Your cart is currently empty!
Tag: Peter Taaffe
-
Nouveau livre: “Socialism and left unity” par Peter Taaffe
Le nouveau livre «Socialism and left unity – A critique of the Socialist Workers Party» est un livre intéressant à plus d’un titre chez nous aussi, en illustrant les idées et la méthode de notre organisation. Ce livre écrit par le secrétaire général du Socialist Party (notre parti-frère en Angleterre et au Pays de Galles) prend base sur une polémique avec le SWP, une organisation qui se réclame également du trotskisme et qui n’est maintenant plus représentée en Belgique.
Certains penseront peut-être qu’il vaut mieux ne pas entrer en confrontation avec un autre courant de gauche dans un livre qui traite justement de l’unité de la gauche. Cette opinion est une expression du besoin d’un prolongement politique pour le mouvement ouvrier et de l’idée que l’unité des formations de gauche existantes pourrait constituer une étape dans cette direction. Mais pour parvenir à une véritable unité, nous devons toutefois également examiner pourquoi des désaccords existent et quelles méthodes appliquent les différentes organisations. À défaut de quoi, un enthousiasme temporaire pour l’unité peut rapidement tourner en une plus grande désunion. Malheureusement, il y a beaucoup d’exemples de tentatives de construction d’une nouvelle formation qui n’ont pas finalement pas été jusqu’au résultat souhaité.
Le livre de Peter Taaffe est aussi un ouvrage intéressant pour les militants de notre pays. En Belgique, il n’existe plus d’organisation-sœur du Socialist Workers Party britannique depuis qu’il y a un peu plus de dix ans, en 1997, l’organisation Socialisme International a été exclue du fonctionnement international du SWP parce qu’une majorité de ses membres avait refusé d’aller militer dans les rangs du PS. Différents militants de SI ont alors rejoint les rangs du MAS/LSP et ont joué, et jouent encore, un rôle dirigeant dans notre parti. Mais il pourtant intéressant de voir sous l’angle d’une confrontation d’idées comment fonctionne le centralisme démocratique dans notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, et comment nous avons analysé la période des années ‘90.
L’évaluation de la période des années ’90 est un désaccord important entre notre organisation et le SWP. A partir de l’idée que les Etats staliniens du Bloc de l’Est étaient du ‘capitalisme d’Etat’, le SWP a affirmé que la chute du stalinisme ne représentait pas spécialement une défaite pour le mouvement ouvrier. Cela devait au contraire mener à plus de possibilités pour le mouvement ouvrier et à plus de potentiel pour la gauche dans les années ‘90 comparé aux années ’80 et même aux années ‘70. Nous avons rejeté l’idée du ‘capitalisme d’Etat’ et avons défendu que les régimes du Bloc de l’Est étaient des Etats ouvriers bureaucratiquement dégénéré ou déformés. Nous avons bien entendu toujours rejeté l’élément dictatorial du stalinisme, mais il y avait il y avait aussi des éléments progressifs dans l’économie planifiée. Cela a été particulièrement visible et clair après la chute du Bloc de l’Est et la chute fulgurante du niveau de vie pour la majorité de la population.
Peter Taaffe parle dans son livre de l’inconséquence historique des conceptions du SWP. Alors que cette organisation a sauté dans un soutien sans aucune critique d’Ho Chi Minh au Viêt-nam, elle avait un avis fort différent face à la Corée du Nord. Aucune déclaration théorique n’a jamais expliqué cette approche différente, et la raison pour laquelle le SWP a crié lors de manifestations des slogans favorables à un dirigeant ‘capitaliste d’Etat’ comme Ho Chi Minh reste inexpliquée. Cette approche du (précurseur du) SWP était purement un moyen de surfer sur l’opinion publique parmi les étudiants.
