Tag: Pinochet

  • Meetings des Etudiants de Gauche Actifs : De la révolution chilienne aux mouvements de masse actuels

    Pour commencer l’année en beauté, les cercles des Etudiants de Gauche Actifs (EGA), organisation étudiante du PSL, organisent une série de meetings, notamment sur la révolution chilienne. A l’occasion des 40 ans du coup d’Etat qui porta le dictateur Pinochet au pouvoir et qui écrasa dans le sang le mouvement révolutionnaire, il nous semble important de revenir sur ses événements pas seulement pour les commémorer, mais aussi pour voir quelles leçons peuvent être tirées pour les mouvements d’aujourd’hui !

    Pablo Nyns, ancien président d’EGA-ULB, sera l’orateur de deux meetings sur ce sujet organisés à Bruxelles et à Liège. Il vient de terminer son mémoire sur les Cordons Industriels au Chili en 1972-1973. Si vous voulez en savoir plus, venir apprendre, débattre et comprendre cette page d’histoire riche en leçons actuelles, n’hésitez pas à venir !

    • Bruxelles : Mercredi 18 septembre, 19h, ULB – Solbosch, Bâtiment H 1308 (page facebook).
    • Liège : Mardi 24 septembre, 19h, Fédération des Etudiants, 24 place du XX Août, face à l’ULg (page Facebook).

    Pour en savoir plus : Il y a 40 ans, l’autre 11 septembre

  • Chili 1973 : l’autre 11 septembre

    11 septembre 1973, les Forces Armées chiliennes aidées par les Etats-Unis exécutent un coup d’Etat contre le gouvernement de l’Unité Populaire présidé par le socialiste réformiste Salvador Allende. La population est massivement réprimée, les organisations de gauche sont interdites et plus d’une centaine de milliers de militants politiques s’exilent pour fuir la torture et les assassinats. Une dictature militaire s’établit et implante au Chili une politique néolibérale extrêmement brutale privatisant tout sur son passage.

    Dossier de Pablo N. (Bruxelles)

    De cette manière 2 ans après le putsch militaire, le pouvoir d’achat des salariés est réduit de 40% et le taux de chômage atteint vite 15 à 20% contre 4% en 1973. Après 17 ans de dictature et le retour à la ‘‘démocratie’’ en 1990, la société chilienne est encore fortement marquée par cette sombre période. Même après 20 ans de gouvernement de ‘‘centre-gauche’’, la Constitution en vigueur est toujours celle du régime militaire, la politique néolibérale est toujours présente, la pauvreté aussi et la répression également. En effet, le 6 août dernier, un militant mapuche (une des nations indigènes du Chili) a été assassiné par les Forces Spéciales de la police.

    ‘‘Poder Popular’’ et résistance de l’élite capitaliste

    Pourquoi ce coup d’Etat ? Pourquoi la population chilienne a-t-elle subit une telle dictature sanglante ? Tout commença en novembre 1970 avec l’arrivée au pouvoir d’une coalition de partis de gauche, l’Unité Populaire. Elle était formée autour des deux grands partis des travailleurs – le Parti Communiste et le Parti Socialiste – auxquels s’ajoutaient de plus petits partis de gauche chrétiens ou radicaux. Le nouveau gouvernement s’engagea dans des réformes importantes au profit des travailleurs, des paysans et des pauvres du pays. Les terres agricoles furent équitablement partagées, les salaires augmentèrent de 30% en moyenne, les prix des matières premières furent bloqués, etc. Cela provoqua un immense enthousiasme parmi la population chilienne, doublé d’un regain de combativité parmi les militants politiques et syndicaux qui voulaient de plus en plus exercer une démocratie directe : le ‘‘poder popular’’ (pouvoir populaire). Mais cela provoqua également l’ire des classes possédantes qui ne reculèrent devant aucun procédé pour attaquer le gouvernement et les classes exploitées.

    Jusqu’à ce qu’une première tentative de putsch ait lieu en octobre 1972, au travers d’un lock-out patronal (grève patronale et fermeture des usines) paralysant toute la société chilienne. Les syndicats de camionneurs, soudoyés par la CIA, déclenchèrent une grève illimitée et tous les syndicats patronaux suivis par les Ordres professionnelles (avocats, médecins, architectes, etc.) les rejoignirent.

