johan Decuyper : CEO de Belgocontrol : 204.380 euros par an
    • Luc Lallemand : CEO Infrabel : 303.171 euros par an
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