La définition des régimes du Bloc de l’Est comme du ‘capitalisme d’Etat’ a bien entendu aussi eu des conséquences extrêmes au moment de la chute de ces régimes. Que signifiait cette chute du stalinisme pour la conscience et les possibilités pour la gauche ? Le SWP a affirmé que la chute du stalinisme ne minerait pas les possibilités pour la gauche en déclarant aussi que les années ‘90 pouvaient être considérées comme «des années ‘30 plus lentes». La défaite pour le mouvement ouvrier représentée par la chute du stalinisme (c’est-à-dire par la disparition des éléments progressifs dans ces régimes et par l’offensive idéologique de la bourgeoisie) a eu des conséquences extrêmes et a nécessité une adaptation des méthodes des marxistes pour faire face aux nouvelles conditions. Peter Taaffe se réfère alors à une expression de Trotsky à propos d’une estimation incorrecte d’une période ; Trotsky a comparé cela à un fou qui chante un chant d’anniversaire à un enterrement et vice-versa. Cela peut s’appliquer au SWP face à la période des années ‘90, une période erronément présentée comme une ère de radicalisation et de possibilités pour la gauche révolutionnaire.
Cette évaluation a mené à une approche très propagandiste et optimiste de la part du SWP dans cette période. Cela a indubitablement mené à court terme à un certain nombre de succès, mais cela a continuellement plus poussé le SWP dans des problèmes à plus long terme. Cela apparaît aussi avec la crise que traverse maintenant cette formation en Grande-Bretagne. L’évaluation fausse de la période des années ’90 pour la gauche a aussi mené à une approche optimiste en matière d’unité de gauche et le SWP a voulu beaucoup trop vite centraliser ces initiatives (de préférence sous son propre contrôle). Dans le livre Socialism and left unity, il est aussi question de la manière dont le SWP est intervenu dans le mouvement anti-globalisation et dans le mouvement anti-guerre avec une approche et un contenu minimaliste. D’autres critiques intéressantes sont aussi évoquées dans d’autres domaines de fonctionnement comme le travail syndical. Il est frappant de voir comment cette organisation a assez facilement changé d’avis et d’approche sans une seule déclaration pour expliquer quoi que ce soit. Aucune évaluation n’est faite des erreurs passées, une nouvelle orientation arrive simplement sans aucune discussion.
Cela révèle un deuxième problème, celui du fonctionnement interne et de l’aspect démocratique du centralisme démocratique. En opposition au Comité pour une Internationale Ouvrière, l’IST (la tendance internationale autour du SWP) n’a pas d’organe international démocratiquement élu et c’est du dessus que les décisions sont prises sur la manière de fonctionner. L’ancienne section belge de l’IST l’a vécu fin des années ’90 quand un appel est venu de Londres pour fonctionner au sein du PS. Les membres ont refusé d’appliquer cela et la section belge de l’IST a été tout simplement exclue. Notre internationale, le CIO, a peu d’expérience avec les exclusions. Cela n’est arrivé que deux fois au cours des dernières années et il s’agissait à chaque fois de mesures disciplinaires (en 1998, le Labour Party Pakistan a été exclu pour avoir abusé des moyens financiers des ONG et la direction de notre section ukrainienne a été exclue il y a quelques années pour cause de fraude).
Peter Taaffe donne avec ce livre une parfaite image de notre évaluation des années ’90, de notre attitude face à la question de l’unité de la gauche dans le contexte britannique mais aussi au sujet à l’intérieur de Die Linke en Allemagne et vis-à-vis de notre application du centralisme démocratique sur le plan international et national. Cela rend ce livre tout aussi intéressant pour les marxistes qui ne sont pas directement confrontés au fonctionnement du SWP.
“Socialism and leftwing unity – A critique of the Socialist Workers Party”, 100 pages, 7,5 euros, disponible en anglais uniquement. Vous pouvez passer commande via redaction@lsp-mas.be ou via le n° 02/345.61.81.