    Le gouvernement et les dirigeants nationaux des partis et du syndicat ne surent comment réagir. En effet, la crise les avait pris de cours et même s’ils étaient aux commandes de l’appareil d’Etat, ils ne purent instaurer des mesures efficaces. Cet appareil était encore trop sous l’emprise de la droite et des capitalistes et a saboté toutes les actions légales de Salvador Allende.

    L’initiative des masses

    La réponse vint alors de la population. Dans les campagnes, les paysans et les peuples indigènes occupèrent les terres des grands propriétaires. Dans tous les quartiers, surtout dans les plus pauvres, se formèrent des Comités de Ravitaillement et de Contrôle des Prix (JAP, Juntas de Abastecimiento y Precios) qui réquisitionnèrent les commerces et les supermarchés qui trichaient avec les prix et vendaient des produits au marché noir. A la fin janvier 1972, il en existait 2.200 dans tout le pays, qui redistribuaient quotidiennement et équitablement les marchandises.

    Mais ce fut dans les zones industrielles que la réponse se fit la plus profonde et la plus dangereuse pour le système capitaliste. Ainsi les délégués syndicaux issus d’un même cordon (zoning) industriel se sont organisés en coordinations. Ces coordinations prirent en main l’occupation des usines, désertées par les cadres supérieurs et les patrons. Petit à petit, grâce à leur solidarité, ils commencèrent à autogérer la production. Souvent les cordons ont garanti le transport des travailleurs et des produits ou encore la distribution des aliments, tout en assurant la garde des entreprises contre d’éventuels sabotages. Un nouveau pouvoir issu des travailleurs était en gestation.

    Le pays put ainsi reprendre une activité économique relativement normale mais, pour la première fois, la classe des travailleurs avait pris conscience de sa puissance et de sa capacité à faire marcher la société sans les capitalistes. De cette manière, la grève patronale prit fin, mais la lutte qui opposait les classes sociales devint visible aux yeux de tous. Le Chili entrait dans un processus véritablement révolutionnaire et les cordons industriels furent son expression la plus poussée.

    Le gouvernement cherche la conciliation

    Pourtant le gouvernement d’Allende tenta de calmer la combativité des chiliens. Il entra dans une politique de discussions stériles avec les secteurs dit ‘‘progressistes’’ des capitalistes dans le but de contrer l’impérialisme étranger et la grande bourgeoisie locale. Il tenta de rendre les entreprises occupées et autogérées par les cordons industriels à leurs patrons. De leur côté, les travailleurs, tout en continuant à soutenir l’Unité Populaire, critiquèrent durement ses concessions et ses demi-mesures. Ils exigeaient de celui-ci, la ‘‘mano dura’’ (main ferme) contre les sabotages de la droite et les attaques de groupes d’extrême-droite en même temps que la nationalisation officielle des entreprises occupées.

    Fin juin 1973, le Chili fit face à une nouvelle tentative de coup d’Etat, mais cette fois-ci militaire. Elle fut rapidement avortée. Les travailleurs et les paysans en profitèrent pour étendre les occupations et renforcer le pouvoir populaire en créant de plus large coordination.

    Mais la population chilienne commença à se rendre compte du danger qui venait. Plusieurs manifestations ont eu lieu devant le Palais Présidentiel, dans lesquelles les slogans les plus repris exigeaient l’armement des masses afin qu’elles puissent se défendre. Pourtant, aucun des partis de gauche n’a répondu à ce souhait. Quant aux cordons industriels, même s’ils étaient souvent dirigés par des militants de la base de ces partis politiques, ils ne reçurent aucune aide pour se développer. Au contraire, les partis au pouvoir tentèrent de les maintenir sous le contrôle de la bureaucratie nationale du syndicat.

    Pendant ce temps les capitalistes se réorganisèrent. Ils purgèrent l’armée et la police des éléments de gauche qui y avaient une forte influence et, un peu plus de deux mois plus tard, ils déclenchèrent un ultime coup d’Etat. Les travailleurs, sans armes, sans direction politique ou militaire, furent désemparés et subirent de plein fouet la répression de la dictature de Pinochet.

    Quelles leçons pour aujourd’hui ?