-
MEETING: 70e anniversaire de la fondation de la IVe Internationale
MEETING
Au cours de la semaine du 3 au 9 août, Actief Linkse Studenten / Etudiants de Gauche Actifs organisent une école d’été internationale pour le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), dont le MAS/LSP est la section belge. Le jeudi soir, il y aura un meeting public pour commémorer le 70e anniversaire de la fondation de la quatrième internationale.
350 jeunes et travailleurs issus de 25 pays différents vont discuter durant une semaine de la situation mondiale aujourd’hui : les conséquences de la récession économique actuelle, la lutte des classes en Europe et sur les autres continents,… Il y aura des commissions sur, par exemple, le Printemps de Prague, l’art et la révolution, la crise de ’29, la lutte contre le racisme, le sport et le socialisme, les marxistes et les élections,… La semaine sera clôturée par une session consacrée à l’expérience tirée de la construction du CIO par le biais de ses sections nationales et des nouveaux pays où il est présent.
Cette école d’été est une semaine de formation pour les membres du CIO mais, le jeudi soir, nous ouvrons nos portes pour un meeting public. Le thème de ce meeting est le 70e anniversaire de la fondation de la IVe Internationale. Toutes les personnes intéressées sont les bienvenues le jeudi 7 août, à 19h, dans l’auditorium E du Blandijn, Blandijnberg, à Gand.
Les orateurs de ce meeting seront : Luciano da Silva (Brésil), Lucy Redler (Allemagne), Leila Messaoudi (France) et Peter Taaffe (Secrétariat International du CIO).
-
Ecole d’été. Meeting : 90 ans après la révolution russe, quelle est son actualité ?
Si nous avons tenu un tel meeting durant notre école d’été, c’est parce que nous basons nos méthodes sur l’expérience passée du mouvement ouvrier. A travers celle-ci, nous pouvons acquérir une meilleure vision de la manière dont un mouvement se développe. D’une façon générale, cette expérience passée nous a démontré l’importance de la classe ouvrière et de la construction de ses instruments de lutte. Quant à la révolution russe, elle nous a montré qu’il était possible de briser les chaînes du capitalisme.
Durant ce meeting, quatre orateurs ont pris la parole : Lucy Redler, de notre organisation-sœur en Allemagne, Sandi Martinez, de notre organisation-sœur au Venezuela, Denis Youkovitch, de notre organisation-sœur en Russie et enfin Peter Taaffe, de notre Secrétariat International.
Lucy Redler : « La révolution russe ne fut pas seulement un événement russe : l’exemple de l’Allemagne »
« John Reed a eu bien raison d’appeler son livre-reportage sur la révolution russe « Les 10 jours qui ébranlèrent le monde » : l’enthousiasme créé par cet événement unique a été gigantesque. D’emblée, la révolution russe est devenue un point de référence crucial pour tous ceux qui voulaient en finir avec le capitalisme et la guerre.
L’écho formidable de la Révolution russe en Allemagne
En Allemagne, comme dans d’autres pays, ce n’est pas seulement le front qui a été touché par l’onde de choc de la révolution, l’arrière également en a subit l’influence. Mais dès avant 1917 existait déjà une couche de militants radicaux qui n’avaient pas accepté la trahison direction du SPD, le parti social-démocrate allemand qui s’était aligné sur sa bourgeoisie dans la guerre. Ces militants radicaux sortirent peu à peu de l’isolement et l’on a vu, par exemple, une grève se développer en avril 1916 contre les souffrances et les privations imposées par la guerre. Les principales figures parmi ces militants radicaux étaient Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg, les fondateurs du groupe Spartakus qui a rassemblé les révolutionnaires.
La révolution russe eut pour effet de radicaliser la classe ouvrière allemande, ce qui entraîna une vague de grèves et de protestations diverses. L’aile gauche du SPD scissionna et créa un nouveau parti, l’USPD, centriste et pacifiste. Tant parmi les masses que parmi les révolutionnaires, le slogan bolchévique de « paix sans annexions » avait un gigantesque échos. Deux mois à peine après l’Octobre Rouge russe, une grève réclamant la fin de la guerre fut menée par les deux tiers des travailleurs allemands. Des travailleurs allaient jusqu’à saboter dans les usines les tanks qui étaient destinés à être envoyés en Russie pour soutenir les contre-révolutionnaires durant la guerre civile.
Le développement des idées révolutionnaires en Allemagne revêtait une importance particulière pour les bolcheviks. Quand, en septembre 1917, Lénine déclara que l’on se dirigeait vers une chaîne de révolutions, il ne faisait qu’exprimer une certitude répandue chez tous les révolutionnaires : ils ne croyaient pas au « socialisme dans un seul pays ». Dans la Pravda, le journal des bolcheviks, Lénine salua les révolutionnaires russes qui avaient enclenché la révolution mondiale. A ce moment, l’Allemagne avait la classe ouvrière la plus organisée au monde. Nadeja Kroupskaïa, la femme de Lénine, raconta que les premiers jours de la révolution allemande furent les plus beaux de la vie de Lénine.
Très rapidement, Karl Liebknecht proclama la naissance de la république socialiste allemande du balcon du palais du Kaiser Guillaume II en tendant la main aux révolutionnaires du monde entier pour qu’ils continuent la révolution.
Hélas, la vieille machine d’Etat était encore sur pied et grâce à l’aide de l’armée et à la trahison de la direction des sociaux-démocrates, la révolution a été noyée dans le sang. Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg ont été exécutés, ce qui a laissé la classe ouvrière allemande et le tout jeune Parti Communiste allemand sans direction.
En fin de compte, lors de la révolution allemande, les soviets et conseils ouvriers n’étaient pas assez organisés, il n’y avait pas une direction révolutionnaire reconnue par la classe ouvrière et l’influence du groupe Spartakus le jour où éclata la révolution était hélas trop faible.
La défaite de la révolution allemande et ses monstrueuses conséquences
Malgré tout, le processus révolutionnaire dura jusqu’en 1923. Cette défaite de la révolution allemande a eu des répercussions énormes au niveau international et pour l’Allemagne même. Si la révolution avait triomphé, l’histoire aurait été totalement différente. Le nazisme n’aurait jamais vu le jour, la Deuxième Guerre Mondiale non plus. D’autre part, l’isolement des révolutionnaires russes dans un pays arriéré a ouvert la voie à la réaction et à la dictature bureaucratique. En 1924, Staline mit en avant le « socialisme dans un seul pays », à la fois pour se débarrasser de la tâche de la construction de la révolution mondiale ainsi que pour protéger les intérêts de la bureaucratie et ses privilèges, y compris en empêchant le développement d’une autre révolution qui aurait remis tout cela en cause.
Ainsi, quand le nazisme gagna en importance et en influence, les directions du Parti Communiste stalinisé et du Parti Social-Démocrate ont refusé le front unique ouvrier pour empêcher la prise du pouvoir par le fascisme, comme l’avait préconisé Léon Trotsky.
Après la Deuxième Guerre Mondiale, une économie planifiée a été instaurée en RDA, mais sans contrôle démocratique de la classe ouvrière.
Malgré tout ça, les Allemands croient encore dans une certaine mesure au socialisme. Malgré le stalinisme et la propagande actuelle contre le socialisme, 48% des anciens Allemands de l’Est pensent que le socialisme et la démocratie sont possibles. »
Sandi Martinez : « Au Venezuela : le Socialisme ou la mort ! »
« Notre révolution doit être internationale. A ce titre, deux points sont particulièrement importants pour la révolution russe.
- La conscience des travailleurs. En Russie, l’évolution de cette conscience entre 1905 et 1917 a été fort grande.
- Le rôle de Lénine et Trotsky dans le cadre du développement de cette conscience pour que les travailleurs prennent le pouvoir pour construire une société socialiste.