    Revenons maintenant à notre époque. La Tunisie est en proie à une situation, à priori, fort différente du Chili d’Allende. Pourtant, elle a été et est toujours le théâtre de la première révolution du 21ième siècle et, encore une fois, des organes d’auto-organisation de la population sont apparus.

    Durant l’apogée révolutionnaire, des comités de vigilance se sont formés pour protéger les quartiers contre les forces du dictateur Ben Ali. Des travailleurs ont repris à leur compte la gestion d’entreprises dirigées par des proches de l’ancien régime et des comités de ravitaillement se sont développés pour faire face à la désorganisation de la société. Récemment, au début du mois d’août 2013 – bien que peu d’informations nous parviennent et que la situation a l’air de changer – on a appris que dans la ville de Sidi Bouzid, berceau de la révolution tunisienne, la population avait constitué un comité de Salut public contrôlant les affaires de la ville, sous l’autorité du syndicat UGTT (Union Générale des Travailleurs Tunisiens). Des comités similaires ont été créés dans d’autres villes rejetant le pouvoir central.

    Ainsi la population tunisienne, d’abord dans son rejet du gouvernement de Ben Ali et ensuite de celui des islamistes réactionnaires d’Ennahda a formé de nouveaux instruments de luttes répondant aux nécessités directes de la population. Sur cette base, un parallèle avec le phénomène des cordons peut commencer à être esquissé. C’est à partir de ce genre de pouvoir émergeant qu’une véritable démocratie des travailleurs peut être construite en renversant le capitalisme et instituant le contrôle démocratique des secteurs-clés de l’économie.

  • Bruxelles : Chile 1973-2013…de la répression de trois générations

    Du 11 au 13 septembre 2013, Curro Hall, 7 rue Ropsy Chaudron, 1070 Anderlecht

    Les sections bruxelloises du PSL/LSP co-organisent avec le Parti Humaniste et Fewla un évènement culturel à l’occasion des commémorations des 40 ans du coup d’Etat au Chili. Cependant, il ne s’agit pas simplement de se remémorer une énième fois le putsch et les atrocités commises sous la dictature en oubliant la répression à laquelle est soumise la population depuis le retour à la ”démocratie”. Il s’agit de se rappeler le passé pour agir sur le présent. Une conférence-débat ouvrira l’évènement, où il sera question de l’expérience que fut la période de l’Unité Populaire, des élections présidentielles chiliennes qui prendront place en novembre et enfin des luttes actuelles menées au Chili (étudiants, Mapuche, pêcheurs,…).

    Fewla Lutte Mapuche

    • Evénement facebook

    40 ans après le coup d’état au Chili, Fewla (un comité de soutien actif à la lutte du peuple Mapuche) organise une exposition photo du 11 au 13 septembre.

    Le 11 septembre, l’exposition s’ouvrira officiellement par une conférence débat avec Pablo Nyns (PSL). L’ouverture des portes se fera à 19h et la conférence/débat commencera à 19h30.

    Le 12 septembre, l’exposition sera ouverte entre 12h et 17h.

    Le 13 septembre, l’exposition sera ouverte à partir de 12h et se prolongera par une soirée culturelle. La soirée commencera par des musiques autour d’une mémoire obstinée des peuples, le peuple chilien, le peuple Mapuche, les peuples du monde. La musique décrira la lutte menée pour se libérer et créer une société dont l’objectif est la satisfaction pleine de tous les besoins nécessaires au bonheur. Le parcours se poursuivra par une visite de l’exposition photo et la découverte de fresques réalisées par des participants de différentes manifestations. En réponse à celles-ci, le public sera invité à créer une nouvelle fresque avec la participation d’artistes peintres dont Caliban Ramirez. Une petite restauration est prévue (empanadas), ainsi qu’un bar à prix démocratique.

  • A propos du parti – Nouvelles du PSL

    Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprendra donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.