Il y a un parallèle à faire avec le Venezuela. Aujourd’hui, la conscience que les travailleurs doivent prendre le pouvoir par eux-même n’existe pas. Une des tâches les plus importantes de notre organisation au Venezuela est de faire prendre conscience de cette nécessité aux travailleurs vénézuéliens. Les conditions existent pour effectuer cette prise de pouvoir, mais il manque encore un instrument – une organisation – et une direction. Construire cet outil de lutte est une tâche cruciale.
Nous pensons que le parti révolutionnaire de masse dont les masses vénézuéliennes ont besoin n’a rien à voir avec le nouveau parti de Chavez qui ne se construit pas à partir du bas de la société. Ce que nous voulons est un véritable parti révolutionnaire, pas un mélange des anciennes organisations plutôt réformistes qui ont récemment fusionné. Il est absolument nécessaire d’avoir une idéologie claire.
Quoi qu’il puisse arriver à l’avenir, nous devons nous assurer que le thème du parti des travailleurs ne tombe pas à l’eau.
Le socialisme ou la mort ! »
Denis Youkovitch : « Les acquis de la révolution ont été dégénérés par Staline et la bureaucratie »
La révolution russe a été le tournant le plus fondamental dans l’histoire humaine. Pour la première fois de l’Histoire, ce sont les travailleurs qui ont pris le pouvoir entre leurs mains en montrant qu’un autre monde était possible.
Malheureusement, cette expérience n’a pas été aussi loin que ce que nous voulions.
Le premier des acquis obtenus par la révolution russe, l’économie planifiée, a permis à la Russie arriérée de faire des bonds gigantesques en avant. Il faut ajouter à cela bien d’autres acquis dont l’un des plus importants a été le droit laissé aux minorités à disposer d’elles-mêmes.
Mais tout cela a été dégénéré par Staline et la bureaucratie. Aujourd’hui, la bourgeoisie russe, qui descend de la bureaucratie, tente de récupérer l’Histoire à son avantage. Mais le capitalisme créé lui-même ses fossoyeurs.
Jeunes et travailleurs remettent actuellement de plus en plus en cause le système d’exploitation capitaliste.
Pour en finir avec la pauvreté : en avant vers la révolution socialiste mondiale ! »
Peter Taaffe : « Faisons du 21e siècle celui de la révolution socialiste ! »
« Durant cette semaine d’école d’été, nous avons déjà beaucoup discuté, mais il est absolument correct de prendre le temps de regarder cet événement qui a été le plus grand de l’histoire.
Comment les capitalistes voyaient-ils la révolution russe ?
Un général russe s’étonnait, et s’indignait, de voir par exemple un concierge devenir ministre, de voir des travailleurs prendre en main leur destinée. Mais sur le coup, la classe capitaliste n’a cependant pas accordé beaucoup d’importance à l’événement. L’ambassadeur de France déclara même qu’un régiment de cosaques suffirait à faire revenir l’ordre. Même l’écrivain Maxime Gorki, pourtant compagnon des bolcheviks, estimait que la révolution russe ne durerait pas deux semaines.
Ce n’est que par après que s’est enclenchée la plus grande campagne réactionnaire de tout les temps.
Le grand quotidien bourgeois anglais The Times titrait régulièrement « Lénine assassiné par Trotsky », « Trotsky assassiné par Lénine »,… et même une fois en première page « Trotsky a assassiné Lénine au cours d’une bagarre d’ivrognes ». Mais cette campagne est restée sans effet !
Pour les masses, la révolution russe n’était pas vue comme un désastre, mais comme une porte ouverte vers un avenir meilleur. Suite au manque d’effet de cette propagande, c’est la pression militaire qui s’est exercée sur la Russie, à tel point qu’à un moment, il ne restait presque plus que Moscou et Petrograd sous le contrôle des soviets. Si ces derniers ont réussi à aller jusqu’à la victoire, ce ne fut pas grâce à la puissance militaire, mais bien grâce au fait que les révolutionnaire surent gagner à eux les masses exploitées de Russie. Car la guerre civile fut en premier lieu politique.
Après la guerre civile, la campagne menée par les capitalistes fut une campagne de distorsion de l’histoire. Jusqu’à la chute du Mur de Berlin et l’effondrement de l’Union Soviétique, c’était assez logique. Mais pourquoi continuer après ?
C’est que les capitalistes du monde entier craignent que cela se reproduise un jour.
Tirons les leçons de la révolution russe !
Nous ne vivons pas du passé, nous apprenons de lui. Marx et Engels avaient ainsi analysé la révolution française pour comprendre le flux et le reflux révolutionnaire. Lénine et Trotsky ont quant à eux regardé la Commune de Paris en 1871 ou encore la première révolution russe de 1905. De la même manière que les généraux regardent les batailles passées pour améliorer leur technique, nous devons apprendre de l’expérience de la classe ouvrière.
Les bourgeois ne comprennent pas que la révolution est un processus qui englobe de larges masses et dans lequel les révolutionnaires agissent par la propagande et l’agitation. La révolution ne se fait pas sous l’action de « grands hommes ».
C’est la guerre impérialiste de 14-18 qui a accéléré le rythme de la révolution. Mais il n’y eut que deux hommes qui ont compris ce qui se passait en Russie dès le mois de février 1917, l’un à Zurich, l’autre à New-York : Lénine et Trotsky. A l’opposé des autres Bolcheviks, y compris Staline, ils ne voulaient accorder aucun soutien au Gouvernement Provisoire qui succéda au Tsarisme et qui défendait en dernière instance les intérêts de la bourgeoisie. Il y a là un parallèle à faire avec Bertinotti et Refondacione Comunista actuellement en Italie, qui sont entrés dans le gouvernement de Prodi. Quand Lénine est arrivé à la gare de Saint Petersbourg et qu’un jeune lui déclara son désir de le voir intégrer le Gouvernement Provisoire, il l’écarta et s’adressa à la foule en saluant les travailleurs russes pour avoir commencé la révolution mondiale.
Les Bolcheviks n’avaient au début que peu d’influence mais, malgré cela, les pressions qu’ils eurent à subir de toutes parts furent gigantesques. Mais ils sont allés vers les masses en ignorant les querelles parlementaires. Aujourd’hui, agissons de même : ignorons les bureaucrates syndicaux et allons nous adresser à la base !
Mais Lénine ne disait pourtant pas directement qu’il fallait renverser le Gouvernement Provisoire : il fallait que la classe ouvrière apprenne peu à peu sous la propagande bolchévique dont les slogans étaient : « Tout le pouvoir aux soviets » et « A bas les 10 ministres capitalistes ».
Nous ne pourrons pas ici entrer dans tous les détails et tous les niveaux de la révolution russe mais cet événement doit être étudié avec la plus grande attention.
En juillet 1917, à Petrograd, la classe ouvrière est descendue dans la rue : après avoir fait la révolution, les travailleurs se sont aperçu qu’on leur volait les fruits de leurs luttes. Et cette question reste d’actualité : comment faire pour aller jusqu’à la victoire ? Il ne faut pas s’arrêter, on ne peut pas faire la révolution aux trois-quarts.
Faire la révolution jusqu’au bout
Quand en 1936, suite à la tentative de coup d’Etat fasciste, les travailleurs espagnols sont passés à l’offensive dans les rues, les capitalistes sont partis, il ne restait plus que leurs ombres. Les 4/5 de l’Espagne étaient aux mains des travailleurs. Hélas, cela se termina pourtant par un échec car le processus révolutionnaire n’est pas allé jusqu’au bout et avait été freiné sous le mot d’ordre de « lutter d’abord contre le fascisme ». En définitive, ce sont les fascistes qui remportèrent donc la victoire.