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    A noter dans votre agenda

    • Je. 3 novembre. Anvers. 19h30 R 0.10 (Rodestraat). 38 ans après les 11 septembre 1973 au Chili: les travailleurs et les jeunes en résistance massive. Avec Pablo, membre d’EGA d’origine chilienne et un orateur du Colectivo Zudaka
    • Je. 3 nov. Gand. 19h30. Therminal, vergaderzaal 2. Réunion EGA: Le matérialisme historique & la position des femmes dans la société
    • Ma. 8 nov. Gand. 19h30. Blandijn aud. C. Meeting de Rood!: présentation du livre d’Erik De Bruyn.
    • Me. 16 nov. Anvers. 19h30. Rodestraat R0.10 (stadscampus). Débat. Le capitalisme en crise: Quelle réponse de la gauche? Avec pour orateurs: Meryem Almaci (Groen), Erik De Bruyn (Rood), Peter Mertens (PTB) et Bart Vandersteene (PSL). Un orateur est également demandé au SP.a.
    • Ve. 25 nov. Namur. Concert de soutien aux grévistes du Kazakhstan
    • Sa.-Di. 26-27 novembre. Congrès régionaux du PSL
    • 3 décembre: Manifestation climat
    • 8 mars 2012: Manifestation antifasciste contre le NSV
    • 25 mars 2012: Protestation contre le rassemblement anti-avortement à Bruxelles.

    Agenda de Rood!

    Le PSL participe activement à la construction de Rood!. Voici ci-dessous quelques dates de l’agenda du mouvement.

    • Sa. 5 nov. Bruges. Café Rouge. Débat politique avec John Crombez (sp.a), Erik De Bruyn (Rood!), Bart Vandersteene (PSL), Peter Mertens (PTB). 20h30 Hollandse Vismijn. Org.: Animo

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    Intervention réussie à la manifestation contre la fermeture de la phase à chaud d’ArcelorMittal à Liège

    Ce mercredi, une bonne délégation de militants du PSL était au rassemblement de Seraing et aux diverses cortèges vers le lieu de rendez-vous, devant l’Hôtel de ville de Seraing. Nous avons vendu 61 exemplaires de notre mensuel, Lutte Socialiste, qui comprenait également un supplément consacré à Dexia et un autre consacré à ArcelorMittal et à la revendication de nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle des travailleurs, sans rachat et sans indemnité. Un de nos camarades en a vendu 17 à lui seul. Nous avons également vendu plus de 100 exemplaires de notre badge de solidarité.


    3 novembre : Formation sur le Chili

    40 ans après le 9/11au Chili: les travailleurs et les jeunes en résistance massive. Quelles leçons tirer des luttes du mouvement ouvrier chilien dans les années ’70 ?

    A Anvers, les Etudiants de Gauche Actifs organisent, avec le Collectief Zudaka, une après midi d’information consacrée au Chili. Nous reviendrons sur le coup d’Etat de Pinochet en 1973 tout en accordant une grande attention aux mouvements massifs actuels.

    Quelles leçons peuvent donc bien tirer les marxistes révolutionnaires des évènements dramatiques de 1973? Comment éviter qu’une pareille tragédie puisse se répéter à l’avenir ? N’hésitez pas à prendre contact avec nous ! Ailleurs en Belgique, différents meetings seront également organisés autour de se thème à Liège, Bruxelles, Namur,… en présence de Lucas, un militant actif au Chili de passage dans notre pays.


    Concert de solidarité avec les grévistes du Kazakhstan

    Ce 25 novembre, au Cinex à Namur, vous aurez l’occasion de participer à concert de soutien contre la dictature du régime de Nazarbayev au Kazakhstan et en solidarité avec la lutte des opposants contre le régime. Les travailleurs du pétrole sont en lutte depuis des mois et font face à une répression très brutale. La solidarité internationale est cruciale, et différentes actions ont déjà été menées dans divers pays. D’autre part, le chanteur Sting a refusé de joué dans le pays en solidarité avec les grévistes. L’ancier premier ministre britannique Tony Blair trouve ces problèmes moins dérangeants… il a accepté un poste de conseiller du dictateur pour une somme de 9,2 millions d’euros! Ce 25 novembre, à Namur, nous choisirons l’autre camp: celui des travailleurs et de la résistance contre la dictature et pour des conditions de vie décentes.