Le 20e siècle a été un siècle de révolutions : en Russie en 1905 et 1917, en Chine en 1926-27, en Allemagne en 1918-23, en Espagne en 1936, mai ’68 en France,…
En 1968, De Gaule avait même quitté le pays et imaginait marcher sur la France avec le général Massu. Pourquoi cet événement fut-il un échec pour les travailleurs ? Il n’y avait pas de parti révolutionnaire de masse, le Parti Communiste stalinisé jouant le jeu de la réaction.
Les historiens bourgeois disent que le stalinisme découle du léninisme. L’objectif est de détruire le bolchévisme. Mais Staline représentait la réaction totalitaire de la bureaucratie contre l’émancipation libératrice du socialisme. Trotsky a passé le reste de sa vie à lutter contre Staline et l’a payé de sa vie.
Rendons hommage à la révolution russe : Organisons-nous pour la prochaine révolution !
Dans la période où nous entrons, l’expérience de la révolution russe ressurgira. Il s’agissait d’une révolution dans un pays arriéré et, dans un certain sens, il était peut-être plus facile de prendre le pouvoir dans un tel pays où la bourgeoisie était très faible que dans un pays capitaliste développé. Mais ce pouvoir était par contre plus difficile à garder. Aujourd’hui, les conséquences d’une révolution dans un pays comme l’Inde ou le Brésil seraient beaucoup plus grandes qu’à l’époque.
Quand la Deuxième Internationale s’est effondrée suite au vote des crédits de guerre, Lénine et Trotsky ont dit qu’il fallait une autre Internationale. C’est pour réaliser cet objectif que se déroula en 1915 la conférence de Zimmerwald. Trotsky a dit à cette occasion que les internationalistes tenaient en deux voitures. Nous avons aujourd’hui un peu plus de voitures. Mais, deux années plus tard, il y avait la révolution russe. Ce qui ne veut évidemment pas dire qu’il y aura une révolution dans deux ans !
Notre objectif est de créer une Internationale révolutionnaire de masse. Le Comité pour une Internationale Ouvrière pourrait en être l’embryon. Nous ne proclamons pas ce que nous ne sommes pas mais, en comparant nos idées à celles des autres, nous pouvons être marqués par le potentiel et l’accumulation de cadres que nous avons déjà réalisés.
Cela ne fait aucun doute que le capitalisme ne peut pas dépasser ses limites. Ce n’est pas du dogmatisme, c’est de l’analyse. La question est de savoir si nous allons être capables de ne pas reproduire les erreurs du passé.
A l’occasion de l’anniversaire de la révolution russe, pensons aussi à ces milliers et milliers d’anonymes qui ont fait cette révolution. Mais saluons aussi, entre autres, Karl Marx, Friedrich Engels et Rosa Luxembourg, la plus grande femme révolutionnaire de tous les temps. Faisons du 21e siècle celui de la révolution socialiste ! »
-
Rapport du Comité Exécutif International – CIO
Rapport du Comité Exécutif International – CIO
Le Comité exécutif international du Comité pour une Internationale Ouvrière a tenu sa réunion annuelle fin novembre. Les membres du CEI sont venus de 16 pays à travers le monde pour discuter et débattre des événements de 2003 et tracer les perspectives pour l’année 2004.
Vincent Devaux
Discussion sur la situation mondiale
L’introduction de Peter Taaffe lors de la discussion générale sur la situation mondiale a mis l’accent sur les récentes mobilisations de masse. Les mobilisations contre la guerre ont rassemblé des millions de manifestants à l’échelle mondiale. Le 1er novembre la manifestation à Berlin contre l’austérité a rassemblé 100.000 personnes. Une grève générale de 9 jours a paralysé le Nigéria. L’accent a été mis sur la situation en Irak: l’armée américaine va-t-elle s’enliser dans un bourbier semblable à celui du Vietnam? Il y a déjà eu plus de soldats américains tués au cours des six derniers mois en Irak que durant les deux premières années de la guerre du Vietnam.