    Trois groupes joueront ce soir là. Les Namurois d’Urban Dub Project, les Dirty Bees d’Ecaussinne, et le groupe Bruxellois Freddy’Loco, accompagné de Kevin Batchelor, trompettiste du célèbre groupe jamaïcain, The Skatalites. Ce vendredi 25 novembre à 19h00, à l’espace Communautaire Saint-Nicolas, le Cinex asbl Rue Saint-Nicolas, 84, 5000 Namur. Le prix d’entrée en prévente est de 8 euros et de 10 euros sur place. Les bières et les softs seront à 1.50 euro. Les préventes sont obtenues via le mail ; solidaritekazakhstan@gmail.com et au 0494/11.58.90.

  • Contre la dictature des marchés : de l’indignation à la révolution

    Des années durant, on a voulu nous faire avaler que les mouvements de masses étaient choses du passé, enterrées avec le XXe siècle. Mais l’actualité de ce début d’année 2011 s’est écrite au rythme des révoltes – ou révolutions – de masse en Tunisie, en Egypte, en Grèce, en Espagne,… L’enthousiasme provoqué par ces mobilisations s’est notamment concrétisé par la création de centaines de camps se revendiquant des ‘’indignadas’’ à travers le monde et par des manifestations, notamment le 19 juin, dans pas moins de 35 pays simultanément.

    Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste

    Cet élément d’internationalisme et de référence aux luttes d’autres pays est un des facteurs parmi les plus frappants de ce puissant processus. La Puerta del Sol a été envahie le 15 mai dernier en référence aux occupations de places en Afrique du Nord et au Moyen-Orient puis, en un second temps, une multitude de camps ‘’d’indignés’’ ont émergés à la surface du globe. Un mois plus tard, le 15 juin, la mobilisation des indignés devant le parlement catalan à Barcelone a forcé les parlementaires à rejoindre l’enceinte du parlement en hélicoptère, un merveilleux moyen pour passer au dessus de la contestation populaire, au sens propre comme au figuré. Le même jour, en Grèce, la pression des masses a ébranlé le gouvernement, avec une grève générale à l’ampleur extraordinaire – et une participation comprise entre 80 et 100% selon les secteurs ! – rejointe par les ‘’indignés’’ grecs qui avaient commencé leurs occupations le 25 mai. La confédération syndicale grecque des secteurs privés et publics a ensuite appelé à une grève générale de 48 heures fin juin.

    Les journalistes et analystes des grands médias et des prestigieuses universités se trouvent souvent démunis face à ces évènements qui ne cadrent pas avec leurs ‘‘nouvelles’’ grilles d’analyses, et atteignent parfois le grotesque. Ainsi, Alain Bertho – professeur d’anthropologie à l’Université de Paris 8-Saint-Denis, ‘’spécialiste’’ de ce genre de thème après s’être fait connaître par un documentaire intitulé ‘’Les raisons de la colère’’ et avoir écrit le livre ‘’Le temps des émeutes’’ – reste malgré toutes ses études totalement surpris par ce mouvement. Lors d’une interview, à la question ‘’Pourquoi cette révolte se produit-elle aujourd’hui de façon simultanée dans plusieurs régions du monde ?’’, il n’a trouvé d’autre répondre que ‘’Alors ça ! Peut-être que les historiens réussiront à l’expliquer.’’ Voyons ce que les militants marxistes ont à dire à ce sujet avec leur ‘‘vieille’’ grille d’analyse basée sur la lutte des classes…

    Un malaise global

    Dans Lutte Socialiste, nous avons déjà eu l’opportunité de développer les causes sociales véritablement à la base du processus révolutionnaire qui a frappé l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, et sur lesquelles sont venues naturellement s’ajouter des revendications démocratiques. La logique est ici identique. Derrière le mouvement pour la ‘’démocratie réelle’’ espagnol se trouve un contexte qui se répand et empire à travers le monde, un cocktail détonnant fait de situation sociale catastrophique, d’absence totale de perspectives d’avenir et de partis politiques à la solde de la dictature des marchés.

    En Espagne, il y a actuellement près de cinq millions de sans-emplois (dont 40% des jeunes de moins de 25 ans) et plus de 10 millions de travailleurs engagés dans des contrats précaires et temporaires, avec des salaires inversement proportionnels à l’ampleur de la crainte du lendemain. Cette situation est loin d’être confinée à la péninsule ibérique, comme l’illustrait parfaitement cette jeune femme qui, lors d’une manifestation en Irlande – pays également sévèrement frappé par la crise – portait une pancarte clamant avec angoisse ‘’J’ai émigré d’Espagne, où vais-je maintenant aller ?’’