La situation en Afghanistan – qui est redevenu le premier producteur d’opium au monde – est un exemple des foyers d’instabilité que la politique de Bush crée de par le monde. Brian, des USA, a évoqué la montée de la résistance à la guerre parmi les soldats et leurs familles.
L’économie "en râde"
La discussion s’est également concentrée sur l’économie mondiale. La situation économique stagne dans la zone euro, reste très faible au Japon et si la croissance aux USA semble forte (7,5%), près de 3 millions d’américains ont perdu leur emploi depuis que Bush est au pouvoir. L’appareil de production américain est en surcapacité de 25%.
La croissance économique de la Chine, l’"atelier du monde" ne permettra pas de résoudre la crise économique mondiale. L’ Allemagne est toujours une force économique mais on attend 40.000 faillites et 300.000 emplois en moins pour 2004. Il y a cinq millions de sans-emploi en Allemagne ce qui est comparable au début des années 30. En Australie, l’économie est assez stable avec une croissance de 6% mais les boulots créés sont des temps partiels et la bulle de spéculation immobilière est en train d’éclater. Si notre camarade du Kazakhstan, nous signale une croissance de 3% dans son pays, il souligne que cette croissance provient de l’exportation du gaz et du pétrole et de l’exploitation des produits miniers mais le taux de chômage atteint les 50%.
Les luttes en Amérique Latine
Un thème important abordé lors de la réunion du CEI a été la situation en Amérique Latine. La situation au Brésil, avec le PT au gouvernement et Lula comme président, qui prend des mesures asociales pose la question d’un nouveau parti des travailleurs. La situation au Venezuela (Chavez), au Mexique (les Zapatistes), les derniers mouvements en Bolivie au Pérou et en Argentine… ne sont que quelques exemples du bouillonnement qui vit sur ce continent.
Irlande: campagne contre le coût des déchets
Un autre sujet important est la campagne faite en Irlande par nos camarades à Dublin contre les taxes sur les sacs poubelles. C’est une riche expérience de lutte que l’on doit étudier afin d’en tirer des leçons pour les prochains combats.
Europe: croissance des oppositions
La discussion sur l’Europe a montré la détérioration de la situation économique et les tensions qui s’aggravent entre les pays. La France et l’Allemagne ont rompu le pacte de stabilité et l’élargissement de l’Union Européenne est dans une phase difficile. On peut voir le développement des luttes en Grande-Bretagne chez les postiers, les cheminots,… Du point de vue syndical, les contradictions dans la société entraînent une pression au sein de certains syndicats qui mènent à des ruptures au sein de certains syndicats, par exemple au sein de la CFDT en France.
Ce phénomène reste cependant marginal et la tendance principale serait une pression d’en bas sur les dirigeants syndicaux, voire leur débordement par la base.
Construire le CIO
La conférence s’est achevée sur la discussion de la construction du CIO. On peut mettre en avant le succès de la campagne d’International Socialist Resistance (34 sections en Angleterre), le facteur décisif de notre organisation dans le mouvement antiguerre, le travail de nos camarades de DSM (Democratic Socialist Movement) au Nigéria qui ont participé a une campagne électorale et ont montré leur poids dans les luttes dans des conditions très difficiles. Notre section grecque a doublé le nombre de ses membres en deux ans.
Il est évident que nous entrons désormais dans une nouvelle phase dans le développement de la lutte des classes. La situation est complètement différente que celle des années 90. Et c’est à travers l’expérience des travailleurs en lutte que la nécessité d’un changement de société va émerger. Ce processus ne sera pas linéaire et de nombreux détours vont être pris avant d’en arriver à cette conclusion. Il y aura des nouvelles organisations de masse qui vont éclore et nous devrons nous impliquer dans ce processus afin de mettre en avant notre alternative.