    En 2009 déjà, alors que la crise ne faisait que commencer, le Bureau International du Travail avait publié un rapport qui dénonçait l’augmentation du chômage parmi la jeunesse ‘’Le chômage des jeunes, qui a augmenté de 7,8 millions de personnes depuis 2007, risque de produire une génération perdue de jeunes gens qui sont sortis du marché de l’emploi et qui ont perdu tout espoir d’obtenir un travail qui leur assure une vie décente.’’ Comment dès lors s’étonner de la révolte, surtout au regard des profits gigantesques que continuent d’engranger les banques, les spéculateurs, les actionnaires, les grands patrons, etc. ?

    La colère trouve sa voie

    Par contre, ils ont été nombreux ceux qui se sont étonnés de la passivité des appareils syndicaux. De même, les derniers qui entretenaient encore des illusions envers la social-démocratie en ont aussi été pour leurs frais. En Espagne et en Grèce, c’est la ‘’gauche’’ capitaliste qui conduit les travailleurs et leurs familles droit vers le gouffre, avec la bénédiction et le soutien de leurs ‘’camarades’’ européens. Cela explique aussi le côté fortement ‘‘antiparti’’ présent dans le mouvement. Nous estimons toutefois qu’il est erroné de rejeter toute intervention ouvertement politiquement organisée dans le mouvement. La démocratie réelle, c’est aussi pouvoir dévoiler son appartenance politique, y compris pour que l’on sache à qui on parle, et pouvoir avoir l’opportunité de défendre loyalement ses positions, ce pour quoi les masses se sont battues et continuent à se battre en Afrique du Nord et au Moyen Orient.

    Quand, le 15 mai, les premiers jeunes plantent leurs tentes Puerta del Sol, ils le font donc sur un terreau de mécontentement largement partagé dans la société, comme en ont témoigné les très nombreuses personnes plus âgées ou militants syndicaux qui ont eux-aussi participé aux Assemblées Populaires et actions des Indignés. En Espagne, une grève générale avait mobilisé pas moins de 10 millions de travailleurs le 29 septembre 2010, à l’occasion d’une journée d’action européenne, mais n’avait été utilisée par les directions syndicales que comme un ‘’one-shot’’ destiné à laisser échapper de la pression au lieu de construire un rapport de forces contre l’austérité. Mais la colère à la base de la société à cherché à trouver une expression. Globalement, cette recette se retrouve partout et, si les degrés divergent, ce n’est qu’une question de temps avant que la sauce ne commence vraiment à être épicée, et la note des plus salées.

    Rôle et pouvoir des assemblées

    Un des autres aspects parmi les plus importants de la révolte des Indignés est représenté par les Assemblées Populaires. Dans la plupart des pays, celles-ci ne rassemblent essentiellement que des militants, des ‘‘indignés de longue date’’. Mais lorsqu’elles sont couplées à un mouvement de masse de la jeunesse et à des mobilisations plus larges dans la population, elles ont un réel potentiel d’être de puissants organes de lutte.

    L’histoire révolutionnaire du mouvement ouvrier est marquée par l’émergence de conseils de travailleurs, d’organes de lutte dans les quartiers et sur les lieux de travail. Il en fut ainsi avec les ‘‘soviets’’ de Russie en 1905 et 1917 (c’est-à-dire les ‘‘conseils’’), en Allemagne en 1918, avec les conseils ouvriers qui ont émergé des luttes contre le stalinisme à Berlin-Est en 1953, en Hongrie en 1956 ou encore en Tchécoslovaquie en 1968. On peut encore parler des conseils ouvriers qui se sont développés en Espagne dans les années ’30 avant ou encore au Chili début des années ’70 avant le coup d’Etat de Pinochet. De même, dans de nombreuses grèves générales, les comités de grève ont dépassé les appareils syndicaux traditionnels et représentaient un grand danger, au même titre que les conseils ouvriers, pour le pouvoir en place. De ces organes, peut naître une nouvelle société.

    Dans un premier temps, ces organes ont à organiser la lutte mais, pour peu qu’ils se basent sur la force du mouvement des travailleurs et recourent à des méthodes telles que la grève générale, ils sont capables de bloquer l’économie et les institutions capitalistes, et de poser la question cruciale : qui est le maître dans les entreprises, dans l’économie et dans l’Etat, les travailleurs ou les capitalistes ?

    En Espagne et en Grèce, les Assemblées Populaires sont encore à leur tout début, leur développement ultérieur est fort loin d’être garanti. Mais si ces Assemblées s’étendent localement, régionalement et au niveau de l’Etat, tout particulièrement sur les lieux de travail, et sont coordonnées par l’élection démocratique de représentants, il est possible de commencer à construire une alternative démocratique à la dictature des marchés capitaliste dans le cadre même de la lutte contre le système, en commençant par l’organisation de la résistance contre les attaques antisociales et le contrôle des dirigeants syndicaux tout en impliquant sans cesse plus de gens dans l’organisation des actions.

    L’alternative que nous défendons est une société basée sur le contrôle démocratique des secteurs-clés de l’économie (finance, énergie, transport,…), c’est-à-dire leur expropriation pour qu’ils soient nationalisés sous le contrôle démocratique de la collectivité, des travailleurs et des jeunes, par l’intermédiaire. A partir de là, l’économie pourrait être orientée vers la satisfaction des besoins de la majorité grâce à une planification démocratique de la production. Le parti que nous construisons internationalement vise à défendre ces positions, pour éviter que l’énergie des masses soit gaspillée.

  • Après le livre, maintenant le film : ‘‘La stratégie du choc’’ de Naomi Klein

    Le livre de Naomi Klein “La stratégie du Choc” avait déjà fait pas mal de bruit, sa version cinéma est sortie ce 2 juin en Belgique. Naomi Klein est loin d’en être à son coup d’essai, son livre “No Logo” avait eu un succès tel qu’il avait fait d’elle l’une des porte-paroles du mouvement antimondialisation.

    Tout comme le livre, le documentaire livre une analyse acerbe et bien argumentée de l’histoire du néolibéralisme et de ses effets sur les masses d’Amérique Latine, d’Asie et d’Europe de l’Est. L’idée de base est que la phase actuelle du capitalisme recourt à des “chocs” afin d’imposer les contre-réformes procapitalistes du FMI et de la Banque Mondiale. Elle compare cette stratégie à l’usage désastreux d’électrochocs dans les années ‘40 et ‘50.

    Aujourd’hui, les chocs sont utilisés par le capitalisme pour imposer l’agenda néolibéral sur les plans social et politique. Ces chocs peuvent prendre la forme d’écroulements économiques (comme avec la chute de l’URSS), de catastrophes naturelles (l’ouragan Katrina, le tsunami d’Asie du sud-est), de changements de régime (Pinochet), etc. En bref, de tout ce qui cause assez de désorientation publique pour que les dirigeants du pays aient le champ libre de faire ce que bon leur semble.

    Naomi Klein détaille clairement les méfaits du capitalisme. Son exposé sur le Chili des années ‘70 et le passage au néolibéralisme après qu’Allende ait été renversé par le coup d’Etat de Pinochet soutenu par la CIA a beaucoup de mordant et est très bien rendu. Le rôle des soi-disant “conseillers économiques” qui avaient profité de leur formation à Chicago sous la supervision de Milton Friedman est parfaitement décrit. Ces “conseillers” ont été placés au Chili mais aussi dans d’autres parties d’Amérique Latine. Aujourd’hui encore, ils continuent leurs méfaits en Chine. Naomi Klein dresse encore un tableau des conséquences de la restauration capitaliste en Europe de l’Est et en Asie, mais également des conflits pour l’occupation des terres au Sri Lanka et dans d’autres pays asiatiques après le tsunami.

    Hélas, après un brillant exposé, les conclusions politiques sont très limitées et se bornent à appeler à un “retour” à un “meilleur capitalisme”, avec une plus forte sécurité sociale et un Etat-providence. Naomi Klein n’est pas marxiste, son livre illustre tout de même une confiance envers le pouvoir des travailleurs et pauvres dans leur lutte contre le néolibéralisme et le capitalisme.

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